La Couronne de Cuivre

Les bateaux voisins étaient manifestement déserts, tout comme la jetée. L'eau clapotait contre les piliers de bois. Le ciel et la mer se fondaient l'un dans l'autre, immensités ténébreuses. Alchem finit par regarder les vêtements. Taille humaine. La chemise était légèrement humide, comme si on l'avait imparfaitement laissé sécher. Le pantalon, de toile sombre, légèrement cirée, était également un peu mouillé. Les bottes étaient cirées, d'allure militaire, impression renforcée par le ceinturon, marqué d'un espadon de métal au centre de la boucle.
" Je ne laisse jamais rien de précieux dans mes affaires, quand je vais nager. Ce ne serait pas très malin de ma part." dit soudain une voix sur sa droite.
Un homme était apparu au coin de la jetée, grimpant par l'échelle taillé dans le pilier. Il avait la peau très claire, les cheveux noirs, et de grands yeux sombres. Il paraissait plus amusé que scandalisé.

L’homme apparaissait pile au mauvais moment, histoire qu’Alchem passe pour un voleur. Intérieurement, il poussa un juron. Ce n’était vraiment pas de chance ! Extérieurement, il se contenta d’observer brièvement le nouveau venu, puis de répondre avec calme :
« Effectivement. Mais c’est quand même un coup à vous retrouver sans habit. Moi, je ne m’y risquerai pas. »
Il désigna la boucle du ceinturon.
« C’est quoi ce symbole ? »

L'homme se hissa sur la jetée et s'assit. Il prit ensuite sa ceinture et la regarda dans le noir. Manifestement, il y voyait clair. Alchem nota que sa peau était légèrement luisante sur la ligne de la mâchoire, des oreilles au menton, comme s'il avait un collier de barbe lisse.
" C'est un narval, dit-il avec un léger sourire. Je ne crois pas que les gens de votre race en croisent souvent. C'était aussi le nom d'un navire que j'ai commandé autrefois. Les capitaines font ce genre de choses sentimentales. Aujourd'hui, il m'aide à tenir mon pantalon. Je ne peux pas lui demander plus."

« Ainsi vous êtes, ou vous étiez, capitaine. »
Il paraissait également voir dans le noir, même s’il fallait autre chose qu’un objet familier pour le confirmer. Et il semblait aussi connaître les svirfnebelin, à moins qu’il ne prenne Alchem pour un autre. Ces constatations faites, le gnome reprit sa position assise face à l’océan. Dalius, lui, détaillait l’individu, avec sa curiosité coutumière.
« Elle est profonde à cet endroit ? »
C’était juste pour savoir et pour poursuivre la discussion sur un sujet anodin. Se mettre à questionner les inconnus, ça pouvait être mal pris. C’était déjà bien que le marin n’ai pas l’air de lui en vouloir d’avoir touché à ses affaires.

Le nageur sourit.
" Quatre mètres. Pas assez pour les gros tonnages. Mais les gens jettent tout un tas de trucs, là dans le fond. On trouve parfois des trésors... Et puis il y a l'arrivée des égouts, un peu à gauche, là... et puis aussi deux souterrains immergés. Je ne sais pas où ils vont. Le premier est fermé par une grille rudement solide, et le deuxième par une porte qui l'est tout autant."
Il se tapota le nez du bout du doigt.
" Les mystères du port de Luménis. Rien de tel pour occuper les longues soirées."

Les égouts ? C’était sûr, Alchem se baignerait ailleurs, ce serait plus agréable. Des souterrains immergés ? Des trésors à ramasser ? Intéressant. Le gnome se leva.
« Les mystères du port de Lumenis, ça pourrait m’intéresser. J’aime bien ce genre de récit. Si vous voulez bien me les raconter, je vous paye un verre. Ou même deux. Je me suis installé par loin, à la Bienveillance. »

L'homme se releva et entreprit de se rhabiller, sans prendre la peine de se sécher. Le vent froid avait déjà réglé la chose en partie, mais pas tout à fait.
" Je suis prêt à vous parler des mystères de Luménis... du peu que j'en connais, à vrai dire, mais pas à la Bienveillance. C'est un endroit beaucoup trop... bruyant à mon goût. Je suis un adepte du grand large, voyez-vous. Mes cousins humains me plaisent, à petites doses. Mais je connais l'un ou l'autre endroit qui nous accueillera et où nous nous serons plus tranquilles pour bavarder. Si vous ne craignez pas de vous aventurer dans les ruelles avec un local, bien sûr..."

Et si c’était un piège ? La petite voix soupçonneuse à l’intérieur de la tête d’Alchem ne perdait pas une occasion de s’exprimer. Mais le gnome était capable de se défendre. Et il avait l’occasion de découvrir quelques nouveaux endroits, quelques nouvelles choses.
« Hum, non, ça ne me dérange pas, répondit-il sur l’instant. Par contre, j’aimerais ne pas rentrer trop tard à ma taverne. Demain, j’ai une journée bien chargée. »

L'homme sourit.
" Ne vous en faites pas. Je n'ai pas l'intention de vous entraîner dans un endroit de débauche. Même si je me suis toujours demandé si les gnomes avaient la même descente que les nains. J'ai autrefois fait un concours avec un nain, au whisky mélandien, et je dois avouer — honteusement — que j'ai roulé sous la table le premier. Mais c'était il y a bien longtemps, dans une autre vie."
Il eut un sourire un peu mélancolique.
" Enfin. Je ne suis pas là pour raconter mes souvenirs de jeunesse."
Il fit signe au snirnefbelin de l'accompagner vers l'intérieur du quartier.

Dotha avait mené Alchem au travers des rues quittant la taverne de la Bienveillance et les avait fait longer lentement le front de mer. Et, même à cette heure avancée, les quais, l’esplanade et les rues adjacentes du quartier restaient très animées, signe que la nuit ne signifiait pas le danger dans cet étrange monde de la surface. Ils passèrent devant plusieurs tavernes d’où parvenaient des éclats de voix amusés et de la musique mais aussi devant quelques boutiques encore ouvertes à cette heure tardive. Mais ce qui caractérisait l’esplanade avant tout était la grande proximité de la mer, des promenades et des embarcadères éclairés jusqu’aux petits points lumineux signalant la présence de navires de tous tonnages.

Alchem marchait en silence. Même s’il n’en montrait rien, même si ce devait être inutile, même s’il cherchait à ne pas céder systématiquement aux automatismes inhérents à sa culture, il était attentif. Qu’on cherche à le détrousser, qu’on cherche à l’agresser, et il serait prompte à réagir. Au moins parvenait-il à ne pas se méfier de Dotha. C’était déjà cela. Malgré sa prudence instinctive, il profitait du paysage. Il écoutait, sentait et se disait qu’il avait eu raison d’entreprendre son voyage. Quel monde fabuleux que celui de la surface !

Une autre chose était certaine : Dotha ne se méfiait pas non plus de lui et s’exprima d’une voix empreinte de curiosité :

- Dîtes-moi, Alchem : j’ai entendu dire que l’Outreterre comptait elle aussi ses mers. En auriez-vous lors de vos voyages souterrains ?

La mer de la surface – elle – avait cela d’étonnant qu’il semblait difficile de la distinguer du ciel, arborant la même couleur bleu sombre, lui aussi piqueté d’une myriade de lumières.

« C’est vrai, l’Outreterre a ses propres mers et océans, mais je n’ai personnellement pas eu l’occasion de voir de tels endroits. Car l’Outreterre est aussi plus vaste que la surface. Non seulement elle est aussi étendue que cette dernière, mais en plus elle dispose de plusieurs couches, de plusieurs niveaux. La surface n’est au final qu’une seule couche du monde, l’Outreterre, toutes les autres. »
Alchem se perdit dans la contemplation des vagues. L’horizon indistinct donnait une impression d’immensité assez troublante. L’Outreterre était peut-être très vaste, mais il se dissimulait dans l’obscurité. En dessous, c’était d’avantage les bruit que les images qui traduisaient les distances.
« Je n’ai peut-être pas vu les mers souterraines, mais non loin de ma cité natale, il y a un lac. Il est si grand qu’il faut des heures pour en faire le tour. Et ses eaux sont si immobiles, si claires, qu’elles ressemblent à un miroir. C’est la que vit une fée. Elle joue de la harpe. Sa musique est enchanteresse. »

Cette révélation captiva l’attention de la petite clerc qui s’était accoudée au parapet d’une digue. Juste sous eux, des vagues molles mais inlassables venaient heurter l’obstacle de pierre lisse.

- Ce doit être un lieu très étonnant, en effet. Les fées sont des créatures intrinsèquement liées à la toile mais je n’en ai encore jamais rencontré. Cela dit, je crois que je n’oserais pas m’aventurer jusqu’en votre cité pour voir et entendre cette joueuse de harpe : l’absence de ciel, de soleil… Je ne vois pas comment je pourrais m’y faire plus de quelques jours. Mais ce doit être pareil pour vous, à l’inverse…

« En effet. Voir le ciel, ça me fait toujours quelque chose. J’ai du mal à me faire à l’idée qu’il n’y a rien au-dessus de ma tête. Quelque part, ça m’inquiète. Une sorte de vertige inversé. Ce n’est pas insupportable, juste un peu troublant, surtout quand je me réveille ou que je sors d’un bâtiment. Les grands espaces verts me troublent aussi. Je me sens perdu au milieu de tant de végétaux. Ceux qui visitent l’Outreterre s’adaptent plus ou moins bien. Plus que l’absence du ciel, c’est le fait qu’il n’y ait plus de jour et de nuit qui perturbe. Je m’en rend compte à présent, tant de choses chez vous sont régis par la course du soleil. »
Alchem s’était également accoudé. Dalius s’était juché sur le parapet, profitant du paysage marin autant que son maître.

Dotha hocha calmement la tête et son regard se perdit un instant en direction du ciel :

- N’avoir ni jour ni nuit… Oui il faut certainement un temps d’adaptation pour retrouver son rythme de vie et des cycles de sommeil à peu près stables. Mais dîtes-moi, si le soleil et la position des étoiles, si l’absence de saison ne sont pas là pour marquer les changements, comment mesurez-vous le temps chez vous ? Si cela a autant de sens que pour nous autres surfaciens, bien entendu…

« Le temps, on le mesure en secondes, en minutes, en heures, mais la notion de journée est plus abstraite. Il y en a une pourtant. Toutes les 24 heures arrive l’heure d’union, une heure où on doit être réveillé. Les grandes assemblées sont organisées à partir de ce moment. Sinon, chacun s’organise en fonction de ce repaire. En période de guerre, ma cité a fait en sorte de répartir les heures de sommeil tout au long de la journée de sorte qu’il y ait toujours une force stable pour la défense, quel que soit le moment. La guerre s’est terminée et on a plus ou moins gardée la même habitude. »

« Oh » Assurément, Dotha ne s’était pas attendu à cette réponse mais elle se reprit bien vite néanmoins :

- C’est un système astucieux… Quoique son aspect martial me rebute un peu. Mais j’imagine que les nécessités des vôtres n’ont rien de comparable à la paix relative de la surface. Mais dîtes-moi, Alchem : depuis votre arrivée à la surface, avez-vous pris l’habitude de dormir pendant la nuit ou plutôt pendant le jour ?

« C’est certain, la surface est en règle générale bien moins dangereuse que les profondeurs. Si Lumenis se comportait comme ma cité natale, elle aurait des murs plus hauts, des portes dix fois mieux gardées et une légion d’illusion pour la dissimuler. Par contre, une fois à l’intérieur, vous vous sentiriez en paix, dans un calme saisissant. »
Alchem leva les yeux au ciel. Il adorait les étoiles. Il les aimait peut-être plus encore que le soleil.
« J’essaie de dormir la nuit, comme c’est la norme. Ça c’est fait assez naturellement. Mais je ne vous cache pas que je n’aurais aucune difficulté à devenir un être nocturne. Les svirfnebelins sont des créatures du noir. De la même façon que j’ai plus d’affinité avec le minéral que le végétal, l’obscurité me met plus à l’aise que la clarté. Ça ne m’empêche pas d’apprécier cette dernière à sa juste valeur. »

Dotha l’écoutait avec attention, il le voyait à son expression concentrée, à son silence aussi. Elle attendait qu’il ait fini de parler pour répondre avec pondération, plus pour encourager la conversation que pour satisfaire sa curiosité.

- Luménis aussi a de nombreuses protections magiques même si c’est sans doute sans commune mesure avec votre cité natale. Il se peut d’ailleurs que nous ayons beaucoup à apprendre des vôtres et de vos techniques. Si toutefois elles ne sont pas une sorte de secret d’état.

« Beaucoup de choses sont gardées secrètes, à commencer par la localisation de la cité. Les miens poussent la prudence à son maximum, vous avez dû vous en rendre compte avec moi. Et encore, je suis modéré. Se cacher, c’est encore le moyen le plus fiable dans l’Outreterre de survivre. Il y a, là-dessous, certaines choses contre lesquelles il n’est pas possible de luter, pas de front en tout cas. De plus, nous n’avont pas la force de frappe des légions naines. Alors on fait avec ce qu’on a. Comme tous les gnomes, on est des maîtres dans l’art des illusions et plus particulièrement dans celui des chimères. Si beaucoup est secret, certaines techniques ne le sont pas. A l’occasion, je pourrais vous en faire profiter, vous ou vos collègues, pourquoi pas aussi ceux de l’université s’ils sont intéressés. »
Alchem tourna la tête vers Dotha, puis demanda sur le ton de la conversation :
« Vous êtes originaire d’ici ? »

Dotha avait vigoureusement hoché la tête pour manifester son enthousiasme et son assentiment à l'idée qu'Alchem puisse faire bénéficier son temple et l'université de son savoir et de son expérience.

- J'organiserai une rencontre avec quelques chercheurs du domaine des illusions si vous le voulez bien et vous serez alors libre de répondre ou non à leurs sollicitations. Mais pour répondre à votre question, oui je suis originaire de Luménis même. D'ailleurs, les tours d'illusion m'ont bien servi à moi et à d'autres pendant la dictature...

Celle qui devrait se présenter à ce genre de réunion, c’était sa mère. Alchem avait tout appris d’elle et il était loin de l’avoir égalé. La Grande Mystificatrice était une véritable spécialiste des illusions. Rares étaient les gens qui parvenait à un tel niveau de savoir. Mais elle était à Ornegemme, dans sa tour de lumière. Le gnome ne dit rien de cette réflexion. Il préféra s’intéresser au sujet de Lumenis.
« J’ai déjà entendu parlé de cette dictature, mais succinctement. Pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé ? »

Dotha esquissa une grimace mais elle ne tarda pas à répondre d’un ton plus grave que précédemment. Elle ne pouvait pas vraiment se défiler puisque c’est elle qui avait mis le sujet sur le tapis mais Alchem sentit aussitôt qu’elle ne parlait pas de cet épisode de gaieté de cœur.

- Les historiens débattent encore mais c’est ce que font les historiens, n’est-ce pas ? Cependant, tout le monde s’accorde à dire que tout est parti d’une révolte d’affranchis en provenance de Melandis. Ils étaient menés par Morféa Nwalk. La ville a été prise de cours, nos forces de l’ordre n’étaient pas préparées et la majorité de ceux qui pouvaient s’opposer à son accession au pouvoir ont été traqués, exécutés ou pire encore en à peine quelques heures. Les mages en faisaient partie, évidemment, et certains se sont ralliés à sa cause. D’autres sont parvenus à fuir ou à entrer dans la résistance pendant toute la durée du régime. J’aime à croire qu’ils ont pesé dans la libération, le jour même où nwalk et ses sbires commettait la plus effroyable exaction qu’ait jamais connu la ville. Ce jour-là, la majorité des civils du quartier portuaire ont été massacrés et bon nombre d’habitations incendiées. Mais c’est aussi ce jour-là que tous les résistants appuyés par un contingent venu de Manost, ont pu défaire le tyran.

« Une bien triste histoire. Je ne suis pas mécontent que cette épisode soit terminé. J’ai entendu parlé d’une guerre sur le continent à laquelle Lumenis a pris part, mais elle aussi semble s’être achevée. J’ai l’impression qu’en ce qui concerne les conflits, il y en a autant au-dessus qu’en dessous. »
La guerre... sans elle, Alchem ne serait pas le même. C’était la guerre qui lui avait fait choisir sa voie. La mort de son frère Théass fut le point de départ de ce qu’il était aujourd’hui. La guerre, il en rêvait encore la nuit. La guerre et les Drow... Il se sentait nu sans une lame à portée de la main. Il se sentait inutile sans un être malveillant à occire. Et toujours dans sa tête cette petite voix lui susurrant mille malheurs. Un brin de démence cachée derrière ce visage si souvent impassible. Non, vraiment, sans la guerre, il serait un autre.
« C’est un joli port que celui-ci. Le spectacle vaut le coût d’œil. »
Il changeait de sujet.

Et ce n'était pas pour déplaire à Dotha qui - Alchem l'avait sans doute remarqué - s'était bien gardé d'aborder son cas personnel dans son récit. La gnome tint toutefois à fermer le sujet de la guerre d'une dernière réflexion positive :

- Je suis contente qu'il vous plaise. Avec son université de la magie, c'est sans doute l'un des plus grands joyaux de Luménis. Celui qui lui permet de se préserver de la plupart des menaces extérieures. Alors, certains argueront peut-être que c'est une illusion - et la guerre civile leur donne en partie raison - mais c'est bien la marine de notre cité qui constitue sa première défense. Tous comme les illusions et le secrets sont celles de votre cité.

« A chacun son bouclier, comme dirait l’une de mes connaissances naines. »
Alchem n’ajouta rien de plus. Il s’était replongé dans la contemplation du lieu et il lui arrivait parfois de pouvoir rester des heures immobiles, silencieux, méditatif. En fixant la lueur d’un navire lointain, il songea à sa mère qui, peu avant son départ, lui avait avoué venir de la surface. De là lui venait cet amour de la lumière. Connaissait-elle Lumenis ? D’où était-elle originaire ? Et comment ce faisait-il qu’une svirfnebeline soit née sous le ciel ? C’était des questions qu’il n’avait sans doute pas besoin de se poser. Les réponses l’attendaient à Ornegemme. Il finit par reprendre la parole :
« Dotha, avant que vous ne me croisiez, que saviez-vous de vos cousins des profondeurs ? Me concernant, je trouve que vous correspondez bien à l’image que nous on a de vous. »

La question déstabilisa un instant son interlocutrice mais davantage parce qu'elle ne s'y était pas attendue que pour son étrangeté intrinsèque. Dotha afficha une moue pensive pendant un moment avant de répondre avec sincérité :

- Très peu de chose en réalité : vous passez pour un peuple secret et discret. Tellement même que d'aucuns doutent même de votre existence. Les plus ignorants ne savent d'ailleurs pas faire la différence entre les différents peuples d'Outreterre et vous jugerez au même titre que vos ennemis, vous prêtent la même sauvagerie. Vous en rencontrerez à la surface, c'est hélas inévitable. Mais n'ayez crainte, ce n'est pas mon cas et tout ce que vous m'avez laissé entrevoir de votre personnalité ne peut que me conforter dans cette impression.

« Nous autres, on ne doute pas de votre existence. L’image qu’on a de vous, c’est celle de personnes joyeuse, aimables, pleines de vie. Nous ne savons pas à quoi ressemble votre existence, car nous ignorons à quoi ressemble la surface. Chacun y va de ses suppositions, de ses rêves. Certains, hélas, vous prennent pour des nantis exubérants et naïfs. Il y a de la jalousie dans ce jugement. Personnellement, je savais à peu près à quoi m’attendre. Du fait de mon activité, j’ai eu des relations avec la surface pendant des années, de quoi glaner nombre d’informations, de quoi aussi rencontrer à de rares occasions certains des votre. »

Dotha était quelque part soulagée qu’Alchem n’ait pas mal pris ses propos. Elle s’était faite un devoir de l’avertir de ce qui pourrait survenir mais le svirfneblin était quelqu’un de sensé et il avait semble-t-il très bien préparer son voyage.

- Nous sommes certainement plus légers que les vôtres, en tous cas en période de paix. Mais même les gnomes de la surface savent privilégier l’isolement et la discrétion à l’exubérance tant ils sont conscients de leur fragilité. Cela dit, notre espèce se mêle facilement avec les autres et il y a longtemps que le royaume de Lantan n’abrite plus l’essentiel de la population de nos cousins. D’ailleurs, je représente la troisième génération de notre famille née en Helonna.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Sur les pavés de l'esplanade