La Couronne de Cuivre

Il la serra un peu plus étroitement, sans rien répondre, et Chandara eut exactement ce qu'elle avait cherché : sa chaleur, le son de son coeur cognant contre sa poitrine, le cercle de ses bras... Pourtant, elle le sentit aussi frémir, signe d'une certaine fébrilité, puis soudain, il se détacha d'elle, écarlate. Filu souffla, comme s'il riait. Arthur toussa dans son poing.
" Heu... Hum. Donc... Heu... Les destriers n'ont pas de stalle réservée... Il n'y a que des chevaux ordinaires, dans les écuries... sauf ceux des paladins les plus expérimentés. Comme celui de Sire Armand, d'Othon, d'Urbain et de Corwin... Ils ne sont plus que quatre à pouvoir profiter de leur cheval céleste en permanence. Je me demande à quoi ressemblera le mien quand j'aurai enfin le pouvoir d'en invoquer un..."

Chandara se sentait quant à elle à la fois détendue et euphorique, ravie de leur brève étreinte pleine de douceur. Peut-être n’était-elle pas consciente du trouble qu’elle avait provoqué chez le jeune-homme ou peut-être en était-elle secrètement fière. Toujours est-il qu’elle n’avait pas cherché à obtenir plus, consciente et heureuse de progresser pas à pas dans leur connaissance mutuelle et leur relation encore naissante.

Arthur avait toutefois détourné la conversation pour se réfugier dans un sujet qu’il affectionnait et elle lui emboîta le pas avec plaisir :

- Ce sont toujours des animaux magnifiques et des amis fidèles. Je suis sûr que ton destrier sera à ton image : doux et fort, affectif et protecteur. Alors que le mien sera certainement fougueux !

Evoquer cette possibilité la fit sourire, surtout parce qu’au contact du luménien et des autres paladins, elle commençait à entrevoir réellement la possibilité de lier à nouveau un jour avec un dieu qui lui ferait cet honneur ultime de l’appeler à le servir.

Arthur s'empourpra à nouveau sous l'assaut des compliments de la jeune femme. Il noya son embarras dans un examen de la tête de son ancien cheval, peinant à retrouver sa couleur naturelle.
" Je suis certain que ton destrier sera magnifique, finit-il par murmurer, mais c'était manifestement le maximum qu'il pourrait faire. Hum. Et ton propre cheval va bien ?"

Elle trouvait que la façon qu’avait Arthur de s’empourprer était touchante mais elle avait suffisamment gagné en sagesse pour ne pas entrer sur ce terrain quitte à le gêner encore davantage. Non, elle était persuadé qu’il finirait par se sentir à son aise même quand ils se complimentaient mutuellement.

A dire vrai, elle ne s’était pas attendu à ce que leurs retrouvailles soient aussi merveilleuses et à ce qu’ils fassent aussi vite de tels progrès dans leur relation. Sans doute aurait-elle dû l’appréhender un peu mais elle était d’un naturel fougueux, dynamique et aventurier alors elle n’en voyait que les bons côtés. Elle répondit donc avec douceur :

- Kelpie va bien et j’ai demandé à Titœil de la sortir de temps à autre pour qu’elle ne reste pas cloîtrée au box trop longtemps. Je n’avais aucune idée de la durée de mon séjour à Luménis après tout…

Ce qui était d’ailleurs toujours le cas. Mais en l’occurrence, elle préférait ne pas penser au lendemain et vivre l’instant présent. D’aucuns y auraient vu un autre signe qu’elle était plus proche de Sunie que de Lathandre.

Arthur opina du chef, plus sérieux.
" Rien que la traversée, ça fait déjà un certain temps..."
Une ombre passa sur son visage, une seconde, puis un sourire y revint.
" Voulais-tu voir autre chose ?"

Chandara était suffisamment sensible pour ne pas manquer de noter la réaction du jeune-homme et en déduire la cause. Elle répondit donc avec un certain entrain, autant pour chasser les ombres que par véritable conviction :

- Oui et c’est une raison de plus de pour rester très longtemps ! D’autant que j’ai envie de tout découvrir : de Luménis, de la commanderie et de bien d’autres choses…

Elle marqua une pause et lui adressa un sourire timide avant d’ajouter affectueuse :

- Mais il commence à se faire un peu tard et tu n’as déjà que peu dormi la nuit dernière… Nous aurons le temps de voir le reste demain et les jours prochains. Enfin, si tu as des moments de liberté…

Elle s’était montré plus hésitante et interrogative pour cette dernière remarque.

" Ah... J'ai peur d'être peu disponible demain... Ton arrivée était imprévue et j'ai des devoirs que je ne peux pas refiler aisément à autrui, comme ça, au pied levé. Mais je devrais réussir à me dégager en milieu d'après-midi... Les autres sont compréhensifs et ils essaient de solutionner le problème..."
Il eut un sourire embarrassé.
" Mais je risque de ne pouvoir bénéficier de ce traitement de faveur qu'une veille... Au delà... Je ne pense pas qu'Armand va relâcher les termes de ma punition tant qu'elle ne touche pas à son terme."

Chandara masqua bien vite sa fugace déception, s’étant de toute façon attendue à cette réponse. Et puis, elle se dit qu’elle aurait d’autant plus de plaisir à le voir qu’il pourrait lui manquer un peu pendant la journée. Elle répondit avec son entrain naturel et une pointe de légèreté :

- Tes amis sont vraiment généreux et sympathiques : une veille, c’est déjà formidable ! Pour commencer en tous cas ! Et pour demain il ne faut surtout pas t’en faire : je dois un peu me prendre en main et ne pas rester toujours collée à toi mêle si l’envie ne manque pas ! Mais je compte bien que tu me réveilles avant l’aube pour que je puisse assister à l’un de vos offices au temple. Ensuite, j’ai promis à une amie de porter une lettre pour elle au temple de Tymora et je crois que j’ai envie de satisfaire ma curiosité en me répondant à l’invitation de ces Sunites… Juste pour me rendre compte par moi-même. J’imagine que tu n’as pas particulièrement envie de m’y accompagner ?

Arthur parut incertain, puis finit par sourire.
" Non, franchement... J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi tu as envie de te rendre dans un endroit pareil, mais bon... Chacun son style, finalement. Je suis bien conscient que nous n'avons pas le même tempérament en ces matières. Je voudrais juste... Je ne suis pas certain que j'aurai envie que tu me racontes, ensuite. Même si je me doute que tu ne pourras pas t'en empêcher."
Il l'entraîna vers la sortie, d'un pas tranquille, non sans gratifier Filu d'une ultime caresse.
" Quant à demain matin... Ce n'est vraiment pas obligatoire, tu sais... Je veux dire, pour l'office. C'est rudement tôt en cette saison."

Chandara le retint un moment par la main, vérifia qu’ils étaient toujours seuls et se fit un devoir de le rassurer car elle croyait percevoir une partie de ses inquiétudes :

- Arthur, je ne pense pas qu’il se passera quoique ce soit que j’aurais envie de te cacher : il y a beaucoup de choses que je m’interdis en tant que manostienne et en tant que femme. Mais nous ne sommes pas non plus obligés d’en parler si tu ne le souhaites pas.

La conversation avait pris un tour un peu trop sérieux et elle ajouta d’un ton beaucoup plus optimiste et anodin :

- Et pour ce qui est de l’office, je ne le fais pas par obligation non plus : mais par curiosité et aussi pour te faire plaisir : Lathandre fait partie de ta vie et c’est normal que je m’y intéresse. Alors même s’il faudra sans doute venir me réveiller personnellement dans mon lit demain matin, je tiens à venir y assister !

" Très bien. Dans ce cas, je vais te raccompagner jusqu'à ta chambre, et nous nous verrons demain matin."
Il joignit le geste à la parole, la menant au travers de la cour, puis dans les couloirs. Le ciel s'était légèrement assombri mais la nuit serait claire, probablement constellée d'étoiles. Arthur s'arrêta devant la porte de la chambre de Chandara, mais n'en franchit pas le seuil.
" Je te souhaite une bonne nuit."

Mais Chandara n’entendait pas le laisser partir aussi facilement. Elle jeta un œil dans le couloir pour vérifier que personne ne s’y trouvait puis lui attrapa une main pour le retenir et plongea son regard dans le sien comme pour mieux le retenir :

- J’ai passé une journée extraordinaire grâce à toi, murmura-t-elle avant de poser ses lèvres sur les siennes et d’ajouter d’un ton doux :

- C’était juste pour m’assurer que tu fasses de beaux rêves !

Enfin, elle recula dans sa chambre en arborant un sourire espiègle et referma sa porte, le cœur battant la chamade. Ses propres rêves risquaient fort d’être peuplés de grands blonds au regard clair et au doux sourire. Si elle parvenait à s’endormir… La journée avait été tellement riche qu'elle avait beaucoup d choses à méditer et elle était dans un état émotionnel où trouver le sommeil n'était pas forcément sa priorité.

Le ciel était bleu profond de l'autre côté de sa fenêtre, et s'il faisait moins chaud que durant la journée, il était clair qu'il ne serait pas nécessaire d'allumer de feu dans l'âtre. Quelqu'un était entré dans la chambre pendant son absence car on lui avait déposé une corbeille de fruits frais — abricots, pêches et cerises —, un pichet d'eau claire et un verre, des serviettes propres et une poignée de bougies. Sous ces dernières, on avait glissé un morceau de parchemin sur lesquels étaient tracés, très méticuleusement, les mots suivants : "pour les moustiques si vous ouvrez la fenêtre".
On avait aussi posé un superbe bouquet de fleurs jaunes et violettes dans un vase, sur le bureau.

Chandara était sincèrement touchée par toutes les attentions dont elle faisait l’objet. Les fruits, les fleurs, les bougies… Est-ce que l’on traitait aussi bien tous les invités et surtout qui était à l’origine de ces cadeaux de bienvenue ? Des questions qu’elle ne manqua pas de se poser tout en se disant qu’il faudrait qu’elle en parle avec Arthur pour savoir qui elle devait remercier.

Mais ce serait pour demain : même si le ciel n’était pas encore tout à fait sombre, elle se sentait finalement fatiguée par le contrecoup du voyage et de toutes les émotions de la journée : jamais elle n’aurait pensé que sa relation avec le lathandrite puisse repartir sur de telles bases mais elle en était sincèrement heureuse.

L’air rêveur, elle se déshabilla pour enfiler une tenue de nuit confortable et légère puis se glissa simplement sous les couvertures, songeant aux moments forts de sa journée et aux délicieuses perspectives du lendemain, d’un réveil dont elle espérait que le paladin se chargerait personnellement. Ces pensées se mêlèrent progressivement à mesure qu’elle glissait vers l’inconscience.

Elle émergea quant une main se posa sur son épaule. Il faisait encore sombre. Une silhouette menue se trouvait dans la pièce et recula quand elle ouvrit les yeux. A la lueur d'une chandelle, elle reconnut l'adolescente qui s'était trouvé à table avec elle la veille. Jeanne.
" Dame, on m'envoie vous réveiller. Nous allons bientôt aller prier au Temple. Il y a de l'eau fraîche dans le broc. Si vous pensez que vous aurez faim avant la fin de l'office, je peux aller vous chercher quelque chose..."

Chandara était quelque peu déçue mais elle chassa très vite ce sentiment, se réjouissant de pouvoir revoir l’adolescente qu’elle semblait tant intimider. Une occasion de corriger cet état de fait. Malheureusement, elle peinait à se mettre les idées en place : il devait être encore très tôt. Alors, quittant les couvertures sous peine de sombrer à nouveau dans le sommeil, elle se leva face à l’adolescente, sa tunique de nuit la mettant joliment en valeur – une vision qu’elle avait voulu réserver à Arthur. Mais il y aurait d’autres occasions, ce ne serait vraiment que partie remise.

- Bonjour Jeanne… - heureusement elle s’était souvenu de son prénom – C’est très gentil à toi d’être venu me réveiller. Et pour le repas, je crois que ça ira : je préfère déjeuner avec vous tous !

Elle jeta un regard en direction de la corbeille de fruit et décida de s’enquérir de sa provenance :

- Est-ce que tu sais qui m’a amené ces belles fleurs et ces fruits hier ? C’était vraiment une très charmante intention !

" Et bien, les fruits, c'est moi. C'est l'usage. Avec les bougies, drôlement utiles en cette saison, sauf si vous dormez la fenêtre fermée mais alors... vous êtes drôlement résistante à la chaleur."
Elle regarda les fleurs.
" Le bouquet, je n'en sais rien. Elles n'étaient pas là quand je suis venue préparer la chambre."

Ainsi le bouquet ne faisait pas partie du cadeau d’accueil ? Elle s’en était doutée mais ce n’était pas moins troublant. A moins bien entendu que ce soit une nouvelle heureuse initiative de la part d’Arthur ? Pour autant, elle ne voulait pas prendre le risque de l’interroger à ce sujet mais peut-être le lui révélerait-il ? Mais l’heure n’était pas à se poser trop de questions : l’aube approchait certainement et elle ne voulait surtout pas prendre le risque de la manquer. Elle se tourna donc vers l’adolescente et lui dit gentiment :

- Tu peux m'appeler Chandara si tu veux. Et je te remercie d'avoir pensé aux bougies.

Puis, il serait grand temps de s’habiller pour la journée. Une robe légère conviendrait surtout s’il faisait toujours aussi beau. Avec un châle assorti en attendant que le soleil se soit levé haut dans le ciel. Oui, ce serait parfait.

Une fois habillée, Chandara rejoignit les paladins dans la cour. Elle nota immédiatement combien son choix de vêtements dénotait sur l'allure de ses compagnons qui tous, bien sûr, portaient tuniques et chausses fonctionnelles, reflet de ce que serait ensuite leur journée. Ils sourirent à la jeune femme, la saluèrent poliment, et elle sentit le regard de plusieurs d'entre eux s'attarder un moment sur elle, sans doute surpris qu'elle choisisse de résider dans une commanderie comme si c'était une hostellerie. Arthur la retrouva assez rapidement et lui sourit. Il avait l'air parfaitement réveillé malgré l'heure plus que matinale : le ciel était encore sombre.
" J'espère que tu as bien dormi, dit-il. Je dois encadrer les novices avec Thalie. Si tu veux, tu peux rester avec le groupe d'hier soir, tu profiteras davantage de la cérémonie."
Le groupe avait commencé à s'ébranler et gagna, à pied, l'arche qui séparait la cour de la rue. Les conversations étaient déjà animées : les paladins lathandrites semblaient n'avoir aucune difficulté à s'adapter au rythme de leur dieu.

Ce à quoi Chandara avait un peu plus de mal à s’adapter mais elle était dans la force de l’âge et son organisme s’adapterait bien vite aux nuits plus courtes et aux réveils plus matinaux. Elle distribua donc bien vite ses habituels sourires en dédiant bien entendu le plus rayonnant d’entre eux à Arthur mais elle se sentait un tout petit peu mal à l’aise et décalée eu égard à sa tenue qui tranchait avec le reste du groupe mais aussi parce qu’elle était la seule étrangère.

Les mots du paladin la rassurèrent néanmoins et elle rechercha immédiatement les têtes connues de Geoffroy, Kyle, Jeanne et surtout Sullyan.

Arthur l'abandonna donc et repartit vers les bâtiments : sans doute y avait-il quelques retardataires. Quant à Chandara, elle retrouva aisément ses voisins de table de la veille, mais ils n'étaient pas rassemblés... Kyle et Geoffroy discutaient avec Othon et un autre homme, âgé d'une trentaine d'années. Ils paraissaient très sérieux tous les quatre. Jacob était en conversation, animée, avec une jeune femme aux longs cheveux noirs et au sourire rayonnant, qui paraissait à son avantage même avec une tunique froissée sur les épaules. Sullyan, quant à elle, discutait avec nul autre sur Sire Armand, le chef des paladins de l'Aster...

Chandara demeura un peu en retrait des différents groupes, un peu hésitante : Geoffroy l’intimidait un peu et elle abandonna l’idée de se mêler aux garçons. Elle ne voulait pas non plus s’immiscer dans la conversation visiblement privée entre Jacob et la belle inconnue. Naturellement, elle s’était rapprochée de Sullyan mais la présence du commandant de l’Ordre local la figea un instant. Surtout parce qu’elle ne voulait pas se montrer intrusive envers une personne d’une telle importance. D’un autre côté, elle n’avait pas encore eu l’occasion de remercier le maître des lieux pour avoir accepté de l’accueillir en leurs murs.

La jeune-femme s’approcha donc mais en restant à quelques pas quoi que visiblement, attendant l’autorisation de Sire Armand de venir le saluer.

C'est Sullyan qui fit signe à Chandara d'approcher, en lui faisant un petit geste de la main.
" Armand, je te présente Chandara, l'amie d'Arthur... Je crois qu'il a omis cette petite étape, dit la jeune femme avec un sourire.
— Effectivement." dit le chevalier avec un ton qui reflétait une totale absence de surprise.
Il n'en sourit pas moins chaleureusement à la jeune femme, bien qu'elle lut une certaine circonspection — ou de la curiosité — dans son regard.
" Dame, bienvenue à Luménis."

Chandara s'était approchée sans hésiter, ravie de l'invitation et elle retourna au chevalier un sourire un peu intimidé mais néanmoins sincère et répondit d’un ton gracieux :

- C’est vraiment un honneur de vous rencontrer, Sire Armand : Arthur m’a beaucoup parlé de vous. Et je me suis effectivement tout de suite sentie bienvenue à Luménis grâce à l’accueil que m'ont réservé les vôtres.

Sire Armand hocha la tête.
" Le contraire m'aurait chagriné."
Sullyan s'était esquivée, rejoignant un autre groupe de paladins et laissant Chandara en tête à tête avec le commandant. Ils étaient désormais dans la rue endormie bien que de nombreuses personnes confluent vers le Temple de Lathandre voisin.
" Arthur m'a parlé de vous, lui aussi, bien qu'il n'ait pas mentionné la possibilité de votre visite."
Il ne paraissait pas surpris pour autant.

Elle en revanche était visiblement surprise : elle ne s’était pas attendue à ce qu’Arthur prenne la peine de parler d’elle à son commandant. Ceci étant dit, le jeune lathandrite semblait entretenir davantage qu’un lien hiérarchique avec le maître de l’Ordre. Elle sourit, le premier instant d’étonnement passé : leur rencontre avait décidément du marquer le jeune-homme pour qu’il la mentionne à son retour. Chandara progressait à côté de l’officier et répondit avec son enthousiasme coutumier :

- Arthur m’a beaucoup parlé de sa ville qu’il adore et il a parfaitement su éveiller ma curiosité et mon envie de la visiter. Mais pour être tout à fait honnête avec vous, il a aussi tendance à sous-estimer son propre pouvoir d’attraction. Cela dit, tout comme moi, il est encore jeune et inexpérimenté. Et je ne doute pas qu’il sache un jour s’en servir pour inspirer ses semblables en devenant un grand paladin sous le commandement d’un homme aussi sage et bienveillant que vous. En tous cas c’est ainsi qu’il vous décrit…

Armand rit joyeusement.
" Jeunes, effectivement." dit-il en secouant la tête.
Ils avaient atteint le Temple.
" Je vais devoir vous abandonner. Je vous souhaite un bon séjour."
Sur un salut, il grimpa les marches en tête de son contingent.

Quête : Un autre appel

Le groupe qui revenait du Temple de Lathandre était beaucoup plus calme que celui qui avait quitté la commanderie un peu plus tôt, et pour cause, les novices étaient apparemment restés au sanctuaire, sans doute pour y assister à un cours de théologie. Othon et Armand étaient également absents, et les paladins de l'Aster se dirigèrent vers le réfectoire où la table était déjà mise pour le petit déjeuner et il ne restait plus qu'à se servir. Arthur n'était apparemment pas de corvée car il s'assit presque aussitôt à une table, qui fut bientôt colonisée par d'autres preux, en ce compris Chandara.

Ravi qu'Arthur assiste cette fois à tout le repas, celle-ci s'était aussitôt glissé à son côté plutôt que de s'installer en face de lui. Elle pouvait peut-être moins bien le voir ainsi mais elle ressentait davantage sa présence bénéfique et grisante.

Evidemment, une bonne partie de son attention était aussi tournée vers le repas et elle devait bien avouer mourir de faim depuis son réveil matinal. Et puisqu'elle allait certainement manger sur le pouce à midi, elle n'avait pas l'intention de se priver pour ce tout premier petit-déjeuner à la mode luménienne.

Le petit déjeuner à la mode luménienne était sensiblement identique au petit déjeuner à la mode manostienne, si ce n'est qu'il était peut-être un peu moins austère, un peu plus sucré, et surtout plus fruité en cette belle saison où la nature était généreuse de ses trésors. Le gruau matinal était agrémenté de pêches et d'abricots frais, le jus de fruits rivalisait avec le thé à la bergamote dans les tasses, et le pain était truffé de noix et de figues confites. Pendant les premières minutes du repas, personne ne dit rien, chacun veillant à se remplir l'estomac. Puis les conversations commencèrent à bourgeonner tournant, presque toutes, autour des projets de la journée.

La Couronne de Cuivre

[Bâtiment] La Commanderie des Paladins de Lathandre