La Couronne de Cuivre

RP : Retour à l'abri

Le temps, sans toutefois laisser présager une nouvelle ondée à coup sûr, se montrait tout de même assez menaçant pour ne pas tenter Astrée de prendre le risque de renoncer à sa toile de protection. Prince de Frelons ne se fit pas prier pour trouver refuge sous la couverture où il se blottit sur la poitrine de la rôdeuse. Astrée eut quelque peine à trouver le sommeil mais, quand ce fut le cas, elle dormit d'une traite. Les premières lueurs annonciatrices de l'aube la trouvèrent lorsqu'elle rouvrit les yeux. A l'est, le ciel commençait à se parer de mille nuances de rose, d'orange et de bleu, prémices d'une journée qui s'annonçait magnifique.

RP : Retour à l'abri

Astrée se leva d'un bond. Il était plus tard qu'elle ne l'avait espéré. Elle avait escompté déjeuner à la chandelle et se mettre en route aux premières lueurs. Tant pis, elle raccourcirai le temps consacré au petit déjeuner.
Elle ne prit pas le temps de faire chauffer de l'eau, et déjeuna rapidement sur le pouce, d'un peu de pain, de jambon, de fromage, de confiture. Un fruit et un grand verre d'eau pour compléter. Cela suffirait largement.
Elle se remit en route aussi vite que possible, après avoir rangé rapidement ses affaires dans son sac-dans le plus grand désordre, certes, mais elle n'avait pas le temps de se préoccuper d'une chose aussi secondaire que le rangement.
Elle redescendit lestement de sa plateforme et reprit le chemin qu'elle suivait la veille. Elle se sentait reposée, et heureusement vu la zone escarpée qu'elle abordait...

RP : Retour à l'abri

Astrée reprenait la route moins d'un quart d'heure après s'être levée. La route promettait d'être ardue mais elle se sentait maintenant en pleine forme et la rôdeuse n'eu aucune difficulté à progresser dans les rochers. De mémoire, elle savait que la route s'aplanirait à mesure qu'elle se rapprocherait du village. Dans moins d'une heure, elle pourrait à nouveau chevaucher à condition que Prince des Frelons y mette du sien.

RP : Retour à l'abri

Prince des frelons avait eu une bonne nuit de sommeil, largement le temps de se remettre et de repartir du bon pied... et de bonne humeur! Il fit le début du voyage dans la poche de sa maîtresse, avant d'en sortir sous une forme plus bourdonnante pour aller butiner quelques fleurs printanières. Mais quand Astrée l'appela, il était prêt et accepta sans peine de redevenir l'étalon fougeux et joyeux qu'elle connaissait.
Elle pressa le pas à l'approche du village, mettant sa monture au trot chaque fois que le chemin le permettait. Avec un peu de chance, le clerc serait encore dans la bâtisse qui faisait office de chapelle, et pas en train de soigner un blessé ou un malade à une demi-journée de marche...

HRP : désolée du retard... bagages à défaire, grande pièce à vider, détapisser... on attaque la peinture demain, et en prime je reçois bientôt mon ordi à monter... je garantis pas un post par jour mais je vais essayer.

RP : Retour à l’abri

Astrée ne rencontra aucune difficulté à rejoindre le village. La coopération de Prince des Frelons permit de réduire au maximum la durée du trajet. La rôdeuse pouvait en outre se réjouir du retour du beau temps. La rosée s’accrochait aux plantes de moins en moins rares à mesure qu’elle approchait du plateau abritant la communauté montagnarde. L’air était agréablement frais et elle aurait sans doute apprécié la promenade si ce n’était sa mission urgente.

En arrivant aux abords des premières maisons, Astrée remarqua immédiatement une agitation inhabituelle du côté de la « place » du village. Tous les villageois semblaient s’y être rassemblés et plusieurs hommes portaient des armes de fortune - fourches, haches, serpes et parfois de vieilles épées. Trois hommes portant des haches de bûcheron étaient au centre de leur attention et s’exprimaient d’un air paniqué :

- Ces monstres ont déchiqueté Jimmy et Tad !

HRP : Tu fais comme tu peux

J’me vengerai !

RP : Retour à l'abri

Astrée haussa un sourcil en s'approchant, vaguement inquiète. Ce n'était pas dans leur habitude de s'agiter ainsi : les montagnards qu'elle connaissait étaient tous des gens paisibles.
Elle observa attentivement les visages à la ronde, espérant reconnaître quelqu'un. Mais après tout, elle n'était venue qu'une fois ou deux jusqu'ici, il n'était pas sûr qu'on la reconnaisse. Sauf bien sûr le prêtre...
Discrètement, elle se faufila au milieu du petit rassemblement, tendant l'oreille pour mieux comprendre ce dont il retournait.

RP : Retour à l’abri

La foule ne sembla pas remarquer sa présence et elle put s’approcher suffisamment près sans attirer l’attention. Un des villageois, un homme dans la force de l’âge qui ne tenait aucune arme, interpella les bûcherons avec aplomb :

- Du calme, dis-nous en plus sur ces créatures, John !

Le bûcheron qui avait déjà parlé reprit son souffle et parla d’un ton à peine plus posé qu’auparavant :

- Je n’ai jamais rien vu de tel ! Du moins pas si loin de la forêt maudite. C’était des créatures noires comme la nuit, tout en crocs et en griffes. On a d’abord cru à une meute de loups alors on a été voir pour les chasser…

L’un des autres reprit d’une voix paniquée :

- On n’avait aucune chance ! J’ai réussi à toucher l’un des monstres ! J’en suis sûr ! Il n’a même pas saigné…

RP : Retour à l'abri

Astrée grimaça. Ainsi, il y en avait d'autres.. Ou peut-être était-ce les mêmes, après tout : ces bêtes-là se déplacent vite...
- Des loups d'ombre, fit-elle d'une voix calme, mais à peine audible à part par ses plus proches voisins - toujours cette fichue timidité... J'en ai vu aussi, ajouta-t-elle. Deux. Peut-être les mêmes...
Elle se sentit rougir et résista tant bien que mal à l'envie de baisser les yeux, de rentrer sous terre... Elle s'obligea à maintenir son regard fixé sur l'homme qui semblait le leader du groupe. Peut-être ne l'avait-il même pas entendue...

HRP : désolée du retard, montage d'ordi plus compliqué que prévu... je pars en WE, à Lundi !

RP : Retour à l’abri

Plusieurs villageois se retournèrent vers Astrée qui devint le nouveau centre de leur attention. Ce mouvement et la voix calme de la jeune femme qui tranchait avec le ton de la conversation attirèrent également l’attention des bûcherons. Celui qui s’était exprimé adopta un ton plus posé encore :

- Vous avez vu les bêtes ? Où ça ?

Le villageois âgé enchaîna immédiatement, l’air inquiet :

- Le problème est encore plus grave que nous le pensions si elles se répandent…

Plusieurs villageois resserrèrent la prise sur leurs armes de fortune en sentant la tension s’élever à nouveau.

RP : Retour à l'abri

Astrée se tourna vers le bûcheron.
- Ils étaient à presque une journée de marche d'ici, dans cette direction, expliqua-t-elle en désignant approximativement la direction de la zone où elle avait laissé Kasumi.

Elle s'adressa à l'homme plus âgé.
- Il y avait aussi des hommes avec... Des druides noirs, je pense. Ce sont eux qui les ont convoqués. Mon compagnon est resté là-bas pour les surveiller.

Son coeur se serra, juste un instant. Mais elle se refusait à penser que quoi que ce soit puisse arriver à Kasumi en son absence. Il était prudent et expérimenté. Elle devait se concentrer sur sa mission : amener du renfort....
Elle soupira. Evoquer ces druides la mettait mal à l'aise. D'autant que de simples bergers peuvent vite faire l'amalgame avec des druides "ordinaires", et de là aux rôdeurs... Tous trop proches de la nature pour que ces gens des montagnes leur fassent vraiment confiance.

Elle se tourna à nouveau vers les bûcherons.
- C'est aussi dans cette direction que vous en avez aperçu ? Si c'est le cas, ce sont peut-être les mêmes...

RP : Retour à l’abri

La révélation d’Astrée au sujet des druides noirs fut accueillie par des murmures inquiets et quelques grommellements dans la foule des villageois. Le bûcheron hésita un moment avant de répondre, sans doute pour appréhender ces nouvelles inattendues. Il désigna une direction légèrement plus au nord :

- C’est par là que nous avons notre cabane. Mais pas aussi loin que ce que vous dites. A peine à trois heures de marche du village. Nous avons été attaqués dans la nuit. Nous n’avons pas vu la trace des hommes dont vous parlez…

RP : Retour à l'abri

Astrée hocha la tête. Oui, c'était possible pour les monstres d'avoir parcouru la distance pendant la journée précédente et la nuit.
- Ce sont peut-être les mêmes. Ils courent vite, ils ont eu le temps d'arriver jusqu'à vous. C'est justement pour demander de l'aide que je suis venue au village. J'espérais trouver le clerc...
Elle le chercha machinalement des yeux dans la foule. Mais à cette heure-ci, il pouvait avoir déjà commencé sa tournée des malades.
- Quand je suis partie de chez moi, je n'ai vu que deux loups d'ombre. Mais ils ont pu en convoquer d'autres... Savez-vous combien vous ont attaqués ?

RP : Retour à l’abri

Le bûcheron semblait presque soulagé à l’idée de pouvoir mettre un nom sur la menace et d’être cru. Il répondit après un instant de réflexion :

- Il y en avait au moins deux c’est certain. Mais je ne suis pas sûr qu’ils étaient seuls. Il faisait noir et ça a été si soudain…

Le villageois qui avait pris la parole plus tôt l’interrompit :

- Comme je le disais plus tôt, notre clerc n’est malheureusement pas disponible. Il s’est absenté ce matin pour gérer un accouchement difficile à l’autre bout de la vallée. Je ne sais quand il pourra rentrer.

RP :Retour à l'abri

Astrée blêmit en apprenant l'absence du clerc. Qu'allaient-ils pouvoir faire sans lui ? Il fallait au moins tenter de lui parler...
- On ferait peut-être bien de le contacter, de le prévenir. Lui saura certainement quoi faire. On n'est quand même pas à quelques heures près... Et puis, il faudrait aussi signaler ces druides de l'ombre aux autorités compétentes... Mais je ne sais pas trop à qui, en fait. On est loin de Luménis...Et pourtant il faudrait les arrêter...

RP : Retour à l’abri

Le villageois âgé désigna ses compatriotes armés et répondit d’un ton las :

- Nous pourrions envoyer un message à la ville mais cela prendrait des jours sans même parler du temps qu’il faudrait pour nous envoyer une patrouille. La région est plutôt sûre et la garnison la plus proche est à trois jours à pied d’ici. Nous n’avons pas eu besoin de protecteur jusqu’ici. J’ai bien peur que nous devions nous occuper seuls de ce fléau. Je peux envoyer quelqu’un prévenir le prêtre mais si j’ai bien compris, les créatures qui vodu ont attaquées chassent de nuit. Nous ne pouvons donc pas trop tarder avant d’aller les combattre.

Plusieurs villageois acquiescèrent et prirent un air résolu en signe d’assentiment.

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Astrée hocha la tête. Bien sûr, ils avaient raison... Il fallait combattre ces bêtes durant la journée si possible. Ou attendre le lendemain, en espérant qu'elles n'aient pas causé trop de dégâts durant la nuit. C'était peu prudent...
- Il vaudrait mieux envoyer quelqu'un prévenir le prêtre, je pense. Quelqu'un qui soit capable de nous retrouver en suivant notre piste, si possible, mais sinon je pourrai toujours envoyer mon... écureil apprivoisé... pour le guider. Et sinon, vous n'avez pas tort, j'imagine qu'il vaudrait mieux agir tout de suite. Ou au moins, aller voir de plus près de quoi il retourne...

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Le vieux villageois intervint une nouvelle fois, signe qu’il représentait une autorité certaine pour la petite communauté. Il désigna le plus jeune des trois bûcherons :

- Tad connaît bien les bois. Il sera capable d’y amener le prêtre et de suivre une trace que nous aurons laissé à partir de là. Je suis d’avis de partir du lieu de la dernière attaque connue et d’aviser sur place.

Les bûcherons, le dénommé Tad le premier, signifièrent leur accord ainsi qu’une demi –douzaine de villageois dans la force de l’âge. Le chef compta les volontaires avant de reprendre :

- Très bien. Cela devrait suffire. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser le village sans défense de toute façon. Pas sans connaitre les intentions des bêtes et de leurs maîtres… Madame, il va sans dire que vous êtes la bienvenue au village. Vous pouvez loger chez moi.

RP: Retour à l'abri

Astrée se sentit rougir et répondit d'un ton gêné, ses mots s'emmêlant dans sa hâte à s'expliquer :
- Heu... c'est très gentil à vous mais c'est que... je n'avais pas vraiment prévu d'avoir à loger ici... mon compagnon va s'inquiéter s'il ne me voit pas revenir ce soir... ou au pire demain dans la journée. Il surveille les druides noirs, je ne peux pas le laisser seul trop longtemps, c'est dangereux...
Elle soupira.
- Enfin, on avisera en fonction de ce qu'on trouvera là-bas. J'imagine que je peux toujours lui envoyer un message si je suis coincée ici trop longtemps... Mais ça prendra du temps... De toute façon, vous avez raison, il faut aller voir là-bas ce qui se trame là-bas. Je vous suit.

RP : Retour à l’abri

Le chef de village haussa les épaules, signe qu’il n’insisterait pas. Cependant, Astrée put surprendre plusieurs regards étonnés parmi les hommes qui s’étaient portés volontaires. La rôdeuse ne pouvait s’empêcher de se demander si c’était le fait d’être accompagnée d’une femme qui les gênait. Toutefois, le petit groupe se mit en route sans protestation. Astrée put se rendre compte que les villageois savaient se déplacer rapidement et en silence, une qualité qui ne manquerait pas d’être utile.

RP : Retour à l'abri

Astrée avait tout le temps de réfléchir durant le trajet. D'imaginer ce qu'ils allaient trouver là-bas, ce qu'ils allaient pouvoir faire. Elle répugnait à risquer la vie de ces villageois, mais en même temps, ils étaient ici de leur propre choix... Elle pensait aussi à Kasumi qui l'attendait, là-bas, sans se douter qu'elle était retardée, et qui allait s'inquiéter. Elle se demandait si elle ne ferait pas mieux de renvoyer Prince des Frelons vers lui avec un message. Mais c'était si loin... Et puis, quelque part, avoir la compagnie de son ami à quatre pattes était réconfortant. Officiellement, elle avait laissé sa monture au village, puisque les villageois étaient à pied. mais bien sûr, un écureuil roux s'était empressé de la rejoindre, comme elle le lui avait demandé discrètement. Pour l'heure, il se terrait au fond de sa capuche, somnolant probablement, bercé par le rythme de la marche...
Mais ces pensées ne l'empêchaient pas d'être vigilante, observant attentivement le terrain autour d'eux, en quête de signes indiquant la présence des monstres ou de leurs maîtres.

RP : Retour à l'abri

Le bûcheron qui avait pris la parole au village, un certain John comme Astrée avait fini par l'apprendre, fit signe de s'arrêter. Il désigna une cabane qui se profilaient derrière les arbres, à une cinquantaine de mètres de leur position. La rôdeuse comprit immédiatement que c'était ici que l'attaque avait eu lieu. Les signes de lutte n'étaient pas évidents et aucun cadavre n'était encore visible mais la tension chez les compagnons d'Astrée parlait d'elle-même. John, deux villageois et Astrée s'approchèrent seuls pour reconnaître les lieux. Le bûcheron était visiblement perturbé. Il rompit finalement le silence :

- Ce n'est pas normal. Ils devraient être là. Même s'ils avaient été dévorés, il devrait en rester des traces...

RP : Retour à l'abri

Astrée se sentit pâlir. Ainsi, il y avait eu des victimes. Plusieurs. Elle aurait dû s'en douter... Mais elle avait manqué le début de la discussion au village...
- Qui ça, "ils"? demanda-t-elle d'une vois blanche.
Elle n'était pas très sûre d'avoir envie de l'apprendre. Et si les noms lui étaient familiers ? Même si elle ne connaissait guère les villageois que de vue... Et si elle apprenait qu'il y avait beaucoup de victimes, ce qui indiquerait des monstres beaucoup trop puissants pour eux ?
Ce n'est qu'après coup que la remarque de l'homme fit sens en elle. Effectivement, ce n'était pas normal qu'il n'y eut aucune trace des victimes. Mais après tout, peut-être étaient-elles à l'intérieur...

RP : Retour à l'abri

Le bûcheron répondit d'une voix triste et lasse sans hausser le ton. Aucun n'osait s'exprimer plus fort qu'un murmure de peur d'attirer un malheur :

- Nous étions cinq à occuper cette cabane. Malheureusement, nous avons du laisser d'eux des nôtres après l'attaque. Jimmy a été le premier à tomber. Ça été si vite... Nous n'avons rien vu venir. Tad était le plus proche, il a tenté de faire lâcher prise au monstre mais ses coups ne faisaient que l'énerver davantage. Quand nous avons entendu les autres arriver, nous avons tous fuis vers le village. J'entends encore leurs hurlements, ils étaient tout prêts de la cabane...

Le bûcheron s'approcha d'un tas de bois à moitié découpés. Seule une hache dont le manche était brisé témoignait des combats. Il n'y avait même pas de sang sur sa lame enfoncée dans la terre. Plusieurs villageois se signèrent et elur chef exprima tout haut leurs pensées :

- Ils ont du les emporter avec eux.

RP : Retour à l'abri

Astrée laissa ses compagnons s'approcher du tas de bois, restant quelques pas en arrière pour respecter leur recueillement. Il n'y avait apparemment aucune trace à relever, à part cette hache brisée...
Elle s'approcha silencieusement de la cabane, inquiète de ce qu'elle risquait de trouver à l'intérieur. Si le combat s'était entièrement déroulé dehors, elle ne trouverait rien... Mais si l'un des bûcherons s'était réfugié dans la cabane ? Ou si les bêtes y étaient encore ?

Elle prit garde à se cacher de son mieux d'éventuels occupants, et s'avança vers la porte de la cabane, écoutant attentivement les sons à l'intérieur. Par acquis de conscience, avant d'ouvrir, elle demanda à Prince des Frelons de se changer en abeille pour tenter de se glisser à l'intérieur. Elle voulait être sûre que la pièce était vide avant d'entrer.

RP : Retour à l’abri

Le silence qui régnait près de la cabane était presque surnaturel. Si ce n’étaient la présence des hommes, toute proche et les traces de rénovation récente de son toit et des volets, Astrée aurait pu la croire abandonnée. Cependant, ni la rôdeuse, ni son fidèle compagnon ne détectèrent de présence hostile ou inquiétante et la jeune femme finit par réunir son courage et pousser la porte qui n’était pas verrouillée.

L’intérieur était comme elle s’y attendait : la pénombre masquait les détails mais la rôdeuse put s’en faire une idée globale assez précise. Le refuge ne comptait qu’une pièce unique servant à la fois de dortoir et de salle à manger. Le long d’un mur, un poêle à bois permettait de chauffer les aliments tout comme l’atmosphère. Trois fauteuils fatigués constituaient les seules autres signes de confort. Le centre de la pièce était occupé par une solide table d’aspect rustique. Enfin, cinq couchettes occupaient une moitié de la pièce. Trois d’entre elles étaient défaites, alors qu’une couverture était impeccablement mise sur les deux dernières. Une petite malle était disposée devant chacune d’entre elles. Les deux dernières étaient fermées contrairement aux autres qui semblaient contenir tous les effets personnels et les vêtements de rechange de leurs propriétaires.

RP : Retour à l'abri

Astrée ne jeta qu'un rapide coup d'oeil à l'intérieur. Elle se sentait vaguement mal à l'aise de pénétrer dans la cabane sans y avoir été invitée, d'autant que certains de ses occupants étaient morts... Apparemment, le combat s'était déroulé au-dehors, et rien ici n'avait été touché. Il ne servait à rien qu'elle s'y attarde... Elle serait plus utile au-dehors, à chercher des traces.
Elle ressortit donc, et se rapprocha d'un pas hésitant du groupe d'hommes réunis près du tas de bois. Elle devinait leur émotion, et se sentait gênée de se trouver là parmi eux.
- Avez-vous... avez-vous trouvé des traces indiquant par où ils sont partis ? demanda-t-elle à voix presque basse à John. Et savez-vous de quel côté ils arrivaient ?

RP : Retour à l'abri

John semblait perdu dans ses pensées et sursauta en entendant la voix de la rôdeuse :

- Je ne me souviens plus très bien. Il me semble que les loups sont simplement apparus sans prévenir. Nous n'étions pas sur place au moment de l'attaque et nous étions trop occupés à fuir pour savoir ce qui s'est exactement passé ensuite... Mais je suis à peu près sûr que le combat a eu lieu ici.

Ce faisant, il désigna le sol devant l'attroupement de villageois. L'un d'entre eux intervint. Il arborait un arc ainsi qu'un couteau large à la ceinture :

- Je chasse régulièrement dans les environs. Je suis plutôt doué pour traquer le gibier. Mais ceci est assez perturbant, voyez vous-même !

Le chasseur désigna les traces qui entouraient le lieu désigné par John. De nombreuses traces de pas allaient et venaient entre la cabane et les arbres. Certaines étaient plus récentes que les autres mais le terrain semblait régulièrement emprunté ce qui n'avait rien d'étonnant. Cependant, aucune trace autre qu'humaines n'étaient visibles.

RP : Retour à l'abri

Astrée grimaça. Au fond, ce n'était pas vraiment surprenant, puisque ces loups étaient des ombres... Mais elle aurait préféré trouver des traces de bêtes de chair et d'os, menace autrement moins inquiétante...
- Pas de traces animales... Cela confirme nos craintes : ce sont des ombres. Des morts-vivants. Pas des bêtes de chair et de sang, d'ailleurs il n'y a pas de trace de sang sur l'arme qui les a touchés. Mais j'aimerais bien comprendre pourquoi il n'y a aucune trace des corps non plus... Peut-être... sans doute... ont-ils été transformés en ombres...
Elle laissa sa phrase en suspens. Elle n'étais pas vraiment sûre de ce qu'elle avançait, mais cela correspondait si bien aux observations....

- Comment allons-nous faire pour retrouver ces fichus montres avant qu'ils ne fassent d'autres victimes ? marmonna-t-elle pour elle-même, découragée. C'était une tâche presque impossible....
- Peut-être que la meilleure piste que nous ayons est celle de ces druides. Eux sont humains... Et ils contrôlent certainement ces monstres. Je ne sais pas, en revanche, s'ils peuvent le faire lorsqu'ils sont trop éloignés. Peut-être sont-ils tout proches...
En ce cas, Kasumi le serait également, ainsi que Première Neige. Et elle pouvait tenter de contacter la louve... au moins pour savoir si les druides étaient proches. Et puis, cela la rassurerait d'avoir des nouvelles de son compagnon.
Elle avait quasiment oublié la présence des bûcherons. Ce n'est qu'au moment de se concentrer pour tenter de joindre la louve qu'elle se détourna, faisant mine de chercher d'autres traces pour masquer ce qu'elle faisait. Il serait temps de leur expliquer si ça marchait...

RP : Retour à l'abri

Astrée essaya en vain d'entrer en contact avec Première Neige. En pleine forêt et sans vraiment savoir où se trouvait la louve, ces difficultés n'avaient en soi rien d'inquiétant. Elle étendit donc encore davantage ses perceptions et crut percevoir une présence familière pour récompenser ses efforts. Cependant, alors qu'elle allait toucher la conscience de la louve, un brusque sentiment d'angoisse et de terreur s'insinua en elle. Le contact avec la compagne de Kasumi ne dura qu'un fragment de temps avant d'être brutalement rompu. Dans l'esprit chamboulé de la rôdeuse ne restait qu'une impression impérative : elle devait fuir avant que les ombres ne s'emparent de son esprit. La confusion était telle qu'elle était bien incapable de déterminer si elle avait formulé cette pensée ou si elle l'avait partagée avec Première Neige.

RP : Retour à l'abri

Astrée était devenue blême. Il lui fallut quelques temps pour se ressaisir. La louve avait probablement été repérée par les loups d'ombre, elle était en danger... Ou bien n'était-ce pas d'elle qu'émanait cette panique ? Elle ne pouvait avoir aucune certitude, elle avait à peine identifé la louve. Plus elle tentait de se remémorer l'incident, plus ses idées s'embrouillaient.
Elle ne pouvait rien faire... Première Neige était loin, elle ne savait même pas où. Elle arriverait trop tard si elle était en danger immédiat. Mais si c'était le cas, Kasumi interviendrait...en espérant qu'il ne soit pas en danger lui aussi. Non, elle ne pouvait rien faire. Et même pas savoir où ils étaient, où étaient les druides.
Elle pourrait envoyer un rapace en éclaireur, à la recherche de ceux-ci, ou des ombres... mais les loups morts-vivants étaient trop bien cachés en journée.

- J'ai l'impression qu'on n'a que deux moyens de retrouver ces loups d'ombre...Soit on attend la nuit qu'ils nous attaquent, et rien ne dit qu'on sera de taille à se défendre. Soit on retrouve les druides qui les ont créés, ce qui signifie que je dois rejoindre mon compagnon. Vu qu'ils ne laissent aucune trace, je ne vois pas comment on pourrait les pister en journée. A moins, ajouta-t-elle par acquis de conscience, que vous connaissiez un endroit où il est probable qu'ils se cachent ? Un endroit à la réputation maléfique, envahi par l'ombre même en plein coeur de la journée ? S'il y a un tel endroit dans les environs, cela vaudrait le coup d'aller voir de plus près... Juste au cas où...

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