La Couronne de Cuivre

La voix de l'enfant se perdit dans les couloirs pour finir sa course contre la porte de la cave, Arya n'attendait pas de réponse et était allée accueillir son visiteur. L'aider à enlever sa pellerine dégoulinante, lui présenter des patins afin que le parquet parfaitement entretenu, bien que ce ne fut pas par elle, ne souffre pas outrageusement du mauvais temps qui sévissait dehors.

Elle l'avait ensuite installée devant la cheminée et s'en était allée préparé du thé, son hôte frigorifié n'ayant pas refusé son offre. Elle n'avait aucune crainte que le spectre s'en vienne à agresser son petit protéger et celui-ci savait qu'elle ne descendrait pas immédiatement. S'il se sentait en danger ou si les craintes étaient trop fortes, il remonterait immédiatement. Surtout, que le temps ne comptait pas pour les fantômes et que ce n'est pas ce petit retart qui changerait quelque chose.

Ne voyant pas remonter le petit garçon, la magicienne en déduit que ces peurs avaient disparues et qu'il dialoguait avec l'esprit de la petite fille, peut-être même que sans le savoir, il allait lui permettre de passer dans l'au-delà.

Dans les sous-sols, l'enfant sanglottait par soubresseau, lançant régulièrement les mêmes mots, la même phrase d'une voix triste et faible.

Y'a pas de trappe, je veux plus rester toute seule.

Le gamin ne put réprimer un geste d'agacement. Non seulement Arya s'était trouvé une autre activité, mais de surcroît, elle n'avait même pas pris le temps de lui répondre... ou de l'écouter, qui sait.
De fait, elle le laissait seul avec un esprit éploré qui ne tarissait pas de larmes douloureuses... Larmes qui avaient apparemment laissé insensible la magicienne. Etait-ce parce qu'elles émanaient d'un être trépassé ?
Lui, en tout cas, il avait dû mal à ne pas chavirer...
-Mais si il y a une trappe, allons... dit-il, ne sachant quoi faire d'autre que parler. Sinon, comment tu serais arrivée où tu es ? On va pas tarder à l'ouvrir, tu verras...

Les sanglots s'étaient tus, le silence s'était fait comme si l'enfant réfléchissait, puis la voix se fit entendre, interrogative, craintive, appeurée.

Ici ... j'sais pas. Mais ... pourquoi tu l'ouvres pas la trappe et puis, t'es qui ?

Les derniers mots furent prononcés avec une toute petite voix comme si la crainte de découvrir un bourreau l'empreignait.

Loin d'oublier Podrick, Arya s'entretenait avec son confrère du sujet qui l'avait amené, elle aurait préféré que Podrick remonte, mais ne s'inquiétait pas. Il savait prendre des initiatives et sans se douter qu'il fut si perturbé par les sanglots du spectre, elle pensait qu'il était en train de découvrir qui était cette enfant et la raison de se présence dans la maison.

-Moi ? Je m'appelle Podrick... répondit le petit garçon, éludant soigneusement la question de la trappe qu'il préférait ne pas ouvrir en l'absence d'Arya, malgré une tentation de plus en plus poignante de procurer lumière et compagnie au malheureux fantôme. J'habite ici, maintenant : ma tutrice a racheté la maison, et on s'y est installés depuis quelques semaines... On a découvert le passage secret et les couloirs qui mènent ici avant même d'emménager, mais... On n'était encore jamais rentrés dans cette pièce. Faut dire qu'il y en a pas mal, de pièces.
Peut-être que l'entendre parler calmerait suffisamment l'âme en peine pour la faire patienter jusqu'au retour de la magicienne...

La voix de Podrick semblait avoir calmé la fillette bien que celle-ci restait craintive et sa sollitude empreignait totalement son âme. Mais pour l'instant elle ne pleurait plus et à part quelques renifflements, il ne restait rien des sanglots.

Podrick, tu veux jouer avec moi, j'ai plein de jouets, mais ici, il fait tellement nuit c'est triste surtout. Soudain, sa voix se fit plus interrogative presque curieuse. Elle est où ta maman ? C'est qui ta tutrice, elle est gentille ?

Des jouets ?
Podrick demeura pantois.
Avait-on volé les jouets de la petite fille, après l'avoir tuée ? Son fantôme y était-il demeuré attaché, comme les spectres qui hantaient il y a peu de temps encore les caves de la maison étaient restés attachés aux biens que leur avaient dérobés les rouges ?
Peut-être.
A moins, tout simplement, que les ravisseurs de l'enfant n'aient agrémenté son cachot de quelques babioles afin de la distraire durant son emprisonnement...
Et avant de la laisser mourir de faim, de soif, ou... de l'exécuter de quelque atroce manière.
Le gamin frémit, sentit un vent de révolte et d'indignation le balayer.
-Heu, ma mère, elle est morte il y a longtemps... répondit-il enfin, avant que le silence ne se fasse par trop pesant et ne replonge le petit fantôme dans sa terreur angoissée. Et ma tutrice... Elle s'appelle Arya, c'est une elfe magicienne. Tu verras, elle est très gentille. Je suis certaine que tu l'aimeras bien.

Il y eut un long silence comme si la réponse de Podrick avait fait disparaître le fantôme. Mais ce n'était qu'un dédale de souvenirs qui se faisaient dans l'esprit alors qu'il s'imaginait la pièce dans laquelle il était prisonnier.

Elle est gentille alors, pourtant les elfes ils nous aiment pas c'est ma maman ....

Ce fut les seuls mots prononcés d'une voix triste avant que ne viennent reprendre le dessus le son des sanglots désespérés au souvenir de sa maman.

Dès que les pleurs avaient repris, Podrick s'était spontanément rapproché de la trappe, comme s'il voulait mieux se faire entendre du petit fantôme, paraître plus près de lui...
-Allez, courage, ça va aller mieux, bientôt... fit-il, essayant d'être plus rassurant que jamais.. Et pour les elfes, ben oui, on raconte tout plein de choses. Et j'y croyais, moi, avant de rencontrer Arya ! Enfin, pas à tout, mais à certaines choses quand même. Et ben, la plupart sont pas vraies. Mais tu verras toi-même, d'ici peu de temps, tu pourras te faire ton idée sur eux...

Les sanglots se firent moins intense, mais la voix était gémissante. Cela faisait bien des paroles, beaucoup de promesses pour que finalement rien ne se passe.

Tu n'ouvriras jamais la trappe, tu vas m'abandonner ... je le sais ... alors ce n'est pas la peine de me parler ... tant pis je resterai encore longtemps toute seule dans le noir.

Ce furent des pleurs plus discrets presque inaudible qui suivirent comme si le petit fantôme était persuadé que le temps serait encore long avant que la lumière vienne à elle.

Podrick grimaça... puis se pencha.
-Attends...
En son for intérieur, il savait qu'il n'aurait pas du faire cela, il redoutait une catastrophe à venir. Mais comment rester de marbre face à tant de détresse, à tant de souffrance ?
C'était soit ouvrir la trappe, soit remonter sans tarder auprès d'Arya, pour ne plus entendre les pleurs.
Et, ensuite, ne plus pouvoir se regarder en face. Car s'il agissait ainsi, il se ferait l'effet d'un sans cœur...
Alors, le petit garçon ouvrit la trappe.

La trappe s'ouvrant une douce lumière pénétra dans la pièce au-dessous du petit garçon. Ce qu'il put voir n'avait rien de terrifiant. C'était la réplique exacte d'une chambre de petite fille dont les parents faisaient partie de la bourgeoisie.

Sur le sol, un grand tapis aux couleurs tendres couvraient la quasi totalité de la pièce. Un lit à baldaquin dont il ne pouvait voir que la mousseline qui en faisait un nid douillet, bien rangées sur les nombreuses étagères une multitude de poupées au visage de porcelaine et vêtues de petites robes vaporeuses et colorées. Une petite maison de poupées et nombreux autres jouets de fillette.

Le petit fantôme devenu muet sembla d'abord absent avant que Podrick ne le voit arriver lentement, hésitant et craintif. C'était celui d'une petite fille de 5 ou 6 ans qui semblait bien plus terrifiée qu'il ne pouvait l'être lui-même se tenant loin de l'ouverture elle cherchait à distinguer celui qui venait de lui apporter un peu de lumière tout en restant à bonne distance comme l'aurait fait une enfant vivante.

Podrick ... ?

-Heu... Oui, c'est moi... dit le gamin, un peu déconcerté par le décor qu'il venait de découvrir. Une chambre d'enfant si confortable semblait totalement incongrue sous cette trappe, dans les sous-sols secrets d'une vieille bâtisse,..
Il hésita un instant, puis s'assit au bord de la trappe, positionnant la lampe de manière à ce qu'elle l'éclaire aux yeux du fantôme et ne le fasse plus apparaître comme une silhouette sombre à contre-jour, comme c'était le cas jusqu'ici. Ce qui n'avait pas dû rassurer la fillette.
-Et toi, tu t'appelles comment ? demanda-t-il enfin, chaleureux malgré sa perplexité.

Le petit fantôme s'était avancé et lentement, prudemment il monta en direction de Podrick comme pour bien voir qui il était avant de redescendre, remonter un peu plus à chaque fois. Bientôt, le visage doux et régulier de ce qu'avait été la fillette fut parfaitement visible pourle petit garçon tout comme elle pouvait bien voir le sien.

Je m'appelle Marcelline, je peux m'assoeir à côté de toi ou peut-être préfères-tu t'assoeir sur une chaise et puis on pourrait jouer à la dinette, je te prêterai aussi ma plus jolie poupée si tu veux ?.

Tout en parlant la fillette avait montrer une des deux chaises qui étaient placées près d'une petite table d'enfant.

Jouer à la dinette ? A la poupée ? Diable, ce n'était pas exactement son genre de jeu préféré... Mais il n'en laisa rien paraître : l'objectif n'était pas de s'amuser, mais de distraire la petite fille, de la réconforter, de l'empêcher d'être trop triste, le temps que la magicienne revienne.
-Heu, je crois que le mieux, c'est que tu me rejoignes, dit-il après un instant de réflexion. D'ici, j'entendrai mieux Arya si elle m'appelle, et je pourrai facilement lui répondre. Comme ça, elle s'inquiétera pas.

La magicienne était fort occupée, mais n'en avait pas oublié Podrick. Elle avait tendu plusieurs fois l'oreille en se plaçant en haut de l'escalier et la voix de l'enfant démontrant que tout ce passait au mieux, elle s'était lancée avec son confrère dans des calculs gigantesques pour tenter de trouver une petite faille dans l'élaboration de la formule complexe. Le travail se présentait délicat et surtout long.l

La petite fille vint s'assoeir timidement aux côtés de Podrick et le regardait de ses yeux dont le reflet bleu azur de ce qu'ils furent leur donnait encore une grande vivacité.

Tu sais, on peut aller jouer, personne ne nous grondera. J'ai beaucoup de jouets, mais toute seule c'est pas amusant. Et puis si on parle fort, alors la dame Arya elle saura où on est et elle va pas s'inquiéter. Tu veux pas jouer ? Pourquoi tu veux pas ? C'est à cause de moi ? Parce que maintenant tu préfères les elfes ?

Podrick, pris au dépourvu, demeura un instant silencieux.
Il manqua répondre qu'il n'avait pas vraiment l'habitude de jouer, et que quand il le faisait, c'était plutôt à des jeux de garçons... Mais il s'abstint. Encore une fois, il ne fallait pas qu'il perde de vue son objectif : apporter un peu de réconfort au malheureux revenant en attendant qu'Arya puisse lui venir en aide.
-Oh, moi, la race, j'm'en fiche ! dit-il. Et à l'école, mes copains sont tous humains...
Il se leva.
-Bon, si tu veux, je vais descendre.
Il regarda autour de lui, cherchant de quoi empêcher la trappe de se refermer. Au pire, il prendrait pour ce faire certains des livres... Dans tous les cas, Marcelline avait raison : Arya pourrait toujours les entendre. Et quand bien même se retrouveraient-ils enfermés : la magicienne savait exactement où ils se trouvaient.

Lorsque le petit garçon descendit, il comprit rapidement que ce geste ravissait le petit fantôme. L'aura devint plus colorée, presque palpable alors que la fillette dansait devant les étagères couvertes de jouets. Un petit cheval à bascule s'agita sous le déplacement d'air. La voix était devenue enjouée.

Tu peux choisir tous les jouets que tu veux et faire tout le désordre que tu veux.

Alors que Podrick regardait autour de lui afin de trouver un jeu pas trop petite fille, son regard se posa sur le lit. Il y découvrit ce qui restait de l'enfant, un squelette en grande partie caché par les vêtements qui étaient ceux du spectre, une longue chevelure brune encadrait le crâne aux orbites vides. Dans ce que furent les mains, un petit coffret à musique.

La vision du squelette eut des effets contradictoires sur le petit garçon.
En premier lieu, elle le fit frémir. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait un cadavre, mais se trouver en présence d'un corps et de l'âme de son ancien propriétaire, revêtant tous les traits de la vie... c'était assez déstabilisant. Surtout quand ledit propriétaire était si jeune. Cela lui fendait le cœur.
D'un autre côté, il ne put s'empêcher d'éprouver un brin de soulagement. Marcelline était bien ce qu'il avait présumé : un fantôme. Juste un fantôme. Au regard de ce qu'il avait traversé ces derniers jours, face aux spectres ou à l'illusion du mage rencontré dans la campagne, et compte tenu de l'incongruité d'une chambre si bien garnie dans les sous-sols de la maison, il s'était vaguement demandé s'il ne s'agissait pas d'un piège, d'un faux semblant...
Mais ce n'était pas le cas, apparemment. Tant mieux. Mille fois tant mieux. Il avait eu son compte en matière de mauvaises surprises.
S'efforçant d'arborer une mine détendue et joviale, il se mit à parcourir les étagères des yeux. Il avait repéré la boîte à musique, évidemment. Sans doute était-ce l'objet auquel avait le plus tenu la petite fille de son vivant... Mais il préférait ne pas s'en approcher. Ne pas s'approcher du squelette non plus. Il ne savait pas comment le fantôme aurait réagi... Et préférait laisser Arya s'occuper de cette partie des choses.

L’étonnement de Podrick n’échappa pas au spectre qui dans son innocence devait redouter cet instant n'ayant pas la notion de ce qu'elle était maintenant. Sa voix était devenue pâle et elle parlait précipitemment comme si elle craignait que son compagnon de jeux ne s’enfuie.

Je t’ai pas dit que j’étais morte, mais je suis seule, c’est vrai et toujours dans le noir, c’est vrai que je m’ennuie. Et puis …. Au début je pouvais aller trouver mon papa, mais un jour il est venu avec un mage et lui il a fait comme quoi je pouvais sortir et personne rentrer et mon papa il a dit que je devais pas sortir car plein de méchants risquaient de venir dans la maison. Et puis un jour, ils sont venus et y z’ont emmenés mon papa et après … et j’osais plus sortir, y’avait des hurlements et puis … et puis … y’a plus eu personne, mais … mais … je … promets moi que tu partiras pas si je te dis, je t'en supplie ne pars pas ?!

Podrick n'avait pas envie d'entendre la suite. Toute cette histoire l'horrifiait. La maison l'horrifiait, aussi, théâtre de tant de drames odieux...
Mais il ne partirait pas. Et laisserait parler le petit fantôme, s'il ressentait le besoin de se confier...
-Oh non, t'inquiètes pas, je reste là ! dit-il en lui souriant. Et j'écouterai tout ce que tu voudras me dire. Tu n'es pas obligée de raconter ces choses si elles te font du mal, hein, on peut juste jouer. Mais si tu veux, tu peux, ça me gêne pas du tout.

La voix baissa d'un ton, ce fut comme une confidence alors que sa main tremblante montrait la pièce que Podrick ne connaissait que trop bien.

Là, ... y'a ... des méchants, ils crient beaucoup et ... il y a quelques temps, ce fut encore pire, ils hurlaient beaucoup, beaucoup et puis ... moins et puis plus du tout depuis ... depuis ... je sais plus ... peut-être qu'ils sont partis ... tu vas rester même si y'a des méchants dans la maison. Faut pas le dire à Arya parc'quelle va vouloir partir et toi tu resteras pas avec moi.

A la terreur que put reconnaître Podrick pour l'avoir vécue suivit un sourire plein de tendresse.

Tu veux écouter de la musique ?

-Pourquoi pas ? fit le gamin, souriant.
Et d'ajouter, avant que le fantôme ne s'éloigne.
-Mais tu sais, ils sont plus là, les méchants. On les a tous chassés ! On les avait découverts en même temps que le passage secret, mais on savait pas qu'ils étaient si méchants, donc on leur avait permis de rester... Bon, finalement, ils ont voulu me jouer de mauvais tours, ont montré comme ils pouvaient être vils... Alors on les a chassés. C'est pour ça que tu les as entendu crier, je pense.
Son sourire s'élargit.
-En tout cas, maintenant, il n'y a plus aucun méchant dans la maison !

Marcelline s'arrêta net dans son élan, elle flotta au-dessus du sol le regard ébahit, admiratif ...

Tu les as chassés, t'as pas eu peur ... t'es ... t'es comme un chevalier qu'aurait peur de rien.

L'enfant se mit à tourner comme une toupie faisant flotter la mousseline du lit.

Viens mon héros, moi je peux pas faire jouer la musique.

Le petit fantôme s'était assis au bord du lit attendant que le petit garçon vienne activer la boite à musique.

C'est ma maman qui me la confiée quant elle est devenue une étoile, elle m'a dit que je devais faire très attention parce qu'elle est magique. Elle a une belle musique tu sais, toute douce, mais ça fait longtemps que je l'ai pas entendue, depuis que le mage est venu ... tu crois que la dame Arya elle voudra bien que je vienne jouer dans ta chambre ?

-Heu, j'ai dit qu'on les avait chassés... fit Podrick, embarrassé. Moi, tout seul, j'aurais rien pu faire...
Il éluda la question de la petite fille. Il ne doutait pas qu'Arya lui permette de se promener dans la maison si elle la jugeait inoffensive, mais il était quand même bien plus probable qu'elle tente de l'apaiser, de permettre à son âme de partir... De devenir une étoile, comme l'avait dit Marcelline.
Arrivé près du lit, et faisant effort pour ne pas grimacer ou avoir l'air mal à l'aise face aux ossements, il tendit la main et, le plus délicatement possible pour ne pas l'abîmer - ni abimer les doigts squelettiques qui l'enserraient encore - il prit la boîte à musique.
Il avait dans l'idée qu'entendre l'air autrefois familier ferait revenir les larmes du fantôme... Mais ce serait sans doute aussi, en partie, un certain réconfort... En tout cas, il l'espérait.

La délicatesse dont fit preuve Podrick laissa le squellette sans en déplacer le moindre des petits os. Loin des craintes du petit garçon, les yeux de Marcelline semblaient pétiller de bonheur alors qu'elle attendait qu'il actionne le mécanisme. Lorsque la musique se ft entendre, la fillette s'allongea sur ce qui restait de matériel d'elle.

Sur le lit, la fillette semblait dormir tant son spectre et ce qu'elle fut ne faisait qu'un. Sommeil éternel qui pourtant semblait lui donner vie. Parfois, le petit fantôme disparaissait totalement, ne laissant à la vue que le triste aspect squelletique, parfois lui donnait totalement vie. A chaque fois que la musique cessait, sa petite voix s'élevait doucement dans la pièce.

Encore une fois, je te promets que c'est la dernière.

A chaque fois, Podrick s'exécutait, remontant avec soin le mécanisme pour que résonne à nouveau la musique. Il aurait pu se lasser, mais il le faisait sans manifester la moindre impatience ou le moindre agacement. Il se demandait si ce n'était pas là, en réalité, le moyen d'apaiser définitivement l'âme en peine, le moyen de l'amener, en douceur, à quitter ce monde. Quoi qu'il en soit, la fillette avait l'air en paix, loin de ses larmes et de ses sanglots. Et s'il pouvait lui apporter un peu de soulagement par ce simple moyen, il n'allait pas se faire prier.

Soudain comme un rayon de soleil qui pénètrerait par une petite ouverture, une lumière vive se fit dans la pièce s’intensifiant de plus en plus et semblant vouloir aspirer le petit fantôme. Parfois celui-ci le suivait avant de revenir faire face à Podrick.

Les aller et retour furent nombreux avant que la voix de Marcelline se fasse entendre joyeuse et chantante ne demandant plus que le petit garçon remonte le mécanisme bien que la musique se fut arrêtée.

Y’a mon papa et ma maman qui m’attendent, mais … mais je ne peux pas partir parce que …

Le petit spectre fit encore quelques allées et venues avant de revenir timidement. Elle ne savait comment dire à son nouvel ami qu'elle avait envie de partir bien qu'il fut gentil avec elle et surtout qu'elle ne pourrait le faire que s'il prenait soin de la boîte à musique.

Je ne peux laisser la boîte à musique que maman ma confiée ! Mais je ne peux pas l'emmener non plus. Elle est magique, mais elle ne peux devenir une étoile

Il avait vu juste, songea-t-il : c'était bien la boîte à musique qui retenait Marcelline ici-bas. Si cela continuait, il allait devenir un expert en fantômes...
Mais ce fut là une pensée fugace : l'heure n'était pas aux idiotes forfanteries, et il n'avait de toute façon pas la tête à ça...
-Ecoute... dit-il, plus ébranlé qu'il ne l'aurait cru. Si tu veux, je peux la garder pour toi. Faire gaffe à ce qu'elle soit pas abîmée, ou quoi... Je te promets qu'elle serait entre de bonnes mains, et que tu n'aurais rien à craindre pour elle...

Le sourire de Marcelline s'était fait à la fois radieux et triste, elle posait son regard tour à tour sur Podrick et sur la boîte à musique semblant hésiter à la confier au petit garçon qu'elle ne connaissait pas vraiment hormis qu'il était bon et courageux. Mais, la raison de ses craintes étaient toute autre et lorsqu'elle s'exprima une certaine gêne teintait ses mots.

Ben ... c'est que ... je ne sais pas si tu es vraiment d'accord, parce que je ... je ne pourrai pas venir jouer avec toi ... et pis ... et pis ... c'est toi qui sera tout seul et dans le noir dans cette pière, p'être que la dame Arya viendra te rendre visite de temps en temps, mais ça je sais pas si elle le fera ...

Podrick fronça les sourcils, observa la boîte, puis releva les yeux sur Marcelline.
Il n'aimait pas ce qu'il venait d'entendre... Mais il avait dû mal comprendre, ou la petite fille mal s'exprimer...
-Attends... murmura-t-il. Tu veux dire que quand on garde la boîte, on ne peut pas l'emporter ailleurs, même si on y fait attention ? Qu'on doit rester ici pour tout le temps ? Ou jusqu'à ce que quelqu'un d'autre soit d'accord pour la garder à sa place ?

La Couronne de Cuivre

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