La Couronne de Cuivre

Dorian se retint d' émettre un grognement et se contenta de pester contre le manque d' efficacité de son ouïe ultra-aiguisée. Pourquoi des situations simples devenaient tout à coup compliquées...Pourquoi donc les parois rocheuses l' empêchaient-elles de savoir si Théon Grisard continuait à faire la sieste ou non ?

Mais il ne servait pas à grand chose de se lamenter...Dorian se mit en mode furtif et se glissa jusque au bureau afin d'y reposer le carnet. Si d' aventure Théon le surprenait avant que le bon vampire n' ait eu le temps de s' éclipser, Dorian saurait quoi lui répondre. En fait une idée était venue à Dorian pour expliquer sa présence, dans le bureau...du moins le guerrier luméno-sharessien l' espérait-il...

Enveloppé par sa furtivité elfico-vampirique, Dorian s' avança vers le bureau, le carnet dans la poche...

Dorian - - -> déplacement furtif

Ailyn était excitée comme une enfant. Jouer une nouvelle fois, quelle aubaine !
Pour l'instant, elle se souciait assez peu des conséquences, même si elle avait toujours à l'esprit le fameux carnet. Elle espérait de toutes ses forces que Dorian aurait eu le temps d'y jeter un oeil et pourrait bientôt partager ses découvertes avec eux...
Elle se laissa traverser par une petite vague de tristesse en repensant à la disparition de Zaiu mais écarta très vite cette idée : il fallait encore sortir vivant de cette mission !

Ailyn s'arrêta dans le couloir et encouragea les petits à faire de même.

"J'ai une petite idée pour la chanson, je vous le chante, vous essayez une fois et on y va, d'accord ?"

Elle les gratifia d'un clin d'oeil avant de commencer à chanter, s'inspirant de la mélodie d'une comptine populaire :

"Quand je sens dans mon nombril,
Mon estomac dansant et agile,
Je me réjouis de voire arriver une soupière
Assortie d'une belle tarte et d'une bonne bière !
Je sais que je serai contentée ! Je serai contentée !
La direction suivante ne sera pas secrète
Le pot de chambre sera ma retraite !"

Elle fit répéter les enfants plusieurs fois avant de les entraîner à sa suite dans la cuisine.

Ailyn expliqua brièvement au cuisinier qu'il s'agissait d'un jeu avant de laisser démarrer les enfants, soutenant régulièrement leur chant pour qu'ils puissent finir leurs phrases malgré les éclats de rire.

Pour Dorian

Il n'entendait toujours rien, et rien ne bougeait dans les appartements du bourgmestre. Au loin, les éclats de rire sonores des enfants et des deux femmes, dans la cuisine. Il dut donc sortir de sa furtivité pour rouvrir le tiroir et y glisser le carnet à son emplacement précédent. Alors qu'il allait ressortir, il sursauta en voyant Theon sortir de l'ombre dans le tunnel. L'homme, toujours armé, lui barrait le passage, les bras croisés. Lui aussi avait des compétences en furtivité : c'était un rôdeur... et manifestement, cela faisait quelques temps qu'il était aux aguets. L'avait-il suivi, ou avait-il attendu dans le passage le retour de son voleur ? Difficile à dire ; ça n'avait du reste plus guère d'importance désormais.

"Bien... Maintenant que vous savez qui je suis, dites-moi qui vous êtes vraiment."

Il s'efforçait de garder un ton posé, mais Dorian put sentir son inquiétude et sa peur.


Ailyn et Bellatrix


Le deuxième cuisinier était de retour et participait à la corvée de vaisselle. Les deux compères écarquillèrent les yeux devant cette invasion, et parurent quelque peu vexés de se voir réclamer la tarte et la bière. Quand les éclats de rire se furent un peu calmés, celui qu'ils ne connaissaient guère répliqua avec un solide bon sens :

"Hem, on fait avec les moyens du bord hein... C'est déjà pas mal de réussir à nourrir tout ce monde. Sauf urgence, merci d'éviter le pot de chambre, il y a des feuillées à l'extérieur des mines, les gars des portes vous montreront."

En apercevant le bourgmestre lui barrer le chemin, Dorian étouffa un juron et réussit de justesse à ne pas se cogner contre le plafond trop bas des appartements privés, sous l' effet de la surprise...Il ignorait que l' associé de Blanche-Mine se trouvait être un homme des bois, un rôdeur, sinon il aurait pris garde au talent de furtivité de l' autre. Mais il est vrai que Théon Grisard avait d' avantage l' air d' un ingénieur civil apeuré que d' un homme des bois habitué à se mouvoir en milieu hostile...

Le bon côté des choses, c' est que le guerrier luménien n' ignorait rien de l' identité et des motivations réelles de l' associé du chef des Orques...A priori, il pouvait être plus facile de lui parler que si Théon Grisard avait été un allié volontaire de Blanche-Mine. En même temps l' autre avait peur cela se voyait...

Dorian se décida pour la franchise...Si d' aventure Grisard se montrait dangereux, le bon vampire saurait quoi faire...du moins en théorie...

" Autant être franc avec vous messire...Vous êtes l' ancien bourgmestre du village de Macreda hein ? Eh bien vous pouvez considérer ce jour comme votre jour de chance...Mes compagnons et moi sommes ici pour vous aider... "

Dorian s' interrompit un peu pour laisser Théon Grisard méditer ses paroles puis reprit :

" En fait, ç' est pour vous que nous sommes dans cette mine. Les autorités qui commandent la coalition luméno-manostienne s' inquiètent beaucoup pour votre survie et celle de votre famille, en l' espèce vos deux fils. Si vous acceptez notre aide, nous pouvons vous faire sortir tous les trois d' ici et vous mettre définitivement à l' abri. "

Le bon vampire s' interrompit encore une fois, regarda autour de lui afin de repérer d' éventuelles oreilles indiscrètes...

" Quand à la fouille de votre bureau, veuillez accepter mes excuses pour cette indiscrétion, " fit le géant avec sa civilité coutumière.

" Nous ne pouvions prendre le risque d' être confrontés à un fidèle allié de l' Orque albinos. Nous devions être sûrs de vos intentions, surtout dans notre situation...Alors messire bourgmestre, acceptez - vous notre offre de vous faire partir d' ici avec vos garçons ? "

Dorian se rappelait de cet explorateur qui à peine débarqué sur un continent inconnu avait brûlé ses vaisseaux
afin de motiver ses maigres troupes...Il venait de faire de même et regardait son interlocuteur, mais sans trop le fixer non plus. Il ne voulait pas avoir l' air inquisiteur ou impatient.

Ailyn mourrait de honte et retenait Bellatrix pour cette idée de... un peu moisie, c'était bien comme cela qu'il fallait le dire. Mais c'était Bellatrix tout craché, et les gamins avaient l'air tellement heureux. Il devait y avoir bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas amusés de la sorte.

La jeune femme s'excusa, rappela aux deux cuisiniers qu'il ne s'agissait que d'un jeu avant d'ajouter :

"Ce que vous faites avec les moyens du bord me semble, malgré l'absence de certains ingrédients, de plus appétissants, quoi que cette chanson en dise ! Merci pour le bon repas que vous avez préparé ce midi !"

Ailyn encouragea les enfants à remercier les cuisiniers, histoire de ne pas passer définitivement pour la dernière des mal-élevées. Elle s'inquiétait beaucoup de ne pas voir Dorian réapparaître dans les parages... Peut être avait-il eu des soucis ? Auraient-ils sous-estimés le bourgmestre ?

Ailyn et Bellatrix

Jehan et Maheu remercièrent chaleureusement les cuisiniers, chez lesquels ils faisaient d'assez fréquentes incursions durant leur trop long temps libre, et ces derniers ne semblèrent pas devoir se formaliser beaucoup de l'intrusion, finalement. Il faut bien se distraire... Encore hilare, Jehan se tourna alors vers Bellatrix :

"Alors, on l'a fait ce gage, hein ? Et bien fait ? Comment ça se passe maintenant ? C'est à vous d'en faire un ?"

"Je veux revenir chanter la chanson à papa !" intervint Maheu, qui comptait rentabiliser au maximum son effort de mémorisation. "Il va aimer !"


Dorian

Theon écouta gravement le discours de Dorian. Il s'était douté que ce dernier devait espionner pour un tiers, et le plus probable était bien qu'il s'agisse des manostiens et de leurs alliés ; qui d'autre irait se risquer au beau milieu de cette zone de guerre ? Dire qu'il avait fini par se croire tout à fait oublié ici... Mais c'était logique : les manostiens devaient redouter qu'il ne passe tout à fait à l'ennemi et ne révèle quelque précieuse information aux mélandiens. Toujours cette vieille histoire...

En apparence, l'offre était inespérée, d'autant qu'elle prenait en compte les garçons. Il se doutait bien que les jours du groupe de Blanche-Mine étaient comptés ; dès que le gros des combats serait passé, manostiens ou mélandiens leur feraient la chasse, et le groupe se dissoudrait s'il ne se faisait pas détruire avant. S'il ne se réconciliait pas avec les autorités manostiennes, il n'aurait alors nulle part où aller... Et comment espérer se cacher avec ses deux fils à la traîne ?

Néanmoins, il hésitait à accepter la proposition. Il avait collaboré avec des criminels ; quel accueil pouvait-il espérer ? Le plus probable était qu'on le jetterait aussitôt en prison.

Il finit par répondre :

"Si j'accepte, êtes-vous en mesure de me garantir l'immunité ?"

Tout en disant ces mots, il dévisageait Dorian avec attention. Un mensonge avait peu de chances de passer...

Dorian fut surpris de la réponse de messire Grisard: il ne s' attendait pas à ce que ce dernier accepte aussi vite son offre. Au fond de lui, le guerrier luménien craignait que le bourgmestre soit trop effrayé pour se laisser tenter par une idée d' évasion. Heureusement, Théon Grisard se montrait plutôt coopératif. Mais restait le problème du devenir juridique du bourgmestre. Comment lui éviter un mauvais sort de la part des autorités luméno-manostiennes ?

Dorian soutint le regard de son interlocuteur puis décida une fois de plus d' opter pour la franchise. Il allait essayer de ménager la chèvre et le chou comme souvent dans la vie...

" Eh bien messire, si vous et vos enfants acceptez de nous suivre, eh bien je plaiderais pour vous. Je demanderais donc l' indulgence des autorités de la coalition à votre égard...en échange de tous les renseignements que vous pourrez fournir (et je suis sûr que les dits renseignements doivent valoir leur pesant d' or pour l' état-major des coalisés). Ca et l' état de nécessité dans lequel vous vous êtes trouvé (protéger vos deux garçons) devraient plaider en votre faveur. "

Dorian s' arrêta de parler quelques secondes puis ajouta :

" En outre, nous avons affaire à des manostiens et luméniens philosophiquement plus portés à l' indulgence vis à vis des fautes commises que les habitants de Mélandis non ? Donc je ne peux vous garantir absolument l' immunité mais je ferais tout pour vous l' obtenir et je suis sûr que vous avez de fortes chances de l' obtenir pour les raisons cités plus haut. Au pire, une fois à la surface, vous n' êtes pas obligé de m' accompagner jusque au camps des troupes de la coalition. Vous pouvez vous cacher et attendre ma réponse en toute sécurité..."

Le bon vampire faisait tout pour rassurer messire Grisard et lui présenter l' affaire sous le jour le plus favorable.

Bellatrix ne voulait pas que la marmaille revienne trop vite auprès du giron paternel. Ce n'était pas parce qu'il était moins potelé et plus poilu que le giron maternel, simplement que le couillu du lot était un peu occupé pour le moment. Alors, comme d'habitude, elle allait devoir donner de sa personne. Les gamins avaient réalisé leur part de contrat. Bien sûr, elle aurait pu leur dire qu'ils étaient fous, que le jeu était dans leur tête mais elle avait peur du scandale. Elle répondit donc.

"Bien sûr, vous pouvez me demander un gage. Je sais péter tout en marchant sur les mains. Mais je suis sure que vous ne voulez pas voir ça, non non."

Ailyn ne savait que faire... Fallait-il revenir pour comprendre où en était Dorian ? Laisser les enfants à l'écart ? Laissez du temps supplémentaire à Dorian ?

Oscillant entre toutes ces questions, elle se laissa porter par l'idée de Bellatrix. Continuer à occuper les enfants ! Il fallait donc lui trouver un gage, et si possible à sa mesure... Une nouvelle chanson ? Un exercice d'équilibriste ?

"Tu pourrais... tourner sur toi-même 10 fois sur un seul pied... en rotant à chaque tour... par exemple..." proposa Ailyn avec un air interrogateur.

Ailyn et Bellatrix

Interloqués, les deux garçons observaient les échanges entre Ailyn et Bellatrix et, devant l'étrangeté de leurs propositions, n'osèrent pas intervenir. C'étaient des enfants bien élevés et il leur semblait que roter et péter, même en jonglant, même pour jouer, ce n'était pas bien : si eux avaient fait cela, on les aurait grondés. Ils se firent donc discrets, les yeux grands ouverts, attendant de voir le spectacle. Qui promettait de valoir le détour...

Dorian

Le bourgmestre hocha la tête, semblant approuver les arguments du vampire. S'il laissait passer cette occasion, il y avait fort à parier qu'il n'en viendrait pas de meilleure. Du reste, il n'oubliait pas que les deux femmes pouvaient garder ses fils en otages et mieux valait donc pour lui se montrer coopératif. Pour l'instant...

"Hé bien, oui, je préférerais rester à l'abri tant que je ne suis pas certain de l'accueil qu'on me réserve. Maintenant, puisque nous parlons de s'enfuir d'ici... Avez-vous un plan ? Ce n'est pas sans raison que je n'ai pas encore tenté de le faire..."

Il y avait le besoin d'avoir des réserves de nourriture pour plusieurs jours, et le souci de n'être pas aussitôt pris en chasse par les déserteurs, avec pour premier handicap les deux jeunes gamins qui n'étaient évidemment pas de grands marcheurs.

Dorian se mordit les lèvres. Les arguments qui justifiaient l' hésitation de messire Grisard à prendre la clé des champs étaient solides. Il y avait en fait deux problèmes pour réussir l' évasion : celui du ravitaillement et celui de la sortie de la mine (sans parler des éventuelles poursuites lancées par les Maraudeurs à travers la campagne...Dire que Dorian Ailyn et Bellatrix n' avaient même pas de montures...A pied, ce serait chaud pour distancer d' éventuels poursuivants dans de telles conditions).

Dans l' immédiat toutefois le bon vampire ne voulait pas faire comprendre au bourgmestre-rôdeur que les pseudos-déserteurs n' avaient prévu aucun plan de fuite au cas où leur " cible " accepterait d' être délivrée. Il est vrai qu' avoir réussi à intéresser Théon Grisard au projet d' évasion avait été un bien gros effort pour Dorian et les deux magiciennes...

Que dire donc à son interlocuteur sans paraître un peu fantaisiste ?

" Pour le ravitaillement cela ne devrait être trop difficile...Par contre effectivement sortir d' ici ne sera pas aisé. Mais sur ce deuxième point messire Grisard, vous pouvez nous renseigner non ? " demanda aimablement le géant luménien.

" Combien d' hommes Blanche-Mine a t il exactement sous ses ordres ? Et quels sont leurs habitudes ? Les rondes sont-elles fréquentes ? Les lieutenants directs du chef des maraudeurs ont-ils des quartiers à eux ? Protègent-ils leur chef de leur personne ? "

Dorian repensa à ses compagnes Ailyn et Bellatrix. Elles devaient commencer à s' inquiéter de son absence quiu effectivement devenait bien longue...Une fois la réponse du bourgmestre obtenue, Dorian lui proposerait d' aller rejoindre les deux magiciennes et les deux garçons...

Bellatrix cilla en voyant la mine horiffiée des gamins comme si elle et Ailyn venaient de se transformer soudain en cubes gélatineux ou en guenaudes des marais. Il ne fallait pas qu'ils s'enfuient ou elles allaient finir par se faire repérer par toute la populace des tunels. Elle partit donc d'un petit rire qui se voulait gracieux avant de secouer la tête.

"Non, mais je connais quelques petites histoires si vous voulez. Celle de la paladine qui s'appelait Roger, c'est ma préférée."

Ailyn commençait à s'impatienter. Il fallait rejoindre Dorian, elle ne voulait pas le laisser seul trop longtemps. Qui savait ce qui pouvait arriver ?
Elle se détendit de son mieux, continua à sourire et lança à Bellatrix :

"Oui, raconte-nous cette histoire pendant qu'on retourne dans vos quartiers... Votre papa doit être fou d'inquiétude, ne tardons pas de trop."

La jeune femme mit un léger coup de coude à Bellatrix pour lui faire comprendre que cette fois-ci, c'était la bonne, et que battre en retraite pourrait être intéressant... Ailyn pria de toutes ses forces pour que sa camarade adopte son point de vue.

Dorian

Théon se montra hésitant. Les choses devenaient sérieuses et il voyait bien que son interlocuteur n'avait pas vraiment de plan arrêté. Lui pouvait en effet en partie leur faciliter la tâche, mais en partie seulement...

« Je ne connais pas exactement l'organisation adoptée par Blanche-Mine pour assurer la sécurité de sa base. Peut-être suis-je surveillé moi-même... Je peux seulement vous dire que ses hommes sont une quinzaine, que d'ordinaire ses lieutenants se trouvent auprès de lui, qu'il se déplace ou non, et que si l'entrée de la mine est gardée par deux hommes, il y en a d'autres qui font des rondes à l'extérieur.
Je peux nous faire sortir en passant par l'intérieur de la mine, je suis seul à connaître ce dédale et ils éviteront sans doute de s'y aventurer... Mais ça ne nous évitera pas de nous faire éventuellement cueillir lorsque nous déboucherons dans la forêt. »

En apparence, le bourgmestre était laissé relativement tranquille dans ses quartiers, mais cela ne voulait pas forcément dire que sa disparition ne serait pas rapidement remarquée...


Ailyn et Bellatrix

Le genre d'humour auquel s'essayait Bellatrix passait loin, très loin au-dessus des connaissances et des préoccupations des deux garçons, vu qu'à leur âge ils en étaient encore à se demander ce que cela signifiait exactement, d'être des garçons. Mais comme tout ce qui est nouveau et mystérieux, peut-être même un peu interdit, la perspective de ce récit étrange les intéressait – surtout Jehan, l'aîné, qui répondit simplement :

« D'accord, racontez-nous cette histoire. »

Dorian hocha la tête d' un air approbateur en écoutant les précisions de messire Grisard. Ainsi donc le bourgmestre connait-il un chemin plus ou moins sûr pour les faire sortir tous de la mine. Restait le double problème des sentinelles postées au dehors et des maraudeurs toujours à l' intérieur mais qui pouvaient toujours se lancer à leur poursuite. Toutefois plusieurs idées étaient venus à l' esprit du vampire adepte de Sharess.

Pour rassurer Grisard dont le visage exprimait un doute légitime sur la capacité des pseudos déserteurs à organiser leur fuite avec succès, Dorian se hâte de répondre :

" Ne vous inquiétez donc pas pour les sentinelles patrouillant au dehors. Elles ne seront sans doute pas très nombreuses puisque la plupart des troupes de Blanche-Mine restent probablement cantonnées dans la mine. Et nous sommes quand même quatre combattants prêts à faire face à d' éventuels agresseurs : deux guerriers (vous et moi) et deux magiciennes (dames Bellatrix et Ailyn). La seule chose qui importe est d' empêcher le chef des maraudeurs de nous donner la chasse. Mais avant toute chose..."

Le guerrier luménien s' interrompit un peu, l' ouïe, la vue et l' dodorat aux aguets afin de repérer d' éventuels gardes. N' apercevant rien, il revint à sa conversation.

" Avant toutes choses donc, nous devons aller rejoindre sur le champs Ailyn et Bellatrix justement. Elles doivent commencer à s' inquiéter sérieusement. Pourquoi ne pas y aller tout de suite messire ? Une fois réunis, nous mettrons en commun nos idées pour préparer notre fuite et d' abord pour nous occuper de notre " ami " albinos. J' ai déjà une idée ou deux à ce sujet..."

Dorian s' interrompit attendant la réponse de Théon Grisard. Tout en l' interrogeant du regard, il faisait mine de vouloir partir. Il fallait rassurer les deux magiciennes au plus vite...

Bellatrix satisfaite de son effet croisa les bras derrière son dos comme une brave petite écolière et se mit à déclamer.

"C'était une paladine qui s'appelait Roger. Elle avait la voix douce comme le miel, elle était délicate comme une fleur éclose, légère comme les nuages ... Mais voila, elle s'appelait Roger. A Manost, tout le monde se moquait. Et elle pleurait. Et puis un jour, elle décida d'aller à Mélandis. Et elle devint un redoutable chevalier noir."

Elle eut un petit rire.

"Mais ce ne sont que des histoires."

Il y eut un silence, signalant à Bellatrix qu'elle venait de faire un bide dans les règles de l'art. Les deux garçons s'efforçaient chacun selon ses moyens de comprendre de quoi il retournait et pourquoi cette histoire était censée être drôle. Les deux réflexions aboutirent en même temps, dans la cacophonie :

"Ils sont méchants !" commenta Jehan. "On ne choisit pas son nom."

"Pourquoi elle s'appelait Roger ?" renchérit Maheu, dont la pensée avait achoppé dès la première phrase. "C'pas un nom de fille... je veux voir papa !"

Du coup, on se hâta de suivre le conseil d'Ailyn en remontant le tunnel en direction des appartements du bourgmestre. Le petit groupe le trouva en pleine discussion avec Dorian. Le bourgmestre semblait soucieux. Il ne sourit même pas quand il reçut le projectile Maheu droit dans les genoux.

"Papaaaa ! On a une chanson à te chanter..."

"Plus tard, mon garçon, ce n'est pas le moment." Il dévisagea un à un les visages de ses trois "sauveteurs". "Mesdemoiselles, votre ami m'a parlé de votre projet... En me laissant entendre que vous aviez moyen d'empêcher toute poursuite. J'aimerais savoir comment..."

L'idée qu'avait évoquée Dorian - de se lancer dans un affrontement avec le chef des déserteurs - l'avait mis au bord de la panique, car cela lui semblait beaucoup trop risqué...

Dorian regarda le bourgmestre puis Ailyn et Bellatrix. Du regard il félicita les deux magiciennes qui avaient magnifiquement réussi leur mission de diversion en détournant l' attention des deux garçon du rôdeur-maire. A présent toutefois elles pouvaient être étonnées en entendant les propos de Théon Grisard. Durant toute leur aventure, les luméno-manostiens avaient discuté de beaucoup de choses mais certainement pas d' un plan pour exfiltrer le bourgmestre et ses proches et pour cause : Ailyn, Bellatrix, Dorian -et hélas feu Zaïu- ignoraient tout des conditions et du lieu de détention des otages.

A présent le vampire sharessien se demandait si il devait intervenir et exposer ses suggestions ou bien laisser les magiciennes proposer leurs propres idées. Il espérait juste qu' Ailyn et Bellatrix sauraient ne pas se montrer trop surprises ; elles ne devaient pas par leur réaction renforcer l' opinion du bourgmestre qui n'avait déjà que peu confiance en la capacité du groupe à les sauver lui et ses garçons...

" J' ai révélé à notre ami, que j' avais quelques idées pour neutraliser temporairement Blanche-Mine et éviter ainsi une poursuite lancée par nos ennemis " fit prudemment Dorian.

" Bien entendu je ne suggère pas de monter à l' assaut des quinze maraudeurs à nous quatre. Je parlais juste d' effectuer une diversion ou deux afin de neutraliser nos adversaires " continua le guerrier-forgeron.

Il ne voulait pas trop tout dire tout de suite, voulant laisser ses compagnes d' aventures donner leur propre point de vue. Les bras croisés, son corps imposant appuyé contre le mur, l' air amical et calme, Dorian se tut, attendant les réponses d' Ailyn et Bellatrix...

"Le mieux est qu'il n'y ait pas d'affrontement du tout. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire courir le moindre risque à la famille et surtout nos enfants. Bon ... Notre petit spectacle les aura irrémédiablement changés et instuits comme on passe de l'obscurité de caverne à la lumière."

Elle eut un petit sifflement admiratif.

"C'est beau ce que je dis, mais d'où est-ce que je tiens ça ?"

Elle eut un petit rire.

"Dans tous les cas pas d'affrontement. Ils sont armés, nous n'avons aucune arme et ils connaissent toutes les issues. Le mieux serait d'employer la ruse. Ou tout du moins une ruse."

Elle se frotta le menton.

"Dorian a raison. Il existe un moyen de neutraliser Blanche-Mine. On dit que tout passe par l'estomac chez les hommes. Même ce qui se passe dans leur pé... nates. Peut-être qu'un peu de somnifère dans leur nourriture les aiderait à bien dormir. Et ils ne se méfieraient pas vu que je fais déjà la cuisine. Mais est-ce que nous avons un somnifère dans notre musette ?"

Ailyn avait gardé les sourcils froncés, dévisageant le bourgmestre. Il ne semblait pas dans son assiette, et cela risquait de ne pas arranger leurs affaires... Il fallait trouver quelque chose de plus subtil que de tenter des jeux de vitesse avec les acolytes de Blanche-Mine, parce que sur ce terrain... Ils risquaient d'être mis rapidement en échec... Pour parler poliment...
Elle rejeta ses cheveux en arrière, se gratta le menton. Et une idée lui vint alors.

"On ne peut pas foncer dans le tas à l'aveuglette... en revanche, deux autres solutions s'offrent à nous."


Elle s'approcha de ses camarades après avoir jeté un oeil aux enfants et parla plus bas :

"Soit on les prend effectivement par les sentiments et l'estomac comme le suggère Bellatrix... Soit...."

Elle fit une pause, le temps de formuler ses idées.

"Blanche-Mine souhaite éliminer le druide du village dans lequel nous avons campé... Il leur cause beaucoup de souci. On l'accompagne dans son entreprise... et on en profite pour... lui faire payer la note avant de filer pour notre prochain rendez-vous."

La jeune femme sourit. Oui, sourire, il paraît que ça rassure. Surtout soi-même.

Theon écouta avec attention ces nouvelles propositions. Tout ce qui pouvait l'éloigner de la vision d'un combat déséquilibré au beau milieu de la mine aurait eu ses suffrages, pour l'heure.

"Du somnifère ? Vous avez donc cela dans vos affaires ? Voilà qui pourrait être très utile... Mais j'espère qu'il n'a pas une action trop rapide - tous les déserteurs de ce camp ne mangent pas forcément strictement en même temps. Quant à votre idée de profiter de l'expédition contre le druide Agenor, elle nous permettrait de vous faire redonner des armes, de nous éloigner déjà d'une partie de la troupe et peut-être de compter sur les renforts de ces alliés en cas de grabuge. Mais elle pose la question de mes deux fils, quels prétextes invoquer pour faire en sorte qu'ils partent avec nous ?"

Jehan intervint aussitôt :
"Je sais ! Quand ils nous trouvent trop pénibles et que Blanche-Mine est pas là, les gardes nous laissent volontiers sortir et jouer à cache-cache autour de l'entrée. Je pense qu'on peut suivre l'expédition de loin en se cachant tous les deux. Tu nous a montré comment faire, et puis, on le fait déjà quelquefois... On est jamais allé loin ! Mais en tout cas ils nous repèrent pas", conclut-il en dévisageant son père, guettant son approbation.

Ce dernier hocha la tête. Même s'il n'aimait pas l'idée de laisser ses fils prendre un tel risque, cela pouvait sans doute marcher.

"Alors il faudrait que j'aille annoncer que j'accepte de les guider vers le druide, et vous agiriez durant la pause déjeuner de l'expédition ? Qu'en dites-vous ?"

"Le moment du déjeuner me semble vraiment propice.", répondit Bellatrix en hochant la tête.

Elle regarda les enfants.

"Et votre plan est bon. Vous les pourissez si vous restez. Ils voudront que vous alliez ailleurs. En fait, vous êtes un peu nos armes. Moi aussi je devrais avoir des enfants. Vous pourrez me les prêter un jour ou l'autre, dites ?"

Ailyn hocha la tête.

"J'aime assez l'idée... Cela dit, ça voudrait peut être le coup que quelqu'un d'apparence inoffensive reste avec les enfants... Pour leur permettre de nous suivre plus facilement et d'assurer leur sécurité."

Elle se gratta le menton avant de poursuivre :

"Plutôt Bellatrix ou moi, j'imagine que c'est ce qu'il y aura de plus logique."

Dorian écouta les diverses propositions des deux magiciennes pour organiser l' évasion du petit groupe dans les meilleures conditions de sécurité pour les jeunes garçons. Il approuva du chef les propositions d' Ailyn et Bellatrix et partagea l' avis de Théon Grisard. Cela pouvait être une bonne idée d' envoyer ce dernier exposer au chef des Orques la proposition du groupe de se battre contre le druide Agenor. Blanche-Mine connaissait le bourgmestre, il lui faisait d' avantage confiance qu' aux nouveaux venus, Dorian, Ailyn et Bellatrix.

Le bon vampire nota avec amusement qu' Ailyn reprenait l' idée que Dorian avait exposé un peu plus tôt : utiliser un bon somnifère pour plonger une bonne partie de la garnison dans un sommeil rapide...

L' idée d' Ailyn d' encadrer la fuite de Jehan et Maheu lui semblait également excellente.

" Tout ceci m' a l' air très bien pensé " fit le géant avec son calme habituel.

" Nous vous attendront ici messire Grisard pendant que vous irez parler à Blanche-Mine. Par contre je me demande..."

Il regarda ses interlocuteurs .

" Qui ira verser le somnifère dans les plats destinés à la garnison ? Y allons-nous tous les trois ? " demanda - t - il aux deux magiciennes.

Bellatrix eut un petit sourire.

"Moi, depuis le début, je fais la cuisine. Je pluche, je touille, je fais la tambouille. Je pourrais même cracher dans le plat qu'ils ne le verraient pas. Parce que les gens pensent avec leur estomac."

Elle battit des mains, toute fière de ses belles rimes.

Concentrée, Ailyn gardait les sourcils froncés, ce qui lui donnait mal à la tête. Elle se massa les temps avant de reprendre la parole :

"Je ne suis pas sûre de tout comprendre... Plusieurs idées ont été évoquées... Laquelle a votre approbation ?"

Elle ouvrit les bras et tourna ses mains vers le plafond, imitant alors une balance.

Elle leva légèrement une main.
"Soit on arrive à mettre un somnifère dans le repas des brigands et on file en douce dès qu'ils ronflent à peu près tous... Mais je n'ai pas de somnifère... On pourrait peut être en fabriquer, mais ça va demander du temps... et du matériel. Il n'y en avait pas dans ce que l'officier nous a donné en partant ?"

Elle leva l'autre main.

"Soit on accompagne Blanche-Mine dans sa mission contre le druide et les enfants s'arrangent pour nous suivre... Dans cette deuxième option, on peut aussi proposer quelques somnifères, mais je crains que les soldats ne se méfient une fois que plusieurs d'entre eux seront tombés de sommeil."


Ailyn soupira, repensant à ce pauvre Zaïu... Il n'y avait sûrement plus rien à faire à présent... Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de penser à ce compagnon disparu qui, quoi qu'il arrive, ne reviendrait pas avec eux...

Ailyn a écrit :Concentrée, Ailyn gardait les sourcils froncés, ce qui lui donnait mal à la tête.
Elle leva légèrement une main.
"Soit on arrive à mettre un somnifère dans le repas des brigands et on file en douce dès qu'ils ronflent à peu près tous... Mais je n'ai pas de somnifère... On pourrait peut être en fabriquer, mais ça va demander du temps... et du matériel. Il n'y en avait pas dans ce que l'officier nous a donné en partant ?"

Dorian écouta avec attention la question d' Ailyn. il est vrai qu' avant de s' interroger sur l' opportunité d' utiliser des narcotiques pour neutraliser Blanche-Mine et ses hommes, mieux valait d' abord vérifier que le petit groupe possédait les moyens d' en utiliser. Le bon vampire fouilla sa mémoire afin de se remémorer les propos de l' Elfe Zébulon lorsque ce dernier leur avait remis l' équipement demandé par les quatre pseudos déserteurs. Les paroles de Zébulon résonnèrent dans l' esprit du bon vampire.

Lothringen a écrit :L'elfe sembla rasséréné en voyant que tout le monde était au rendez-vous à l'heure, finalement.
« La guilde des Arcanes m'a confié quelques petits choses pour vos paquetages : deux bouteilles de vin, deux potions de soin. Il y a aussi de la poudre somnifère dans cette bourse. Pour les potions d'invisibilité, ils ont dit que les roublards les réclament, et que c'est de toute façon une très mauvaise idée, car vous feriez trop de bruit avec votre équipement.

De la poudre de somnifère ! L' éclaireur leur avait donc fourni l' ingrédient dont ils pouvaient avoir besoin afin de quitter cet endroit et fausser compagnie à ses sinistres habitants.

Dorian se souvint aussi qu' il avait suggéré à Dame Ailyn de conserver le précieux équipement fourni par les autorités de Manost. A priori, si la poudre de somnifère n' avait pas été égarée pendant le -long- trajet, la suggestion de dame Bellatrix pouvait être mise à exécution.

" Ce que Zébulon nous a fourni devrait toujours être à notre disposition, faute d' avoir été utilisé " fit le géant. Il vient à mon esprit que l' officier Mersad a accédé à notre requête en nous fournissant le narcotique par nous demandé. Ailyn l' avait conservé sur elle si mes souvenirs ne me trompent pas. Par conséquent nous pouvons essayer d' endormir la garnison...si nous décidons de choisir cette option " continua Dorian.

" Maintenant que faisons-nous ? Endormons-nous tout le monde ou proposons-nous à Blanche-Mine d' aller affronter le druide Agénor ? Evidemment rien ne dit que ce dernier accepte notre proposition. D' un autre côté il peut voir dans cette expédition, une occasion de mettre à l' épreuve notre fidélité envers sa cause ".

Les deux options étaient aussi tentantes l' une que l' autre. Que faire comme disait un révolutionnaire humain bien connu ?

Theon s'était bien gardé d'intervenir dans le cours de discussions. Certes, il était capable de se battre à l'occasion, mais la prise de risques et le sang clair sur la cendre chaude, ce n'était vraiment pas son tempérament, et si on l'avait écouté, on aurait utilisé assez de somnifères pour assommer dix boeufs, avant de détaler sans demander son reste. A sa décharge, il était inquiet pour ses fils, incapables de se battre, de courir vite... un instrument de chantage un peu trop idéal.

"Alors, nous sommes d'accord. Pour mettre le somnifère dans la nourriture, il faudra agir au dernier moment ; si vous en mettez dans les petits pains fourrés qui servent d'en-cas, ils le verront rapidement, car chacun les prendra séparément. En revanche, les cuisiniers feront vraisemblablement de la soupe, avec ce temps qui commence à se faire froid, et ils devront la boire tant qu'elle est chaude.

C'est moi qui irai trouver Blanche-Mine pour lui proposer d'affronter Agenor, mais je ne vais pas y aller tout de suite, cela serait trop suspect après tout ce temps que vous venez de passer dans ce secteur de la mine. Je vous suggère de passer la fin de la journée à vous mêler à vos camarades et à vous faire oublier. J'irai ce soir... N'allez surtout pas tenter de négocier lequel d'entre vous reste ou ne reste pas ; vous êtes des novices, faites-vous discrets. Peut-être Blanche-Mine vous voudra-t-il tous trois dans le groupe, peut-être préférera-t-il en laisser un derrière, en otage. Dans tous les cas, ça ne vaut pas le coup d'attirer l'attention sur vous pour ça..."

Evidemment, en apparence, on les avait laissés libres de leurs mouvements dans les galeries; mais il ne fallait pas trop vite oublier la réaction brutale du semi-orque face à Zaiu - le chef des déserteurs était déjà sur ses gardes à leur sujet, et mieux valait ne pas lui donner trop de grain à moudre.

Dorian écouta les propos de messire Grisard avec des hochements de tête approbateurs. Visiblement le rôdeur voulait organiser l' affaire avec toute la prudence possible, ce qui ne pouvait être un mal étant donné la violence implacable de blanche-Mine et de ses hommes. Finalement quand le bourgmestre eut fini de parler, le bon vampire intervint.

" Votre plan me paraît le meilleur messire. Je voudrais toutefois préciser un ou deux points : je suggère que les somnifères soient versés dans la soupe par Ailyn ou Bellatrix. Comme les évènements récents l' ont prouvé, elles suscitent beaucoup moins que moi la méfiance de la garnison. Je suppose que vous viendrez nous avertir du résultat de votre discussion avec le chef orque en temps opportun. Quand à nous trois...."

Dorian jeta un regard interrogateur aux deux magiciennes :

" Nous devons tuer le temps jusque à ce soir en nous mêlant au reste des maraudeurs. Restons-nous ensembles par prudence ? "

Le bon vampire ne voyait pas de raisons particulières pour s' aventurer seul dans les tunnels mais peut-être Ailyn et Bellatrix auraient-elles un avis différent...

Bellatrix eut un petit haussement d'épaules. Bien sûr que c'était à elles qu'incombait de verser le somnifère dans les auges. N'était-ce pas pour cela qu'elles avaient commencé par oeuvrer à la cuisine ? Bien sûr, il y avait la beauté du geste et l'odeur des légumes en train de cuire, mais tout de même.

"Je pense que nous devrions continuer à nous mêler aux autres. Si nous restons ensemble, nous risquons d'éveiller les soupçons. Ailyn et moi allons continuer à la cuisine. Comme ça, ils seront habitués à nous voir là dedans."