La Couronne de Cuivre

Si l'éclair de lumière ne sembla pas perturber grand monde, une petite personnalité s'en outra au plus haut point.

Tiamandis, qui volait silencieusement sous le plafond de la salle en espérant attraper de menus insectes, eut la frayeur de sa petite vie. Elle ne couina pas, mais repéra Asmodeus et fonça vers lui.

Attaque

Couinante et sifflante, elle attaqua par escarmouches, voletant tout près de la tête de l'homme, le frappant du museau, le rasant de son aile griffue.

Eldurvellir, sentant confusément quelque chose d'anormal, ouvrit un oeil.

Et voilà que la bestiole crétine du mage était prise de folie. Comment cette créature insignifiante osait s'en prendre à lui, le grand Asmodeus ? Ses limites de patience avaient été mises à rude épreuve par le manque de sommeil dû aux ronfleurs, par Alexandre et maintenant ça ! L'élu divin saisit son bâton, espérant dissuader l'animal de poursuivre ce jeu ridicule et agaçant mais la pipistrelle continuait. Elle allait payer... A moins que. Non, ce serait mal vu mais l'insulte ne pouvait rester impunie. Asmodeus se leva donc et se plaça au-dessus du mage dont il effleura l'épaule de son bâton. Ayant obtenu son attention, il affirma d'un ton acide :

- Asmodeus vous demande de calmer immédiatement votre familier sinon il se verra obligé de sévir.

Une main agile, gantée d’une mitaine, saisit au vol la chauve-souris qui fut ainsi forcée de laisser Asmodeus en paix.

« Pas tant d’affection, toi », plaisanta Silmandel, à qui appartenait bien sûr cette main.

L’ensorceleur, d’un pas leste, vint trouver le mage pour lui rendre son familier, son éternel sourire aux lèvres.

« Eldurvellir, votre familier est un vrai petit monstre. Faites quelque chose où il va vous rendre la vie impossible ! »

Là encore, c’était une plaisanterie. L’elfe était décidément de très bonne humeur. Il sentait de nouveau en lui son plein potentiel magique, sensation fort agréable. Attendant que tout le monde n’émerge, il alla s’adosser à côté de l’élu divin pour lui demander :

« Bien dormi ? »

Tiamandis, saisie par la main précise de Silmandel, fondit littéralement. Elle se fit toute menue dans la main de l'elfe, émit un vague roucoulement, et espéra que sa fourrure soit bien douce et propre afin de recevoir des caresses de cet être délicieux.

Eldurvellir, bien que mal réveillé, ne put s'empêcher de rire devant l'allure furieuse d'Asmodeus et le manège exaspérant de sa pipistrelle.

Il prit délicatement son familier de la main de Silmandel. La petite chauve-souris tenta bien d'accrocher la mitaine, mais rata son coup. Un faible couinement contrarié se fit entendre.

- Merci, Silmandel. Asmodeus, je suis confus que mon familier vous ait attaqué, mais elle a eu une raison... Bonne selon ses propres critères ! elle a certainement été effrayée par quelque chose. Et vous en a rendu responsable. Je vous prie de ne pas lui en tenir rigueur.

Le mage rangea doucement mais fermement le petit animal dans sa chemise.

- Si vous avez mal dormi, ne craignez rien, il reste un peu de potions toniques. Mais elles ne vous donneront que de l'énergie, vous devrez rester très concentré - elles ne vous rendront pas plus vigilant.

Cette condescendance était intolérable : le mage semblait traiter l’incident comme s’il s’agissait d’une plaisanterie prêtant à rire. Mais Asmodeus n’avait plus envie de rire, oh non ! Sa patience était totalement épuisée tout comme lui-même. Et voilà que Silmandel en rajoutait une couche en arborant son air candide. Asmodeus avait bien envie de l’envoyer promener lui aussi ainsi que sa bonne humeur ! L’élu divin dut se maîtriser pour garder le contrôle de ses nerfs et lâcha plutôt sèchement à l’intention des deux olibrius :

- Eldurvellir, assurez-vous que cela ne se reproduise pas car c’est mon dernier avertissement : si votre familier ne sait pas se contrôler dans une exploration périlleuse comme celle-ci, vous devriez réfléchir sérieusement à la laisser en cage chez vous ou il pourrait lui arriver malheur. Silmandel, puisque vous semblez en pleine forme et que ce n’est pas le cas d’Asmodeus, il vous invite à le suppléer pendant qu’il retourne se coucher.

Et sans même lui laisser l’opportunité de refuser, l’élu divin joignit le geste à la parole. Peu importait qu’il ne lui reste que quelques minutes sans doute : ce serait toujours ça de pris.

Quête : de flamme et d’os

« Allons, Asmodeus, courage ! Bientôt nous serons de retour à l’auberge ! Vous y trouverez un bon lit qui, je n’en doute pas, effacera cette mauvaise nuit de votre mémoire ! » affirma Silmandel, alors que son compère s’éloignait.

Il se tourna ensuite vers le mage et lui dit, plus bas, mais très amusé :

« Ha, c’est malin ! Voyez dans quel état il est maintenant ! »

Sur ce, il assuma le rôle de sentinelle pendant le temps qui restait, sans doute peu. Tout le monde était en train de s’éveiller. Le départ était proche, la fin de cette aventure aussi, supposait l’ensorceleur.

[Quête : De flamme et d'os]

Le sommeil était tout proche : c'était comme s'il appelait Asmodeus, comme s'il lui ouvrait les bras, comme s'il l'enlaçait déjà pour l'emporter avec lui...
Mais il était écrit que l'élu divin ne dormirait pas. Pas même une seconde.
Dans la petite salle, le silence n'était plus qu'un lointain souvenir. Les anciens captifs s'éveillaient, se redressaient, s'étiraient, échangeaient quelques mots... Clémentine, déjà debout,devisait à mi-voix avec son frère. Bientôt, elle annonçait qu'elle partait en repérage.
-Il fait jour ! lança-t-elle en redescendant l'escalier. Dès lors, autant se mettre en route sans tarder. Je pense que nous n'aurons pas grand chose à craindre dans le cimetière, qu'il faudra juste se diviser avant de franchir les grilles, pour ne pas trop surprendre les fossoyeurs.
Déjà, l'on se levait, l'on se préparait à plier bagages.

Asmodeus aurait hurlé de rage mais il ne s'en sentait pas vraiment la force. Il demeurerait assis au sol jusqu'à ce que le dernier des esclaves ait remué en se dirigeant vers l'escalier. Alors seulement il se mettrait debout mais il pressentait qu'il lui faudrait s'appuyer sur son bâton comme un vieillard pour éviter de s'effondrer et cela suffisait à le rendre furieux. L'élu divin attendit d'être certain de ne pas être le centre de l'attention pour sortir une fiole de son sac et en boire une rasade. Son remède ne lui donnerait aucune énergie, bien au contraire, mais il savait que son corps lui ferait payer au centuple un nouveau délai. Restait maintenant à espérer que la traversée et la sortie du cimetière se déroule sans anicroche et qu'il puisse enfin regagner l'auberge. Rien que la pensée de devoir parcourir tout ce chemin dans son état lui était accablante. Heureusement qu'il n'avait pas prévu de s'éterniser en adieux envers les autres membres de la petite expédition. Ils avaient eu leur utilité mais s'étaient révélés plus une contrainte que des alliés fiables même s'ils pouvaient porter à leur crédit d'avoir affaibli la secte impie.

Quête : de flamme et d’os

« Clémentine ! »

Silmandel s’approcha de leur guide et, d’un mouvement d’épaule, fit basculer son sac devant lui. Il commença à l’ouvrir.

« Ne pensez-vous pas que, par mesure de discrétion, votre frère doive changer de tenue ou, à défaut, en passer une autre par-dessus ? »

Le sac désormais ouvert, il laissa voir la robe de novice verte brodée d’argent.

« Vous devez la reconnaitre. Vous m’avez vu la portée quand... j’étais plus petit. Désormais, je n’en ai plus l’usage. Si vous êtes d’accord, je vais la donner à Alexandre. »

Voir un gamin déambuler dans les rues avec un habit aussi luxueux que celui actuellement sur son dos, il n’y avait en effet pas mieux pour attirer l’attention. Néanmoins, l’elfe n’allait pas insister. C’était à la jeune femme de voir. Dans tous les cas, il était déjà prêt à gagner la tête de la procession, au cas où il faille la défendre.

Eldurvellir, bien que réveillé un peu tôt, se sentait parfaitement reposé. Il faillit même éclater de rire à la remarque que Silmandel lui fit à l'oreille.

La perspective de quitter les cryptes le rendait heureux : il allait pouvoir retourner à l'auberge étudier tranquillement ses notes, faire son compte-rendu de mission à l'Ecole du Necronomicon et retourner chez sa chère Béroalde. Déjà son intérêt pour Clémentine faiblissait. Etait-ce la conséquence de la voir s'occuper de son frère ? La mage n'avait jamais eu le sens de la famille et les enfants avaient tendance à l'agacer.

Tiamandis avait bien tenté de repartir à l'aventure, mais son maître n'avait aucune envie de risquer la moindre provocation à l'encontre du sourcilleux Asmodeus. L'homme, manquant de repos, manquerait également de patience. C'est vraiment incroyable, à son âge, qu'Asmodeus soit aussi proche d'un vieux barbon frustré... Il devrait rendre visite aux ribaudes, ça le décoincerait, songeait Eldurvellir.

[Quête : De flamme et d'os]

Clémentine avait acquiescé aux paroles de Silmandel et, l'ayant remercié, elle s'en alla porter la robe à son frère. Celui-ci refusa obstinément de se départir de celle dont il était revêtu, arguant qu'Asmodeus avait dit qu'elle le protégeait des sortilèges ennemis. En revanche, il finit par accepter, de mauvaise grâce, d'enfiler l'autre par-dessus, ce qui l'obligea à faire de grands ourlets au bas et aux manches de l'aube blanche, afin qu'elle ne dépasse pas.
Quelques minutes plus tard, l'ensemble du groupe émergeait dans le cimetière.

[Quête : L'Ascension]

Cela faisait près d'une heure qu'ils avaient quitté le repaire des Mirkulites pour pénétrer dans les labyrinthiques cryptes de Melandis. Et pour l'heure, aucun incident n'était à signaler.
Depuis le départ, ils avaient gardé la même formation adaptée aux lieux comme aux circonstances : un homme en avant-garde, ouvrant la voie et indiquant les passages dangereux, un autre en arrière-garde, s'assurant que personne ne les prenait à revers, et le gros de l'escouade entre les deux, prêt à intervenir à la moindre alerte.
D'alerte, toutefois, il n'y en avait eu encore aucune. Tout juste avait-il fallu ralentir l'allure en quelques occasions, pour négocier un passage menaçant de s'effondrer ou truffé de piège. Ces derniers s'étaient néanmoins avérés rares : rien en commun avec ce qu'Asmodeus avait connu lors de sa précédente expédition dans le dédale souterrain. Moins périlleux, ce secteur ne manquait pourtant pas d'attraits, en tout cas pour quelqu'un comme l'élu divin. Bien des bas-reliefs, bien des salles, bien des portes closes étaient là pour attiser sa curiosité. Malheureusement, l'heure n'était pas encore à l'exploration...

Asmodeus était aux anges : il laissait courir son regard partout et se rendit compte qu'il avait bien du mal à se concentrer sur la mission à venir tant cet environnement était stimulant et fort de multiples possibilités. L'élu divin mit cependant un frein à ses pensées galopantes pour se concentrer un minimum sur sa progression et pour se préparer mentalement à des difficultés qui ne manqueraient pas d'advenir tôt ou tard dans un endroit aussi dangereux.

[Quête : L'Ascension]

Était-ce grâce aux indications données par Ebenezer ? A l'expérience des adeptes de Mirkul ? Ou, ce qui n'avait rien d'improbable, à la somme de ces deux facteurs ? Toujours est-il qu'une demi-heure supplémentaire s'écoula sans événement notable. Certes, à deux ou trois reprises, des grognements gutturaux et des cris stridents résonnèrent sous les antiques voûtes, provenant d'une distance impossible à déterminer. Mais aucun de ses compagnons ne parut s'en inquiéter : Wilhelm se contenta de consulter sa carte et de les faire bifurquer. Le reste du temps, ils progressaient au même rythme prudent mais satisfaisant.
Ils finirent par descendre un nouvel escalier, progressant dans des corridors que rien ne semblait différencier des précédents, hormis peut-être leur plus grande ancienneté. Cela et quelque chose dans l'air. Une sensation presque imperceptible et complètement indéfinissable...

Une sensation à laquelle Asmodeus était très sensible. Comme un paladin priant dans un sanctuaire, comme un druide pénétrant dans un bosquet antique. Ces lieux avait une aura de sainteté en adéquation avec ses penchants, avec ses aspirations. Ils portaient tant et plus la marque de son dieu. L'élu divin se sentit dès lors plus vivant, plus personnellement concerné comme si Velsharoon en personne l'observait. Ils approchaient, il en avait la conviction : le sanctuaire à défendre était tout proche ou incroyablement puissant pour provoquer cet effet en lui.

[Quête : L'Ascension]

En effet, depuis qu'il avait commencé à la percevoir de manière presque inconsciente, l'exaltante sensation n'avait cessé de croitre, de se faire plus prégnante. Pourtant, rien n'indiquait que ses compagnons la sentent également, et le décor ne présentait rien de particulier...
Ils finirent toutefois par atteindre une salle aussi ancienne que dépouillée où, encore peu de temps auparavant, ne devaient déboucher que trois couloirs. Mais il y en avait désormais un quatrième, à demi barré par un amoncellement de pierres. Le pan de mur qui l'avait longtemps camouflé s'était-il effondré de lui-même ? Les Kelemovrites l'avaient-ils abattu ? Impossible à dire. Ce dont Asmodeus était certain, cependant, c'est que ce corridor aboutissait au sanctuaire. C'est de cette direction que provenait l'étrange impression, cela ne faisait aucun doute.

Le regard de l'élu divin se tourna d'instinct vers l'issue effondrée : le phénomène l'attirait évidemment mais aussi l'envie et même le besoin de comprendre ce qui avait provoqué la destruction du pan de mur. Arrivaient-ils trop tard ? Les Kelemvorites avaient-ils bougé plus tôt que prévu ? La réaction de Wilhem serait assurément édifiante et répondrait peut-être à certaines de ses questions.

[Quête : L'Ascension]

Le mage ne semblait ni surpris ni inquiet. Pas le moins du monde.
-Nos ennemis ont dû percevoir l'énergie émanant du sanctuaire, dit-il en désignant le fameux couloir. En effet, il n'y avait jusqu'ici pas le moindre signe d'un passage secret et, pourtant, ils sont apparemment allé tout droit au mur pour le jeter bas.
Il refit face à Asmodeus.
-A mon avis, il serait imprudent de l'explorer : nous pourrions laisser des traces et, surtout, enclencher des défenses qui, outre nous malmener, ne seraient ensuite plus en mesure de gêner les Kelemvorites.

Ainsi donc Wilhem semblait penser que ces gravats n'était que le résultat de la première exploration et qu'il n'y avait donc pas matière de s'inquiéter. C'était peut-être compter un peu trop sur la vigilance d'Ebenezer et de ses troupes anonymes mais l'hypothèse se tenait. Ils ne pouvaient tout simplement pas s'engager dans ce couloir en premier, peu importe son attirance et son désir de le faire. Il répondit tout de même puisque l'intervention de leur chef de mission le permettait :

- Désirez-vous qu'Asmodeus emploie un de ses sortilèges ici ? Les Kelemvorites passeront forcément ici mais est-ce le cas de potentiels alliés aussi ? Et Asmodeus craint aussi qu'ils soient particulièrement vigilants dans cette salle. Bref, il s'en remet à votre jugement.

[Quête : L'Ascension]

-Cette pièce sera un passage obligé pour tous, alliés comme ennemis. Néanmoins, vous avez raison : parvenu ici, ces derniers seront forcément sur leurs gardes. L'idéal serait donc d'enchanter les lieux après qu'ils se soient engagés dans le corridor, de manière à renforcer nos troupes et à leur ménager un comité d'accueil digne de ce nom s'ils se replient...
Il jeta un regard sur les trois autres couloirs, y compris celui qu'ils venaient d'emprunter.
-Pour le reste, le trajet des Kelemvorites est malheureusement difficile à prévoir. S'ils optent pour la rapidité, c'est par là qu'ils viendront, - il désigna le souterrain faisant face à l'issue secrète. S'ils craignent d'être guettés, c'est de l'un des deux autres qu'ils arriveront.

Asmodeus se creusait les méninges depuis plus d'une minute pour déterminer quelle serait la meilleure stratégie pour profiter au mieux de leurs renforts magiques. La solution la plus sage consistait sans doute à attendre les nouvelles d'Ebenezer et de ses guetteurs mais ce serait prendre le risque qu'elles ne parviennent pas à temps. Et en attendant, rien n'empêchait d'examiner plus attentivement les différents passages possibles pour chercher à déterminer lequel ils avaient éventuellement employé ou tout simplement pour repérer les meilleurs emplacements d'embuscade et les groupes de mort-vivants dont ils pourraient peut-être tirer partie.

- Asmodeus propose d'attendre d'en savoir plus avant de lancer son sortilège. Savez-vous où mènent ces différents couloirs ? Se regroupent-ils quelque part ? Il serait souhaitable de connaître un peu mieux le terrain d'autant que les Kelemvorites l'ont peut-être déjà en partie repéré eux aussi.

[Quête : L'Ascension]

-Cela me semble probable et je crois qu'effectivement, un repérage minutieux est incontournable, même si nous disposons déjà de quelques éléments.
Le mage entreprit alors de les exposer. Ils étaient arrivés par le couloir sud et celui menant à l'ouest allait au sanctuaire. Celui situé à l'est et que les Kelemvorites emprunteraient s'ils privilégiaient la rapidité traversait apparemment une série de salles dont certaines possédant des issues latérales. Celui du nort, pour sa part, menait à un enchevêtrement de tunnels dont beaucoup en mauvais état. Il était probable que certains d'entre eux soient reliés au passage oriental.

Tant que rien n'indiquait que les ennemis étaient à l'approche, Asmodeus avait dans l'idée qu'il valait mieux détailler le chemin le plus rapide et le plus probable quitte à se replier ensuite vers le passage nord. Peut-être qu'une des salles, située proche d'un carrefour si possible, fournirait un excellent lieu où déposer quelques surprises visant à réduire le troupeaux de fidèles de Kelemvor. Et même dans le cas contraire, avoir une idée de la configuration des lieux ne pouvait pas faire de mal, quitte à frapper les ennemis pendant une éventuelle retraite. L'élu divin livra discrètement ses réflexions au chef de groupe sans vouloir donner l'impression de prendre le pas sur le mage.

[Quête : L'Ascension]

Wilhelm ne sembla nullement s'offusquer de ses suggestions et, de ses réponses, Asmodeus déduisit qu'il était d'un avis relativement similaire au sien.
Ils avaient donc emprunté le couloir est, qui les mena d'abord dans une petite salle déserte aux parois creusées de niches vides : s'il y avait eu des corps à l'intérieur, ils étaient depuis longtemps réduits en poussière, à moins qu'ils ne se soient relevés... Peu après, ils découvrirent une autre pièce similaire à la précédente si ce n'est que son mur sud était percé d'une arche donnant sur un nouveau tunnel et que son plafond était zébré d'inquiétantes crevasses. Enfin, la troisième salle se révéla être un véritable carrefour. Ici, une massive colonne dans chaque angle et, au milieu, les vestige de ce qui avait peut-être été un tombeau.

Cette pièce retint l'attention d'Asmodeus : les différents accès qui y menaient étaient autant de possibilité pour des mort-vivants de s'approcher des fidèles de Kelemvor et puissent espérer les surprendre en se coordonnant un minimum. Mais comme la stratégie n'était pas vraiment le point fort de la plupart des non-morts, il fallait parfois savoir les encourager et les guider un peu. L'élu divin était resté proche du mage pendant toute l'exploration et il profita de cet instant pour glisser d'un ton concentré et impliqué :

- Asmodeus pense que cette salle serait parfaite pour piéger les Kelemvorites. Si seulement il y avait plusieurs groupes de mort-vivants dans les parages ou un moyen de les attirer ici.

Et si leurs ennemis choisissaient d'emprunter ce passage bien entendu...

[Quête : L'Ascension]

-Oh, nous ne manquons pas de moyens pour en attirer et des manœuvres sont d'ailleurs en cours. Cependant, nous devons agir avec une extrême prudence et d'infinies précautions, sans quoi nos ennemis se rendront compte que quelque chose se passe, prendront conscience que nous les attendons au tournant. Or, il faut éviter cela à tout prix.
Il observa attentivement le carrefour.
-Il est indéniable que ce lieu conviendrait parfaitement à une embuscade. Mais les Kelemvorites s'en méfieront d'autant plus... De surcroit, je regrette qu'il soit si éloigné du sanctuaire : il n'y aura donc pas vraiment moyen de les prendre en tenaille entre les forces le défendant et nos propres troupes...

Wilhelm n'avait pas tort mais peut-être y avait-il moyen d'exploiter un peu cette salle sans trop attirer la méfiance des Kelemvorites. Asmodeus s'approcha des vestiges du tombeau pour tâcher de déterminer qui avait bien pu être enterré dans une salle aussi vaste. Ce n'était peut-être que de la curiosité mais l'élu divin avait besoin de savoir et qui sait si cela ne pouvait pas apporter de nouveaux éléments à l'équation.

[Quête : L'Ascension]

Quelle qu'ait été sa véritable nature, le monument était malheureusement en trop piteux état pour qu'Asmodeus puisse en tirer quoi que ce soit de probant. Les blocs de pierre qui l'avaient constitué s'étaient désolidarisés, érodés, parfois brisés et, désormais, ils présentaient quasiment l'aspect d'un amoncellement aléatoire. Quant aux traces de gravure qu'ils portaient encore, le temps les avait à ce point effacées qu'elles s'avérèrent impossible à identifier.
Tandis qu'il se livrait à son minutieux examen, Wilhelm envoya l'un de ses hommes repérer les trois nouveaux couloirs. Il ne tarda pas à revenir et, du rapport qu'il fit au mage, à mi-voix, l'élu divin crut comprendre qu'il avait repéré des salles latérales : il y aurait donc moyen de s'y cacher, de s'y préserver d'éventuels sorts de détection lancés par leurs ennemis.

Asmodeus ne s'attarda pas bien longtemps sur la déception que le monument soit intégralement détruit. Les couloirs latéraux offraient de toute façon bien plus de perspectives comme venait de le confirmer la reconnaissance des Myrkulites.

- Des troupes ou le groupe de Wilhelm pourraient se dissimuler dans ces salles le temps que les Kelemvorites passent puis les suivre. Asmodeus se demande tout de même s'il y aurait un moyen d'attirer discrètement certains des ennemis. Peut-être serait-ce trop risqué et que le jeu n'en vaudrait pas la chandelle cependant.

[Quête : L'Ascension]

Le mage opina du chef.
-Pour espérer survivre aux cryptes, surtout quand on se lance dans une mission périlleuse, il y a une règle de base à respecter : ne jamais, jamais se disperser. Nos ennemis le savent et, par conséquent, je doute qu'ils mordent à l'appât. De toute façon, dans le meilleur des cas, nous ne parviendrions à les priver que d'un ou deux éléments : maigre gain sachant que, ce faisant, nous leur révélerions notre présence...
Il fronça les sourcils, concentré.
-Échafauder un plan ne va pas être chose évidente. D'un côté, il est tentant de les affaiblir avant qu'ils ne s'approchent du sanctuaire, afin d'éliminer tout risque qu'ils puissent parvenir à le détruire. De l'autre, il parait judicieux d'attendre qu'ils soient aux prises avec ses défenseurs pour les prendre à revers, afin de profiter à plein de l'effet de surprise. Et pour ne rien arranger, nous devons composer avec de nombreuses incertitudes : les forces mobilisées par les Kelemvorites, la direction qu'ils emprunteront, la nature et la puissance des protections du sanctuaire...

La Couronne de Cuivre

Les Antiques Cryptes