La Couronne de Cuivre

HRP : Jean ignore totalement le but réel de ces séances.

Godefrey fit la moue.
-Tu imagines sérieusement qu'un aristocrate irait traquer un adversaire trop lâche pour lui faire face, pour l'affronter en duel ? Que nenni ! Il ne s'abaisserait jamais à cela et lui enverrait plutôt ses gardes ou... ses chiens. Enfin, j'imagine qu'il s'agit avant tout d'un prétexte pour jouer à cache-cache. Tu en as presque encore l'âge, après tout...
Et il obtempéra. Enfin, dans une certaine mesure : il laissa tout le travail de recherche à son acolyte et se contenta de flâner en affichant un air supérieur. Non, décidément, il semblait peu probable qu'il se rue tête baissée sur Gail lorsqu'il aurait été débusqué.

Merci.

Claris n'avait aucune envie de répondre à cette remarque, d'autant plus aberrante venant d'un mioche. Mais son habitude de ce type de terrains lui donnait, si besoin en était, un avantage sur ses deux élèves, lui permettant d'échapper aux recherches de Jean. Et son intention était bien de forcer Godefrey, d'une façon ou d'une autre, à intervenir – quitte à l'asticoter un peu plus en s'approchant de lui par là où il ne regardait pas si la chose se montrait requise.

Et il sembla vite que, recquise, elle l'était.
En effet, si Jean mena les recherches avec son habituelle application - et même en usant de discrétion, peut-être parce qu'il se prenait au jeu -, Godefrey, lui, arrêta rapidement de faire même semblant de chercher. Il se mit plutôt à se promener en sifflotant, en critiquent d'une manière exhaustive l'intégralité des aménagements mis en place par Claris, ainsi qu'en se moquant allègrement de l'incapacité de son condisciple à mener à bien sa tâche - pourtant fort simple, à l'écouter !

Et il serait amusant de voir si tel resterait son avis.
Claris entreprit de s'approcher aussi discrètement que possible du jeune noble, et de le toucher de la pointe de l'épée – sans aller jusqu'à toutefois signer d'un Z, ni même d'un N – et de repartir hors de vue aussi rapidement que possible. Il serait très amusant de le voir sursauter et peut-être crier quelque chose à Jean. Et il serait encore plus amusant, si les temps de réaction des uns et des autres le permettaient, de reproduire la même opération aussitôt après par l'autre côté. Et de recommencer, en fait, autant de fois qu'il serait possible. Une fois que l'un au moins de ses élèves soit suffisamment attentif à ses déplacement pour l'empêcher de disparaître complètement, son intention était de battre en retraite en les attirant, afin de voir s'ils auraient la présence d'esprit de tenter de l'encercler ou non.

Claris réussit parfaitement son coup avec Godefrey : elle parvint à s'approcher, à le toucher, à se replier sans qu'il la voie et, cerise sur le gateau, elle eut l'exclamation espérée. Toutefois, force fut de reconnaître au garçon une réelle rapidité à se ressaisir : déjà, il se moquait de son maître d'armes aimant jouer à cache-cache comme un gamin et arguait s'être laissé surprendre pour lui faire plaisir.
Concernant Jean, ce fut plus compliqué. Certes, elle réussit à l'approcher et à le toucher ; mais l'écuyer, prompt à réagir, fit brusquement volte-face et se rua à ses trousses, parvenant même à la frôler de son arme d'entraînement.

Le fait que Jean était un meilleur élève ne faisait absolument aucun doute. En fait, si Godefrey avait fait preuve d'un minimum de bonne volonté, il aurait déjà bien compris qu'il se condamnait lui-même à un niveau moindre que celui de son comparse. Mais, voilà, ce n'était pas le cas. Pas encore, du moins.
Claris poursuivit sur sa lancée : se dérober aussi vite que possible tant qu'on ne lui couperait pas la route. Il faudrait bien que, d'une façon ou d'une autre, le jeune Valombre se décide à se montrer actif, pour changer ; faute de quoi ce genre de petites touches humiliantes se répéterait à loisir.

Mais Godefrey, aussi insupportable soit-il, n'avait rien d'un complet idiot.
Après la deuxième touche réussie par Claris avec une facilité déconcertante, loin de se montrer plus vigilant et d'exécuter, en somme, les consignes qui lui avaient été données, il régla le problème en quittant la manière de labyrinthe mis en place par le maître d'armes et alla s'installer dans un coin de la pièce d'où il serait impossible de le prendre à revers, d'où il verrait quiconque tentant de s'approcher de lui.
Et il fit mine d'attendre, l'air blasé, la fin de la séance.

Un rôdeur bien entraîné aurait sans doute pu le surprendre tout de même. Hélas, ce n'était guère le cas de Claris.

Il y avait toutefois quelque chose d'assez amusant à le voir se mettre au coin de lui-même. “Gail” décida donc de le laisser bouder comme le gamin qu'il était et de concentrer ses efforts, pour l'instant, à entraîner Jean. Tant que la chose pouvait se justifier – et il lui semblait, pour le coup, que c'était le cas –, ne pas se préoccuper de son difficile élève était la solution la plus agréable, et de loin.

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[Bâtiment] Domaine de Hautetour