La Couronne de Cuivre

- Bonjour Rafie, il se rua sur la nourriture sans plus de manière, Tu sais j'ai fais un drôle de rêve cette nuit, j'était bébé et tu était présent je crois avec mon Papou et ma Mamou, mais je ne me souviens pas du reste. Sans attendre de réponse particulière il repris son monologue en prenant soin de ne pas parler la bouche pleine, un progrès à saluer.
- Il est drôlement gros ton livre dit donc, moi aussi j'avais un livre que Mamou m'avait écrit pour que j'apprenne à lire, c'était les aventures de Zizipanpan le barde halfelin, elle m'a dit qu'il avait vraiment existé il y a quelques années mais qu'il était mort maintenant. Tu crois qu'un autre halfelin pourrait être barde ? Parce que moi j'aimerais bien mais ils n'ont pas voulu à Lumenis. C'est idiot, Papou n'était pas raciste lui, s'il avait été vivant quand je leur ai demandé, je suis sûr qu'il m'aurait soutenu. Qu'est-ce que tu lis comme livre ?

Devant ce déluge verbal si tôt le matin, Ruffie sourit, mais pensa que décidément la journée risquait d'être longue s'il ne canalisait pas le phénomène vocal nommé Pabon.

Et pourtant - surtout si l'on considérait son statut singulier - Rufie savait faire montre d'une patience infinie devant le rouleau compresseur verbal que constituait Pabon. Il entreprit de répondre dans l'ordre où les questions déferlaient de l'imagination fertile du jeune halfelin pour venir se briser sur les murailles de flegme de son interlocuteur :

- C'est un drôle de rêve, ce devait être bizarre de m'y voir. Mais c'est sans doute compréhensible que tu m'y ait intégré après nos discussions d'hier... Il existe de nombreux bardes de notre race, oui. Et même certains font partie des bardes les plus doués... Oh, ce livre ? Ce n'est qu'un petit précis traitant de l'existence au sens large. c'est assez pompeux mais c'est souvent le cas des ouvrages rédigés par Oghma.

Pabon écouta en silence les explications de Rufie. Il était mal à l'aise, vexé, savoir que les halfelins bardes existaient alors que ceux de Lumenis l'avaient envoyé promener lui était pénible à entendre.
D'un autre côté cela lui ouvrait de bonnes perspectives pour son avenir, après tout il était une sorte de bateleur, enfin bateleur en devenir. Restait à trouver un barde qui veuille bien de lui comme apprenti, son Papou n'avait pas eu le temps pour ça. Sa Mamou avait travaillé sur qu'à la veille de sa mort à raconter des histoires dans les auberges de la ville ou aux enfants des nobles, elle chantait très bien aussi mais elle n'y connaissait rien en magie contrairement à son Papou qui était très doué pour ça et respecté par les autres bardes pour ses connaissances. Lui aussi aimait bien Oghma mais aussi Mystra et sûrement d'autres dieux, il n'était pas très croyant mais il respectait les dieux.
Il était maintenant pressé d'aller dans les communautés halfelines pour régler son problème d'identité et des réponses sur son médaillon.

- Rufie, quand est ce qu'on arrive chez les halfelins que tu voulais que je rencontre ?

Comme il l'avait annoncé - mais non pas sans avoir pris le temps d'y réfléchir une nouvelle fois - Rufie annonça à son compagnon que le voyage ne durerait pas plus d'une nouvelle journée et qu'ils arriveraient donc dès le lendemain matin.

- Enfin, à condition que les poneys tiennent le bon rythme. Je crois que chanter les aidera à conserver la cadence !

Etait-ce une provocation ? L'acte d'un désespéré ? Ou un simple encouragement à la vocation que Pabon semblait s'être choisie ?

HRP : si tu as des envies particulières pour le village, n'hésites pas à me les soumettre par MP !

Pabon ne pouvait pas résister à cette invitation, et se mis à entonner à tue tête

Il était un halfelin et ron ron ron petit patapon
il était un halfelin qui chantait des chansons ron ron qui chantait des chansons

Il fit un récital et ron ron ron petit patapon
Il fit un récital de toutes ses chansons ron ron de toutes ses chansons

Les gens qui l'écoutait et ron ron ron petit patapon
Les gens qui l'écoutait lui trouvait un petit air fripon ron ron un petit air fripon

...

Bizarrement les poneys foncèrent à fond de train, les oreilles couchées et les yeux exorbités, le paysage défilait si vite qu'il en devenait flou. Pabon avait sans le vouloir avait passé outre le souhait de Rufie, et avait terriblement augmenter la cadence des poneys. Le départ de ces pauvres bêtes avait même manquer de faire désarçonner Rufie, ce dernier se demandait même si les poneys auraient été aussi rapides s'il l'avait lui-même suggéré. Une fois de plus il médita cette information, et se félicita de sa décision :décidément il avait bien fait de venir voir ce phénomène de 84 cm. Il pensa aussi que la provocation n'était peut-être pas la bonne méthode pour Pabon, la santé mentale et physique des êtres vivants de ce monde ne méritait pas un tel choc, enfin pas tous.

L'intervention de Pabon eut un effet notable sur la suite du trajet. En effet, rien ni personne n'eut l'occasion de se mettre sur leur chemin et Rufie finit par annoncer, le soir tombant, qu'ils approchaient de leur destination.

- On ferait mieux de ralentir à partir de là : les locaux n'aiment pas trop les démonstrations grandiloquentes : ils ont une vie bien rangée et détestent tout ce qui vient la perturber.