La Couronne de Cuivre

Brus soupira lorsque la porte se rabattit sur Elissa et leurs étranges visiteurs. Dommage, il n'en saurait pas plus. Il se détourna donc de l'embrasure de la porte et revint s'asseoir dans le petit salon attenant, dans le même fauteuil que précédemment. Ayant finie sa brève manucure il remit sa dague sous les plis de sa veste et s'installa le plus confortablement possible afin de profiter d'une petite sieste.

Il n'avait pas fermé les yeux depuis quelques minutes lorsque les pas d'Eliaëdel le tirèrent de son demi sommeil abrutissant. Alors qu'elle passait son nouvel équipement piqua la curiosité du jeune Brus. Leurs visiteurs étaient donc des clients? Cela devenait intéressant. Mais fallait-il qu'il se prépare lui aussi? Elissa l'avait embauché plus pour ses oreilles que pour ses gros bras. Et après tout il ne possédait aucun véritable équipement, aussi il décida qu'il n'était pas nécessaire de se déplacer dans l'immédiat et resta prostré dans son fauteuil, les yeux grands ouverts et légèrement impatient.

Dans le bureau d’Ellissa, Chandara gardait toujours le silence, s’efforçant de cerner la personnalité de leur interlocutrice. Les questions qu’elle posait appelaient des réponses qui pouvaient mettre en péril leur mission mais il était naturel que la chef du groupe de mercenaires se les pose, ne serait-ce que par soucis de sécurité pour ses troupes. Une attitude louable mais la paladine ne se sentait pas suffisamment en confiance pour révéler des informations vitales dans cet endroit, là où les murs pouvaient avoir des oreilles. Elle espérait que ses deux collègues feraient montre de la même prudence et ne révèleraient que le strict nécessaire pour s’assurer de la coopération de la guilde.

Corwin balança d'une jambe sur l'autre, mal à l'aise. La chef de guilde n'avait pas vraiment besoin de ces réponses, même s'il n'était guère étonnant que ces questions lui passent par l'esprit. Mais il préféra se montrer coopératif. Ces informations, un brin caduques pour la plupart, étaient déjà connues de leurs ennemis, selon toute vraisemblance...

"Le nom de cet homme est connu de beaucoup de monde, car il a été désigné devant témoins en pleine séance du conclave : il s'appelle Eroeh. Très peu de personnes l'ont jamais rencontré, cependant, et j'en fais partie. C'était il y a des mois, dans le Golfe de l'Oubli... Mais nous ne remonterons pas cette piste trop refroidie. La magie nous a permis d'en avoir des nouvelles plus fraîches : ne vous inquiétez pas, nous avons une piste sérieuse."

Malgré tout, il ne voulait pas répéter les révélations de l'extraplanaire. Ça, et le fait de pouvoir reconnaître le visage d'Eroeh : c'était leurs seuls réels avantages sur l'ennemi...

"Quant à savoir qui a intérêt à le faire disparaître... Ceux qui ont fait disparaître son prédécesseur, c'est-à-dire les cyriciens ? Ou plus largement tous les ennemis de la théocratie manostienne... Ce ne sont pas les candidats qui manquent."

Il soupira. La théocratie avait de nombreux ennemis intimes, certains connus comme le loup des glaces – Melandis, les sharites, les cyriciens – d'autres plus sournois et presque insaisissables – tel l'instigateur ultime du Vol de la Relique, qui n'avait jamais été démasqué. Mais Elissa Keens savait cela mieux que personne.

NB: mettez enfin les titres de quête, ou je vous édite tous autant que vous êtes !!

Kate : le poing levé

Althéa était entrait discrètement derrière Corwin. Elle savait par habitude qu'Elissa appréciait sa présence en tant que second. Elle était restée accoudée à la porte, muette et attentive à ce que disait les autres. Ce n'est que lorsqu'elle entendit mentionner Eroeh qu'elle ne put plus rester silencieuse. Eroeh. Le prêtre qui gardait les escaliers dans la chapelle du souvenir. Elle se souvenait sans mal de son récit, de la façon dont il avait sacrifié sa vie, au nom de la foi helmite. Pessimiste et désabusé, il avait voulu s'éloigner un peu. Elle ne l'avait pas revue depuis. Trop occupée dans ses propres soucis. Car l'épisode de sa rencontre coïncidait exactement avec la naissance de sa fille. Elle prit donc la parole, faisant sursauter Corwin qui ne l'avait pas vue derrière lui.

"J'ai eu l'occasion de le voir il y a quelque temps. Oh, désolée Corwin. J'ai un souvenir très net de lui, si cela peut vous être utile."

Mical dévisagea avec stupeur la jeune femme. C'était bien le dernier endroit où il se serait attendu à trouver quelq'un ayant rencontré Eroeh. Néanmoins, il se retint d'émettre le mondre commentaire. Corwin semblait mieux connaître les lieux qu'eux, et il était clair que la maîtresse des lieux serait plus à l'aise pour traiter directement avec lui.

Au moins, c'est une bonne chose, j'imagine. Cette mission dépendait jusqu'à présent presqu'entièrement de frère Corwin, ce que nos ennemis risqueraient devouloir exploiter.

Quant à leur identité, il ne pouvait qu'être d'accord avec les suppositions de son aîné. Les adeptes de Cyric faisaient les coupables idéaux, mais ils n'étaient sans doute pa les seuls à vouloir lachute du clergé de Helm. Quoi qu'il en soit, l'heure viendrait ou il faudrait leur faire face. Pour le moment, d'autres préoccupations étaient à l'ordre du jour. Il fit un léger signe de tête à Eroeh, reconnaissant tacitement qu'il était le mieux placé pour les négociations en cours, tout en se tenant rêt à apporter des éclaircissements si le besoin s'en faisait sentir.

Corwin avait jeté un regard d'effarement à Althéa. Cette dernière était entrée en catimini assister à une entrevue privée et la maîtresse de guilde ne lui faisait aucune réflexion : voilà qui le renseignait peut-être sur le rang d'Althéa au sein de la guilde, mais surtout sur le degré de discrétion qu'ils en pouvaient escompter. Le vieux prêtre avait ensuite lancé un regard de détresse à ses deux compagnons, mais ces derniers paraissaient très heureux de lui laisser le rôle du porte-parole. Ce qui ne lui plaisait pas du tout : Corwin Balder n'était vraiment pas homme à se mettre en avant.

"Hé bien..." Il se lécha les lèvres. Il n'aimait toujours pas l'idée de voir Althéa mêlée à cette affaire.
"Althéa, j'en ai un assez bon souvenir aussi, même si je me souviens que vous avez longuement discuté ensemble." Mais Althéa n'était pas helmite ; et en l'occurrence, c'était peut-être un atout, s'ils avaient à convaincre Eroeh de revenir avec eux ? Et peut-être valait-il mieux que la seconde des trois seules personnes connues à pouvoir reconnaître Eroeh se trouve au sein du groupe, et non à la disposition des malveillants ? "Je pense qu'il vous écouterait sans doute davantage que nous. Je ne m'opposerai pas à ce que vous veniez avec nous... mais je crois que vous savez ce que j'en pense."

Qu'il serait peut-être temps de se ménager ! Sans compter que s'il lui arrivait quoi que ce soit, Lothringen ne lui pardonnerait pas d'avoir laissé la bretteuse se mêler de l'affaire. Et Corwin songeait... que le conseiller aurait bien raison.

Quête : Le poing levé

Une bonne partie des non-dits dans le discours de Corwin échappa à la paladine qui s’efforçait d’étudier le nouveau sujet d’attention à savoir la jeune femme qui s’était mêlée à la conversation sans prévenir. Quelque chose dans la voix du vieil Helmite mettait Chandara mal à l’aise sans savoir vraiment quoi. Toujours était-il que si la jeune femme qu’il avait appelé Althéa avait déjà rencontré l’homme qu’ils entendaient retrouver, elle constituerait certainement un membre de choix dans leur expédition. Tant par les informations qu’elle pourrait apporter au groupe que par le fait qu’un visage connu pouvait les aider à amener Eroeh à les suivre de meilleur gré.

Chandara avait hâte que se finisse cette négociation et était impatiente de retrouver un terrain connu, celui de l’action. Toutes les subtilités qu’elle soupçonnait à peine dans l’échange de ses aînés commençaient à lui peser. Elle espérait sans trop savoir pourquoi qu’Althéa serait du voyage. Au moins, cela ferait une présence féminine à qui parler.

Quête : le poing levé

Elissa regarda Althéa pendant un long moment. Durant quelques secondes, elle avait failli la traiter d'idiote devant toute la salle. Bien sûr, dans l'état pitoyable, elle allait courir à l'aveuglette pour une quête dont elle ne connaissait ni les tenants ni les aboutissants. Une perspective qui lui ferait froid dans le dos. Lothringen aurait de quoi se faire des cheveux blancs s'il n'en avait pas déjà. Mais maintenant qu'elle avait parlé, difficile de revenir en arrière. ç'aurait eu l'air un tantinet suspect. Vraiment, bravo Althéa. Et bien sûr, pour atténuer le tout, c'était à elle de rattraper le tout. Déjà, en l'entourant un peu. Oriane avait toute sa confiance. Eliaëdel beaucoup moins. Quant à Brus ... Il s'était montré habile et efficace jusque là. L'évincer de la quête lui semblait injuste. D'un autre coté, elle ne voulait pas lui faire courir de risques inconsidérés. Il fallait qu'elle en parle avec lui. Tout en espérant qu'il dise non. Elle reprit la parole, consciente qu'elle regrettait déjà ce qu'elle avait à dire.

"Je pense qu'il est important qu'Althéa vienne avec vous. En revanche, elle ne partira pas seule. Oriane Sombrelyn est une bretteuse en qui j'ai entièrement confiance. Si votre groupe nécessite un plus grand effectif, une autre personne pourra vous accompagner."

*Et franchement, j'espère que vous allez dire non.*

Althéa, Oriane, Chandara - bon sang, que de jeunes femmes, tout d'un coup –, plus Mical et lui... Cinq. La Vierge d 'Argent venait de leur apporter deux bretteuses. Jusqu'au jeune homme aperçu tout à l'heure à l'herboristerie qui lui rappelait vaguement Basile. La catégorie des coupeurs de bourse, cambrioleurs et autres roublards semblait quelque peu surreprésentée dans cette boutique. Ça, une guilde de mercenaires ? Mouais bien sûr.

Elissa leur proposait de compléter avec une sixième personne mais ses réticences étaient visibles. De son côté, Corwin n'avait pas très envie de voir les membres de la guilde devenir majoritaires dans le groupe. Il se tourna vers Mical et Chandara d'un air hésitant.

"Je pense que cinq est un nombre suffisant, à moins que vous n'ayez un lanceur de sorts profanes à nous proposer... et vous ?"

Mical hocha la tête d'un air grave. En l'occurence, il lui semblait que la rapidité et la discrétion valait mieux que le nombre, et visiblement c'avait été également l'avis du Haut Prélat, sinon il aurait envoyé une phalange en armes du Coeur Radieux à la suite d'Eroeh. Elissa leur fournissait une personne supplémentaire pouvant identifier leur objectif, ce qui était déjà inespéré.

" Nous devrions pouvoir mener notre mission à bien ainsi, je présume. "

Il avait toutefois une inquiétude. Entre cette Althéa et la paladine Chandara, ce groupe lui paraissait bien jeune, surtout si, comme il le souçonnait, Oriane Sombrelyn était la jeune femme qu'ils avaient croisés dans la salle commune quelques minutes auparavant. Certes, la valeur n'attend pas l'âge, lui répétait sire Borric, mais tout de même!

Ca n'aurait pas été gênant si il avait au moins eu confiance en ses propres capacités; ce n'était pas le cas. Bien qu'étant le membre le plus âgé du groupe après Corwin Balder, cela faisait une demi-douzaine d'années qu'il n'avait pratiquement plus quitté le temple, et ses seules expériences du monde extérieur avaient été vécues sous la protection d'un paladin confirmé de l'Ordre. En un sens, il n'avait pas davantage d'expérience que ces jeunes femmes de dix ans ses cadettes.

Bon sang, je n'ai que trente-deux ans! Ce n'est pas SI vieux!

Dissimulant ses doutes derrière son masque d'impassibilité coutumière, il se contenta de tourner la tête pour guetter la réponse de Chandara.

Quête : Poing levé

Chandara se rendit compte qu’on attendait sa réponse et rougit de s’être laissée distraire une fois de plus par son observation des personnes présentes. Le nom d’Oriane lui était familier et elle l’associa à la jeune femme qui l’avait saluée, celle-là même qu’elle avait croisé à la fin de l’épisode de Linceul.

Elle s’efforça de revenir au présent et à la question qu’on lui avait posée. Cinq personnes. C’était déjà bien assez pour la timide paladine. Et rien ne servait de former un groupe trop important qui attirerait des ennuis qu’une poignée pouvait éviter, à commencer par les possibilités de dissension. La jeune femme n’avait aucune envie de revivre ce qui s’était passé à Mélandis lorsqu’elle s’était retrouvée entourée de personnes peu recommandables dans le meilleur des cas.

- Je pense que ce sera parfait. Nous voyagerons plus vite et plus discrètement ainsi. Il est plus important de nous déplacer vite pour gagner nos concurrents de vitesse et Eroeh, s’il cherche à nous échapper. Quand pouvons-nous partir ?

La paladine était maintenant impatiente de reprendre la route, soucieuse d’accomplir sa première mission au sein de l’Ordre avec succès.

Quête : le poing levé.

Oh, qu'elle aurait aimé dire jamais, que finalement, les mercenaires allaient rester ici. Qu'elles avaient besoin de repos. Mais on ne refusait jamais les missions émanant de la théocratie manostienne. Sinon, tôt ou tard, on viendrait mettre le nez dans les affaires de la guilde, mettant au grand jour les plus obscures. Elle se souvenait notamment des informations fournies par Althéa à un mage peu recommandable qui s'était empressé de s'emparer de la fameuse statue de Corwin. Eroeh. Et il y avait bien pire. Déjà, s'ils s'intéressaient d'un peu trop près à Eliaëdel ...

Elle n'aimait pas la façon dont le prêtre, visiblement le chef du groupe semblait jauger Althéa tout en essayant de resituer Oriane. Elle avait du mal à deviner ses pensées mais à son air, ce n'était rien d'encouragement. Heureusement, les helmites étaient rarement des pervers. Du moins, pour ce qu'elle en savait.

"Nous serons prêtr ... pardon prêtes dès que vous le jugerez utile.", répondit Althéa un peu trop vite à son goût. Et n'importe comment dans tous les cas. Idiote, trois fois idiote.

"Un départ discret serait le mieux pour tout le monde, en effet. Cette nuit ?"

*En espérant que Lothringen soit au courant le plus tard possible.*

Corwin rougit. Pour la discrétion, il pouvait repasser. Avait-il fait une sottise en prenant la parole au conclave ? Sur le moment, c'était ce qui lui avait semblé le mieux à faire : il lui fallait confirmer à ses frères l'existence de l'Elu de Helm. Il n'empêche, sa mésaventure du matin lui confirmait que quelques oreilles mal intentionnées avaient elles aussi écouté très attentivement ses propos. "Pour trouver Eroeh, trouvez Corwin", leur avait-il soufflé. Peut-être partir de nuit était-il plus sage, en effet... Du moins saurait-on plus facilement si l'on était suivi.

"Pour ma part, j'ai fait mon sac en vitesse ce matin et je suis déjà prêt. Je ne pense pas qu'il soit sage de repasser chez moi... Je vais donc me trouver un petit coin tranquille dans votre guilde..."

*Si cela existe...*

"...Et y attendre gentiment que les uns et les autres aient fini leurs préparatifs."

" Quant à moi, j'ai déjà préparé mes affaires ce matin avant de rendre visite au Haut Prélat. Mieux vaut voyager léger, de toute manière. "

Mical n'aimait pas beaucoup l'idée de quitter Manost de nuit, comme un vulgaire voleur, mais il en comprenait la nécessité. Il espérait simplement que l'expérience ne se reproduirait pas trop souvent, ces derniers jours avaient été un peu trop marqués par les intrigues à son goût. Mais l'ennemi ne jouait pas selon ses règles, et il allait falloir s'adapter aux leurs... pour l'instant.

" Je suppose que je pourrais retourner au temple en attendant notre départ... A moins que vous n'estimiez préférable de rester groupés afin d'éviter les mauvaises surprises. "

Quête : Poing levé

La paladine prit à son tour la parole. Il ne lui faudrait guère de temps pour boucler ses bagages une fois de retour au Loyal Paladin. Cependant, elle ne pouvait pas partir comme une voleuse, il lui faudrait parler à Eli, à Titœil aussi, sans pouvoir leur révéler ni la nature de sa mission ni le temps qu’elle durerait. Toutes ces cachoteries ne lui plaisaient guère. Elle avait une nouvelle fois l’impression d’agit comme une voleuse, une criminelle, un peu comme ce qu’elle avait ressenti en acceptant de se rendre à Mélandis pour incendier le temple de Talos.

Mais elle reconnaissait que malgré son bon droit, mieux valait parfois agir discrètement aussi garda-t-elle sa rancœur pour elle :

- Il me faut simplement retourner à l’auberge chercher mes affaires et annoncer mon départ à des proches. Il ne me faudra pas plus d’une demi-heure pour être prête. Enfin, si vous jugez ça raisonnable.

Quête : le poing levé

Elissa avait de nouveau regardé Althéa sans parler durant de longues minutes, écoutant les autres prendre leurs dispositions avant le départ.

*Et maintenant, tu vas dire au revoir à ta fille, la confier à Titoeil ? Et quand est-ce que tu reviens ? J'espère que tu es contente ...*

Elle l'entendit à peine prendre la parole.

"J'ai besoin d'un peu de temps moi aussi. Juste le temps de m'organiser pour ma fille. Je serai là bien avant le début de la soirée.
- Pour ma part, il ne me reste qu'à avertir Oriane, conclut Elissa, quant à vous Corwin, si vous voulez vous isoler avant votre départ, il nous reste quelques chambres. Pour ce qui est du départ, certains souterrains partant d'ici vous permettront d'atteindre les portes de la ville sans être vus."

Elle commençait à être tiraillée par l'angoisse, comme avant tous les départs. Qui ne reviendrait pas, cette fois là ?

Une brève grimace déforma le faciès du vieux prêtre. Il avait déjà eu un aperçu de ces fameux souterrains dont il fallait croire que le sous-sol de la cité était traversé comme un gruyère : utile peut-être, mais pas vraiment agréable.

"A bientôt alors. Je vous attends ici..."

Sans rien dire de plus, il laissa le petit groupe à ses adieux et bagages, et monta à l'étage comme Elissa l'y avait invité. La plupart des chambres contenaient un lit défait et diverses affaires plus ou moins éparses, mais il en trouva une si parfaitement vide qu'il n'y avait pas de drap sur le lit, ni autre chose sur les étagères qu'une fine couche de poussière. Posant son sac sur le sommier, il s'assit en soupirant sur la chaise de paille nue. Une fois qu'il avait prévenu le temple de son départ et ses malades de son absence, en vérité, il n'avait personne vers qui se tourner pour des adieux. Une chanson ressurgie d'on ne sait où lui revenait enmémoire.

"Vieux pèlerin qui vagabonde,
Je suis partout un étranger..."

Non, ce n'était pas vrai. Il était de Manost comme la terre et le roc. Il aurait tant voulu qu'Eroeh ait accepté de revenir avec lui: il lui aurait appris à aimer sa cité. Mais seules les statues voulaient de lui...

Il se sentit misérable, et seul. Et il pensa à Celui avec qui il partageait depuis toujours ce fardeau d'être l'homme dont on a besoin mais qui n'existe plus que pour cela. Et, tout naturellement, il se mit en prière.

Quête : Poing levé

Chandara jeta un dernier regard à ses compagnons et profita de la sortie de Corwin pour quitter discrètement le bureau à son tour. Avant de passer le seuil de la porte, elle s’adressa à Mical plus qu’aux autres personnes au courant de leur mission.

- Je serai de retour dans moins d’une heure. Il me faut simplement retourner à l’auberge du Loyal Paladin et avertir l’aubergiste de mon départ. Je ferai en sorte de ne pas être suivie et je pense qu’il vaut mieux nous retrouver ici d’où nous pourrons traverser la ville à l’abri des regards hostiles.

Elle rougit en prenant conscience d’avoir parlé plus qu’elle ne l’avait prévu, se mettant au centre de l’attention. La paladine quitta alors précipitamment la boutique non sans avoir vérifié que personne ne semblait l’observer depuis la rue. Elle n’avait pas l’intention de s’attarder à l’auberge, bien décidée à ne pas faire attendre ses partenaires.

HRP : Je ne pense pas jouer le passage au Loyal Paladin sauf si le MJ en décide autrement.

Althéa s'était tournée vers la jeune femme qui venait de parler. Une paladine. Et qui parlait d'avertir l'aubergiste de son départ. Titoeil ? Qu'avait-il à voir là-dedans ? Étrangement, elle sentit piquée d'une petite pointe de jalousie. Après tout, c'était elle la protégée de Titoeil. Elle voulut savoir.

"Si vous voulez, nous pourrons revenir à la guilde de concert. Je connais un passage discret. Quant à moi, je vous laisse ..."

Et elle partit sans attendre. Titoeil allait sûrement demander des explications, s'inquiéter. Mais il prendrait soin de sa fille le temps de sa mission. Même si quelque part, elle se sentait coupable.

Elissa quant à elle se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit sans tarder. Comme elle s'y attendait, les autres n'étaient pas loin. Sans aucune parole superflue, elle vint droit à Oriane, lui fit signe de la suivre. Elle se rendit avec elle dans la salle d'entraînement, à l'abri des regards. Elle prit le temps de la faire asseoir avant de lui annoncer.

"Je n'aime pas envoyer quelqu'un deux fois de suite en mission. Mais j'ai besoin que tu accompagnes Althéa. Vu comme c'est parti, ce ne sera pas de tout repos et vous ne serez jamais trop de deux. Et cette fois, tu auras peu de temps pour te retourner, vu que vous partez ce soir ... Je suis désolée."

Quête : Poing levé

Chandara remarqua le regard appuyé de la jeune femme nommée Althéa. Elle se demanda si elle n’avait pas commis un impair vu son air soupçonneux mais la mercenaire la détrompa vite, manifestant son intention de la raccompagner au retour de l’auberge. Sans doute cherchait-elle à préserver la discrétion entourant leur mission, une initiative louable bien que la paladine y voyait le signe d’un reproche subtil.

Althéa partit d’un bon pas et Chandara, désireuse d’en avoir le cœur net, fit un effort pour remonter puis rester à sa hauteur. Dès que les mots eurent franchi ses lèvres, elle se maudit de son approche maladroite :

- Est-ce que vous vivez au Loyal Paladin ? Vous devez connaître Titœil…

Etait-ce de la jalousie ou de la simple curiosité, même Chandara aurait bien été en peine de trancher.

Brus, toujours assis dans son fauteuil, jouait machinalement avec le cuir craquelé du fauteuil lorsqu'il avait entendu la porte du bureau d'Elissa s'ouvrir à nouveau et les premiers occupants en sortir. Le silence régnait dans la boutique et les premiers mots de la paladine prononcés sur le seuil de la porte et qui suggéraient un départ éminent tombèrent dans son oreille curieuse. Le jeune humain se figea afin d'écouter le plus silencieusement possible d'éventuels indices supplémentaires mais il n'en vint pas: la porte de la boutique se referma. Cette nouvelle l'intriguait et il n'eut pas à patienter longtemps avant d'en avoir une nouvelle manifestation en la personne d'Elissa qui, sans avoir un regard pour lui, prit Oriane à l'écart et l'emmena dans une autre aile de la guilde.

Brus resta prostré dans son fauteuil un bref instant, pianotant sur l'accoudoir usé du fauteuil, puis finalement se releva et prit la direction dans laquelle étaient parties les deux femmes. Se déplaçant avec toute la discrétion dont il était capable il suivit leurs pas jusqu'à la salle d'entraînement de la guilde, dans laquelle il n'était jamais venu jusqu'à maintenant. Cependant que les deux femmes y entraient il resta dans le couloir, sans faire aucun bruit. Les premiers mots d'Elissa suffirent à décupler sa curiosité déjà excitée. Enfin il assisterait à une véritable mission, une variation dans son propre quotidien qu'il jugeait volontiers morne et répétitif. Ce petit flux d'adrénaline qui parcourait ses veines le faisait sourire. Toujours immobile, il attendait d'en savoir peut-être un peu plus, ou de prendre la poudre d'escampette s'il s'estimait repérable, ou repéré.

Le poing levé

Althéa, plongée dans ses pensées mit du temps à répondre. Laisser sa fille une nouvelle fois lui paraissait chaque fois plus difficile. Chaque fois, elle essayait de ne pas penser à ce qui se passerait si elle ne revenait pas. Qu'adviendrait-il de Leodacya ? Certes, elle avait son père. Mais c'était avec elle qu'elle vivait et grandissait, non ? Après cette mission, c'était décidé, elle repenserait son avenir au sein de la guilde. Pour sa fille.

Elle se tourna vers la paladine qui lui avait posé une question. Si elle vivait au Loyal. Pourquoi cette curiosité ? Elle avait si peu de choses à répondre.

"Non, je ne vis pas au Loyal Paladin, mais j'en suis la gérante.", dit elle avec une pointe de fierté dans la voix.

Quête : Poing levé

La paladine renouvela le regard qu’elle portait à la jeune femme. Elle ne s’attendait pas à ce qu’une femme si jeune ait la responsabilité du célèbre établissement Manostien. Elle en voulait aussi un peu à Titœil de ne jamais lui avoir parlé d’Althéa, une jeune femme qu’elle aurait certainement rencontré avec plaisir dans d’autres circonstances que la nécessité d’une mission périlleuse. Sans savoir ce qui liait le cuisinier à la jeune femme, elle se sentit gênée pour poursuivre la discussion dans cette voie. Elle répondit avec sincérité et une pointe de curiosité dans la voix :

- Oh ? C’est votre établissement. J’ai eu l’occasion d’y séjourner plusieurs fois et c’est vraiment un lieu où l’on se sent comme chez soi, surtout quand on ne connaît personne en ville. Et la cuisine de Titœil y est délicieuse. Vous pouvez en être fière.

Quête : le poing levé

Althéa avait fini par sourire. En même temps, entendre évoquer le Loyal alors qu'elle venait d'en partir éveilla en elle un fort sentiment de nostalgie.

"Ce n'est pas véritablement mon établissement. C'est celui de Titoeil avant tout. J'en suis gérante sur le papier, mais c'est lui qui fait tout. A dire vrai, il est l'âme du Loyal Paladin."

Quête : Poing levé

Les deux jeunes femmes étaient presque arrivées à l’auberge. La paladine sentait son interlocutrice se détendre, jetant de meilleurs auspices sur le voyage commun à venir. Chandara repartit avec conviction :

- Oui, c’est vraiment quelqu’un de bien, qui sait mettre immédiatement à l’aise les gens. Est-ce que… Faîtes-vous partie de ses amies ?

Il était évident que la paladine avait cherché au dernier moment une autre formulation à la question qu’elle entendait poser. Elle rougit et détourna les yeux de sa compagne. Que lui était-il donc passé par la tête pour poser de telles questions à une parfaite inconnue ?

Quête : le poing levé

Althéa éclata de rire. Jamais elle n'avait entendu une question aussi ... saugrenue. La paladine sous entendait-elle qu'elle pourrait-être la compagne de Titoeil ? Oh non, elle avait mal compris. Mais le regard de la jeune fille lui montra que non.

"Hé bien, dit elle en se reprenant avec peine, disons qu'il est un de mes amis les plus chers. Quand j'ai perdu mon père, c'est lui qui m'a le plus soutenu. Je lui dois tout."

Elle ne put s'empêcher d'ajouter perfidement.

"Et vous ?"

Quête : Poing levé

Chandara sentit immédiatement la rougeur qui gagnait ses joues, trahissant sa gêne à la question directe d’Althéa. Elle se mit à bafouiller d’indignation des paroles inintelligibles, se sentant inexplicablement prise en faute. Sa relation avec Titœil était des plus courtoises mais elle avait perdu ses moyens sous le regard goguenard de son interlocutrice. Alors, autant pour masquer son embarras que pour prévenir les insinuations que ne manqueraient pas de provoquer sa réaction, Chandara fit un gros effort sur elle-même pour répondre le plus calmement possible :

- Je ne le connais que depuis peu et ne reste jamais longtemps en ville, mais je le considère comme un ami. Il a toujours une parole réconfortante ou une anecdote amusante pour vous ôter les soucis de la tête.

Les joues de la jeune femme conservaient une jolie teinte rosée et elle s’efforçait de ne pas regarder Althéa en face.

Oriane venait juste de rentrer dans l'arrière boutique, après avoir accompagné Edric sur un bout de chemin, quand Elissa vint la trouver, avec un nouvel ordre de mission. Si elle en fut inquiétée, elle n'en laissa rien paraître. Le fait de savoir qu'Althéa serait présente elle aussi tempérait peut-être quelque peu son appréhension. Cette fois, elle ne serait pas seule.

"J'imagine que vous n'avez guère le choix...Mais vous pouvez compter sur moi."

Elle laissa passer quelques secondes, comme cherchant ses mots, avant de poursuivre :

"Je...suppose que la mission est en lien avec la visite de ces trois personnes...Leur requête est-elle donc si importante que notre départ doivent avoir lieu aussi précipitamment ?"

Quête : le poing levé

Elissa eut un petit sourire.

"Et tu imagines bien. Votre sécurité dépend de notre capacité à agir vite. Nous recherchons dont le retour à Manost est capital pour l'Eglise helmite. Et comme tu peux l'imaginer, ce n'est pas au goût de chacun. Depuis quelque, la théocratie est en balance et la disparition de cet homme pourrait porter un coup fatal. Pour cela, je ne pense pas que certains auront beaucoup de scrupules pour se débarrasser de tous ceux susceptibles de donner un nouveau souffle à l'Eglise helmite. Honnêtement, si j'avais eu le choix, aucune d'entre vous ne serait partie. Mais notre collaboration avec la théocratie est historique et inaliénable. La moindre désaffection de notre part marquerait la fin de la guilde ..."

Elle se tut quelques instants, le temps de laisser Oriane peser ses paroles.

"Je te laisse aller te préparer. Tu trouveras tout à ta disposition à la guilde. N'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit."

Dans le couloir, elle entendait Althéa répondre à Chandara. La jeune femme essayait de ne pas montrer son amusement face à la jeune paladine qui maîtrisait assez mal son embarras et devenait toute rouge.

"Voyons, vous l'aimez bien et ce n'est pas un drame. Je pense qu'il le mérite tout à fait. C'est un héros à sa manière. Et le connaissant, il doit vous aimer beaucoup."

Brus, toujours dans le couloir qui longeait la pièce, avait écouté les éclaircissements donnés par Elissa et bien qu'il ne saisissait pas tous les enjeux que comportait cette mission pour l'Eglise helmite, il pouvait aisément en percevoir l'importance et l'urgence dans les mots de la moinesse. Il s'accroupit. Cela voulait dire aussi qu'il ne partirait pas, Elissa ne le voulait visiblement pas et pour aucune autre personne, cela impliquait qu'il allait rester à la guilde, coincé entre Elissa et Eliaëdel pendant qu'Oriane et Althéa suivraient les trois lurons à la poursuite de leur homme. Il soupira puis se redressa et quitta le couloir pour retourner vers la boutique.

Il monta l'escalier qui menait à l'étage et alors qu'il longeait le corridor pour retrouver sa cellule il aperçut quelqu'un dans une cellule qui était habituellement vide. Il s'arrêta, poussa la porte doucement pour l'entrouvrir un peu plus. C'était un de leurs trois visiteurs. Brus le détailla avec circonspection, il se tenait assis sur une chaise, les yeux clos et son visage avait une expression inhabituelle, le jeune humain jugea qu'il avait l'air d'attendre quelque chose. Mais n'en étant pas certain il s'avança d'un pas.

- Euh, dites, ça va? Y a que'qu'chose qui va pas?

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