La Couronne de Cuivre

" Très bien, dans ce cas, faisons passer le message à la communauté de revenir en arrière et de se réinstaller. Il n'est pas très tard : un groupe de vos hommes, Guillermo, pourrait aller immédiatement se reposer, afin d'être prêts à une sortie nocturne pour éliminer les cannibales du fort ouest. Pour le reste, nous avons tout l'après-midi pour organiser la fermeture de la brèche et les tours de garde. Malgré l'angoisse qui a dû être la leur, les colons doivent être encore frais, suffisamment en tout cas pour ce type de travaux. Cela dit, il va quand même falloir déblayer tous ces cadavres, si nous conservons un moment le fort. Malgré le froid, les risques d'épidémie ne sont pas négligeables, sans parler des charognards."

Ses compagnons jetèrent un regard autour d'eux. La cour s'était transformée en véritable charnier et le spectacle offert par les corps souvent démembrés, par les viscères et le sang répandus sur les dalles suffisait à donner la nausée même au cœur le mieux accroché.
-Pour éviter de tels désagrément, l'idéal serait de dresser un bûcher, fit Guillermo. Mais ce serait gaspiller nos réserves de bois... Je propose donc que nous jetions simplement les corps à l'extérieur. Outre sa simplicité, cette méthode présenterait également l'avantage d'infliger un nouveau camouflet aux cannibales : eux qui ont pour habitude de rendre hommage à leurs adversaires en les dévorant, ils se sentiront humiliés en constatant que nous ne jugeons pas les leurs dignes d'être mangés.

Hubert demeura muet un instant. Dépouiller les cadavres lui semblait déjà très limite, alors humilier consciemment l'adversaire... pour un paladin, c'était difficile à envisager. Même si leur sens de l'honneur était dévoyé, les cannibales respectaient leurs ennemis à leur manière...
Pragmatisme et nécessité. Il fallait qu'il songe à la finalité au delà des actes isolés qu'ils posaient.
" Oui, sans doute est-ce la chose la plus raisonnable..." murmura-t-il, mal à l'aise.
A défaut d'être noble.
Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer le charnier atroce qui s'étendrait désormais sous les murs. N'était-ce pas exactement le genre de choses qui donnait naissance à des morts-vivants ? Des âmes sans repos, bafouées par leurs bourreaux ?
" J'en parlerai avec Barthélémy et Albérich." ajouta-t-il.
Les clercs sauraient le guider sur cette question.
" Bon. En fonction de l'énergie qu'il nous reste, on peut déjà... déblayer un rien, j'imagine."

Guillermo hocha la tête.
-Je vais demander à mes hommes les plus valides de s'atteler à la tâche, tandis que j'enverrai les autres se reposer
-Je vais faire de même... dit Gaspard.
-Itou... souffla Edgar.
Vu l'état de leurs forces, cependant, l'opération ne deviendrait vraiment efficace qu'après le retour de la colonne et le recrutement de bonnes volontés.

" Ménagez vos hommes, ils ont déjà beaucoup donné, dit Hubert en se levant. Si les cadavres doivent attendre une heure ou deux, ce n'est pas bien grave. J'aime autant que les hommes valides surveillent la plaine. Nous reparlerons bientôt. Pensez à vous reposer, aussi. Vous m'êtes indispensables."
Il décida alors, si plus personne n'avait quoi que ce soit à ajouter, de descendre dans la nef pour attendre les enfants. Plus vite la colonne était de retour, mieux cela serait.

Parvenu au sommet de la rampe, Hubert entendit le son d'un galop frénétique et eut la bonne idée de se plaquer contre le mur le plus proche. L'instant suivant, il voyait apparaître Grand Vent. Ses écuyers se cramponaient sur son dos, Ruth l'air ravie, Alban avec la mine verdâtre de qui souffre de quelque chose ressemblant fort au mal de mer.
L'apercevant, la petite fille fit stopper le destrier - qui l'aurait peut-être fait de lui-même en s'approchant de son maître.
-Oh, m'sire... bafouilla-t-elle, retrouvant son expression embarrassée. On... On a ramené le plus urgent... Le reste, ben, ça va arriver sur le dos d'un autre cheval...

" C'est parfait."
Il avisa la mine de l'écuyer, puis celle de la petite fille.
" Bon. Alban, nous allons monter le matériel à Barthélémy. Tu resteras ensuite avec lui et verras si tu peux lui donner un coup de main, n'importe lequel. Ruth, il faut que tu retournes jusqu'à la colonne."
Vu le plaisir qu'elle avait l'air de prendre à la cavalcade, ce serait sûrement une bonne nouvelle.
" Ils doivent revenir. Nous en avons encore pour quelques jours avant de plier bagages définitivement et nous avons besoin de bras et d'énergie. Dis à Ezéchiel de venir me trouver dès qu'ils sont là, mais que les gens restent dans les caves. Je ne veux pas que n'importe qui soit exposé au carnage de la cour."

Ruth acquiesça et, quand Alban eut mis pied à terre - et terminé de vaciller - elle lui remit le lourd ballot qu'ils avaient transporté jusqu'ici. Tanguant un instant sous son poids, le gamin prit sans tarder - et sans ouvrir la bouche - la direction de l'infirmerie. Son amie le regarda s'éloigner avec une légère grimace.
-Bon ben... J'y vais, m'sire, souffla-t-elle.
L'instant suivant, elle faisait volter le destrier, son visage à nouveau radieux.

Hubert rattrapa Alban en quelques pas.
" Est-ce que tu veux me dire quelque chose ?" demanda le paladin.
Il ne se sentait pas particulièrement vaillant, mais il était bien conscient du malaise de l'enfant, et se doutait qu'il ne servait à rien d'attendre et d'attendre encore. L'heure d'aller se reposer ne viendrait peut-être pas avant plusieurs heures.

Le gamin s'appuya contre le mur voisin et prit une profonde inspiration.
-Sauf votre respect, messire... Je crois pas que... ce soit très prudent pour moi... de parler... maintenant.
Il verdit encore un peu plus.
-Et... Le sac est... fort lourd. Mais je vais réussir... à l'amener à... bon port.
Inspirant profondément, il se remit en route.

" Si tu me laissais transporter ça, Alban ? dit Hubert, sans pour autant l'en délester de force. Ça te permettra de reprendre ton souffle et de t'exprimer. Je ne pense pas qu'il soit une excellente idée de te casser le dos pour le plaisir, de surcroît..."

L'écuyer raffermit sa prise sur le sac.
-Avoir mal au dos... m'évitera de penser... aux autres endroits où j'ai mal, ahana-t-il, dents serrées.
Il avança de quelques pas.
-Quant à m'exprimer... Avec votre permission, je... le ferai lorsque... vous... me gronderez pour ma conduite.
Il avança encore. Atteindre sa destination serait rude mais... sans doute y parviendrait-il.

Hubert pinça les lèvres et lâcha un soupir bref.
" Très bien. Nous nous retrouverons plus tard, dans ce cas."
Il n'importuna plus l'écuyer mais le doubla et remonta vers le fort, pour le précéder dans l'infirmerie. Il voulait parler avec Albérich et Barthélémy de la question des cadavres, et il ne pouvait pas se permettre de repousser ce sujet, aussi sinistre soit-il, parce que son écuyer voulait traîner dans les couloirs. Quelque part, l'humeur maussade de l'enfant l'arrangeait : il ne savait pas encore très bien ce qu'il lui dirait.

Mais au moment où il s'apprêtait à poser le pied au dispensaire, un obstacle se dressa sur sa route. Un obstacle aux allures de Sunite.
-Ah, Hubert, enfin !
A bout de souffle, le barde s'accora quelques instants pour reprendre sa respiration.
-Tu m'as fait chercher, tout à l'heure... Mais le temps de terminer ce que je faisais et de rallier la cour, la réunion d'état-major était terminée... Je n'ai rien manqué de crucial, j'espère ?

" Ah... fit le paladin. J'aurais voulu avoir ton avis sur tout, je dois dire... Que faire, que penser, où aller, quoi dire."
Il haussa les épaules.
" Je propose que tu m'accompagnes à l'infirmerie en m'éclairant de tes lumières. Nous n'avons encore rien gravé dans le marbre... Hormis le retour des colons jusqu'au fort... et peut-être l'attaque du fort adverse. Mais dis-moi d'abord comment tu vas... Pas trop de casse, j'espère ?"

-Oh si, il y a de la casse. Beaucoup, même : je suis d'une saleté repousante, mes cheveux sont dans un état lamentable et ma tenue, taillée sur mesure dans les étoffes les plus fines, est tout bonnement foutue. Franchement, pour m'avoir infligé pareil traitement, les cannibales mériteraient qu'on les ressuscite pour les abattre à nouveau. Et ce serait encore trop doux...
Il poussa un soupir spectaculaire.
-Cependant, je vais rassembler tout mon courage et te suivre, même si je ne suis pas sûr d'avoir un avis sur quoi que ce soit dans les matières dont vous allez discuter...
Albérich et Barthélemy se trouvaient toujours à l'infirmerie, le second attendant manifestement avec impatience l'arrivée de son matériel et se sa pharmacie.

Hubert rit joyeusement de la tirade de son compagnon.
" Rien de tel qu'un barde pour remettre les choses en perspective, dit-il avec philosophie. Mais j'ai une grande nouvelle pour toi : les thermes n'ont pas bougé."
Albérich leva les yeux et esquissa un sourire à leur approche. Il était toujours sous sa couverture, mais ses plaies avaient manifestement été nettoyées.
" En voilà un dont les vêtements, quoi que moins raffinés que les tiens, ont encore plus souffert.
— Moins raffinés ? C'est un des meilleurs tailleurs de Solarcis qui me les a faits, sur mesure !" protesta Albérich, amusé.
Hubert se tourna vers Giovanni, ce qui était plus prudent, compte tenu de la situation.
" Bon. L'état-major a décidé de rapatrier la communauté dans le fort... au moins pour quelques jours."

Giovanni grimaça.
-Tout le monde va revenir... Cela veut donc dire que les caves vont à nouveau être bruyantes, ce qui nuira à mon repos, et que les thermes seront derechef pris d'assaut, ce qui rendra impossibles de paisibles ablutions... Hum, tu es sûr qu'il est nécessaire que je reste avec vous pour bavarder ? Prendre un bain et enfiler une tenue propre me paraît autrement plus crucial...
Il y eut du bruit dans l'escalier. Selon toute vraisemblance, Alban avait réussi à accélérer le pas malgré son piètre état et son lourd fardeau.

" Va te laver, Giovanni, lui dit Hubert. Je voulais surtout ton avis sur les aspects stratégiques... Mais je pense que tu n'auras pas l'esprit libre tant que tu fleureras la transpiration et le sang."
Il se tourna ensuite vers Barthélémy.
" C'est plutôt avec toi, que j'aurais voulu parler, mais Alban arrive avec les fournitures médicales, je ne pense donc pas que ce sera pour tout de suite.
— C'est lui, ce bruit qu'on entend ?
— Ne me fais pas les gros yeux : j'ai essayé de le délester de son fardeau, mais je n'ai plus l'énergie requise pour affronter son entêtement, juste là."

Alban parut. De vert, son visage était devenu cramoisi, et il soufflait comme un bœuf sous l'effort.
-Pauvre garçon... commenta Giovanni, qui n'avait pas bougé d'un pouce. Assurément, ce n'est pas moi qu'on verrait exploiter aussi honteusement mes apprentis...
-Nous aurons l'occasion d'en juger avant peu, fit Barthélemy. En effet, Albérich à l'intention d'en confier à presque tous les membres adultes de la Communauté.
-Pardon ?! Heu... Hum... En fait, tout bien réfléchi, je crois que je serais un maître horrible. Odieux. Monstrueux, même... Et d'ailleurs, qui a dit que j'étais adulte ?
L'écuyer, rassemblant ses dernières forces, déposa doucement le sac au sol avant de se redresser pantelant.

Hubert soupira mais ne bougea pas plus que le barde. Emmitouflé dans sa couverture, Albérich ne broncha pas davantage. Le paladin eut même l'impression qu'il regardait ailleurs. C'était à Barthélémy d'intervenir, à présent. Sans doute Alban devrait-il s'asseoir un moment avant de pouvoir reprendre des activités plus modérées. Décidément, ce gosse avait un côté extrême qui mettait Hubert mal à l'aise. Un peu de mesure, à son âge, n'aurait pas été de trop. Ruth avait encore du travail, assurément.
" Bon. La question qui se pose, c'est que faire des cadavres ? dit finalement Hubert, en se retournant vers le Luménien.
— On ne pourra pas les enterrer, le sol est trop dur. Les brûler, éventuellement ?
— Ça va demander beaucoup de combustible, que nous n'avons pas.
— On ne peut pas simplement les laisser là, de toute façon. Il faudra bien en faire quelque chose !"

Alban resta debout. Barthélemy s'approcha pour le remercier pour son aide, avant de se pencher sur le sac, de l'ouvrir et de commencer à en sortir diverses boîtes et pots.
-Puisque nécessité fait force de loi, pourquoi ne pas les débiter, les saler puis les garder en réserve ? fit le SUnite, très sérieux. Avec une telle quantité de viande, il n'y aurait aucun risque que nous criions famine avant très, très longtemps. De plus, nous nous éviterions les désagréments de l'odeur d'un bûcher, ainsi que les maladies et les charognards que nous récolterions si nous les laissons à découvert.

" Mettons que je n'ai rien entendu et reprenons, dit Hubert avec un léger sarcasme dans la voix. Guillermo propose de les balancer par-dessus les remparts. C'est pragmatique, évidemment, et il entend provoquer la rage de nos adversaires. Je dois dire que même si je comprends l'avantage de la manoeuvre... Elle me heurte."
Il eut un sourire embarrassé.
" Elle me heurte et elle m'inquiète, aussi. N'est-ce pas exactement la manière dont se créent les âmes errantes ?
— C'est un risque, en tout cas. Les Landes paraissent riches en... énergies sombres... Nous ne savons toujours pas ce qui a mené Clairétoile à sa chute... Je pense qu'au-delà de la barbarie de la pratique, tes réserves font sens. Il serait dommage de laisser un vivier maléfique à quelques toises de la cité."

-Bon, si rien que balancer les corps par-dessus les remparts te choque, je ne vais pas proposer de les catapulter jusqu'au camp ennemi, même si ça aurait pu peser sur leur moral... lâcha Giovanni. Mais... Si on fait un bûcher pour deux cent cadavres, il y a fort à parier que nous n'aurons ensuite plus de bois. Si nous n'avons plus de bois, nous réchauffer deviendra très difficile, et il y a des chances que nous mourrions de froid. Si nous mourrons de froid, il est possible que ce soient nos âmes qui hantent les lieux. Serait-ce vraiment préférable ? Je noircis peut-être le trait, mais n'oublions pas que c'est l'hiver et que nous n'avons pas pléthore de vêtements ou de couvertures.

Hubert cherchait une trace d'humour sur le visage de Giovanni. Etait-il possible qu'un Sunite songe sérieusement à catapulter des cadavres ?
" Peut-être pourrions-nous envisager de les entreposer, simplement, dit Albérich, songeur. Et puis de... je ne sais pas... bénir le site, je suppose. Une cérémonie religieuse pourrait suffire à protéger leurs corps de certains désagréments et au pire, nous pourrons revenir assainir les lieux dès que possible. Si nous avions été plus proches des marais, nous aurions pu simplement les remettre à la terre... mais ici, le sol est trop dur. Même au printemps, les corps resteront en surface."
Il jeta un regard en direction du barde.
" Vu le revers que nous venons de leur infliger, je pense qu'il est inutile de nous abaisser aux pratiques des cannibales."

-Ils ont encore peut-être des dizaines de guerriers, Albérich. Et ils ne s'avoueront pas vaincus.
Le barde soupira.
-Mais, admettons. Où les entreposer ? Dans les caves ? Ils occuperaient des salles entières. Dans la nef ? Il deviendrait impossible de s'y entrainer, sans compter que, dans les deux cas, nous subirions de sévères désagréments. Dans l'autre fort ? Honnêtement, qui acceptera de s'exposer pour transporter les dépouilles d'hommes qui entendaient massacrer nos combattants, écorcher les civils et finalement dévorer les uns comme les autres ?
Pour sa part, Barthélemy s'était à nouveau penché au chevet des blessés, avec l'assistance d'Alban.

" Je n'étais pas contre les empiler dehors, dit l'ancien clerc d'une voix lasse. Mais j'imagine que ça équivaudrait à les lancer par-dessus la muraille."
Il soupira et Hubert s'en voulut de l'avoir accablé avec pareille discussion, alors qu'il paraissait encore si éprouvé, curieusement pâle.
" Je pense que Barthélémy est la bonne personne à interroger, ajouta-t-il finalement. S'il n'y a pas de danger d'en faire un gisement de non-morts... et bien sans doute faudra-t-il remiser la décence. "
Le paladin acquiesça.
" Oublions ça pour l'instant. Je vais aller aider au déblaiement, je reviendrai quand Barthélémy aura un peu de temps pour moi, dit-il en se levant. Et j'étais sérieux, Giovanni : va te laver."

L'intéressé secoua la tête.
-Non, je vais te filer un coup de main. De toute façon, je ne pourrai pas plus vomir que je l'ai déjà fait, ni me salir davantage que je ne le suis. Et puis, je suis relativement en forme : j'ai passé le plus clair de la bataille à lancer des sorts et à tirer à l'arbalète, je n'ai ferraillé que sur la fin... Bref, je dois me rendre utile, le contraire serait indigne.
Et ils sortirent accomplir leur macabre tâche. Quelques minutes plus tard, Barthélemy s'approchait du Luménien.
-A toi, maintenant.
Il se tourna vers Alban.
-Voudrais-tu aller chercher des vêtements pour Albérich ? J'imagine que les siens n'ont pas été emportés lors du repli...
L'écuyer esquissa une grimace mais n'en acquiesça pas moins avant de s'éloigner d'un pas lent. Non qu'il trainât les pieds : il semblait juste incapable d'aller plus vite.

Albérich grimaça en le voyant s'éloigner.
" Barthélémy, est-ce que tu crois que c'est normal qu'Alban soit à ce point... ralenti ? Je ne sais pas quand il a débouché dans la bataille, et je ne sais pas non plus comment il a fait pour arriver, à pied, jusqu'à la cour en si peu de temps... Mais il a l'air presque plus éreinté que les combattants... Il n'a pas été touché par quelque chose ?"
C'était peut-être juste de la lassitude, mais c'était quand même spectaculaire. Certains enfants se donnaient en spectacle de la sorte quand ils voulaient qu'on fasse attention à eux, Albérich ne l'ignorait pas... Cela cadrait mal avec ce qu'il savait de l'enfant.

-Je l'ai brièvement observé, mais il n'a pas l'air blessé. Revenir jusqu'au fort en courant puis transporter ce sac terriblement lourd a dû l'épuiser, ses folles chevauchées sur le destrier ne pas le laisser totalement indemne, et la vue de la bataille le secouer.
Le clerc entreprit de panser les plaies de son ancien homologue.
-Mais si tu veux mon avis, ce qui l'a le plus ébranlé et vidé... C'est de découvrir que son maître, pour qui il a beaucoup d'affection, est susceptible de se lancer dans des actes totalement suicidaires alors même que cela n'est ni nécessaire, ni franchement utile.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une route oubliée