La Couronne de Cuivre

Le barde ferma les yeux.
Il occupait l'enveloppe charnelle d'un enfant humain, ne disposait ni de ses sens ordinaires, ni de ses sorts, ni de son habileté au combat.
Mais il était ici pour une bonne raison, non ? Et cette bonne raison, ce n'était certainement pas juste se carapater pour aller chercher des secours qui avaient toutes les chances d'arriver trop tard...
-Va prévenir Aymeric, vite ! dit-il à Henri, d'un ton pressant.
L'instant suivant, il faisait volte face et s'élançait vers la forêt.
Pour y faire quoi ?
Bah, il improviserait.

Il entendit bien Henri l'appeler depuis le chemin, le supplier de revenir, mais le fils du boulanger ne le suivit pas, et Taliesin dut en déduire qu'il avait obéi et était parti chercher de l'aide. Lui même remonta le sentier précipitamment et déboucha à nouveau au pied de l'arbre à la cabane. On n'entendait plus rien, et sa seule piste était l'élargissement du passage vers le chariot et l'odeur bestiale qui flottait toujours dans l'air. Il devait cependant décider de la manière dont il entendait procéder : par le bois ou par la sente. Et il y voyait de moins en moins clair...

La prudence aurait voulu qu'il passe par le bois. Malheureusement, vu son épaisseur, vu le manque de lumière, il y progresserait avec une lenteur désespérante et en faisant tant de bruit qu'il ne pourrait qu'attirer l'attention de la créature hostile. Bref, ce serait donc le sentier : au moins avancerait-il plus vite et sans déclencher un retentissant vacarme. Et si d'aventure il était attaqué... Il lui faudrait compter sur sa prestesse et détaler entre les arbres, en espérant que leurs troncs serrés barreraient le passage à son massif assaillant.

Il n'eut aucun mal à avancer, cette fois. Il n'y avait plus aucune branche basse en travers du parcours, pas de ronces ni de racines, d'orties penchées ou de fougères tenaces. Tout avait été piétiné, renversé, arraché, bouleversé. L'odeur se fit plus forte au fur et à mesure qu'il progressait. Il vit enfin une première trace dans la terre meuble : c'était la patte d'un carnassier, à n'en pas douter, mais cela ne semblait ni être un loup, dont l'empreinte rappelait celle du chien, ni être un ours. C'était en tout cas une bête de bonne taille, car Taliesin put poser ses deux pieds d'enfants sur la trace sans la recouvrir entièrement.
Il parvint enfin en vue de la clairière, et la première chose qu'il nota fut que le chariot d'où il avait tiré du bois la veille avait été tout simplement pulvérisé. Des esquilles de bois vermoulu couvraient l'herbe de la trouée, sur plusieurs toises. En se décalant un peu, il aperçut un imposant dos noir, de l'autre côté de l'espace ouvert, au pied d'un arbre gracile. L'animal était hirsute et sombre, quadrupède pour l'instant, avec la taille d'un gros ours bien qu'il fut pourvu d'une queue touffue, en panache. Il grommela et Taliesin vit une patte griffue labourer le tronc. Ce genre de créature avait certainement, il ne pouvait l'ignorer, un excellent odorat, bien meilleur que sa vue...

Si le monstre n'avait pas été en train de gratter le tronc, il aurait pu croire qu'il se repaissait déjà du cadavre de Valaellyn. Il l'avait d'ailleurs cru, un instant, et son soulagement fut si intense qu'il demeura d'abord sans réaction. Mais il finit par revenir à la réalité, à sa précaire situation... Jetant des regards autour de lui, il tenta de repérer un arbre auquel il pourrait grimper, afin de se mettre à l'abri, au moins temporairement. Ensuite... Ensuite, et bien, il aviserait en fonction des événements...

Des arbres, il y en avait partout, mais tous n'étaient pas faciles à escalader. Sous sa forme elfique, Taliesin aurait rapidement trouvé branches à son goût, mais le corps frêle de Gérold n'avait ni sa taille, ni sa souplesse. Il finit par repérer un hêtre en bordure de la clairière, qui semblait offrir de bonnes possibilités. Pour éviter le sous-bois, il devait se mettre à découvert, cependant. Il fila le plus vite possible, prit appui sur le tronc, et grimpa comme un jeune écureuil dans l'entrelacs de branches. S'il s'avéra plus leste que ne l'avait craint le barde, il entendit cependant le bruit caractéristique d'un fond de culotte qui se déchire. Il ne s'arrêta cependant qu'une fois à bonne hauteur. Ses bras et ses jambes étaient couverts d'écorchure et son pantalon avait souffert. En contrebas, la bête s'était détournée de son arbre et humait l'air nocturne. C'était une sorte de mélange entre un chien et un ours, grand comme un taureau, les crocs baveux et les yeux noirs. Il semblait un peu myope, mais sa truffe frémissait, signe qu'il guettait quelque chose.

Il essaya de se faire tout petit, s'efforça de demeurer immobile comme une statue. Bien sûr, si la créature chassait surtout grâce à son odorat, ses précautions seraient d'une efficacité au mieux limitée, au pire proche du néant. Mais au moins n'aggraverait-il pas sa situation et, peut-être, gagnerait-il un peu de temps... Répit éventuel qu'il entendait mettre à profit pour tenter de repérer Valaellyn. Même s'il n'y voyait plus grand chose, il croyait savoir dans quel arbre elle se trouvait, et pour peu qu'elle porte toujours sa robe rouge...

La clairière permettait aux dernières lueurs du soir de se déverser dans la forêt, aussi Taliesin put-il observer les arbres — et surtout celui qu'il surveillait — avec une certaine acuité. Il finit par y distinguer la tache rouge qu'il espérait. A moins qu'un cerf-volant écarlate ne s'y soit accroché, à moins qu'un oiseau vermeil s'y soit perché, il y avait de forte chance que l'arbre lacéré par la créature soit effectivement le refuge de la petite elfe. Le tronc était mince, trop mince pour que la bête puisse y grimper (vu ses griffes, c'était chose possible), mais elle était probablement parfaitement capable de le briser. Pour l'heure, elle demeurait au coeur de la clairière, truffe levée, hésitante. Sans doute avait-elle capté les effluves du petit garçon et se tâtait-elle quant à la proie à lever en premier lieu...

Le monstre hésitait ? Tant mieux ! D'abord parce que cela voulait dire que sa décision de revenir n'avait pas été purement stupide, qu'elle avait au contraire servi à quelque chose. Ensuite, et surtout, parce que cela signifiait que Valaellyn et lui disposaient d'un réell répit... Combien de temps durerait-il ? Pas beaucoup, assurément. Sans doute pas assez pour permettre aux renforts d'arriver... Il était donc impératif de songer dès à présent à des moyens pour détourner l'attention de l'ennemi. En jetant des morceaux de bois dans une autre direction, peut-être ? Il faudrait tester le moment venu...

Taliesin eut rapidement la preuve que la bête l'avait repéré, car elle vint se frotter contre le tronc de son arbre en grognant, secouant le pauvre hêtre et obligeant l'enfant à se cramponner. Elle n'alla cependant pas plus loin, retourna au centre de la clairière pour gronder de son cri guttural, avant d'aller arroser l'arbre de Valaellyn d'un puissant jet d'urine. Ensuite, elle se coucha dans l'herbe, tête hirsute sur ses pattes avant croisées, et demeura immobile. Ses yeux noirs étaient ouverts, sa truffe frémissante, et au-dessus d'eux, les premières étoiles piquetaient un ciel de plus en plus sombre.

Le monstre était-il du genre paresseux, préférant attendre que ses victimes descendent - ou tombent - de leur perchoir pour s'en saisir, s'épargnant ainsi la peine d'aller les chercher ? Cela en donnait l'impression même si, n'ayant rien d'un expert en comportement animalier, il n'aurait pu en jurer. Quoi qu'il en soit, cela faisait leurs affaires : ils pouvaient se contenter de patienter jusqu'à ce qu'Aymeric et les villageois volent à leur secours. Ce ne serait certes pas une attente très agréable mais... La situation aurait pu être bien pire.

Malheureusement, la patiente de la créature avait ses limites et au bout d'un moment, elle se redressa pour s'approcher de l'arbre du barde. Il perçut une odeur épouvantable, au moment où elle marqua son territoire sur le tronc, puis le hêtre s'agita brusquement, le forçant à se cramponner. C'est alors qu'il vit la forme rouge descendre le long de l'arbre, en face de lui. La petite tache écarlate se mouvait à une vitesse impressionnante, glissant probablement plus qu'elle n'escaladait les branches, vers le sol. Dans quelques secondes, elle serait vraisemblablement à terre.

Peut-être la petite elfe avait-elle en tête un plan bien arrêté. Peut-être était-elle asses preste pour échapper à la créature. Néanmoins, il n'avait aucune certitude en la matière et ne pouvait donc rester inactif...
-Valaellyn, remonte ! lui lança-t-il, espérant qu'elle comprendrait, comme l'avait affirmé Aymeric. Ne prends pas de risques ! Si on balance des trucs au loin, comme des branches... Si ça se trouve, ça suffira à attirer son attention !
Attention qui, pour l'heure, devait être entièrement tournée vers lui... C'était à espérer, en tout cas.

Si la tache rouge s'immobilisa dans sa descente, elle reprit pourtant quelques secondes plus tard et finit par atterrir sur l'humus. Là, elle poussa quelques cris perçants, qui suffirent à attirer l'attention de la bête. Celle-ci se détourna de l'arbre de Gerold en grognant, puis chargea immédiatement la petite fille. Vive, elle s'engagea dans les sous-bois touffus, pieds nus dans les feuilles mortes. L'espèce de loup-ours ne ralentit pas à la lisière de clairière et fonça à travers les branchages, arrachant tout sur son passage. Il était cependant ralenti par la végétation et sans doute la petite elfe pourrait-elle prendre rapidement une saine avance...

Il fallait l'espérer, car lui-même se voyait mal s'élancer aux trousses du monstre, avec le risque que celui-ci perçoive sa présence, fasse volte-face et se rue sur lui, sachant qu'il n'était ni aussi rapide, ni aussi agile que Valaellyn. Cependant, pour être en mesure d'agir en cas de besoin - par des moyens dont il ignorait encore tout -, il entreprit de descendre de son arbre, décidé à demeurer près du tronc, tous les sens aux aguets... Hum, sans doute serait-ce également une bonne idée non seulement de croiser les doigts, mais également d'adresser quelques prières à qui voudrait bien l'entendre.

Il n'entendit que le fracas de branches brisées, pendant quelques minutes, s'éloignant peu à peu.
Puis ce fut le silence. Un silence profond, car aucun insecte, aucun oiseau, aucune petite créature des bois, ne produisait le moindre son. Seul le vent s'amusait dans les branches, sans se soucier des petits drames qui se déroulaient sous lui. Timide, un criquet se mit à crisser non loin. Un hibou lâcha un hululement bref. Toujours rien d'autre. Un trou béant dans le sous-bois et l'odeur de bête qui perdurait. D'autant que Taliesin s'était mouillé dans l'urine de la créature en descendant de son arbre.

Aussi lamentable soit-il, l'état de ses frusques et de sa personne était, pour l'heure, le cadet de ses soucis. Car c'est pour Valellyn, et pour elle seule, qu'il s'inquiétait. Avait-elle réussi à prendre assez d'avance sur son horrible poursuivant ? Le cas échéant, était-elle parvenue à se hisser à temps dans un nouvel arbre ? Il avait tout lieu de le croire, mais ne pas pouvoir être fixé rendait sa situation terriblement pénible, au point que l'envie de se ruer sur sa piste le démangeait. Il s'efforça toutefois d'y résister. D'abord parce que la manœuvre serait terriblement dangereuse. Ensuite, parce qu'il n'était pas impossible que l'elfe ait eu pour projet de semer le monstre puis de revenir à la clairière...

Mais les minutes s'écoulèrent sans que rien ne se produise. Les bruissements d'une nuit ordinaire s'étaient faits plus nombreux, insectes et rongeurs avaient pris leurs aises, le ciel était parsemé d'étoiles, des petits nuages de lucioles dansaient à l'orée du bois, une grenouille passa près de ses pieds en croassant. Le ballet des chauve-souris débuta non loin, il n'en devinait que les ombres furtives, le frémissement de leurs ailes lorsqu'elles approchaient du sol. Puis il y eut des clameurs, des lueurs, et en se retournant, il devina que des hommes avaient gagné la lisière de la forêt. De Valaellyn et de la bête qui l'avait poursuivie, aucune trace.

La cavalerie était enfin là. Mais arrivait-elle à temps ? Avait-il bien fait d'attendre ? N'aurait-il pas dû s'élancer au trousses de Valaellyn et du onstre, pour tenter à nouveau de faire son possible ? C'est-à-dire pas grand chose... Quoi que, tout bien réfléchi, sa première intervention n'avait-elle pas sauvé la mise à la petite elfe ? Autant de questions qui demeureraient encore un moment sans réponse, il le craignait... Cependant, il pouvait sans doute encore se rendre utile en allant trouver les nouveaux venus, en leur expliquant la situation, en les guidant jusqu'à la clairière... Alors, sans perdre un instant, il entreprit de rebrousser chemin jusqu'à l'orée des bois, aussi vite que sa vue humaine le lui permettait.

Trébuchant dans les branchages, Taliesin parvint à se frayer un passage jusqu'à la clairière de la cabane. Il y déboucha en même temps qu'un groupe d'une dizaine d'hommes ainsi qu'une femme, sa mère. A la lueur des torches, elle se jeta sur lui, et l'étreignit avec force.
" Oh Gérold, mon Gérold, dis-moi que tu n'as rien." gémit-elle en l'examinant sous toutes ses coutures, les larmes aux yeux.
Elle l'étreignit à nouveau. Un homme de grande taille, un gourdin imposant à la main, se tourna vers Aymeric, qui les avait accompagnés, et qui paraissait livide.
" Vous avez de la chance, imbécile ! Risquer ainsi la vie d'un de nos garçons, pour votre petite créature ! Avez-vous perdu la tête ?!"
Il posa la main sur l'épaule de sa mère.
" Venez, ma chère, rentrons à présent."

Il sentit la moutarde lui monter au nez.
-Sans cette "petite créature", comme vous dites, j'y serais passé ! gronda-t-il, poings sur les hanches. Et si vous vous repartez tout de suite, et bien, y en aura d'autres qui y passeront. Des garçons, des filles, et peut-être même des adultes. Parce que c'est un sacré monstre qui se balade dans la forêt. Une sorte de mélange entre un ours et un loup. Mais ça a pas empêché Valaellyn, oui, parce qu'elle a un nom, la petite créature, de l'attirer pour pas que ce monstre abatte l'arbre où j'avais grimpé !

La gifle partit, vive comme l'éclair, laissant la joue du gosse cuisante.
" Ne me parle pas comme ça, gamin." gronda l'homme.
Il se tourna vers sa mère.
" On voit qu'il n'y a pas d'homme, chez vous, Lorna. Vous n'arrivez clairement pas à mâter votre braillard."
La jeune femme ne répondit pas mais ses mains se crispèrent sur les épaules de l'enfant. Elle l'entraîna vers la sortie du bois, sans le laisser protester. Seul Aymeric demeura en arrière, tandis que le groupe prenait la direction du village.

Mais le barde, qui ne l'entendait pas de cette oreille, se campa solidement ses pieds et tenta de demeurer immobile.
-Maman, ne repartons pas avec eux, fit-il d'une voix ferme. Qu'on soit pas de la même race, ça a pas empêché Valaellyn de me sauver la vie. Et comment il va s'en sortir, Aymeric, tout seul face à un tel monstre ? Et comment le village il s'en sortira, s'il perd son seul clerc ? Et quand tous les elfes qui habitent la forêt apprendront qu'on a été trop lâches et trop égoïstes pour venir en aide à une petite fille de leur peuple qui, pourtant, à sauvé l'un des nôtres ?

" Ne sois pas ridicule, Gérold, tu sais qu'il n'y a pas d'elfes dans la forêt." dit sa mère à mi-voix.
Elle s'agenouilla devant lui.
" Mon chéri. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé et... je veux bien croire que Valaellyn... t'ait aidé, mais... Crois-tu que toi et moi allons faire la différence ? Je ne peux pas me mettre en conflit avec le reste du village, et sûrement pas avec Roger, tu le sais... Si tu veux aider Aymeric..."
Elle prit une profonde inspiration.
" Tu dois le faire seul. Je ne peux pas venir avec toi. Cela hypothèquerait mes possibilités de survie à Hautépine."

-Mais bien sûr que si, il y a des...
Il n'alla pas plus loin. Les elfes n'avaient-ils pas encore révélé leur existence aux humains ? Ceux-ci n'avaient-ils jamais lu le moindre livre traitant du sujet, pour peu qu'il en existe ? Il n'en savait rien et ce n'était pas le moment de s'interroger sur pareil sujet... ou de les évoquer.
-Je comprends, maman, reprit-il finalement, d'un ton doux. Mais il faut que j'y retourne. Parce que... C'est juste. Parce que c'est la chose que je dois faire, je le sens. Mais ne sois pas trop inquiète, d'accord ? Je serai prudent, tu as ma parole.

-Mais bien sûr que si, il y a des...
Il n'alla pas plus loin. Les elfes n'avaient-ils pas encore révélé leur existence aux humains ? Ceux-ci n'avaient-ils jamais lu le moindre livre traitant du sujet, pour peu qu'il en existe ? Il n'en savait rien et ce n'était pas le moment de s'interroger sur pareil sujet... ou de les évoquer.
-Je comprends, maman, reprit-il finalement, d'un ton doux. Mais il faut que j'y retourne. Parce que... C'est juste. Parce que c'est la chose que je dois faire, je le sens. Mais ne sois pas trop inquiète, d'accord ? Je serai prudent, tu as ma parole.

Elle acquiesça, les yeux brillants, et se releva. Son regard fila ensuite au-dessus de la tête du petit garçon pour se poser sur Aymeric, juste derrière lui. Aucun mot ne s'échangea, mais elle lui pressa une dernière fois l'épaule, puis partit à la suite du groupe qui quittait la forêt, bredouille. Le clerc paraissait extrêmement embarrassé, presque défait. Mais il esquissa un sourire et tendit la main à Taliesin.
" Si tu me disais ce que tu as vu, Gérold." dit-il avec beaucoup de chaleur.

-Je vous raconterai en chemin, répondit-il en acceptant la main tendue. Venez.
Et, tout en le guidant - il n'y avait pas de temps à perdre -, il raconta ce qui s'était passé. Il s'efforça de donner un maximum de détails sur la créature, son apparence et son comportement, espérant que le clerc l'identifierait rapidement et pourrait donc se préparer au mieux à la confrontation. Il tenta, aussi, de le rassurer quant au sort de Valaellyn, mettant en avant sa rapidité, son agilité, l'ingéniosité de ses manœuvres...

" Je crois que c'est un glouton sanguinaire, dit le clerc, hésitant, une fois qu'ils eurent gagné la clairière au chariot, où l'odeur demeurait forte. Ça ne va pas être simple... Je ne suis pas exactement expert de ce genre de confrontations. Je dois dire que j'aimerais autant que nous parvenions à attirer Val hors de la forêt... mais elle est tellement imprévisible..."
Il soupira.
" Elle est rapide, tu as raison, mais ces gloutons ont un odorat extrêmement fin... et nettement plus d'endurance qu'elle. Par contre, je ne pense pas qu'il osera s'aventurer hors du bois. Et s'il le faisait... je pense que les villageois seraient forcés d'intervenir, ne fut-ce que pour sauver leurs vaches..."

-Ce serait quand même mieux s'ils acceptaient de s'en occuper même s'il ne sort pas à découvert. Parce qu'on vient jouer ici, parfois, et on doit pas être les seuls. Alors il risque d'y avoir des accidents...
Soupir.
-On devrait suivre sa piste : Valaellyn doit être dans un arbre et le glouton essayer de l'en déloger ou faire le guet autour... A mon avis, il faudra essayer de faire une diversion. Ça a plutôt bien marché, tout à l'heure.

La Couronne de Cuivre

[Ailleurs] Quête : Dix Petits Gosses