La Couronne de Cuivre

- Je vais m'occuper de l'auroch, pas de souci. Je pense qu'on devrait essayer de cuire une partie de la viande dans de l'eau et la mettre dans l'un des bocaux vides, en remplissant d'eau bouillante et en fermant hermétiquement sans laisser entrer d'air... Ça ferait des sortes de conserves, et elle devrait tenir quelques jours. Enfin, j'espère... De toute façon, si elle est avariée, on s'en rendra tout de suite compte !
Il y avait dans les environs des branches cassées traînant sur le sol, de quoi faire un feu plus conséquent qu'à l'ordinaire, donc l'idée était parfaitement réalisable.
La druidesse se mit à préparer la bête, avec des gestes presque aussi efficaces que ceux qu'auraient eu Kasumi. Elle avait la bonne technique, mais peut-être moins de pratique. Sans doute chassait-elle plutôt des animaux de petite taille, d'ordinaire... Quant au rôdeur, il pouvait aisément filtrer l'eau avec des couches de textile superposés, alternant avec une ou deux couches de sable qui piégeraient les déchets végétaux ou organiques.

Le filtrage d'assez d'eau pour remplir tous leurs récipients et se garder une bonne réserve pour la nuit était une tâche fastidieuse mais qui ne réclamait guère d'attention aussi pu-t-il réfléchir posément à leur situation, à la reconnaissance à mener le lendemain, à la façon dont ils allaient essayer d'aborder le shaman, le séparer de ses hommes et l'interroger. Il faudrait faire vite : le capturer en l'assommant peut-être. En tous cas ils devraient jouer suffisamment serré pour empêcher ses gardes de réagir. Il n'avait aucune envie de faire couler leur sang s'il pouvait l'éviter et l'un d'entre eux ou même un aigle pouvait être blessé : une raison supplémentaire d'éviter une confrontation ouverte. Satisfait de son opération avec les premières gourdes, il l'interrompit juste le temps de mettre une belle pièce de viande à braiser avec quelques épices. Il n'aurait qu'à la retourner de temps à autre tout en préparant un accompagnement mais pour l'heure, il pouvait se concentrer sur la fin de sa première tâche.

La teinte du sable aux alentours virait à l'orange vif tandis que le soleil glissait doucement vers l'horizon. L'opération de filtrage se déroulait à merveille, et une bonne odeur de viande se répandait dans l'atmosphère. Eärundra s'était remise à préparer le reste de la viande, fidèle à son idée d'en faire des conserves.
Elle fut la première à entendre le bruit, levant brusquement la tête, attentive. Kasumi l'entendit à son tour : le son de voix aux accents sifflants, provenant de derrière le petit bosquet de palmiers et épineux. Des personnes, peut-être des asabi, étaient en train de discuter. Ils étaient trop loin pour que leur voix soient davantage qu'un vague murmure, mais peut-être se dirigeaient-ils vers l'oasis.

Dès qu'il eut entendu les voix qu'il identifia aussitôt comme appartenant à des êtres reptiliens, Kasumi se renoua une écharpe autour de la tête pour dissimuler en partie ses traits. Certes il y avait peu de risque qu'il s'agisse du groupe de Huasasth mais il préférait ne pas courir le risque. Il était bien évidemment trop tard pour dissimuler leur campement qui avait dû se voir de très loin. Il vérifia que ses armes glissaient convenablement hors de leur fourreau puis sortit son arc sans le bander toutefois. Il s'adressa à Eärundra d'une voix quelque peu tendue :

- Ils n'ont pas pu faire autrement que voir notre feu et c'est le seul lieu de bivouac possible aux alentours. Préparons-nous à les recevoir. Je vous laisse les aborder si vous préférez mais il n'est pas exclu qu'il ne s'agisse que de simples pillards qu'il faudra éliminer.

La druidesse acquiesça.
- Je n'ai pas forcément l'intention de les aborder, fit-elle néanmoins remarquer. Je pense simplement les laisser venir et les saluer de loin. L'oasis est assez grande pour qu'il y ait de la place pour tout le monde. Mais effectivement, mieux vaut se tenir prêt à nous défendre en cas de problème.
Elle jeta un coup d'oeil aux aigles.
- Ce qui m'inquiète, c'est plutôt Opale et Rubis. Ils ne les ont certainement pas encore vus, on est cachés par la végétation... Mais s'ils les voient, cela peut attiser leur convoitise. Ou, au moins, les intriguer suffisamment pour qu'ils en parlent. On est trop loin de la tribu de Huasasth pour que ça parvienne à ses oreilles avant qu'on l'ait rencontré, du moins je l'espère. A moins qu'il n'y ait parmi eux un lanceur de sorts capable de communiquer à distance...

Kasumi ne voyait pas comment faire en sorte que les asabis ne puissent pas remarquer les deux aigles. Même s'ils décidaient d'abandonner l'oasis maintenant, les reptiliens ne manqueraient pas de lever la tête et de les remarquer tant ils attireraient l'attention. La question soulevée par Eärundra en amenait une autre : outre un potentiel lanceur de sorts parmi eux, de quelle force disposait ce nouveau groupe et aurait-il le moyen de les attaquer par convoitise ?

- Il faut qu'on sache au moins combien ils sont et si possible ce qu'ils viennent faire ici. Mais que leur dirons-nous s'ils veulent savoir la même chose ? Que nous rendons visite à ton ami, toujours ? Je ne suis pas certain qu'il apprécierait qu'on le mêle à nos affaires.

- Ne t'en fais pas pour ça. Rendre visite à Ta'sslan est la meilleure couverture que nous ayons, si on peut parler de couverture. Surtout en territoire asabi. Ils ne l'aiment pas vraiment, ils sont souvent en désaccord avec lui, mais ils le respectent, quelque part...
Elle se tut un instant, écoutant le bruit de voix qui devenait un peu plus net, et jeta un coup d'oeil aux aigles.
- Je pourrais leur dire de rester sagement derrière ces arbres, de l'autre côté de l'eau... mais les asabis peuvent très bien s'approcher par là. ou alors... Je pourrais les rapetisser. J'ai un sortilège pour ça. Si j'arrive à les convaincre... Mais tu as raison, il faut d'abord voir à qui nous avons affaire. Veux-tu te charger de traverser ce petit bosquet pour aller voir ce qui se trame derrière ?

Le rôdeur hocha la tête : l'idée de diminuer la taille des aigles lui paraissait bonne mais à condition seulement qu'ils n'aient pas à s'échapper : ne plus pouvoir compter sur eux pour fuir risquait d'apporter plus de problèmes que d'avantages.

- Oui, je vais tenter de m'approcher d'eux discrètement et les aborder s'ils me repèrent. Prépare-toi à lancer ton sortilège mais uniquement si je reviens sans encombre. Sinon, nous aurons besoin des aigles.

Le demi-elfe tenterait de s'approcher sans se faire voir mais il doutait de vraiment y parvenir : ce n'était pas vraiment son terrain de prédilection, contrairement aux asabis. Mais il fallait le faire, savoir à qui ils avaient affaire.

Ils avaient établi leur campement au bord du marigot, et ils étaient séparés du désert par un petit bosquet composé de palmiers, cactus, épineux divers. La végétation y était suffisamment dense pour le dissimuler, mais la traversée n'avais rien d'une partie de plaisir, comme ils s'en étaient rendus compte lors de leur cueillette. Toutes les plantes poussant dans les environs étaient dotées d'épines agressives.
Il parvint rapidement en bordure du bosquet, et aperçut leurs "visiteurs". Une douzaine, ou peut-être une quinzaine, d'asabis, avec quelques chameaux chargés de monceaux de bagages. Les reptiliens portaient eux aussi des charges imposantes. D'où il était, il ne pouvait pas voir s'ils étaient armés. Mais il pouvait ne s'agir que d'une simple caravane de commerçants...

Vu le harnachement des asabis, il était peu probable qu'ils s'agissent de pillards à moins bien sûr qu'ils viennent de dévaliser une caravane. Le rôdeur, après avoir repéré où les reptiliens s'installaient exactement, demeura quelques instants à les observer pour tenter de déterminer si l'un d'eux commandait ou même s'ils comptaient un lanceur de sort. Il tenta aussi de repérer où les chameaux se trouvaient : en cas de confrontation, ils seraient leur point faible si Eärundra ou lui-même parvenait à les faire paniquer et ainsi occuper une bonne partie du groupe pour les maîtriser. Dès qu'il aurait appris ce qu'il voulait savoir ou si un asabi faisait mine d'approcher de sa position, il retournerait vers son campement le plus discrètement possible.

Les asabis obliquèrent vers la droite en arrivant au bosquet et commencèrent à le contourner. Ils installèrent finalement leur campement à l'est du bosquet, sans aller plus loin. D'où ils étaient, ils devaient apercevoir le marigot, au nord-est du bosquet, mais pas leur campement. Ni les aigles, d'ailleurs.
Kasumi ne put déterminer s'il y avait parmi eux des lanceurs de sorts. Certains étaient plus fluets que les autres, et n'étaient certainement pas des combattants, mais il pouvait tout aussi bien s'agir de simples commerçants. Les rares vêtements -ou parures- qu'ils portaient se ressemblaient, simples gilets de cuir ou d'écailles, et ne se distinguaient guère de leur peau.
Il distingua en revanche leur chef, l'un des plus grand asabis du campement, qui envoya immédiatement deux de ses hommes s'approcher du marigot. Peut-être avait-on aperçu la fumée de leur feu, de loin...

Kasumi se hâta de retourner vers son campement dès qu'il eut repéré la manœuvre des asabis. Il escomptait intercepter les deux éclaireurs avant qu'ils ne puissent repérer les aigles ou - à défaut - arriver avant eux et peut-être les dissuader de s'aventurer plus près le temps nécessaire pour que la druidesse dissimule les oiseaux géants. Après s'être éloigné de quelques mètres, il adopta un pas beaucoup plus rapide pour prendre de vitesse les asabis.

Les deux asabis longeaient les arbres, avançant sans bruit sur le sable. On les sentait sur leurs gardes, inquiet peut-être de ce qu'ils trouveraient au détour du bosquet, au bord de l'eau. Aux aguets, ils perçurent nettement les quelques craquements de branche révélant l'approche rapide du rôdeur, et se tournèrent brusquement vers les bois. Kasumi nota qu'ils avaient tous deux la main sur la garde de leur épée, prêts à dégainer.
- Qui va là ? lança l'un d'entre eux avec un accent traînant.
Ils avaient tous les deux les yeux fixés sur lui, et les quelques arbres qui les séparaient encore ne les gêneraient pas véritablement s'ils désiraient l'attaquer.

Il était repéré et c'était précisément ce qui avait été dans ses intentions. Le demi-elfe jaugea les deux asabis et conclut que s'il avait à se battre contre eux, il gardait de bonne chance de les neutraliser avant l'arrivée des renforts. Mais ce serait courir le risque de les voir tout de même donner l'alerte et de se voir submergé sous peu. D'autant plus que les asabis - malgré leurs dehors revêches et leur vigilance bien légitime - n'avaient pas montré de signe d'hostilité. Le rôdeur montra donc ses mains, les éloignant légèrement de la garde de ses épées. Au besoin, il ne lui faudrait qu'un instant pour dégainer et les asabis ne semblaient pas en mesure de l'attaquer de loin... C'était donc un geste symbolique plus qu'autre chose.

- Un voyageur qui a élu domicile ici pour la nuit. Et je vous retourne la question.

- Vous êtes ici sur notre territoire, répliqua l'asabi sans la moindre once d'amabilité, ignorant superbement la question posée par le rôdeur.
- Etes-vous seul ? questionna son compagnon. J'imagine que non, aucun elfe n'est assez fou pour s'aventurer seul dans ces parages...
- Quelles sont vos intentions ?

Kasumi se contenta de hausser les épaules, ne s'étant pas attendu à un accueil chaleureux et cordial de toute façon. Il répondit d'un ton calme mais où pointait tout de même une bonne dose de sarcasme :

- Je ne suis pas seul non mais mes amis sont plus timides que moi : ils ne savent pas ce qu'ils ratent avec toutes ces rencontres que l'on fait au hasard des oasis ! Quant à nos intentions, nous n'en avons pas à votre encontre, soyez-en assuré. Nous serons parti dès demain matin.

- Si vos intentions ne sont pas hostiles, c'est l'essentiel. Mais ne vous avisez pas de vouloir vous jouer de nous...
Sur ces mots, l'asabi se détourna et revint vers l'orée des bois, suivi par son compagnon, bien décidé à poursuivre sa route vers l'étendue d'eau au nord. Il voulait certainement vérifier de ses propres yeux l'importance du campement de Kasumi. Et aussi, bien sûr, se ravitailler en eau.
Le rôdeur nota qu'ils restaient aux aguets, et que l'un d'eux tournait fréquemment sa grosse tête reptilienne vers lui, surveillant sa réaction.

En voyant qu'ils se dirigeaient vers leur campement, le rôdeur tenta de retenir les éclaireurs en levant le ton : peut-être assez pour qu'Eärundra l'entende. Du moins il l'espérait.

- Hey attendez ! N'allez pas tout de suite par là : ma compagne est peut-être en train de se baigner et je préfère qu'elle puisse garder un peu d'intimité. Laissez-moi au moins une minute pour aller vérifier.

Une sorte de chuintement étrange lui répondit, qu'il finit par identifier comme étant probablement un rire.
- Mais qu'est-ce que vous voulez qu'on en ait à faire d'une mocheté d'elfe ? répliqua finalement l'un d'eux.
- Puis c'est bien connu, les elfes aiment la nature et la pureté et aiment se baigner nus dans les lacs. Donc elle ne s'offusquera pas d'avoir du public !
Et ils poursuivirent leur route sans faire mine de ralentir. Sans accélérer non plus, d'ailleurs.

Mais le rôdeur avait atteint son objectif : si la curiosité des asabis ou une même une sorte de devoir les poussait à aller vérifier leur campement, il avait le sentiment d'avoir donné assez de temps à Eärundra pour lancer son sort sur les aigles. Pour en être certain et peut-être aussi parce que la remarque sur les elfes avaient piqué un peu sa fierté, il répliqua d'un ton moqueur :

- Alors qu'il est tout aussi bien connu que la pureté est une notion étrangère aux asabis et que c'est bien pourquoi personne ne les as déjà vu nus dans un lac. Remarquez, ce n'est pas un reproche : ça nous laisse plus de place et l'eau est ainsi bien moins saumâtre.

Bon, il y était peut-être allé un peu fort sur cette dernière saillie. Mais après tout les elfes passaient pour être arrogants : cela correspondait davantage au personnage.

Il y était peut-être allé un peu fort, en effet. L'un des asabis fit immédiatement demi-tour pour revenir vers lui, la main sur la garde de son arme.
- Vous êtes beaucoup trop insolent pour espérer vivre longtemps dans ce secteur, lança-t-il de sa voix sifflante. Et vous apprendrez que quand on me cherche, on me trouve...
- Laisse tomber, lui lança l'autre.
- J'exige d'abord des excuses !
- On ne sait pas combien...
- Des excuses !

Le rôdeur décida que mieux valait calmer le jeu et ranger sa fierté pour le moment. Toutefois, céder trop franchement à la menace ne pourrait qu'encourager l'asabi dans cette voie aussi devait-il jouer finement à présent. Un peu plus que précédemment en tous cas :

- Bon très bien : je ne cherche pas l'affrontement avec vous alors laissez votre arme au fourreau. Je m'excuse d'avoir laissé entendre que vous êtes crasseux. C'était malpoli de ma part.

Une lueur brillait dans son regard et il n'avait pas quitté un instant l'asabi des yeux. Toutefois, il n'avait pas non plus entreprit de mouvement hostile, ses mains toujours en évidence comme ses épées d'ailleurs. Et puis c'était autant de temps de gagné.

Apparemment, même s'il n'avait pas fait de mouvement hostile, le seul fait de regarder l'asabi dans les yeux était une forme d'insulte. Il vit clairement les muscles de son interlocuteur se tendre, et il pouvait sans peine imaginer que s'il avait été humain, il aurait viré au rouge brique.
- Vous êtes beaucoup trop insssolent pour vivre longtemps par ici, je le répète... pas sssûr du tout que vous passsiez la nuit...
Mais il renonça néanmoins à combattre, dans l'immédiat. Peut-être simplement parce qu'il ne voulait pas s'attaquer à un ennemi potentiellement plus fort ou plus nombreux...
Après un dernier regard de glace, il s'en retourna auprès de son camarade.

La réaction de l'asabi laissait présager une mauvaise nuit même si elle n'était pas si étonnante. Le rôdeur se morigéna : il aurait certainement mieux valu laisser Eärundra se charger de la reconnaissance pour le bien qu'ils en avaient retiré. A présent, il allait falloir songer à veiller toute la nuit et se préparer à une attaque. Malheureusement, il était trop tard pour changer de lieu de bivouac et d'autant plus si la druidesse avait eu recours à son sortilège sur Opale et Rubis. Un peu penaud de n'avoir pas tout à fait réussi à se contenir, le demi-elfe retourna rapidement vers son campement, prêt à rendre compte à la druidesse de ce qui s'était passé et ce qui risquait d'advenir.

Il rejoignit leur campement approximativement au moment où les deux asabis atteignaient le marigot. Il les vit, de loin, jeter un coup d'oeil dans leur direction, évaluant leurs forces... et très certainement épiloguant sur le fait qu'ils n'étaient que deux.
Eärundra était en train de terminer les conserves de viande qu'elle avait projeté de faire, apparemment détendue. Elle était pourtant certainement consciente de la présence des deux observateurs. Les deux aigles, quant à eux, étaient invisibles.
Voyant approcher Kasumi, elle mit simplement son doigt sur ses lèvres.
- Méfies-toi de ce que tu peux avoir envie de dire, souffla-t-elle. Ils ont sans doute l'ouïe fine... Donc parle très bas.

Le rôdeur hocha la tête, conscient de devoir plus que jamais prendre des précautions. Les asabis connaissaient maintenant leur nombre. Certes, Eärundra et lui étaient des combattants expérimentés et plein de ressources mais cela suffirait-il en cas d'attaque massive ou sournoise de la quinzaine d'asabis ? Sur leur territoire qui plus était. Le demi-elfe jugea plus prudent de chuchoter en elfique, une langue que les reptiliens ne maîtrisaient sans doute pas aussi bien que le commun.

- Ils sont une quinzaine. Avec chameaux et chargement. Et l'un des deux espions que voici ne m'a pas tout à fait à la bonne... Bref, la situation n'est pas reluisante. Tu n'aurais pas une idée pour que leur chameau réclament un peu de leur attention pour qu'il en reste un peu moins pour nous deux ?

Eärundra réfléchit un moment.
- Je peux certainement leur faire peur... ou convoquer de la vermine ou des insectes qui viennent les ennuyer... Ou faire souffler un petit vent de sable qui les indispose... Ou même empoisonner un peu leur eau pour les rendre malade, mais je préférerais éviter cette solution.
Elle soupira.
- De toute façon nous allons monter la garde à tour de rôle. Je peux aussi les espionner par l'intermédiaire des quelques bestioles de cet oasis, en y réfléchissant. Je pense qu'on verra s'il se trame quelque chose et qu'on pourra fuir... mais peut-être sans avoir le temps de charger les bagages, par contre...

Le rôdeur hocha la tête et répondit sereinement, ayant retrouvé une partie de son calme :

- Si tu peux les espionner, ce sera une excellente chose. Et pour les chameaux, réserve tes surprises en cas de force majeure : ça nous gagnera du temps. Pour nos bagages, nous devrions faire le tri de ce qu'il faudra emporter en priorité au cas où : les vivres et le grain principalement. Je veux bien prendre le premier tour de garde aussi : cet asabi m'a fait passer le goût de dormir dans l'immédiat.

- Je te laisse le premier tour sans problème. Je n'ai besoin que de quatre heures de sommeil, donc tu peux me réveiller au bout de ce laps de temps, ou même avant si tu veux ! Je te laisserai dormir aussi longtemps que nécessaire demain matin pour récupérer. Et tu as raison pour ce qui concerne les bagages. Regroupons ici ce qu'il faut emmener en priorité. Si jamais, comme tu le crains, nous subissons une attaque nocturne, nous n'aurons pas le temps de prendre avec nous davantage que ce que nous pouvons porter sur le dos. Et il me semble, comme toi, que la priorité ce serait de la nourriture, peut-être aussi une couverture, nos armes bien sûr... et peut-être un peu d'eau mais je peux en créer à volonté et toi aussi.
La druidesse se dirigeait vers le bagages, commençant à trier ce qui lui semblait vital.
- Tu as d'autres idées ? Je peux aussi aller dormir pour pouvoir te relayer plus tôt et te laisser gérer cette tâche...

Kasumi hocha gravement la tête et répondit toujours à voix basse et en essayant de ne pas manifester d'émotions qui pourraient être interprétées par d'éventuels espions.

- Je vais me charger des bagages oui. Et j'aurai déjà sur moi le strict nécessaire : mes armes, une gourde et bien sûr la flûte de Tilmandil. Pour le reste, je vais préparer deux sacs - un pour chacun - avec une couverture et des vivres pour au moins une journée y compris pour les aigles. D'ailleurs, où sont-ils ? Mais mangeons d'abord !

La Couronne de Cuivre

[Désert d'Anauroch] Quête : Racines