[Lieu] Quelque part au nord des Landes

[Voyageuse]

" Ça... ça v...va, articula-t-elle en claquant des dents. Frrroid."
Elle demeurait recroquevillée sur place, cependant, toute frissonnante.
Il aperçut également des morceaux de son armure, les jambières qu'il avait abandonnées dans l'eau pour nager, au beau milieu du damier. Le reste, qu'il avait lancé à l'aveuglette, était éparpillé au sol, sur diverses dalles de la dernière rangée. Chose étrange, les jambières avaient gardé la couleur or qu'elles avaient prises en franchissant la brume dorée.

[Cendres]

«Anita, te sens-tu capable de venir vers moi en suivant l’ordre des runes ? »

[Voyageuse]

Il la vit bouger légèrement, tenter de se redresser. Elle fit un signe de dénégation de la tête, et parvint tout juste à s'asseoir, se contentant de serrer ses genoux dans ses bras. Si elle n'avait pas eu la peau sombre de sa race, elle aurait sans doute été d'une pâleur inquiétante.
Autour de lui, rien ne bougeait : la magie qui émanait du damier semblait achevée, ou peut-être était-elle simplement endormie. Les deux portes étaient ouvertes, désormais. Il lui était impossible de prévoir ce qu'il se passerait -ou pas- s'il tentait de retraverser le damier.

[Cendres]

Gabriel vit Anita très affaiblie et décida d’aller la chercher même si la magie reprenait les lieux.
« Je te rejoins, je vais te porter. »

[Voyageuse]

Il posa un pied sur la dalle qu'il venait de quitter quelques instants plus tôt, sans rien déclencher. Quelques morceaux de son armure, qu'il avait lancés pour se délester, étaient toutes proches, sur les dalles voisines. Mais les récupérer nécessitait de quitter le "chemin" qu'il avait suivi à l'aller...
Il put vérifier , en posant le pied sur la dalle suivante, que rien ne se passait s'il suivait les symboles. Il pouvait donc rejoindre Anita par cette voie. Il pouvait même récupérer ses jambières qui se trouvaient, elles, à portée de main de l'une des étapes de son parcours. Elle avaient gardé leur couleur dorée étincelante, du plus bel effet. S'emparer du reste de son armure serait une autre paire de manches... sauf s'il quittait le chemin de symboles. Après tout, rien ne prouvait qu'il se passerait quoi que ce soit.

[Cendres]

Gabriel suivit l’ordre inverse des runes pour rejoindre Anita. Sa priorité était de la sortir de cet endroit imprévisible pour la réchauffer et la réconforter. Il ne prendrait pas le risque de récupérer ses pièces d’armure éparpillées sur le damier, sauf les jambières étendues sur l’une des dalles du chemin.

[Voyageuse]

Il put récupérer ses jambières, désormais dorées à l'or fin -elles devaient d'ailleurs avoir une certaine valeur, vu leurs dimensions. Et il parvint sans encombre jusqu'à la semi-drow, qui n'avait pas bougé.
Anita était assise, recroquevillée sur elle-même, claquant des dents, et elle l'accueillit d'un sourire crispé, sans prononcer un mot. Elle lui tendit les mains pour qu'il l'aide à se relever, mais il comprit rapidement qu'elle était incapable de marcher sans aide. Ses jambes tremblaient, elle grelottait, et s'accrochait pitoyablement à lui.
" Faut... que tu me portes, je crois... pour traverser", avoua-t-elle d'une voix chevrotante.

[Cendres]

Gabriel ouvrit son gambison, prit Anita dans ses bras et la serra contre lui en espérant que la chaleur de son corps réchaufferait son amie.« Ton corps va pouvoir se réchauffer. Je vais te porter de l’autre côté ».

[Voyageuse]

Anita semblait comme tétanisée par le froid et sa peau était glacée. Ses lèvres lui parurent trop bleues, et son souffle était saccadé. Elle se blottit contre lui, maladroitement, s'efforçant visiblement de capter la moindre parcelle de chaleur émanant de son corps. Elle enfouit son visage dans son cou, cherchant à se réchauffer au contact de sa peau dénudée, et il comprit que le froid avait pénétré trop profondément en elle pour qu'un simple contact puisse la réchauffer aisément. Il lui faudrait sans doute du temps... et la chaleur passait mal à travers l'épaisseur de leurs vêtements.

[Cendres]

Gabriel porta Anita de l’autre côté du damier et l’étendit sur le sol. Il n’avait rien pour faire du feu mais il connaissait la méthode du peau à peau pour réguler la température de l’organisme d’un nouveau-né. Il prévint son amie. « Anita, je vais enlever tes vêtements pour que mon corps contre le tien puisse partager sa chaleur ».
Il déshabilla la jeune elfe grelottante. Il défit ses affaires, s’allongea contre son dos en l’enveloppant de ses bras et spontanément il chanta une mélodie de son enfance. La chaleur dégagée par son corps, les battements de son cœur et les vibrations de sa voix devaient permettre de la réchauffer et la rassurer.

[Voyageuse]

Malgré son état, et en dépit de son explication, elle eut un mouvement de défiance, ou peut-être même de répulsion, lorsqu'il se mit à la déshabiller. Il la sentit tendue, méfiante. Et c'était compréhensible : elle était une jeune fille, et lui un jeune homme dont elle ne savait pas grand chose. Mais elle avait trop froid et sans doute comprenait-elle que c'était le seul moyen de se réchauffer. Elle ne chercha pas à se défendre, demeurant simplement méfiante, crispée, recroquevillée sur elle-même.
Sa peau était glacée, mais au-dessous, il devinait la chaleur de son corps. Et il la sentit s'apaiser, peu à peu, peut-être sous l'effet de la chaleur ou celui de la berceuse. Sa respiration devint moins saccadée, ses muscles se décrispèrent. Elle demeura sans bouger, cependant, pendant un long moment. Puis elle posa, en silence, sa main sur son bras, et le serra doucement.

[Cendres]

Gabriel attendit avant de parler afin d'accueillir le geste de confiance d’Anita. Quelques instants après il chuchota « Je vais me lever. » Doucement il décroisa ses bras du corps de la jeune femme et se redressa. Il prit la tunique de son amie pour la couvrir. Il récupéra ses propres affaires et tout en se rhabillant, il lui parla doucement : « Te sens-tu prête pour continuer ? ».

[Voyageuse]

Elle frissonna lorsqu'il se détacha d'elle, mais ne dit rien, et s'assit en lui tournant le dos pour enfiler sa tunique. Au moins celle-ci était-elle sèche, contrairement aux vêtements de Gabriel qui étaient encore trempés de son bain forcé. Leur pause peau contre peau les avait réchauffés tous les deux, heureusement.
Elle haussa les épaules en réponse à sa question, sans se retourner.
" Bah... Je suppose que oui."
Elle se releva lentement, sans enthousiasme, et jeta vers lui un regard pensif.
" Tu es un drôle de type", fit-elle simplement.

[Cendres]

Gabriel ne comprit pas immédiatement la remarque d’Anita. Puis, il fit un lien avec la mélodie enfantine. Il lui répondit avec un sourire affectueux même si elle ne le voyait pas. « Quand tu dis « un drôle de type », tu penses à la comptine chantée par un gros gaillard comme moi ? Parce qu’elle m’est venue à l’esprit spontanément au moment où je t’ai prise dans mes bras. Comme je l’ai vu faire par des mères avec leur nourrisson en pleurs. »

[Voyageuse]

Elle se retourna vers lui, bouche bée.
" Oh... Non, non, je ne pensais pas à la comptine ! Enfin... si, un peu, sûrement, ça va avec le reste..."
Elle secoua la tête et se mit à pouffer.
" C'est juste que... la majorité des gros bras dans ton genre auraient cherché à profiter de la situation ! Je veux dire, une jeune fille à ranimer, dans leurs bras... Hum... Non, oublie ça, en fait. Heu... On ferait mieux de continuer, tu as raison...

[Cendres]

Les paroles d’Anita lui rappelèrent la tension et la résistance de son corps quand il l’avait déshabillée et il se demanda si elle n’avait pas été abusée. Il avait appris cette technique dans l’armée. Mais la chansonnette était intuitivement apparue pour la première fois dans son esprit afin de la réconforter. A l’instant même de cette pensée, il se sentit tout à coup très ému.
Soudain, une émotion violente ressurgit avec son souvenir …. « A la caserne, lors de la soirée de la fin des classes, alors qu’il allait se coucher il entendit des pleurs qui le menèrent à l’écurie. Dans la paille, les vêtements déchirés, une jeune femme issue des bas quartiers pleurait. Un homme lui tenait les bras en riant et un deuxième les pantalons baissés, lui écartait les genoux en disant : « nous sommes de gentils hommes nous ne dirons rien, sois rassurée… Mais petite voleuse, tu vas devoir nous payer en nature. ». Il se souvint d’avoir soulevé le premier violeur par les braies et d’un coup de pied mortel lui écraser sa cage thoracique. De tuer avec son poignard le second, par un estoc dans le cœur. La jeune femme avait réussi à s’enfuir pendant la tuerie. Aucun remords meurtrier avait perturbé son sommeil cette nuit, seulement la vulnérabilité de la jeune femme. »
Gabriel répondit à Anita. « Je t’ai mise dans une situation vulnérable, mais je voulais uniquement être efficace… pour te réchauffer. Je ne cherchais pas à abuser de toi. Je voulais que tu vives ! »

[Voyageuse]

" Ah mais j'avais bien compris !", fit-elle avec une expression amusée.
Elle secoua la tête.
" En fait... tu es un peu un genre de paladin ! Et de toute façon, ajouta-t-elle d'un ton revêche, sache que je suis parfaitement apte à me défendre en cas de besoin ! Mais viens, faut qu'on avance..."
Elle se dirigea vers l'ouverture du fond d'un pas pressé, comme si elle voulait fuir cette discussion embarrassante.
" Il y a juste... une pièce vide, on dirait. Avec un coffre. Et des runes au-dessus de notre tête, juste à l'entrée, comme tout à l'heure... On passe ?"

[Cendres]

Gabriel écouta Anita intimidé et séduit à la fois. Il ne releva pas ses remarques mais il la rejoint en disant « allons-y, je parie que le sceptre se trouve dans le coffre avec des surprises magiques… »

[Voyageuse]

La pièce, comme l'avait indiqué Anita, était vide. Les paroi, irrégulières, étaient creusé dans la roche, signe qu'ils étaient toujours sous terre. Le sol lisse gardait des traces d'un très ancien carrelage. Ils s'avancèrent sous l'embrasure ornée de runes sans rien déclencher de visible, mais Gabriel eut une sensation de picotement, comme de l'électricité statique.
" Il y a un escalier qui monte dans ce coin", fit remarquer Anita en désignant l'angle gauche de la pièce, où on apercevait en effet quelques marches.
L'escalier en question semblait s'enfoncer dans la roche, en longeant probablement la pièce qu'ils venaient de quitter.
Le coffre mentionné par la rôdeuse se trouvait face à eux, contre le mur opposé. Il était couvert de poussière et sa serrure semblait complètement rouillée. Elle céda sans qu'ils aient à fournir le moindre effort. A première vue, le coffre contenait un tas de vieux vêtements réduits en loques.


HRP : j'oubliais : je voudrais un dé20...

[Cendres]

Gabriel regarda Anita : « Qu’est-ce que… ? Ces vêtements sont là depuis des siècles. Le bâton de commandement de la créature est peut-être sous ces guenilles ! »

HRP : 8

[Voyageuse]

Anita observait le coffre avec circonspection.
" Je ne vois pas de rune... il n'y a pas l'air d'avoir de sortilège pour le protéger. Il ne doit rien contenir d'important."
Le seul moyen de le vérifier était d'en fouiller le contenu.
Mais à peine Gabriel avait-il saisi le tas de vêtements que celui-ci s'anima subitement, s'enroulant autour de son bras, puis de sa gorge, où il s'entortilla en un instant avant de se resserrer brutalement avec une force inattendue, lui coupant toute possibilité de parler... et même de respirer.

[Cendres]

Gabriel saisit le tas de sa main libre et tira la partie qui enserrait son cou. L’air lui manqua et il sentit la panique l’envahir.

[Voyageuse]

Tirer sur le tissu ne lui servit à rien : le vêtement -une manche interminable- s'enroulait autour de son cou, animé d'une force qui lui parut surhumaine, le faisant suffoquer. Il vit des papillons danser devant ses yeux, ses oreilles se mirent à bourdonner... et tout s'arrêta d'un coup.
Il aspira goulûment l'air retrouvé. Anita se trouvait devant lui, sa propre épée à la main -elle avait dû l'extraire de son fourreau sans qu'il s'en aperçoive. Le tissu avait été tranché net et gisait, inanimé, à ses pieds. Il réalisa que du sang gouttait de son cou : l'épée l'avait un peu entaillé, mais la blessure était sans gravité.

[Cendres]

Le coup de tranchant sur le vêtement demandait beaucoup de précision et de sang-froid. Gabriel réussit à sourire à Anita. « Merci ! ».
Il respira longuement pour se détendre. Il regarda le coffre. « Je vais finir de le fouiller avec l’épée. »

[Voyageuse]

Anita acquiesça en silence et lui rendit son épée. Elle était pâle, encore un peu secouée elle aussi par cette agression inattendue, et sa main tremblait légèrement.

Le coffre, quant à lui, ne révéla rien de particulier. Les guenilles restées au fond demeurèrent inertes, comme on pouvait l'espérer de vêtements ordinaires. Il contenait également une paire de bottes au cuir raidi, et quelques parchemins qui semblaient près à tomber en miettes si on les prenait. Au-dessous des parchemins, on voyait dépasser le manche d'une dague, en métal ouvragé, doré et orné d'un rubis, apparemment dans un bon état de conservation.

[Cendres]

Gabriel tendit sa main vers la dague pour la récupérer. « Anita, le sceptre n’y est pas mais une belle dague s’y trouve. Récupérons-la, elle pourra te servir. »

[Voyageuse]

Comme prévu, les parchemins tombèrent en poussière dès qu'il les effleura. Il put récupérer la dague, qui semblait tout à fait ordinaire, si on faisait abstraction de son état exceptionnel de conservation et de la pierre précieuse qui en ornait le manche ouvragé.
Anita la prit avec précaution, l'examinant sous tous les angles.
" C'est bizarre... Tout est vieux dans ce coffre, elle aurait dû être rouillée. Peut-être qu'elle a une protection magique ? Mais je ne vois rien d'apparent... Et je ne ressens rien."
Elle haussa les épaules et la glissa à sa ceinture avec un sourire.
"En tout cas, celui qui l'a laissée là devait avoir les moyens : le manche est doré à l'or fin, il y a ce rubis... Je pourrai la revendre facilement pour quelque chose de plus ordinaire !"

[Cendres]

« Tu ne perçois pas d’ondes magiques... Peut-être est-elle forgée dans un métal particulier car un acier ordinaire s’oxyde et noirci avec le temps. »
« Je trouve qu’elle te va bien. » dit-il en souriant.
« Je te propose de continuer en prenant l’escalier que tu as aperçu. »

[Voyageuse]

Elle acquiesça.
" Je te laisse passer devant..."
L'escalier en question partait d'un angle de la pièce et s'élevait progressivement, en longeant, apparemment, les parois circulaires de la pièce au damier. Il était creusé dans le roc, mais d'un aspect moins irrégulier que celui de la pièce qu'ils venaient de quitter. Les marches étaient bien délimitées, les murs presque rectilignes.
Subitement, Anita, qui cheminait juste derrière Gabriel, lui saisit le bras.
" Attend... souffla-t-elle tout bas. Écoute."
Quelque part devant et au-dessus d'eux, sans doute au bout de l'escalier, Gabriel entendit alors très nettement des bruits étouffés, discrets, comme si quelqu'un se déplaçait ou déplaçait quelque chose.

[Cendres]

Gabriel se tourna vers Anita et dit en chuchotant. « Il y a une présence au bout de l’escalier. Nous devrons surprendre cet individu… C’est peut-être encore un guerrier squelette ou un magicien. Je monte en premier. » Il dégaina son épée et monta discrètement.