La Couronne de Cuivre

La rôdeuse répondit à l'appel aussi rapidement que l'avant-veille.
Avons ralenti. Arrivons trois jours.
Comme toujours, elle respectait la procédure et économisait les mots si précieux.

Albérich se réjouit de l'entendre.
Probable entrée par groupes. Direction portes est. Besoin aide ? Varamyr ?

Brève pause : Frida devait réfléchir à la question.
Peut-être quand plus proches. Maintenant, plus utile vous.
Si elle avait des questions, elle se gardait de les poser, vu les contraintes imposées par le sortilège...

Restez vigilants. Contact demain pour progression.
Il ne servait à rien de l'inquiéter quant à la menace qu'avait perçue Freya. La rôdeuse avait exclus la possibilité de faire demi-tour et Albérich devait lui faire confiance sur ce point.

La communication étant sur le point de se terminer, Frida se permit de parler un peu plus.
Bien. Courage à tous. Mes amitiés à Hubert, Ézéchiel et Marthe. Bientôt avec vous.
Et ce fut tout.

Albérich remonta rapidement vers les étages, plongé dans ses pensées. Avec l'aide des Paludiers, faire pénétrer la colonne survivante dans Clairétoile paraissait moins impossible que quelques jours plus tôt. Mais cela ferait davantage de personnes à évacuer si la menace dont parlait Freya surgissait soudain dans les rues de la cité. A moins que, comme elle l'avait suggéré, ils ne soient à l'abri dans leur refuge, protégés du pire, énergies magiques, goules et démons. Mais cela rendait la libération de leurs amis d'autant plus urgente... Dès le lendemain, il faudrait renvoyer Giovanni à la forteresse, peut-être avec Varamyr, et commencer sérieusement à envisager leurs options d'intervention.
Mais dans l'immédiat, il devait relayer Marthe, manger, et gérer l'après-midi auprès des enfants.

Marthe était là où il l'avait laissée. Adossée à un mur, son livre ouvert sur les genoux, elle surveillait le groupe des petits Paludiers qui devisaient tranquillement avec Pelleas et Alban : ils usaient d'une étrange mélange de mots empruntés à leurs langues respectives et semblaient plutôt bien se comprendre.
-Alors, quelles sont les nouvelles ? s'enquit la magistrate lorsqu'il l'eut rejointe.

" Mitigées, je dirais, dit-il en s'installant près d'elle. Antelucas a contacté Ithilion. Le Prince prétend ne pas être au courant et dit qu'il va se charger d'enquêter et de régler le problème. Il ne veut aucune ingérence extérieure. Ce qui n'est pas très bon pour nous. Mais j'imagine que c'était inévitable."
Il reporta son attention sur les enfants.
" Pour le reste, Frida sera là dans trois jours. Il faut que nous commencions sérieusement à organiser la manière dont nous entendons les faire entrer dans nos murs."

-Ce ne sera pas une mince affaire. Et cela prendra du temps. Mais nombre de nos compagnons ont les compétences nécessaires pour mener à bien l'opération. Si nous agissons avec prudence, nous devrions donc en venir à bout. Quant au prince...
Elle haussa les épaules.
-Honnêtement, c'est s'il avait réagi autrement qu'il y aurait eu de quoi être surpris.

" Je sais. Mais j'espérais à demi un engagement plus ferme des Anteluciens. En même temps, l'information est dans l'air, à présent. Elle remontera bien assez vite aux oreilles luméniennes. Mais quoi qu'il advienne, nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu'ils débarquent dans l'instant... sauf si..."
Il hésita.
" Nous devrions peut-être réfléchir à envoyer un émissaire directement là-bas. Je sais bien que nous n'avons personne capable de se téléporter dans nos rangs, mais cela ne signifie pas que nous n'avons pas d'amis, à l'extérieur, qui en sont capables. En combinant une scrutation et une téléportation, nous pourrions faire venir des gens de loin... mais aussi repartir. Directement à Luménis, par exemple. Pour plaider notre cause de manière plus aisée que via un sortilège très limité."

-Envoyer une ambassade est effectivement une possibilité, dit-elle après quelques instants de réflexions. Peut-être, cependant, vaudrait-il mieux commencer par Antelucas, puisque la cité a déjà entrepris des démarches... Mais même s'ils prennent pleinement conscience de l'urgence, même s'ils renoncent aux voies traditionnelles de diplomatie, beaucoup trop longues, ils ne seront malgré tout pas en mesure d'intervenir ici avant de très nombreuses veilles. Et il sera peut-être trop tard, alors, si ce que pressent Freya se vérifie...

" Un mage puissant peut se téléporter ici dans l'instant. Il peut emmener quatre ou cinq personnes avec lui. Multiplie ça par cinq... Ça nous ferait vingt-cinq personnes de plus... Si nous les choisissons bien... Si un consul d'Antelucas ou un conseiller luménien accepte de venir... Le duc, aussi bravache soit-il, serait forcé de faire marche arrière. Et tout serait réglé en moins d'une demi-journée."

Elle grimaça.
-Ou bien le duc accepterait de rencontrer ledit conseiller mais ourdirait un traquenard pour le capturer et bénéficierait ainsi d'un nouvel otage de poids, ce qui rendrait la situation plus compliquée encore... Cela dépend de jusqu'où il est prêt à aller. Ou de jusqu'où le prince est prêt à aller, si le duc est sa marionnette. Or, de cela, nous ne savons rien, et nous devons envisager la possibilité que s'emparer de la puissance cachée à Clairétoile soit un prélude à des opérations de beaucoup plus grande envergure...

" Mais pour l'heure, ils ne disposent pas de cette puissance, Marthe. Or, nous ne devrions rien nous refuser pour les empêcher de mettre la main sur elle. Et le reste d'Hélonna a le droit de savoir quelle est l'ampleur de la menace. Nous ne pouvons pas réserver cette sacro-sainte transparence à nos cinq cents compagnons. Les enjeux dépassent grandement notre survie. Même si je voudrais qu'aucun d'entre nous ne pâtisse de l'aventure... Nous sommes obligés de songer au contexte plus vaste. Je sais que bon nombre d'entre vous estiment que les autorités des autres cités vous ont failli... mais ce n'est pas mon cas. J'ai l'espoir que nous nous en sortions. Mais je n'ai pas peur du sacrifice, si les choses devaient en arriver là. Imaginer que ce Duc serait capable de prendre un conseiller en otage, alors que nous serions nombreux à le protéger... C'est déjà lui accorder bien du pouvoir. Et ce serait la goutte nécessaire à provoquer sa chute, de toute façon, ce qui est notre objectif terminal."

Elle poussa un profond soupir.
-Dans l'absolu, je suis d'accord avec toi, même si je crains fort que ce que tu proposes brise définitivement tout espoir, pour la Communauté, de concrétiser un jour son rêve. Mais au fond, oui, les aspirations de quelques centaines de personnes ne peuvent prévaloir face à l'intérêt de toute une île. Cependant... Que se passera-t-il, si le duc parvient à capturer le conseiller, pour peu qu'il y en ait un pour accepter de venir ? Ce serait une déclaration de guerre, oui, mais pour une guerre, il faut des armées, et pour mobiliser des armées, il faut du temps, beaucoup de temps. Que se passera-t-il, sinon, si le duc somme notre ambassade de se replier, somme tout notre groupe de quitter la cité, sans quoi il massacrera tous les prisonniers ? Comme je le disais, nous ne savons pas jusqu'où il est prêt à aller.

Albérich pinça les lèvres et soupira.
" Marthe, nous n'en sommes pas là, bien sûr, mais... si nous avions vraiment des doutes sur l'issue de la situation... Nous trouverons facilement un petit commando prêt à se sacrifier pour éliminer le duc. Quel qu'en soit le prix. Si tu vois juste, si la cabale est en fait plus vaste, que le Prince est au courant, ce ne sera qu'un délai de gagné... Mais comme je l'ai dit, la cité n'est pas encore à leurs mains. Dame Dithazir, à Luménis, peut facilement mobiliser des mages pour nous venir en aide et renverser l'équilibre des forces."

-Sans doute. Mais si les choses tournent bien... Ces mages et ceux qui pourraient les accompagner ne repartiront pas. Fort légitimement, cette cité les intéressera : ils voudront l'explorer, la fouiller, rassembler son savoir, l'étudier... Et c'en sera fini de notre rêve : nous ne serons plus chez nous.
Elle soupira à nouveau.
-Enfin, j'imagine que si nous en arrivons à de telles considérations, nous pourrons nous estimer heureux.

" Je sais que ce n'est pas la solution idéale, et nous ne devons pas la prendre en considération si nous avons d'autres options... mais entre Luménis et Ithilion, nous ne devrions pas hésiter."
Il n'ajouta pas ce qu'il pensait, que même leur cité ne devrait pas posséder cette puissance, si elle pouvait être utilisée à des fins guerrières, mais il ne voulait pas entrer dans ce genre de discussions alors qu'ils n'avaient encore rien trouvé d'inquiétant.
" Mais j'anticipe. Je dois avouer que je suis complètement perdu quant à ce qu'il convient de faire."

-Mais ton idée n'est pas mauvaise, loin s'en faut. Simplement, je pense que c'est beaucoup plus facile pour toi que pour nous de l'envisager.
Elle ferma les yeux, un instant.
-Albérich, surtout, ne prends pas mal ce que je vais dire. Ce n'est en rien une critique, pas le moins du monde. Je voudrais simplement... expliquer mes réticences. Et celles, je pense, de nombre de nos compagnons.
Elle chercha les mots.
-Arrête-moi si je me trompe mais... Tu n'as jamais réellement envisagé de t'installer parmi nous. Ce qui, évidemment, n'enlève absolument rien à tout ce que tu nous as déjà apporté, à tout ce que tu nous apporteras encore : mon propos n'est pas là. Mais pour beaucoup d'entre nous... Cette aventure était la dernière change de nous relancer. Elle était peut-être trop ambitieuse, trop irréaliste, mais il fallait bien cela pour nous tirer du marasme. Il fallait bien ce projet et ce, dans tous ses aspects : l'espoir de fonder notre propre communauté sans autre tutelle que celle, lointaine, de la capitale, l'espoir de fonder une société au moins partiellement neuve, avec nos propres règles, nos propres principes... Les Landes, qui n'appartiennent dans les faits à aucune ville voisine, le permettaient. Clairétoile, avec ses particularités, le permettait aussi : les promesses qu'elle offrait nous ont permis d'obtenir des fonds grâce auxquels chacun d'entre nous avait l'espoir de repartir de l'avant dans de bonnes conditions. Nous avions les moyens de nos ambitions.
La magistrate secoua tristement la tête.
-Mais les Ithiliens s'en sont mêlés et, à présent, la meilleure des perspectives qui s'offre à nous, c'est de devenir une colonie luménienne ou antélucienne; Nous ne serons plus nos propres maîtres, nous ne pourrons pas agir comme nous l'entendons. En réalité, notre rêve est déjà mort, même si nous essayons de nous voiler la face. Tu as dit que mieux valait Luménis qu'Ithilion : je te l'accorde sans hésiter. Mais ce n'est pas ce que nous voulions. Tu me diras que cela pourrait être bien malgré tout, et je le concède. Mais je crains que cela ne suffise pas à la plupart d'entre nous. Nous avions besoin... de davantage. D'un nouveau monde. Pas de continuer dans l'ancien qui nous a tant marqués.

" Tu as raison, dit le Luménien. Je reste luménien. J'ai quitté la ville sur un coup de tête et... même si je n'envisage pas d'y retourner dans l'immédiat... même si je ne suis pas sûr que j'y aurai jamais ma place à nouveau... J'ai gardé un amour profond de ses gens, de ses manières et de ses... potentialités... Mais dans le même temps, je connais les risques... et je ne souhaite pas que vous soyez sous sa coupe si nous pouvons l'empêcher... J'admire votre rêve, je le partage, quelque part, même si je ne crois pas que je pourrais... aimer vivre dans une cité idéale. Alban refuse de se laver parce que les colons sont prisonniers... Je ne pourrais pas me satisfaire de vivre ici tant que je sais qu'ailleurs, les conditions de vie de milliers d'autres personnes sont à améliorer... Tu vois ce que je veux dire. C'est une fuite, pour moi, même si je comprends, en même temps, ce qui vous a poussé à partir... Je ne critique rien, moi non plus. Nous ne sommes pas tous les mêmes et... nous avons chacun nos élans."
Il soupira.
" Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas encore perdu. Nous ne sommes pas encore inféodés aux Luméniens, le drame que pressent Freya ne s'est pas encore produit... Il ne faut pas baisser les bras. Rien n'a changé depuis hier. Les dieux sont avec nous, nous pouvons toujours réussir."

-Sauf que la mesures que tu proposes se justifie, Albérich. Si éviter la catastrophe et préserver tant l'équilibre d'Helonna que bien des vies humaines passe par l’abandon de notre rêve, pouvons-nous vraiment en en faire l'économie ? Est-ce que s'y raccrocher envers et contre tout, quitte à ce qu'un drame se produise, ne serait pas, de toute façon, le dénaturer ?
Elle pinça les lèvres.
-Notre projet n'est pas égoïste, tu sais. Oui, certains d'entre nous ont fui, moi la première, même si je ne sais pas si l'on peut vraiment parler de fuite quand on ne laisse derrière soi que des ruines et des tombes, quand on a à peine la force de continuer à avancer. Mais... Peu importe. La Communauté a déjà aidé des gens dont les conditions de vie étaient plus que misérables. Et nous souhaitions en accueillir d'autres : nous avions eu une chance incroyable et entendions bien la partager. Mais s'il s'avère qu'il faille renoncer à nos espoirs pour préserver le plus grand nombre...
Elle eut un sourire vaillant.
-TU parlais de sacrifice, tout à l'heure. Peut-être celui d'un petit commando sera-t-il nécessaire. Mais peut-être que c'est peut-être la Communauté en tant que groupe qui devra se sacrifier, en renonçant à son projet commun. Je pense que même si cela nous coutera beaucoup, à tous... Nous serons malgré tout prêts à consentir ce sacrifice s'il apparaît que c'est la meilleure solution.

" Mais nous n'en sommes pas là, Marthe. Les Anteluciens en sont à des coups de sonde diplomatiques... et si nous parvenons à bouter les Ithiliens hors de Clairétoile nous-mêmes, nous serons de retour à notre point de départ, maîtres en notre cité."
Il était désolé de briser le rêve de la juge. Et il ne voulait pas se montrer pessimiste, malgré les paroles glaçantes de la devineresse paludière. Lathandre lui avait dit d'espérer, il devait espérer, même en dépit du bon sens.

-Oui. Si nous parvenons à bouter les Ithiliens hors de la cité. Sinon...
Elle soupira à nouveau.
-En observant les enfants, j'ai songé à ma famille. Avant le drame, nous menions la vie dont nous rêvions. Pourtant, si j'avais appris qu'une catastrophe allait sous peu se produire et qu'en demeurant sur place, nous aurions une chance de nous en tirer et de tout préserver, tout en sachant par ailleurs que le plus probable était malgré tout une issue douloureuse... Je n'aurais pas hésité un seul instant : nous aurions tout abandonné pour nous mettre à l'abri.
Elle jeta un bref regard aux gamins qui, non loin d'eux, bavardaient toujours joyeusement.
-Notre rêve a déjà valu l'esclavage à la moitié des enfants de la Communauté. Le temps n'est-il pas venu de se montrer raisonnable ? D'appeler ces mages non seulement pour qu'ils nous aident à vaincre le duc et à libérer les captifs, mais également pour qu'ils amènent en lieu sûr ces gosses et les plus fragiles de nos compagnons, afin qu'ils soient loin si la catastrophe doit se produire ?

Albérich grimaça.
" Mettre les enfants en sécurité... si seulement nous pouvions les évacuer, eux et... d'autres... Oui, je pense que ce serait la meilleure chose à faire."
Il reporta son regard sur le groupe.
" Cela ne nous empêcherait pas de rester en arrière pour combattre les Ithiliens et de les rapatrier si la situation tourne à notre avantage... Mais pour faire passer pareil message, nous devons envoyer quelqu'un en chair et en os, à Luménis, pour convaincre les autorités. Mais je peux essayer par sortilège. Contacter Lathiriel... Elle est tellement méfiante, dans le même temps... Mais si elle nous envoie un émissaire, ne fut-ce qu'un seul mage, pour prendre la mesure de nos besoins..."
Il fronça les sourcils.
" Dans le même temps, Freya pense que cet endroit est peut-être justement une sorte de refuge, conçu pour protéger les gens d'un désastre... C'est peut-être ici que nous sommes en sécurité... J'interrogerai Lathandre demain... et nous réunirons l'assemblée. Il faudra que la communauté se prononce, immanquablement."

-Il faudra au préalable en débattre en Conseil. Mais oui, je pense que tout le monde sera d'accord pour convoquer une Assemblée. C'est indispensable et... honnêtement, je ne me sentirais pas de prendre, de moi-même, pareilles décisions. Même simplement demander à Dame Lathiriel d'envoyer un émissaire : si un mage met les pieds ici, toute l'université ne tardera pas à débarquer et... ce que j'évoquais tout à l'heure se produira.
Elle eut un sourire triste.
-Dieux, je n'ai plus la force pour affronter pareils dilemmes. Mais il faudra bien que je la trouve quelque part : dans le cas contraire, je faillirais à ma mission et... je n'en ai pas le droit.

" Tu es un pilier de la communauté, Marthe. Les gens ont foi en toi, tu ne failliras pas, je le sais, dit doucement Albérich. Mais, si ça peut t'aider... Je suis prêt à t'entendre, et l'estime que j'ai pour toi ne s'en amenuisera pas pour autant. Je sais que nous ne sommes que des hommes, sous nos responsabilités, et que nous sommes soumis aux mêmes affres... que nous devons taire."
Il pinça les lèvres.
" Que lisais-tu ?"

Elle baissa les yeux sur le volume. Manifestement, elle avait oublié qu'elle le tenait.
-Oh... Juste un livre sur la cité. J'essayais de localiser d'autres bâtiments intéressants. Même si je commence à me demander si nous ne devrions pas laisser enfouis tous ces mystères... Enfin, avec les Ithiliens prêts à tout pour les exhumer, ce n'est sans doute pas une solution.
Quelqu'un se présenta alors à l'entrée de la salle pour annoncer que le repas allait être distribué.

Que Marthe se fasse à ce point le reflet de ses pensées déstabilisait grandement Albérich. Il devait lutter pour ne pas retomber dans cet état d'esprit, voir les choses en noir, deviner l'inexorabilité de l'échec face à chaque écueil... Il avait pensé qu'elle serait belliqueuse et pleine d'énergie, mais elle baissait sa garde devant lui, avouait ses inquiétudes, parlait de ruine. Il ne s'y était pas attendu. Il avait l'impression d'avoir besoin de trouver de l'espoir pour eux deux. Mais il en était capable. Il ne devait pas se relâcher.
" Ce serait formidable si... dans ton livre... tu parvenais à trouver des informations sur ce bâtiment-ci. Qu'était-ce ? Quelle était sa finalité ? Peut-être cela nous aiderait-il à en percer les derniers mystères... et à savoir dans quelle mesure il peut nous servir d'abri durable."

Elle acquiesça.
-Je suis d'accord et j'espérais trouver quelque chose le concernant. Pour l'heure, cependant, j'ai fait chou blanc... Mais je garde espoir : je finirai bien par dénicher des informations, que ce soit dans ce livre ou dans un autre.
Elle jeta un nouveau coup d’œil aux enfants qui s'étaient levés.
-Je crois que tes ouailles ont faim, dit-elle en les imitant.

" Tu as raison."
Albérich décocha un sourire confiant à la juge puis partit à la rencontre des enfants pour les accompagner vers la salle à manger. La journée était décidément grise et il espérait qu'Hubert rentrerait cette fois avec le reste du groupe et en un seul morceau, pour ne pas ajouter à son état de tension. Il avait décidé de ne plus se défier du sentiment de bien-être que lui procurait la présence du paladin. Il y avait l'aura que lui conférait sa profession, son charisme de demi-céleste et l'amour qu'il lui portait : comment aurait-il pu lutter contre la conjonction de ces éléments ? Ça n'en rendait son absence que plus déchirante, mais il trouvait qu'il ne s'en sortait somme toute pas si mal.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue