[Lieu] La Traversée de la Lorien

[Galathée]

Il ne dormait pas non plus, elle l'entendait à sa respiration. Au bout d'un moment, même, il se leva et alla jusqu'à la fenêtre, écartant les rideaux pour observer l'extérieur. Il entendait manifestement quelque chose qui lui était imperceptible. Mais plutôt que de retourner vers sa propre couche, il vint ensuite s'asseoir sur le bord du lit d'Astrée. Quand il parla, sa voix n'était qu'un murmure.
" Si je viens à toi, seras-tu capable de le voir comme un morceau de chaleur, un soir ou trois, et pas davantage ?"

[Voyageuse]

Elle sentit son coeur battre plus fort en l'entendant s'approcher. Mais elle hésita quelques instants à lui répondre.
" Si tu as envie de moi comme j'ai envie de toi... viens, souffla-t-elle. Je me moque de l'avenir, je vis le présent... et là, tout de suite, j'ai envie de tes bras, de ta chaleur, de ton corps contre le mien. Pour une nuit ou plusieurs, tant qu'on le voudra tous les deux. Mais je ne veux pas que ce soit... juste pour me faire plaisir, ou je ne sais quoi de ce genre. "

[Galathée]

" Je ne sais pas pourquoi je le fais, dit-il avec sincérité, toujours assis près d'elle. Si tu es prête à accepter cette incertitude, moi aussi."
Il relâcha un léger soupir.
" Mais il faut que tu saches que je ne suis ni humain, ni elfe... Je... ne fais pas les choses comme eux."

[Voyageuse]

" Oh..."
Elle sourit dans l'obscurité.
" Les elfes, je ne sais pas comment ils font... Et les humains... font plein de choses. Mais je veux bien apprendre ta manière à toi... "
Elle se redressa et repoussa les couvertures, frissonnant dans le froid. Mais elle avait le coeur qui battait si fort qu'il allait exploser, et sa chaleur pulsait dans ses artères.
" Viens", fit-elle d'une voix rauque en lui tendant les bras, cherchant à l'aveuglette un contact physique pour l'attirer à elle.

[Galathée]

Et il vint. Après quelques secondes entre ses bras et contre sa peau à la fois chaude et légèrement pulsatile, Astrée eut l'impression que son ivresse, jusqu'ici timide, s'amplifiait. C'était peut-être à cause d'une odeur qu'elle ne pouvait percevoir, ou d'un rythme primitif — battements de coeur, respiration, ou peut-être de tout autre chose, mais elle perdit pied, le contrôle et toute volonté de s'arracher à l'étreinte du mercenaire. Aucun mot ne fut prononcé. Et ce qui l'emporta avait tout d'un torrent et rien de la découverte curieuse ou des murmures câlins qu'elle avait pu échanger avec Reynald, par exemple. Il lui apparut, petite étincelle de conscience chapardée à l'urgence, qu'au final, Ceru et Dimitri étaient réellement apparentés, peut-être frères, du moins dans un certain registre. La force primordiale qui s'exprimait dans leurs ébats n'avait rien à voir avec l'amour à l'humaine (la manière des elfes, elle ne pouvait effectivement en juger), c'était quelque chose de beaucoup plus farouche et impérieux, qui n'accordait aucune place à la réflexion, à l'attente ou à la délicatesse, c'était un instinct brut, sauvage, une réminiscence d'un autrefois merveilleux mais impitoyable.
Aussi, quand ils se désunirent après avoir été emportés, Astrée était littéralement épuisée.

[Voyageuse]

Elle se blottit contre lui, épuisée, mais remplie d'un merveilleux bien-être.
Jill avait raison de vouloir faire l'amour avec un être féérique. C'était formidable... non... autre chose. Elle n'avait pas de mot pour le décrire.
" Tu es formidable..."
Il l'avait peut-être bien ensorcelée, finalement.
Elle ferma les yeux, un sourire aux lèvres, consciente de la chance inouïe qu'elle avait eue de partager ce moment avec lui.
Je t'aime...
Ses lèvres formèrent les mots, en un murmure inaudible : elle n'avait plus la force de les prononcer, ni même de se dire qu'il valait mieux les taire, ni l'énergie pour penser au lendemain.
Elle se sentit sombrer avec au fond du coeur l'envie inexprimée, inavouable, que le temps s'arrête.

[Galathée]

Lorsqu'elle s'éveilla le matin, Dimitri n'était plus là. L'empreinte de son corps avait disparu et la couverture était tout entremêlée, signe qu'Astrée avait dormi un certain temps depuis son départ. Il n'était pas davantage sur la couche improvisée qu'il avait bricolée sur le sol avant d'éteindre les bougies, ce qui était peut-être réconfortant. Astrée ne perçut pas d'odeur annonçant l'arrivée prochaine d'un petit déjeuner, pas de bruit non plus, mais peut-être le mercenaire avait-il à coeur de ne pas la réveiller. Il ne faisait pas encore complètement jour, mais la lumière qui provenait du dehors, grise, annonçait une aube couverte, peut-être de la neige, à nouveau.

[Voyageuse]

Il lui manquait déjà. Il y avait le vide là où il avait été présent, et sa chaleur s'était enfuie. Elle toucha du bout des doigts l'oreiller où il avait dû poser sa tête, comme si elle pouvait, par ce geste, conjurer sa présence.
Elle s'aperçut qu'elle peinait à rassembler ses souvenirs de la veille au soir : tout était confus... et juste merveilleux. Elle éprouvait une curieuse sensation, un mélange de gratitude et... d'appartenance. Elle ne trouvait pas d'autre terme. C'était différent de tout ce qu'elle avait pu connaître par le passé, de tout ce qu'elle avait imaginé. Elle était sienne... et, de façon inexplicable, elle trouvait cela tout à fait naturel.

Elle songea qu'elle aurait dû lui dire franchement qu'elle avait envie de lui. C'était tellement plus simple. Lui voulait juste partager une nuit de chaleur, sans penser au lendemain. Elle... elle avait une envie folle de passer la nuit dans ses bras... et de le revoir, aussi. Car, à l'opposé de sa perpétuelle fuite en avant des dernières années, elle éprouvait aujourd'hui le besoin de penser à l'avenir. Sur ce point, malheureusement, ils n'étaient pas en phase. Elle souffrirait donc bientôt, très bientôt, lorsqu'il la quitterait -elle ne devait avoir aucune illusion à ce sujet, il avait été clair. Mais pour le moment elle pouvait se contenter de vivre l'instant présent, intensément. L'avenir viendrait bien assez vite, il serait gris et terne et il n'était pas utile de s'y projeter. Le présent était merveilleux, et elle se sentait totalement apaisée, à l'opposé de sa tension de la veille, alors qu'elle cherchait comment lui dire ce qu'elle éprouvait et qu'elle avait si peur d'être repoussée.

Elle se débarbouilla dans le broc d'eau qu'elle avait préparé la veille, s'habilla rapidement, et descendit, un sourire heureux aux lèvres, à la recherche de Dimitri.

[Galathée]

Astrée trouva Dimitri dehors. Il était en train de circuler autour de sa barrière improvisée, ramassant petit à petit les objets qu'il avait placés la veille. Il observait aussi d'autres détails, mais pour l'heure, la druidesse ne pouvait pas voir lesquels. Quand il la vit approcher, il leva les yeux et lui sourit.
" Tu es levée, c'est bien. Je pense que nous devrions nous mettre en route le plus vite possible." dit-il, prosaïque.
La jeune femme était encore passablement ensommeillée... et monter à cheval sans un bon thé, au minimum, paraissait impossible.

[Voyageuse]

Elle lui sourit, d'un sourire lumineux, joyeux, mais la fin de sa phrase lui arracha une légère grimace.
" Est-ce qu'on a le temps de prendre un thé, quand même ? Tu as déjeuné, toi, déjà ? "
A l'entendre, ce n'était pas le moment de bavarder, encore moins d'échanger des paroles tendres -elle se demandait si cela lui arrivait parfois. Mais elle savait qu'elle devait se montrer efficace et pragmatique et ne s'en formalisa pas.
" Ou bien il y a un souci qui nous oblige à accélérer le départ ?"
Le fameux danger inconnu qu'elle ne comprenait pas, peut-être ?

[Galathée]

" Non, prends ton thé. Je suppose que tu dois être épuisée. Cela se lèvera normalement pendant la journée... Si tu trouves du sucre, prends-en. Ou alors une de tes baies magiques."
Il se détourna, manifestement embarrassé.
" Pour le reste, j'ai mangé un peu de ragoût d'hier... et, oui, je pense que nous devons être certains d'atteindre l'auberge suivante avant la nuit. Comme il va neiger, le voyage sera difficile... Bref, fais à ton aise, mais pas trop."

[Voyageuse]

Elle haussa un sourcil et s'avança d'un pas, posant une main légère sur son épaule.
" Dimitri..., murmura-t-elle avec douceur. Je ne suis pas si fatiguée, j'ai bien dormi... Et je voulais m'excuser pour la discussion tendue hier. J'avais juste follement envie de passer la nuit dans tes bras... et je ne savais pas comment le dire, et j'avais très peur que tu me repousses. Merci d'avoir compris quand même. C'était... C'était inoubliable.
Elle hésita à se rapprocher davantage, et à le serrer dans ses bras, mais elle craignait de le mettre mal à l'aise. Il regrettait peut-être ce qu'il s'était passé, de son côté...
" Mais je vais préparer du thé pour deux, ça te fera du bien à toi aussi," conclut-elle d'un ton léger

[Galathée]

" Astrée... La fatigue que tu ressens... n'a rien à voir avec la qualité de ton sommeil..."
Il était embarrassé.
" Par ma nature, je puise dans ton énergie quand nous sommes intimes... Pas au même niveau qu'un incube ou que certains esprits plus voraces, qui peuvent aller jusqu'à te voler davantage mais... Quand même. Ce n'est pas négligeable. Et si tu veux... réitérer l'expérience... Il faut que tu en sois consciente et que tu agisses en fonction. Alors fais-ce que je te dis. Mange du sucre ou une de tes baies magiques, prends ton thé... et ne te lance pas dans n'importe quoi. Je ne voudrais pas que tu te blesses parce que nous n'avons pas tenu compte... de certains impératifs."

[Voyageuse]

" Oh..."
Elle le fixa avec stupéfaction. Elle n'avait pas envisagé que les choses puissent être ainsi. Mais Ceru aussi avait, d'une certaine façon, puisé dans son énergie pour se soigner. Elle finit par hausser les épaules et retrouva le sourire.
" Je te fais confiance. Tu sais ce qu'il en est... mieux que moi, en tout cas. Je suis sûre que tu sauras t'arrêter avant de trop m'épuiser."
C'était ce qu'il avait fait cette nuit, après tout. Et elle espérait bien réitérer l'expérience, selon ses propres termes. Du moins, pour autant que lui en ait envie, ce qui était difficile à déterminer clairement. Elle imaginait volontiers qu'il puisse avoir besoin de compenser des années de solitude, mais il était fey, et les feys n'avaient peut-être pas les mêmes besoins que les hommes.
" Mais je vais suivre ton conseil et nous faire un thé... pour tous les deux," conclut-elle avec douceur.
Elle était tentée de lui voler un baiser, mais elle jugeait plus prudent de lui obéir d'abord, juste au cas où un simple contact physique déclenche quelque chose d'incontrôlable. Ce n'était certainement pas le cas : elle avait passé la journée précédente dans ses bras, après tout. Mais... elle avait faim, surtout. Du thé, du miel, du pain... quelque chose de consistant.

[Galathée]

Dimitri la laissa faire sans rien ajouter et reprit son ramassage d'objets. Il les rentra ensuite à l'intérieur et les rangea soigneusement aux divers endroits d'où ils provenaient. Il rejoignit ensuite Astrée dans la cuisine.
" Tu n'as pas un de ces petits sortilèges qui permettent de réparer les choses cassées, par hasard ? J'ai forcé pas mal de serrures... Ça m'ennuie un peu de laisser tout ça comme ça, si tu sais y faire quelque chose. Sinon, tant pis... Je me renseignerai dans la prochaine auberge pour savoir comment rattraper les choses."

[Voyageuse]

Astrée avait eu le temps de faire du thé, et d'avaler quelques tartines de pain un peu rassis avec du miel. Du sucre, avait-il dit... Il n'était peut-être pas nécessaire d'y ajouter des baies magiques ? Elle ne se sentait pas si affaiblie que ça.
Elle acquiesça avec un sourire et se leva, avalant rapidement sa dernière gorgée de thé.
" J'ai un sortilège de réparation, pour des choses mineures. Je peux tenter le coup, si ça n'est pas trop abîmé, et je peux le lancer à volonté. Mais viens, assieds-toi, prends le temps de déjeuner, pendant que le thé est chaud... Tu as le droit à quelques minutes de repos, tout de même..."
Elle glissa son bras autour de sa taille, avec tendresse, pour l'inciter à s'approcher d'une chaise. Il était tellement... sérieux et pragmatique, toujours concentré sur une tâche. Elle devait l'encourager à se détendre, lui servir un thé, le convaincre de déjeuner. Le départ pouvait certainement attendre deux ou trois minutes de plus.

[Galathée]

Dimitri parut tout à fait surpris de son geste d'intimité et, s'il ne la repoussa pas, elle le sentit se crisper à son contact. Il n'avait manifestement pas anticipé qu'elle puisse vouloir prolonger leur intimité ailleurs que dans un lit partagé. Mais, bien sûr, elle pouvait décider d'ignorer son malaise. Il était trop poli pour dire quoi que ce soit.
" Je ne suis pas fatigué, je viens de me lever, remarqua-t-il. Mais je suppose que je peux m'asseoir deux minutes pendant que tu répares les portes. Je suis certain que ton sortilège suffira : ce n'est pas comme si j'en avais arraché la moitié."

[Voyageuse]

" Je vais aller voir... Prends le temps de faire un vrai déjeuner."
Il était levé depuis un moment déjà, à en juger par l'état du lit lorsqu'elle s'était réveillée. Mais à son échelle, c'était sans doute un court moment.
Elle ne prolongea pas le contact outre mesure. Sa réaction ne le surprenait pas réellement : il n'avait jamais paru très porté sur la tendresse. Il n'était pourtant pas novice en matière de vie de couple : il avait eu une femme par le passé, qu'il avait aimé sincèrement. Mais leur relation était peut-être basée sur un autre fonctionnement, sans gestes de tendresse ? Ou alors, il réservait cela aux personnes qu'il aimait réellement ? Elle préféra ne pas s'attarder sur cette idée particulièrement déprimante, et fila sans demander son reste. Elle avait des portes de placards à réparer, et aucune envie de gâcher sa bonne humeur matinale par des interrogations stériles. Elle devait juste... s'adapter à son fonctionnement. Et lui témoigner de l'affection autrement.

[Galathée]

La réparation des placards se déroula sans encombres et lorsqu'Astrée en eut terminé, tout avait repris sa place initiale. A part les vêtements que Dimitri avait volés aux propriétaires des lieux, ils n'auraient au final rien à rembourser. Tandis que la jeune femme finissait son travail, Dimitri rangeait la cuisine et faisait la vaisselle, si bien qu'ils furent bientôt prêts à partir. La dernière épreuve était de convaincre Prince de reprendre sa forme équine, mais cela fut plus simple que prévu, malgré la neige qui m'amoncelait dans le ciel et promettait bientôt de leur déferler sur la tête.
Ils se mirent en selle sous des nuages gris sombre et prirent le petit galop immédiatement, histoire de profiter encore un moment d'une piste acceptable, avant que les choses ne se gâtent.

[Voyageuse]

Outre les vêtements pris par Dimitri -et les bottes trop petites- Astrée avait empaqueté un petit en-cas pour midi et surtout "emprunté" une couverture au moment du départ. Elle avait perdu son manteau dans l'histoire, le temps menaçait, et elle connaissait les dangers du froid. Elle aurait volontiers proposé à Dimitri de monter à deux en s'enroulant dans la couverture, pour avoir plus chaud, et pour le plaisir d'être dans ses bras, mais elle devinait qu'il n'en aurait pas spécialement envie -et ne tenait pas vraiment à le voir confirmer froidement cette intuition. Elle garderait cet argument pour le moment où cela deviendrait réellement nécessaire, s'il se mettait à neiger, ou si Prince avait trop froid et devait redevenir écureuil.

Par acquis de conscience, elle laissa une pièce d'or en dédommagement, bien en évidence à l'intérieur du placard où se trouvaient les provisions. Ainsi, elle pourrait expliquer qu'ils n'avaient rien volé. Puis elle noua la couverture en cape et prit le galop à la suite de Dimitri, sa bonne humeur du matin laissant place à une légère mélancolie qu'elle repoussa de son mieux. Elle en connaissait la cause : la froideur de Dimitri après leur nuit ensemble était déstabilisante. Mais elle pouvait également accuser la dégradation de la météo d'être responsable de son humeur mitigée, après tout.

Elle s'efforça, de faire abstraction de cette petite chute de moral. Elle devait juste rester pragmatique. Comme lui. Et un bon galop matinal était un bon moyen de se concentrer sur tout autre chose.

[Galathée]

Ils voyagèrent sans heurts jusqu'à la mi-journée. Le ciel était menaçant et laissait échapper des flocons de temps à autres, mais rien de bien dramatique. Evidemment, comme la route était peu empruntée, il en restait une couche en permanence sous leurs sabots, mais rien d'insurmontable. Prince ne se plaignit pas d'être sous la selle : après de longues heures enfermé dans une jarre, il avait besoin de liberté. Il faisait froid mais il prenait souvent de la vitesse pour galoper (et déraper) en tête. Petit à petit, malgré le verglas, il semblait gagner en équilibre. Astrée faillit tomber plusieurs fois — monter à cru était peut-être plus proche de la nature, mais les étriers n'avaient pas été inventés juste pour faire joli — mais elle se rattrapait chaque fois de justesse avant de voler dans le décor. Dimitri rit quand même une fois (mais pas plus, car c'était un homme bien élevé).
A la mi-journée, ce fut le mercenaire qui signala la halte, à l'abri d'un chêne magnifique, qui empiétait un rien sur le parcours. Les flocons étaient un peu plus nombreux, on percevait le changement de temps dans l'air.

[Voyageuse]

Astrée ne se formalisa pas du rire de Dimitri, au contraire : elle était heureuse de le savoir d'humeur légère. Et les facéties involontaires de Prince l'amusaient suffisamment pour compenser sa petite baisse de moral matinal.
Elle mit pied à terre avec un soulagement évident, sa couverture sur les épaules, et fit quelques pas pour se dérouiller les jambes.
" Je n'ai pas grand-chose pour le casse-croûte, prévint-elle. Un peu de pain et de miel, mais le ragoût froid, ce n'est pas très tentant... Est-ce que tu veux que je nous fabrique des baies magiques ? Ou est-ce qu'on a le temps de faire un petit feu... au moins pour un thé chaud ?"

[Galathée]

" Comme tu veux. Je ne suis pas très friand de baies magiques, je préfère de la vraie nourriture... même si c'est du ragoût froid. De toute façon, nous serons à l'auberge ce soir. J'espère dans une vraie auberge, cette fois."
Il jeta un oeil derrière eux.
" Je ne suis pas contre un feu non plus, mais rapidement. Nous ne pouvons pas nous arrêter très longtemps au milieu de rien."

[Voyageuse]

Un petit feu permettrait de faire bouillir l'eau d'un thé. Un peu de chaleur était indispensable. Le ragoût froid... bah, ils y survivraient. Mais elle ne partageait pas vraiment son optimisme concernant l'auberge : à moins qu'ils ne tombent par miracle en face de voyageurs allant en sens inverse, l'auberge serait probablement fermée, comme les autres. A moins qu'ils n'arrivent déjà à l'auberge aux crocodiles, où il y avait peut-être une présence permanente ? Elle n'en savait rien : elle était incapable de se souvenir des auberges traversées à l'aller, en dehors de celle des crocodiles et de celle des trolls.

Elle rassembla rapidement quelques menus branchages, qu'elle allumerait d'un sortilège, tout en questionnant.
" Ce qui t'inquiète, c'est toujours ces... prédateurs... dont tu parlais hier, qui pourraient te pister ? Est-ce que tu sentirais leur présence s'ils approchent ? Tu as l'air de pouvoir ressentir beaucoup de choses..."

[Galathée]

" Je les perçois, oui. Et ils sont toujours là. Mais ce sont des créatures de l'ombre, donc nous ne risquons rien tant qu'il fait jour. Mais ils ont repéré notre auberge, cette nuit... et ils savent qu'ils sont sur la bonne piste... donc, les risques sont plus grands ce soir. Il est vraiment nécessaire que nous soyons dans un endroit plus peuplé, sans quoi nous allons avoir des ennuis. Enfin, je vais avoir des ennuis. Tu ne risques probablement rien. Mais tu ne pourras pas m'aider non plus. En cela... Nous devons nous dépêcher."
Pendant qu'elle s'occupait du feu, il fit le tour du chêne. Quand il reparut de l'autre côté, il était en train de reboucler son épée autour de sa taille.
" Mais je me sens déjà plus armé."

[Voyageuse]

La situation était quelque peu inquiétante, en effet. Elle était persuadée qu'elle trouverait un moyen de l'aider, ne serait-ce qu'en étant là pour lui prodiguer des soins... Mais il avait raison, il fallait espérer que l'auberge soit peuplée.
Elle oublia tout ce qu'elle s'apprêtait à dire en apercevant l'épée. Stupéfaite, elle lui retourna un regard admiratif. Était-ce réellement... son épée ?
" Ouah... Comment tu as fait ça ?"
Sous l'effet de la surprise, elle avait failli lâcher le gobelet plein de neige qu'elle tenait en main. Elle se hâta de le déposer au milieu des flammes. L'eau serait bouillante en un rien de temps. Juste le temps d'avaler un peu de nourriture froide.

[Galathée]

Il haussa les épaules.
" Mon épée est un peu comme ton écureuil. Nous nous retrouvons toujours."
Il désigna le vieux chêne.
" Il me fallait un intermédiaire chargé en énergie ancienne. Il y en a heureusement beaucoup en Lorien. J'aurais eu plus de mal en pleine ville... même s'il y a toujours des sites puissants dans les rassemblements humains aussi."

[Voyageuse]

" C'est quand même... incroyable."
Elle sourit, et lui tendit un peu de ragoût froid fort peu appétissant.
" Mais c'est une bonne chose. Tu vas pouvoir te défendre... Et nous défendre. On risque d'en avoir besoin : il est fort possible que l'auberge soit vide, ce soir. Et même s'il y a un peu de monde, je ne suis pas sûre que quelques humains désarmés arrêtent ces créatures de l'ombre, non ? S'ils sont sur ta piste..."

[Galathée]

" Ça ne marche pas comme ça, ce ne sont pas des créatures au sens où tu l'entends. Si quelque chose se produit, ce sera dans un plan qui ne concernera personne d'autre que moi, personne ne sera en danger, sauf moi. Mais votre présence suffira, tu ne dois pas t'en faire."
Il prit le ragoût froid et en mangea sans se formaliser.
" Mais tu as l'air inquiète... Tu crois que l'auberge suivante est déserte, elle aussi ?"

[Voyageuse]

Elle hocha la tête.
" A moins qu'on ait la chance d'arriver un soir où d'autres voyageurs ont prévenu de leur présence, on risque de trouver à nouveau porte close. Enfin, sauf s'il s'agit d'une auberge habitée en permanence... Ce sera le cas de l'auberge aux crocodiles, j'imagine, mais il me semble qu'elle était un peu plus au nord, je crois qu'on l'atteindra plutôt la nuit suivante... enfin, je ne sais plus, mes souvenirs sont flous. A mon avis, les autres sont probablement aussi vides que cette qu'on vient de quitter. La route n'est pas très fréquentée."
Avec un soupir, elle emprisonna quelques feuilles de thé dans une petite boule grillagée qu'elle déposa dans le récipient d'eau.
" Mais donc, si jamais il n'y a que moi... ou même s'il y a un peu de monde... Il faudra me dire précisément tout ce que je peux faire pour t'aider... ou te soutenir, du moins... s'ils viennent s'en prendre à toi."