La Couronne de Cuivre

Quête : les chemins de Luménis

- C'est comme vous voulez, vraiment! Je vous sens hésitante... N'ayez pas peur de nous déranger, nous serions vraiment heureuses de vous accueillir à dîner. c'est quand même grâce à vous si nos filles sont sauvées !
Asna détournait le regard. Elle savait que sa soeur n'était pas entièrement sauvée...
- Je dis "heureuses" car nous sommes entre filles : mon gendre est aux champs. Mais si vous préférez un peu de solitude, je vous fait porter un petit en-cas ici, au temple, par une des filles. Vous devez être affamée !
- Non, venez avec nous... Vous allez bientôt partir pour Luménis, on aimerait profiter un peu de votre présence... Et puis vous pourrez voir si mes soeurs vont mieux !
Le ton suppliant d'Asna était peut-être dû en partie à l'espoir qu'en présence de la rôdeuse, elle échapperait sans doute à un questionnement trop poussé et à un sermon sur son absence... Ou qu'elle aurait une alliée si la situation dégénérait!
Elle avait quitté son air préoccupé et songeur. Comme si elle avait pris une décision...

Quête : Les chemins de Luménis

La rôdeuse était sensible à l’inquiétude d’Asna. Et puis, elle était contente de pouvoir se rendre utile. La potion n’avait pas suffi, et elle rentrait bredouille de sa visite chez le Peuple Libre ; alors, si sa présence rendait service à la jeune fille, c’était toujours ça.

- C’est gentil. Dans ce cas … Elle sourit à Asna. Je viens avec vous.

Quête: les chemins de Luménis

Le repas se passa dans un calme relatif. Lucia tenta bien au début d'interroger sa fille sur l'endroit où elle était allée et sur le pourquoi de sa disparition, mais Asna parvint à rester évasive. Ne voulant pas entrer dans un conflit ouvert devant une "étrangère", Lucia n'insista pas, escomptant certainement revenir à la charge dès qu'elle serait seule avec sa fille.
De temps à autres, des yeux se portaient vers la fenêtre, par laquelle on apercevait l'entrée du petit temple. Si Aïdan revenait, elles en seraient tout de suite informées.
Lucia tentait de tromper son impatience et son inquiétude par un tourbillon d'activités plus ou moins utiles : vaisselle - elle-même et le reste de la famille avait déjà déjeûné, bien avant l'arrivée de Asna et Eldrina, rangement, poussière, repassage... Tout en devisant de choses futiles - le temps qu'il faisait, le voyage jusqu'à luménis, les "raids" du peuple libre... Puis, à court d'idée, elle laissa le silence s'installer. S'alourdir.

- J'ai l'impression que Sania n'a plus la force de parler, fit-elle soudainement, décidant enfin d'exprimer son angoisse. Elle n'a rien dit tout à l'heure quand je lui ai donné son bouillon, même pas un merci... Ca m'inquiète... J'aimerais tant qu'Aïdan revienne vite. Je sais bien qu'il a dit qu'elles seraient épuisées, mais... vous croyez que c'est normal, vous ?
Asna avait détourné le regard, plongeant les yeux dans son assiette, mais sa mère n'en avait pas conscience : elle avait les yeux fixés sur Eldrina, et le ton empreint d'inquiétude.

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina s’attendait à cette question. Dès qu’elle avait vu Lucia, elle s’était douté que celle-ci finirait par laisser éclater son inquiétude. La question était de décider ce qu’elle lui répondrait. Elle ne souhaitait pas parler du bracelet, tant pour éviter d’autres ennuis à Asna que pour ne pas paniquer Lucia encore plus. Mais elle préférait ne pas lui mentir, dans la mesure du possible. Elle tenta une réponse un peu vague mais qu’elle voulait rassurante.

- Ecoutez, je vais parler de tout ça avec Aïdan dès qu’il sera de retour. Mais, enfin… Sania est jeune, il ne faut pas l’oublier, et vivre un évènement aussi angoissant… eh bien… Ça n’a rien de surprenant qu’elle soit sous le choc, donc… Enfin, de toute façon, s’il y a quoi que ce soit, Aïdan et moi nous en occuperons, d’accord ?

Elle avait pris le ton le plus apaisant possible, et espérait qu’Asna ne ferait pas de gestes ou de remarques qui puissent contredire ce qu’elle venait d’exprimer et perturber Lucia.

Quête : Les Chemins de Luménis

C'était sans doute ce que Lucia avait besoin d'entendre, car elle sembla immédiatement rassérénée. Un petit peu du moins.
Le grand-mère, elle, semblait avoir des doutes. Il faut dire qu'elle était au courant de cette histoire de potion magique, même si elle ne savait pas pourquoies filles avaient cherché à la produire. Néanmoins, elle ne fit aucune remarque, attendant sans doute d'être seule avec Asna.
La plus jeune des filles écoutait la conversation des adultes sans y prendre part. La cadette, elle, faisait des allers-retours vers les chambres pour veiller sur ses soeurs, au grand agacement de sa mère qui finit par lui ordonner de les laisser dormir. La mine sombre, elle finit pars'asseoir sur un banc en attendant la fin du repas d'Asna et Eldrina, les yeux rivés sur la fenêtre...
- Voilà Aïdan ! lança-t-elle soudain, surexcitée et soulagée.
Lucia se précipita à la fenêtre et confirma le retour du prêtre.
- Vous avez fini de manger, je suppose que vous voulez retourner là-bas... Vous pouvez lui dire de passer nous voir ? J'imagine qu'il le fera de toute façon, mais... s'il pouvait venir vite... expliquez-lui, je n'ose pas le déranger encore...

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina se sentit bien embêtée. A vrai dire, elle n’osait pas non plus aller déranger le prêtre. Elle se doutait qu’il viendrait à un moment ou à un autre lui parler de sa visite en forêt et de ce qu’il convenait de faire, mais la journée avait dû être éreintante, avec tous ces malades à visiter, et peut-être souhait-il se reposer un peu avant de revenir s’occuper de tout cela.

Mais la jeune femme n’avait pas le cœur à faire attendre encore Lucia, dont l’inquiétude était palpable. Elle se leva donc pour rejoindre Aïdan.

Quête : Les chemins de Luménis

Le prêtre l'accuillit avec un sourire un brin fatigué.
- Je me doutais que vous étiez rentrée. Je pensais faire plus vite, mais les visites m'ont pris davantage de temps que prévu, il y a toujours un problème qui se rajoute à la liste... J'allais justement me rendre chez Lucia pour prendre des nouvelles, mais je vois que vous en venez. Dites-moi donc comment vont nos deux apprenti-alchimistes ? Et surtout... Cette visite chez nos voisins du peuple libre a-t-elle apporté quelques éclaircissements à notre affaire ? Mon confrère adepte de Tymora a-t-il de quoi délivrer la jeune Sania de la malédiction ?

Quête : Les chemins de Luménis

La rôdeuse grimaça en réponse.
- Eh bien, les filles vont bien pour le moment, et Frère…euh…le prêtre de Tymora – elle avait encore oublié son nom – a libéré Enzo de la malédiction, mais ce faisant il a utilisé son dernier parchemin. Il pense, comme vous, que le mieux est d’aller chercher de l’aide à Luménis. Il m’a confié les objets. Elle eut un geste vague pour les désigner ; l’idée de les empoigner pour les lui montrer ne l’enchantait guère.

HRP:désolée du retard, boulot et souci de connexion

Quête : Les chemins de Luménis

Aïdan sursauta et se précipita vers le sac. Du moins s'en aprocha-t-il avec plus de précipitation qu'à l'accoutumée. Il examina d'un oeil intéressé les objets, confirmant de quelques soupirs et marmonnements à pine audibles le diagnostic de son "confrère". Il semblait avoir quasiment oublié la présence de la jeune rôdeuse.
Il finit par relever la tête.
- Excusez-moi... Oui, vous avez raison, il nous faudra aller quérir de l'aide à Luménis... Y emmener Sania, ou envoyer quelqu'un chercher un parchemin...
Son attention semblait irrésistiblement attirée par les objets enchantés.
- Vous savez, j'ai rarement l'occasion d'examiner de près de tels objets. Pourquoi Frère Toque vous les a-t-il confiés ? Pour me les remettre ? Je doute de pouvoir les garder en sûreté...

La porte s'entrouvrit, et Asna se glissa dans la pièce, saluant timidement le prêtre. Elle sembla un instant sur le point de vouloir répondre à la question à la place d'Eldrina, et se mordit les lèvres pour se contenir. Une impression d'impatience émanait d'elle, mais elle voulait sans doute les laisser terminer leur conversation avant de parler. le prêtre, du reste, faisait à peine attention à sa présence, les yeux fixés sur les armes et bijoux maudits.

HRP: Pas grave. Bon courage pour gérer tout ça!

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina tendit la main brusquement et récupéra sac et objets. Elle foudroya Aïdan du regard. Elle lui faisait confiance, bien qu’il soit un prêtre, et comptait sur lui pour aider les filles ; ce n’était pas pour qu’il se mette à baver sur le « trésor » avec des regards cupides, ou quoi que ce soit d’autre. Elle lui répondit donc sèchement :
- J’en doute aussi. Le mieux serait, comme votre confrère a eu la sagesse de le reconnaître, de le confier à quelqu’un à Luménis qui soit plus à même de les garder.

Quête : les chemins de Luménis.

Les yeux d'Aïdan s'arrondirent de surprise devant la réaction un peu brusque de la rôdeuse.
- Oh mais... Bien sûr, oui, il faut les emmener à Luménis. Malheureusement, j'en reviens juste, je n'avais pas prévu d'y retourner de sitôt, je ne sais pas comment fare, sauf si vous...
Asna choisit ce moment pour faire un pas en avant.
- Moi je peux les emmener là-bas !, claironna-t-elle. Et si vous avez besoin que je ramène quelque chose pour soigner Sania, je pourrais le faire aussi.
- Toi ? Mais... Voyons, Asna, tu es trop jeune, ta mère ne serait pas d'accord... Et puis, il me semble que ces objets ont été confiés à Dame Eldrina, pas à toi, si je ne me trompe pas ?
- Oui mais c'est ma soeur !
Le prêtre soupira, et se tourna vers Eldrina, quêtant une aide.

Quête : Les chemins de Luménis

La rôdeuse resta un instant interdite. C'était donc cela, l'air louche qu'avait la jeune fille depuis leur retour de la forêt ! Voilà quelque chose qu'elle aurait été bien en peine de deviner seule. Elle réfléchit à la proposition d'Asna. Elle-même avait prévu de ramener les objets et de chercher de l'aide pour Sania, après s'y être engagée auprès de Frère Toque et de Lucia ; d'autant plus qu'ainsi, la jeune femme se disait que ce serait un moyen comme un autre de découvrir Luménis.
Elle rechignait à laisser Asna s'en charger seule ; on ne savait jamais ce qu'il pourrait lui arriver pendant le trajet, et ce n'était pas le moment de causer d'autres frayeurs à Lucia.

Mais y aller avec elle ? La jeune fille en serait sans doute très heureuse ; à sa place Eldrina se serait sentie coupable et aurait tenté de se racheter de la sorte; cependant... Elle se sentait mal à l'aise à l'idée de ne pas voyager seule; que trouverait-elle à lui dire ? Et puis, cela l'angoissait un peu, il lui fallait bien le reconnaître.

Soudain, elle se mit à rire : elle avait décidé de se rendre dans une ville où elle croiserait sans doute plus de gens qu'elle n'en avait jamais vu, et voilà qu'elle s'effrayait d'une seule personne ?

Elle répondit donc finalement :
- Je vais à Luménis quoi qu'il en soit, alors un objet de plus ou de moins... Mais si Asna veut m'accompagner, elle peut. Enfin, je veux dire, moi je n'y vois pas d'inconvénient...mais peut-être que Lucia...ou je ne sais pas, vous-même, Aïdan...ou bien...euh...
Elle se racla la gorge, toujours un peu gênée de devoir s'exprimer.

Quête : Les chemins de Luménis.

Le regard empli de gratitude d'Asna aurait illuminé la grotte la plus obscure. Elle jeta un regard victorieux vers le prêtre, qui semblait bien incapable de trouver une répartie.
- Je... je ne suis pas sûre que ta mère soit d'accord, Asna... Tu te rends pas compte, partir sur les routes à treize ans...
- Quatorze dans trois jours ! Et il faut bien quelqu'un pour aller chercher un de vos parchemins et le ramener, non ? Dame Eldrina ne pourra pas le ramener !
- Oui, bien sûr... mais j'aurais trouvé quelqu'un d'autre... Ecoute, si ta mère est d'accord, moi je ne dis pas non, mais à mon avis elle refusera...
- Je la convaincrai ! Elle n'aura pas peur puisque je ne serai pas seule! Et puis, ce n'est pas loin, on y est en deux jours. Dites, vous voulez bien m'accompagner chez moi pour dire à ma mère que vous veillerez sur moi ?
Le ton était à nouveau suppliant, et plein d'espoir.

Un coup à la porte les interrompit. Celle-ci s'ouvrit aussitôt sur Maria, la soeur cadette.
- Excusez-moi... je viens chercher Asna, maman se demande ce qu'elle fait... Et, ajouta-t-elle en se tournant vers le prêtre, elle voudrait bien que vous passiez voir Sania et Lana, elle trouve bizarre qu'elles dorment autant, et que Sania... enfin...
Elle s'empourpra et se tût, ignorant si le prêtre était au courant au sujet de la perte de parole de sa soeur.
Asna pâlit.
- Oh là là, qu'est-ce que je vais lui dire ?... Ils sont au courant, précisa-t-elle à l'adresse de sa soeur avant de se tourner vers Eldrina.
- Qu'est-ce que vous feriez à ma place ? Si je lui dis ce qui s'est passé, que c'est de ma faute, elle voudra me punir et ne me laissera jamais partir... Ou alors je ne dis rien, elle découvrira toute seule demain que Sania ne parle plus, et je me débrouillerai pour être déjà partie...
Aïdan, se désintéressant ostensiblement de la conversation, enfilait déjà son pardessus et se dirigeait vers la porte. Sans doute savait-il que quel que soit l'avis qu'il donnerait, la jeune fille ne l'écouterait pas, au contraire.

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina soupira. Pour elle, l'essentiel était que d'ici quelques jours Sania soit entièrement guérie; pour ce qui était de tenir ou non Lucia au courant de tous les tenants et aboutissants de cette histoire, elle n'y avait pas vraiment réfléchi et les aurait volontiers laissés gérer ça seuls. Mais de toute évidence, Asna comptait sur elle et son avis aurait de l'importance pour la jeune fille. Elle y réfléchit donc quelques instants.

Lucia et Jolan ne mettraient pas beaucoup de temps avant de découvrir la vérité; et si Asna partait avant, elle ne ferait que déléguer la punition à plus tard, ses parents lui en voudraient certainement d'être partie sans rien dire. De plus, s'ils le découvraient seuls, ils seraient sans doute beaucoup plus paniqués que si on les prévenait à l'avance en prenant le temps de les rassurer. Comme souvent, la solution qui apparaissait la plus raisonnable à la rôdeuse était un compromis.

- Eh bien, le mieux est de leur dire ce qu'il en est pour Sania, mais...nous pourrions simplement laisser entendre qu'il s'agit d'un effet secondaire de l'empoisonnement... sans dire que tu es responsable...comme ça, tu n'aurais pas trop d'ennuis...

Quête : Les chemins de Luménis.

Aïdan, qui s'apprêtait à quitter la pièce,se tourna vers elles en haussant un sourcil.
- Jeune fille, à toi de voir... pour ma part, ne compte pas sur moi pour mentir si ta mère me pose des questions directement. Il faut savoir assumer ses actes.
Asna hocha la tête, lentement, suivant le prêtre au-dehors. Puis, saisie sans doute d'une inspiration subite, elle prit les devants et se précipita pour rentrer avant lui chez elle. Sa soeur cadette la suivit aussitôt.
Le prêtre les regarda disparaître dans la maison avec un sourire désabusé.
- Vous devriez venir aussi, ça rassurera Lucia de savoir que vous allez accompagner sa fille là-bas.

En approchant, ils entendirent clairement les bribes de conversations.
- Mais pourquoi elle ne peut plus parler ?
- ..... Il sait comment la guérir, ...... un parchemin qu'il faut acheter à Luménis. Je lui ai dit que j'irai, avec Dame Eldrina !
- Toi ?
Aïdan toqua à la porte sans attendre davantage, avec un regard interrogateur à l'attention d'Eldrina. Elle avait encore le temps de s'esquiver si elle préférait ne pas assister à la discussion. Mais Asna comptait telement sur son soutien.

HRP: si tu veux, on peut abréger la discussion, ne pas rentrer dans les détails... Sauf si tu aimes les discussions et dans ce cas on détaille un petit peu. Vraiment c'est comme tu préfères ! !

HRP: De toute façon, ça ne colle pas trop avec Eldrina de bavarder pendant des heures, donc si on fait une longue discussion, elle n'interviendra pas beaucoup, pas plus d'une fois ou deux. Mais ne t'inquiète pas, en soi j'aime bien les discussions, donc ne te sens pas gênée de ce côté-là.

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina hésita un instant. Asna comptait vraiment sur elle... Elle fit un pas vers la pièce, mais elle paniqua. Des sueurs froides l'assaillaient à l'idée d'entrer dans un grand débat. Elle essaya de se convaincre d'y aller; elle pourrait peut-être aider à rassurer Lucia, et puis Asna avait besoin d'elle. Une petite voix dans son esprit lui rappela qu'avec les trésors d'éloquence dont elle était capable, son absence ne poserait pas trop de problèmes à la jeune fille...

Pourtant, elle choisit finalement de rester. La rôdeuse se dit qu'elle allait sans doute le regretter lorsqu'elle devrait prendre la parole, et puis il n'était pas certain que Lucia accepte de confier sa fille à quelqu'un qui se mettait soudainement à bégayer ou marmonner des inepties... Mais elle ne s'esquiva pas.

Quête : Les chemins de Luménis

Bien sûr, Lucia se précipita vers Aïdan dès qu'il apparut, l'abreuvant de questions, exigeant qu'il aille voir les deux patientes et donne son avis sur leur état. Leclerc resta prudent, se contentant de confirmer qu'il n'était pas normal que Sania ne parle pas, sans s'appesantir sur la cause du phénomène. Il confirma qu'il avait besoin d'un parchemin à Luménis pour soigner définitivement la jeune fille de son mutisme, et que Asna s'était portée volontaire pour aller le chercher.

- Mais vous êtes certain que ce parchemin peut la soigner ?
- Absolument certain, je peux vous rassurer sur ce point.
- Mais... c'est dangereux, Luménis, c'est une très grande ville, et Asna n'est qu'une enfant...
- J'ai presque quatorze ans ! Et ce n'est pas au bout du monde quand même! Je te promets, maman, je ferai attention...
- Quand même, quelqu'un d'autre pourrait s'en charger... je peux y aller, moi, ou ton père ! ou même ta grand-mère !
Aïdan eut un sourire compréhensif. Il comprenait son inquiétude.

- Maman, mes petites soeurs ont besoin de toi, tu ne voudrais pas les laisser ici, malades comme elles sont. Et Papa a du travail aux champs. Et Mamie a souvent le dos bloqué, voyager sur les routes humides ne serait pas bon pour elle.
- Asna, tu me sous-estimes !
- Oui, bon... Mais j'aimerais tellement faire quelque chose pour aider...
Son ton était suppliant. Sa grand-mère lui laça un regard appuyé - elle savait que sa petite-fille se sentait coupable, même si elle ne savait pas de quoi - mais n'insista pas.
- Et puis, je ne serai pas toute seule, Dame Eldrina va m'accompagner jusque là-bas, puisqu'elle aussi se rend à Luménis !
- Elle a sans doute autre chose à faire que te surveiller !

Lucia se tourna vers la rôdeuse, plantant ses yeux dans les siens.
- Sincèrement... Vous pensez pouvoir veiller sur ma fille jusque là-bas? Et... Même... ce serait mieux si vous pouviez la prendre sous votre aile là-bas, les grandes villes sont tellement dangereuses...
- Maman !
- Et je ne suis pas rassurée de la savoir seule sur les routes au retour, il y a peut-être des convois qui viennent par ici, des marchands... Je ne sais pas si je peux vous demander un tel service... Mais peut-être que vous ne trouverez personne, comment faire dans ce cas?
- Lucia, ne vous inquiétez pas tant... Il faut deux jours pour aller à Luménis, et deux jours pour en revenir. Il est très simple de faire étape à l'auberge de Dargyll, qu'elle aura déjà visitée à l'aller. Ce n'est pas une route dangereuse, elle est peu fréquentée et n'intéresse pas les brigands.
- Oui, je sais... Et je sais que vous nous avez déjà beaucoup aidées, Dame Eldrina. Et que je vous demande un grand service encore... Mais si vous pouviez... Juste l'accompagner là-bas, rester avec elle le temps qu'elle trouve ce parchemin, et ensuite veiller à ce qu'elle reparte en sécurité...

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina était tellement inquiète de devoir parler qu'elle n'avait suivi le début de la discussion que d'une oreille. Mais personne ne semblait avoir besoin d'elle pour débattre, et elle s'était rassérénée peu à peu. Elle avait donc écouté avec attention le reste de la conversation.

De toute évidence, Asna et Aïdan était plus convaincants qu'ils ne l'avaient laissé supposer, et elle commençait à se dire que sa simple présence suffisait et qu'on ne lui en demanderait guère plus. Elle sursauta donc quand Lucia se tourna tout à coup vers elle et commença à lui parler, et perdit un peu le fil de la conversation – et de ses pensées.

-Euh, oui oui, ne vous inquiétez pas, je suis contente de pouvoir vous aider, et de toute façon c'est sur mon chemin et … Quelle était la question exacte? Ah oui, veiller sur Asna. Ne vous faites pas de soucis pour elle, elle est très débrouillarde et... Elle s'éclaircit la gorge et raffermit sa voix. Je veillerai à sa sécurité, je vous le promets.

Quête : les chemins de Luménis.

Lucia avait bien du mal à se rassurer.
- Je sais bien que vous ferez votre possible... Et je sais qu'elle est débrouillarde, c'est bien ça qui m'inquiète !Je préfèrerais que vous ne la laissiez pas trop se débrouiller... Et si vous trouviez quelqu'un de fiable pour l'accompagner au retour... Ou peut-être lui réserver sa chambre à l'avance à Dargyll, leur dire de me prévenir si elle ne revient pas dans les temps...
- Maman...
- Lucia, ne vous en faites pas. Si dans cinq jours elle n'est pas de retour, j'irai à sa rencontre jusqu'à Luménis. Mais je suis certain qu'elle sera là dans les temps pour ne pas vous inquiéter inutilement... n'est-ce pas ?
Asna affronta sans sourciller le regard appuyé du prêtre.
- Je vous promets de ne faire que l'aller-retour san traîner en route, moi aussi j'ai hâte de soigner ma soeur !
Ce dernier argument parut convaincre Lucia... à contrecoeur.
Le prêtre ne lui laissa pas le temps de tergiverser davantage, prenant acte de son accord tacite comme si elle l'avait formulé à voix haute.
- Il vous faudra partir demain matin de très bonne heure. Maintenant, si vous le permettez... J'ai encore quelques patients à voir avat que le soleil ne se couche. Je vous laisse à vos préparatifs.
Il salua brièvement la famille.
- Eldrina, il va de soi que vous êtes la bienvenue dans mon humble demeure jusqu'à votre départ ! Vous pouvez vous y reposer à votre aise pendant mon absence, et j'ai de quoi vous préparer un bon repas, ce soir, histoire de compenser mon manque d'hospitalité de la nuit précédente. Sauf si vous voulez dîner ailleurs, bien sûr.
- Vous êtes la bienvenue ici aussi !

Quête : Les chemins de Luménis

La jeune femme se sentait soulagée. Tout s'était finalement bien passé, les filles seraient bientôt guéries : elle pouvait aller se coucher sereinement. Mais elle avait eu son compte d'émotions pour la journée, et elle ne se sentait guère attirée par l'idée de rester encore avec toute la famille pour le repas. Avoir Aïdan pour seule compagnie lui convenait mieux - a priori, il serait moins bavard !

Elle se tourna donc vers Lucia:
- Merci, mais vous préférerez sans doute rester en famille, ce soir. Et puis, je suis déjà installée chez Aïdan, ce sera plus pratique, je ne voudrais pas déranger...

Quête : les chemins de Luménis

Lucia et sa mère, bien sur, protestèrent que la présence d'Eldrina ne les dérangeait pas le moins du monde, qu'elles lui devaient bien ça... mais sans insister vraiment, soit qu'elles aient deviné l'envie de solitude de la jeune femme, soit qu'elles aient envie d'une soirée en famille, qui promettait peut-être des explications orageuses pour Asna.
Rendez-vous fut pris pour le lendemain matin à l'aube : Asna rejoindrait la rôdeuse devant la chapelle.

- Je suis désolé de vous laisser seule, j'ai quelques patients à voir. Mais la chapelle et mon petit chez-moi restent ouverts. J'espère que la solitude ne vous pèsera pas trop !
Le ton était quelque peu taquin - en contradiction avec le sérieux habituel du clerc -, comme si Aïdan pressentait son envie de calme. Il chargea sa besace sur son épaule et s'en fut à grand pas, laissant la rôdeuse seule sur la place, l soleil déclinant à l'horizon. Il restait deux petites heures avant le dîner.

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina s'étira longuement. Quelle journée ç'avait été ! Elle ne s'était pas trompée en décidant de se mettre en route pour Luménis; si même dans un petit village comme celui-ci il y avait autant d'animation, elle ne risquait pas de s'ennuyer.

Mais pour l'heure, elle aspirait à un peu de calme. Elle retourna donc chez Aïdan, vu qu'il ne semblait guère y avoir d'autres activités possibles ici – ce n'était pas comme si elle avait prévu de papoter avec tous les gens qu'elle croiserait...

En arrivant, elle se dirigea directement dans la chambre. Elle avait prévu de dormir, mais en fait elle ne se sentait pas si fatiguée que cela et décida plutôt de faire un peu de gymnastique. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu à fournir de vrai effort physique, à part marcher, et cela ne pouvait pas lui faire de mal.

Quête : Les chemins de Luménis.

Nul ne vint la déranger, et les minutes filèrent, devenant des heures. Le soleil déclinait à l'horizon quand elle entendit Aïdan rentrer, monter les escaliers, et se diriger vers sa chambre. Elle entendit un bruit de fardeau qu'on pose, de vêtements froissés.

Peu après, il frappait deux coups respectueux à sa porte.
- Dame Eldrina ? J'ai tiré un peu d'eau, si vous voulez vous rafraichir avant le dîner. La bienséance veut qu'on laisse passer les dames d'abord, si mes souvenirs sont exacts... Mais je dois bien avouer que je ne reçois guère de Dame en cette modeste demeure, vous me pardonnerez si je manque parfois aux règles de politesse usuelles. Quoiqu'il en soit, je vais nous préparer un petit dîner, il sera prêt d'ici une demi-heure. Voulez-vous que je vous fasse chauffer de l'eau pour un brin de toilette ?

HRP : Je serai absente du 11 au 18 (inclus).

Quête : Les chemins de Luménis

La proposition la fit sourire. De l'eau chaude, cela faisait bien longtemps qu'elle n'en avait plus usé. Mais cela ne lui manquait pas, à vrai dire, car elle s'était habituée à ce mode de vie et l'appréciait pour son côté simple et vivifiant.

Elle ouvrit donc la porte en souriant :
- C'est très gentil à vous, mais vous n'êtes pas obligé de la faire chauffer. De l'eau fraîche me convient parfaitement. Et si vous avez besoin d'aide pour le dîner...

Quête: Les chemins de Luménis

Le clerc acquiesça.
- J'aurais dû me douter de votre réponse, votre tenue indique que vous êtes habituée à une vie des plus simples. Mais sait-on jamais : les apparences peuvent être trompeuses, et vous m'en auriez voulu de ne pas respecter les règles de politesse. Parmi celles-ci se trouve justement le fait que vous êtes mon invitée et que par conséquent c'est à moi de vous recevoir... mais puisque ces règles ne semblent pas être pour vous des principes incontournables, je dois bien avouer que je serais ravi d'avoir un peu d'aide pour éplucher les légumes, si le coeur vous en dit ! Mais vraiment, ne vous sentez pas obligée ! Prenez d'abord le temps qu'il vous faut dans la pièce d'eau ; c'est juste à côté de la cuisine. Moi je me mets aux fourneaux, vous savez où me trouver si vous avez besoin de quoi que ce soit. N'hésitez pas à vous servir dans le placard, il y a du savon et une serviette propre il me semble...
Joignant le geste à la parole, il disparut dans la cuisine, à l'étage inférieur, d'oùse firent bentôt entendre des bruits de vaisselle éloquents.

La salle d'eau était une pièce minuscule, juste à côté de la cuisine, un grand seau d'eau fraiche posé sur un support de bois rustique mais solide, le minuscul placard dont il avait été question, et un orifice contre le mur extérieur, permettant d'évacuer l'eau suivant la pente naturelle du sol carrelé. L'atmosphère était plutôt fraiche, puisque le prêtre venait juste d'allumer le poële à bois de l'autre côté de la cloison.
Mais surtout... un mouvement vif attira l'oeil de la rôdeuse : un serpent, dérangé par son entrée, venait de filer en direction de l'orifice d'évacuation de l'eau. Elle eut le temps d'enregistrer que le serpent en question était une vipère avant qu'il disparaisse.

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina eut un léger sourire. Si ce n'était qu'une vipère, elle n'avait pas de quoi s'inquiéter.
Elle songea qu'elle aurait pu se sentir incommodée de ce signe évident que le confort était un peu fruste; mais ce n'était vraiment pas ce qui la préoccupait, et elle était suffisamment reconnaissante de l'hospitalité d'Aïdan pour ne pas dénigrer ainsi ce qu'il lui proposait. Et après tout, ce n'était pas comme si elle avait pu dans sa vie expérimenter ce que le mot «luxe» signifiait réellement!

Elle se déshabilla donc tranquillement et attrapa le seau d'eau. Si le serpent revenait, elle se débrouillerait pour le faire partir. Et puis, en dernier recours, son poignard était posé à côté d'elle. De toute façon, elle ne resterait pas longtemps dans cette pièce: à peine le temps de penser tout cela et elle avait déjà terminé!

Quête : Les chemins de Luménis

La vipère ne reparut pas, préférant certainement la quiétude de la campagne à la tombée du soir. Quelques autres bestioles se cachèrent dans les recoins de la pièce, araignées, blattes ou lézards, mais ce n'était pas le genre de compagnie susceptible d'inquiéter une rôdeuse. Elle put donc tranquillement se laver et ressortir quelques minutes plus tard fraiche et dispose - et même un peu trop rafraichie : l'eau du puits était glaciale!.

Aïdan n'avait pas chômé, et une bonne odeur de ragoût flottait déjà dans l'air.
- Ce sont des restes de midi, s'excusa-t-il, mais vous savez, le ragoût, plus on le réchauffe, meilleur c'est ! Et puis la salade, elle, est tout fraiche, je viens de la préparer! La terrine, c'est moi qui l'ai faite. Et il y a même des framboises pour le dessert !
Il avança une chaise.
- Tenez, installez vous ici, je vais nous chercher une bouteille de vin... et ne refusez pas, pour une fois que j'ai une raison valable d'en ouvrir une...
Il disparut dans la cave sans attendre sa réponse, et reparut aussitôt.
- Tenez, un petit verre de vin de noix pour l'apéritif, si vous voulez bien... Mais j'y pense, peut-être n'avez-vous pas l'habitude de l'alcool... Vraiment, ne vous sentez pas obligée de boire, vous avez une longue route demain...

Quête : Les chemins de Luménis

L'odeur qui lui parvenait était plus qu'alléchante, surtout qu'Eldrina se sentait affamée; mais à voir tous les efforts que faisait Aïdan, elle espéra qu'il n'en avait pas trop fait : il avait eu une dure journée, elle s'en serait voulu de l'avoir poussé à se surmener.

Elle faillit lui répondre que l'alcool n'était pas ce à quoi elle tenait le plus, mais elle se retint in extremis pour ne pas le blesser, cela avait l'air de lui tenir à cœur ; et après tout, du moment qu'il ne lui faisait pas boire toute la bouteille...

Elle lui sourit pour le remercier.
- Ça sent très bon, c'est gentil d'avoir fait tout ça... Et puis j'adore les framboises...

Quête : Les chemins de Luménis

Aïdan eut un sourire ravi en entendant le compliment de la jeune demi-elfe. Il s'empressa de lui servir un grand verre de vin de noix, puis, réalisant après coup qu'il en avait trop mis, lui assura encore une fois qu'il ne serait pas vexé si elle ne buvait pas.
- Avec tous ces événements, nous n'avons guère eu le temps de discuter. Je sais que vous vous rendez à Luménis, et Lucia m'a dit que vous veniez de Lanfairo. Je situe bien le village, vous savez. J'ai déjà eu l'occasion de m'y rendre et j'y connais quelques confrères. Leur temple est autrement plus rutilant que le mien ! Il faut dire qu'ils sont plusieurs, puisqu'ils ont en charge plusieurs villages des environs, et s'occupent même d'un orphelinat, un projet vraiment formidable ! Ils ont sauvé de la misère et de la famine déjà pas mal d'enfants, ils les élèvent le temps qu'ils soient assez grands pour aller travailler dans les fermes des alentours... Ah, tout çame rappelle des souvenirs... J'ai passé un an à leurs côtés en tant que novice, mais c'était il y a bien longtemps. Seul le doyen actuel était déjà en poste à l'époque...

Il sourit, le regard rêveur, avant de réaliser qu'il monopolisait la parole.
- Mais je parle, je parle... et je ne vous laisse pas placer un mot ! Je ne connais même pas votre nom, j'y pense, peut-être êtes-vous de la famille Subtil? Ou Dubois? Ce sont les deux plus grandes familles du village, si mes souvenirs sont exacts. J'ai eu l'occasion de les cotoyer à l'époque, mais vous deviez être une toute jeune enfant. Et dites-moi donc... qu'est-ce qui vous amène à Luménis, seule sur les routes, si ce n'est pas trop indiscret ? Enfin, je sais que ma question est indiscrète, mais c'est rare de voir une jeune femme voyager seule.

Quête : Les chemins de Luménis

Ainsi, Aïdan avait passé une année avec les prêtres de l'orphelinat. Et c'est justement chez lui qu'elle était allée loger, après tout ce temps. La rôdeuse sourit à l'ironie de la chose. Aurait-elle pu le croiser ? Après réflexion, elle se dit que si c'était le cas, cela ne lui avait de toute évidence pas laissé de souvenir marquant.

Eldrina n'aimait guère repenser à cette période où elle n'avait pas été très heureuse. Mais Aïdan n'avait pas voulu être désagréable, elle lui répondit donc sans s'offusquer après avoir bu un peu de son vin, qui était, il fallait le reconnaître, très agréable.

- Eh bien, justement, vous parliez de l'orphelinat, c'est là que j'ai passé mon enfance. Je ne peux donc pas vous dire mon nom, je l'ignore; quand vos confrères m'ont trouvée, il n'y avait qu'un poignard avec moi, et un petit bout de cuir autour de mon poignet, avec mon prénom inscrit dessus.

Elle reprit une gorgée de vin et se prit à sourire. Le prêtre était sympathique et elle se sentait moins intimidée qu'avec d'autres gens.

- Il est très bon, vous savez, dit-elle en désignant son verre. Et pour votre deuxième question, j'ai décidée de me mettre à voyager, parce que plus rien ne me retenait après … après le décès de la seule personne à qui je tenais. Je vais à Luménis parce que c'est la seule ville que je connais, et qu'il doit y avoir suffisamment de choses à y faire pour que je ne m'ennuie pas.

La Couronne de Cuivre

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