La Couronne de Cuivre

RP : Retour à l'abri.

Contrairement à leurs craintes, les quelques tartines qu’Astrée avait préparées furent englouties sans que leurs estomacs ne fassent de difficulté. Ils parvinrent même à avaler un peu de jambon blanc, au bour d'un certain temps de repos. Et lorsqu'ils se remirent sur leurs jambes... ma foi, l'horizon tanguait toujours un peu, mais ils tenaient debout, et convinrent qu'un peu de marche serait le meilleur remède à leur état. Au pire, ils pouvaient toujours s'appuyer un peu sur leurs montures en cas de nécessité.

L’après-midi était déjà bien avancé lorsqu’ils se remirent en route. L’air fraichissait, et sa caresse sur leurs visages étaient bienvenue. Des nuages s’amoncelaient à l’horizon, promesse d’une nuit sans doute arrosée, et motivation supplémentaire pour rejoindre rapidement les grottes repérées par Première Neige.

RP : Retour à l’abri

L’air frais et le repas finirent de dégriser les deux rôdeurs. L’après-midi était trop avancé pour espérer aller plus loin que les grottes indiquées par la louve mais ils pouvaient tout de même se permettre d’avancer lentement et d’admirer les merveilles de la vallée luxuriante. Leur chemin ne s’écarta guère du petit ruisseau qui avait creusé la dépression aux fils des siècles. Dans les frondaisons des oiseaux chantaient et ils repérèrent de nombreux indices de la présence de petit gibier. Lorsqu’ils atteignirent la grotte choisie par Première Neige, cette dernière déposa deux lapins de bonne taille aux pieds de Kasumi avant de s’éclipser. Elle avait amplement eu le temps de chasser le temps qu’avait duré leur sommeil.

L’abri trouvé par la louve était idéal : il était suffisamment vaste et profond pour qu’ils puissent tous s’abriter sous la voûte, y compris les chevaux et il était idéalement orienté pour que le soleil l’ait réchauffé pendant tout l’après-midi. Le demi-elfe commença immédiatement à installer leur campement, craignant que l’averse ne commence à déverser ses flots avant qu’ils ne soient installés confortablement.

Une fois les couchettes installées et qu'une bonne réserve de bois mort fut réunie, Kasumi ôta sa tunique et adressa un clin d'œil à sa compagne, justifiant son geste :

- Autant profiter que notre halte soit un peu plus longue pour faire un peu de lessive, non ?

Son regard un peu bruyant et sa légère rougeur démentait pourtant cette explication qui ressemblait plus à une excuse.

RP : Retour à l'abri.

Astrée se mit à rire.
- Oui, bien sûr ! Je note donc que l'alcool n'a aucun effet aphrodisiaque sur ton organisme....
Et, sans paraître remarquer la rougeur qui était montée aux joues de son compagnon, elle entreprit d'allumer le feu.
- Si tu veux que nos vêtements sèchent.... Un bon feu me semble indispensable, non ?

Et sans accorder la moindre attention à la réaction de son compagnon, elle ôta à son tour sa tunique.
- Il ne reste plus qu'à décider lequel de nous se charge d'aller faire la lessive au ruisseau... Voyons... Il faut que je te donne combien de baisers pour que tu acceptes de te charger de la corvée ?
Elle avait pris un air parfaitement innocent alors qu'elle l'enlaçait tendrement pour voler un premier baiser.

RP : Retour à l’abri

Kasumi ne se fit pas prier pour répondre avec ferveur à la tendresse mêlée de provocation d’Astrée. La vue de la jeune femme à demi nue lui fit bien vite oublier tout le reste et, sans qu’il s’en rende vraiment compte, ses mains commencèrent à glisser doucement autour de la taille de sa compagne et se mirent à effleurer délicatement ses hanches. Entre deux baisers, il répondit d’une voix rendue un peu rauque :

- Si tu veux que je m’occupe de la lessive, il va falloir me donner tous tes vêtements… Et chacun de tes baisers me convainc un peu plus de m’attarder dans la grotte.

RP : Retour à l'abri

Astrée se mit à rire doucement.
- Quel prétexte… Comme si c’était moi qui avais commencé à me déshabiller !… Je te rappelle que tu es le seul et unique responsable de la situation !
Elle lui cloua le bec d’un baiser passionné.

- Mais tu as raison, continua-t-elle en s’écartant un peu dès qu’elle eut repris son souffle. Il faut que je te donne le reste de mes vêtements.
Elle se déshabilla promptement, lança ses chausses en direction de la tête de son compagnon, et fit mine de l’ignorer complètement pour s’allonger voluptueusement sur la couche qu’il avait préparée. Apparemment décidée à attendre nue son retour de lessive… s’il trouvait le courage d’y aller.

RP : Retour à l’abri

Kasumi n’en crut pas ses yeux et se serait probablement indigné si l’attitude provocante d’Astrée ne lui avait pas ôté tous ses moyens. Son attitude langoureuse faisait battre son sang à ses tempes et faisait monter son désir. Il s’approcha doucement de la jeune femme et la regarda sans vergogne. Il contint difficilement l’envie de se débarrasser de ses propres vêtements pour la rejoindre. Il fit un effort colossal pour ne pas abandonner tout contrôle malgré la raideur qui gagnait peu à peu son bas ventre. Il se pencha le temps de déposer un baiser très chaste sur son front et battit très vite en retraite en s’emparant des vêtements épars.

- Je vais revenir très vite, n’en doute pas ma belle tentatrice. Et nous verrons alors s’il y a moyen de s’occuper pendant cette longue soirée qui nous attend.

Il jeta un long regard nostalgique à la jeune femme, comme s’il l’implorait de le retenir. Il ne voulait pas lui laisser une victoire aussi facile mais si la demande venait d’elle, ce serait bien différent.

RP : Retour à l'abri

Ainsi donc, il résistait à la tentation... Et Astrée ne comptait pas lui donner une victoire trop facile en le retenant d'un mot ou d'un geste. Elle se contenta donc d'un sourire tendre, laissant vaguement son regard glisser vers l'entrejambe de son compagnon, élargissant encore son sourire.

- Comme tu veux, fit-elle simplement. Mais peut-être qu'à ton retour, je dormirai déjà ! C'est long, une lessive....

Et sur cette dernière tentative pour le retenir, elle tira une couverture sur son corps dénudé et ferma les yeux, semblant prête à sombrer dans le sommeil.

RP : Retour à l’abri

Kasumi fut amusé par la réaction de la rôdeuse. Manifestement, elle entendait bien jouer au même jeu que lui en minaudant pour le retenir. Il profita de ce qu’elle avait fermé les yeux pour s’approcher à nouveau discrètement. Lorsqu’il fut à quelques pas, il sauta sans prévenir à ses côtés et se mit à la chatouiller sans pitié à travers la couverture. Il s’installa à califourchon sur son ventre et répondit à ses cris hystériques d’un ton triomphant :

- N’espère pas t’en tirer si facilement. Je suis un champion de la lessive rapide et je trouverai bien une idée pour te réveiller si le sommeil te guette.

Il interrompit la courte lutte inégale en déposant un baiser complice sur les lèvres de sa bienaimée. Ce dernier geste le trahit néanmoins car il fut incapable de se relever lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau. Traîtreusement, l’une de ses mains se retrouva placée sur ses seins et son regard se perdit dans le vague. Alors que son autre main s’activait pour faire lentement glisser le tissu qui la recouvrait, il parla d’une voix soudain beaucoup plus sérieuse :

- Tu es si belle quand tu ris. J’ai bien peur que la lessive doive attendre longtemps…

Alors que le feu crépitait joyeusement pour diffuser sa chaleur dans la petite caverne, Kasumi laissa libre cours à la passion qui ne tarda pas à guider ses gestes doux et attentionnés. Les vêtements qu’il portait encore ne tardèrent pas à rejoindre ceux qu’il avait abandonnés au sol.

RP : Retour à l'abri

Astrée s'était laissée surprendre par l'attaque inattendue de son compagnon, et ne put que subir le harcèlement chatouilleux qui s'ensuivit. Kasumi finit heureusement par tenir compte de ses supplications et remplaça les chatouilles par un doux baiser... qui précipita sa perte.
Elle laissa ses mains glisser sur la peau de son compagnon, l'aidant à ôter ses vêtements, et se laissa enlacer avec volupté, sentant la tension monter en lui comme en elle. Leurs souffles s'emmêlaient, leurs corps se répondaient harmonieusement, et bientôt ils ne cherchèrent plus à retenir leurs gestes, se laissant emporter par le désir qui les brûlait de l'intérieur.

Longtemps après, la passion reflua, les laissant alanguis, repus. Le feu qu'Astrée avait commencé à allumer s'était éteint, et un courant d'air froid leur parvenait de l'extérieur.
- Mon amour... Je crois qu'il va faire trop nuit pour la lessive, non ? Tu ferais peut-être mieux de rester au chaud dans mes bras....

RP : Retour à l’abri

Kasumi caressa tendrement l’épaule d’Astrée et lui adressa un sourire chaleureux puis l’embrassa tendrement sur la joue avant de lui répondre.

- Il est bien trop tard pour la lessive, je suis bien d’accord. Mais peut être as-tu faim ? Je m’occupe de tout pour me faire pardonner. Je vais rallumer le feu pour que tu ne prennes pas froid quoique ça ne me dérange pas que tu te réchauffes dans mes bras.

Après une nouvelle série de baisers, le rôdeur trouva le courage de se relever et ne se donna pas la peine de se rhabiller. Avec expertise, il raviva les flammes et bientôt leur lueur éclairait les parois en une danse à la fois hypnotique et chaleureuse. Il retourna s’asseoir à côté de sa compagne le temps de laisser le feu se développer suffisamment pour faire cuire les lapins. Dehors, les premières gouttes glaciales se mirent à tomber…

RP : Retour à l'abri

Etre au chaud devant un bon feu, dans les bras de celui qu'elle aimait, alors que l'averse éclatait à l'extérieur... Il n'y avait pas de plus grand bonheur possible. Astrée enfila ses chausses, mais resta un moment torse nu, blottie dans les bras de son compagnon, pour le plaisir de sentir la douceur de sa contre la sienne.
Comme il l'avait proposé, elle le laissa s'occuper du repas tandis que la nuit tombait doucement, admirant en silence les reflets bleutés de ses cheveux qui s'irisaient à la lueur dansante des flammes, sa silhouette mince et athlétique qui s'affairait à préparer les lapins.

Elle finit par le rejoindre, déposant au passage un léger baiser dans son cou.
- Je vais t'aider un peu, mon amour. Je ne vais quand même pas me prélasser toute la soirée à te contempler...
Et sans lui laisser le temps de protester, elle s'empara de leur réserve de champignons et pommes de terre pour les préparer.

Bientôt, une délicieuse odeur s'élevait de la gamelle qu'ils avaient mise à chauffer. Et Astrée sentit un sourd grondement émaner de son estomac, si peu discret qu'elle rougit de son inconvenance.
- Je crois que je meurs de faim...

RP : Retour à l’abri

Bientôt le ragoût fut enfin prêt et les rôdeurs se découvrirent un appétit de loup. Ils avaient un peu trop tendance à sauter les repas ces derniers temps et l’air fraichissant de l’altitude les obligeait à puiser dans leurs ressources tout en aiguisant leur faim. Les champignons que leur avaient laissés les xvarts étaient loin d’être aussi toxiques que leur alcool et ils purent s’en régaler sans risque. Il ne resta bientôt plus grand choses des deux lapins non plus et les rôdeurs se retirèrent au fond de la grotte pour s’asseoir l’un à côté de l’autre en se tenant par la main et en observant les cascades de pluie tombant du ciel. Kasumi brisa le doux silence contemplatif qui s’était emparé d’eux :

- Je ne crois jamais avoir rêvé d’un tel bonheur. Lorsque j’ai quitté la Haute Forêt où j’ai grandi, je pensais que je finirais par trouver ma place quelque part dans le monde. J’ai bien cru que cet endroit était Luménis mais la ville ne m’attire plus autant. Depuis que je t’ai rencontré, je sais que l’endroit importe peu, le bonheur vient du temps que l’on passe avec les gens qu’on aime. Tu m’as montré que la vie est pleine de charmes dont je ne soupçonnait pas l’existence.

RP : Retour à l'abri.

La déclaration de Kasumi toucha Astrée au plus profond d'elle-même.
- Oui, le bonheur est d'être avec ceux qu'on aime... Et pour ma part, je veux bien passer ma vie entière à voyager à tes côtés d'un endroit à l'autre sans jamais me lasser, du moment que tu es à mes côtés. Ou alors m'installer quelque part, pour un temps, ou pour longtemps, selon notre envie. Mais cela m'a toujours surpris que tu te sois senti tellement chez toi à Luménis. C'est toujours quelque chose que j'ai du mal à comprendre, chez quelqu'un qui aime autant vivre en pleine nature, que tu aies pu envisager de t'installer en ville. Moi, j'en serais incapable...

Elle espérait ne pas décevoir son compagnon en avouant cela. Peut-être avait-il escompté qu'elle viendrait vivre avec lui à Luménis ?
- Enfin, je veux dire... Pas toute ma vie. J'aurais l'impression d'étouffer si je devais vivre dans une si grande ville. Même avec toi à mes côtés... Ou alors, peut-être dans une cabane en plein coeur du parc...

RP : Retour à l’abri

Kasumi sourit à la mention de la cabane dans le parc. Il doutait que les autorités Luméniennes voient d’un bon œil ce genre d’initiative. Cependant, son sourire était avant tout du aux autres paroles de la rôdeuse. Elle avait envie qu’il reste à ses côtés voire de s’installer définitivement quelque part avec lui… Ce souhait faisait tellement écho au sien qu’il se sentit soudain euphorique et, ne trouvant pas les mots pour lui répondre, l’embrassa avec fougue. Plus tard, lorsque leurs lèvres se séparèrent il avait réuni suffisamment ses pensées pour parler à nouveau :

- Eh bien, ton abri est un bon endroit pour commencer notre vie ensemble. Je suis certain que tu sauras me montrer la beauté des montagnes. Plus tard, nous déciderons ensemble si nous devons nous installer ailleurs. J’aime voyager et je rêve de découvrir l’île à tes côtés alors nous aurons certainement quelques mois pour nous décider. En tous cas, je ne me vois pas en tant que maître dans un manoir cossu des beaux quartiers de Luménis avec une armée de domestiques pour nous déranger si ça peut te rassurer. Un petit village ou une petite maison isolée est ma plus grande ambition après celle de vivre à tes côtés.

RP : Retour à l'abri

Astrée s’était blottie contre som compagnon, la tête au creux de son épaule, et contemplait la lueur dansante des flammes tout en devisant.
- Moi, ce que j’aime le plus, ce sont les montagnes, avoua-t-elle. C’est pour ça que je me sens si bien dans mon petit abri perdu dans les rochers. Mais je peux aussi vivre ailleurs ! Avec Gwendall, on s’était installés sur la côte, par exemple… Mais il m’avait promis qu’on irait au moins une fois par an passer quelques décades en montagne, et il a toujours tenu parole.

Elle réalisa que parler de Gwendall était moins douloureux qu’autrefois. Le temps avait fait son œuvre de deuil. Mais parler d’Aurore… cela aurait été trop difficile. Le simple fait d’y songer lui serrait le cœur. Et elle sentait, confusément, qu’il en irait sans doute toujours ainsi. On ne se remet jamais de la mort de son enfant.
- Je suis heureuse que tu viennes vivre avec moi, ajouta-t-elle tout bas. Je me sentais si seule, parfois…

RP : Retour à l’abri

Instinctivement, le rôdeur avait perçu le malaise de sa compagne sans toutefois en deviner l’origine exacte. Il se contenta donc de resserrer le bras qu’il avait passé autour de son épaule en un geste tendre et apaisé. Il ne trouvait pas toujours les mots pour la faire retrouver sa gaieté mais il voulait lui offrir la chaleur de sa présence. Il devait aussi s’avouer que la sentir ainsi détendue entre ses bras était une sensation grisante.

- Comment pourrait-il en être autrement ? Tu m’as ensorcelé, je serais bien incapable de te laisser seule. Va pour la montagne au moins quelques mois par an ! Je dois dire que je ne l’ai jamais expérimenté pendant l’hiver. Là d’où je viens, il ne neigeait que rarement. Je suis plus habitué à la chaleur. Enfin je le croyais jusqu’à ce que je découvre le désert.

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Astrée sourit.
- Si tu n'es pas habitué au froid, la montagne en hiver va te paraitre bien rude en effet. La température peut descendre très bas, et la plupart des voies de communication ne sont plus praticables. Je suis souvent obligée de laisser les chevaux au chaud, à l'abri, et de me déplacer à pied. on se retrouve vite isolé, et mieux vaut avoir une bonne réserve de bois et de provisions. Ce n'est pas désagréable... Juste un peu long quand on est seule. Et puis c'est tellement beau quand la neige recouvre tout... Tellement féérique...
Elle leva vers son compagnon un regard rêveur.
- Tu as été dans le désert ? Où ça ? Sur Dorrandin ? Je me souviens que la zone autour de Mélandis est particulièrement désertique mais je ne m'y suis guère éternisée...

RP : Retour à l’abri

Kasumi fut flatté de l’intérêt de sa compagne pour son voyage dans le désert. Ses yeux se perdirent dans ses souvenirs avant de se plonger à nouveau avec abandon dans ceux d’Astrée. Il répondit la voix songeuse, cherchant les mots adéquats pour décrire son expérience pour que la jeune femme puisse partager son récit :

- Non, je n’ai pas été plus au nord que la Cordillère du Faucon sur Dorrandin. C’était à l’époque où je vivais encore de l’autre côté de l’océan alors que je venais de quitter mon clan. Je crois que je recherchais avant tout la solitude et le désert est un excellent endroit pour cela. Ces étendues de sable à perte de vue peuvent être belles, particulièrement à l’aube et au crépuscule quand les couleurs du ciel se fondent avec les dunes. Je me souviens que les nuits étaient glaciales, sans moyen de se réchauffer mais le ciel était magnifique. J’ai eu énormément de temps pour réfléchir à cette époque de ma existence. Sans m’en rendre compte, j’ai fini par apprécier de plus en plus de retrouver des signes de vie et la compagnie des autres a commencé à me manquer. En y repensant, je ne pense pas que j’aurais supporté toutes ces semaines à respirer du sable si j’avais su qu’il existait un petit paradis qui m’attendais à l’autre bout du monde.

Ces dernières paroles avaient été prononcées d’un ton plus léger, en partie destiné à repousser la nostalgie qui l’avait animé pendant ses descriptions mais elles s’adressaient clairement à sa compagne.

RP : Retour à l'abri

Astrée avait écouté d'un air rêveur le récit de son compagnon, se laissant emporter par les images qu'il suggérait en elle. Elle sourit à la fin de sa tirade
- Un paradis... Je ne sais pas si tu diras ça l'hiver prochain ! A mon avis, la chaleur du désert te manquera vite....

Le sommeil commençait à la gagner. Et le feu déclinait. Elle se leva pour y jeter une dernière brassée de bois avant de revenir s'installer à côté de son compagnon, étouffant un baillement.
Elle s'allongea, et lui tendit les bras pour l'inviter à se lover contre elle, puis tira la couverture sur eux.
- Bonne nuit mon amour...

RP : Retour à l’abri

Kasumi s’allongea à son tour et sourit en sentant le corps chaud d’Astrée se coller contre le sien. Il poussa un soupir d’aise en enlaçant la silhouette de sa compagne. Le sommeil ne tarda pas à le prendre à son tour, prenant son du sur les nuits passées où il avait négligé le repos de son corps. Première Neige revint de ses escapades nocturnes pour monter la garde près du couple profondément endormi. Ne trouvant pas le spectacle de leurs corps enlacés particulièrement intéressant, elle se tourna vers l’ouverture de la grotte avant de poser son museau sur ses pattes avant. Au bout de quelques minutes, un léger courant d’air froid lui fit dresser les oreilles mais même ses sens aiguisés de loup ne détectèrent aucune présence et elle finit par succomber à son tour au besoin d’un repos réparateur.

Ce ne fut pas le cas d’Astrée qui s’agita nerveusement dans son sommeil. Les rêves de sa famille perdue continuaient de la hanter par intermittence et la nuit près du lac les lui avait remis en mémoire. Pourtant, ce n’était pas ces songes là qui la perturbèrent cette fois-ci. Sans pouvoir se réveiller, elle avait l’impression d’une présence toute proche, ni totalement amicale, ni franchement hostile. Et pourtant, cette entité intangible dont elle se sentait observée réveillait des peurs profondément enfouies en elle. Elle ne se souvenait plus avoir ressenti ce genre de sensation glaciale depuis la traversée de la Forêt Maudite et de ses fantômes intemporels. L’état de semi-conscience les lui faisait paraître d’autant plus effrayant qu’elle n’avait aucune prise sur ses pensées.

RP : Retour à l'abri.

Une sensation de vide. De perte. De néant en elle. Et aussi l'impression d'une trahison. D'avoir abandonné les siens.
Astrée se sentait étrangement mal à l'aise. Elle tentait de se rappeler où elle, était sans succès. Elle avait le sentiment de rêver, et pourtant ce n'était pas un rêve ordinaire. Pas seulement une résurgence de souvenirs, de peurs, de vide, de culpabilité, de désespoir. Il y avait autre chose...

La sensation diffuse qu'on l'observait. Que quelqu'un était là, à côté d'elle, et jouait avec ses peurs. Ou non, peut-être qu'il ne jouait pas. Simplement, sa présence éveillait des souvenirs, des terreurs... Elle croyait entendre des voix qu'elle n'avait jamais su oublier, voyait des lumières, des ombres... Elle les avait trahis, abandonnés. Et le remord était terrible, à en pleurer, à en hurler. A en mourir. Son coeur battait à toute vitesse, elle dégoulinait de sueur. Elle voulait hurler un appel au secours, sans succès. Rien ne sortait de sa bouche. Elle sombrait au fond du néant. Juste punition pour n'avoir pas su les sauver. Et pour les avoir abandonnés.

Ce n'était qu'un rêve. Il fallait qu'elle se réveille. Il n'y avait personne, c'était juste un rêve. Juste un rêve. Désespérément, elle tentait de reprendre pied, de retrouver le contrôle d'elle-même. De se réveiller.

RP : Retour à l’abri

Mais la présence maléfique qui l’oppressait semblait l’enraciner dans ses cauchemars et donnait l’impression se délecter de ses souffrances. La lutte de la rôdeuse pour fuir ses peurs et combattre ses doutes l’amena plus loin, dans un endroit qui ne semblait plus vraiment dans ses souvenirs et pourtant une impression familière demeurait, derrière l’étrangeté. Elle était pied nus sur un sol froid. Elle était incapable d’avancer malgré tous les efforts de son esprit. Un vent glacial la faisait frissonner et elle sentait sa propre sueur se mêler à la fine pluie qui trempait son dos. Et pourtant elle ne pouvait pas se mettre à l’abri. Quelque chose la paralysait. Des dizaines de regards semblaient la dévorer de leur vue perçante et s’amusait de sa vulnérabilité. Un regard lui confirma qu’elle était totalement nue, exposée et impuissante. Tout son courage l’avait déserté alors que la peur la faisait se recroqueviller sur elle-même au son désincarné des quolibets. On lui voulait du mal…

Alors que des larmes impuissantes coulaient à flots de ses yeux, un cri déchirant de détresse répondant au sien lui glaça la colonne vertébrale :

- Maman ! Ne les laisse pas me prendre... Ils me font si peur.

RP : Retour à l'abri

Elle avait froid, elle avait peur. Elle se sentait fragile, vulnérable, menacée. Nue, exposée aux regards... et à tout ce qui s'ensuivrait. Elle le savait déjà, mais elle n'arrivait pas à fuir, ni à se débattre. Elle ne pouvait que se recroqueviller et pleurer sur son sort.

Mais la voix... Il lui suffit d'entendre la voix d'Aurore pour oublier sa propre terreur, et redresser instinctivement la tête. Plus rien ne comptait que protéger sa fille. Tout le reste, sa nudité, sa peur, rien n'existait à côté de la terreur qu'elle percevait chez sa fille.
- Aurore ? Je suis là, j'arrive... Où es-tu ?

Non, c'était un rêve. Aurore ne pouvait pas être là... Il fallait qu'elle se réveille, vite, avant que ça ne dégénère, avant qu'il n'arrive quelque chose d'horrible à sa fille...

RP : Retour à l’abri

La clairière dans laquelle elle se trouvait semblait soudain un peu plus vivante, un peu plus naturelle. C’était comme si le fait de rassembler son courage pour défendre sa fille parvenait à repousser les ténèbres, même imperceptiblement. Malgré cela, la rôdeuse mit plusieurs secondes à analyser les images que lui renvoyait son esprit paniqué. Ce qu’elle avait pris pour une clairière était en fait parsemé de ruines de colonnes ou de murets effondrés. Là, sur un autel à la limite de sa vision, elle aperçut une silhouette de petite fille. Le premier réflexe de la jeune femme fut de courir dans sa direction, guidée par l’instinct maternel. Mais une force inconnue l’empêchait d’avancer, une force qui ne lui paraissait pourtant ni hostile ni vraiment amicale. La colère remplaça soudainement la peur et ses yeux perçurent encore un peu mieux la scène. Une dizaine de silhouettes effrayantes, aussi immatérielles et sombres que des ombres tournaient autour de la petite fille. Les horreurs griffaient l’ombre en émettant des chuintements stridents mais elles ne pouvaient manifestement pas atteindre l’autel, éclairé par une lueur fantomatique qui semblait incrusté dans la pierre même qui le constituait.

Et pourtant la petite fille était terrifiée et continuait de pleurer à la vue des ombres venues l’emporter. Les ombres semblaient ne pas s’apercevoir de la présence d’Astrée et concentrer toute leur attention sur la fillette aussi désincarnée qu’elles.

RP : Retour à l’abri

Elle ne pouvait pas avancer. Quelque chose l’empêchait de rejoindre sa fille…. Toute peur envolée, elle sentait la rage l’envahir. Sa fille était en danger, sa fille avait peur, elle devait la rejoindre, la rassurer, la protéger. Et quelque chose l’empêchait d’avancer…. Elle en pleurait de rage et de frustration.

Elle s’efforça de se calmer. Quelque part, tout au fond d’elle, elle savait que cela ne pouvait pas être. Que sa fille était morte. Que ce qu’elle voyait ne pouvait pas être vrai, que c’était juste un cauchemar. Il ne pouvait pas en être autrement…. Mais c’était comme si cette vérité peinait à atteindre sa conscience. Comme si elle n’y croyait pas vraiment. Peu importe que ce soit un rêve, sa fille avait peur et elle devait la rejoindre, la rassurer….

- Je suis là, Aurore, répéta-t-elle. Tu ne risques rien. Personne ne te fera de mal. Je suis là….
Je les empêcherai de t’emmener…. Je sais pas comment mais je les empêcherai.
Elle concentrait toute la force de sa volonté vers cet unique but : s’approcher de sa fille et la protéger. La rassurer...

RP : Retour à l’abri

Mais la petite fille ne semblait pas l’entendre. En tous cas, elle n’en manifestait rien et les paroles rassurantes d’Astrée ne semblaient pas diminuer sa peur. C’était comme si elle assistait à une scène en tant que simple spectatrice, sans pouvoir rien faire pour y changer quoique ce soit, comme quand la maladie avait emporté toute sa famille sans que ses remèdes ne soient utiles. Ce souvenir déclencha une nouvelle vague de détresse et une des ombres tourna sa tête sans visage dans sa direction. Son regard écarlate semblait animé d’une haine féroce, d’une ampleur égale à la rage et la frustration de la jeune mère frustrée.

Alors que celle-ci redoublait d’efforts malgré la menace, une voix féminine connue se fit entendre dans son dos. Elle parlait d'un ton apaisant mais la rôdeuse n'arrivait pas se souvenir où elle l'avait déjà entendue. Ses pensées étaient bien trop confuses pour cela :

- Vous ne devez pas les croire. Ils sont emplis de mensonges. Ils convoitent ce que nous vous avons confié en vous attirant avec ce que vous avez déjà perdu. Ils vous prendront bien plus encore si vous les écoutez. Ne gâchez pas votre belle âme.

RP : Retour à l'abri

Ca n’avait pas de sens… Cette voix, elle la connaissait, elle la devinait amicale même si elle n’arrivait pas à se souvenir de quand et où elle l’avait entendue… Mais ce qu’elle disait n’avait pas de sens. Ils ne pouvaient pas gâcher son âme. Au contraire, elle la perdrait, son âme, si elle laissait sa fille hurler de terreur sans venir à son secours. Elle ne pouvait pas la laisser seule, c’était impossible, c’était inhumain d’exiger ça d’elle. De tout son cœur de mère, elle savait qu’elle devait rejoindre sa fille. Et c’était la seule chose qui comptait.
Mais elle ne pouvait pas avancer, malgré sa volonté. Sans doute parce que out cela n’était pas réel, parce que ce n’était qu’un rêve auquel elle assistait sans y participer vraiment.

Et la voix disait qu’ « ils » convoiteraient quelque chose qu’on lui aurait confié ? Que voulait-elle dire ? Elle comprit soudain à qui appartenait la voix : à la jeune elfe qu’elle avait déjà vue dans d’étranges circonstances, presque aussi oniriques que celles-ci. Elle ne se souvenait plus son nom. Celle qui lui avait donné son médaillon…

Mais Aurore était là, et l’appelait. Elle devait y aller. Rien d’autre ne comptait. Il fallait qu’elle garde son calme. Peut-être que ces étranges choses tiraient leur énergie de sa panique.
- N’aies pas peur, Aurore. Il ne va rien t’arriver. Ils ne peuvent rien te faire.
Elle n’en était pas vraiment sûre. Elle n’était pas loin, même, d’être certaine du contraire. Mais elle mettait dans sa voix toute la conviction possible, pour rassurer l’enfant. Elle était sûre qu’elle pouvait l’entendre. Malgré les apparences…

Il fallait qu’elle trouve un moyen d’éloigner ces ombres, puisqu’elle ne pouvait pas s’approcher et serre sa fille dans ses bras. Son cœur se serra à cette simple idée. La serrer dans ses bras… Comme elle en avait envie… Elle s’obligea à garder son calme.
- Comment je dois faire pour les arrêter ? Les empêcher de lui faire du mal ? Pour... Pour qu'elles partent ?
Elle avait posé la question à la cantonade, espérant, contre toute logique, que l’elfe saurait lui répondre.

RP : Retour à l’abri

Ce fut une autre voix qui lui répondit sur un ton bourru mais presque désolé :

- Vous ne pouvez pas l’atteindre, pas plus que les ombres ne le peuvent. Là où elle est, elle ne craint plus les ombres mais ne peut pas non plus trouver le réconfort de sa mère. Tout cela est dans votre esprit. Ils s’en servent contre vous. Vous avez des choix à faire, ne suivez pas les ombres. Elles vous promettront beaucoup mais ne feront que vous prendre tout ce qui vous reste, même votre souffrance. Tout les nourrit, sauf l’oubli.

La voix de l’elfe se fit une nouvelle fois entendre :

- Ecoutez mon ami. Oubliez les ombres. La chose qu’elles vous montrent n’est pas votre fille. Regardez de plus près.

A ce moment précis, la silhouette de petite fille se tourna dans la direction d’Astrée. Les traits familiers se brouillèrent en un visage informe, intangible et méconnaissable, comme s’il disparaissait peu à peu…

RP : Retour à l'abri.

Ce n'était pas Aurore... Astrée n'y comprenait plus rien. Tout semblait si confus et embrouillé dans son esprit.... En même temps, elle avait tellement envie de revoir le visage de sa fille qu'elle peinait à détourner les yeux. Elle voulait juste... la revoir.

Non, tout ça était juste dans son esprit. Des images nées de souvenirs entremêlés. Un simple cauchemar.
Il fallait juste qu'elle se réveille.... Et qu'elle n'y pense plus. C'était un cauchemar comme elle en avait fait des dizaines, ni plus, ni moins.
- je voudrais juste me réveiller, murmura-t-elle pour elle-même. Ne plus voir ces horreurs....

RP : Retour à l’abri

La voix de l’elfe se fit entendre à nouveau alors que les ombres perdaient peu à peu de leur substance :

- Nous devons l’aider. Elle peut réussir.

Manifestement, elle ne cherchait pas à s’adresser à la jeune femme mais plutôt à convaincre les autres présences fantomatiques. Le nain ne semblait d’ailleurs pas d’accord avec elle :

- Vous en avez déjà trop fait en l’empêchant de rejoindre les ombres. Nous n’avons pas le droit d’intervenir, seulement de la guider. Elle seule peut choisir sa voix.

L’elfe des mers continua d’argumenter quand une troisième voix pas tout à fait humaine se fit entendre, grondante :

- Silence. Cela est interdit. Elle doit encore prouver sa valeur. Le peuple centaure ne l’aidera qu’à ce prix.

Avant que la jeune femme ait pu se tourner pour observer ce nouvel interlocuteur, toutes les images s'estompèrent et elle se retrouva dans le noir. Juste avant de se réveiller, un seul souvenir du cauchemar resta dans son esprit, celui des dernières paroles de l'elfe :

- Nous vous aiderons à les combattre quand l'heure sera venue pour vous de les affronter. Vous devez nous libérer, Porteuse.

Astrée se réveilla alors en sueur. La moitié de la nuit n'était pas encore passée et à ses côtés, Kasumi était paisiblement endormi.

La Couronne de Cuivre

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