La Couronne de Cuivre

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Léo, dont l'humeur gentiment grivoise avait été douchée par l'arrivée de Kasumi - il lui adressa d'ailleurs un sourire embarrassé -, préleva sur son uniforme de quoi faire un nouveau pansement puis, ayant remis l'étoffe à Astrée, il marcha vers leur feu, pour porter la dernière main aux préparatifs.
Ils ne faudrait guère de temps avant qu'ils ne soient parés pour le départ.

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Kasumi adressa un sourire reconnaissant au jeune garçon pour le sacrifice d'une partie de son uniforme. Il avait l'intention de lui faire savoir qu'il ne lui tenait pas du tout rigueur pour ses remarques légères. Astrée savait très bien se défendre au besoin et la bonne humeur de Léo était tout simplement une bonne nouvelle. Lorsque le garçon se fut éloigné, Kasumi s'occupa d'examiner la blessure de sa compagne. S'ils avaient été seuls, il en aurait certainement profité pour lui demander de retirer sa tunique mais dans les circonstances présentes, il releva pudiquement le tissu déchiré pour refaire son bandage avec des gestes emprunts de tendresse.

Quête : tel est pris qui croyait prendre

Astrée sourit, amusée - et reconnaissante - de la pudeur de son compagnon. Et c'était si agréable d'avoir quelqu'un qui prenait soin d'elle ainsi.
Les préparatifs allaient bon train. Prince des Frelons avait accepté, un peu à contre-coeur, de reprendre forme équine, et observait d'un oeil fort peu enthousiaste ceux qui s'affairaient à le charger comme une bête de somme. Les paniers que Léo avait tressés furent rapidement remplis de toutes les provisions qu'ils avaient rassemblées, auxquelles s'ajoutèrent leurs ustensiles de cuisine de fortune et un bon nombre de "gourdes" remplies d'eau : ils ne savaient pas à quelle distance se trouvait le point d'eau douce le plus proche.

Astrée y ajouta ensuite les quelques herbes potentiellement médicinales qu'elle avait glanées. Et ils furent enfin prêts au départ.
- Si je me souviens bien de la carte... Il faut se diriger approximativement vers le sud-ouest, il me semble, et contourner les montagnes qu'on aperçoit par la droite. Mais je ne sais absolument pas combien de temps il nous faudra pour arriver au village....

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Ils se mirent donc en route, empruntant la direction désignée par Astrée et timidement confirmée par Léo qui se souvenait parfaitement de la carte pour l'avoir souvent examinée.
Sitôt quitté l'oasis qui les avait abrités, préservés des dangers peuplant la forêt alentours, ils retrouvèrent le fouillis luxuriant de cette dernière, et les fastidieux efforts qu'y requerrait toute progression.
A nouveau, la touffeur accablante, le bourdonnement des insectes, les griffures des fougères au travers desquelles il fallait se frayer un chemin... Ils avaient repris des forces, cependant, et la fatigue fut plus longue à les envahir.
En revanche, une sensation désagréable, inconnue jusqu'ici, vint bientôt les oppresser : celle d'être observés, surveillés... Pourtant, ils ne repérèrent aucun mouvement suspect, alentour. Mais l'impression allait sans cesse croissante, et Première Neige se fit nerveuse, à l'instar de Prince des Frelons.

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On les observait. Elle le sentait, sans parvenir à déterminer d'où lu venait cette impression. Leurs compagnons animaux le percevaient aussi.
Machinalement, elle ne pouvait s'empêcher de regarder autour d'elle, à la recherche d'yeux invisibles. S'il s'agissait d'un être humain, la louve aurait sans doute signalé sa présence. Il s'agissait peut-être d'un regard animal, peut-être au service d'un être humain, probablement d'un de ces mages qu'ils étaient sensés retrouver.
Par acquis de conscience, elle interrogea Kasumi, d'une voix assourdie.
- Première Neige ne détecte aucune présence humaine dans les parages, elle ne sent aucune odeur suspecte ? D'homme, ou... je ne sais pas, moi, d'un monstre quelconque qui pourrait vivre ici ? Si c'est juste un animal contrôlé à distance, je pourrais tenter de le retrouver... Mais c'est risqué, et je ne sais pas si j'ai la moindre chance d'y arriver.....
Elle se souvenait trop bien de sa dernière tentative de communication animale.

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Kasumi n'était pas tranquille lui non plus. Il avait pris la première place dans la colonne pour dégager au mieux le chemin avec son épée dans les passages les plus touffus, privilégiant la rapidité à la discrétion. De toute manière, il avait lui aussi cette impression d'avoir été repéré. Première Neige était tout aussi incapable qu'eux de découvrir l'origine de cet espionnage et cela la perturbait bien plus encore qu'Astrée ou lui. Il se tourna vers la jeune femme pour lui répondre d'une voix anxieuse :

- Il vaut mieux se montrer prudent cette fois-ci. Nous ne pouvons pas vraiment mieux faire que nous préparer à une embuscade de toute façon. Restez tous sur vos gardes.

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L'heure suivante s'écoula sans que leur pénible - et vigilante - progression ne soit émaillée d'aucune attaque. Pourtant, cette sensation que le moindre de leur mouvement soit épié s'intensifia de plus en plus, jusqu'à devenir obsédante, presque tangible. Le moindre bruissement, le moindre son, le moindre mouvement dans la jungle alentour leur semblait une menace. Première-Neige était en alerte constante, les yeux fouillant sans cesse la végétation, les oreilles constamment tendues... Elle gronda une ou deux fois. Pourtant, jamais, la menace ne se concrétisa. Jamais, non plus, ils ne purent en identifier la source.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre.

Astrée sentait ses nerfs mis à rude épreuve. Cette sensation d'être observée, sans savoir si celui qui les observait avait la possibilité de leur nuire et s'ils allaient être attaqués, ajoutée à la pénibilité de la marche au milieu de la jungle parfois impénétrable, aux insectes qui bourdonnaient, à la chaleur étouffante.... Tout cela la minait. Et elle se doutait que ses compagnons partageaient la même sensation,elle le lisait sur leur visage. Un instant, elle se demanda s'il ne valait pas mieux faire une pause, pour, peut-être, provoquer le destin. Mais cela pouvait signifier une attaque, une bataille, la mort....
Elle finit par souffler, à moitié pour elle-même :
- Je devrais essayer.... essayer de voir si je perçois quelque chose d'anormal parmi les animaux. Je sais bien, c'est dangereux.... Mais c'est tellement usant d'attendre sans rien faire. Peut-être que c'est ça qu'ils veulent, user nos nerfs...
Elle secoua la tête, soupira.
- Tu en penses quoi ? Tu veux que j'essaie ?
La question s'adressait à Kasumi avant tout. Mais aussi aux autres, après tout, ils pouvaient avoir d'autres idées... MLême si elle se demandait avec un peu d'anxiété ce que Zaïu pourrait être tenté de... tenter.

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Le rôdeur n'était pas favorable à l'idée qu'Astrée prenne un tel risque. Bien qu'ils soient tous en danger, les expériences récentes suffisaient à dissuader de nouvelles tentatives. Un esprit à l'affût et suffisamment intelligent pour ne pas se montrer pouvait être un adversaire bien trop dangereux même en temps normal où les capacités de la rôdeuse lui aurait permis de faire face. Kasumi ne pouvait pas cacher ses inquiétudes à sa compagne et lui répondit à voix basse :

- Je ne pense pas que ce serait une très bonne idée. Je n'aime pas quand tu t'aventures là où je ne peux pas venir à ton aide en cas de besoin. Je ne veux plus me sentir impuissant alors que tu frôles la mort...

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Astrée grimaça.
- Je comprends ton inquiétude. Tu sais, je ne compte prendre aucun risque inutile... je tiens à la vie. Mais j'aimerais bien savoir, quand même, qui nous observe...

Elle se tourna vers Ridculle.
- Je n'y connais rien en magie. Vous croyez que les mages de la prison peuvent être en train de nous observer en ce moment précis ? Et de quelle manière ? Si c'est par l'intermédiaire d'un familier, je dois pouvoir détecter sa présence, normalement, même si cette île a des pouvoirs bien étranges. Mais j'imagine qu'il existe aussi des sorts qui peuvent faire ça, non ? Et dans ce cas ça ne sert à rien que je prenne le risque de m'épuiser à chercher un animal en vain...

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Le vieux mage grimaça.
-Le problème avec la magie, dame Astrée, c'est que... tout est possible. Il y a des sorts pour observer les gens à distance, entrevoir l'avenir, utiliser un familier... Ou se dissimuler. Et il faut tenir compte de cette île où les arcanes sont incertaines, imprévisibles. Où nos perceptions sont troublées, changées... On nous a bien dit que les distances y étaient trompeuses, que les choses n'étaient pas forcément ce qu'elles paraissaient. Alors, malheureusement, je ne saurais vous répondre précisément. Encore une fois,, tout est possible. Y compris le fait que ceux qui nous scrutent soient tout proches...

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Kasumi n'était guère rassuré par la réponse du vieux mage. Mais il n'tait pas pour autant prêt à admettre la solution bien trop risquée qu'Astrée se proposait de mettre en œuvre. Kasumi rebondit sur ce qu'avait révélé Ridculle, cherchant désespérément une solution moins dangereuse :

- Auriez-vous un moyen de nous dissimuler aux scrutations magiques, maître mage ? Ou au moins de nous avertir en cas de présence hostile.

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Ridculle parut embarrassé.
-C'est que... Ma spécialité, c'est l'extermination des ennemis à coups de boules de feu, pas la dissimulation... J'ai peut-être un sort ou deux de ce type dans mon grimoire, mais je ne peux le garantir, n'en ayant jamais l'usage... Quant à nous avertir d'une présence ennemie, hum...
Il sourit.
-Et bien, je peux enflammer la forêt. Nos éventuels adversaires seraient alors obligés de se dévoiler pour sauver leur vie. Si personne ne fuit l'incendie, c'est qu'il n'y avait pas d'ennemis. Radical, je l'admets, mais nous serions fixés.

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La situation ne prêtait pas vraiment à rire, mais Astrée ne put s'empêcher de sourire à la boutade de Ridculle. Elle répondit d'un ton léger.
- Oui, et nous désintègrerions par la même occasion tous ces moustiques et autres insectes piqueurs qui nous enquiquinent, toutes ces broussailles impénétrables, tous les animaux, et même nos compagnons s'ils sont là... radical.... Mais je crois qu'on va se passer de ce genre d'acte extrême, si on peut l'éviter...
Elle soupira.
- Mais vu tous les moyens dont ils disposent pour nous épier, il est peu probable que j'arrive à quoi que ce soit en contactant les animaux. Je crois qu'il est inutile que je prenne des risques.... Il semble donc qu'on en soit réduits... à attendre que l'attaque survienne, si toutefois celui qui nous observe à des intentions hostiles, ce qui est le plus probable. Je ne vois pas quoi faire d'autre, ajouta-t-elle d'un ton interrogatif à l'attention de ses camarades. A part rester prêts....

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Le trait d'humour de Ridculle avait au moins un peu apaisé la tension qui habitait chacun d'entre eux mais le danger restait bien réel. Kasumi n'avait pas ressenti une telle oppression depuis sa traversée de la Forêt maudite infestée de fantômes. Il répugnait pourtant à en parler pour ne pas en rajouter aux inquiétudes de ses compagnons et notamment de Léo.

- Restez bien groupés surtout. Il ne s'agirait pas que l'un d'entre nous soit incité à se perdre... J'espère que nous arriverons bientôt hors de ces bois.

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Ils reprirent leur marche, attentifs, tendus. De plus en plus : l'impression qui leur collait à la peau, qui se glissait dans leurs pas devenait peu à peu intolérable, s'ajoutant à la chaleur, à l'humidité, à la difficulté de la progression pour saper leurs forces, sinon leur moral.
Enfin, magnanime, comme pour mettre un terme à l'attente qui les minait peu à peu, le danger se manifesta. Brutalement.
Première-Neige Grogna.
Prince des Frelons se tendit.
Puis, avant que les rescapés aient pu esquisser le moindre mouvement, une pluie de flèches s'abattit sur eux, déchirant l'air dans un sifflement aigu, se plantant dans le seul meuble du sous-bois avec un bruit sourd, sinistre.
Aucune ne les toucha. Mais à voir le cercle qu'elles formaient autour d'eux, à voir la distance infime qui les séparaient de leurs bottes... La chose devait être volontaire.
-Plus un geste, lança une voix dure, impérieuse, dissimulée au plus profond de la végétation. Vous êtes cernés.

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Astrée avait beau avoir pris son arc en main, angoissée par cette sensation d'être surveillée, elle n'eut pas le temps de réagir à l'attaque subite.
Sa première pensée fut pour Léo : il fallait qu'elle le protège, qu'elle s'interpose. Elle esquissa le geste de se placer entre lui et les flèches, sans se soucier de savoir s'il n'allait pas être vexé de ce geste de protection instinctif. Mais les flèches semblaient venir de partout... Elle ne put que poser machinalement une main sur son épaule pour le rassurer, et surtout pour le plaquer au sol. Mais avant qu'ils n'aient le temps de bouger, la pluie de flèches s'arrêtait.

Elle blêmit en entendant la voix, et serra un peu plus fort l'épaule de Léo, paralysée par la peur. Ses pensées défilaient à toute vitesse : ils avaient échoué, ils allaient être capturés par les mages qu'ils étaient sensés capturer, et sans doute tués.
Ce n'est qu'au bout de quelques instants que la vague de panique laissa place à un vague questionnement, une anomalie, auquel elle se raccrocha désespérément : leurs adversaires étaient trop habiles à l'arc, pour des mages... Mais l'espoir insensé qui l'envahit n'avait pas lieu d'être : s'ils étaient des membres de la garnison locale sous l'emprise d'un sort de domination, cela ne valait guère mieux.

Elle tourna instinctivement le regard vers Kasumi, plus habitué qu'elle à ce genre de situation, qui, certainement, saurait quoi faire, quoi dire. Ou peut-être que Ridculle saurait, lui... De toute façons, ils ne pouvaient pas bouger, cela aurait été suicidaire... Elle commença à baisser lentement son arc, quêtant du regard l'accord de ses compagnons, prête à le bander à nouveau au cas où. Mais ils ne pouvaient rien faire, elle le savait.

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Kasumi avait déjà son épée courte en main pour dégager le chemin mais il n'eut pas le temps de dégainer la seconde lorsque Première Neige se mit à gronder. Avoir ses armes en main l'aurait rassuré mais vu la performance des archers, elles auraient constitué une protection bien dérisoire, voire une menace que les agresseurs avaient les moyens de contrecarrer. Il se rapprocha instinctivement d'Astrée, craignant plus pour sa sécurité que pour la sienne. Au moins leurs agresseurs avaient l'intention de parler avant de les tuer, une chance ou un malheur selon la suite des évènements... La perspective d'être séparé de sa compagne et qu'on puisse lui faire du mal ainsi qu'à Léo lui était insupportable. Il lui fallait en savoir davantage sur leurs intentions :

- Que voulez-vous ? Manifestement vous vous trompez de personne...

La question était un peu stupide mais peut être la réponse en révèlerait davantage sur l'identité des archers et leurs intentions à leur égard.

Harassé autant que ses sourcils étaient froncés, la "ballade" dans la jungle avait tout pour déplaire à Zaiu. Déjà, quand on marche, on transpire ! Mais quand on marche dans un milieu humide, c'est encore pire ! Et puis cette sensation ... Certes stressante ; certes irritante, et, finalement, un arc de flèche qui vint se ficher devant eux !
Pas trop impressionné, Zaiu se saisit d'une flèche pour la contempler. Parce qu'en effet, il reconnaissait dans cette situation un peu de son pays natal : jouer à zieuter les gens dans un endroit plein d'arbres, c'est bien un truc d'elfe ! Surgir d'on ne sait où en disant : "T'as vu ! Tu nous as pas vu mais nous si et en plus on tire bien mai son est gentil on parle", ben ça aussi c'est de l'oreille à pointe ! La preuve : ça peut pas être un nain parce qu'un ça sent pu ! D'où la contemplation de l'artisanat des autochtones :

flèches en silex = orcs où peuplades aussi élevées culturellement
flèches en fer = ville pas loin
flèches en autre chose = autres choses possibles

... Sinon chez nous on dit simplement "bonjour" ...

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HRP : Bonjour à tous et bonne année en retard !
Désolé du retard aussi. Alors voila, je suis installé en Haute-Savoie, j'ai le net depuis peu et peu revenir assidument ! Content d'être de retour parmi vous. Merci de m'avoir attendu !

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L'examen auquel se livra Zaiu lui révéla que la flèche, de bonne facture, légère mais solide, présentait une pointe de fer effilée, aiguë, et un empennage de plumes sombres. Nul doute que tiré avec justesse, ce genre d'engin pouvait causer de gros dégâts...
-C'est moi qui pose les questions, répondit la voix, dure, hostile. Quant à dire bonjour, je doute que chez vous, l'on accueille les envahisseurs avec ce genre de niaiseries... Quoi qu'il en soit, vous allez nous expliquer qui vous êtes, d'où vous venez, et pour quelles raisons vous violez sans vergogne les frontières de nos terres. Ah, et... Si vous êtes intelligents, la seule chose que vous bougerez sera votre langue. Si vous n'êtes pas intelligents, et bien... Ici, la bêtise est punie de mort.

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Qui que soient leurs interlocuteurs, le fait qu'ils ne les aient pas encore criblés de flèche était en soi un bon présage. Astrée sourit à la remarque bravache de Zaïu, se demandant si son allusion à un statut de justicier n'allait pas leur jouer des tours... Tout dépendait des intentions et de la personnalité de leurs adversaires.

Elle décida d'intervenir à son tour, plus calmement, devançant Kasumi.
- Nous ne sommes pas des envahisseurs, et je ne pense pas que nous en ayons l'air. Nous sommes de simples naufragés qui tentons de survivre et de trouver de l'aide pour rentrer chez nous. Nous avons tout perdu lors du naufrage.
C'était la vérité après tout. Pas toute à fait complète, soit.
-Nous ne pensions pas être sur les terres de quiconque... C'est peut-être une chance que nous vous ayons rencontrés. Et je me nomme Astrée.
Quitte à jouer la comédie, autant la jouer jusqu'au bout.

Elle coula un regard en biais vers ses compagnons, espérant qu'ils ne lui en voudraient pas de son intervention. Peut-être auraient-ils voulu réagir tout autrement... Mais ils n'avaient certes pas la possibilité de se concerter pour convenir d'une stratégie.
Elle réfléchissait à toute vitesse. Ces hommes se prétendaient sur leurs terres et les traitaient d'envahisseurs. Peut-être étaient-ils complices des mages, qui auraient tout bonnement décidé de s'approprier l'île. Peut-être étaient-ils un clan indépendant qui vivait réellement sur ces terres. Le plus probable, elle le craignait, était que leurs paroles ne soient que pure comédie...

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Kasumi était resté aussi immobile que possible et s'efforcer de ne pas paraître menaçant et précipiter ainsi leur mort. Il était soulagé qu'Astrée ait pris la parole. Elle n'avait pas son pareil, malgré sa timidité, pour désamorcer les conflits. Au contraire, le rôdeur laissait trop souvent sa fierté parler et envenimer ce genre de situations délicates. Il demeura silencieux, les sens tendus pour tenter de percevoir des signes avant-coureurs d'une attaque qu'il redoutait malgré tout.

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-Pas des envahisseurs, hein ? fit la voix - qui devait être féminine, malgré ses accents graves, profonds. Ma chère, votre ami vient pourtant de parler de justice, de pirates massacrés... De nous menacer, presque. Cela, malgré votre apparence, parle en faveur, vous concernant, d'envahisseurs. Vous le seriez de toute façon, pour avoir pénétré nos terres sans aucune permission. Mais ce n'est pas à moi d'en décider. Et je préfère écouter votre parole plutôt que celle de ce mâle prétentieux.
Il y eut un silence.
-Jetez vos armes. Toutes. Nous viendrons les récupérer, puis nous vous conduirons auprès de notre chef. Elle statuera sur votre sort.

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Kasumi jugea plus prudent de coopérer même s'il répugnait à se séparer de son épée. D'une part elle lui était infiniment précieuse du fait du cadeau de Belenn et de son origine et d'autre part, il se sentirait beaucoup plus vulnérable sans aucune arme. Bien évidemment, s'il devait se battre, il n'aurait probablement aucune chance de s'en sortir face à des archères expérimentées. Croisant ses compagnons du regard, il donna l'exemple en lâchant son épée qui tomba au sol avant de faire suivre le même chemin à la seconde et à son arc.

Qu'est-ce qui peut rendre paranoïaque une société ? Certes, réduire la civilisation autochtone à ce premier contact reviendrait à affirmer que, tout un chacun est membre de la sécurité en son pays. Il s'agissait donc, a priori, d'une société matriarcale ... A moins que la cheftaine soit une féminine sexiste frustrée, chose bien rare dans les Royaumes oubliées, convenons-en. De toute façon, de telles considérations passaient à des années lumières de la cervelle de Zaiu qui préférait voir dans cette situation soit le prélude à une bataille épique et désespérée contre des hordes démoniaques à la voix plus ou moins suave ; soit, le prélude à une autre hypothétique grande bataille mais pas contre leurs interlocuteurs même ; soit, un dénouement lascif dans une jungle à la chaleur torride avec des ... Bref, on a compris qu'après une traversée en mer chaotique, les hormones adolescentes s'émoustillent facilement.

Plus mue par la curiosité que par soucis d'imitation du charismatique et ténébreux Kasumi, Zaiu laissa choir sa masse rouillée, vestige du dégommage de squelette sur la plage. D'ailleurs, leurs hôtes ne riraient-ils pas à la vue de cette "arme" ? Et bien on peut parier que non ! Au contraire, s'ils voyaient en les 5 comparses une force d'invasion, il ne manqueraient pas de voir en l'arme une sournoise ingénierie visant à donner le tétanos à toutes les victimes de Zaiu ! C'est qu'on est jamais trop prudent !

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Bon. Apparemment, leurs agresseurs n'avaient pas l'intention de les massacrer sur-le-champ, chose qu'ils auraient eu toute lattitude de faire sans même leur demander de déposer les armes. Mais leurs interlocuteurs - ou plutôt interlocutrices, visiblement - semblaient préférer une discussion pacifique.
Chez Astrée, la curiosité prenait le pas sur la peur. Qui étaient ces femmes et que leurs voulaient-elles ? Apparemment, il ne s'agissait pas des fameux mages, ce qui était une bonne nouvelle. La rôdeuse estimait n'avoir rien à se reprocher à part un naufrage involontaire, et se sentait étrangement presque en confiance. Presque. Impression qu'elle savait être stupide et dangereuse. Mieux valait rester sur leurs gardes.
A son tour, elle laissa glisser son bâton et son arc au sol.
- Nous vous suivons, dit-elle, sentant son coeur battre malgré tout un peu trop vite à l'idée d'être désarmée, entourée d'une nuée d'archères. Elle se sentait mal à l'aise de parler ainsi au nom du groupe, mais elle avait le sentiment que c'était ce qu'elle devait faire, ces femmes semblant plus disposées à dialoguer avec une autre femme.

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Sitôt que les rescapés eurent déposé leurs armes, la forêt laissa jaillir ceux - celles - qui les entouraient. Glissant le long des troncs, sautant des branches, émergeant des buissons où elles avaient été totalement indiscernables, insoupçonnables, une dizaine de femmes apparurent brusquement. Les cheveux sombres, la peau hâlée, vêtues de manière fort simple - et légère -, elles présentaient tous les traits de la race elfique.
Et particulièrement la célérité : en un instant, épées, arcs, masse rouillée étaient entre les mains de trois d'entre elles, tandis que le reste du groupe gardait les arcs bandés, prêt à décocher des flèches meurtrières.
-Nous allons devoir lier les poignets et bander les yeux de vos compagnons, dit à Astrée celle qui semblait être leur chef. Vous, vous pourrez rester libre.
-Et qu'est-ce qu'on fait de celui-là ? fit une autre en désignant Léo.
-Lui ?
L'elfe éclata de rire.
-Il a le lait qui lui coule encore du nez. Ne gâchons pas de la corde pour ce marmot.
Le mousse devint immédiatement écarlate.

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Kasumi ne fit pas mine de résister mais il ne put s'empêcher d'adresser un regard noir à celle qui était manifestement la chef de patrouille. L'idée d'être ligoté et aveuglé comme un animal ne lui plaisait pas du tout et la remarque moqueuse envers Léo était plus que malvenue. Au moins était-il rassuré de savoir qu'Astrée serait encore libre de ses mouvements et pourrait veiller sur eux. C'était là un signe encourageant quant aux intentions des guerrières à leur égard. Il tendit les bras en un signe de soumission :

- Finissons-en vite alors ! Je ne vous poserai pas de problème tant que vous resterez pacifiques.

Effectivement, la pensée hypothétique n°3 de Zaiu parut se réaliser quand les sveltes, suaves et néanmoins dominatrices archères à la peau douce surgirent de nul part ! Tel le marin se jetant à la mer vers les sirènes, mais dans l'autre sens, Une bien belle image s'offrait aux yeux du jeune elfe. Il ne fut pas étonner de la manière d'apparaître , toute bien elfique d'ailleurs, mais plutôt par la composition de la troupe, exclusivement féminine. Puis le noir. Yeux bandés et mains ligotées. Cadre idéal qui lui permit de se rappeler de l'histoire des Sauvages Sauvageonnes
Intrépides Dompteuses de Dompteurs que lui racontait son tonton nain adoptif Perv'Ers. Bientôt un sourire béat illumina son visage tandis qu'il était mené à travers la jungle, le corps fouetté ... par des herbes hautes .
Allez, quand même, une petite pensée émue pour Léo l'ego prenait gifle sur gifle depuis quelques temps... Un marin humain qui se fait insulter par une UNE elfe ... D'un certain point de vue, c'était une bonne chose que seule Astrée jouisse d'une certaine légitimité.
Mais voila que Kasumi faisait son farouche !
Bah, chaque homme cultive à sa manière sa virilité.


C'est du grand n'importe quoi ce post, désolé