La Couronne de Cuivre

L'elfe acquiesça.
-Je suis de votre avis. Une option est de choisir tout de suite un chef et une marche à suivre, mais encore faut-il que nous y arrivions. L'autre est d'envisager une nouvelle réunion plus tard, après que nous ayons transporté vivres et équipement dans les grottes nord et sud, commencé à incendier ce qui doit l'être et éventuellement préparé des indices pour faire croire à la fuite ou à la mort d'une partie au moins d'entre nous.

" Une seconde..." fit Rutger. " Nous devons décider d'un chef... Votre proposition est déjà... un plan en soi. Sur lequel nous ne sommes pas tous accordés."
Constance croisa les bras.
" Mettre le feu à quoi que ce soit pourrait précipiter une intervention des pirates, s'ils ont l'intention de piller l'île." ajouta Goran. " Ils ne nous laisseront pas détruire ce qu'ils convoitent sans tenter de nous arrêter."
" Très bien." fit le Mélandien.
Il se tourna vers l'elfe.
" Revendiquez-vous la tête des opérations ?"

Taliesin, prit au dépourvu, ne sut que répondre.
Il finit cependant par secouer la tête.
-Je ne revendique rien. Comme vous, j'essaie juste de faire avancer les choses; et je vous rejoins totalement sur l'idée que nous devons trancher dès à présent pour un chef, qui nous dira quoi faire, quand, comment, et auquel nous obéirons sans hésiter : c'est la seule façon de nous sortir de cette impasse.
Il jeta un regard sur l'assemblée alentour.
-Sullyan a été désignée sans s'être proposée : tout le monde s'est mis d'accord en un rien de temps. Je doute que nous arrivions à une telle unanimité, mais autant procéder de la même façon. Alors, que chacun d'entre nous propose un nom, et que celui qui a été le plus cité devienne chef. Cela vous convient-il ?

" Nous perdons du temps." fit Guéric. " La moitié du groupe est dehors. Ce n'est pas une méthode. Que Rutger prenne la tête des opérations. C'est lui le chef de Mersant, désormais."
" Enfin..."
" Ça me semble raisonnable." intervint Constance.
" Très bien, c'est réglé, alors." fit le Mélandien.
" Je n'ai aucune expérience en siège, ou quoi que ce soit..." fit l'aubergiste, décontenancé.
" Nous non plus." dit Guéric.
Valaellyn opina du chef et la majeure partie des personnes présentes l'imitèrent. Ils n'attendirent cependant pas que tout le monde se prononce.
" Bien... Katja, nourris tout le monde. Ensuite, on retourne sur la lande." fit l'aubergiste d'une voix un peu mal assurée. " Nous y monterons d'autres tentes... Ça doit devenir notre point d'ancrage principal."
Sa femme acquiesça et se leva.
" J'aimerais que vous, Valaellyn, Belenn, messire Durgold, Constance, Elérinna... Vous restiez avec moi pour décider de la suite des opérations."
Le reste du groupe était en train de se lever.
" Vous allez devoir décider, vous savez." dit Constance.

Le barde acquiesça. Il aurait mille fois préféré Constance. Et les primes hésitations du tenancier étaient peu encourageante. Néanmoins, peut-être prendrait-il le pli...
-Nous vous seconderons de notre mieux pour les tâches que vous nous assignerez. A la rigueur, nous pouvons vous donner des avis sur des points précis. Mais... Si nous formons un conseil pour vous seconder, nous en reviendrons au même point. Bref, il vous faut trancher et déterminer notre plan d'action..

" Mais je ne sais pas quoi faire..." fit le tenancier, une fois qu'ils furent en comité restreint.
" Si je puis me permettre..." commença Elerinna. " Je pense qu'il faut emmener un maximum de vivres et de fournitures dans les grottes. C'est le plus urgent. Harold et Martin peuvent chacun prendre la tête d'une expédition."
" C'est vrai. Peux-tu te charger de ça, Rinna ?"
" Bien sûr." dit-elle avec un sourire chaleureux.
Elle se leva.

Le barde l'imita.
-Si vous voulez, je peux aller voir s'il y a des bras de libres sur la plage, pour aider au transfert des vivres. A moins qu'il n'y ait encore beaucoup de travail là-bas, évidemment. Ou que vous vouliez me confier autre chose.

" C'est comme vous voulez... J'avais pensé... que vous voudriez peut-être participer à la décision... plus critique de notre stratégie à venir." fit Rutger.
" Mais si tu nous fais confiance, nous pouvons avancer sans toi." ajouta Constance.
Valaellyn grimaça mais ne dit rien.
" Nous pouvons organiser un rassemblement sur la lande, dans une heure environ. Pour exposer ce qui a été décidé." proposa le Mélandien.
" Prends-toi quelque chose à manger." ajouta Valaellyn.

Le barde hésita... puis se rassit.
Ils avaient choisi un chef, certes. Mais tous semblaient décidés à former ce conseil informel qu'il avait mandé. La prise de décision ne serait guère accélérée, au final. Mais au moins Rutger trancherait-il.
-Bon, autant que nous mangions tous ensemble et que nous en profitions pour arrêter définitivement notre plan. Je suis en tout cas d'accord pour le rassemblement dans une heure
Il avait à nouveau le front plissé.
-Et... Si je puis me permettre, je crois que ce serait une bonne idée que les deux groupes qui iront dans les cavernes ne sachent pas précisément où se trouvent les autres. Au cas où... Ils se fassent capturer. Je pense aussi qu'il faudrait que nous réfléchissions à des moyens d'éviter la capture. Du poison, par exemple. Ainsi, si les pirates découvrent l'un des groupes, personne ne pourra rien leur révéler, et ils croiront peut-être avoir mis la main sur les derniers survivants.

" Je pense aussi qu'il reste impératif que personne ne soit pris vivant." fit Constance." Mais comme ce pirate elfe noir en a fait la triste expérience, on ne peut jamais s'en assurer. Cela dit, j'en parlerai à Guéric. Il devrait pouvoir nous procurer du poison."
" Je pense que Goran se débrouille aussi." dit Rutger. " Pour le reste, je vois mal comment la première grotte pourrait rester secrète... Nous n'allons pas pouvoir distribuer les gens dans leurs groupes avant..."
" Mais Harold et Martin pourront faire progresser leur équipe rapidement une fois la retraite sonnée." dit Constance.
" Vous parlez de tout ça avec un tel détachement !" lâcha alors Valaellyn.

Taliesin se tourna aussitôt vers la prêtresse.
-Nous n'avons pas le choix, dit-il, ferme mais encourageant. Si nous commençons à songer à ce qui se cache derrière nos mots, à imaginer les scènes, la retraite, le suicide, nous demeurerons paralysés et n'avancerons plus.
Il sourit tristement.
-Nous n'avons pas le choix. Nous devons nous montrer froids et pragmatiques. C'est la seule solution pour nous en sortir.

Elle pinça les lèvres et acquiesça, croisant les mains sur son giron.
" Je ne dis rien." murmura-t-elle.
" Je pense que nous ne pouvons pas faire l'économie d'un groupe de défense. Après notre victoire de la nuit, ils ne croiront jamais que nous nous sommes résignés et supprimés." dit Constance. " Quant aux chaloupes... Avais-tu une idée précise ? Je dois avouer que je n'imagine pas bien ce que tu as en tête... Personne ne survivrait à cette distance des continents, dans une barque..."
Rutger ne disait rien, suivant simplement leur conversation. Katja leur apporta de grands bols de soupe fumante.

Le barde haussa les épaules.
-Les récits de naufragés ayant survécu des semaines durant sur des radeaux de fortune ne sont pas rares. Et face à une mort inéluctable, choisir une porte de sortie aussi hasardeuse ne paraîtrait pas forcément incroyable. Les pirates pourraient vraiment penser que nous avons tenté le coup. Et la disparition d'une bonne partie des vivres entreposés ici serait susceptible de les convaincre encore davantage... Le tout, c'est de savoir s'il y a un endroit sur l'île, en dehors de la plage et du port, où mettre une chaloupe à la mer serait envisageable.
Il dévisagea un instant le capitaine.
-Quant au groupe de défense... Évidemment, on ne peut pas leur abandonner d'emblée la plage. Ils ne s'y laisseraient pas prendre. Et comme nous ne pourrons pas non plus nous replier vers les grottes avec les pirates sur les talons, cela implique forcément que certains d'entre nous se sacrifient. Or, combien y consentiront ? Le choix entre un trépas certain et un mince espoir est terrible, et la deuxième option plus tentante, comme je le disais plus haut à propos d'un départ en mer. Alors... Peut-être que le mieux serait de tout faire pour les laisser croire à notre fuite. Quitte à ne laisser personne sur la plage.

" A part la plage et le port, il n'y a pas vraiment d'endroit où mettre une chaloupe à la mer... Sinon les pirates s'en seraient servis pour venir nous rendre visite." fit Rutger.
" Nous pourrions en transporter une sur le versant sud de la plage... mais nous serions visibles des bateaux, je suppose..." ajouta Katja.
" Je ne comprends toujours pas, pardonne-moi, Belenn. Comment veux-tu faire croire à notre départ, exactement ? En mettant réellement une chaloupe à la mer ? Comment vas-tu leur suggérer d'emblée cette possibilité ? S'ils débarquent et que nous avons tous disparus, ne vont-ils pas d'abord nous chercher ?"

-Si, bien sûr, dit le barde. A moins que nous n'ayons laissé assez d'indices leur faisant croire que nous avons vidé les lieux. Nous aurions pu aller quérir les chaloupes de nos bateaux respectifs : les pirates positionnés juste en face du port nous auraient vus. Ensuite... Transporter des barques, des vivres, cela ne se fait pas comme ça... et ça laisse des traces. Nous aurions pu ménager à dessein une sorte de piste jusqu'aux rochers, avec pourquoi pas un ou deux ballots abandonnés... Enfin voilà : l'idée, c'était de préparer une sorte de mise en scène.
Il soupira.
-Mais si on ne peut mettre une chaloupe à l'eau nulle part en dehors de la plage ou du port, ça ne sert à rien d'y réfléchir plus avant. Une mise en scène ne peut être efficace que si elle est crédible.

" Même si nous avions un endroit pour mettre une chaloupe à l'eau, je crains qu'une telle mise en scène les amène simplement à encercler l'île pour intercepter d'éventuels fuyards... Ils doivent disposer de nombreuses embarcations, eux aussi." fit le Mélandien.
" Il y a bien ces grottes qui mènent à la mer..." dit Rutger.
" Si nous attirons leur attention sur les grottes, alors autant vraiment fuir... Ils auront tôt fait d'en fouiller les moindres recoins..."
" De toute façon, vu la largeur des conduits qui y mènent, il faudrait reconstruire une chaloupe directement à l'intérieur." soupira Katja.
" Mais on pourrait éventuellement créer une diversion et faire mine de filer par le port."
" Tout ça me parait bien compliqué." souffla Valaellyn.

L'elfe posa son menton dans ses mains, garda les yeux dans le vague. Il avait la désagréable impression qu'ils étaient en train de s'enliser, de tourner en rond, sans plus avancer.
Qu'ils étaient en train de perdre toutes leurs chances, en un mot.
Il fallait qu'ils se décident, et vite. Qu'ils arrêtent de se perdre entre mille idées, quitte à remettre à plus tard certaines décisions.
-Rien ne nous empêche d'amener dans les grottes, en plus des vivres et du reste, de quoi constituer un radeau de fortune. Il serait alors possible de quitter nos cachettes par la mer, d'avoir une liberté de mouvement, une issue supplémentaires... Et qui sait si nous ne pourrons monter à bord de l'un de leurs navires tandis qu'ils seront tous à terre ?
Mouais. Une idée de plus, alors qu'ils devaient trancher...
Sullyan, déjà, faisait cruellement défaut.

" C'est une bonne idée." dit Constance.
" Je pense que nous ferions mieux d'aller sur la lande, aider à stocker le matériel dans les grottes... et peut-être exposer la situation aux gens. Nous ne pourrons imposer à personne de rester en arrière... et si personne n'est volontaire, il ne nous restera plus qu'à tous nous cacher et espérer que le réseau de grottes est suffisamment vaste pour nous y perdre jusqu'à l'arrivée de la marine..."
Katja croisa les bras.
" Ou nous battre jusqu'au dernier."
" Ne soyons pas encore complètement défaitistes : ils n'ont pas encore réussi à prendre l'île."
La porte s'ouvrit alors sur Victor qui courut jusqu'au groupe rassemblé.
" Je dois vous dire que les pirates ont envoyé une chaloupe jusqu'au phare écroulé. On ne sait pas ce qu'on doit faire."

Leur plan était arrêté. Il y avait encore beaucoup d'inconnues, beaucoup d'options entre lesquelles trancher, mais au moins, ils savaient ce qu'ils devraient faire au cours des prochaines heures. Si les pirates leur en laissaient le loisir.
Mais ils ne leur en laisseraient pas le loisir. C'est du moins ce qu'il songea en voyant apparaître Victor. Le Squale devait s'être décidé à passer de nouveau à l'attaque...
Les paroles du gamin le rassurèrent cependant : juste une chaloupe. Une mission de repérage. Pas un assaut.
L'elfe se tourna vers Rutger.
-Je propose de leur tirer dessus, s'ils sont à portée. Ce serait toujours ça d'ennemis en moins.

" Entendu." fit Rutger.
" Tu devrais y aller, tu es sans conteste l'un de nos meilleurs archers." dit Valaellyn.
Victor ne put s'empêcher de sourire avec fierté, comme si le compliment s'était adressé à lui.
" Rassemblez un petit groupe et réglez-leur leur compte." dit l'aubergiste.
" Ne dégarnis pas trop le front ouest, cependant..." ajouta Constance avec une légère grimace.
" Bien sûr."

Taloiesin était déjà debout.
-Victor, tu veux bien retourner à la plage et voir si une ou deux personnes peuvent me rejoindre pour la séance de tir ? Mais laisse tomber s'il y a trop de travail là-bas : il ne s'agit pas d'une mission cruciale, les pirates dans leur barque ne représentent pas de réel danger. Autant ne pas trop gaspiller de forces pour eux, dès lors... Ah, par contre, ramène-moi des flèches : il ne m'en reste plus beaucoup.
Il se tourna vers les autres.
-Le temps d'enfiler une tenue plus décente, et je file... Si l'un d'entre vous pouvait prévenir ceux de nos archers qui sont en train de manger...
Sans plus tarder, il fila vers les étages, espérant en redescendre moins de cinq minutes plus tard.

Lorsqu'il regagna la salle commune, Taliesin trouva Saõ, Rémiel et Goran fins prêts à l'accompagner, ainsi que Noéline. Ils gagnèrent rapidement l'extérieur et s'engagèrent sur le chemin qui longeait le port. Victor n'était pas encore revenu de la plage et ils ne disposaient que d'une vingtaine de flèches à distribuer entre eux.
" Il faudra se méfier." dit le propriétaire du hangar. " S'ils sont à portée de tir, nous le serons également. Sur les ruines du phare, nous pourrons nous abriter quelque peu, mais le surplomb n'est pas assez marqué pour que nous soyons complètement hors d'atteinte."

-Nous devrons être prudents, vous avez raison... répondit Taliesin. Quelques pertes de leur côté, cela ne les handicaperait guère. Du nôtre, ce serait désastreux, au contraire. Nous devons donc ne prendre aucun risque inutile et, avant toute chose, les observer pour savoir ce qui peut bien les amener.
Les pirates voulaient sans doute voir s'il était possible de franchir en barque le phare effondré... Mais il pouvait aussi s'agir d'un piège, d'une tentative de diversion... Bref : ils seraient prudents. Et plutôt deux fois qu'une.

Le petit groupe parvint assez rapidement sur le promontoire où se dressait autrefois le phare. Il formait une sorte d'éperon incurvé au nord du port et n'y demeuraient désormais que les fondations vermoulues de la tour. De l'herbe et de jeunes arbres poussaient entre les poutres pourries et les rochers épars. En contrebas, se trouvait l'entrée du port. Ils furent accueillis par un des gardes mélandiens, le dénommé Morris, comme il se présenta rapidement. Il leur désigna la barque qui s'était approchée. On y distinguait cinq personnes dans de grands manteaux, protégées de la pluie battante. Impossible de discerner leurs traits. Deux d'entre eux étaient aux rames, un troisième était assis, les deux derniers poussaient un roc effondré du bout d'un bâton, comme pour tester son équilibre.
" Ils ont l'air de sonder l'obstacle... Ils n'ont pas essayé de passer." dit le guetteur qui les avait vus approcher.

-C'est la seule embarcation qu'ils ont envoyée ? demanda le barde. Vous n'avez vu personne d'autre bouger, s'approcher ?
Cette histoire lui paraissait étrange. Certes, le Squale disposait d'hommes à foison, mais il était probablement du genre pragmatique, réfléchi, qui ne gaspille pas ses ressources sans bonnes raisons. Or, là, il avait envoyé cinq hommes, apparemment sans armes, sans protections, pousser des rochers à bout de bâton... En sachant pertinemment qu'ils seraient repérés...
Il se mit donc à observer la chaloupe, ses occupants et les alentours avec minutie, concentration. Peut-être ces hommes attendaient-ils qu'on leur tire dessus, justement. Peut-être était-ce réellement une diversion, un piège...
Il sourit. On pourrait le traiter de paranoïaque, mais il s'en moquait. Il préférait ne pas se jeter aveuglément dans la gueule du loup. Être plus prudent que pas assez.

Il était difficile de percevoir précisément à qui ils avaient affaire : les pirates étaient encapuchonnés de pied en cap. Il était probable qu'ils portaient des armures sous leurs nippes et l'épaisseur des manteaux, ainsi que la pluie, ne favoriseraient pas l'efficacité des tirs. A part cela, rien ne semblait particulier : il n'y avait pas d'autre bateau à la mer.
Victor arriva avec une brassée de flèches qu'il déposa à leurs pieds.
" Guéric a dit de se méfier." annonça-t-il simplement.
Il était seul.

Le barde ne put réprimer un sourire.
-Bon, me voilà rassuré : je ne suis pas le seul à trouver leur manège étrange.
Il lorgna l'embarcation, se tourna à nouveau vers l'enfant.
-Guéric a-t-il ajouté quelque chose d'autre ? Précisé sa pensée ? Avez-vous vu du mouvement du côté des pirates ?

" Rien du tout. La fosse est opérationnelle, le défilé a nouveau piégé. Les grottes se remplissent. On installe des rochers pour de nouveau les faire dégringoler... Tout se prépare. Guéric n'a rien dit. Ah si, il a dit : ils écument les mers depuis longtemps, ils ne doivent pas manquer de ressources. Quelque chose comme ça. Je ne sais pas ce que ça veut dire."
Il se coula jusqu'au bord du promontoire.
" A mon avis, ils veulent voir s'ils ne peuvent pas faire sauter tout ça."
" C'est ce que je pense aussi." dit Noéline.

-C'est ce qu'on dirait. Mais ils ont l'air si... inoffensifs, si dépourvus de défenses, c'est tellement tentant de leur tirer dessus... Je ne peux m'empêcher de trouver ça bizarre. Pourquoi ne pas avoir amené des boucliers pour parer nos traits, par exemple ?
Il soupira.
-Attendons, surveillons leurs gestes, voyons ce qu'ils font. Et gardons les yeux ouverts sur le reste aussi. Autant ne pas gaspiller nos flèches tout de suite.
Il fit face à ses compagnons.
-Si certains d'entre vous veulent retourner à l'auberge pour se reposer, manger, se préparer... N'hésitez pas. Ils ne sont que cinq, après tout. Et ne risquent pas de nous atteindre au corps à corps.

Le garde mélandien fut le seul à repartir vers l'auberge. Les autres semblaient hésiter sur la conduite à tenir et finirent par demeurer avec l'elfe.
" Et s'ils disposaient d'autres moyens de nous atteindre ? Ou de se protéger ?" demanda alors Victor.
Noéline leva les yeux vers Taliesin et pinça les lèvres.
" Nous avons la chance d'avoir un barde et un clerc avec nous. Qu'ont-ils, eux ?"

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Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 7.

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