La Couronne de Cuivre

Emile explora la pièce auscultant le murs et le sol avec son chandelier.

La fouille fut de courte durée, cette immense pièce ne contenant absolument aucun meuble. Un détail l'interpella cependant... Vers centre de la pièce, on aurait dit une sorte de trou, d'à peine vingt centimètres de diamètre. Ce n'était pas tant la fente en elle-même qui l'intrigua, mais le fait qu'elle soit disposée exactement au-dessus d'une ornementation du rez-de-chaussée, dont il ne percevait pas d'ici les formes.

Tout à coup, le grondement sourd rugit à nouveau dans la pièce. Etait-ce le fait de se trouver à l'étage, mais Emile réalisa à cet instant que tout ceci ne provenait vraisemblablement pas de cette aile du château, mais de quelque part ailleurs...

L'instant d'après, une voix s'éleva de l'étage en dessous.

"Mais qu'est-ce qui se passe ici ?"

Emile examina le trou plus avant. Qui était donc en train de parler ?

Emile s'accroupit afin d'avoir un meilleur angle de vue, ce qui provoqua de nouveaux grincements dans le plancher.

Un faisceau lumineux balaya plusieurs fois les murs, et manqua même de le démasquer, mais le majordome se rétracta suffisamment à temps.

Il n'était pas aisé d'y voir clair dans ces ténèbres, mais il lui sembla reconnaître la démarche de cette inspectrice qui le traquait sans relâche...

Tout à coup, un nouveau tremblement secoua la pièce du sol au plafond. Encore.

Mais d'où tout ce raffut pouvait-il venir ?

Toujours tant bien que mal aux aguets, l'oeil collé au plancher, il tentait de suivre ses mouvements à l'étage inférieur.

Tout à coup, suivant un silence presque inquiétant, une voix tout près lui arracha un petit cri de surprise.

"Émile ?"

C'était l'inspectrice, qui se tenait non loin de lui.

"Peut-on savoir ce qu'on vous faites ici ?", insista-t-elle d'un ton plus qu'agacé.

Emile se releva puis épousseta l'air amusé. Il en avais tellement vu au cours des derniéres heure qu'il se demandait parfois s'il n'était aps en train d eperdre la raison.

"Oui bien sur on peut savoir mais ce qui me rend d'autant plus curieux c'est votre présence à vous. Il semble que vous souhaitiez vous attarder plus que de raison en ces lieux..."

"Mais encore... ?, s'impatienta-t-elle. Evitez de renverser la question je vous prie."

Elle ne semblait pas se satisfaire d'une simple formule rhétorique... Emile soupira ostensiblement, et consentit enfin à donner une réponse.

"J'ai entendu du bruit, figurez-vous, expliqua-t-il. Une sorte de grondement sourd. Et comme vous m'avez déjà interrompu tout à l'heure dans ma tournée d'inspection, j'y suis reparti dès que vous n'avez plus eu besoin de moi. Quand j'ai entendu des bruits de pas au rez-de-chaussée, j'ai préféré essayer de savoir de qui il s'agissait, en regardant par les interstices du plancher."

Il s'interrompit un instant.

"Tout va bien ? Vous êtes satisfaite ?", conclut-il en levant les yeux au ciel.
"Satisfaite ?, répéta-t-elle en durcissant le ton. Pas vraiment. Je dois dire que j'ai de plus en plus de mal à gober vos histoires, monsieur Martineau. J'ai eu l'occasion de faire un petit bilan récemment, et figurez-vous que vous tenez une bonne place dans la liste de mes suspects. Une bonne place, qu'est-ce que je raconte, vous êtes en tête de liste ! "

Elle le toisa du regard.

"Vous m'envoyez désolé..., conclut-il. Que puis-je faire d'autre pour vous ? Il se passe des choses plus que curieuses dans cette maison, et je souhaiterai tirer tout ceci au clair avant l'heure du coucher."
"Moi aussi j'aimerais bien savoir ce qui se passe ici...", confirma-t-elle en soupirant.

Dans le même temps, une plainte très légère s'éleva du rez-de-chaussée. Le parquet grinçait, à un rythme régulier qui excluait le simple fruit du hasard. Quelqu'un d'autre se trouvait ici. Et à n'en pas douter, il s'agissait du notaire qu'il avait précipitamment abandonné quelques minutes plus tôt.

"Qui va là ?", lança-t-elle tout à coup d'une voix forte, en lui faisant signe de faire le moins de bruit possible.

Pour seule réponse, les pas se firent plus précipités, et disparurent vers le grand hall.

L'inspectrice soupira, et se retourna dans sa direction.

"J'ai entendu un bruit de tous les diables en arrivant ici, à faire trembler les murs. Vous avez une idée de ce que c'était ?"

Emile réfléchit quelques instants.

"Le maître s'affairait souvent en secret dans des machineries complexes, des vieux documents... Peut être est-ce là le symptôme de quelques unes de ses expériences..."

"Oui, peut-être", répondit pensivement la lieutenante. A l'aide de sa lampe-torche, elle éclaira la pièce. Il n'y a toujours pas de courant dans cette aile du château ?"

La pièce était trop grande pour qu'on puisse s'en faire une idée plus générale.

"Qu'y a t-il par ici ?"

Emile haussa les épaules.

"Cette aile du château est condamnée depuis des années, expliqua-t-il. A vrai dire, je n'y avais jamais pénétré avant aujourd'hui..."
"Vraiment ?, s'étonna-t-elle. Eh bien, c'est l'occasion où jamais."

Elle l'invita à le suivre, et entama une fouille plus méthodique de la pièce, puis du rez-de-chaussée.

Une petite dizaine de minutes plus tard, elle déclara enfin.

"Bon, il semblerait qu'il n'y ait rien d'intéressant ici. Je crois que nous pouvons rejoindre les autres."

D'un geste, elle fit signe à Emile de la suivre en direction du hall central.

Cependant, ils n'avaient pas franchis la porte qu'Emile perçut plusieurs voix - féminines - en provenance du hall. L'inspectrice se faufila dans la pièce, se dissimulant derrière une colonne, et lui fit signe de se taire et de ne pas bouger.

La conversation se déroulant trop loin, il ne put en savoir davantage, n'osant pas non plus braver l'injonction de la policière.

Quelques minutes d'embuscade plus tard, elle sortit de sa cache, et lui fit enfin signe de s'avancer.

Abandon du joueur.

Topic fermé.

La Couronne de Cuivre

[MP] Histoire : Armand