La Couronne de Cuivre

Kasumi adressa un sourire à sa compagne, ravi de sa curiosité en quelque sorte. Il répondit dans un chuchotement :

- Oui, à peu de choses près, elles ont des attributions communes : la lune, les rêves, les voyages mystiques. Mais c'est aussi la sainte mère des elfes de Lune. Elle a donc une place toute spéciale dans le cœur des Everaskans.

Malheureusement, la cérémonie allait commencer et il ne put pas développer davantage, préférant soudain arborer un silence respectueux. Sa main était toujours tendrement liée à celle de sa compagne cependant : il avait envie d'assister à la prière et aux cérémonies certes mais c'était avant tout d'en profiter en compagnie de Sylvia qui la lui rendrait émouvante.

L'ensemble du temple baignait dans une lumière ténue, douce et légèrement bleutée, presque blafarde, dont ils découvrirent sans peine l'origine : des centaines de petits miroirs étaient disposés à des endroits stratégiques pour recueillir la lumière de la lune. De tout jeunes prêtres, ou plus probablement des novices, les déplaçaient avec dévotion au fur et à mesure de l'avancée de l'astre dans le ciel qui s'assombrissait. Lors des cérémonies de pleine lune, la lumière devait être plus intense, certainement. Là... elle était juste suffisante pour vaincre la pénombre, et créait une atmosphère particulière, intime.

Les chants étaient doux eux aussi. Confiants et paisibles. ils étaient en langue elfique, et Sylvia ne pouvait en saisir un traître mot. Mais ils parlaient de confiance et d'espoir, de renouveau, de victoire de la lumière sur les ténèbres. Puis il y eût une sorte d'homélie. Ils remerciaient la déesse d'avoir chassé la nuit noire et jours sans lune et d'avoir fait triomphé ce minuscule pinceau de lumière qui grossirait, dans les jours à venir, pour devenir croissant, puis demi-disque, puis disque plein. Chaque nuit plus lumineux, chaque nuit plus fort, tout comme les pouvoirs de leur déesse qui renaissaient en cette nuit pour grandir durant treize jours avant d'atteindre leur apogée. Prières de remerciements, chants d'espérance et de gratitude. Le cœur tourné vers l'avenir proche, vers la lumière toujours victorieuse.

Kasumi se délectait de la cérémonie, constatant avec une certaine nostalgie que la langue elfique - poétique, douce et musicale - lui avait manqué. Il était un peu désolé que Sylvia ne puisse pas en comprendre le sens mais les harmonies étaient suffisamment subtiles et expressives pour passer la barrière de la langue et il se faisait une joie de lui expliquer le symbolisme de cette cérémonie entre toutes si elle le lui demandait plus tard. En fait, il y reconnaissait de nombreuses similitudes avec la profession de foi des Lathandrites, assimilant le lune renaissante avec l'aube si chère au culte de sa nouvelle cité. Les chants traduisaient la même confiance dans l'avenir, le même espoir et la même reconnaissance envers les dieux qui s'opposaient à l'ombre et à la nuit. Et il y avait aussi un autre symbolisme, un peu plus subtil et évoquant la figure maternelle de Sehanine pour les elfes. Le rôdeur rougit et son regard se fit un peu songeur alors qu'il observait Sylvia en douce en songeant à la croissance de la vie renouvelée évoquée dans les derniers instants du cérémonial. Le sens profond de cette homélie en particulier ne faisait aucun doute pour quelqu'un de sensible à la culture elfique. Les naissances y revêtaient une place intime et presque sacrée de par leur rareté et la cérémonie de la nouvelle Lune abordait évidemment cet aspect des attributions de la déesse.

Sylvia, sans conscience du symbolisme de la fin de la cérémonie, choisit ce moment pour passer un bras autour de sa taille et appuyer sa tête contre son épaule, l'esprit un peu ailleurs. Elle se laissait simplement transporter par l'ambiance, par les sons et les jeux de lumière, sans vraiment comprendre ce qu'ils exprimaient.
Le silence se fit tandis que chacun priait au fond de son coeur, puis un dernier chant retentit, plus joyeux, porteur d'espérance. Et la lune monta, peu à peu, dans le ciel, tandis qu'on déplaçait les miroirs pour démultiplier sa faible lumière.
Les chants s'apaisèrent, puis se turent. C'était la fin de la cérémonie. Le silence de la nuit tombée régnait à présent sur le temple, et nul n'osait le rompre. Il était temps, simplement, de prier une dernière fois avant de partir...

Kasumi sentit son cœur s'accélérer quelque peu quand Sylvia l'enlaça et lova son corps chaud contre le sien. Les dernières notes de la cérémonie lui échappèrent alors que son esprit s'envolait déjà loin du temple et vers les promesses de douceur que la soirée leur réservait encore. Toutefois, le demi-elfe profita du dernier moment de silence avant que les premiers fidèles ne se lèvent pour adresser une prière silencieuse à Sehanine Archelune afin qu'elle étende sa bienveillante surveillance à Sylvia pendant qu'il ne pourrait pas se trouver à ses côtés. Il se sentait plus proche de Mielikki et ne manquerait pas de la prier elle aussi mais Everaska était la patrie de ses ancêtres et il sentait qu'il se devait aussi d'y rendre hommage.

Alors que les premiers elfes quittaient leurs bancs pour se diriger vers la sortie, le rôdeur tourna son regard vers sa compagne et se perdit aussitôt dans sa contemplation sans dire un mot, un sourire et le regard rêveur exprimant toutes les émotions qu'il ressentait pour cette femme.

Sylvia avait le regard rêveur, elle aussi, et elle se blottit sans un mot contre lui, l'enlaçant doucement en se dirigeant vers la sortie.
La nuit était tombée, mais des dizaines de lampes à pétrole éclairaient les avenues principales de la ville, créant une atmosphère douce et paisible. un peu comme dans le temple, finalement.
" Il va falloir que tu me traduises tout ça, finit-elle par dire au bout d'un long moment de silence, alors qu'ils approchaient du quartier où se trouvait la maison de son père. Enfin... Tu parles elfique, toi, j'imagine ?

L'air de la nuit était frais mais pas assez pour les inciter à presser le pas d'autant que les rues étaient paisibles à cette heure tardive. Et ils pouvaient prendre le temps qu'ils désiraient puisqu'aucune obligation ne pesait sur eux. Kasumi ralentit donc encore le pas pour tourner son visage vers sa compagne en répondant d'un ton doux puis, légèrement mutin :

- Oui, mon père m'a appris quand j'étais enfant mais je ne pratique pas très souvent. Alors j'imagine que si je te traduis tout, nous en aurons pour une bonne partie de la nuit. Ou alors je peux te résumer certains passage peut-être : celui qui parle d'espoir qui jamais ne s'éteint même au cœur de la nuit. Celui qui remercie la déesse pour avoir vaincu les ombres. Il y a aussi le symbole de la nativité et de la croissance de la vie...

Il ne put s'empêcher de rougir en l'évoquant avant de reprendre un peu trop précipitamment peut-être :

- Et bien entendu tout le long passage sur l'art de séduire et d'aimer les très belles rôdeuses rouquines ! J'espère avoir été assidu sur ce passage.

La rôdeuse rit joyeusement, mais ne parut pas avoir relevé l'allusion. Peut-être parce que la tentative de diversion avait été efficace.
" Je n'en doute pas un seul instant... mais c'est un passage que tu connais déjà par coeur à en juger par l'effet que tu me fais chaque fois que je te regarde... Je n'ose pas imaginer ce que ça donnerait si tu deviens encore plus séduisant..."
Et elle l'embrassa avec passion, sans lui laisser le temps de répliquer ou même de s'y préparer. Elle n'avait apparemment rien oublié de la promesse faite juste avant d'aller au temple...

Si le rôdeur avait une idée de réponse en tête, le baiser passionné que Sylvia lui dédia la lui fit oublier en un clin d'œil. Une partie encore consciente dans l'esprit du rôdeur nota qu'ils étaient encore en pleine rue mais ils étaient seuls et plus si loin de la demeure familiale... Cette fois, il était bien décidé à répondre aux provocations de la jeune femme et laissa ses mains parcourir son dos puis ses fesses et ses cuisses, l'attirant tout près de lui pour se gorger de son odeur, de sa chaleur, de son souffle haletant alors qu'ils s'échangeaient baisers après baisers en progressant lentement et de façon erratique.

Alors qu'ils atteignaient difficilement la clôture du jardin de son père, il souffla à l'oreille de son amante :

- J'ai terriblement envie de te faire l'amour. Toute la nuit.

Et alors qu'il la menait vers un léger passage entre deux buissons, ses mains se glissèrent sous ses vêtements, dispensant des caresses de plus en plus osées.

Ses caresses atteignirent leur objectif. Il sentit le souffle de sa compagne se faire encore plus rauque, et un sourd gémissement lui échapper. Elle parut subitement incapable de faire un pas de plus, et se retourna vers lui, les yeux brûlants de passion.
- Tu me rends dingue... Fais-moi l'amour... ici... tout de suite... On montera dans la chambre plus tard... et on recommencera toute la nuit... mais là... je ne peux plus attendre une seconde de plus... Oh, viens... Tout de suite...
Ici, c'était le jardin... mais il y avait plusieurs haies et arbustes susceptibles de les abriter des regards et l'herbe douce était terriblement tentante. Du reste, elle ne lui laissa pas le choix : sans lui laisser le temps de repérer un coin plus à l'abri, elle se laissa glisser au sol au pied de la haie, l'attirant à lui, sans guère se soucier du lieu où ils se trouvaient.

Les encouragements de Sylvia ne mirent pas Kasumi en position de résister davantage. Rien que le fait de toucher sa compagne le rendait fou d'impatience. La sentir frémissante et prête sous ses mains qui savaient exactement où la toucher et comment suffit à réveiller l'excitation qu'il avait mis en pause depuis l'épisode du banc. Il s'accroupit au-dessus de la rôdeuse et fit glisser les chausses de sa compagne avec une certaine frénésie - presque hors de contrôle - puis retira encore plus vite les siennes. Il glissa une de ses mains entre ses cuisses juste par jeu et pour la rendre encore plus folle de passion et la sentit immédiatement se cabrer d'un désir irrépressible. Ce qu'il lut dans ses yeux acheva de le faire chavirer et il s'immisça sans plus tarder dans le paradis qu'elle lui offrait sans réserve, sans retenue. Ils se possédèrent sans avoir pris le temps de retirer leurs bottes ou le reste de leurs vêtements, incapables de repousser plus loin le besoin viscéral de se partager.

Ils restèrent un moment allongés sous les étoiles, le souffle court, leur désir apaisé... pour un temps du moins. Sylvia fut la première à se redresser, lentement, rajustant ses chausses. Elle arborait un sourire radieux.
Elle déposa un léger sourire sur ses lèvres avant de susurrer :
- On devrait peut-être se trouver un endroit plus confortable... pour le reste de la nuit ? Si toutefois tu as l'intention de tenir ta promesse de tout à l'heure... Parce que moi, je n'ai pas l'intention de te laisser te défiler, mon amour...
A nouveau, son regard brillait de promesses sensuelles... et passionnées.

Le demi-elfe resta juste un instant allongé pour le plaisir de la contempler sous le fond de la nuit étoilée avant d'accepter avec enthousiasme son invite. Il renfila ses chausses juste par crainte qu'on les surprenne à traverser la maison dans une tenue indécente puis enlaça la jeune femme dans ses bras et annonça d'un ton enjoué qu'il ponctua d'un clin d'œil :

- J'ai bien l'intention d'honorer toutes mes promesses ! C'était une bonne idée de passer au temple cet après-midi !

Puis, mutin, il posa une de ses mains bien trop bas sur sa personne pour que cela puisse paraître pour un accident dans une tentative de lui enserrer la taille.

Nulle lumière n'émanait des fenêtres donnant sur le jardin. Les rideaux étaient tirés, et il était donc peu probable que leurs ébats aient eu le moindre témoin.
La maison leur parut déserte et silencieuse, à part peut-être un bruit de tissu, le bruit de quelqu'un qui se retourne sur son matelas. Machinalement, presque par habitude, ils s'efforcèrent d'adopter un pas silencieux, et quelques instants plus tard ils se trouvaient dans la chambre verte. Celle de Kasumi, enfant. La leur, maintenant.
- Voyons si tu es encore en état de tenir tes promesses, beau chevalier, murmura Sylvia en l'embrassant tendrement. Ou si je vais devoir finir par te border comme un bébé...

Discrets et silencieux dans les escaliers et dans le couloir, les rôdeurs se sentirent à nouveau à l'abri des importuns une fois que Kasumi eut pris soin de bien fermer la porte de leur chambre.

Une fois n'étant pas coutume et plutôt que de répondre par des mots, le demi-elfe profita qu'ils soient enlacés pour glisser une main exploratrice dans le dos de sa compagne se glissant sous ses vêtements pour commencer à lui ôter sa tunique. Sylvia sut qu'il était prêt à tenir toutes ses promesses en croisant son regard fiévreux alors qu'il la guidait lentement vers le lit puis l'invitait à s'allonger. Ils ne tardèrent pas à se retrouver totalement nus tous les deux mais une lueur malicieuse s'alluma dans le regard du demi-elfe et il déclara, entre deux baisers langoureux :

- Mmmh, il me semble qu'une de mes promesses était de me venger de tes délicieuses tortures sur le banc ! Voyons combien de temps tu mets à me demander grâce, belle princesse !

Il s'efforça, dès lors, de mettre son amante à l'épreuve de ses caresses, de ses baisers et de ses initiatives délicieusement sensuelles, la parcourant de ses mains et de ses lèvres à maintes reprises et s'attardant sans pitié sur les zones qui la faisaient le plus réagir en lui laissant le moins de prises possibles sur ce qui lui arrivait. Il fut sourd à ses premières protestations, puis aux suivantes la portant bien au-delà de ce qu'elle attendait, allumant puis apaisant le feu qui brûlait en elle de simples gestes. C'est seulement bien plus tard qu'il lui laissa enfin l'initiative de riposter.

Elle se vengea bien sûr, au-delà de ce qu'il eût cru possible, prenant un malin plaisir à le rendre à son tour fou d'elle...
Et la nuit s'étira en longueur, sans qu'ils se lassent de ces jeux sensuels.

Le petit matin les trouva alanguis dans les bras l'un de l'autre, nus et couverts de sueur... Le lit complètement défait témoignait de leurs ardeurs, et pourtant ils ne s'étaient pas glissés un seul instant sous les couvertures....

Apaisé et heureux, Kasumi se sentait néanmoins trop fatigué pour affronter immédiatement la journée qui les attendait. Il déposa un baiser sur le front de sa dulcinée puis lui dédia un sourire ravi.

- Bonjour, ma belle princesse. Sortirez-vous de votre tour ou désirez-vous vous reposer un instant avant ? Il est encore tôt même si je n'ai pas vu passer la nuit entre tes bras.

Sylvia étouffa un bâillement et se lova dans ses bras.
- A vrai dire... je dormirai bien un petit moment si c'était possible, après tant de péripéties si... agréables. Mais j'imagine que les elfes ne font pas la grasse matinée ? Ils ne comprendraient pas qu'on ne soit pas à l'heure au petit déjeuner, je suppose...
Elle ferma les yeux, pour savourer le moment présent. Ou parce qu'elle était véritablement épuisée peut-être.

Kasumi lui répondit d'un tendre baiser sur le front et se pencha pour récupérer une des couvertures qui avait glissé au bas du lit pour la placer sur la rôdeuse. Il lui caressa les cheveux et ferma les yeux à son tour :

- Nous raterons le petit-déjeuner ensemble alors ! C'est si agréable de te border, mon amour.

Il sentit lui aussi le sommeil le rattraper après cette nouvelle nuit plus qu'agitée et la langueur qu'il ressentait ne faisait qu'exacerber son besoin de se reposer... juste un instant. Tilmandil viendrait bien toquer à leur porte quand il jugerait qu'ils auraient scandaleusement trop "dormi".

Personne ne vint toquer à leur porte. Chose assez surprenante, en fait. Peut-être Tilmandil s'était-il absenté... Ou peut-être que leurs ébats avaient été suffisamment bruyants pour que toute la maisonnée soit au courant et décide de les laisser se reposer ?

Ils se réveillèrent finalement d'eux-même, en même temps, quelques heures plus tard. Le soleil était suffisamment haut sur l'horizon pour que ses rayons ne pénètrent plus dans la chambre, et Kasumi en déduit qu'il devait être près de midi... ou peut-être plus, en fait. Largement temps de se lever s'ils voulaient manger un bout avant de rejoindre la commanderie de la garde ailée.
Sylvia, les yeux un peu dans le vague, ne semblait pas avoir conscience de l'heure.

Kasumi eut un peu moins de mal à ouvrir les yeux et à reprendre pied dans la réalité. Mais il ne sut déterminer si c'était encore la fin de matinée ou si toute la maisonnée les avait complètement oublié compris en ce qui concernait le déjeuner et leur rendez-vous à la caserne. Sans brusquerie aucune, il embrassa sa belle et parla d'une voix douce :

- Il faut se lever, ma mignonne petite marmotte.

Il capable de suivre son propre conseil, il poussa un soupir d'aise et referma les yeux en se lovant un peu plus contre le corps chaud de Sylvia.

La marmotte en question se contenta elle aussi de se retourner légèrement pour se blottir contre lui, fermant à nouveau les yeux.
- Bon, les amoureux, vous comptez dormir toute la journée ? Heu, non, à la réflexion, je ne veux pas savoir ce que vous comptez faire au lit toute la journée... Mais Kasumi, tu n'oublies pas qu'on a rendez-vous avec le commandant des aigles ? Dans... une heure et demie à peu près !
C'était Tilmandil, tambourinant joyeusement à la porte. Ils avaient dû se rendormir, puisqu'aucun d'eux ne l'avait entendu s'approcher. Ou alors il était devenu particulièrement doué pour se déplacer discrètement...

Kasumi rouvrit les yeux brusquement, se rendant compte qu'il s'était effectivement rendormi. Les premiers mots de Tilmandil lui échappèrent bien qu'il en ait compris le sens général ce qui ne manqua pas de le faire rougir. Mais c'est la fin de son intervention qui le décida finalement de s'arracher à sa douce langueur et à la tentation de prolonger encore la grasse matinée. Il remonta lentement la main posée sur la hanche de sa compagne et lui dédia un sourire extatique quand elle rouvrit les yeux pour le regarder.

- J'espère que tu as bien dormi ma toute belle. On a à peine le temps de prendre un bain et de manger. Ça empêchera Tilmandil de nous asticoter trop longtemps !

- Hum... ensemble, le bain ? Ou séparément ? questionna ingénument la rôdeuse, un sourire mutin aux lèvres.
Elle se redressa à son tour, sans guère se soucier d'attraper ses vêtements, préférant se pavaner nue, provocante... Mais elle reprit vite son sérieux.
- Non mais je plaisante, il a déjà bien assez de raisons de nous asticoter ! Mais... tu me montres quand même où est la salle de bain ?
A nouveau, un sourire malicieux... Et elle se contenta d'enfiler une simple tunique un peu longue, restant entièrement nue dessous, et prit des vêtements propres sous le bras.

Il était difficile pour le rôdeur de détacher son regard du corps souple et sensuel de sa compagne tandis qu'elle se pavanait dans la chambre et même après qu'elle eut enfilé une simple tunique qui la rendait encore presque plus séduisante si la chose était possible. Il enfila rapidement ses chausses avec une certaine maladresse puis, après une hésitation, sa tunique de la veille avant de la rejoindre pour ouvrir la porte tout en posant une main sur sa taille.

- C'est au fond du couloir, à cet étage. Mais il vaut mieux que je t'y emmène et que je te chauffe un peu d'eau peut-être !

Bon, il allait certainement devoir se débarrasser de l'obstacle constitué par son demi-frère mais ce serait de bonne guerre.

Tilmandil guettait dans le couloir, en un point stratégique à mi-chemin entre la chambre et la salle d'eau.
- Je vous ai fait chauffer l'eau, annonça-t-il sans préambule en guise de salut. Mais méfiez-vous, je ne suis pas sûr que la baignoire soit prévue pour deux personnes... Enfin, en vous serrant un peu, peut-être... ça ne devrait pas vous déranger !
Il affichait un sourire narquois, et ses yeux pétillaient de malice.
- Mais ne traînez pas trop quand même... ils sont déjà à table. Pour l'apéritif, simplement, je vous rassure.

Kasumi n'était pas surpris de trouver son demi-frère à l'affût après être venu les réveiller. Mais il avait aussi pris soin de leur préparer le bain ce qui constituait une gentille attention. Le rôdeur sentait qu'il n'allait pas tarder à payer ce service au prix fort et ses premières remarques n'étaient sans doute qu'un petit avant-goût.

- Merci Tilmandil ! Nous allons nous dépêcher, tu peux prévenir les autres que nous arrivons dans moins de dix minutes.

Il laissa Sylvia passer devant lui en annonçant qu'il allait préparer ses affaires pendant qu'elle prendrait son bain. Le prendre ensemble ne serait pas raisonnable même s'il avait maintenant l'habitude de ne plus s'arrêter à ce genre de considérations dès que Sylvia lui faisait tourner la tête. Cette réflexion lui remit en tête leur étreinte dans le jardin et il se sentit rougir furieusement. Et évidemment Tilmandil le regardait et était bien trop près pour ne pas l'avoir remarqué.

Tilmandil se contenta de lever les yeux au ciel en le voyant rougir... puis il leva le pouce aussi, avec un clin d'oeil complice qui ne pouvait qu'accroître l'embarras du rôdeur. Ce dont il parut se rendre compte, et qui ne fit que l'encourager à pousser le bouchon un peu plus loin...
- Dix minutes... et ben t'es un rapide, toi ! souffla-t-il finalement, d'un ton faussement admiratif, avant de hausser les épaules et de s'éloigner sans attendre la réponse, résistant visiblement à l'envie de rire.
Sylvia avait rougi elle aussi, bien sûr. mais ses yeux pétillaient d'amusement, preuve qu'elle ne se laissait pas vexer aussi facilement...

Le temps de ce petit échange, Kasumi n'avait pas su qui regarder entre Tilmandil et Sylvia lisant leur amusement à tous les deux ce qui ne pouvait que contribuer à l'embarrasser davantage. Heureusement, le barde avait remis à plus tard la suite de ses assauts taquins et les laissait enfin respirer un peu. Quand il fut certain que l'elfe ne restait pas en embuscade du côté de l'escalier, il se retourna vers la rôdeuse :

- Tu veux que je t'accompagne ? Pour récupérer tes vêtements et les amener à la laverie ? Et te frotter le dos peut-être ? Il faut nous dépêcher ! On n'a que dix minutes !

Son regard brillait à nouveau d'un éclat mutin.

- Dix minutes, c'est plus qu'il n'en faut avec notre entraînement nocturne, répliqua Sylvia sur un ton faussement sérieux.
Le rôdeur put constater, lorsqu'ils entrèrent dans la salle d'eau et qu'elle verrouilla soigneusement la porte derrière eux, qu'elle était en réalité tout à fait sérieuse... Et que les dix minutes étaient amplement suffisantes. Certes, ce fut au détriment de leur propreté : ils n'eûrent que très peu de temps pour se savonner efficacement. Mais ils sortirent tous deux du bain parfaitement détendus... par d'autres moyens. Il était bien sûr trop tard pour mener les vêtements à laver, trop tard pour faire autre chose que se sécher très vite et s'habiller tout aussi vite.
Le visage de Tilmandil, lorsqu'ils arrivèrent enfin à ma salle à manger, était toujours aussi hilare, et il était clair qu'il cherchait à deviner, à leur expression, ce qui s'était passé pendant les dix minutes qu'avaient duré leur apparté. Peut-être même avait-il duré un peu plus de dix minutes en réalité... Le repas était déjà servi.

La Couronne de Cuivre

[Everaska] Quête: Racines