La Couronne de Cuivre

[Quête : Association de bienfaiteurs]

De longues minutes plus tard, le garçon finit par se détourner de la fenêtre et, ayant baissé les yeux sur ses bottes toujours plus qu'humides, il entreprit de s'en défaire.
-Je me demande presque si ça vaudrait pas le coup de les égoutter dans un vase ou un truc du genre : de l'eau de Féérie, c'est pas rien, ça a peut-être même des effets magiques... dit-il sur un ton qui n'était pas tout à fait celui de la plaisanterie.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Silmandel haussa les épaules.
« J’en sais fichtrement rien. Pourquoi pas. Non seulement c’est de l’eau de Féérie, mais surtout l’eau d’une source enchanteresse dans Féérie. »
Le concernant, il entreprit d’étendre ses habits, enfilant en attendant ses vêtements de rechange. Si essuyer le sol semblait nécessaire, il le ferait.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Si Alexandre renonça finalement à son idée, estimant que l'eau ainsi récupérée ne serait pas assez propre, il affirma néanmoins que lors de son prochain voyage en Féérie, il penserait à emporter une fiole. Il disparut ensuite dans sa chambre pour se sécher et se changer puis revint s'installer dans un fauteuil où il s'abîma dans le silence, l'air pensif.

[Quête : Association de Bienfaiteurs]

Silmandel, une fois vêtu de sec, revint dans le salon. Considérant Alexandre et son silence, il se dirigea vers la table, prit la cuillère qui leur servait durant les exercices. Il la manipula, l’examinant comme s’il pouvait y découvrir quelque chose de spécial. Finalement, il la reposa.
« Pas de magie, au moins pour aujourd’hui. C’est plus prudent. Mais demain, si tout est entré dans l’ordre, il sera temps de faire le point sur nos facultés respectives. »
Il s’assit à son tour.
« Une partie de cartes ? »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Le garçon mit quelques instants à émerger de ses pensées.
-Si tu veux, dit-il néanmoins.
Il se leva, alla chercher les cartes et commença à les distribuer.
-Qu'est-ce qu'on met comme enjeu ?

[Quête : Association de bienfaiteurs]

« Heu ? Comme enjeu ? »
Il n’avait pas fallu de quelques secondes pour que Silmandel ne soit distrait par ses réflexions. Rares avaient été les moments où son esprit avait eu tant de matière à moudre.
« Je ne sais pas. Le plaisir de gagner ? De gagner sans tricher ? »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

-Eh ben, tu dois vraiment pas être dans ton assiette pour dire des trucs pareils !
Il n'insista pas et la partie débuta, révélant bien vite que ni lui ni Silmandel n'avaient vraiment la tête au jeu : ils se chamaillèrent moins que de coutume, ne contestèrent pas les bons coups de l'un ou de l'autre, ne prétendirent pas être victimes d'un mauvais sort ou d'un hasard devenu fort partial...
Étrange.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Silmandel, au beau milieu d’une partie, finit par poser ses cartes. Non, effectivement, personne n’avait la tête à jouer. Il déclara avec ce sérieux qu’il s’était découvert depuis qu’il avait rencontré Clémentine et Alexandre :
« Cent ans... ça fait environs cent ans que je pensais être un ensorceleur. Et voilà que je découvre qu’il n’en est rien. Voilà que je découvre que nous deux, on ne s’est pas rencontré par hasard, qu’on était uni à cette dame féérique... Ah, décidément, ça fait bizarre. C’est comme si la branche sur laquelle j’étais assis depuis tout ce temps venait de craquer. Mais je ne tombe pas, ce ne serait pas le bon terme, disons plutôt que je flotte, passablement perdu. Désorienté ? Oui, désorienté. Et toi, comment tu le prends ? Tu n’es pas un ensorceleur ou un élu divin. Tu es un sorcier. »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Pris au dépourvu par sa tirade et surtout par son sérieux, le gamin resta un moment plongé dans un silence pensif et perplexe.
-Je sais pas trop quoi te dire, répondit-il enfin. J'ai d'abord remarqué qu'on me trouvait spécial, tellement spécial que des types ont voulu me sacrifier, puis je me suis aperçu que j'avais des pouvoirs... C'est pas rien, déjà, et du coup, je me suis jamais vraiment posé de grandes questions sur le pourquoi et le comment, sur l'origine de tout ça. Bon, maintenant, l'origine, je la connais, et c'est sûr que ça fait drôle. Mais comme j'avais pas d'idée préconçue, ça doit être moins déstabilisant que pour toi.
IL pinça les lèvres.
-Après, bien sûr, je me demande pourquoi elle m'a choisi, moi. Mais je me demande surtout pourquoi elle a pas choisi ma sœur aussi. Quelque part, c'est pas juste : c'est elle qui fait tout pour qu'on s'en sorte depuis des années et au lieu d'avoir des pouvoirs qui lui auraient été bien utiles ben... C'est mi qui les ai.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

« Je suppose que la dame a ses raisons. Je suppose aussi qu’on finira par les découvrir. Quant à ta sœur... »
Il eut un sourire aimable.
« Disons qu’elle a largement assez de talent pour s’en sortir sans aide. N’empêche, arrivera peut-être un jour où ce sera à toi de veiller sur elle, à toi de la défendre. »
Son sérieux s’effaça lorsqu’il reprit ses cartes et, par un curieux hasard, abattit trois as d’un coup.
« Ho, gagné ! »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Alexandre sembla devori protester mais, finalement, il se contenta d'acquiescer tristement.
-Bah, c'est pas une surprise : j'avais déjà perdu avant même de jouer. Je perds tout le temps.
Profond soupir.
-La défaite : voilà l'histoire de ma vie.

[Quête : Association de bienfaiteurs

Silmandel eut un large sourire, puis il envoya une frappe amicale sur l’épaule du garçon.
« Ha non, pas de ça avec moi ! Ton histoire, elle sera grandiose ! Parce que tu n’appartiens pas au commun des mortels. Je gage qu’après ce séjour en Féérie, tu arriveras sous peu à canaliser tes pouvoirs, si ce n’est pas déjà fait. Puis le spectacle, un théâtre à ressusciter ! On y arrivera ! Et après, des grandes choses ! Ne reste qu’à les découvrir ! »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Le garçon eut un sourire en coin.
-Décidément, t'es trop facile à mener par le bout du nez quand tu es pas dans ton assiette !
Il révéla mine de rien sa main qui, étrangement, comportait quatre as.
-Pour ta gouverne, sache que les seules fois où tu me vois perdre, c'est parce que j'ai décidé de te laisser gagner. Car j'ai bon cœur, moi, monsieur !

[Quête : Association de bienfaiteurs

« Toi ? Gagner ? Mais tu as triché ! C’est scandaleux ! Depuis quand y a-t-il sept as dans un jeu de cartes ? » fit semblant de s’offusquer Silmandel.
Il se leva, fit de grands gestes théâtraux, adopta le ton de l’acteur.
« Ha, moi qui n’est de cesse que de t’enseigner la grandeur de l’âme qu’est l’honnêteté, voilà que tu me poignardes dans le dos ! Que dirais ta sœur ? Pauvre de toi ! Je suis si, si... »
Une pause, verbale et gestuelle.
« Si curieux de savoir si Maître Presteplume est rentré. Si jamais ce n’est pas le cas, je pense faire un petit tour en ville, pour le chercher et voir se qu’il s’y passe. Tu veux m’accompagner ? »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Alexandre hésita.
-Me balader, ça me dirait bien. Mais je ne sais pas si ça serait très prudent, vu que...
Il s'interrompit, jeta un regard en direction de la porte.
-Enfin voilà. Surtout qu'avec mon charme surnaturel, tout les regards se braquent forcément sur moi...

[Quête : Association de bienfaiteurs

« Bien, comme tu voudras. Si jamais Maître Presteplume revient pendant mon absence, rassure-le. Non, on ne s’est pas enfuit, terrifié par cette pièce insensée où monsieur qu’à trop de charisme a le premier rôle ! J’ai dit à Isolde qu’on avait eu un petit incident magique, rien de plus. »
Il se dirigea vers la porte.
« Je ne serais pas long, quoi qu’il arrive. »
Si Alexandre n’ajoutait rien, il se rendrait au hall où devait toujours se trouver Isolde.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Si le directeur n'était pas encore rentré, il avait fait porter un message annonçant qu'il allait très bien, ce qui avait grandement rassuré Isolde.
Silmandel put donc, l'esprit plus léger, se hasarder dans les rues mélandiennes. Toujours moins animées qu'à l'accoutumée, il était toutefois indéniable que les habitants recommençaient plus volontiers à s'y hasarder, pour contempler les lueurs étranges qui illuminaient le firmament et, surtout, pour deviser avec leurs voisins.
En les écoutant, l'elfe put se faire une idée plus précise du déroulement de la journée. Lorsque les manifestations magiques s'étaient abattues sur la cité, il y avait eu des mouvements de panique que les autorités avaient su rapidement juguler en dispersant les attroupement et en ordonnant aux gens à rentrer chez eux, tout en affirmant que si ce qui se produisait était troublant, il n'y avait pas de motif sérieux d'inquiétude puisque, jusque là, aucun mort n'était à déplorer. De fait, la multiplicité des phénomènes n'avait d'égal que leur caractère ordinairement inoffensif : des objets qui apparaissent, disparaissent, se déplacent ou changent d'apparence, des gens qui se retrouvent téléportés à peu de distance, des mirages... Il en était allé ainsi durant plusieurs heures puis, peu à peu, le nombre et la fréquence de ces stupéfiantes manifestations avaient décru, quoiqu'il s'en produise toujours, de temps à autre, ici et là... Quant à l'origine des incidents, les avis étaient variés mais personne n'avait de vraie réponse : on savait seulement que les mages de l’École du Necronomicon travaillait d'arrache-pied à résoudre le mystère.
De retour au théâtre, Silmandel constata que maître Presteplume était enfin de retour. Celui-ci, d'excellente humeur, l'informa qu'il avait eu une journée des plus productives malgré le contexte particulier : certes, il n'avait pas obtenu beaucoup de réponses d'emblée positives, mais la plupart de ses contacts s'étaient avérés intéressés par le projet et avaient promis d'y réfléchir sérieusement et de le tenir informé dans les plus brefs délais.

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Cette sortie dans la ville combla la curiosité de l’elfe. Il savait que le phénomène n’était pas le fait de la dame féérique, tout du moins pouvait-il le déduire, il savait aussi qu’il avait peu, si ce n’est aucune chance de découvrir la cause de tout ceci, mais au moins avait-il pu constater ses effets. C’était tout à fait singulier et, visiblement, tout allait peu à peu rentrer dans l’ordre. Avant, il aurait été un brin déçu, à présent il se réjouissait de pouvoir sous peu expérimenter ses nouveaux pouvoirs. Quand au spectacle... une fois de retour au théâtre, il apprit avec satisfaction le résultat des démarches du directeur.
« Et bien voilà qui est parfait ! Je vous rappelle que mon offre du matin est toujours valable. Je vais d’ailleurs vous porter l’or, ce sera fait. Et pour la pièce, dès qu’il faudra se mettre au travail, mon fils et moi, nous sommes prêt. »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Presteplume parut embarrassé.
-Pour l'or, à nouveau, c'est très généreux de votre part. Mais je préfère que vous le gardiez, pour l'heure, et n'y recourir que si cela s'avère vraiment nécessaire, comme ce sera sans doute le cas s'il me faut engager un illusionniste. Au cas où, je commencerai à plancher sur un contrat convenable.
Déjà, il retrouvait son sourire.
-Pour le reste, votre garçon et vous-même pouvez déjà commencer à lire et à apprendre vos textes. Je vous en fournirai sous peu une deuxième copie, ce qui rendra la chose plus pratique.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

« Très bien. Faisons ainsi. »
Silmandel se détourna, s’éloigna d’un pas, avant de tourner la tête vers le directeur.
« Pour l’illusionniste, attendez un peu. Les phénomènes magiques d’aujourd’hui ont influencés mes pouvoirs, en bien je vous rassure. Je ferais le point dès demain et vous dirai ce qu’il en est. »
Il faudrait aussi qu’il lise la pièce, pour savoir les besoins en illusion qu’elle allait réclamer. Puisqu’il n’y avait pour l’instant qu’un seul livre, il prévoyait de le lire à voix haute dès qu’Alexandre serait prêt pour cela. S’il pouvait débuter dans les cinq minutes, il n’allait pas s’en priver.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Sauf qu'Alexandre était déjà absorbé dans la lecture dudit livre. Cependant, il releva les yeux à son entrée.
-Oh, déjà de retour ?
Il paraissait surpris. Ou faisait semblant de l'être.
-Moi qui croyais que tu te promènerais dans toute la ville pour assister à des trucs bizarres, ou que tu essayerais de lancer des sorts pour voir si tu avais moyen d'à nouveau piquer une tête dans ce fameux bassin, en Féérie...

[Quête : Association de bienfaiteurs]

« Les sorts, ce sera pour demain. Mais je ne peux nier être impatient de les tester. Quand à la ville... »
Il lui raconta ce qu’il avait vu, entendu et déduit lors de sa balade, désireux de satisfaire la curiosité du garçon comme il avait satisfait la sienne. Une fois terminé, il ajouta :
« Maître Presteplume est revenu. Les choses se présentent bien. Nous, on a officiellement du travail, à savoir apprendre nos textes. On aura bientôt la pièce en deux exemplaires. D’ici là, pourquoi ne pas se faire une lecture à voix haute ? Je me charge d’une partie, toi d’une autre et ainsi de suite. »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

-Je suis pas sûr d'être très doué pour lire à voix haute, dit-il avec sérieux.
Mais l'instant d'après, il souriait.
-En même temps, ce ne sera pas nécessaire : autant mon personnage raconte plein de trucs, autant le tien se contente de faire "Miaou" à tout bout de champ.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

« Vraiment ? Alors ça veut dire que je vais sauver le théâtre sans même à avoir à fournir le moindre effort ? Youpi ! Ha ! Le monde est beau ! »
Il virevolta dans la pièce puis, sans prévenir, en profita pour s’emparer du livre.
« Bon, moi, la lecture à haute voix, ça ne me dérange pas. »
Il se laissa tomber dans un fauteuil.
« Voyons voir mes miaous. »
Et hop, le voilà à la première page. Ce ne serait pas là qu’il allait les trouver, mais ce serait là qu’il allait commencer de lire, lecture qu’il avait l’intention de mener sérieusement pour que ce soit aussi agréable que possible.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Le garçon croisa les bras, l'air boudeur.
-Alors ça, je vais le dire à Clémentine. Je suis tout sage, à lire tranquillement, et voilà que tu viens m'embêter et me pique mon livre. C'est vraiment pas gentil.
Puis il se tut pour l'écouter.
Cette première lecture leur montra que la pièce était largement aussi prometteuse qu'elle le semblait. Les décors, les personnages, les situations étaient décrits avec précision et témoignaient d'une grande imagination ; quant aux tirades, élégantes, ciselées, le moins que l'on puisse dire était qu'elles ne manquaient pas de piquant.
Et bien évidemment, Chester le Chat ne faisait pas que "Miaou".

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Silmandel releva les yeux à la fin d’une partie.
« Décidément, elle est pas mal du tout cette pièce. On va bien s’amuser à jouer ça. Chester est amusant. Je crois qu’il me colle bien. Du sur mesure, vraiment. »
Il tendit le livre à Alexandre.
« Tu t’occupes de la suite ? C’est si tu veux, je peux continuer. »

[Quête : Association de bienfaiteurs]

-Si tu veux. Mais va pas te plaindre quand tu auras constaté comme je suis mauvais.
En réalité, mauvais, il l'était moins qu'il ne voulait bien le dire, même si cela se voyait qu'il n'avait pas exactement l'habitude de lire à voix haute.
-J'espère qu'Alix va finir par être un peu plus amusant, dit-il de longues minutes plus tard. Pour l'instant, il a surtout l'air dépassé par les événements...

[Quête : Association de bienfaiteurs]

« C’est normal, c’est le début. Il vient d’entrer dans un nouveau monde, un monde passablement étrange de surcroît. Comment ne pas être dépassé par les événements ? Mais c’est vrai, je trouverai bien qu’il finisse par devenir maître des situations. »
Si Alexandre montrait des signes de fatigue, car lire à voix haute était mine de rien éprouvant, il prendrait le relai. Ils allaient sans doute lire ainsi jusqu’au repas du soir, peut-être même après si le garçon était volontaire, sans quoi l’elfe poursuivrait seul.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

-Est-ce que j'ai été dépassé par les événements, moi, quand on a débarqué en Féérie ? Non ! Alors soit ce Alix est rien qu'une chiffe molle, soit je suis vraiment exceptionnel !
Une bonne heure de lecture plus tard, Isolde les prévenait que le repas était servi. Presteplume vint manger en leur compagnie, en profitant pour discuter un peu avec eux. Mais il ne s'attarda pas : sitôt son assiette vidée, il leur souhaitait bonne nuit et retournait à son bureau pour se remettre au travail.

[Quête : Association de bienfaiteurs]

Silmandel avait bien l’intention de faire de même afin de vérifier si oui ou non, ce Alix était une chiffe molle, afin aussi de savoir précisément qui était Chester et ce que demandait la pièce en ressource magique. Une vision d’ensemble en somme. Plus vite il l’aurait, plus vite il pourrait savoir si ses seuls talents, talent qu’il allait tester demain, suffiraient. Bref, quand l’elfe s’engageait dans quelque chose, ce n’était pas à moitié.

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[Bâtiment] Le Bastion des Arts