La Couronne de Cuivre

Sir Danval monta deux à deux les marches, sa longue épée en main, prêt à en découdre éventuellement. Sa cape usée battaient dans son sillage furieux. Venait ensuite Asmodeus qui suivait le rythme soutenu du Chevalier de la Mort. Ce dernier, tout d’un coup, se volatilisa. La momie se retrouva seule en haut de l’escalier. Elle entendit les pas de Sir Danval se perdre dans le lointain, comme l’avaient fait ceux de la liche. Plus étrange encore, Asmodeus ne reconnu pas l’endroit où il se trouvait. Il l’aurait dû pourtant puisqu’il était revenu en arrière. Mais nul trace du long couloir, du hall, des deux escaliers montants. Au lieu de cela, il y avait une petite pièce encombrée de bric-à-brac poussiéreux. Au fond de la salle, une porte close. Quelques torches moribondes assuraient l’éclairage ainsi qu’une étroite fenêtre en partie obstruée par des toiles d’araignée.

Asmodeus ne perdit guère de temps avant d’analyser la situation dans un éclair : la tour était vraisemblablement dotée de nombreuses portes dimensionnelles ou, plus simplement, d’illusions puissantes. Assez peut-être pour tromper des mort-vivants. Dans tous les cas, s’il ne voulait pas se retrouver isolé, il allait devoir faire exactement ce que Sir Danval avait fait avant de se volatiliser. Il avança donc jusqu’à l’endroit où il l’avait perdu de vue, non sans prendre une précaution élémentaire :

Asmodeus -> Sanctuaire > Asmodeus

Ce fut en vain. Asmodeus se rendit bien à l’endroit où avait disparût le chevalier de la mort, mais il ne le retrouva pas pour autant. Pire encore, les pas de Sir Danval achevèrent de s’estomper. La momie semblait belle et bien seule dans une pièce qui semblait tout à fait réelle. En tout cas, le bric abraque, lui, était réelle. Asmodeus n’avait qu’à tendre la main pour le toucher. Des tables, des caisses, un tonneau, des étagères écroulées... Cet endroit semblait ne plus être utilisé depuis des lustres. Pour partir d’ici, il n’y avait que la porte, au fond, ou l’escalier qui descendait. Le silence de la tour était des plus pesants.

Voilà qui était fâcheux et agaçant - et pas forcément dans cet ordre - ! Passé le premier instant de colère et de frustration, Asmodeus se mit à réfléchir à sa situation précaire : il se retrouvé isolé, sans soutien, dans une tour comportant au moins un groupe d'aventuriers, un mage fou et une liche possiblement revancharde et à la loyauté vacillante. Et pour rajouter à ses difficultés, il ne comprenait pas la logique géographique des lieux qui lui étaient par ailleurs totalement étrangers. Voilà pour les bonnes nouvelles en somme...

Il avait donc de nombreux défis à relever et le plus urgent semblait être de tenter de comprendre comment se déplacer dans cette tour qui n'en était peut-être même pas une. La momie traça donc un symbole dans la salle poussiéreuse, utilisant un peu de son encre expérimentale, puis entreprit de rebrousser chemin et de procéder de même dans chaque pièce qu'elle croiserait. En espérant ne pas avoir à gérer en outre de mauvaises rencontres avant d'avoir trouvé un peu ses marques.

L’encre expérimentale n’était pas encore au point, Asmodeus le savait. Elle allait s’évaporer en quelques minutes à peine. Peut-être serait-ce suffisant avec un peu de chance. Quoi que non, sans doute pas. Lorsque la momie rebroussa chemin et donc tenta de redescendre les escaliers par lesquelles elle était venues, elle eut la désagréable surprise que les marches n’étaient plus en colimaçon mais droite. Et elle menait à une porte close. Derrière celle-ci se faisait entendre le son de l’eau. Comme un ruisseau. Menait-elle à l’extérieur ? S’agissait-t-il d’une fontaine d’intérieur ? Une chose était certaine, les lieux se modifiaient où alors Asmodeus changeait d’endroit sans le vouloir.

Voilà qui compliquait encore les choses. Et face à un problème d’apparence insoluble, il convenait non pas de tenter d’embrasser l’entièreté de sa complexité mais plutôt de lui opposer une méthode simple pour tenter d’en percer à jour les ramifications. C’est pourquoi Asmodeus se décida à abandonner sa première méthode élaborée pour revenir à une autre qui comportait a priori bien moins d’incertitudes : il se mit à compter lentement dans sa tête et entreprit d’aller tout droit et d’inscrire le chiffre auquel il arrivait en entrant dans chaque pièce ou couloir. Ainsi, il saurait par où il était déjà passé et aussi quand. Si tant est que le temps ne soit pas non plus une donnée variable en ce lieu si étrange.

Asmodeus franchit donc la porte face à laquelle il se trouvait. Derrière, il découvrit une pièce vénérable mais relativement bien conservée. Une fontaine d’intérieur sculptée à l’effigie d’un lion à deux têtes occupait un des angles de la salle. L’eau jaillissait par les gueules ouvertes du monstre. Un banc vermoulu longeait le mur opposé, invitant à s’assoir et à se laisser bercer par le chant de l’eau. La momie remarqua aussi des traces de pas dans le sol poussiéreux. Plus voyant encore, une grosse trace blanche était peinte sur un des murs. Au fond de la pièce, il y avait une autre porte.

149... 150... 151...

La momie poursuivait patiemment son décompte et inscrivit un nombre dans cette nouvelle salle. N'ayant nul besoin d'eau et encore moins de repos, Asmodeus se désintéressa rapidement de la fontaine et du banc mais il examina plus attentivement la marque blanche laissée sur le mur : sans doute quelqu'un qui avait cherché à se repérer. Il chercha à déterminer l'ancienneté de la marque pour écarter l'hypothèse qu'elle puisse être très ancienne puis s'attela à étudier les traces de pas. Il n'était certes pas expert mais il pensait pouvoir déterminer s'il s'agissait d'un individu isolé ou d'un groupe et peut-être d'autres caractéristiques d'après la taille et la profondeur des traces : il suffisait simplement de les comparer aux siennes.

302... 303... 304...

La trace de peinture blanche semblait assez récente. Pour preuve, elle n’était pas encore sèche. Les traces de pas étaient sans doute tout aussi récentes. En tout cas, ce serait logique. Il semblait y avoir eu, deux personnes, peut-être trois. Des traces laissés par des humains ou tout ce qui pouvait y ressembler. Cela faisait une liste très large. Il pouvait aussi s’agir de nain mais sans doute pas de gnome ou de halfelin, ces races-ci étaient trop petites. Si la momie voulait sortir de la pièce, elle pouvait emprunter la porte d’en face ou celle par laquelle elle était venue. Le silence de la tour était pour le moins saisissant.

Bon, ces premières constatations n’excluaient qu’une petite partie des hypothèses : car il ne pouvait pas vraiment déterminer s’il y avait deux types d’empreintes ou davantage. Seulement deux permettait de penser que Dame Irélia et Sir Danval s’étaient rejoints. Davantage aurait désigné - avec une quasi certitude – les aventuriers qu’ils traquaient. Asmodeus préférait en tous cas tabler sur cette seconde hypothèse tant qu’il n’aurait pas de preuve du contraire. La présence de peinture blanche – objet qu’il n’avait pas vu en possession de la liche et du seigneur squelette – semblait en tous cas la corroborer. C’est donc avec une prudence certaine qu’il s’avança vers la porte lui faisant face : au moins cela lui permettrait de vérifier si la piste toute fraîche se poursuivait ou non dans cette direction.

La piste ne se poursuivait pas au-delà du seuil. Derrière la porte, Asmodeus découvrit un très long couloir. Des torches disposées à distance régulière l’écléraient. Un courant d’air froid enveloppa la momie et elle crut percevoir des murmures. Bientôt, le doute ne fut plus permis. Les murmures s’amplifièrent, devinrent un rire ricanant et désincarné. Un rire dément.
« Que de visiteurs en ce jour morne ! Que de jouets entre mes mains éternelles ! Que de joie de tirer vos ficelles ! Nul espoir, nul salut en cette tour ! » dit la voix.
Une forme vague sembla apparaître au milieu du couloir. Une silhouette humaine à peine esquissée. Déjà elle semblait vouloir s’estomper.

Mais la momie réagit aussitôt qu’elle eut compris à qui elle avait affaire : une rencontre inespérée avec le maître des lieux – ou avec ce qui en restait. Asmodeus interpela aussitôt l’apparition d’une voix assurée et sereine :

- Asmodeus n’est pas un simple visiteur et il ne vient pas porteur d’espoir ou de salut. C’est tout l’inverse : il vient traquer les impies et les intrus qui sont venus vous défier.

La momie espérait tout de même avoir retenu l’attention de ce nouveau protagoniste : coopérer avec lui semblait pour l’heure sa meilleure option pour se sortir de ce mauvais pas et peut-être même en tirer avantage et bénéfice.

« Mensonge ! rugit l’apparition. Vous êtes tous des menteurs ! Vous voulez tous ma mort ! Je vous aurai tous ! Tous !!! »

Sur ce, le fantôme hurla. Son cri passa dans le suraigu. La tour trembla, ondula. Asmodeus fut un instant désorienté. Lorsqu’il se ressaisit, il constata que le maître des lieux avait disparût. À sa place, une hordes de rats cadavériques s’était matérialisée. La nuée fondit sur la momie.

Ainsi donc le fantôme de mage était-il aussi paranoïaque que la plupart de ses congénères ! Asmodeus ne pourrait pas le convaincre facilement de ses intentions - qui n'étaient du reste pas du tout arrêtées - et n'avait en tous cas pas le choix pour le moment : il réagit aussitôt pour faire face à la menace :

Asmodeus -> Colonne de feu -> Nuée de rats

La colonne de feu apparût dans un rugissement. Elle illumina tout le couloir et une vague de chaleur parcourut celui-ci. La nuée de rats, suicidaire, ne chercha pas à fuir, fondant toujours avec avidité sur la momie. Les flammes firent des ravages. L’odeur de la chair brûlée empesta l’air. Lorsqu’enfin le sortilège s’estompa, lorsque la pénombre retomba, une grosse trace noire marquait le sol. La nuée, d’essimée, avait été réduite à une poignée de rescapées qui ne représentaient plus le moindre danger. Asmodeus était libre de continuer ou de revenir sur ses pas. Il y avait une porte au fond du couloir. Derrière la momie se faisait toujours entendre le son de la petite fontaine.

Asmodeus regrettait en partie d’avoir dû puiser dans ses ressources magiques pour une si faible menace mais le tas de chairs carbonisées qui jonchait le couloir était tout de même une vision satisfaisante : il avait craint, un instant, qu’il s’agisse d’une simple illusion et donc d’avoir gaspillé un sort pour une menace non avérée. Mais nul doute que cette horde serait parvenue à lui causer du tracas si elle avait pu l’atteindre comme prévu.

Ce n’était pas le cas et la momie pouvait donc poursuivre sa route, portant naturellement ses pas vers la pièce suivante puisque revenir en arrière ne présentait pas vraiment d’intérêt tactique.

La nouvelle pièce était vaste. Il s’agissait d’une sorte de hall que surplombait une galerie. Un escalier permettait de descendre de la galerie pour gagner le hall. Asmodeus se trouvait sur cette galerie et il lui était possible de s’approcher de la barrière ouvragée pour regarder en contrebas. Des tableaux plutôt glauques ornaient les murs, une chiche lumière émanait de quelques torches éparses, mais ce que la momie remarqua avant tout, ce furent les voix qui raisonnaient. Il y en avait deux. Les personnes qui parlaient se trouvaient apparemment en bas, dans le hall, mais présentement hors de son champ de vision.
« Cette tour commence à me taper sur les nerfs, ma p’tite dame », fit la première voix.
Elle était rude, masculine, et roulait les "r".
« Ne perdez pas patience. Nos efforts commencent à payer. Il ne nous reste qu’à trouver l’autre moitié du symbole et nous pourrons nous déplacer librement », répondit l’autre voix.
Elle était douce et féminine. Aucune de ces voix n’était connue de la momie.

Enfin du nouveau ! Enfin du concret après ces devinettes labyrinthiques ! Les voix – qui appartenaient certainement à deux des aventuriers qu’il traquait – venaient de lui fournir une information cruciale sur le fonctionnement de cette tour. Visiblement, il fallait trouver une clé qui permettait peut-être de cesser de s’y perdre. Il n’avait peut-être aucune idée de son fonctionnement ni de la façon dont trouver cette fameuse seconde moitié mais il savait que les personnes se trouvant en bas en possédait une partie et qu’ils avaient certainement des informations pour trouver la seconde et utiliser le tout. Il lui fallait absolument récupérer ces éléments. Ou, à défaut, la première partie de l’objet. Restait à déterminer la meilleure stratégie pour y parvenir : sa première impulsion aurait été d’attaquer pour profiter de l’effet de surprise mais l’opération pouvait échouer ou trop bien fonctionner. La chose la plus sage à faire était d’évaluer la menace et de définir ses meilleurs moyens d’action. C’est pourquoi il s’approcha doucement de la rambarde en espérant apercevoir ceux qui étaient à l’origine des voix. Etaient-ils seulement deux ? S’apprêtaient-ils à quitter la pièce ? Pouvait-il les surprendre ?

Asmodeus s’avança et parvint effectivement à voir ceux qui parlaient en contrebas. Il n’était non pas deux, mais trois. Il y avait tout d’abord un nain portant une armures de plates et un casque à cornes. Sur son épaule reposait un lourd marteau de guerre. À sa ceinture pendait une paire de haches. Impossible de voir son visage, mais il avait une chevelure brune fort bien entretenue. La deuxième personne était une femme en tenue de rodeuse gris vert. Une longue épée et un arc constituaient son armement. La demoiselle était blonde, plutôt jeune et lisait un parchemin avec attention. La troisième personne était une autre femme en tenue religieuse blanche. Elle tenait une masse d’armes argentée, ce qui contrastait un peu avec sa fine silhouette.
« Et alors, ce parchemin ? s’impatienta le nain.
- J’y suis presque... Encore une seconde... » dit la rodeuse, ou la roublarde.

HRP : lance-moi un d20 stp.

HRP : 15 !

Trois adversaires donc. Et avec visiblement des spécialités différentes propres à le mettre en difficulté et le forcer à adapter sa stratégie. Il allait devoir attaquer par surprise avec un sort de zone ou de contrainte mentale pour éviter de se retrouver en grande difficulté. Mais sa première hypothèse – utiliser une nouvelle colonne de feu sur le groupe – risquait de détruire ces fameux parchemins qui contenaient visiblement des indices très utiles pour se repérer dans la tour. La momie choisit donc d’attendre encore quelques instants pour laisser le temps à ses ennemis de faire le travail d’interprétation. Puis il serait temps d’entrer en piste !

« Apparemment... Notre seconde partie du symbole se trouverait dans la gueule d’une gargouille d’or, finit par déclarer la femme en vert.
- Une gargouille d’or ? répéta le nain. Je crois pas déjà avoir pulvérisé ça. Et y’a moyen de la trouver autrement qu’en errant ?
- La première partie du symbole désire retrouver la seconde, dit la femme en vert en tendant le parchemin à la femme en blanc. Ça ne devrait pas être trop compliqué. »
Le nain soupira.
« Sir Orfroid a peut-être déjà réuni son symbole, reprit la femme en vert. Faudrait arriver à le retrouver. À la base, on ne devait pas se dispercer. »
Le groupe commença à s’éloigner en direction de la grande porte du hall. Fait curieux, ils se tinrent tous par la main.

En un éclair, Asmodeus comprit plusieurs choses : se tenir reliés les uns aux autres permettait de se retrouver téléporté ensemble dans la même pièce suivante, le principal danger parmi les aventuriers - à savoir le paladin - n'était pas présent avec ce groupe, il saurait où trouver le deuxième symbole s'il parvenait à s'emparer du premier mais il n'avait qu'un instant pour agir avant de voir cette chance extraordinaire lui passer sous le nez. Il fallait les empêcher de passer cette porte tout en préservant les objets qu'ils portaient sur eux :

Asmodeus -> Injonction suprême (Halte) -> groupe d'aventuriers

La voix de la momie raisonna dans la vaste pièce. Elle fut repris par un écho sinistre, ce que cette demeure savait faire avec un rare talent. Le groupe se figea sur place. Le sort sembla fonctionner sur le nain et la femme en vert. En revanche, celle vêtue de blanc, et qui tenait présentement le parchemin, se retourna aussitôt. Elle aperçut Asmodeus, eut un geste de recule et cria :
« Un monstre, là, dans la galerie ! »
Le nain se ressaisit, pivota, son lourd marteau dans les mains.
« Fabuleux ! »
Lui n’avait pas peur. La momie put lire dans ses yeux noisettes une détermination de fer. Il était fort probable que le trio allait vouloir combattre.

Qu’à cela ne tienne ! Lui aussi en avait accumulé un potentiel de frustration et de rage à force de se faire balader de salle en salle dans la tour et, avant cela, de rue en rue dans cette version gisombreuse de Melandis. Lui aussi en avait assez d’errer sans but, jouet de mécanismes et d’ambitions qu’il ne parvenait pas à pleinement percer à jour. Lui aussi avait hâte d’en découdre et s’était préparé à cette réaction belliqueuse :

Asmodeus -> Colonne de feu -> Nain et femme en vert

Avec un peu de chance, le sort allait les atteindre et les mettre hors de combat ou en grande difficulté. Avec beaucoup de chance, le parchemin que portait la troisième personne ne se consumerait pas par la même occasion puisqu’elle se tenait légèrement derrière les autres.

La colonne de feu se matérialisa avec un rugissement ardent. Toute la salle en fut illuminée. Le nain fut engloutit par les flammes furibondes. En revanche, la femme en vert, mue par des réflexes stupéfiants, parvint à s’écarter à temps, n’étant apparemment que peu touchée. La colonne s’évanouit. Le nain était encore debout, bien que mal en point. Il serra les dents et se rua dans l’escalier afin de monter à la galerie et de pouvoir atteindre la momie au corps à corps.
« Lameroy ! » beugla-t-il en brandissant son lourd marteau qui se mettait à luire étrangement.
La femme en blanc se mit à son tour à incanter.

Femme en blanc > Soin > Nain

Le guerrier fut illuminé par une blanche radiance. Dans le même temps, la femme en vert attrapa son arc, le banda et s’apprêta à tirer sur la momie.

Asmodeus n’allait pas avoir partie aussi facile qu’il avait pu l’escompter : visiblement, les aventuriers étaient expérimentés et plein de ressources. Mais il s’en était déjà douté sans quoi ils n’auraient certainement pas survécu aussi longtemps dans un tel environnement. Il convenait de ne pas les sous-estimer et de mettre toutes les chances de son côté. Toutefois, lui-même était doté d’atouts considérables même, s’il fallait bien se l’avouer, il n’avait jamais vraiment eu à s’en servir depuis son avènement.

Asmodeus - > Barrière de lames - > centré sur lui-même

Voilà qui allait le protéger contre les attaques du nain et même celles de l’archère tout en lui donnant l’opportunité de riposter en visant le principal danger : la prêtresse adverse.

L’archère tira. Sa flèche alla se perdre dans la barrière de lames. Cette même barrière incita le nain à cesser sa progression en avant.
« Commence à me les briser ces magiciens ! cracha-t-il.
- Ce n’est pas un magicien mais un clerc, rectifia la femme en blanc.
- On s’occupera de ça plus tard si vous voulez mon avis, dit la femme en vert, dont une main avait disparût dans une sacoche accrochée à sa ceinture. On doit se réunir avant. »
Elle sortit de la sacoche une fiole qu’elle jeta au sol. Un nuage opaque en jaillit, recouvrant une bonne partie du hall. Comprenant la manœuvre, le nain revint en arrière afin d’être avalé par le nuage. Asmodeus ne pouvait plus voir le groupe d’aventuriers. Ceux-ci allaient probablement sortir de la salle par la porte à côté d’eux. La seule autre porte se trouvait à l’étage, derrière la momie.

Damnation ! Les aventuriers lui avaient filé sous le nez sans subir de pertes alors que lui-même venait de gaspiller l’un de ses sortilèges les plus puissants ainsi que son effet de surprise. De plus, il n’avait aucun moyen de parvenir à suivre ces infâmes pilleurs et commençait à fulminer. Il ne servait donc à rien de se précipiter à leur suite et il attendit donc que le nuage se dissipe en rongeant son frein. Ensuite de quoi il avancerait prudemment vers le bas de la pièce et la seconde issue : il en était en tous cas revenu au même point que précédemment…

La porte du bas donnait sur un long corridor. Comme Asmodeus s’en doutait, il ne vit pas les aventuriers qui désormais pouvaient se trouver n’importe où. Plusieurs cadavres de monstres jonchaient par contre le sol, preuve que quelqu’un était déjà passé par-là. Ce quelqu’un n’avait visiblement pas fait dans la dentelle tant les corps étaient amochés. Le corridor donnait accès à un grand nombre de portes. Elles étaient toutes ornés par un symbole différent. Il y avait une licorne de fer, un dragon de jade, un serpent en émeraude, une gargouille en or, un lion en rubis, un crâne en ivoire et une chimère en onyx.

Asmodeus devait le reconnaître : il n'avait pas vraiment de moyen de se repérer ou de trouver la trace du plus proche objectif. Par acquis de conscience cependant, il examina le sol dans le couloir et devant chacune des portes pour essayer de repérer le signe d'un passage récent. Mais, dans le doute, il commença à s'approcher de la forme familière du crâne d'ivoire, la seule qui l'inspirait et celle dont il ne redoutait pas les dangers potentiels. Pour autant qu'il puisse se fier à ces symboles...

Mais alors qu'il commençait à tendre la main vers la porte sur laquelle il avait jeté son dévolu, il se souvint des paroles de la prêtresse ennemie quand elle avait lu le parchemin. Il se serait tapé le front de sa stupidité si le geste ne lui avait pas paru complètement ridicule puis il se dirigea résolument vers la porte à la gargouille d'or. Son seul indice pour espérer mettre la main sur le second symbole que recherchaient les aventuriers. Il avait l'intention d'entrer avec prudence car il y avait toutes les chances que ces maudits chasseurs de trésors l'aient précédé.

La Couronne de Cuivre

Le Cimetière