[Boutique] La Vierge d'Argent

[Dhast]

Brus suivait aussi le petit groupe. Tout en prêtant une oreille attentive aux recommandations d'Althéa quant aux sols et aux divers obstacles, l'adolescent notait visuellement chaque recoin qu'il pouvait du moins entrevoir du souterrain. Lui n'était pas si effrayé, il avait passé une bonne partie de sa vie dans des égouts, et ceux-ci ne promettaient pas d'être foncièrement différents. Toutefois, comme il l'avait toujours fait en pareils endroits, il était sur ses gardes et les sens aux aguets. Les égouts d'une ville n'était un endroit sûr pour personne, même à Manost. Aux yeux de Brus sa beauté de surfacique et clinquante de la ville n'accordait aucune garantie quant à son monde souterrain, au contraire, il était tout à fait possible que les indésirables qui avaient été repoussés de la surface par les autorités helmites aient trouvé refuge ici. Et ici, pas de gardes.

Depuis qu'Althéa avait refermé la porte du souterrain de la guilde Brus fermait la marche. Arrivé à cette hauteur du tunnel il en vint à se demander ce qu'il faisait véritablement ici. Ce qui n'avait été qu'une simple curiosité l'avait entraîné à la suite du groupe, mais il réalisait que plus ils avançaient plus ce retour semblait improbable. Et personne encore n'avait pris conscience de sa présence. Celui ou celle qui se tenait devant lui devait penser qu'un tel le suivait et n'avait sans doute pas la moindre envie de se retourner pour le vérifier, de sorte qu'il poursuivait le groupe dans le tunnel en se demandant s'il devait ou non signaler sa présence. Peut-être que s'il le faisait maintenant il serait renvoyé à la guilde, n'ayant rien à faire ici, mais s'il attendait encore ils se seraient sans doute trop éloignés et ne souhaiteraient pas perdre davantage de temps à le reconduire. L'excitation croissante aidant et ne parvenant pas à se décider, Brus prit le parti de poursuivre, advienne que pourra. Il avait toutefois une vague idée des foudres qu'Althéa ferait tomber sur lui si elle le remarquait, aussi il prit quelques pas de recul supplémentaire.

[Lothringen]

Ils s'enfonçaient peu à peu dans les souterrains, et c'est avec soulagement qu'ils quittèrent le tunnel étroit de la Vierge d'Argent, dont la pierre menaçait de s'effriter sur eux. Ils étaient parvenus dans un boyau beaucoup plus large, dont la voûte était maçonnée en arc de cercle, et où ils pouvaient marcher à deux ou trois de front. Un clapotis et une sensation d'humidité fétide traversant les trous de botte leur signala qu'ils barbotaient dans une coudée de boue plus ou moins liquide. Malheureusement, les trottoirs latéraux n'étaient pas assez larges pour permettre de s'y tenir debout. L'obscurité devenait pesante. Quant au silence de tantôt, il avait laissé la place à des trottinements furtifs, des courants d'air qui paraissaient porteurs d'autant de murmures ; des échos sourds, de loin en loin.

"Voilà, les égouts, commenta inutilement Althéa, sa voix résonnant contre les parois de pierre nue. Comme la cité est construite sur des collines, plus nous nous éloignons du port, et plus la pente sera forte. Attention à ne pas glisser."

Facile à dire, quand on porte l'unique torche du groupe. Au début, la pente fut presque imperceptible, mais bientôt, le plan s'inclina de plus en plus et la remontée devint pénible. Le sol même semblait imprégné de boue visqueuse. Alourdi par son armure, Corwin trébucha et se redressa en grommelant. Le bruit de sa chute résonna de paroi en paroi. D'autres échos leur parvinrent, et ils comprirent que ce n'étaient plus ceux de la chute du prêtre : quelque chose venait vers eux dans l'obscurité. Les bruits de pas rapides étaient plutôt lourds, nombreux... et, Althéa avait beau brandir sa torche, ils n'y voyaient rien.

Jusqu'à ce que "quelque chose" morde Oriane au mollet, lui arrachant un cri de surprise. Althéa baissa sa torche vers elle : la créature était un rat. Ou plutôt, un raton géant, de la taille d'un corniaud hargneux. Le temps qu'ils réagissent, le reste de la meute avait rappliqué. Impossible de savoir leur nombre, pour l'instant, mais ils étaient encerclés de toutes parts. Et, à en croire le rictus de douleur d'Oriane que sa blessure brûlait, la morsure de ces monstres devait être empoisonnée.

[Chandara]

Quête : Poing levé

A mesure que la galerie s’élargit, Chandara se mit à retrouver un semblant de calme et parvint à contenir la peur panique qui l’animait à l’idée de finir ensevelie sous terre. Elle ne réagit pas immédiatement à l’attaque qui toucha Orianeet elle faillit être mordue à son tour avant de dégainer son épée et se placer aux côtés d’Althéa qui avait conservé sa torche en main. L’arme en main, les réflexes gagnés à force d’exercices lui furent profitables.

- Regroupez-vous autour de la lumière, les rats seront éblouis et vous les verrez arriver.

Sans attendre de voir si ses compagnons réagissaient elle donna un coup de taille en direction du monstre le plus proche…

[Macros]

Mical s'empara de son marteau à sa ceinture, regardant d'un air méfiant les créatures qui les encerclaient. Ces bêtes avaient l'air féroces... et dangereuses.

Par tous les dieux ! Nous ne sommes même pas sortis de la ville, et voilà que les ennuis commencent déjà !

Il avait longuement réfléchi aux complications et aux dangers qui pourraient survenir au cours de leur périple, mais être mis en charpie par des rongeurs géants n'avait jamais fait partie de ses prévisions, il devait le reconnaître. Le prêtre jeta un bref coup d'œil à la jeune bretteuse, dont la première morsure continuait à la faire souffrir. Du poison ? Malheureusement, il n'avait aucun moyen d'en neutraliser les effets, et ne pouvait qu'espérer que frère Corwin puisse lui être d'un plus grand secours.

En désespoir de cause, il commença à réciter une incantation divine. Au moment où la paladine attaqua. Ce fut le signal de la curée pour les autres créatures, qui se ruèrent à l'attaque. Mical termina son sort au dernier moment et brandit haut son arme, alors qu'un rat s'apprétait à lui sauter à la gorge.

" Helm guide mon bras ! "


> Mical lance sur lui même Force du Taureau


HRP : J'espère ne pas avoir débordé dans ce post et ne pas avoir empieté sur le domaine du MJ. En cas de problème, je suis prêt à éditer.

[Oriane]

Tant bien que mal, Oriane se rapprocha à son tour d'Althéa et de la torche. La douleur lui semblait irradier chaque seconde de plus en plus haut dans sa jambe, la faisant grimacer chaque fois que son pied touchait sol. Elle prit appui sur la paroi la plus proche, et s'efforça de rester le plus immobile possible, autant pour ne pas attirer l'attention des rats que pour limiter la progression du poison. Les autres membres du groupe s'agitaient dans tous les sens pour essayer de repousser la menace, accentuant le vertige qui commençait à la gagner. Elle ferma les yeux une fraction de seconde. Lorsqu'elle les rouvrit, l'une de ces créatures se rapprochait dangereusement d'elle et de sa jambe blessée. Son premier réflexe fut de porter la main sur son épée pour dégainer, mais le geste raviva la douleur, lui arrachant une nouvelle grimace. Le rat s'était arrêté à moins d'un mètre, prêt à bondir. Espérant que cela suffirait à le décourager, ou du moins à lui faire gagner du temps jusqu'à ce que quelqu'un vienne l'en débarrasser, la jeune femme plaça ses deux mains entre elle et la créature, murmurant une incantation.

Oriane -> projectile magique -> rat

[Althéa]

Quête : le poing levé

Des rats. Dans les souterrains. Elle en avait entendu parler mais avait continué sans ciller de se déplacer dans les tunnels. Que serait-il arrivé si elle était tombée dessus, seule, à un croisement. Visiblement, elle n'aurait plus été là pour y penser. En frissonnant, elle se rapprocha d'Oriane. Elle l'avait entendue crier. Mordue, sans doute. Ils étaient gros et affamés. Immondes. La lumière de sa torche faisait reculer sensiblement les rongeurs. Pour combien de temps ? La mort viendrait avec l'obscurité. Et elle aurait des dents. De nombreuses dents. Dans le noir. Elle se sentait peu à peu céder à la panique, perdre pied. Vite, une solution.

S'efforçant de tenir sa torche à bout de bras, elle se contorsionna pour récupérer son havresac et fouilla dedans d'une main empressée et maladroite. Sa main s'arrêta sur l'objet qu'elle cherchait. Le seul luxe qu'elle s'accordait dans ses déplacements. Une lampe à huile. Pour elle qui, depuis son agression ne s'endormait qu'avec la lumière, ce luxe était vital. Et aujourd'hui, il trouvait toute son utilité. Elle s'en saisit ainsi que son carnet de croquis dont elle préleva un morceau de feuille à l'aveuglette. Laissant tomber son sac à ses pieds - elle s'assurerait plus tard qu'aucune bête n'y avait élu domicile - elle démonta fébrilement la lampe et aspergea le gros de la masse galopante avec son contenu. Puis, enflammant à la volée le morceau de son carnet, elle le lança sur l'huile répandu.

[Lothringen]

La spectaculaire intervention d'Althéa avait transformé en torche vivante une bonne moitié de la troupe, qui s'égaya avec d'intenses couinements de désespoir pour aller chercher dans les profondeurs des souterrains un peu de boue pour s'y rouler le cuir en feu. Le reste des rats, après un moment de recul devant la brève explosion de lumière, revint à la charge. Ils étaient sept ou huit, peut-être. Rien dont ne puisse venir à bout un groupe de cinq personnes : l'avantage semblait changer de camp.

Le coup de taille de Chandara avait proprement éventré la bestiole la plus proche, et les projectiles magiques d'Oriane un peu amoché le rongeur trop entreprenant qui voulait regoûter à sa viande. Mical se trouvait confronté à deux rats simultanément et tentait d'esquiver leurs attaques conjointes. C'était aussi le cas de Corwin, qui jouait de sa masse et de son bouclier, ainsi que de la paladine. Un rat grognait et feintait en face d'Althéa, partagé entre colère vengeresse et peur du feu. Au moindre faux mouvement, il bondirait.

[Chandara]

Quête : Poing levé

Chandara observa avec soulagement l’embrasement de la moitié des rongeurs sanguinaires mais il était trop tôt pour se réjouir. L’attaque magistrale avait marqué un bref coup d’arrêt dans l’assaut mais, aussitôt les flammes apaisées, une partie des rats les plus proches avaient repris leurs attaques. La paladine se tourna brièvement vers le reste du groupe pour déterminer qui avait le plus besoin d’assistance et où elle pouvait intervenir sans risquer de gêner ses compagnons mais déjà deux rats avaient pris la place de la bête qu’elle était parvenu à éventrer. Elle aurait aimé venir en aide à ses compagnons mais la mêlée était trop confuse pour qu’elle prenne le risque de laisser d’autres adversaires les prendre à revers.

La paladine n’eut d’autre choix que de pousser son attaque pour tenter de repousser les deux monstres et laisser la possibilité à ses coéquipiers de s’organiser. Ne pouvant ses concentrer sur un adversaire, elle en fut réduite à effectuer quelques moulinets dissuasifs jusqu’à ce qu’un animal commette une erreur en glissant sur le sol spongieux. Elle put ainsi l’atteindre au flanc, décuplant sa rage et sa soif de sang. Elle s’aperçut alors que le combat l’avait éloigné de plusieurs pas de la torche, à la limite de son cercle protecteur vacillant.

[Macros]

Maudites bestioles... Vous ne savez jamais quand renoncer ?

Le prêtre avait espéré que l'intervention spectaculaire d'Althéa pousserait la meute à prendre la fuite, mais malgré un temps d'hésitation, les rats poursuivaient leur assaut. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si leur agressivité était uniquement liée à la faim, à une violation supposée de leur territoire ou si il y avait autre chose derrière tout ceci. Ces reflexions devraient néanmoins être remises à plus tard; il avait déjà deux rongeurs par trop pressants, et qui coordinaient étrangement bien leurs attaques. Il avait failli être surpris par leur vitesse, et sans ses jambières de métal, leurs crocs auraient déjà gouté sa chair.

De sa main libre, Mical vint saisir le bouclier accroché à son dos, afin de mieux pouvoir se défendre contre ses assaillants. Il attendit que l'un d'eux s'apprête à bondir, avant d'interposer l'écu au dernier moment, le choc sourd indiquant que le rat l'avait percuté de plein fouet. Sans s'arrêter pour évaluer les effets de son action, il frappa d'un ample coup de marteau le deuxième, sa force amplifiée par l'énergie divine dont Helm lui avait accordé la grâce, et eut la satisfaction d'être récompensé par un craquement sonore. Profitant de son bref répit, il en profita pour évaluer la situation, et constata que la bataille semblait évoluer dans le bon sens. Il était difficile d'en juger dans ces souterrains uniquement éclairés par la torche du groupe, mais les rats semblaient être bien moins nombreux que précédemment.

Tout en restant en garde, le prêtre commença à se rapprocher d'Oriane, dans l'espoir de parvenir à lui administrer des soins rudimentaires. La bataille semblait proche de son terme, mais tout n'était pas fini, et il craignait que ces petits monstres décident de s'en prendre à une proie blessée, l'odeur du sang risquant de décupler leur rage pourtant déjà considérable.

[Oriane]

La douleur dans sa jambe s'était un peu calmée, même si Oriane n'aurait su dire si c'était le poison qui commençait à se dissiper, ou si c'était simplement du à l'absence de mouvement. L'intervention d'Althéa faisait peu à peu tourner le combat en leur faveur, rendant la situation quelque part un peu moins effrayante. Avec précaution, la jeune femme sortit son épée de son fourreau. Puis elle donna un coup de taille vers le rat, rendu hésitant par le projectile, prenant une nouvelle fois appui sur sa jambe blessée. La douleur revint, plus vive, lui faisant presque perdre l'équilibre.

Elle parvint à se rétablir de justesse contre le mur, le souffle court, fermant les yeux. Il lui semblait avoir touché le rat, mais elle n'aurait pu en jurer. La créature pouvait l'attaquer à nouveau à tout moment, profitant de son inattention. Elle serra la main sur la garde de son épée, puis elle entendit une voix murmurer quelques mots à côté d'elle. Elle réouvrit les yeux. Le rat était couché sur le côté, immobile. Il pouvait aussi bien être simplement blessé que mort, mais n'avait en tout les cas plus l'air de constituer un danger immédiat. Le prêtre s'était approché d'elle, et à en juger par la lumière qui s'échappait de ses mains, il venait de lui lancer un sort de soin. La jeune femme lui adressa un sourire reconnaissant avant de relâcher sa garde et de refermer les yeux, prenant cette fois le temps de reprendre calmement sa respiration.

[Althéa]

Quête : le poing levé

De plus en plus effrayée. D'autant que son intervention n'avait pas mis les rongeurs en fuite comme elle l'avait espérée. Naïve. Et idiote. Elle se privait, ainsi que le groupe d'une source de lumière presque continue. Elle n'aurait eu qu'à renouveler l'huile. Bien sûr, elle n'avait pas emporté de lampe de rechanges. Cela lui promettait de joyeuses soirées dans l'obscurité. Le rêve ! Elle en frémissait d'impatience. Et la torche. Rêvait-elle où avait elle vu la lumière vaciller ? Non, ce n'était qu'un courant d'air, ou son imagination. Elle sentit la panique la gagner, la submerger peu à peu. Non, il fallait qu'elle lutte. Ne pas perdre pied.

Althéa pointa sa torche sur le rongeur le plus proche, ce qui eut pour l'effet de le faire sensiblement reculer en montrant les dents. Instinctivement, elle porta la main à sa ceinture où était attachée la dague de son père. Si elle visait bien, elle pouvait le tuer du premier lancer. Mais il serait impossible de récupérer l'arme de jet. Elle devrait donc la sacrifier. Pas envisageable. Elle sortit donc son épée.

[Lothringen]

Corwin se fendit soudain en deux, écrabouillant en un éclair le crâne de rongeur le plus proche, avant d'enchaîner sur son collègue en lui infligeant une sévère blessure à la patte avant droite.

Hé hé. Papy n'a pas encore sa place au cimetière.

Mais, la plupart du temps, ils avaient l'impression de donner des coups amortis, de n'entamer que très lentement l'effrayante vitalité de ces monstres. En réalité, leurs coups tranchants portaient l'un après l'autre, et le combat s'achevait enfin, après avoir cependant duré davantage qu'ils ne l'auraient souhaité, éprouvant fortement leur endurance. Quand Chandara abattit le dernier rat, le vieux prêtre poussa un soupir de soulagement, avant de se tourner vers la bretteuse blessée. Le soin de Mical avait refermé la vilaine morsure, mais le poison coulait toujours dans ses veines.

"Je n'ai qu'un sort de ralentissement du poison sous la main. Il faudra attendre davantage pour une guérison plus complète."

Corwin Balder = = > ralentissement du poison ==> Oriane

Il jeta un regard dégouté aux cadavres qui jonchaient le sol autour d'eux, et dont le pelage souillé se distinguait péniblement dans la lumière tremblotante de la torche. Qu'est-ce qui rendait de simples rats aussi énormes et aussi sanguinaires ? Les expériences d'un nécromancien, la morsure d'un loup-garou, la consommation de cette boue infâme que sécrétait la ville ? Et surtout, avaient-ils des frères dans quelque autre tunnel ?

"J'espère que ça ira ? Je n'aime pas l'idée de m'attarder davantage par ici..."

[Macros]

" Je suis d'accord. Je ne tiens pas à savoir si ces choses ont des compagnons. "

Dans l'obscurité, il était difficile de discerner les expressions des uns et des autres, mais au ton de la voix, on pouvait deviner que l'épisode n'avait guère arrangé l'humeur du prêtre. Il se promit intérieurement de signaler l'incident à sa hiérarchie lorsqu'il reviendrait à Manost; il était tout simplement inconcevable de laisser de telles créatures proliférer en toute impunité dans les sous-sols de la cité sainte.

" Je pense que nous devrions pouvoir nous relayer pour lancer un sortilège de lumière. Ça devrait compenser l'absence de torche. "

Il ne pouvait désormais qu'espérer que leur périple souterrain ne s'éternise pas... et ne leur réserve pas des rencontres du même acabit.

[Chandara]

Quête : Poing levé

La fureur du combat diminuant avec la mort du dernier monstre, Chandara prit douloureusement conscience de leur situation. A part Oriane, personne n’avait été blessé mais l’intervention salvatrice d’Althéa les avait aussi laissés démunis concernant leurs réserves d’huile. La lueur vacillante de la torche que tenait toujours la mercenaire semblait devoir s’éteindre à tout moment et la sueur qui coulait le long de l’échine de la paladine n’avait pas grand-chose à voir avec l’affrontement qui venait de s’achever. D’une voix défaillante, elle murmura à la limite de l’audible :

- Nous devrions avancer… Il n'est pas prudent de nous attarder dans un tel endroit.

[Lothringen]

Ils reprirent leur marche. Oriane se sentait un peu affaiblie, mais pouvait néanmoins marcher normalement. Le boyau continuait de suivre la pente de la colline, et Corwin n'était plus le seul à glisser dans la boue parfumée.Une odeur nauséabonde leur collerait au corps, à tous, c'était certain. En dépit de leurs craintes, les rats ne firent pas mine de réapparaître. En revanche, Althéa, qui marchait en éclaireur, surprit un bruit de conversation et leur fit signe de marcher plus discrètement.

On entendait distinctement un couple discuter à voix haute à une trentaine de pas, mais il était difficile de le localiser. Les voix paraissaient venir du plafond !


"Ecoute, Elora... Inutile de t'énerver comme ça, je suis certain que nous trouverons une solution qui satisfera nos parents. Ce n'est pas comme j'étais un palefrenier et toi une grande dame..."
"Des mots, des mots, tu me fais bien rire. Notre histoire a autant d'avenir que les joyeux compagnons qui nous entourent. Tu trouves ça bon signe, toi, qu'on en soit réduits à se rencontrer ici ?"

Mais la conversation s'interrompit brusquement dès qu'ils s'approchèrent davantage .Il fallait croire que leur clapotis fangeux manquait de discrétion. En levant les yeux certains purent apercevoir une tête de jeune homme penchée au-dessus d'une ouverture circulaire, au sommet d'une échelle de fer. La tête se retira aussitôt, mais trop tard.

[Chandara]

Quête : Poing levé

Chandara reprenait confiance peu à peu en se réfugiant dans la prière. Elle s’efforçait de penser que chaque pas la rapprochait de la sortie et l’inclinaison du passage renforçait cette impression. Elle bannissait de ses pensées les murs si proches et le plafond bas qui les entouraient, prêts à se refermer sur le groupe de voyageurs imprudents, à les faire sombrer dans l’oubli. Au lieu de cela, elle essayait de se projeter dans l’avenir, la sortie du tunnel étant la perspective la plus éloignée et la plus joyeuse sur laquelle son esprit parvenait à se fixer.

Elle se promit de commencer par prendre un bain. Elle avait glissé à plusieurs reprises sur le sol rendu spongieux par les immondices rejetées par la cité et ses bottes tout comme ses chausses étaient maintenant irrécupérables. Si l’on en jugeait par l’odeur tenace qui imprégnait les lieux, il était probable qu’elle soit obligé de sacrifier sa tunique également, à moins de vouloir se faire repérer à des lieux à la ronde.

Les compagnons se figèrent soudain sur l’injonction d’Althéa. Tous concentrèrent leurs sens à l’écoute des voix qui résonnaient sur les parois de leur prison humide. Chandara poussa un soupir de soulagement en appréhendant la scène qui se tramait quelques mètres plus haut. Elle ne pouvait que se ranger à l’avis de la voix féminine : les égouts n’avaient rien d’un lieu indiqué pour un rendez-vous galant.

[Althéa]

Un peu de ratiocination. Non, ce n'étaient pas les rats qui se livraient ici à une parodie de pièce tragique. Le contraire eut été étonnant. Mais plutôt des amoureux qu'ils avaient dérangés. Et qui s'enfuyaient à leur approche. S'ils avaient su, ils auraient pu essayer de se faire passer pour des rats, pour les déranger le moins possible. "Couiiiiiiii, Couiiiiiii". Non, cela leur aurait donné une peur bleue. Enfin, maintenant, le résultat était le même : ils s'enfuyaient.

Bon, de deux choses l'une, ou plutôt de trois. Soit les deux jeunes gens savaient le périmètre totalement sécurisé. Soit les deux jeunes gens étaient totalement inconscients du danger. L'amour rendait aveugle. Ou soit les deux jeunes gens étaient des rats déguisés. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas vraiment prudent.

"Pas la peine de vous cacher, dit-elle en passant, nous ne sommes pas de vos parents. Du moins pas que je sache. Mais ce n'est pas vraiment prudent de rester ici. Il y a des rats assez dangereux. Et vous risqueriez de vous perdre."

*Et en plus, nous sommes accompagnés de deux prêtres garants des bonnes mœurs, ce qui est peut être pire.*

[Macros]

" Etait il vraiment nécessaire de leur confirmer notre présence ? "

La phrase avait été maugréée à mi-voix, sans destinataire particulier. Cette traversée des souterrains de Manost commençait à peser sur l'humeur de Mical, et cela se voyait. Les rats ne l'avaient guère améliorée, d'ailleurs. Et maintenant... ça. Pour la discrétion, on repasserait. Certes, à la réflexion, il n'eut été guère chevaleresque d'ignorer ces inconscients et les laisser à la merci des rongeurs, où de tout autre péril que ce trou fangeux pouvait receler. Mais il ne pouvait s'empêcher de songer que les réinviter à observer leur compagnie n'était probablement pas la meilleure chose à faire.

[Lothringen]

Ils eurent un éclat de rire pour réponse. Celui de la fille, a priori plus dégourdie que son soupirant, qui ajouta :

"Merci, mais nous connaissons un peu mieux le coin que vous, à ce qu'il semble. VOUS risquez de rentrer dans des rats. Nous, nous nous trouvons un étage au-dessus, au cas où ce détail vous aurait échappé. Ce n'est pas vraiment un palace mais on y a les pieds secs et la vermine n'y grouille pas. Vous devriez essayer. Enfin, quand on aura décampé, bien sûr... Nouveau ricanement. Vous m'inspirez modérément confiance, sauf vot' respect."

Ils entendirent le bruit d'une double course s'éloignant, et en effet, aucun clapotis n'accompagnait les bruits de pas. Puis ce fut le silence. Après quelques instants de stupeur, Corwin annonça qu'il allait jeter un coup d'œil en haut de l'échelle de fer. Il resta planté un moment sur le dernier échelon, avant de prononcer :

"Mes amis, ce sont les catacombes de Manost... Des ossuaires et des ossuaires, un sol plat et sec et des torches éternelles, au mur. C'est bien la première fois que ce genre d'endroit m'attire. Je ne sais pas si les catacombes permettent d'atteindre l'extérieur de la ville, en revanche. Althéa ?"

[Dhast]

Quête: Le poing levé

Brus se trouvait toujours en retrait, aussi silencieux et discret qu'il le pouvait, lorsque les rats avaient fondu sur le groupe. L'adolescent s'en voyant séparé était resté sur ses gardes en dégainant sa dague, bien qu'il ne se fît aucune illusion sur son utilité si jamais un des rats venait à remarquer sa présence. Mais l'intervention d'Althéa et la soudaine lumière aveuglante qu'elle avait provoqué avait monopolisé leur attention, aussi lorsque le combat fut achevé Brus n'avait pas bougé et continuait à suivre la torche vacillante portée par la bretteuse.

Ils reprirent leur marche sur la pente devenue plus raide. Brus trébucha malgré lui une fois aussi mais espéra que sa présence n'avait pas encore été remarquée. Par prudence il décida de quitter le boyaux fangeux et de se déplacer sur les mains et les pieds depuis les trottoirs latéraux étroits. De temps à autres sa main rencontrait une substance visqueuse ou étrangement molle, voire velue et fuyante mais il préférait ne pas s'interroger sur sa véritable nature et presser un peu le pas. Finalement il s'arrêta lorsqu'il vit le groupe s'arrêter aussi. Brus n'entendit que faiblement la voix qui fit échos aux propos d'Althéa puis plus distinctement celle du vieux prêtre. Il resserra sa veste de cuir autour de son corps frêle en frissonnant lorsque Corwin Balder fit mention des catacombes. Les catacombes ou les égouts. Brus leurs préférait autant ces derniers. Après tout les catacombes étaient toujours pleines et leurs occupants rarement tout à fait morts.

De son côté il attendit que le groupe prenne une décision, d'où il était il n'avait pas véritablement voix au chapitre.

[Althéa]

Quête : le poing levé

Althéa prit quelques secondes avant de répondre. Elle avait peu emprunté ce tronçon là du souterrain. Mais elle s'en souvenait.

"Oui, finit-elle par dire, par contre, nous allons déboucher dans une fosse commune. Pas vraiment ragoûtant mais au moins, nous aurons une sortie discrète."

Elle eut un petit sourire qui se figea soudain. Là, devant elle, de la poussière venait de tomber, suivie d'un craquement sinistre provenant des poutres soutenant le plafond du souterrain.

[Chandara]

Quête : le Poing levé

Les sinistres craquements provenant de la voute furent de trop pour Chandara. Mais, plutôt que de s’effondrer à l’idée de se retrouver ensevelie, son instinct de survie et sa panique prirent le contrôle de ses mouvements, abolissant ses capacités de réflexion. Elle ne se souciait guère de se retrouver face à une horde de non morts. C’était là un danger avec lequel elle savait composer. Mais se retrouver piégée sous terre, à agoniser sans air, sans eau et sans vivre la terrifiait.

Pour les observateurs extérieurs, elle s’enfuit simplement vers le cœur des catacombes sans même un mot d’explication ni un regard en arrière, sans même se soucier de l’absence de luminosité ou de l’itinéraire à emprunter pour atteindre la sortie.

[Lothringen]

Corwin, qui avait fini par rejoindre l'étage des catacombes, avait vu Chandara débouler en trombe en haut de l'échelle et s'engouffrer sans mot dire dans le premier souterrain venu. Il ne tenta pas de la retenir, tant il était surpris de cette réaction. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Les paladins n'étaient-ils pas censés insuffler le courage à leurs congénères ? Il ne s'agirait pas que cette panique gagne le reste du groupe !

"Hé bien, on dirait que notre paladine vient de choisir pour nous... Suivons-la !"

Et il se mit en devoir d'emboîter suffisamment le pas à Chandara pour ne pas la perdre de vue, en espérant que les autres suivraient le mouvement. Il ne se souvenait pas que les catacombes soient dangereuses – on y avait tout de même éradiqué un nid de vampires, il y avait un ou deux ans de cela *– mais ce n'était pas une raison suffisante pour y jouer un remake de "soyons rationnels, formons cinq groupes de un et séparons-nous chacun dans une allée latérale mal éclairée, en hurlant."

Ils dépassaient des entassements artistement disposés de crânes et de tibias. De temps à autres, un autel helmite ponctuait une bifurcation. On pouvait y lire des sentences moralisantes, du genre "Nous veillons dans la mort comme dans l'existence, "rien n'interrompt notre devoir", ou encore "Helm, nos os s'effritent mais notre nuque reste raide." Corwin n'y prêtait aucune attention, tout inquiet qu'il était de la tournure des événements. Il n'était malheureusement pas de taille à battre une jeune fille à la course, aussi finit-il par s'arrêter, essoufflé, décidé à attendre que ceux qui le suivaient à la file aient pu se regrouper.

* Quête "Oeil pour oeil et dent pour dent"

[Althéa]

Le poing levé

Althéa n'avait pas hésité une seconde. Du moins, pour fuir l'ombre des tunnels menaçant de s'effondrer. Mais elle stoppa net en voyant où elle venait d'arriver. Les catacombes. Brutalement, les images lui revinrent. Elle se revit, traînée par le vampire au fin fond des ténèbres où Angelo l'attendait. Son fiancé lui montrant à la fois son visage de vampire et l'étendue de la cruauté de son père dont il voulait se venger.

Elle s'arrêta, le souffle court, dans les ténèbres environnantes. Il lui semblait voir l'éclat sinistre des os, rappelant que tôt ou tard, c'est à cela qu'elle serait réduite. Elle inspira doucement, essayant de retrouver son calme.

[Dhast]

Brus, à la suite du groupe, escalada lui aussi les barreaux visqueux de l'échelle. Lorsque sa tête émergea au niveau de l'étage supérieur un nouveau frisson lui parcourut la colonne vertébrale, d'autant plus que le groupe s'était mis à courir dans une direction, et qu'il ignorait pourquoi. Il franchit rapidement les derniers échelons et toujours silencieux se plaça dans les recoins ombreux, qui ne manquaient pas, pour suivre le groupe. Il s'arrêta enfin, légèrement essoufflé. Corwin Balder avait pris la tête du groupe et tous les autres le suivaient à l'exception de la paladine rousse. Où était-elle passée? Brus regarda machinalement autour de lui tout en resserrant toujours plus sa veste de cuir autour de ses épaules, était-ce l'amoncellement des os mais l'adolescent avait l'impression qu'il faisait ici toujours plus froid. Il s'accroupit pour reprendre des forces avant que la course ne reprenne.

[Chandara]

Quête : le Poing levé

Au bout d’un moment, la paladine se rendit compte qu’elle n’entendait plus les poutres craquer au dessus de sa tête mais seulement les battements erratiques de son cœur résonnant dans sa poitrine. Elle s’arrêta et tenta de retrouver son calme, d’écarter la panique qui l’avait assaillie et la honte qui la submergeait désormais. Boum boum… Seulement le battement de son cœur… Elle se retourna pour constater qu’elle se trouvait seule, loin du groupe. Avait-il bifurqué pour emprunter un autre chemin lorsqu’elle était partie sans prévenir par le premier boyau qu’elle avait vu. Prise de panique, elle se retourna et soupira de soulagement en apercevant la lumière éloignée d’une torche. Elle se dirigea vers la source d’espoir, les épaules voûtées et la tête basse, sans rien à dire pour sa défense pour sa conduite lâche et dangereuse. Lorsqu’elle rejoignit le groupe, elle parla d’une toute petite voix sans oser regarder personne :

- Je… je suis désolée.

[Althéa]

La paladine avait l'air vraiment secouée. A vrai dire, ils l'étaient tous. Les rats, la fuite, l'éboulement. Et ils n'avaient pas encore quitté Manost. Ce voyage au bout de la nuit risquait d'avoir une issue moins heureuse qu'elle ne l'avait prévue.

Althéa regarda en arrière. De la lumière, ou du moins un peu moins d'obscurité se tassait derrière eux. Faire marche arrière à présent était impossible. Elle n'avait pas le choix. Et à vrai dire, elle ne se l'était jamais donné. Dès que Corwin et les autres étaient entrés dans la boutique, elle avait répondu à l'appel du large. Malgré la promesse qu'elle avait fait à sa fille. Parjure. Elle ne méritait pas Leodacya, simplement son indifférence. Lothringen, de son coté faisait de même. Et pourtant, chacun à leur manière aimaient leur fille. Fuyaient-ils, loin de leur responsabilités ? Elle n'avait pas peur, du moins pas qu'elle sache. Mais quelque part, naïvement, elle avait crû que la poursuite d'Eroeh serait rapide. Et elle se l'était accordée. Elle essuya une larme vagabonde roulant sur sa joue.

Puis elle demanda doucement :

"Bon, tout le monde est là ?"

[Oriane]

Une attaque de rats géants, la jeune femme réprima une grimace, une morsure à la jambe et un empoisonnement en prime. L'aventure ne commençait pas sous les meilleurs auspices, c'était le moins que l'on puisse dire. Et ce n'était que le début, la partie 'facile', le départ. Comment allait-ce être, lorsque les choses commenceraient à devenir sérieuse ? Elle n'était plus très sûre de vouloir le savoir. Mais elle s'était engagée, quoiqu'il arrive, elle irait jusqu'au bout, quitte à le regretter. Ou à ne plus être capable de le regretter.

La jeune femme secoua la tête, chassant ses pensées négatives comme la paladine réapparaissait devant eux et s'excusait, désolée. Oriane se contenta d'hausser les épaules. Elle ne pouvait lui en vouloir d'avoir pris peur. Elle-même n'était guère rassurée, bien qu'elle s'efforçât de ne pas le montrer. A l'interrogation d'Althéa, elle jeta un coup d'oeil autour d'elle. Ils étaient arrivés dans ce qui semblait être des catacombes. Ce n'était pas vraiment un endroit où elle serait venue de son plein gré, mais cela valait sans doute mieux que les égouts, leur puanteur, leur humidité. Et leurs rats. Tout le monde semblait présent désormais, et aucun bruit suspect ne se faisait entendre. Peut-être allaient-ils pouvoir sortir de là sans encombre, finalement.

"Je crois...Et tous entiers, a priori."

[Chandara]

Quête : le Poing levé

Chandara, toujours aussi mortifiée par son instant de panique fut heureuse qu’on ne s’attarde pas sur sa fuite et qu’Althéa comme Oriane aient suggéré d’avancer. La paladine vit le trouble sur le visage de cette dernière et parut enfin se souvenir que la bretteuse avait été blessée pendant l’attaque des rats. Elle se plaça timidement à se côtés et chuchota à son adresse, répugnant à trop se faire remarquer :

- Comment va votre jambe ? Vous pourrez avancer ?
La jeune femme semblait pleine de sollicitude d’autant qu’elle avait à cœur de se racheter auprès de ses compagnons.

[Oriane]

Oriane esquissa un sourire devant la sollicitude de la paladine. Les soins de Mical et Corwin avait fait merveille, c'est tout juste si elle sentait une légère raideur dans sa jambe, comme après une longue course. Rien de comparable à ce qu'elle avait pu ressentir un peu plus tôt, juste après la morsure.

"Je pense que ça ira. Vos amis m'ont prodigué les soins nécessaires, je pourrais presque danser une gigue. Ce qui en soit serait remarquable, parce que je n'ai jamais su la danser..."

Elle avait essayé de plaisanter, autant pour cacher son inquiétude que pour détendre un peu l'atmosphère, mais elle le regretta presque aussitôt, trouvant sa tentative particulièrement maladroite. Haussant les épaules, elle reprit :

"Et vous, ça va aller ? Vous n'aviez pas l'air très bien tout à l'heure..."