La Couronne de Cuivre

-J'ai mes poings, j'ai mes pieds, j'ai mes dents : des armes redoutables, crois-m'en, souffla le clerc dans son dos.
Ils avaient progressé de quelques mètres seulement que, déjà, Thibault incantait. L'instant suivant, plusieurs élémentaires se ruaient en avant, chargeant, plus loin dans le couloir, des Ithiliens qui ne se laissèrent pas prendre au dépourvu, tirant déjà leurs lames. Ils avaient tout juste commencé à affronter les créatures lorsqu'une colonne de feu s'abattit au beau milieu d'eux, semant mort et désolation mais... n'éliminant pas tout le monde.
-A toi de jouer ! lança Thibault.

Hubert se lança dans la mêlée, pas complètement certain de savoir quoi faire. Il fallait qu'il tue l'officier, ou qu'il le neutralise suffisamment pour pouvoir récupérer ces fameuses clés, mais leur objectif n'était pas de massacrer septante gardes... Juste de faire diversion. En même temps, quand les cinquante autres pointeraient leur nez, s'il y avait déjà quelques morts, ce ne serait pas plus mal.
Il était bien conscient d'être seul, avec quelques élémentaires pour lui porter main forte, et il ne fallait pas qu'il fasse n'importe quoi. Sans doute les Ithiliens tâcheraient-ils de garder les portes, cependant, imaginant qu'ils voulaient délivrer les otages.
Il aviserait une fois au contact.
Pendant une seconde, il regretta de ne pas avoir pris l'une des armures magnifiques qu'ils avaient trouvées la veille... Une nouvelle cotte de mailles pour la poubelle, sans doute... mais c'était pour la bonne cause !

Qu'il ait eu de la chance ou qu'il ait réagi avec promptitude, l'officier n'avait pas été affecté par la colonne de feu. Comme Hubert l'avait pensé, il se dressa devant la porte menant à la cellule d’Étienne, bien décidé à la défendre jusqu'à sa mort... ou jusqu'à celle de son adversaire. car l'Ithilien, il le vit tout de suite, était un guerrier chevronné, et leurs premières passes d'armes furent pour le moins spectaculaires.
Peu après, le paladin comprit qu'il avait reçu des renforts. Un, en tout cas : Thibault, loin de rester à l'écart, s'était à son tour jeté dans la mêlée. Mais plutôt qu'avec ses dents ou ses poings, il se battait avec une épée récupérée sur un cadavre.
Entre l'effet de surprise, les conséquences de la colonne de feu, le soutien des élémentaires et la valeur des assaillants, l'ennemi ne tarda pas à être décimé. Il n'y avait plus que deux individus debout : l'un face au Sunite, l'autre au Lathandrite.
Vu le vacarme, néanmoins, d'autres adversaires finiraient par arriver...

Tout en combattant, le paladin songeait au fait que cet officier aurait fait un otage autrement plus intéressant que l'insultant personnage qu'ils avaient capturé dans les souterrains plus tôt. Et que peut-être, le faire prisonnier leur ménagerait la latitude dont ils avaient besoin. Comment le savoir, avec ces maudits Ithiliens ? Ils seraient fichus de charger plutôt que de tenter de sauver leur supérieur.
Il allait cependant falloir que l'affrontement cesse rapidement. Les renforts allaient arriver et ils allaient être piégés.
Diable, si seulement il avait étudié ces bouquins sur les demi-célestes, peut-être aurait-il eu une idée lumineuse pour prendre l'avantage sur son adversaire... Mais il était doué, du genre que les sortilèges n'affectent pas, ou pas assez, et peut-être pas mauvais, auquel cas il ne restait plus que l'escrime à l'ancienne, et compter sur sa fatigue, inéluctable...
" Si tu décrochais, l'ami ? demanda-t-il finalement à son adversaire. Tu me donnes les clés, je te laisse partir. Ces vieilles ruines ne valent sûrement pas ta tête, si ?"

L'officier sembla incrédule.
-Décidément, hormis le sieur de Fontbrune et quelques autres, votre Communauté n'est qu'un ramassis d'envahisseurs sans foi ni loi ignorant tout de la loyauté... lâcha-t-il, méprisant. Apprenez donc, messire, que d'aucuns placent l'honneur et le respect des ordres avant leur propre vie.
L'instant suivant, il se fendait d'une attaque particulièrement rapide et audacieuse.

Hubert para in extremis.
" C'est vrai qu'attaquer des civils en pleine nuit, en rentrant en catimini par un souterrain dont l'emplacement vous a été révélé par trahison, c'était extrêmement honorable de votre part."
Il contre-attaqua.
" Tout comme il est extrêmement honorable de réduire des gens en esclavage... Honorable à la Mélandienne, en fait. Très édifiant."

L'officier para à son tour de justesse.
-Il ne s'agit point d'esclavage mais de travaux forcés. Vous êtes coupables d'incursion armée en territoire ithilien, de tentative d'invasion, de pillage et de recel. Cette peine, de même que notre intervention, ne sont donc que justice : nous vous traitons comme les brigands que vous êtes.
Nouvelle attaque.
-Une fois votre peine purgée, vous serez libres de vous en aller ou de demeurer ici comme citoyens libres, pour peu que, cette fois, vous vous pliiez à nos lois.

Hubert ne put s'empêcher de rire en esquivant la lame adverse.
" Et donc... La loi ithilienne impose les travaux forcés aux enfants ? Sans procès ? C'est aussi édifiant. Belle justice que la vôtre !"
Il repartit à l'attaque.
" Et c'est la raison pour laquelle... le territoire ithillien s'arrêtera toujours... à Ithilion... quoique vu cette agression, Antelucas et Luménis pourraient bientôt décider que même votre cité... ne devrait plus vous appartenir non plus... mais votre Duc a été inspiré..."
Il para le coup suivant.
" En libérant stupidement une puissance maléfique dans les profondeurs de cette cité, il a organisé le nettoyage lui-même ! Le Général Maelwedd ne devra même pas se déplacer !"

-Blablabla, répondit son adversaire sans paraître le moins du monde impressionné. Plutôt que de débiter des âneries tout justes bonnes à effrayer des mômes, dites-moi plutôt comment vos chères cités du sud auraient réagi si des centaines d'Ithiliens étaient venus s'installer sur leur territoire sans leur demander la permission, pour piller d'antiques ruines...
Nouveaux assauts, nouvelles parades.
-Vous autres gens du sud êtes très forts pour donner des leçons. Mais quand il s'agit d'agir... Ou même d'empêcher un Mélandien de prendre le pouvoir chez vous... Il n'y a plus personne.

" Si des Ithiliens étaient venus s'installer chez nous, dit Hubert, tout en cherchant la faille dans cette superbe maîtrise de l'épée, nous ne les aurions pas attaqués sans sommation... nous ne les aurions pas ensuite asservis sous des prétextes fallacieux... et vous voyez... Je ne suis pas en train de vous donner une leçon... Je suis en train d'agir, comme vous dites. Mais votre culture froide, votre manque de coeur... Votre violence larvée, sans souci du bien et du bon... C'est un chancre à la face de l'île... Nous autres, gens du sud, le pensons... mais les gens du nord, à Solarcis, le pensent aussi... et en vous montrant aussi brutaux, à nouveau... Vous ne vous serez fait que des ennemis... pour quelques vieux cailloux qui vont de surcroît vous exploser au visage."

L'officier eut un rire mauvais.
-Voilà que les brigands se muent en chevaliers, que les rebelles s'érigent en parangons de vertu... Si vous aviez sollicité la permission de notre cité au lieu d'envahir son territoire, les choses ne se seraient pas passées ainsi. Et si vous vous étiez rendus aux forces de l'ordre plutôt que de les combattre, il n'y aurait eu aucun mort et monsieur le duc aurait fait preuve de clémence. Mais désolé : si dans le sud, vous accueilliez à bras ouverts les voleurs, les meurtriers et les envahisseurs, nous autres sommes davantage attachés à la justice et à la loi. Nous vous traitons conformément à celles-ci, et nous traiterons de même tous ceux qui s'en prendront à nous.
Le duel s'intensifia, les obligeant l'un comme l'autre à se taire un moment.
-Heu, Hubert, si tu arrêtais de t'exercer à l'escrime et de t'ailler la bavette pour, plutôt, éliminer ce charmant monsieur ? fit subitement Thibault. Parce qu'on va bientôt avoir de la visite. Moi, je dis ça, je dis rien...

" Tu as raison, de toute façon, il est buté comme un âne." dit le paladin avec un soupir.
Thibault était bien gentil, mais il ne voyait pas bien quoi faire pour prendre le dessus. Il essayait vraiment de le battre, et ce depuis le début du combat...
" Bon, peut-être que finalement je vais vous laisser vos clés... Elles ne m'intéressent pas tellement, tout bien réfléchi."
Une fois à l'intérieur de la forteresse, ils pourraient trouver un autre moyen de se débarrasser des colliers, assurément...
" Bavarder avec vous était... intéressant... C'est juste un conflit culturel, au final..."
Il recula.
" Bon, Thibault, on se tire ?"

-Allons allons, restez donc un peu : vous n'allez pas, en plus d'être lâche, être discourtois au point de me priver du plaisir de votre conversation... fit l'officier en s'avançant, prêt à attaquer à nouveau.
-Oh bon sang... fit une voix.
Hubert aperçut Louis, stopant net sa course à quelques mètres de là, un peloton d'Ithiliens sur les talons.

Hubert fit un pas en arrière de plus, contenant sa rage. Autrefois, il avait chargé l'assassin de Robert et failli mourir. Aujourd'hui, Albérich ne surgirait pas pour le sauver. Et l'idée d'être tué, puis relevé et de moisir dans une chambrette pendant des veilles entières, en subissant les moqueries de l'ennemi, ne le tentait pas plus que ça.
Narguer Louis en revendiquant l'évasion d'Etienne était alléchant, par contre... mais c'était bien trop dangereux.
" On dégage." dit le paladin au clerc.
Il ne leur restait plus qu'à trouver un endroit où se retrancher le temps de prendre l'air.

-Déjà ? fit Thibault sur un ton d'intense déception. Moi qui mourais d'envie de dire ma façon de penser à un certain traître et à ses petits copains d'Ithilion... Mais allez, d'accord, on fera ça une autre fois !
L'instant suivant, il détalait.
Des ordres furent lancés, de même que la poursuite, et les deux comparses ne tardèrent pas à comprendre que leur coup d'éclat avait rameuté beaucoup, beaucoup de monde. Cette fois, même en se ruant de couloir en couloir, même en bifurquant sans cesse, passer entre les mailles du fillait serait plus qu'ardu...

La diversion était réussie, c'était déjà ça. A présent, il fallait qu'ils trouvent une pièce à barricader, idéalement donnant sur l'arrière de la forteresse, pour ne pas avoir à survoler la cour. Il y aurait des gardes sur les remparts, peut-être, mais la plupart devaient se trouver à l'intérieur, convaincus de l'impossibilité pour l'ennemi — eux — d'attaquer la forteresse par la rue et donc du peu d'intérêt de placer des sentinelles sur les murailles.
S'ils étaient rattrapés, Hubert pourrait toujours user de Parole Sacrée, son dernier recours, mais des hommes de l'expérience de l'officier ou de Louis étaient sans doute immunisés à ces effets. La piétaille, par contre, serait affectée.
Mais ils n'en étaient pas encore là et le paladin cherchait désormais activement l'endroit où ils pourraient mettre en application la dernière phase de leur plan.

De plus en plus d'Ithiliens étaient lancés à leurs trousses et les ordres des officiers résonnaient sous les voûtes de pierre, dans une scène qui rappelait fort désagréablement l'invasion de la forteresse, quelques jours plus tôt. Les fuyards étaient talonnés et des soldats ennemis essayaient de leur couper la route en passant par d'autres couloirs ou, tout bonnement, de les stopper en leur décochant des carreaux d'arbalète. Finalement, serras de trop près, ils n'eurent d'autre choix que de foncer dans la première salle munie d'une porte qu'ils croisèrent et de claquer cette dernière derrière eux.
Heureusement, l'endroit possédait une fenêtre donnant sur l'extérieur.
Malheureusement, l'huis ne pourrait longtemps leur servir de rempart, d'autant qu'ils n'avaient pas grand chose pour le bloquer.

" Bouse, tant pis pour ma chemise, on n'a plus le temps !" s'exclama Hubert en se ruant vers l'issue.
Il se retourna et jeta son épée à Thibault. Il se hissa ensuite sur l'appui de fenêtre, jeta un coup d'oeil vers le bas puis, sans hésiter davantage, sauta dans le vide en serrant le phylactère, visualisant le griffon qui les avait sauvés quelques jours plus tôt. Il donnerait ensuite quelques coups d'ailes pour revenir vers la fenêtre et réceptionner Thibault... Si tout se passait comme prévu.

Alors que, métamorphosé, il revenait vers la fenêtre, il entendit une détonation et vit le rougeoiement d'un intense brasier. L'instant suivant, Thibault, la cape en feu, se jetait dans le vide... et lui tombait sur le dos.
-J'étais absolument certain que tu serais pile au bon endroit ! lança-t-il d'un ton qui démentait quelque peu ses propos.
Un carreau d'arbalète, venant d'une autre ouverture, passa alors à un cheveu du griffon.
-Et si on mettait les voiles ? suggéra le Sunite.

Hubert ne pouvait pas répondre, mais il prit aussitôt de l'altitude et vira vers le sud de la ville, espérant être hors de portée des tirs ithiliens. Il ne craignait pas l'une ou l'autre blessure, surtout avec un clerc sur le dos, mais il aurait été stupide d'échouer maintenant alors que, contre toute attente, ils avaient réussi leur diversion et leur fuite... Restait à espérer que les autres — tous les autres — aient réussi à s'enfuir.

-Bon, on ne s'en sort pas tr...
La voix du Sunite s'étrangla comme Hubert le sentait subitement sursauter.
Une seconde plus tard, son cavalier basculait dans le vide et, sans un cri, allait s'écraser au sol dix bons mètres plus bas.
Son corps demeura immobile dans la neige qui, rapidement, se teignit de pourpre.

Sans hésiter, Hubert plongea. Même si Thibault était mort — et il ne l'était pas, il ne pouvait pas l'être — il n'était pas question d'abandonner son corps à l'ennemi. Il le saisirait dans ses serres et l'emporterait au loin. Il fallait faire vite, tant que les Ithiliens étaient dans les étages, puis fuir le plus loin possible, et aviser. Albérich le ramènerait, immanquablement, malgré ses principes. C'était son plus ancien ami.

C'est une pluie de carreaux qui s'abattait désormais autour de lui et si beaucoup le frolèrent, un certain nombre pénétrèrent ses chairs, lui causant une intense douleur. Cela ne l'empêcha pas, toutefois, de réussir à récupérer le corps et à reprendre son envol, quoi qu'il écopât encore de plusieurs projectiles.
Il passa au-dessus des remparts où, comme il l'avait imaginé, les sentinelles étaient peu nombreuses.
Ce fut ensuite la ville qui se déroula sous lui.

Il fallait qu'il vole loin, jusqu'à un endroit où les Ithiliens ne pourraient pas le rejoindre avant un long moment. Mais il avait mal, et il craignait de lâcher le clerc dont le corps était étonnamment pesant au bout de ses serres malingres. Il fallait qu'il trouve un compromis, un endroit où se poser, reprendre sa forme et se soigner, pour commencer, puis essayer de regagner le palais. Par l'extérieur, peut-être. Il y avait davantage de cachettes en surface, et il aurait du mal à se repérer sous terre, seul, sans parler de la possibilité de se dissimuler s'il faisait une mauvaise rencontre.
Son regard de griffon était perçant, il chercha un signe, n'importe lequel, quelque chose à quoi se raccrocher dans cet océan de ciel gris.

Les points de repère ne manquait pas, dans la cité : entre la forteresse qu'il quittait, le lac qu'elle surplombait - et près de la rive duquel le palais était bâti - il saurait globalement où aller une fois posé, même si c'était à l'opposé...
Il finit par repérer ce qui, jadis, avait dû être un vaste parc. Voilà qui constituait une excellente piste d'atterrissage : assez dégagée pour éviter les problèmes, assez éloignée pour qu'on ne l'y rejoigne pas trop vite...

Il y fila, espérant qu'il ne s'y trouverait pas trois bandes de goules embusquées. Thibault avait certainement perdu son épée, et il ne pourrait se défendre qu'avec quelques sortilèges. Mais d'abord, se soigner. S'il ne se débarrassait pas rapidement de ces carreaux d'arbalète, on retrouverait son cadavre et celui du clerc dans le parc. Vérifier que Thibault était mort, aussi... Il était tombé de haut, mais la neige avait pu amortir sa chute... si le projectile qui l'avait touché ne l'avait pas tué sur le coup.

Une fois posé - et rassuré quant au fait qu'il n'y avait pas de monstres dans les environs immédiats -, Hubert n'eut pas à examiner le clerc longtemps pour comprendre ce qu'il en était : un carreau tiré de manière particulièrement adroite lui avait transpercé la gorge. Mais même si la blessure n'avait pas été mortelle, la chute l'aurait été, elle : la neige n'avait guère amorti et les fractures étameitn plus que multiples, à voir les angles que formaient ses membres...
Toutefois, il fallut au paladin se concentrer sur sa propre personne : il avait maints traits plantés dans le corps et il fallait les retirer au plus vite, ce qui promettait d'être atrocement douloureux.

Hubert reprit donc sa forme naturelle, et se retrouva nu au milieu de l'hiver. Il s'insuffla un peu d'énergie pour s'assurer qu'il ne tournerait pas de l'oeil au moment d'ôter le premier carreau. L'inconscience pouvait être mortelle, il faisait horriblement froid, s'il perdait connaissance, il ne se relèverait pas. Assis dans la neige, il commença par le trait qui dépassait de son côté gauche, à hauteur de taille, et qui lui semblait le plus dangereux. Il l'empoigna de la main droite, murmurant les paroles rituelles avant de tirer un coup sec et de placer sa paume gauche contre la blessure pour y libérer l'énergie curative de Lathandre. La souffrance lui fit voir des taches sombres, papillons d'oubli dansant devant ses yeux, mais il tint le coup. Il en restait d'autres... mais il avait survécu au premier, il ne flancherait pas pour le suivant, dans la cuisse, le troisième à l'épaule. Son esprit dériva, embrumé par la douleur de chaque mouvement, jusqu'au moment où il retira le dernier carreau, neutralisa la blessure, et se retrouva curieusement indemne.
Son regard tomba sur le clerc, son corps meurtri, dont l'énergie avait semblé si indomptable, quelques heures plus tôt, et il sentit la bile lui remonter entre les lèvres, l'obscénité de sa survie alors que le Sunite était tombé. Il fallait qu'il se ressaisisse, pourtant, sinon le gel le tuerait plus radicalement que les Ithiliens.
Il se détesta pour ce qu'il escomptait faire ensuite... mais il n'avait pas le choix s'il voulait survivre. Thibault n'avait plus besoin de ses vêtements...

Il était encore en train de dépouiller le cadavre lorsqu'il perçut un son qui, en partie couvert par les sifflement du vent qui s'était levé, lui parut inquiétant.
Tendant l'oreille, il n'eut bientôt plus de doute : il s'agissait d'un grognement. De grognements, même.
Et ce signe de mauvais augure ne tarda pas à se concrétiser : à quelque distance encore, il aperçut une bande de goules qui se ruaient dans sa direction.
L'odeur du sang devait porter loin, à moins qu'elles n'aient un flair particulier...
Quoi qu'il en soit, la menace était d'autant plus grande que Thibault, effectivement, n'avait plus son épée.

Hubert demeura stupéfait une seconde, ne sachant comment réagir. Sans épée, il se sentait complètement démuni face à ce qui déboulait dans sa direction. Alors, presque par réflexe, il invoqua Grand Vent. Le cheval pourrait le protéger puis ils fileraient hors du parc, au grand galop, en semant ces goules immondes. Avec le corps de Thibault. L'abandonner était d'autant plus impensable que s'il l'avait laissé à la forteresse, les Ithiliens l'auraient relevé.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue