La Couronne de Cuivre

Le petit parchemin était particulièrement fin, pourtant l'encre n'était visible que d'un seul côté. Dans le haut à gauche, l'écusson de la famille de Marcelline qui était agrémenté de couleurs rouge et bleu entourée d'un liséré doré.

Trônant au milieu, la réprésentation de ce qui pouvait être un château, avec quelques arbres parcemés représentés par quelques traits. De nombreuses croix et chiffres parsemaient le document, écrits avec soins d'une écriture minuscule. Sur le côté droit un signe étrange pouvant être un emblème quelconque tout comme l'emplacement d'un trésor.

Il y aurait eu là de quoi enthousiasmer les garçons et leur offrir une occupation toute trouvée pour la journée, si la bâtisse représentée avait été la demeure dans laquelle ils se trouvaient, et pas, apparemment, un château. Malgré tout, ils restèrent un long moment à débattre de ce que dissimulait la carte, s'il s'agissait d'un trésor familial, d'un jeu de pistes pour enfants... Impossible de trancher. Ils convinrent en tout cas d'aller faire un tour dans le jardin, pour voir s'ils ne pourraient pas trouver des points communs entre le dessin et la maison : on ne savait jamais, les auteurs avaient pu vouloir brouiller les pistes en transformant une habitation en castel...
Bref : ils s'enthousiasmèrent tout de même.
Puis Podrick se lança dans d'autres récits, évoquant le chaudron de la sorcière mais surtout les spectres des gardes rouges autrefois tapis dans les caves, leur incursion dans sa chambre... Il n'en dit pas trop pour ne pas terrifier le petit Yann, mais assez néanmoins pour faire frémir le groupe... Et lui donner envie d'aller explorer les sous-terrains.
Oh, là encore, il y aurait eu de quoi bien s'amuser ! Malheureusement, leur accès était condamné, puisqu'Arya avait fermé son laboratoire...
Ce qui ne les empêchait pas de fureter dans le jardin à la recherche d'une autre entrée. Ils s'y attèleraient après le repas, convinrent-ils, et feraient d'une pierre deux coups, en emportant la carte avec eux.
Belle après-midi en perspective !
Si du moins ils trouvaient quelque chose.
Bah, au pire, ce serait bataille de boules de neige...

Les garçons s'étaient chaudement vêtus pour aller explorer le jardin ou plus précisemment les abords de la maison dans le fol espoir de découvrir un passage qui leur offrirait quelques frissons en explorant les sous-sols. Mais aucune porte secrète ne se fit sur les murs et ils s'en furent à jouer dans le jardin se lançant des boules de neige, se courrant après jusqu'au moment où le petit Yann s'enfila dans un fourré situer à la limite du jardin au plus loin de la maison pour tenter d'échapper aux assauts de ses aìnés. Sa voix enfantine se fit soudain stridente et exicitée.

Y'a une porte ici, Y'a une porte ici ...

Lorsque les enfants se présentèrent, ils découvrirent la porte donnant sur les sous-sols que la magicienne avait elle-même découverte de l'intérieur, mais à laquelle elle n'avait pas donné plus d'attention reportant à plus tard de découvrir où celle-ci débouchait.

Les enfants observèrent la porte avec des yeux brillants. Peut-être pourraient-ils explorer les sous-terrains, finalement, d'autant que...
-Je crois que j'ai la clef ! fit Podrick. J'en ai trouvée une grosse dans une cachette secrète, et on savait pas à quoi elle servait... Si ça se trouve, elle correspond à cette serrure...
Il hésita. Arya ne lui avait pas interdit d'amener ses amis dans le petit complexe situé sous la maison. Elle avait juste fermé le laboratoire, ce qui avait eu pour conséquence indirecte de leur couper l'accès à ce terrain de jeu idéal. Elle ne le disputerait donc sans doute pas s'il y parvenait par un autre chemin.
Mais... Il ne voulait pas la mettre en colère alors qu'elle avait accepté d'inviter ses amis. Ce ne serait pas le meilleur moyen de lui témoigner sa gratitude...
-Je vais demander la permission à Arya pour qu'on y aille, fit-il. Si elle est d'accord, j'irai chercher la clef !
Et de filer vers la maison, ventre à terre.

L'arrivée de Podrick essouflée et surexité vit l'interrogation se faire sur le visage de la magicienne et la demande de son petit protéger la fit sourire. S'ils lui avaient demandé de passer par la cave, elle le leur aurait autoriser avec la promesse de ne rien toucher, mais elle se tut et laissa l'enfant aller chercher la clef qu'il avait découverte. Lorsqu'il réapparut, tenant comme un trésor ce qu'il espérait bien leur ouvrirait un terrain d'aventure où il pourrait faire frémir ses petits amais, elle lui sourit et ne fit qu'une recommandation qui était un ordre incontournable. Pour le reste, la magicienne savait maintenat que tous les fantômes étaient partis et que ce terrain de jeux étaient idéal pour quatre jeunes garçons à l'imagination aventureuse.

Si ta clef ouvre bien la porte et que celle-ci donne accès au sous-sol, vous pourrez remonter par la cave, c'est à dire mon laboratoire, mais il sera dès lors strictement interdit d'y toucher quoi que ce fut, même ton épée. Je veux te l'entendre dire pour être certaine que tu as bien compris.

-Parole d'honneur, on touchera à rien de rien ! fit-il, solennel.
Puis, ravi, il déposa une bise sonore sur la joue d'Arya et détala comme il était venu, filant comme une flèche dans le jardin, puis rejoignant ses amis qui se tenaient toujours près de la porte.
Il savait maintenant que quoi qu'il advienne, les sous-sols leur seraient ouverts. Mais il avait tout de même envie de voir si son intuition était juste, si la mystérieuse clef servait bien à cet usage...

Restée sur le perron, Arya posait un regard réjouit et plein de tendresse sur son pupille qui filait vers l'aventure. C'était la première fois qu'elle le voyait être ce qu'il aurait toujours dû pouvoir être. Un petit garçon plein d'energie à l'âme aventureuse et pleine de rêves.

Impatients, ces amis l'attendaient et ils piétinnaient d'impatience face à cette aubaine de pouvoir en toute liberté découvrir les labyrinthes que Podrick leur avait décrit tout comme les nombreuses pièces mystérieuses qui composaient le sous-sol de la maison.

Si la clef pénétra dans la serrure, ce ne fut qu'en partie, quelque chose l'arrêtait et n'étant pas entièrement enfoncée, il ne pouvait tester si celle-ci leur ouvrirait la porte de l'aventure celle-ci refusant obtinément de tourner.

Podrick se fendit d'une petite grimace de dépit. Mais celle-ci n'était due qu'à son impatience ! Il savait très bien que ce n'était qu'un contretemps, que bientôt ils arpenteraient les sombres couloirs qui courraient sous la vieille demeure... Et tant pis s'il leur fallait pour cela passer par le laboratoire d'Arya.
Néanmoins, il ne pourrait s'empêcher de ressentir comme un échec son incapacité à utiliser la porte. Alors, il était bien décidé à faire encore un petit effort... Il colla donc son œil à la serrure, pour voir si, d'aventure, un petit objet y était coincé. Si c'était le cas, il suffirait de le déloger, grâce à la tige de métal qui ne quittait jamais son "sac d'explorateur", comme il l'appelait.

Trois pairs d'yeux curieux de connaître cet antre des fantômes, de découvrir ce lieu où leur petit ami avai affronté la peur, ne quittait pas le petit garçon des yeux dans un silence respectueux et pourtant impatient.

Podrick remarqua un objet au fond de la serrure et son oeil s'abituant, il soupçonna qu'une clef devait déjà avoir été mise dans la serrure depuis l'intérieur et probablement laissée à moitié tournée ce qui l'empêchait de glisser. Il se souvint que la magicienne lui avait parlé d'une sortie des sous-sols qu'elle avait découverte. C'était en fait bien la raison de la présence de la clef qui avait été volontairement laissée à demi-tournée par l'elfe.

Avec beaucoup de patience et de soin, il ne lui aurait peut-être pas été impossible de faire assez tourner cette clef inopportune pour, ensuite, pouvoir la faire tomber. Mais cela leur ferait perdre un temps précieux : deux jours, cela passait vite...
-Bon, oublions cette porte : Arya est d'accord pour qu'on passe par son laboratoire, du moment qu'on touche à rien dedans. On va aller lui demander de nous ouvrir le passage... Venez !
Il se détourna et, suivi de ses amis, regagna la maison à grandes enjambées.
A eux les sous-terrains !

La magicienne les accueillit avec un sourire, ils étaient impatients de découvrir ce lieu où ils seraient les maîtres et elle ne les fit pas attendre en dehors qu'ils se débarassent de leurs manteaux, bonnets et écharpes.

Suivie de la petite troupe, elle ouvrit la porte de la cave désactivant le sort qu'elle avait utilisé et laissa entrer les enfants.

Bon maintenant, je vous laisse vous débrouiller, amusez-vous bien.

Laissant à Podrick le soin d'expliquer le fonctionnement du passage secret, elle ne sortit pas pour autant de son laboratoire curieuse de voir comment les enfants allaient s'y prendre et vu qu'ils seraient dans les sous-sols elle en profiterait pour faire quelques expériences.

Podrick ne lambina pas, et activa sans tarder le mécanisme du passage secret : sans doute en avait-il parlé nombre de fois à ses amis. Cela avait pourtant dû leur paraître incroyable, malgré la confiance qu'ils lui portaient, car voir la chose de leur propre yeux leur arracha des exclamations ravies. A tel point que, pour leur faire plaisir, le petit protégé d'Arya referma la porte dérobée et la rouvrit, avant de laisser les trois autres essayer chacun à leur tour.
Mais ce n'était là que l'entrée de leur futur terrain de jeu. Et si ce qu'avait dit Podrick au sujet du passage secret était complètement vrai, les trois frères avaient fort à parier que le reste le soit également. Ce qui était donc on ne peut plus prometteur...
Ainsi, ils disparurent bientôt dans l'escalier, précédés par le jeune maître des lieux, lequel portait l'une de leurs deux lampes. Quelques instants plus tard, Arya put les entendre s'exclamer avec enthousiasme : ils venaient sans nul doute d'arriver aux marches escamotables.

Les enfants tombèrent souplement à l'étage inférieur et si les trois aînés vibraient de l'aventure qu'ils escomptaient bien faire, le benjamin sans le montrer, ne lâchait pas Podrick d'une semelle. Il était aussi exité que les autres, mais certainement bien moins rassuré et les récits de Podrick avait fait naître une petite peur qui grandissait au fur et à mesure de leur avance.

Tout en relatant d'une manière moins terrifiante que la réalité qu'il avait vécu, le petit protéger d'Arya les conduisit d'abord vers la pièce où il avait subit ses premières terreurs, celle où le fantôme de son père était apparu.

Tous quatre se mirent à fouiner dans tous les coins, imitant le petit garçon qui leur montrait comment détecter un mécanisme et c'est dans une de ses démonstrations qu'il faisait à Tibaulth qu'un bruit étrange survint sans qu'ils puissent voir quoique ce soit.

Podrick, qui quoi qu'il ait pu dire à Arya, était persuadé que la demeure et ses sous-terrains ne recelaient plus, désormais, le moindre danger, choisit cependant de rassurer les autres, et non pas d'insister sur l'aspect mystérieux de ce bruit. Cela le tentait, bien sûr, mais il avait bien perçu l'inquiétude latente de Yann, et il avait rien moins qu'envie de le terrifier : l'aventure devait être un amusement pour tous, pas une expérience douloureuse qui donnerait des cauchemars au benjamin du groupe...
-Bah, c'est rien : y a tout l'temps des sons étranges, dans les endroits comme celui-là. Des échos qui se répercutent, les pierres qui bougent un peu, la terre qui travaille... Mais bon, tendons quand même l'oreille ! Si ça se trouve on a déclenché l'ouverture d'une nouvelle cachette secrète ! Y a peut-être des trucs intéressants dedans !

A part Yann qui semblait peu rassuré, les trois autres garçons se sentaient émoustillée. Tous se mirent frénétiquement à la recherche d'un éventuel passage dans la pièce, passant et repassant plusieurs fois pour être certains de ne pas passer à côté dune fabuleuse aventure.

Mais rien ne se passa et, un peu déçus, mais pas découragés pour autant, ils se mirent à tester le grand hall dans lequel ils étaient arrivés. Soudain, un cri strident retentit et Tibaulth vit Yann se précipiter sur lui. Le benjamin venait d'activer un passage secret et le mouvement des pierres qui s'effaçaient devant l'avait surpris et appeuré.

-Tu le connaissais, celui-là ? s'enquit Thibault en tapotant, un peu gauche, l'épaule de son petit frère.
-Ben non ! fit Podrick, ravi que ses compagnons puissent découvrir en même temps que lui de nouvelles pièces secrètes, au lieu de marcher sur un chemin déjà exploré auparavant.
-C'est un vrai dédale, ton sous-sol !
-Tu m'étonnes... Les Rouges qui se sont installés ici ont dû être ravis, devaient pas s'attendre à pareille aubaine, à tant de planques pour mettre ce qu'ils avaient volé...
Sans plus tarder, le quatuor surexcité pénétra dans la nouvelle salle. De taille réduite, elle contenait surtout un grand coffre qu'ils s'empressèrent d'ouvrir : à l'intérieur s'empilait un indescriptible fatras d'objets hétéroclites.
-Oh, ça, c'est un truc pour crocheter les serrures, et un truc de pro ! lança Podrick en brandissant un trousseau de tiges métalliques aux formes tarabiscotées.
-Pis ça, c'est un truc pour un... pour un nalambisque... murmura Yanne en désignant ledit objet du doigt.
-Un alambique.
-Oui, si tu veux, un nalambique. Pépé en a un tout pareil, chez lui, il s'en sert pour faire son alcool très fort, là...
-Sa gnôle.
-Oui, voilà !

Etienne, le cadet ne s'occupait guère des objets déjà trouvé, il continuait à fouiller dans la malle écartant moult objets qui lui semblaient inintéressant et en sortit un chapeau, un peu cabossé qu'il redressa comme il le put avant de s'en coiffer et de replonger dans le coffre.

Y'a d'quoi s'déguiser lança-t-il ?

-Oh oui, r'gardez ! Là, une veste en cuir, et là, un... un fouet ?! On dirait la tenue d'Hélonna Jones, le célèbre archéologue que m'sieur Dobbins il nous raconte les aventures ! Vous croyez que c'est ses vrais affaires ?
-Hélonna Jones n'existe pas, Yann. C'est un personnage inventé, dit Thibault, d'un ton docte et raisonnable.
-Et comment tu l'sais ?
-Ben, je le sais, c'est tout...
-Des fois, les histoires, elles partent de vraies choses !
-Des fois, oui. Mais pas là...
Yann haussa les épaules, l'air de dire "Cause toujours", puis, à l'instar de ses frères et de Podrick, recommença les fouilles.
-Y a même des robes de soirée...murmura Etienne. Les gars qui habitaient là, ils ramenaient vraiment tout et n'importe quoi...
-Peut-être qu'y se déguisaient pour faire leurs sales coups ?
-Tu vois des Gardes Rouges s'habiller en nana, toi ? s'exclama Thibault. Qui voudrait s'habiller en filles ? Allez, arrête de dire des bêtises, va...
-C'est pas des bêtises ! Sinon, pourquoi y z'auraient des robes cachées là ?
-Il y avait peut-être des filles Gardes Rouges... tenta Podrick, pour venir en aide au benjamin. J'en ai jamais vu, moi, mais c'est pas impossible...
-J'y crois pas une seule seconde... On prendrait pas des filles pour faire des gardes pareils !

Enhardi par la réponse de Podrick, le benjamin lança à son frère ainé.

Ben soit y'avait des filles, soit y s'déguisaient en fille.

Pour toute réponse, il eut droit à une petite bourrade avant que tous se replongent dans le coffre qui se vidait lentement et tout autour s'éparpillaient frusques et autres accessoises, soudain Etienne s'exlama.

Ouahh, une gibcère, je vais pouvoir y mettre les trésors que j'trouverai.

Et de l'enfiler par dessus-son épaule, celle-ci bien trop grande traînant par terre. Pendant ce temps, les autres enfants après avoir jeté sur lui un regard mi-envieux, mi-désintéressés s'occupaient à finir d'explorer leur trouvailles. Ils n'y découvrirent que quelques bijoux de pacotilles qui'ils tournaient entre leurs doigts se demandant si l'un d'entre eux pouvaient avoir une grande valeur.

Régulièrement, la magicienne faisait pivoter la porte pour s'assurer que le quatuor allait bien avant de s'en retourner à ses éprouvettes. Pour l'instant, elle ne pouvait qu'être rassurée par les exclamations qui lui parvenaient se répendant par écho dans les sous-sols

Podrick avait fouillé le coffre sans la moindre arrière-pensée : il ne s'agissait pas là d'objets précieux, et s'il était probable qu'ils aient été volés, ils n'avaient guère d'utilité. Les rendre n'apporterait donc pas beaucoup d'aide à leurs anciens propriétaires, et jouer avec ne s'apparenterait pas à de la complicité...
Enlevant le dernier vêtement qui masquait le fond du coffre, il fit néanmoins une étrange découverte : un petit objet, dont l'usage était de prime abord douteux... On aurait dit une théière, presque. Mais pas tout à fait...
-Vous savez à quoi ça sert ? demanda-t-il aux autres en leur présentant sa trouvaille.
Thibault et Etienne secouèrent la tête. Mais Yann, après un instant d'intense réflexion, prit la parole :
-C'est une lampe, je crois. Une lampe des pays étrangers... Papa m'a raconté une fois qu'ils en avaient des comme ça...
-Tu es sûr ? Je me souviens pas de cette histoire... dit Thibault, dubitatif.
-Sûr et certain ! Même que des fois, papa il disait, les gens enferment des génies dedans et qu'après ils font tout ce qu'ils veulent, les génies...
-Une lampe merveilleuse ? s'esclaffa Etienne. Arrête ton char, on est pas dans un conte de fées !
-Ben ça y ressemble pourtant drôlement, à une lampe merveilleuse... protesta Yann, sûr de son fait.
Podrick, pour sa part, ne savait que penser. Il doutait qu'il s'agissait là d'un artefact magique, mais croyait le benjamin du groupe lorsqu'il parlait d'une lampe.
Et... il devait bien admettre qu'elle était étrangement lourde, par rapport à sa taille réduite...

Yann n'avait pas l'intention de se laisser contredire, cette histoire, il l'aimait bien et ses yeux pétillaient alors qu'il espérait que l'objet que tenait Podrick était bien une lampe magique.

Ben si c'est vrai, y'a qu'à la frotter pour qu'elle soit toute brillante, moi je te dis que c'est comme ça qu'on fait venir le génie et pis après, on peut demander c'qu'on veut.

Tout en parlant, il avait tendu la main vers la lampe pour l'attrapper, Podrick la lui laissa prendre avec un peu de regret car il aurait bien tenter de voir ce qu'elle contenait tout de suite.

La magicienne consciente de la responsabilité que lui imposait la garde des trois frères était descendue pour voir de près ce qu'il faisait, mais elle ne voulait pas les déranger et s'était faite invisible. Les affirmations de Yann lui rappelait un livre qu'elle avait feuilleté alors qu'elle cherchait des ouvrages pour son petit protéger et sourit lorsque le petit enfant se mit à frotter la lampe tout en tirant la langue tant il s'appliquait.

Y'a qu'à faire comme ça !

Pour elle cette histoire n'était qu'un conte pour enfants, mais elle ne put s'empêcher de vouloir faire une farce aux enfants. Elle n'était pas particulièrement douée en illusionisme, mais ses cours avaient été suffisants au vu de l'inexpérience des enfants, du faible éclairage et surtout du fait que ce fut un génie qui sortait d'une lampe.

Lentement, ce fut comme un nuage de fumée qui pointa au bout de bec verseur et qui lentement se fit plus coloré ....

Les quatre garçons observaient le phénomène, bouche bée, yeux écarquillés. En un mot : ébahis.
-Vous voyez ? Vous voyez ! J'vous l'avais bien dit que c'est une lampe merveilleuse ! exulta Yann.
-C'est peut-être;.. C'est peut-être que de la poussière qui sort... tenta Thibault. Protestation de pure forme, tant il semblait ne pas y croire lui-même.
-De la poussière qui a cette forme et cette couleur-là ?dit Etienne. Non, pour une fois, j'crois que c'est Yann qui a raison.
-J'l'avais bien dit ! J'l'avais bien dit ! Maint'nant, faut qu'on réfléchisse à ce qu'on va demander !
-J'ai déjà des idées... murmura Podrick.

La magicienne tentait de ne pas trop se laisser prendre par l'enthousiasme des enfants, car cela la déconcentrait et le génie en dévenir pâlissait dangereusement. Bien que ses dernières illusions remontaient à des décennies, petit à petit le génie prenait forme, grandissait.

Elle se rémémorait l'image aperçue dans le livre pour donner vie à son illusion. Une tête joviale et sympathique, des vêtements colorés et un sourire épanoui. L'image pâlit un peu alors que d'une voix transformée, plutôt grave, sortant de sous le pan de sa chemise qu'elle avait mis devant ses lèvres se répendit gaie et joyeuse dans la pièce.

Après un regard circulaire sur les enfants, le génie s'était tourné en direction de Yann qui restait la bouche béé incapable d'articuler un seul mot.

Ouahhh ... je suis libre ... qui ... à le gentil petit homme ...

Yann, subitement pris de panique, regarda autour de lui, cherchant de l'aide auprès de ses compagnons. Mais les autres n'en menaient pas plus large que lui, et tout ce qu'il récolta, ce fut des regards écarquillés.
-C'est toi qui a frotté la lampe... murmura Podrick, encourageant, en lui serrant l'épaule. C'est normal que c'est à toi qu'il s'adresse. Et qu'il te demande... Enfin, tu sais, les vœux...
Yanne déglutit, guère rasséréné, et se fendit d'un sourire un peu tremblant.
-Heu... Bonjour ? tenta-t-il.

La magicienne sourit devant la réaction des enfants, surtout des grands, les fiers à bras n'étaient guère plus rassurés que le petit Yann et son regard tendre se posa sur Podrick. Il y avait encore moyen d'impressionner l'enfant avec des contes, beaux sujets de lectures futures.

Elle diminua la taille du génie qui eut à peine plus d'un pied de haut.

Salut p'tit homme, moi c'est Gaspard et toi ? Et puis, t'as droit à un voeu, y'a que toi qui peut demander quelque chose.

L'efle souriait, espérant que l'enfant demanderait quelque chose qu'elle puisse réaliser, car jamais elle ne dévoilerait la supercherie.

-Je m'ap-pelle Ya-Yann... balbutia le gosse.
Mais la taille réduite du génie lui permit de retrouver un peu d'allant. Et quand ce dernier mentionna le vœu, il sourit franchement. Ses deux frères aînés, qui n'en avaient pas perdu une miette, commencèrent aussitôt à lui souffler des idées par dizaines.
Mais il ne les écouta pas. Il jeta au contraire un regard en coin à Podrick, puis se lança, les mains croisées dans le dos, comme s'il était à l'école et faisait une récitation.
-Alors... Je voudrais... Je voudrais que ça soit l'été, s'il vous plait, monsieur Gaspard. Comme ça... Ben, comme ça, on serait en vacances, on aurait plus à aller en classe, et...
Nouveau regard à Podrick
-Et on aurait plein de temps pour jouer tous ensemble. Et a des chouettes trucs, en plus, parce qu'il ferait bien chaud, qu'y aurait plus cette neige à moitié fondue qu'on peut pas vraiment faire des boules ou des bonshommes avec. On pourrait aller se baigner dans le port, ou à la plage, ou se promener dans la campagne, aller chez mon pépé qu'a des vignes, ou...
Il s'interrompit, craignant d'embrouiller le génie avec tout ce qu'il pourrait faire si son vœu était exaucé, et baissa les yeux, dans l'attente du verdict.

La magicienne sourit, c'était un voeu d'enfant bien irréalisable et elle ne pouvait que ce réjouir que ce ne fut pas un vrai génie. L'illusion du génie tourna sur lui-même comme pour effacer toute la grisaille la neige et venir placer le soleil au beau milieu de la pièce, puis il s'arrêta soudain.

Ben, Yann ... attention ... faut bien réfléchir, t'as droit qu'à un seul voeux .... l'été .... le soleil ... les vacances ... plus d'école ... c'est super chouette ... mais ... y'aura plus de printemps, plus de fleurs sur les arbres fruitiers, plus de bons fruits juteux à manger, les ruisseaux vont s'assécher, les champs seront trop secs pour que poussent les céréales et dans les vignes de ton pépé ... plus de raisins, plus rien du tout ... t'es sûr que c'est ton voeux ... ?

Le petit garçon hésita, pris au dépourvu... mais n'abandonna pas pour autant son idée.
-Les génies, ça peut tout faire ! affirma-t-il, sûr de lui. Alors, j'suis sûr que vous pouvez faire comme quoi les saisons elles avancent très vite, pouf, en une seconde, mais qu'elles ont quand même eu bien lieu ! Alors il y aura quand même les fruits et tout ! C'est juste que ça sera passé très vite...

Le génie s'exlaffa dans un rire communicatif est profond, il grossissait et diminuait, pâlissait à preseque disparaître puis reprenait ses couleurs chamarées.

Un génie ... y peut ... ou y peut pas ... mais moi ... je peux pas ... c'est soit tout le temps l'été, nuit et jour ... enfin toujours le jour avec le soleil qui envoie des petits enfants en vacances et qui brûle tout, soit tu changes de voeux ...

Si elle en eut les pouvoirs, la magicienne aurait volontiers exaucé le voeux de Yann, ne serait-ce que pour quelques jours, le temps que la vie de son jardin revienne, l'enfant n'avait pas entièrement tort dans ce qu'il demandait.

Yanne fit la moue, visiblement déçu. Il se voyait cruellement détrompé sur un point de l'histoire : non, malheureusement, les génies ne peuvent pas tout faire...
Mais il ne manquait pas d'idées, et, bientôt, l'une d'entre elles refit bouillonner son esprit.
-Alors... Vous pourriez nous télépor... téléportat... nous transporter dans un endroit où que c'est l'été ? A l'école, on a vu que Toril était rond, pis que c'était pas les mêmes saisons de partout. Donc y a des coins ou qu'c'est l'été. Donc si on y va, on sera en vacances et tout, et... Et ici, tout brûlera pas. Donc tout l'monde sera content ! Pis ça doit pas être trop dur de faire ça : même les mages ils arrivent à se déplacer où qu'ils veulent avec juste des sorts !

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