La Couronne de Cuivre

RP : Rendez-vous

Rien ne se produisit, aucun bruit ne filtrait jusqu’aux cellules et Kasumi commençait à trouver le temps long. Son compagnon de cellule s’était réveillé et tentait d’engager la conversation, d’une voix pâteuse. Devant l’air peu amène du rôdeur, il renonça et se contenta d’attendre en silence.
Le soleil était levé depuis ce qui lui semblait être une éternité lorsque des pas se firent enfin entendre dans les escaliers. Un garde apparut, différent de ceux qui l’avaient arrêté. Il accorda à peine un regard au rôdeur, et ouvrit la porte de sa cellule, faisant signe à l’ivrogne de sortir.
- Vous êtes libre pour cette fois… Du moins vous le serez après avoir payé les 5 pièces d’or d’amende. Ah, fit-il en se tournant vers le rôdeur qui s’était lui aussi levé, désolé, vous devrez attendre encore un peu, on vous interrogera tout à l’heure.
Puis il se dirigea vers l’autre cellule et en fit sortir l’homme que Kasumi avait assommé, celui qui les avait attaqués à l’épée. Ils disparurent dans l’escalier.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, on fit redescendre l’homme à l’épée, et ce fut le tour de son compagnon d’être interrogé. Puis, enfin, vint le tour du rôdeur. Sous le regard pour le moins inamical des deux autres prisonniers, on ouvrit la porte de sa cellule et le garde lui fit signe de le suivre.
Ils montèrent jusqu’au rez-de-chaussée où on le fit entrer dans un bureau, petit et fonctionnel, où était installé le sergent qui l’avait arrêté. Un autre soldat était assis dans un coin, prenant des notes.

- Asseyez-vous, fit-il à l’adresse du rôdeur. Vous êtes bien Kasumi, de Luménis ? Vous êtes ici pour donner votre version des faits concernant la bagarre de la nuit dernière. Sachez que l'amende pour ce genre de trouble à l'ordre public est de 20 pièces d'or, à la charge du responsable des faits. Les deux hommes contre lesquels vous vous êtes battu ont reconnu vous avoir attaqué, mais affirment que vous leur aviez volé de l’or et une épée, et qu’ils vous poursuivent depuis la taverne du Bateau Ivre. La responsabilité semble donc partagée... Cette histoire me surprend étant donné ce que vous nous aviez affirmé concernant vos engagements à Luménis. A moins que vous nous ayez menti ? J’ai donc envoyé l’un de mes hommes là-bas pour avoir confirmation des faits. Si cela s'avérait exact, je serais contraint de vous faire transférer à la prison d'Evendum en attendant qu'un juge se prononce sur la peine encourue.
A ses côtés, le soldat notait crupuleusement le moindre de ses mots.

RP : Rendez-vous

Le rôdeur fulminait qu’on ait jugé préférable d’interroger les deux criminels avant lui. Sa méfiance n’en était que renforcée et les paroles du sergent ne firent rien pour l’atténuer, bien au contraire. Il se retint à grand peine de ne pas l’invectiver pour lui faire ravaler ses paroles, sachant qu’une telle attitude ne pouvait lui être que préjudiciable. L’homme qui lui faisait face était corrompu et avait déjà fait preuve de ses mauvaises intentions à son égard… Les deux autres prisonniers avaient eu tout le temps d’inventer leur version des faits et étant donné la réputation du Bateau Ivre, il était envisageable que de nombreux témoins corroboreraient ce mensonge. Le rôdeur se sentait impuissant, en colère et inquiet pour Astrée. On ne lui avait même pas permis de la revoir. Il serra les poings avant de s’asseoir comme on le lui ordonnait. Il prit une longue inspiration pour tenter de prendre une voix calme, sans y parvenir tout à fait :

- Je suis ici pour vous dire la vérité, sergent, pas pour vous pondre une version des faits comme l’ont fait les criminels que vous avez cru bon d’interroger avant moi.

Belle entrée en matière… s’il cherchait à prendre son interlocuteur à rebrousse-poil. Il se reprit avant de poursuivre d’un ton plus calme :

- Je suis bien Kasumi de Luménis. Et je ne vous ai menti sur aucun de mes engagements. Je suis peiné de voir que votre capitaine n’a pas jugé bon de venir. A moins que vous n’ayez pas jugé de la gravité de la situation. Cela n’a rien à voir avec une bagarre qui aurait dégénéré. Ce n’est pas la première attaque que ma compagne et moi-même avons eu à subir depuis notre arrivée dans votre village. Depuis que nous avons confié à vos soins les esclaves que j’ai libérées, j’ai essuyé une tentative de meurtre à l'auberge et ma compagne a été enlevée. Je suis parvenu à la libérer malgré les menaces que l’on m’a adressé pour me faire quitter la ville avant que j’ai pu entrer en contact avec le capitaine Dwali. J’ai perdu mon cheval et mon matériel et j’ai failli perdre bien plus encore. Au cours de mes recherches, j’ai pu entendre le nom de quelques-uns des commanditaires de ces attentats. Astrée et moi revenions en ville pour vous avertir et tenter de récupérer mes affaires lorsque nous avons été attaqués à vue par quatre hommes en traversant le pont. Inutile de vous dire que je n’ai jamais mis les pieds au Bateau Ivre. Si vos gardes trouvent des hommes prétendant le contraire, il y a fort à parier qu’ils sont liés à la bande qui nous a harcelé, les hommes d’un certain Pablo d’après ce que j’ai cru comprendre.

Le rôdeur s’interrompit, toujours énervé et désireux d’en finir au plus vite, de revoir Astrée… il commençait à ne plus oser y croire. Il ajouta d'une voix presque suppliante :

- Libérez ma compagne je vous en prie. Elle a été considérablement éprouvée par ces attaques. Vous tenez une partie des vrais criminels. Laissez-moi parler à votre capitaine.

RP : Rendez-vous

Le rôdeur sentit son vis à vis se raidir à ses premières paroles, qui semblaient clairement l’accuser d’incompétence ou de partialité. Mais il ne broncha pas et écouta jusqu’au bout le discours du rôdeur, haussant parfois les sourcils, mais gardant le silence.

- Votre compagne sera interrogée tout à l’heure, à son tour. Mais votre histoire est assez confuse… Reprenons… Vous dites que votre compagne a été enlevée et qu’on a tenté de vous tuer ? Pourquoi donc n’avoir pas porté plainte à ce moment-là ? Nous aurions pu enquêter. Nous connaissons parfaitement le dénommé Pablo, il est mêlé à divers petits trafics, et cela fait un moment que nous essayons de le coincer sans succès. Si vous étiez venus nous trouver au moment de l’enlèvement, sans doute aurions-nous pu agir. Et pourquoi vouloir absolument parler au capitaine Dwali ? Remettriez-vous en cause ma capacité à élucider cette affaire ?
Le ton était cassant. L’homme paraissait outré des insinuations du rôdeur.

RP : Rendez-vous

Le rôdeur ne se laissa pas intimider par le ton cassant de son vis-à-vis. Il le regarda droit dans les yeux avant de répondre sur un ton plus calme :

- Je suis désolé si mes paroles vous ont offensé sergent. La raison pour laquelle je n’ai pas fait appel à vous lorsque ma compagne a été enlevée à l’auberge est claire : j’ai reçu un message m’avertissant que ses ravisseurs la tueraient si je le faisais. Qu’ils m’aient retrouvé si facilement pour transmettre le message prouvait qu’ils me surveillaient. Je ne pouvais donc pas prendre ce risque et j’ai préféré leur faire croire que je quittais la ville. Quant à mes raisons pour parler à votre capitaine, elles n’ont rien à voir avec vous. Les brigands qui s’en sont pris à moi voulaient m’en empêcher, c’est une raison suffisante pour lui parler je crois…

RP : Rendez-vous

Le sergent parut se calmer un peu. Mais Kasumi eut clairement l’impression que son désir de parler au capitaine ne lui plaisait pas vraiment. A croire qu'il voulait étouffer l'affaire... Quoiqu’il en soit, son argument avait fait mouche, et l’homme peinait à trouver un prétexte valable pour refuser.
Quand il reprit la parole, son ton s’était radouci.
- Je comprends votre volonté de rencontrer mon supérieur, mais… Le capitaine n’est pas là ce matin. Je lui ferai bien sûr un rapport complet et je lui transmettrai votre demande. Peut-être alors voudra-t-il vous rencontrer.

Il fut interrompu par deux coups frappés à la porte. Un garde entra, et souffla quelques mots à l’oreille du capitaine.
- Il semblerait que deux témoins à la taverne confirment la version des hommes contre lesquels vous vous êtes battus. Mais ce sont des témoins…. comment dirais-je… assez peu fiables, que nous avons plusieurs fois soupçonnés de divers trafics. Je suis donc plutôt enclin à croire votre version des faits. Je vais donc vous libérer pour le moment, et nous réinterrogerons vos deux agresseurs. Mais je vous demanderais de ne pas quitter la ville aujourd’hui, et de m’indiquer l’endroit où vous comptez résider au cas où nous ayons besoin de vous interroger à nouveau. Nous vous indiquerons quand vous pourrez partir. Et je dois également prendre la déposition de votre compagne.

RP : Rendez-vous

Le rôdeur n’était pas ravi de la tournure des évènements. Bien sûr, le pire semblait évité pour le moment : sa version avait apparemment convaincu le sergent et ils étaient plus ou moins libres de quitter la prison, sinon la ville. Cependant, il n’aimait pas cet homme, quelque chose dans son attitude qui aiguisait ses soupçons, peut être juste une intuition. Mais il avait appris à faire confiance à son intuition… Visiblement, il ferait tout pour empêcher le capitaine de les rencontrer. Peut être en omettant de l’avertir… Leur permettre de quitter le poste de garde pouvait n’être qu’une stratégie pour les empêcher de le rencontrer. A moins que ce soit un piège, un nouveau guet apens. On pouvait chercher à les éliminer définitivement Astrée et lui… Astrée… Elle devait encore supporter un interrogatoire alors qu’il brûlait de la revoir pour l’emmener loin d’ici…

- Si nous sommes tenus de rester en ville, nous nous rendrons au sanctuaire de Lathandre. Mais cela ne me plait pas du tout, il n’est pas exclu qu’on cherche à nous nuire comme la dernière fois. Je comprends votre prudence mais vous nous mettez en danger de mort.

Il jeta un regard pénétrant au sergent, cherchant à déceler ses intentions, le moindre indice de culpabilité dans son regard. Il était exclu que les rôdeurs retournent à l’auberge. Kasumi n’avait confiance qu’à l’aubemestre et espérait trouver refuge au sanctuaire jusqu'au moment où on les laisserait enfin partir.

- Puis-je rester avec Astrée pendant que vous l’écouterez ? Je ne chercherait pas à entraver sa déposition mais je répugne à la laisser seule dans ces moments difficiles.

RP : Rendez-vous

Le sergent acquiesça à la mention du sanctuaire.
- Je note donc que vous êtes joignable auprès de l'aubemestre Théophile. Je ne pense pas que vous couriez de risque là-bas.

Il leva les yeux vers le rôdeur.
- Mais malheureusement, il ne vous sera pas possible d’assister à l’interrogatoire de votre amie. Elle doit être interrogée seule, c’est le règlement. Vous pouvez l’attendre dehors, ce ne sera pas long. Vous êtes libre, et on va vous escorter à l’extérieur, après vous avoir bien sûr rendu vos armes. A moins que vous n’ayez d’autres questions à poser, ou quelque chose à rajouter à votre déposition ?

L’homme semblait pressé de le voir quitter la pièce, pressé de clore l’affaire. Mais peut-être n’était-ce qu’une impression. Il fit signe au soldat qui avait amené Kasumi dans le bureau d’ouvrir la porte et reporta un regard interrogateur sur le rôdeur.

RP : Rendez-vous

Kasumi se résigna, tentant de se convaincre que tout serait bientôt fini, qu’il pourrait bientôt revoir Astrée, quitter cet endroit indigne. Dès lors, il était inutile de faire d’éterniser la discussion. Il croisa le regard du sergent :

- Je n’ai pas de question. J’espère juste que nous pourrons bientôt partir.

Il suivit ensuite le garde chargé de l’escorter dehors. Lorsque ses épées lui furent apportées, il les garda en main comme s’il allait être obligé de s’en servir. On le mena jusqu’au perron du bâtiment et il nota que le garde qui l’avait escorté ne s’éloignait guère. Le rôdeur poussa un soupir et fit les cent pas, trouvant déjà le temps long.

Il fulminait de ne pas avoir été là au réveil d’Astrée, pour la rassurer. Pire, il ne pouvait pas se tenir à ses côtés dans l’épreuve qu’elle allait affronter maintenant. Il ne pouvait qu’espérer que le sergent ferait montre de la même diligence à la libérer qu’à se désintéresser de l’affaire.

RP : Rendez-vous

Un petit soupirail fit entrer dans geôle d'Astrée les premières lueurs de l'aube, la libérant enfin de sa nuit peuplée de cauchemars.
Elle ouvrit les yeux dans le froid et l'humidité de sa cellule, et son regard se posa sur les barreaux de sa porte. Instantanément, ses yeux se remplirent de larmes. Elle s'assit, prit ses genoux entre ses mains et, lovée contre un mur, laissa les larmes évacuer un peu de la peur qui la tenaillait. Qu'allait-elle devenir ? Si le garde était à la solde des esclavagistes, allait-elle être à nouveau livrer à eux ? Et Kasumi, que devenait-il ?
Les minutes s'écoulaient, interminables, se muant petit à petit en heures. Aucun bruit ne filtrait jusqu'à elle à travers la lourde porte de chêne. Elle était seule, abandonnée au fond du cachot, sans savoir pour combien de temps. Et elle sombrait petit à petit dans l'angoisse et le désespoir.

Lorsqu'enfin des pas se firent entendre, elle leva sur la porte un regard craintif. Un garde entra et lui ordonna de le suivre. Elle obéit, essayant de maitriser les tremblements qui s'emparaient d'elle. Ils passèrent devant les cellules des hommes : celle de Kasumi était vide... Son cœur s'arrêta de battre.
- Où est le demi-elfe qui était enfermé ici ? questionna-t-elle d'une voix affolée.
Mais l'homme se contenta d'un haussement d'épaules et c'est le coeur empreint d'angoisse qu'elle entra dans la salle où l'attendait le sergent. Celui-ci, à la même question, se contenta de répondre qu'elle retrouverait son compagnon après l'interrogatoire, sans préciser s'ils seraient libres.
Elle répondit comme une automate aux questions qu'on lui posa, pressée de venir à bout de l'interrogatoire. Elle n'avait rien à cacher, et se contenta de répondre brièvement, le plus calmement possible, sans relever les accusations et provocations. Elle se raccrochait à une seule chose : elle reverrait son compagnon à la sortie. Tout le reste n'avait pas la moindre importance.

Le rôdeur vit enfin apparaître sa compagne sur le seuil du poste. Elle avait les yeux hagards, la démarche hésitante, l'air épuisée et apeurée. Elle cligna des yeux dans la lumière éblouissante de cette fin de matinée, et tourna la tête en tout sens, cherchant d'un œil affolé son compagnon qu'elle aperçut enfin alors qu'il se redressait pour l'accueillir. Sans un mot, elle se précipita dans ses bras.

RP : Rendez-vous

Kasumi attendait depuis ce qui lui semblait une éternité lorsqu’il entendit des pas s’approcher de la porte à l’intérieur du poste de garde. Quelques instants plus tard, il aperçut Astrée qui se tenait, tremblante en haut des quelques marches qui menaient au bâtiment. Il se redressa lentement comme si un geste de précipitation pourrait la faire disparaitre à nouveau…

Il nota qu’elle faillit trébucher en se précipitant vers lui et il fit quelques pas pour réduire la distance, mettre fin à l’attente qui l’avait tant rongée. Ils n’étaient pas encore tirés d’affaire mais cela n’avait pas d’importance. Tout ce qui comptait à cet instant était de pouvoir la serrer à nouveau dans ses bras. Il lui ouvrit les bras et elle s’y jeta comme une désespérée. Sans un mot, il referma son étreinte pour la garder tout près, la laisser évacuer toute son angoisse à travers ses larmes. Il se mit à lui caresser tendrement les cheveux toujours sans prononcer le moindre mot. Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que ses larmes semblent se tarir enfin. Alors il l’écarta légèrement pour lui passer une main sur le visage, séchant les traces que ses pleurs avaient laissées.

- Allons c'est fini, je suis là, je suis là... Tu m’as tant manqué, je suis désolé de nous avoir amené ici…

RP : Rendez-vous

Astrée sanglota un moment sur l'épaule de son compagnon. Les bras qui l'enserraient étaient tendres et forts, et la douceur et l'amour qui émanaient de lui l'apaisaient.
Elle eut un pauvre sourire en croisant son regard lorsqu'elle s'écarta enfin de lui.
- J'ai eu tellement peur, avoua-t-elle. Et quand j'ai vu ta cellule vide, ce matin...
Le larmes perlèrent à nouveau mais elle parvint à les contenir.
- Mais tu n'as pas à te reprocher de nous avoir amenés ici. Il faut bien qu'on retrouve Ombrage, je sais que tu tiens à lui. Et puis, il a tous nos bagages... Enfin, tes affaires surtout, les miennes sont chez moi... Oh, que j'ai hâte de rentrer. Mais ils ont dit qu'il fallait qu'on attende jusqu'à jusqu'à ce qu'ils nous aient autorisé à partir....

Tout en parlant, elle avait glissé un bras autour de la taille de son compagnon et l'entraînait à sa suite. Le plus loin possible de ce poste de garde.
Face à eux, ils virent bientôt un homme s'avancer. Un peu voûté, sans doute âgé. Astrée avait l'esprit trop préoccupé pour y voir autre chose qu'une menace potentielle, mais Kasumi reconnut bientôt le vieil aubemestre qui se dirigeait vers eux. Celui-ci sourit en reconnaissant à son tour le couple, et hâta le pas dans leur direction.

RP : Rendez-vous

Kasumi ne desserra pas leur étreinte même lorsqu’ils se mirent à marcher lentement pour s’éloigner du poste de garde. Ces quelques pas accompli sous la lueur matinale redonnèrent du baume au cœur du rôdeur. Non, ils n’étaient pas tout à fait libres ni hors de danger. Oui, il aurait lui aussi espéré pouvoir quitter immédiatement le village et entamer le voyage de retour vers les Montagnes. Pourtant, avoir Astrée près de lui suffisait pour le moment après la nuit si pénible, si angoissante. En apercevant l’aubemestre, il esquissa même un pâle sourire et s’adressa à sa compagne, un peu plus confiant, rassurant :

- Nous n’aurons pas longtemps à attendre. Moi aussi j’ai hâte de regagner les montagnes. Tâchons de profiter de notre séjour forcé pour te trouver de nouvelles chaussures. Tu en auras besoin pour le voyage, sinon je devrai te porter tout le chemin durant. Non que ça me gêne…

Il espérait être parvenu à distraire un peu la jeune femme de ses sombres pensées et releva la tête alors que l’aubemestre se portait à leur hauteur et le salua d’une voix apaisée :

- Bonjour Aubemestre, merci de vous être déplacé. Nous nous rendions justement au sanctuaire…

RP : Rendez-vous

Astrée eut un pauvre sourire à la plaisanterie du rôdeur mais se sentait quelque peu rasséréné d'être ainsi blottie contre lui. Et puis, il avait raison, elle avait vraiment besoin de chaussures, et aussi d'une nouvelle tunique. Ses sandales de fortune n'étaient pas confortables et la tunique donnée par les pêcheurs vraiment trop large.
Elle adressa un petit salut de la tête à l'aubemestre. Elle se sentait trop éprouvée pour parler.

Le vieil homme les salua en retour et se fendit d'un large sourire
- Oui, Eléonore m'a appris votre mésaventure. Je me doutais qu'ils ne vous garderaient pas très longtemps au poste, mais dans le doute, je venais aux nouvelles... Alors, que s'est-il passé ? On vous a attaqués ? Ma jeune assistante m'a dit que vous étiez assez sérieusement blessés, l'un et l'autre, et qu'elle a dû vous soigner...

RP : Rendez-vous

Le rôdeur prit le parti de répondre, constatant qu’Astrée semblait encore trop éprouvée pour participer à la discussion. Le petit groupe marcha de conserve en prenant soin de s’éloigner du poste de garde sans approcher des docks, symbole de danger. Kasumi regarda aux alentours pour vérifier que personne ne les écoutaient avant de prendre la parole à voix basse :

- Nous sommes arrivé à Deux-Ponts hier soir et à peine sommes nous arrivé en ville que deux hommes se sont mis à nous suivre. Lorsque nous avons tenté de franchir le pont, deux autres hommes nous ont attaqués en nous prenant en tenaille. Nous avons su repousser le premier assaut mais un homme échappé a pu prévenir leurs complices. C’est à ce moment que les gardes sont arrivés. Une bonne chose j’imagine. J’ignore si nous aurions pu tenir bon sinon. Cependant, on nous a accusés d’être à l’origine de l’affrontement et des soupçons pèsent toujours sur nous. Nous n’avons pas le droit de quitter la ville avant que toute la lumière ne soit faite. Tout ceci m’inquiète. Il est évident que nos ennemis nous attendaient. J’ai pu libérer Astrée qui avait été emmenée à l’intérieur d’une péniche appartenant au Jason dont vous m’aviez parlé. Il semblerait que nous ayons eu affaire à une bande dirigée par un certain Pablo. Peut être cherchent-ils à se venger ou à nous faire taire en tous cas. Et je ne suis pas certain que nous puissions compter le sergent parmi nos alliés… Nous lui avons dit que nous chercherions asile en votre sanctuaire, si toutefois cela ne vous gêne pas. Je ne voudrai pas vous attirer des ennuis.

Il avait parlé presque d’un bloc, incapable de s’arrêter maintenant qu’il avait trouvé une personne de confiance à qui confier ses inquiétudes. La main d’Astrée dans la sienne l’invitait aussi à se détendre bien qu’elle soit un peu crispée encore. Toujours est-il qu'il s'interrompit pour laisser intervenir le clerc.

RP : Rendez-vous

L'aubemestre hocha la tête.
- Vous pouvez bien sûr vous installer au temple si vous vous y sentez plus en sécurité, cela ne me pose aucun problème. Au contraire, nous serons ravis d'avoir un peu de compagnie aux repas ! Mais je pense que le mieux serait quand même que vous puissiez quitter la ville le plus rapidement possible. Vous êtes sans doute des témoins gênants pour les organisateurs de ce trafic. Enfin, je ne pense pas qu'ils vous retiendront longtemps ici. S'il le faut je peux témoigner en votre faveur, puisque vous m'aviez mis au courant pour l'enlèvement.

Ils approchaient du sanctuaire.
- Le confort sera malheureusement assez spartiate. J'occupe l'une des chambres, mes deux assistantes en ont chacune une, et il doit en rester une dernière. Mais elle est petite, prévue seulement pour une personne. Je peux vous ajouter une couchette de fortune supplémentaire. C'est malheureusement tout ce que je peux vous proposer.... Et votre monture, où est-elle ?

RP : Rendez-vous

Kasumi hocha la tête aux sages paroles du clerc et finit par répondre après avoir consulté du regard sa compagne :

- Je ne pense pas que nous resterons longtemps moi non plus. En tous cas je l’espère, même si je vous remercie et me réjouis de votre hospitalité. A dire vrai, j’espérais que nous puissions partir avant la nuit. Mais il est vrai qu’il n’y a pas moyen de savoir quand on nous laissera partir. Votre aide pour écourter notre séjour serait appréciée même si vous nous avez déjà beaucoup aidés, Astrée moi et les jeunes filles.

Un éclair de tristesse passa dans son expression avant de poursuivre :

- Je ne sais pas exactement ce qui est arrivé à ma monture. Après que vous m’ayez quitté l’autre soir, je suis parti vers les montagnes avec lui avant de le laisser poursuivre seul pour faire croire que j’obéissais aux esclavagistes. J’ai appris plus tard qu’ils m’avaient préparé une embuscade et qu’ils n’ont trouvé que mon cheval. J’ignore ce qui lui est arrivé…

La voix du rôdeur n’avait pas tremblé mais Astrée sentit qu’il lui serrait la main un peu plus fort, comme cherchant un peu de réconfort.

Astrée acquiesça aux paroles de son compagnon, signe qu'elle appréciait elle aussi le soutien que leur apportait l'aubemestre. Elle serra un peu plus fort la main du rôdeur, cherchant à lui transmettre un peu de confiance. Elle allait parler à son tour quand l'aubemestre se tourna vers eux, surpris.

- Une embuscade ? Le soir où vous êtes venu vous faire soigner ? Alors... je ne voudrais pas vous donner de faux espoirs, mais... Le lendemain, on a trouvé un cheval, tout harnaché, qui est entré dans le village comme s'il cherchait quelqu'un. On nous l'a apporté pour qu'on le soigne, il avait reçu une ou deux flèches, rien de grave. On a enquêté un peu, prévenu le poste de garde, mais personne ne semble connaître son propriétaire. Les gardes ont dit que dans un an et un jour, il appartiendrait à celui qui l'avait trouvé, un éleveur du coin. En attendant, je ne sais pas ce qu'on en a fait, peut-être qu'il est toujours aux écuries du poste de garde... Ou alors ils l'ont laissé en garde au paysan... Je pense en tout cas que tout l'équipement qu'il transportait est entreposé aux objets trouvés, au poste. Mais ne crions pas victoire trop vite, attention, rien ne prouve que ce soit le vôtre !

Le visage d'Astrée s'illumina en apprenant qu'Ombrage était peut-être tout proche, vivant... Mais elle se rembrunit vite à la mention du poste de garde. Elle aurait voulu ne plus jamais y mettre les pieds...

RP : Rendez-vous

Le regard du rôdeur brilla d’un nouvel espoir en écoutant le vieil aubemestre. Pour ne pas se laisser aller à cet élan avant d’obtenir confirmation, le rôdeur décrit en détail l’animal et obtint en retour un hochement de tête et un sourire de la part du clerc et aussi d’Astrée. Ainsi ombrage était vivant et tout proche. Et une partie au moins de son matériel également. Il fut surpris par la force du soulagement qu’il éprouva à cette nouvelle inattendue.

Rester cependant à le récupérer et aussi à obtenir l’autorisation de quitter le village. Il sentit Astrée se crisper un peu, sans doute à l’idée de retourner au poste de garde. Lui non plus ne s’en réjouissait guère. Et il y avait plus urgent :

- Que diriez-vous de fêter cette bonne nouvelle en allant déjeuner ? Nous irons récupérer Ombrage lorsque nous aurons le ventre plein. On ne peut pas dire qu’on nous ait particulièrement bien nourris au poste. Et nous en profiterons pour renouveler un peu notre garde robe. Souhaitez-vous nous accompagner à déjeuner, aubemestre ? Nous vous devons bien ça.

RP : Rendez-vous

L'aubemestre tenta bien de protester, mais les sourire et l'insistance des deux rôdeurs eurent raison de ses hésitations.
Malheureusement pour Astrée, il n'y avait que deux endroits où ils pouvaient manger : la grande auberge près du pont, en plein centre du village, ou bien celle sur les docks. Leur choix était vite fait.
Astrée glissa son bras derrière le dos de Kasumi, se blotissant contre celui qu'elle aimait pour trouver la force d'affronter ce lieu de si sinistre mémoire.

Ils entrèrent, et son regard se porta instantanément au fond de la pièce, devinant derrière la porte l'escalier qui montait aux chambres, et le couloir qui partait vers la salle d'eau... Là où on l'avait enlevée. Elle frissonna.

L'aubergiste les acceuillit avec une expression de surprise qui se mua en sourire sincère.
- Vous revoilà enfin ! Et vous avez retrouvé votre amie... C'est que je me suis fait du souci, vous savez, n'ayant plus de nouvelles.... Enfin... Tenez, asseyez-vous ici, il y a peu de monde aujourd'hui, vous serez tranquille. Vous savez, des bruits ont couru, on a fait le rapprochement avec un autre kidnapping l'année dernière, certains ont parlé d'un meurtre déguisé, que vous étiez recherché. C'est pas croyable ce que les gens peuvent inventer !

On devinait, derrière l'intarrissable bavardage, une curiosité aiguisée. L'homme était à l'affut de nouveaux potins à raconter.
- Bon, aujourd'hui, le plat du jour c'est une truite meunière accompagnée de riz, avec en entrée une salade composée. mais si cela ne vous convient pas, il doit me rester du ragoût d'hier soir... C'est comme vous voulez !

RP : Rendez-vous

Kasumi était quelque peu agacé par l’intérêt malvenu que l’aubergiste leur portait. Il n’était pas tout à fait certain de vouloir s’épancher face à cet homme qui n’avait somme toute pas fait grand-chose pour l’aider lorsqu’Astrée s’était fait enlevée presque sous son nez. Et il ne tenait pas du tout à la publicité sur leur situation. Les jacasseries du tenancier pouvaient tomber dans les oreilles de leurs ennemis. Ils en savaient déjà bien plus que le rôdeur aurait voulu révéler pour assurer sa sécurité et surtout celle d’Astrée.

Malgré les réponses évasives que le rôdeur lui adressa et le mutisme quasiment total de sa compagne, l’aubergiste ne sembla pas se décourager et tenta tout au long de leur repas d’engager la conversation ou de surprendre les propos qu’ils échangeaient en nettoyant des tables à proximité qui n’en avaient pas vraiment besoin.

RP : Rendez-vous

Le repas se déroula sans qu'ils puissent discuter vraiment tranquillement, tant l'omniprésence de l'aubergiste était pesante. Ils donnèrent le change en parlant des courses qu'ils avaient à faire durant l'après-midi pour préparer leur retour, il leur fallait des chaussures et quelques vêtements pour Astrée, des provisions. En espèrant qu'ils retrouvent leurs bagages intacts.
Le dessert était constitué d'une tarte aux pommes accompagnée de crème fraiche. Profitant de ce que l'aubergiste s'était un peu éloigné, probablement déçu de ne rien apprendre de palpitant, l'aubemestre prit la parole, se tournant vers Astrée.

- Vous me semblez peu enthousiaste à l'idée de retourner au poste de garde, ce que je peux parfaitement comprendre. Souhaitez-vous rester au sanctuaire pendant que votre compagnon s'y rend ?
Astrée réfléchissait à cette question depuis le début du repas, n'écoutant que d'une oreille distraite la conversation. Elle n'avait pas envie d'y retourner. Vraiment pas envie. Mais elle n'avait pas envie non plus de laisser Kasumi y aller sans elle. Elle avait trop peur qu'il arrive quelque chose à l'un d'eux durant leur séparation, même de courte durée... Et puis, le repas l'avait un peu revigorée, et elle se sentait un peu moins angoissée. Elle préféra donc refuser la proposition.
- Non je préfère accompagner Kasumi. Je... je ne me sentirais pas tranquille si nous étions séparés.

Le clerc réfléchit un instant puis se tourna vers le rôdeur.
- Souhaitez-vous que je vous accompagne ? Ne serait-ce que pour vous indiquer quelle est la personne qui s'occupe des objets trouvés... Je dois visiter des malades, mais je peux me libérer une heure pendant l'après-midi si cela peut vous rendre service.

RP : Rendez-vous

Kasumi caressa tendrement la main d’Astrée. Il éprouvait un grand soulagement à ce qu’elle ait décidée de l’accompagner. Malgré toute la confiance qu’il portait à l’aubemestre, il n’aimait pas l’idée de rester séparer de sa compagne. Il ne serait pas tranquille tant qu’ils n’auraient pas laissé derrière eux ce village et ses dangers. Sur le pont, face à l’adversité, il avait au moins pu se consoler du fait de pouvoir veiller sur elle, compter sur elle aussi. La proposition du clerc était trop bienvenue elle aussi pour la décliner, malgré la gêne grandissante qu’il éprouvait à impliquer le vieil homme dans leurs problèmes :

- Vous avez tant fait pour nous, mon ami. Mais il est vrai que votre aide nous serait effectivement précieuse une nouvelle fois. Je suis certain que vous pourriez faire avancer les choses par votre simple présence, en tant que témoin de moralité. Notre seul désir est de partir d’ici au plus vite. Nous avons tous deux hâte de retourner chez nous.

Cette dernière phrase s'adressait clairement à Astrée à qui il adressa un sourire confiant.

RP : Rendez-vous

Le trio ne s'éternisa pas dans l'auberge. Les rôdeurs avaient hâte de récupérer leurs affaires, et Kasumi se languissait de sa monture. Ils décidèrent de se rendre immédiatement au poste de garde, pressés d'en finir avec cette histoire. Les courses attendraient.

Le garde à la porte était le même que lorsqu'ils étaient sortis du poste deux heures auparavant. Il haussa un sourcil en les voyant approcher.
- Si c'est le sergent Duval que vous voulez voir, je vous préviens que ce n'est sans doute pas une très bonne idée, il n'aime pas être harcelé. A moins que vous ne vouliez modifier votre déposition ?

RP : Rendez-vous

Kasumi nota mentalement le nom du sergent qu’il n’avait pas osé demander jusque là. Cela pouvait toujours s’avérer utile mais pas pour l’instant. Au lieu de cela, il prit sur lui-même pour afficher un air avenant malgré le ressentiment qui était le sien. S’il n’avait pas eu un espoir de retrouver Ombrage et une partie des affaires qui leur seraient nécessaires au voyage, il aurait évité ce lieu comme la peste. Il se redressa et parla d’une voix qu’il fut surpris de trouver assurée et calme. Il n’y a pas si longtemps, il se serait peut être montré cassant mais il ne voulait prendre aucun risque, il y avait bien trop en jeu depuis qu’il aimait Astrée :

- N’ayez crainte, ce n’est pas notre déposition qui nous amène. En fait, l’aubemestre nous a avertit qu’on avait trouvé mon cheval revenant vers Deux-Ponts. Je souhaite le récupérer ainsi que les affaires qu’il transportait. Comment dois-je m’y prendre ? Evidemment, je suis près à répondre aux questions qui vous prouveront qu’il s’agit bien de mes biens et de mon animal…

RP : Rendez-vous

Le sergent sembla à la fois soulagé et perplexe.
- Vous parlez du cheval qu'on a retrouvé il y a trois jours et de tout son harnachement ? Ce n'est pas de mon ressort, il faut vous adresser au bureau des objets trouvés, à droite en entrant. Mais je vais vous y conduire.

Il leur fit signe de lui emboîter le pas, et frappa à une porte sur la droite, attendant qu'on lui dise d'entrer pour annoncer les visiteurs.
- Ce sont deux jeunes personnes qui prétendent être propriétaires du cheval qu'on a trouvé l'autre jour. L'aubemestre les accompagne.
- Entrez, asseyez-vous, fit une femme d'un certain âge aux cheveux remontés en chignon, l'air strict.
Elle adressa un bref salut de la tête au clerc. Puis, quand ils eurent pris place :
- Vous prétendez être les propriétaires de la monture qu'on a retrouvé l'autre jour ? Avez-vous quelqu'un qui puisse en témoigner ? Ou bien, à défaut, pouvez-vous me décrire le cheval et surtout me faire l'inventaire des bagages ?

RP : Rendez-vous

Kasumi s’était attendu à devoir répondre à ce genre de questions et ne se démonta donc pas. En fait, il était plutôt rassuré que les gardes prennent ces précautions élémentaires sans quoi ses affaires auraient pu entrer en possession de n’importe qui. Il réfléchit quelques secondes à sa réponse avant de parler :

- Eh bien, en ce qui concerne mon cheval, les deux gardes qui nous ont escortés au temple puis au poste pour prendre notre déposition il y a cinq jours se souviendront peut être nous avoir vu ma compagne et moi le monter. L’aubergiste de votre village aussi doit l’avoir vu en notre possession. Mais si cela ne vous convainc pas, je peux vous le décrire en détail. Ombrage est un hongre de huit ans environ à la robe presque noire. Il a une tâche blanche à l’antérieur droit. Ainsi que deux cicatrices à l’intérieur de sa cuisse gauche. J’ajouterais qu’il a plutôt mauvais caractère mais ça ne prouve rien… Quant au matériel qu’il transportait et à supposer qu’il n’ait rien perdu, vous trouverez un arc long en bois de cèdre. Un motif en forme de feuille est gravé à chacune de ses extrémités. Il y a aussi plusieurs tuniques et chausses à ma taille, des ustensiles de cuisine en fer blanc ainsi que deux couvertures en laine et différents articles de voyage. Dois-je poursuivre, madame ?

Kasumi n’avait pas quitté son interlocutrice des yeux en arborant une mine neutre, assurée de son bon droit.

RP : rendez-vous

Leur interlocutrice hocha la tête à plusieurs reprises durant l'exposé du rôdeur. Elle haussa un sourcil lorsqu'il fit l'inventaire de ce que transportait la monture.
- La description du cheval semble parfaitement correspondre, y compris concernant le mauvais caractère si j'en crois la déposition du citoyen qui nous a signalé l'avoir trouvé. Il a même hésité à le prendre en garde, mais nos écuries sont bondées en ce moment, on nous a confié des chevaux saisis à de petits traficants si j'ai bien compris.
Visiblement, elle ne faisait pas le rapprochement entre la déposition récente des rôdeurs et le "petit" trafic, et semblait totalement ignorante de la nature de celui-ci.
- Enfin, le plus sûr est que je vérifie auprès des hommes qui étaient de garde ce jour-là. Puisque vous dites qu'ils ont pris votre déposition, ils se souviendront sans doute. Un seul détail me chagrine : il n'y avait pas d'arc dans le matériel qu'on nous a apporté. Je suis désolée mais... s'il y en avait un, il a sans doute disparu... Mais attendez-moi ici juste une minute, je vais voir si je trouve l'un des gardes qui pourrait vous reconnaitre.

Elle revint quelques minutes plus tard, accompagnée de l'un des gardes qui les avaient arrêtés cinq jours auparavant, lequel ne fit aucune difficulté pour les identifier, et daigna se souvenir du hongre qu'ils montaient, faisant le rapprochement avec celui qui avait été trouvé.
Satisfaite, leur interlocutrice leur tendit un formulaire.
- Voici la liste des objets qui ont été trouvé sur le cheval. Veuillez dater et signer ici pour attester que vous en accusez réception aujourd'hui, ainsi que du cheval. Les bagages vous seront remis par le garde de service, sur présentation de ce papier, et je vais vous rédiger une autre attestation pour le cheval : il vous faudra la montrer à Monsieur Froidure, chez qui est actuellement votre monture. Sa maison est un peu après la sortie du village en direction du sud, il faut suivre la rive gauche du fleuve et tourner à gauche à la première intersection, ce sera la deuxième ferme que vous rencontrerez.

L'inventaire qu'elle leur tendit était complet... à l'exception de l'arc.

RP : Rendez-vous

Le rôdeur parcourut la liste à deux reprises avant de s’en saisir. Heureusement, l’essentiel de leur matériel semblait s’y trouver. Ils n’auraient pas énormément d’achats à effectuer pour être parés au voyage ce qui était un soulagement. Pourtant la mention de la disparition de l’arc le peinait plus qu’il ne s’y était attendu. L’excellente arme leur aurait été bien utile mais ce qui le chagrinait surtout était qu’il s’agissait de l’un de ses derniers souvenirs liés à sa mère. Peut être perdu à tout jamais…

Il restait aussi le problème consistant à récupérer Ombrage. Le sergent leur avait fait comprendre de ne pas quitter la ville et se rendre sans autorisation jusqu’à cette ferme éloignée pouvait leur attirer des ennuis. Le rôdeur signa le document et le mit dans sa poche.

- Cela me paraît complet hormis mon arme. Cette ferme est-elle loin du village ? Nous avons reçu pour consigne du sergent de ne pas nous éloigner…

RP : Rendez-vous

- Pourquoi ? Vous êtes soupçonné de quelque chose, ou témoins dans une affaire louche ?
- Je peux vous certifier que ces jeunes gens n'ont rien à se reprocher, intervint l'aubemestre.
- Après tout, cela ne me regarde pas, conclut la femme. Mais si vous êtes plus ou moins assignés à résidence, il vaudrait mieux en effet ne pas vous rendre à cette ferme sans en avoir d'abord averti l'un de mes supérieurs.

Elle apposa un dernier coup de tampon sur leurs deux papiers.
- En ce qui me concerne, cette affaire est close. Le garde que vous avez vu à l'entrée vous remettra vos bagages, et il ne vous reste plus qu'à trouver la personne en charge de votre dossier pour lui demander l'autorisation de vous éloigner un peu de la ville.
Elle se leva, signifiant la fin de l'entretien, et leur ouvrit la porte.

RP : Rendez-vous

Kasumi ne manifesta en rien l’élan de mauvaise humeur qu’il ressentit en se faisant si brusquement inviter à sortir. Il se contenta de se diriger vers la sortie, un peu indécis sur la conduite à tenir. Il répugnait à demander une nouvelle audience au sergent qu’il n’appréciait guère, et dont les sentiments devaient être réciproques. Ce serait prendre un risque que de le déranger à nouveau. Et pourtant, il avait envie de retrouver Ombrage au plus vite. D’une part parce qu’il appréciait l’animal malgré son caractère, d’aitre part pour des raisons pratiques. S’il leur fallait quitter rapidement la ville, le cheval serait un atout important. Pour le moment, Astrée et lui devaient attendre l’autorisation des autorités pour quitter définitivement la ville mais le rôdeur souhaitait ne pas perdre un instant dès qu’ils l’auraient obtenue.

Il se décida donc à aller trouver le garde pour lui soumettre sa requête. Celui-ci haussa les sourcils et fit quelques difficultés en leur renouvelant son avertissement précédant. Mais Kasumi dut parvenir à le convaincre qu’il ne cherchait pas à harceler le sergent sur son cas car le garde mena le trio jusque devant le bureau de l’officier. Après avoir toqué à la porte et passé la tête dans l’embrasure de la porte pour les annoncer, il les laissa passer et s’éloigna sur un haussement d’épaule. Kasumi pénétra le premier dans la petite pièce meublée simplement.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Deux-Ponts

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