La Couronne de Cuivre

"Bien, faisons comme ça alors !"

Quelques secondes plus tard, Amélie se levait souplement et traversait le salon à grands pas en direction du jardin, attrapant deux seaux au passage.

"ça me rappelle la première fois ou on s'est rencontrées. Tu te souviens ?"

Juste avant de sortir, elle interrompit son mouvement et se tourna vers la jeune femme.

"Et au cas où tu te demandes pour Marvin ... Nous sommes ensembles depuis trois ans. Mais j'hésitais à te le dire ..."

Et elle sortit sans attendre de réponse.

Elle s’en souvenait oui : à l’époque, elles avaient dû s’entraider pour remplir et surtout monter les seaux d’eau chaude à l’étage de chez ses grands-parents. Elle gardait un souvenir nostalgique et attendri de cette époque malgré ce qu’elles avaient dû affronter alors, entre les épouvantails et les plaisanteries douteuses de Léonard.
Mais Amélie ne lui avait pas laissé le temps de répondre à cette question, manifestement très perturbée par la révélation fracassante qu’elle s’apprêtait à faire.

- Pardon ?!!

La réponse de Chandara ne s’était pas faite attendre et avait fusée dans les tons aigus. Un battement de cœur plus tard, l’ancienne paladine se précipitait dehors à la suite d’Amélie avec la ferme intention de la rattraper et ajouta, complètement décontenancée :

- Qu’est-ce que ça veut dire ? Et pourquoi il ne m’a rien dit depuis tout ce temps ? Je n’arrive même pas à y croire.

La jeune femme paraissait maintenant un peu en colère mais ce sentiment n’était pas dirigé vers Amélie. Surtout pas. Non, elle se sentait tout simplement trahie par son jumeau et ne parvenait pas à comprendre la raison de ce secret. C’est comme si elle ne le connaissait pas si bien qu’elle l’aurait voulu en fin de compte. Mais cela ne l’empêcha pas de prendre son aînée dans ses bras…

Chandara vit Amélie écarquiller les yeux et se recroqueviller sensiblement sur elle-même le temps de laisser passer l'orage. Puis elle s'approcha d'elle, souriant de nouveau et la prit dans ses bras quand elle s'avançait vers elle. Elle la berça quelques secondes avant de dire dans un murmure.

"Tu sais, c'est Marvin ... A part toi, il n'y a que Léonard au courant. Tu sais, au domaine Clairecombe, ils pensent que je suis une demoiselle imaginaire parce qu'il n'a osé me présenter à personne. C'est ... Marvin. C'est juste Marvin."

Elle eut un rire léger.

"Mais je ne veux pas que tu sois triste à cause de ça, de moi. Peut-être qu'il voulait te l'annoncer de vive-voix et que j'ai un peu trahi le secret. Parce que tu vois, c'était difficile de ne rien te dire."

Chandara s'empara des mains d'Amélie avant de plonger son regard dans le sien et de déclarer avec une maturité que la barde ne lui avait encore jamais vue :

- Je ne suis pas triste : je suis heureuse pour vous deux. Mais je suis aussi en colère contre Marvin : il aurait dû partager cette nouvelle avec sa sœur ! Il m'a un peu déçu et je lui ferai savoir, crois-moi ! Mais je ne lui reprocherai certainement pas son choix. J'aime mon frère et je veux le meilleur pour lui. Et je sais qu'il est tombé sur la bonne personne avec toi.

Chandara vit Amélie plisser légèrement le nez en signe d'embarras.

"J'aimerais que tu ne sois pas en colère contre lui. Tu sais, j'en suis un peu responsable. Peut-être qu'il attendait que nous nous voyions tous les trois pour te le dire. Et comme je vagabonde sans cesse et que tu vagabondes aussi. En fait, il n'y a que lui qui reste un point à peu près fixe dans le paysage ... Mais s'il te plait, si tu le vois ne lui dis pas que je t'ai dit quoi que ce soit. Je pense qu'il m'en voudrait un peu. Et puis, tu le connais autant que moi, c'est un garçon sensible. Il faut lui laisser le temps."

La jeune femme fit la moue sans quitter Amélie des yeux. Son visage laissa transparaître plusieurs émotions contradictoires avant qu'elle ne réponde enfin avec un léger sourire :

- Dans ce cas et rien que pour te faire plaisir, je lui laisserai une petite chance de me dire la vérité avant qu'il n'ait à subir les conséquences de son silence ! Non mais franchement, avoir une compagne aussi fabuleuse que toi et ne le partager avec personne surtout avec sa sœur : c'est presque impardonnable !

"Fabuleuse, fabuleuse ... N'exagérons rien. C'est plutôt toi qui es fabuleuse. Regarde toi. Ce n'est pas moi qui ai subjugué un beau paladin."

Elle lui sourit avec tendresse certaine.

"Donc récapitulons. Je vais remplir de quoi prendre un bain et pendant que tu te décrasseras, je te préparerai de quoi manger. Ensuite, on aura du temps pour discuter. Je suis vraiment contente que tu sois là. Les paladins d'ici ont quelque chose d'un peu tristounet. C'est peut-être dû au fait que Manost manque un peu de lumière."

Chandara avait rosi, comme de bien entendu, au compliment un peu exagéré de la part d'Amélie. Elle avait eu envie de la taquiner sur le fait qu'elle avait subjugué son frère la première et que cela comptait forcément comme un exploit digne des fables. Mais Amélie lui avait une nouvelle fois coupé l'herbe sous le pied et elle se dit qu'elle avait bien besoin de ce bain et de ce repas chaud pour retrouver toute sa vivacité pour la discussion à venir.

- Cela m'a tout l'air d'être un très bon programme. Comme ça, tu pourras me parler de ta colocataire. Peut-être l'ai-je déjà côtoyée à la commanderie ou à l'Académie : ce ne serait pas la première surprise heureuse de la journée !

Amélie reprit les deux seaux et se dirigea vers la pompe. Elle répondit tout en les remplissant.

"Ma colocataire m'a dit qu'elle te connaissait. Elle est paladine de Tyr et son nom c'est Angèle d'Aulfray. Ce qui est drôle est qu'elle est partie pour Cojum il y a quelques jours et qu'avant cela, elle était à Luménis. Le monde est vraiment très petit. Mais toi, raconte-moi où tu as rencontré Arthur ? En pleine guerre, comme ça ? Il a l'air d'être un très gentil garçon et mignon avec ça. Un petit peu timide aussi mais je serais mal placée pour dire que ce n'est pas charmant."

Angèle ! Oui, décidément le monde était très petit et réservait bien des surprises agréables en fin de compte ! Chandara chercha à éviter la question de sa rencontre avec Arthur en confiant à Amélie qu'elle serait très heureuse de revoir la paladine qui avait partagé sa tente et ses entraînements durant une partie de la campagne mais le regard insistant de la barde la força à se risquer quelque peu à découvert :

- Arthur et moi avons été affecté à une mission ensemble. C'est comme ça que j'ai fait sa connaissance. J'ai tout de suite apprécié son côté doux et son écoute : il ne ressemble en rien à tous ces trop nombreux paladins et ces guerriers bien trop sûrs d'eux et de leurs forces. Nous avons beaucoup discuté et il a su me rassurer quand j'étais inquiète...

Elle rougit de manière incontrôlable, se remémorant malgré elle ce moment intense sous les tunnels du moulin, quand ils avaient été séparés du groupe et se pensaient perdus. Quand ils s'étaient trouvés au cœur des ténèbres et s'étaient accrochés l'un à l'autre, reléguant leur timidité l'espace d'un instant merveilleux. A ce moment et beaucoup peu trop brusquement pour passer inaperçu, elle s'interrompit et déclara qu'elle avait vraiment hâte de prendre ce bain et qu'elle raconterait la suite après dîner.

"Je vois", dit Amélie après un léger soupir attendri.

Ce fut alors à elle de rougir jusqu'aux oreilles.

"Non, en fait, je ne vois rien du tout. Mais j'ai entendu dire que les liens qui se créent dans les moments difficiles se défont très rarement. Donc nous avions parlé d'un bain. Les seaux sont remplis en tout cas. Tu veux bien m'aider à les porter jusqu'au chaudron dans la cuisine ? Comme tu peux le voir, je n'ai pas pris beaucoup de muscle en dix ans. Je devrais peut-être faire un peu d'exercice ..."

Chandara se sentit aussitôt un peu ridicule de se laisser ainsi servir et elle s'empara promptement des deux seaux sans effort apparent avant de se diriger gaiement vers la cuisine tout en répondant avec entrain :

- Je veux bien te donner quelques conseils et superviser l'entraînement. Mais, en échange, je veux savoir comment tu as réussi à faire sortir notre Marvin de sa réserve. Qui sait : ça pourrait m'être utile avec un certain beau paladin !

Amélie pouffa.

"Tu es sûre qu'on peut faire quelque chose de moi ? Je dois être un cas désespéré pour tout instructeur qui se respecte. Et il faut que je te dise pour Marvin ... Nous avons mis un an et demi à nous avouer nos sentiments et encore parce que c'est moi qui ai pris les devant. Sinon, j'ai l'impression qu'il n'aurait jamais bougé mais je me trompe peut-être. Je pense qu'Arthur et toi, vous seriez mariés bien avant nous."

Mariés ? C’était une pensée à la fois délicieuse mais surtout effrayante. C’était en tous cas bien trop tôt pour qu’elle ne l’ait même envisagé. Non, Arthur et elle devait encore apprendre à se connaître, à affirmer leurs sentiments, à progresser tout simplement. Elle ne savait pas où cela aboutirait mais elle était certaine de vouloir s’engager sur cette voie et de la découvrir avec son beau luménien.

- Je parlerai à mon frère pour qu’il accélère le pas si tu veux ! Mais avoue que c’est agréable de laisser un homme faire sa cour et tout faire pour te séduire et parfois te voler un baiser ! Enfin, je dis ça, j’attends qu’Arthur ose se comporter ainsi avec moi...

Elle avait répondu d’un ton joyeux et taquin mais la question n’était pourtant pas posée à la légère.

Ce fut au tour d'Amélie d'ouvrir de grands yeux.

"Mariée ? Moi ? Non, mais ça va pas ?"

Visiblement, les propos venaient de lui échapper. Elle prit le temps de se ressaisir, eut un sourire quelque peu malheureux.

"Ne crois pas que je n'aime pas Marvin. Bien au contraire. Mais avant de m'engager, j'ai besoin de comprendre ... De faire le point pour savoir ... D'où je viens. Parce qu'en ce moment, tu vois, ce n'est pas nécessairement facile. Depuis quelques années, j'ai l'impression d'aller de surprises en surprises. J'ai besoin de comprendre ce que je fais ici avant d'aller plus loin."

Un instant, son regard se perdit dans le jardin où les roses embaumaient dans l'air de fin d'après-midi.

"Et toi, que voudrais-tu savoir ? Pour séduire un peu plus ton beau paladin, est-ce que tu voudrais que je t'apprenne ... à danser ?"

Chandara répliqua d'un ton doux et sincère :

- Je suis certaine que mon frère t'aime aussi mais a compris que tu avais besoin d'un peu de temps et de stabilité. Mais j'espère bien qu'il te rend heureuse malgré cela...

Mais pour que leur discussion ne prenne pas un tour trop morose - elle avait besoin d'entretenir des pensées positives avec le départ douloureux d'Arthur - elle ajouta avec enthousiasme :

- Je veux bien que tu me montres les pas des danses classiques : Arthur sait comment faire et je ne veux ni le décevoir ni lui faire honte quand il m'emmènera danser !

Au vu du sourire et du hochement de tête d'Amélie, Chandara comprit qu'effectivement, Marvin la rendait heureuse et qu'elle non plus n'avait pas envie de s’appesantir sur les ombres portées mais plutôt sur la lumière qui les créait.

"Par contre pour danser, il nous faut un danseur. Et comme je commence à connaître cette maison comme ma poche, cela ne devrait pas tarder à arriver."

En effet, trois coups vifs furent portés contre la porte. La jeune barde fut franchement surprise.

"Ma foi, je suis devin mais pas à ce point là."

Elle courut pour aller ouvrir. Quelques secondes plus tard, un jeune homme fit son entrée dans le salon. De taille moyenne et les cheveux châtains. Les yeux bruns en demi lune. Il portait l'immuable tunique manostienne aux teints gris. Son regard s'arrêta sur Chandara qu'il salua d'un signe de tête poli, sûrement selon les habitudes de la ville.

"Dimitri, je te présente Chandara. Chandara, je te présente Dimitri. Dimitiri, tu tombes bien, nous avions justement besoin d'un danseur."

Le nouveau venu eut un mouvement de recul.

"Angèle m'a demandé de voir si tout allait bien alors je suis venu ...
- Danser ?
- Voir si tout va bien et ...
- Danser ? Allez Dimitri, s'il te plaît !"

Chandara salua le nouveau venu avec un sourire mais vint aussi à son secours :

- Vous êtes vous aussi un ami d'Angèle ? Il faudra vraiment me raconter dans ce cas ! Mais pour la danse, il faudra que nous remettions ça : l'eau de mon bain est chaude et j'en ai vraiment, vraiment besoin ! Mais vous allez rester, Dimitri, pas vrai ?

Il était certainement difficile de lui refuser quoique ce soit mais après tout elle ne connaissait pas ce jeune homme. Elle doutait toutefois de danser avec lui : elle n'avait envie de le faire qu'avec un seul homme. Un homme qui dormait sous une tente à quelques centaines de mètres de murs de Manost mais qui serait bientôt si loin. Bien trop loin...

Et le jeune homme lui fut visiblement gré de son refus. Lui non plus n'avait peut-être pas forcément envie de danser. Amélie reconnut.

"Je me suis laissée un peu emporter. C'est vrai que Chandara, tu voulais te baigner. Viens avec moi, je vais te montrer la salle d'eau."

Il ne s'agissait pas exactement d'une salle d'eau mais plutôt d'une chambre d'amis reconvertie. Restait de l'ancienne pièce une étagère sur laquelle trônait encore quelques livres dont un d'astronomie ainsi qu'une chaise et un miroir jouxtant le baquet. Amélie tendit une serviette et un pain de savon à son amie.

"Si tu as besoin de quoi que ce soit d'autre, n'hésite pas."

Quand elle revint, elle trouva Dimitri et Amélie assis sur les fauteuils jouxtant la cheminée. Le jeune homme semblait plus détendu qu'à son arrivée peut-être grâce à la tasse de thé qu'il tenait entre les mains. Amélie refit rapidement les présentations.

"Donc Chandara est originaire de Cojum. Elle revient de la guerre. Dimitri quant à lui est tyrite et juriste. Et il vient de me dire qu'il n'aimait pas du tout danser. Je suis désolée ma grande."

Elle mima un soupir de déception avant de se lever.

"Veux-tu une autre tasse de thé ? Après, je nous ferai à manger. Dimitri, tu restes dîner ?"

Le nouveau venu secoua la tête.

"Non, ce soir, j'ai rendez-vous avec Meridith.
- Alors il y a du progrès.", conclut Amélie avec un sourire.

Dimitri semblait être un gentil garçon et Chandara échangea quelques paroles avec lui, rebondissant sur les présentations faites par Amélie. Pour autant, elle n’était pas tout à fait déçue qu’il ne puisse pas s’attarder, ce soir-là. Elle venait en effet de rentrer en ville après des mois de combats et de stress. La journée passée en bonne compagnie mais aussi à courir après les empoisonneurs avait fini de la vider de ses forces et elle aspirait à se coucher tôt. Et après tout, il y aurait d’autres soirées, d’autres occasions pour mieux figurer et bavarder.

Chandara refusa poliment la seconde tasse de thé proposée par la jeune barde :

- J’ai peur de ne pas parvenir à dormir si j’en reprends encore et je dois dire que je meurs de faim ! Tu n’as pas idée des horreurs insipides qu’on nous a fait manger pendant des mois !

C’était probable pourtant : l’ancienne paladine avait bien conscience que la population de la capitale aussi avait dû consentir des efforts et des sacrifices et que la fin de la guerre ne signifierait pas encore la fin des privations.

Dimitri avait répondu poliment à chacune des questions de Chandara et en avait posé tout autant. Puis, s'étant sans doute rendu compte qu'Amélie était en parfaite santé et ne courait aucun danger décida de prendre congé promettant de repasser le surlendemain. Les deux jeunes femmes s'étaient retrouvées seules.

Amélie, toujours souriante descendit chercher des bocaux à la cave, promettant à la paladine que la nourriture différait totalement de celles des camps et qu'elle n'allait pas en croire ses papilles.

"Tu as raison de ne pas reprendre du thé, dit-elle en remontant chargée d'un bocal que l'étiquette présentait comme un "ragoût d'aubergines", ici, il sert pour des gens qui mangent et dorment très peu ... Je ne pense pas que ce soit très bien."

Elle invita la jeune femme à passer en cuisine. Là, elle sortit un gros pain de la huche qu'elle entreprit de découper jusque ...

Chandara vit tout de suite que quelque chose clochait quand Amélie interrompit subitement son geste et commença à blêmir. Et elle vit clairement le sang sourdre presque immédiatement de la plaie.

Chandara blêmit à son tour dès qu'elle comprit ce qui s'était passé. Elle se leva précipitamment et tendit aussitôt une serviette propre à la jeune femme pour tenter d'endiguer l'hémorragie le temps de trouver un bandage bien plus approprié. L'ancienne paladine ne disposait plus de ses pouvoir de guérison sans quoi elle aurait pu sans peine se charger de la coupure. Mais elle avait gagné de bons réflexes et savait administrer les premiers soins...

- Je vais t'emmener au temple. Ça va aller ?

Amélie regarda son doigt blessé puis Chandara, le visage aussi pâle que la serviette propre qui elle commençait à s'imbiber de rouge.

"Tu vas dire que c'est idiot mais j'ai peur du sang. Je ne supporte pas, surtout le mien ... D'habitude, ce genre de choses ne m'arrive jamais. Bon ... Il faut une première fois à tout, non ?"

Elle parlait rapidement et le ton de sa voix montait vers les aigus. Puis elle eut un hoquet, puis un second.

"Tu m'en voudras beaucoup si je tourne de l'oeil ?", demanda-t-elle avant de joindre le geste à la parole.

Chandara avait anticipé sa réaction au vu des premiers symptômes de la pauvre Amélie. La barde ne s'effondra donc pas au sol mais dans les bras de l'ancienne paladine qui la déposa doucement. Le temps de s'occuper de bander plus proprement son doigt et elle la secoua légèrement pour qu'elle reprenne ses esprits.

- Allez, je suis certaine que ce n'est pas bien méchant mais je veux qu'un clerc t'examine et te soigne si nécessaire. Et j'ai un candidat tout trouvé qui ne nous le refusera certainement pas ! Je peux t'aider à te relever ?

Chandara avait pris un ton à la fois doux et décidé, un peu comme une grande sœur aimante. Un peu comme avec Marvin, à bien y penser.

A la mention du clerc, Amélie retrouva quelque peu ses esprits.

"Si tu veux parler de Léonard, je crois que ce ne sera pas trop possible. Nous sommes un peu ..."

Elle s'interrompit devant l'air déterminé de Chandara et eut même l'air de retrouver un semblant de calme. Surtout que son doigt disparaissait à présent sous un bandage bien ficelé qu'elle regarda admirative.

"Hé bien, on peut dire que tu sais te débrouiller avec les moyens du bord."

Elle tendit la main à la paladine qui la souleva sans mal compte tenu de son poids minime. Debout, elle chancela quelque peu mais ne retomba pas.

Amélie avait partagé l'hilarité de sa comparse.

"Ton ventre me rappelle à juste titre que je suis une hôte pitoyable. Quand je n'oublie pas ton bain, je me coupe le doigt pour te priver de dîner."

Elle regarda sa main avec un petit sourire.

"Elle est comme neuve ... Et en état de marche ..."

Comme si rien ne s'était passé elle reprit le bocal puis ayant versé son contenu dans une marmite elle alluma le fourneau.

"Dans tous les cas, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi."