La Couronne de Cuivre

Ce fut un Silmandel radieux qui pénétra dans la guilde des voleurs. Radieux mais quelque peu fatigué. Hier soir avait eu lieu la pièce, Alix au Pays des Merveilles. Elle avait fait un triomphe. Le théâtre était sauvé, cela ne faisait aucun doute. La mission du sorcier était donc un succès. Servir l’art était une noble cause, l’elfe était fier de lui. Sans compter qu’il avait probablement trouvé un loisir qu’auparavant jamais il n’aurait sérieusement envisagé de pratiquer.
À présent, il souhaitait rencontrer Fagin afin de lui apporter les derniers détails. Son rapport de fin de mission en somme.

Quand il en eut terminé, Fagin se fendit d'un large sourire.
-Je me dois, d'abord, de vous remercier à titre personnel. En tant qu'amateur de théâtre, j'ai été conquis par votre prestation. Certes, je vous savais capable de jouer la comédie, mais je n'aurais pas imaginé que vous feriez un si bon acteur au sens strict du terme. Cela est également valable, d'ailleurs, pour le petit. Bref, merci pour l'excellent moment que vous m'avez permis de passer.
Il se fit plus sérieux.
-Je me dois ensuite de vous féliciter, ce sur le plan professionnel. Vous avez accompli haut la main votre mission. Ce succès venant s'ajouter à d'autres, venant s'ajouter, aussi, à ceux remportés par notre amie Clémentine, il est clair que vous n'êtes plus les débiteurs de la guilde. A franchement parler, ce serait plutôt le contraire.

Silmandel répondit par un sourire de satisfaction, avant de poursuivre :
« Ce fut en tout cas très plaisant. Plaisant et instructif. À titre personnel, les divers tâches que vous m’avez confié m’ont apporté plus que je ne m’y attendais. Je crois avoir autant été surpris que vous concernant le théâtre. Quant au reste... C’est drôle, d’habitude je me lasse assez vite des cités. Ma vie n’est faite que de voyage. Melandis, cependant, semble vouloir me retenir. Je ne sais pas ce que prévoie Clémentine, mais je crois que je vais rester au service de la guilde, au moins pour l’instant. Et le Bastion des Arts pourraient bien monter d’autres pièces susceptibles de m’intéresser. »

-Voilà un programme fort intéressant. Fort prometteur, aussi.
Fagin prit un air pensif.
-Vous pourrez demeurer ici autant que vous le souhaiterez, sans qu'il vous soit besoin d'accepter des missions. Quoique j'en trouverai toujours susceptibles de vous convenir, si tel est votre bon plaisir. Cependant, si je puis me permettre un conseil, il pourrait être utile que vous possédiez votre propre résidence, C'est plus pratique pour recevoir ses amis ou des admirateurs, sans compter qu'il vaut souvent mieux être en mesure de présenter une adresse officielle. Je parle d'expérience.

Silmandel se frotta le menton. Se trouver un domicile, un véritable, c’était tout un symbole. La seule maison qu’il ait jamais eu se trouvait aux Marches d’Argent, sur Féérune. Mais puisqu’il comptait s’installer à Melandis, que cette ville lui plaisait, pourquoi ne pas l’envisager ? De plus, si un jour il voulait repartir, rien ne l’empêchait de la vendre.
« Vous avez probablement raison. Avez-vous une adresse en tête ? Une adresse qui ne soit pas hantée si possible ? »
Air espiègle. Il redevint plus sérieux et ajouta :
« Si vous avez des pistes, je me pencherai dessus. Je ne suis pas trop difficile en plus. Les artistes vivent modestement après tout. »

-Cela dépend lesquels : certains roulent sur l'or, croyez-m'en. Du moins, tant qu'ils ne sont pas passés de mode...
Il se frotta la barbe, sourcils froncés.
-D'intéressantes demeures, j'en connais bon nombre. D'intéressantes demeures qui soient vides d'occupants et donc de richesses, en revanche... Vous comprendrez que ce ne soit pas ma spécialité. Toutefois, je vais me renseigner : je vous dois bien cela, après tout, et les fortunes se faisant et se défaisant à une vitesse incroyable en notre cité, nul doute que nous ne tarderons pas à vous dégotter quelque chose de convenable.

« Très bien, faisons ainsi. Et si d’aventure vous avez du travail pour moi... »
Il laissa sa phrase en suspend, son attitude était éloquente. La guilde, tout comme le Bastion des Arts, semblaient faites pour lui.
Il n’avait pour sa part plus rien à ajouter. Si c’était réciproque, il s’n irait trouver Clémentine pour la tenir informer de ce qu’il comptait faire. Alexandre devait être avec elle, le garçon l’ayant accompagné en ces lieux.

-Je n'ai rien à vous proposer dans l'immédiat : profitez-en pour vous reposer et vous distraire ! Mais le travail ne faisant jamais défaut, nul doute que des missions susceptibles de vous intéresser seront sous peu disponibles.
Il sourit à nouveau.
-Sinon... D'après mes informations, cela fait un petit moment que les Appariteurs ne recherchent plus activement vos amis. Il leur faudra toujours faire preuve d'une certaine prudence, évidemment, mais je pense que, désormais, ils ne seront plus contraints de se cacher, de se grimer. De quoi envisager un retour à une vie plus ordinaire. Pour peu que cela les tente, bien sûr.
Sur ce, Silmandel put se retirer - non sans s'être vu rappeler, au préalable, de passer voir l'économe. Tout travail mérite salaire, comme se plaisait à dire Fagin.

Ainsi prend fin la quête
"Association de Bienfaiteurs"

La Couronne de Cuivre

[Bâtiment] La Guilde des Voleurs