La Couronne de Cuivre

Elle haussa les épaules.
" Ce n'est pas parce qu'il y a un nid de chauve-souris qu'il communique vers l'extérieur : le nid est juste à l'entrée, là, regarde... elles pouvaient très bien arriver par la salle au damier ou par le tunnel d'en face."
Le tunnel de gauche bifurquait très vite, vers la gauche à nouveau. On ne voyait rien au-delà. Celui d'en face montait lentement, apparemment en ligne droite.
" On ne doit pas être loin de la surface, normalement... Moi, j'aurais tendance à monter. On peut aussi aller simplement jusqu'au coude, à gauche, pour voir s'il donne sur quelque chose d'intéressant, un escalier par exemple... ça ne perd pas de temps."

« Tu as raison Anita. Commençons par le tunnel de gauche jusqu’à son coude. »

Anita passa la première, arguant qu'elle était plus discrète, mais lui fit rapidement signe de le rejoindre.
Au-delà du coude se trouvait un couloir horizontal, plus haut et plus large que le précédent, aux parois irrégulières, qui semblait complètement naturel. Et, tout au bout, ils apercevaient une vague lueur orangée, ténue, qui ne pouvait venir que du crépuscule extérieur.
La semi-drow s'avança sans attendre davantage, prenant à nouveau la tête, d'un pas plus rapide, moins silencieux... et soudain, un bruit suspect les figea. Un cliquetis venant de la droite, juste devant eux. Ils devinaient un renfoncement, peut-être l'ébauche d'un autre tunnel, à quelques mètres. Ils n'eurent pas le temps d'analyser la situation davantage : deux pattes noires monstrueuses en émergèrent, puis deux autres et encore d'autres, surmontées par un corps minuscule suspendu en l'air. Une énorme araignée.

Gabriel sentait le regard des multiples yeux de l’araignée au-dessus d'eux. Il chuchota à l’oreille d’Anita : « rebroussons chemin… Il y en a certainement d’autres…. ».

Anita ne se le fit pas répéter et se précipita la première dans le tunnel, contournant le coude, puis remontant le court couloir qui menait au palier, face à la salle éboulée. Il leur suffisait, ensuite, de bifurquer à gauche sur le palier, et ils se retrouveraient dans le couloir qui montait en pente douce et semblait contourner la salle au damier.
Mais derrière eux, Gabriel entendait le cliquetis menaçant des pattes, ou peut-être des mandibules, de l'arachnide. Et le bruit se rapprochait dangereusement : avec huit pattes, la créature était plus rapide qu'eux.

Gabriel s’arrêta et de pied ferme fit face à l’araignée. Il sortit son épée du fourreau et se positionna en garde du toit, l’épée au-dessus de sa tête.

L'araignée ne se laissa pas impressionner le moins du monde. Dans un lieu aussi désolé, il était possible qu'elle n'ait jamais vu d'épée et qu'elle n'en éprouve aucune crainte. Sans doute Gabriel lui apparaissait-il comme une bestiole un peu inhabituelle.
Elle continua à se précipiter vers lui de toute la vitesse de ses huit pattes. Elle était immense, et son corps trop haut perché pour être facilement atteint. Mais surtout, elle avait huit pattes dont elle semblait pouvoir se servir comme autant d'armes.
Elle s'arrêta cependant avant d'arriver au contact, et pulvérisa une sorte de nuage blanchâtre, semblant constitué de brins de toile collante, dans sa direction.

HRP : j'ai besoin d'un Dé20...

Gabriel vit l’araignée courir vers lui à grande vitesse puis s’immobiliser et visualisa un crachotement blanc sortant de son abdomen.

Dé20 = 12

HRP : et mon dé20 ? Bon, c'est pas grave, au prochain post...

Le nuage blanchâtre était constitué de petites particules qui s'agglutinèrent aussitôt les unes aux autres, se collant aux parois, au sol, et surtout aux bottes de Gabriel : il se retrouva partiellement immobilisé, incapable d'avancer ou de reculer, ses pieds collés au sol. Et l'araignée avança à nouveau, faisant claquer ses mandibules, menaçante. Son corps, qui paraissait si petit comparé à la taille de ses pattes, se révélait être presque aussi grand que celui d'un homme, mais perché hors d'atteinte.
" Fais gaffe, si elle te mord, c'est sûrement empoisonné !"
Anita, le voyant immobilisé, était revenue sur ses pas.
Brusquement, le corps de l'araignée s'abaissa, mandibules en avant, prêtes à mordre la main tenant l'épée.

HRP : Dé20 : 12 Le même lancer que hier

Il fallait de bons yeux, 4 paires comme les araignées pour lire l'HRP

Gabriel n’avait jamais vu une araignée aussi énorme prête à mordre. Il avait entendu des histoires effrayantes au sujet d’arachnides géantes et à cet instant il réalisa leur véracité.

HRP : désolée, j'avais pas vu... je suis en style "BG1" au lieu de "BG2", dans les couleurs d'écran, et du coup j'ai un fond gris.

L'araignée était souple, mobile, et elle parvint à plonger vers sa main tout en esquivant l'épée tendue au-dessus de sa tête. Gabriel sentit les mandibules se refermer sur son avant-bras, et une sensation de brûlure atroce se répandit dans son bras, brusquement engourdi. L'araignée n'avait toutefois pas été tout à fait assez leste : il entendit un sifflement de colère ou peut-être de douleur, et reçut en plein visage un crachotement visqueux, tandis qu'elle reculait vivement. L'épée l'avait visiblement blessée, légèrement.

Anita, cependant, était décidée à prendre les choses en main. Elle abattit sa propre épée, avec force, sur la toile qui maintenait les pieds de Gabriel collés au sol. La lame trancha efficacement les fils, et se mit aussitôt à luire d'une lueur éblouissante.
" Beurk, mais c'est tout visqueux !", s'exclama une voix inconnue, fort mécontente... qui semblait provenir de l'arme.
L'araignée, quant à elle, avait reculé aussitôt de quelques mètres, fuyant devant la lumière agressive.

Gabriel ne reconnut pas la voix et réalisa qu’elle provenait de la lame de l’épée d’Anita. Il sentit ses pieds libérés des fils de l’araignée mais aussi la douleur dans son bras gauche.
« Anita, tu as entendu ? Ton épée a parlé...ou c’est le poison qui m’hallucine ? Mais…sortons d’ici… »

Anita avait entendu, oui... et elle lâcha son épée. La lumière éblouissante s'éteignit aussitôt, les laissant aveuglés pour un court moment. Ils entendirent le tintement métallique de l'arme sur le sol. Puis, il sembla à Gabriel entendre à nouveau le cliquetis étouffé des mandibules de l'araignée, qui se rapprochaient.
" Tu as raison, faut qu'on file... vite..."
Elle s'élança dans le couloir qui montait en pente douce en contournant la pièce aux échecs. Gabriel, retrouvant peu à peu une vue normale, aperçut l'épée restée à ses pieds... et l'araignée qui venait de quitter le palier où elle s'était réfugiée, et qui s'avançait à nouveau dans sa direction, prudemment.

HRP : un autre dé20?

HRP : lancer de dé20 : 17... avec un vrai dé avant que ma minette change le hasard

Gabriel prit l’épée animée abandonnée par Anita dans sa main droite après avoir rengainé la sienne. La poignée de la bâtarde était étonnamment chaude comme le corps d’un être vivant au sang chaud. Elle avait déjà fait ses preuves face à l’araignée et le jeune guerrier se sentit confiant. Il l’attendit, l’arme magique en position de seconde.

L'araignée, cette fois-ci, ne projeta pas de toile. Peut-être lui fallait-il un peu de temps pour renouveler ses ressources en la matière. Elle s'avança avec circonspection, puis attaqua brutalement, d'un mouvement rapide de ses mandibules, que Gabriel évita de justesse. Il put profiter de l'occasion pour tailler dans la chair, provoquant un brusque recul de l'araignée, mais surtout le retour immédiat de la lumière éblouissante et une nouvelle intervention de l'épée, sur un ton dégoûté.
" Beurk... C'est pas de la chair humaine, ça !"
L'araignée, elle, avait pris la fuite sans demander son reste.

Gabriel avait touché l’araignée en prime haute avec une facilité déconcertante, mais il ne s’attendit pas aux paroles affamées d'une épée mangeuse d’humain. Il regarda la lame et légèrement il l'enfonça avec son tranchant dans la paume de sa main gauche.

La lame s'enfonça dans sa main aussi facilement que s'il s'était agi d'une motte de beurre, et il faillit se blesser plus sérieusement qu'il ne l'aurait voulu.
" Beurk... J'chuis tombée sur un type à moitié vert qui se taillade lui-même ? Hey, j'fais pas dans l'suicide, moi ! Je taille, j'découpe, j'pulvérise, j'disperse, j'ventile !"
La voix était toujours aussi mécontente. Et l'épée continuait à émettre une lumière vive, éclairant le couloir comme l'aurait fait la lumière du soleil.

Le cerveau de Gabriel capta l’information du « Type à moitié vert » pour la mettre en lien avec ses interrogations sur ses origines. Mais dans l’immédiat son intérêt se porta sur l’épée magique.
Le jeune guerrier interrogea l’épée mangeuse d’Homme : « Qui vous a forgé ? Qui êtes-vous ? »

Mais l'épée ne répondit pas. Il était impossible de savoir si elle ne l'entendait pas, ou si elle ne souhaitait pas répondre, ou si elle ne parlait que dans certaines conditions. Toujours est-il qu'il ne récolta, pour toute réponse, qu'un silence absolu. Et quelques secondes plus tard, la lumière éblouissante s'éteignit, d'un coup, le laissant dans une obscurité totale que ses yeux aveuglés ne parvenaient plus à percer. L'épée paraissait lourde à son bras endolori par le poison, et il se sentait anormalement fatigué.
" Gabriel ?" appela la voix d'Anita, inquiète, à quelques dizaines de toises derrière lui.

Gabriel enfila péniblement l’épée à sa ceinture et répondit à son amie : « Je ne suis pas loin de la sortie du tunnel… Je te rejoins, mais j’ai été mordu par l’araignée… Je sens que le venin fait son effet. ».

Anita vint à sa rencontre, inquiète. Sa vue se réhabituait peu à peu à l'obscurité, et il aperçut sa silhouette lorsqu'elle fut toute proche.
" Tu es tout pâle... un peu verdâtre..."
Elle grimaça.
" Je ne sais pas soigner ça par magie... et je n'ai pas de plantes sur moi. Mais je connais les herbes et les fleurs des marécages. Si on sort de là et qu'on traverse le lac, je pourrai te soigner. Sauf... qu'il faut qu'on arrive à traverser. Au pire, si tu n'es pas en état, j'irai te chercher ce qu'il faut."
Pour le moment, l'effet du poison se manifestait par une fatigue anormale et un bras endolori, un peu ankylosé. Mais Gabriel pouvait marcher. Il ne pourrait sans doute pas courir longuement, et ses réflexes étaient amoindris.

« Anita je te suis, je peux marcher. »
Gabriel avait remarqué la répugnance voire la peur d’Anita pour l’épée enchantée.
« Tu as entendu l’épée exprimer du dégout pour tout ce qui n’est pas de la chair humaine après qu’elle a blessé deux fois l’araignée… Tu as déjà vu cette magie auparavant ? »

Elle haussa les épaules.
" Non... Mais je n'y connais rien en magie. On peut imaginer des tas de choses. Je suppose qu'il faudrait demander à un mage ce qu'il en pense. Moi, personnellement, j'aurais envie de m'en débarrasser... mais je reconnais qu'elle est sans doute puissante. Pour un guerrier dans ton genre, ça peut être utile."
Tout en parlant, elle s'était remise en marche, l'entraînant à sa suite. Le couloir continuait à monter en pente douce, tournant le long d'une large spirale. Quelque part sous leurs pieds, le sol se mit à vibrer et ils entendirent le bruit sourd d'un éboulement, qui sembla se répercuter longuement dans la roche. Un nuage de poussière vint envahir le tunnel où ils cheminaient, provenant de l'avant.

Gabriel inquiet s’adressa à Anita en toussant.
« Anita, heuk…heuk… Le tunnel a dû être bloqué par l’éboulement…Vois-tu quelque chose ? » Le jeune homme sentit ses forces diminuées, mais il ne voulut pas alarmer son amie. Il profita de l’arrêt pour atteindre l’état mental du Wuxin pour se libérer de la sensation de fatigue. Le jeune guerrier avait travaillé grâce à un texte provenant du lointain Orient de Féérune, cet état de méditation pratiqué par les Maîtres d’arts martiaux Shou.

" Non... pas encore... Mais c'est peut-être pas complètement bloqué. Il faut aller voir... De toute façon c'est ça ou retourner vers l'araignée. Mais on ferait bien de se dépêcher. J'ai l'impression que la bestiole à tentacules s'amuse avec son sceptre magique et que la structure pourrait bien s'effondrer..."
Elle accéléra l'allure, et disparut dans le nuage de poussière.
Gabriel, un peu affaibli par le poison, ne parvint pas à suivre le rythme et la perdit de vue dans le brouillard de particules qui avait envahi le couloir. Il lui sembla sentir une nouvelle vibration, peut-être un écho de la précédente, ou peut-être le son d'un nouvel éboulement quelque part.

Gabriel ne vit plus Anita et les poussières réduisirent sa vision. Malgré le handicap, il poursuivit un pas après un autre son avancée dans le tunnel. Il dut réduire son allure car il sentit le poison s’insinuer aussi rapidement que le rythme des battements de son cœur. Il se concentra sur sa respiration en s’accordant avec son amulette pulsative pour réduire sa fréquence cardiaque. Il perdit la notion du temps.

La poussière retomba, peu à peu, dégageant sa vue. Anita avait disparu hors de sa vue, se hâtant vers l'issue du tunnel -si toutefois il y en avait une. Le poison ralentissait un peu ses mouvements et ses réflexes, et ses oreilles bourdonnaient légèrement, mais il tenait debout et pouvait continuer d'avancer.
Le sol se remit à vibrer, tandis que les bruits d'éboulement devenaient plus forts, plus proches, apparaissant et refluant comme les vagues sur la grève. Puis tout parut exploser devant lui. Un craquement net, le bruit de la roche qui cédait, et un nouveau nuage envahit la galerie. Au tremblement du sol, et au bruit, il sut que l'éboulement avait eu lieu, cette fois-ci, juste devant lui. Mais il n'y voyait rien au-delà d'une toise.

Gabriel eut peur pour Anita. Avait-elle réussi à trouver une sortie avant l’éboulement ? A nouveau il ne vit plus rien, mais il continua à avancer péniblement à l’aveugle pour s’assurer que son amie était hors de danger. Il pensa à la lumière de l'épée magique sanguinaire et il mit son pouce sur le fil de sa lame en espérant qu'elle éclaire à nouveau le tunnel s'il lui offrait un peu de son sang.

La lame se mit à briller aussitôt d'une lumière vive, mais la poussière était si dense qu'il n'y voyait guère davantage.
" Si t'as personne à occire, pourquoi est-ce que tu me réveilles ? ronchonna l'épée. J'ai été forgée pour les champs de bataille, moi, je ne suis pas un vulgaire lampion !"
Puis elle se tut, mais la lumière perdura quelques secondes, suffisamment pour que, avançant à l'aveuglette, il parvienne en vue d'un éboulis de roches fraichement tombées du plafond.

Le tas de pierres obstruait la galerie presque en totalité, du moins c'est ce qu'il lui sembla au premier abord. Mais il n'eut pas le temps de voir s'il s'élevait réellement jusqu'au plafond : l'épée s'éteignit, le plongeant, par contraste, dans le noir.
Puis il entendit tousser, tout près, juste au-delà de l'éboulis.
" J'ai vu de la lumière... c'est toi ?"

« Anita… Oui, c’est moi. Je t’entends de l’autre côté de l’éboulement. Es-tu blessée ?

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Quelque part au nord des Landes