La Couronne de Cuivre

-Finalement, notre précédent séjour à la campagne et notre voyage à bord de la Polissonne auront constitué une excellente préparation à notre retour ici... souffla-t-il à la rôdeuse, amusé, après avoir remercié Mathilde.
Il songea que c'était une bonne chose pour Baptiste d'être déjà soumis au même règles que ses pairs : à n'en pas douter, cela faciliterait son intégration. Puis son attention se porta sur le décor de la salle, et son esprit se mit lentement à dériver. Il se souvint du dernier soir passé en ces lieux, avant le grand départ pour Melandis ; il se rappela, aussi, de la dernière fois où il s'y était trouvé en compagnie de Galathée, la veille du trajet au cours duquel ils avaient été enlevés. A combien de reprises avait-il cru ne plus jamais connaître pareils moments ? A combien de reprises avait-il imaginé les retrouvailles impossibles ? Et pourtant, ils étaient tous là, à nouveau...
Si cela s'était produit, il y avait, décidément, de quoi se sentir optimiste pour le futur, malgré les épreuves qu’il faudrait encore affronter.

Guillhem les rejoignit peu après et Mathilde les servit d'infusion avant de s'asseoir. Manifestement, les deux aînés de la fratrie jouissaient désormais d'un statut particulier. L'un et l'autre paraissaient plus mûrs qu'à l'hiver, plus assurés, plus âgés, simplement. Ils ne détonnaient pas autour de la table.
" Ils sont excités comme des poules au sortir de l'hiver, dit le fermier.
- Quoi de plus normal, dit la jeune fille avec un sourire indulgent.
- Taliesin s'occupera du coucher demain, ajouta Galathée, mutine. Ça vous fera des vacances."
Elle décocha un clin d'œil au barde.

Taliesin afficha aussitôt une mine de condamné à mort outrancièrement exagérée.
-Je l'ai dit et ne me dédierai point : j'apporterai mon aide partout où il y en aura besoin, déclama-t-il, théâtral. Et j'endurerai ces épreuves avec au cœur, pour me soutenir, le brûlant espoir qu'un jour, un barde chantera mon martyr.
Il but une gorgée d'infusion, eut un sourire lumineux.
-En tout cas, je ne saurais assez vous remercier pour vous être occupés de Victor tout ce temps et nous avoir réservé un tel accueil.

Guillhem balaya ses paroles d'un geste.
" Ne sois pas ridicule, veux-tu. Après ce que vous avez fait pour nous, depuis le début, c'était la moindre des choses. Cette ferme est la vôtre, de surcroît, ne crois pas que je l'ai oublié. Ce serait un comble que nous ne soyons pas capables de vous y accueillir convenablement !"
Il sourit.
" Le temps a été clément ces derniers mois, les moissons s'annoncent bien, et l'automne devrait être prodigue. Nous ne manquerons de rien à la morte saison et nous avons commencé à nous faire un nom dans les marchés des environs. Il faudra d'ailleurs discuter de l'orientation que nous donnerons à l'exploitation. Comme vous le savez, j'étais surtout éleveur, et la ferme était plutôt calibrée pour l'agriculture. Nous nous sommes permis de développer un petit troupeau de chèvres, mais c'est très marginal... Bref... Je vous assomme déjà de considérations pratiques, alors que vous venez d'arriver...
— Comment s'est déroulée la traversée ?" demanda timidement Antoine, pour faire dévier la conversation.

Il s'était apprêté, à son tour, à balayer les scrupules de Guilhem, mais il renonça suite à l'intervention de l'adolescent.
-Très bien. Nous avons essuyé une tempête, mais le gros est passé loin de nous et ça a donc été sans commune mesure avec ce que nous avons connu tous ensemble l'an dernier. Un navire marchand a eu moins de chance et nous nous sommes déroutés pour recueillir ses occupants. Pour le reste, pas d'incident à signaler. C'était un peu long, bien sûr, mais il y avait de quoi s'occuper et l'équipage, composé d'Anteluciens, était des plus sympathiques.
Il avait lui aussi des questions à poser, notamment concernant le départ de Mathieu et de Valaellyn, ainsi que celui de Martin. Cependant, il ne voulait pas monopoliser l'attention : Galathée souhaitait peut-être s'exprimer sur le voyage. Et puis, il n'avait guère envie d'amener sur la table des sujets fort peu joyeux...

Mais Galathée semblait satisfaite de son récit et quand elle réalisa qu'on la regardait, elle se contenta de sourire.
" C'était une traversée magnifique. Le soleil et le vent nous ont accompagnés... J'étais impatiente, bien sûr, d'arriver à bon port mais... c'était un instant de respiration, et il m'a fait du bien... pour me purger de Mélandis."
Une vive émotion passa sur ses traits, un fragment de seconde, puis disparut.
" Mais tout ça est derrière, à présent. Nous sommes rentrés."

Il posa une main légère sur son bras.
-Oui, nous sommes rentrés. J'ai du mal à y croire et pourtant, c'est la réalité.
Il lui sourit doucement, refit face aux Merlus.
-Et désormais, pauvre de vous, il va vous falloir nous endurer au quotidien. Moi, surtout. Je vous pleins déjà...

La dernière phrase de Taliesin laissa les Merlus un peu incrédules. C'était une déclaration un peu étrange, qui appelait des dénégations vigoureuses, et qu'ils ne comprenaient sans doute pas vraiment : ils n'avaient jamais trouvé le barde particulièrement difficile à fréquenter.
" Tu es fatigué, toi." remarqua Galathée avec un sourire tendre.
Guillhem finit par hausser les épaules.
" Tant que tu fais les moissons, tu peux être aussi insupportable que tu veux."

Soit ils avaient oublié que, l'été précédent, ils l'avaient soupçonné à maintes reprises d'être à l'origine de certaines des bêtises inventées par la jeune génération, et par conséquent du joyeux désordre qui avait souvent régné dans la clairière, soit il était vraiment fatigué, oui, au point que ses tentatives de plaisanteries tombent à plat...
-Je faisais référence à mon humour lamentable, dit-il pour tenter de rattraper le coup. Ayant longtemps fait équipe avec un marin que vous devriez rencontrer sous peu et qui avait tendance à l'apprécier, je crois que j'ai empirer, en ce domaine. Mais promis, je ferai attention.
Une chose était certaine : il ne tenterait plus d'être drôle ce soir là.

Galathée posa un baiser sur sa joue.
" Je pense que Guillhem espérait des adultes supplémentaires pour encadrer les enfants... pas un enfant de plus à gérer."
Elle sourit.
" Tu devras te surveiller, donc, oui.
— Une fois les moissons rentrées, je vous laisserai faire les fanfarons autant que vous le désirez. Mais avant cela, pas question. Tout le monde se tient à carreau et bosse. J'ai presque envie d'embaucher les gardes qui nous tournent autour."

Ses lèvres se déformèrent en une grimace qu'il parvint, par un tour de force qui le surprit lui-même, à transformer aussitôt en sourire.
-Écoute, je dois rencontrer le capitaine de Rivecendre demain matin, afin qu'il m'explique en détail les conditions de mon séjour, fit-il d'un ton léger. Je lui en toucherai un mot et je suis convaincu qu'en tournant bien la chose, il pourrait accepter : rester des journées entières à ne faire que surveiller la ferme, ça doit être d'un ennui mortel, sans compter que s'ils s'activent dans les champs, ils pourront plus facilement garder un oeil sur moi. Bref, tout le monde y gagnerait.
Il aurait pu s'offusquer de la remarque de son ami, mais il avait préféré, de beaucoup, en rire plutôt qu'en pleurer.

" Peu de chances qu'il accepte, dit Guillhem avec un petit haussement d'épaules. C'est un type bien, mais il est jeune et il a à coeur de ne pas commettre de bourde, si tu veux mon avis. Il ne sait jamais s'il n'est pas en train d'outrepasser ses prérogatives, ce genre de choses... Non, il ne nous donnera personne."
Mathilde croisa les bras.
" Il y a Elliot. Il donnera un coup de main.
— Ce garçon a deux mains gauches, Mathilde."
Il se tourna vers Taliesin.
" C'est le garde en faction à la ferme. J'ai accepté qu'il partage notre toit en échange de sa pleine participation aux travaux quotidiens. J'ai bien cru que son capitaine allait faire une attaque, mais finalement, après contacts hauts placés, je pense, il a accepté. Mais ce garçon, s'il est plein de bonne volonté, n'est vraiment pas fait pour les champs.
— C'est juste qu'il a peur des animaux.
— Y compris des mouches. Ça ne rend pas les choses faciles."

Un garde à l'intérieur même de la ferme ? Pour le coup, c'était une très, très mauvaise surprise, parce que dans le genre intrusif, on ne pouvait pas imaginer pire. Comment pourrait-il se sentir à l'aise, avec un geôlier toujours à proximité, impossible à ignorer ? C'était probablement un brave homme, il n'en doutait pas, n'avait absolument rien contre lui. Simplement, il s'en serait bien passé. Quant aux chances qu'il s'agisse du même Elliot qu'il avait sauvé à Melandis, elles étaient pour ainsi dire inexistantes : il était rentré depuis trop peu de temps sur Helonna et les autorités n'auraient pas désigné, pour le surveiller, un homme qui lui était redevable et avec qui il s'était lié d'amitié.
-Bah, vous pouvez déjà compter sur mon renfort : les derniers mois m'ont beaucoup endurci, pour ce qui est des activités physiques, répondit-il tranquillement, sans rien laisser paraître du mélange de colère et de dépit qui lui serrait le cœur. De surcroit, Baptiste fera volontiers sa part du travail, et c'est un garçon solide, vous pouvez m'en croire.

Galathée avait été sensible à son changement d'humeur, et elle lui serra doucement la main.
" Nous en parlerons demain, de toute façon, dit Guillhem avec le sourire. Vous devez être épuisés, après tout ce périple... Il nous reste encore quelques jours avant de passer aux choses sérieuses, et je veux surtout que vous puissiez vous poser et vous réapproprier les lieux. Les enfants... Victor surtout... voudra sûrement vous montrer toutes sortes de choses dans la maison et dans le domaine. Nous vivons presque en autarcie tant les lieux sont riches... Enfin... Vous avez peut-être envie d'aller vous coucher."

Il glissa un sourire à sa compagne puis haussa les épaules.
-Oh, en bon barde qui se respecte, je resterais volontiers des heures à bavarder. Mais, je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que la maison sera très animée très tôt, demain matin, alors sans doute vaut-il mieux profiter des heures qui nous séparent encore de l'aube pour reprendre quelques forces...
Il se tourna vers Galathée pour lui laisser la décision.

Les deux adolescents s'étaient déjà levés et Galathée les imita en prenant appui sur l'épaule du barde.
" Nous aurons d'autres soirs." dit-elle avec un sourire.
Guillhem rassembla les tasses.
" Faites à votre aise demain matin. Le capitaine ne viendra sûrement pas très tôt, ce n'est pas son genre. Vous ne devez pas non plus vous inquiéter de ce que penseront les enfants. Ils ont l'habitude de le voir. Il nous protège depuis des mois, maintenant."

C'était une bonne nouvelle pour les gosses. Mais le concernant, il ne savait que penser. Il aurait presque préféré que l'équipe de surveillance change au moment de son arrivée, car c'était tout de même désagréablement étrange d'avoir une dette envers ses geôliers...
-Très bien, dit-il néanmoins, souriant. Merci pour la discussion. Je vous souhaite une excellente nuit à tous.
Sans doute la sienne serait-elle un peu plus difficile. Mais pas forcément mauvaise, surtout s'il parvenait à oublier les quelques ombres ternissant son retour en ces lieux.

Galathée le précéda dans l'escalier et ils se faufilèrent dans la chambre à pas de loups. La rôdeuse n'y voyait rien, aussi tâtonna-t-elle jusqu'au lit, se fiant sans doute à ses souvenirs.
" Tu peux regarder s'ils dorment bien ? Il fait un noir d'encre... Les volets sont clos, évidemment, avec le soleil estival..."
Elle s'assit sur le lit et tâtonna vers son oreiller, où elle trouva un vêtement plié.
" Oh... Il y a une tunique de nuit toute préparée... Ils sont vraiment adorables."

-Oh oui, acquiesça-t-il, sincère.
Il s'approcha du berceau pour observer les jumeaux.
-Veux-tu que j'ouvre les volets ? Si je fais attention, ils ne devraient pas trop grincer, et tu y verrais mieux... Sans compter que davantage de fraîcheur entrerait dans la chambre.

" La lumière risque de tous nous réveiller demain..." murmura la rôdeuse.
Elle commença à se déshabiller.
" Mais oui, tu as raison... Ce sera mieux. La nuit promet d'être chaude."
Le temps qu'il s'exécute, elle s'était déjà glissée entre les couvertures et poussait un soupir d'aise.
" Quelle quiétude..."

Il avait craint que la jeune femme ne finisse par aborder le sujet des gardes, mais il semblait finalement que ce ne serait pas le cas. Et l'elfe s'en réjouissait : il n'avait pas envie de s'attarder sur de désagréables pensées, ce que sa compagne savait sans doute très bien. Non, il préférait de loin se concentrer sur le positif. Sur cette quiétude, effectivement, dont il souhaitait que Galathée profite à plein.
-Le crois-tu ? souffla-t-il après s'être changé et couché à son tour. Nous sommes de retour sur Helonna, à la ferme, Victor dort à deux pas, paisible... Personnellement, je pense que je ne le réaliserai que demain matin. Enfin, passé les premiers instants où je me croirai toujours en plein rêve.

" Pourtant, nous avons cessé de rêver depuis longtemps, déjà. Une fois en mer, le retour à la ferme était presque une formalité."
Elle se rassit et lui sourit sans le voir.
" Mais j'oublie que tu es un rêveur... Tu dois pourtant essayer d'accepter que c'est la réalité, cette fois..."
Elle étouffa un bâillement.
" Tu savais que Mathieu et Valaellyn seraient partis ?"

Il avait été tenté de répondre que même si son pessimisme chronique avait perdu du terrain, il préférait toujours ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Cependant, même si la rôdeuse n'avait pas changé de sujet, il se serait abstenu.
-Non, mais je craignais quelque chose du genre. Leurs relations s'étaient un peu compliquées, les derniers temps... J'avais espéré que cela finirait par s'arranger, mais je me suis manifestement trompé. Enfin, j'espère que l'un et l'autre reviendront nous voir, à l'occasion...
Il était sciemment resté vague sur les raisons de la rupture. Parler d'une elfe qui avait vécu des décennies aux côtés d'un humain et qui hésitait à se lier à un autre, cela ne lui semblait pas très indiqué.

Galathée ne posa pas davantage de questions, se contenant d'acquiescer, songeuse.
" J'imagine que Guillhem doit être soulagé de nous voir rentrer. Toute cette marmaille... c'est le bonheur et le désastre assurés."
Elle se blottit à nouveau sous les couvertures et l'attira vers elle.
" Essaie de ne pas te focaliser sur les choses difficiles, Taliesin. Je sais que ce n'est pas évident, mais... tu as l'oeil attiré par les tracas... Laisse-les. Tout le monde a l'air de dire que ce capitaine de Rivecendre est un homme bien. Il te laissera tranquille, j'en suis sûre."

Il ne répondit pas tout de suite, se contentant de l'enlacer, de puiser de la paix dans son contact apaisant.
-Je n'en doute pas non plus, finit-il par mmurmurer. Mais même si ce n'était pas le cas... Soyons objectifs : si les autorités luméniennes avaient décidé de me jeter en prison, cela n'aurait rien eu de scandaleux. Elles me font donc une faveur, et je n'ose imaginer son coût, en homme comme en argent... Bref, quelles que soient les consignes qu'on me donne, j'en rendrai mon parti.
Il sourit.
-Bien sûr, je ne pourrai m'empêcher d'être anxieux ou sombre par moments : il faudra du temps... et certains événements avant que ce genre de sentiments desserrent leur emprise. Mais il y a tant de belles choses à vivre dans l'immédiat, tant de raisons d'espérer pour l'avenir... Je ne vais pas laisser quelques désagréments mineurs gâcher la fête.

" C'est la bonne attitude, lui dit-elle. Nous survivrons à cet écueil. Nous sommes allés en enfer et nous sommes revenus. Deux fois, déjà. Nous sommes parés."
Elle se blottit contre lui et poussa un léger soupir.
" La journée de demain risque d'être riche en émotions... Je pense que Guillhem a besoin d'échanger sur la gestion de la ferme, de surcroît... Hum... Je pense que je vais... dormir, tiens... A mon avis... premier réveil dans deux heures... si tout va bien..."

-Tout ira bien : ils ne peuvent qu'être sensibles à la paix qui émane de ces lieux !
Il l'embrassa.
-Bonne nuit, mon amour, lui souffla-t-il.
Puis il soupira d'aise et se concentra sur sa présence pour mieux repousser ses angoisses.
A chaque jour suffit sa peine : il verrait bien, demain, à quelle sauce on le mangerait.
Ce soir... La quiétude.
Juste la quiétude.
Il la trouva plus facilement qu'il ne l'aurait cru et ne tarda guère à sombrer.

La quiétude ne dura pas car les bébés se mirent à pleurer et la nuit fut particulièrement agitée, bien que Taliesin ne parvienne pas, au petit matin, à en avoir une image très structurée. Il y avait eu des cris, du pipi, plusieurs fois, dans des ordres divers. Mathilde était venue pour voir si elle devait donner un coup de main mais Galathée l'avait renvoyée au lit avec mille excuses pour le boucan. Au petit matin, le moins qu'on puisse dire, c'est que ni Galathée, ni lui n'étaient reposés. Tristan et Héloïse, par contre, dormaient comme des bienheureux. Malgré le soleil éclatant et le bruit dans les couloirs, la rôdeuse refusa de se lever.

Il fut bien tenté de l'imiter, en prit même le chemin mais, craignant que la chambre ne soit sous peu prise d'assaut par un certain petit bonhomme impatient de les voir, il finit par se lever et par s'habiller tant bien que mal.
-Tentée par un petit-déjeuner au lit ? s'enquit-il doucement. Sachant que je pourrais l'apporter d'ici un bon moment, pour ne pas te déranger si tu t'es rendormie...
A voir la mine de la jeune femme, c'était une hypothèse plus que probable.

" Tentée par... le silence, grommela la rôdeuse. Non... Laisse-moi dormir. Je viendrai déjeuner en bas, quand je le sens... Dis à Victor que je l'aime mais que s'il franchit cette porte, je le noie dans l'abreuvoir des vaches."
Elle rabattit son oreiller sur sa tête.
" Et sois magnanime, veux-tu... Referme ce fichu volet."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La ferme Desmoulins