La Couronne de Cuivre

Il la jaugea une seconde.
" Il faudra embaucher deux personnes de plus, au minimum. J'ai bien des noms à proposer. Mais ils ne travailleront pas gratuitement. Vous avez de quoi les payer ?"
Kalju poussa un bref soupir.
" Aucun d'entre nous ne roule sur l'or.
— Je peux payer." intervint Mathieu.
Le dénommé Dimitri fronça les sourcils avec une légère grimace.
" Il parait qu'il y a un gisement de lapis lazuli, près du chantier de fouilles. Si je peux en ramener, je saurai justifier le coût auprès de mon employeur."
Le mercenaire refit face à Kalju, auquel il avait l'air d'avoir attribué le rôle de chef de leur équipée.
" Qu'en dis-tu ?"
Le génasi se tourna vers Astrée.
" Je suppose que c'est notre meilleure option..."

Astrée acquiesça.
" Seuls, ce serait trop dangereux. Je sais bien que c'est une question de chance, qu'on peut ne pas tomber sur les trolls, mais on ne peut pas jouer nos vies sur un coup de chance... même pour les plus tymorans d'entre nous."
Elle jeta un coup d'oeil appuyé à Mathieu, poussa un bref soupir et finit par lui sourire.
" Merci en tout cas d'avoir proposé de payer une escorte."
Bien sûr, il y gagnait aussi. Elle pouvait même imaginer qu'il avait pu les lancer sur l'idée du chantier de fouilles pour pouvoir bénéficier de l'escorte au passage... Mais il leur fallait explorer cette piste, de toute façon.

" Pas de quoi." répondit le jeune marchand, l'air un peu ailleurs.
Kalju refit face au mercenaire.
" Dans ce cas... Nous sommes intéressés.
— Très bien. Je sais à qui demander. Nous pouvons viser un démarrage après-demain matin, si vous êtes ravitaillés. Je vous conseillerais de profiter des lieux pour chasser et pêcher : ce sera plus difficile une fois que nous serons dans la région à trolls. Et je veux voir tout le monde demain matin, devant la forge. Même les non-combattants doivent être équipés un minimum."
Il se tourna vers Mathieu.
" Ce qui risque de coûter également.
— Je me doute."

Astrée se demanda ce que le mercenaire entendait par "être équipés un minimum". Elle songeait que ce gisement devait être fort prometteur pour que Mathieu dépense ainsi sans compter l'argent de son temple.
" Rendez-vous devant la forge, dans ce cas. Et on s'occupera du ravitaillement ensuite."
Elle trouverait bien un peu de petit gibier, même s'il aurait été préférable de chasser en soirée. Bien sûr, ils pouvaient aussi se nourrir de baies magiques, mais cela n'enthousiasmerait certainement personne... et puis, tant qu'ils avaient Kimik pour porter les charges, autant en profiter.

" Très bien, dit le mercenaire. Je vous souhaite donc la bonne nuit."
C'était une manière très claire de leur signifier leur congé et Kalju, Félicie et Mathieu se levèrent, Eyri les imita, et ils se dirigèrent vers une autre table libre. Astrée pouvait les suivre... ou rester en arrière.

Astrée se leva elle aussi, puis hésita. Depuis le début de leur conversation, elle se demandait l'origine de la tension apparente entre Mathieu et le mercenaire, et comptait bien interroger le jeune marchand à ce sujet. Mais après tout... pourquoi ne pas en parler directement avec l'inconnu ? Elle n'avait rien à perdre, au pire elle se ferait rembarrer. Elle laissa ses compagnons s'éloigner vers une autre table, et demanda d'un ton discret.
" Pardonnez mon indiscrétion, mais... y a-t-il un problème avec Mathieu ?

Le mercenaire parut surpris de la question puis esquissa un sourire.
" Non. Pas réellement, dit-il. Pas de quoi compromettre votre projet, en tout cas."
Il poussa un bref soupir.
" C'est un être d'une curiosité déplacée, c'est tout. Mais je pense qu'il a compris qu'il ne servait à rien de me harceler. Ne vous inquiétez pas."

Astrée ne voulait pas se montrer elle aussi trop curieuse, aussi n'insista-t-elle pas. Si elle voulait vraiment en apprendre plus, elle questionnerait Mathieu lui-même... quand l'occasion se présenterait.
" Dans ce cas, je ne vous importune pas davantage. Bonne soirée !", conclut-elle avec un sourire amical.
Il ne lui restait plus qu'à rejoindre les autres. Il leur restait quelques points pratiques à régler pour l'organisation du lendemain.

Les autres avaient déjà commandé et Astrée dut arrêter la serveuse au passage pour en obtenir quelque chose. Félicie était plus silencieuse que d'ordinaire, Kalju pas plus bavard, Mathieu observait avec Astrée avec curiosité. Eyri, calé dans le fond de son siège, contre le mur, scrutait la salle avec sa méfiance coutumière.
" J'ai déjà essayé, ça ne sert à rien, dit Mathieu lorsque la druidesse les eut rejoints. Tu n'en tireras absolument rien."
Il bailla.
" Bon, mais je n'avais pas prévu de repartir sur la route si vite... Je devrais peut-être aller me coucher."

Astrée eut un sourire narquois.
" Je ne t'imaginais pas te coucher avec les poules, commenta-t-elle. Ça doit être la vieillesse qui s'annonce, méfie-toi...," ajouta-t-elle avec un clin d'oeil.
Puis sur une impulsion, elle ajouta.
" Je te raccompagne ? Je suis curieuse de savoir dans quel coin tu loges, dans ce drôle de hameau..."
Elle était surtout curieuse de lui poser des questions, et cela serait nettement plus compliqué en présence de leurs compagnons.
Et tant pis si Félicie s'imaginait n'importe quoi...

Félicie s'imagina certainement n'importe quoi car son sourire s'élargit, après quoi elle prit un air faussement dégagé. Kalju souhaita bonne nuit au marchand, non sans l'avoir remercié pour son aide, ce que Mathieu écarta d'un geste et d'un sourire. Eyri le fixa de ses yeux sombres, comme s'il allait lui bondir à la gorge, et parut encore plus tendu lorsque Mathieu le salua en elfique. Ensuite, il se dirigea vers la sortie, Astrée sur les talons. Au dehors, le ciel était désormais noir et parsemé d'un milliard d'étoiles.
" Je dors dans ce bâtiment-là, deuxième étage. Mais je ne risque rien dans cet endroit et je doute que tu aies soudain succombé à mes charmes : je sais que je ne suis pas ton genre. Alors vas-y, je t'écoute."

Astrée étouffa un petit rire. Non, il n'était pas son genre, malgré ce que pouvait imaginer Félicie.
Mais elle reprit très vite son sérieux.
" Je voulais surtout savoir comment tu te remettais de nos mésaventures. C'est pas gai, de se retrouver prisonnier d'une bande d'Ithillien, et je n'ai rien pu faire pour te sortir de là..."

" Ça va. Je n'ai pas été maltraité. De l'avantage d'être un humain, dans ces circonstances."
Il eut un léger haussement d'épaules.
" Je suis bon comédien, c'est ce qui m'a permis de m'en tirer sans heurts. Ils n'ont pas pensé que je pouvais être de mèche avec les elfes. Bon, ils m'auraient sans doute embarqué à Ithilion si je n'avais pas pris la poudre d'escampette, mais j'ai pu m'en sortir in extremis. Ça m'a l'air distant, déjà. Je n'étais pas mécontent de retrouver le plancher des vaches."

Astrée acquiesça.
" Je devine, oui. Mais j'ai du mal à comprendre où ils voulaient en venir. Ils cherchaient juste à étudier cette maladie, comme ça, sans se soucier des conséquences, et avec un total mépris des vies ? Apparemment, ce n'était même pas une maladie inconnue... enfin, pour les elfes. Ou bien... Tu crois qu'ils avaient d'autres projets plus complexes ?"

" Je n'en ai aucune idée. Les méchants qui déballent leurs plans au malheureux prisonnier qu'ils croient condamné, c'est seulement dans les mauvais romans."
Il eut un haussement d'épaules.
" Je ne pense pas que les autorités vont lâcher le morceau. Ils ont quand même réussi à attraper le capitaine du navire. Ils en tireront sûrement quelque chose. De mon côté, je suis juste satisfait de m'en être sorti vivant. Et je pense que nous avons quand même réussi à perturber leurs projets, quels qu'ils aient été."

" Oui, apparemment on les a au moins un peu perturbés, même si je ne vois pas trop comment... A part une escarmouche avec un petit groupe venu jusqu'au Martin-Pêcheur, il n'y a rien eu. "
Elle soupira.
" Je regrette de ne pas avoir pu être là jusqu'au bout... Comment as-tu réussi à t'échapper ? Et comment avez-vous fait pour capturer le capitaine ?"

" J'ai réussi à m'échapper assez simplement, parce qu'ils sont tous partis, et le navire était presque vide... J'ai eu un coup de chance, en fait : comme j'étais sage, docile et stupide, et que j'avais fait les yeux doux à une demoiselle en mal d'affection, je n'ai pas eu trop de mal à subtiliser la clé qui fermait la grille de ma fenêtre. Je vais te passer les détails, c'est graveleux, je ne suis pas certain que tu adorerais. Ensuite, pour le capitaine... Je n'en sais rien. Moi, je me suis fait la malle, j'ai rejoint le Martin Pêcheur, et pour le reste... Je pense qu'ils ont simplement abordé le bateau, et le capitaine le pilotait. La question c'est plutôt pourquoi les Ithiliens n'ont pas abandonné complètement leur rafiot... mais je n'en sais rien."

" Moi je me demandais plutôt pourquoi ils l'ont abandonné. Ils auraient aussi pu tenter de liquider tous les témoins et repartir tranquillement. Remarque, la fuite était peut-être plus simple... Mais tu as raison, c'est assez incompréhensible que le capitaine soit resté. Il ne s'attendait peut-être pas à être intercepté, et ils avaient peut-être du matériel auquel ils tenaient. Je ne sais pas..."
Elle haussa les épaules.
" En tout cas, je suis heureuse que Garahel s'en soit sorti. C'est une chance qu'ils l'aient justement choisi, lui, pour rejoindre notre barge. Mais je suis sincèrement désolée pour les autres. En particulier Nieven. Je suppose que tu n'as jamais pu les voir... mais ça devait être rude d'être enfermé juste au-dessus d'eux."

" Non, je ne les ai pas vus. Je ne suis pas sûr qu'il y avait encore des survivants quand j'ai été pris, je dois dire. J'ai essayé d'obtenir des informations mais... ça n'avait pas vraiment de sens, compte tenu de ce que j'avais raconté comme bobards. Au début, ils étaient assez détendus, puis ils ont été plus stressés... Je pense qu'ils n'étaient pas sûrs d'avoir le dessus sur vous. Là, il reste... nos impressions, une légende presque... et aucune preuve tangible, sinon un grand bateau vide et un homme qui nie, probablement..."
Il secoua la tête.
" Je crois que fuir c'était plus propre. De ce que j'ai compris, vous en avez quand même tué un... Ce n'est pas complètement anodin, de tuer quelqu'un. Enfin. Pour moi, en tout cas, ce n'est pas anodin."

" Pour moi non plus. Mais... c'était un peu de la légitime défense... Enfin, je pense. Bien sûr, je n'ai pas de certitude sur ce qu'ils venaient faire sur le Martin-Pêcheur, mais quand ils sont arrivés, il n'y avait plus que les malades à bord avec Jill. Ils avaient sûrement guetté le départ des hommes valides avant de venir nous aborder. Et les malades étaient totalement sans défense face à quatre individus a priori animés de mauvaises intentions. Alors j'ai demandé de l'aide à un Esprit Ancien de la Lorien... mais je suppose que Palen t'a raconté. Et ce n'est pas le genre de créature qu'on maîtrise. C'était déjà une chance qu'il n'ait tué qu'une personne... et aucun des nôtres."
Elle soupira.
" Je ne saurai jamais si cette mort était indispensable, puisqu'ils n'ont pas voulu me dire ce qu'ils nous voulaient. Mais vu leur mépris pour la vie des elfes, je craignais le pire. Je n'avais pas d'autre solution."

" Vu le nombre d'elfes qui y sont restés, je pense que tu peux remiser tes scrupules. Ce n'étaient sûrement pas de braves gens inoffensifs. Mais voilà, je pense que cette escarmouche... n'a pas été aussi anodine que ça."
Il eut un sourire.
" C'est possible que ce soit l'Esprit qui les ait effrayés, plus que vous. Après tout, ils s'en sont pris aux elfes et la Lorien s'est révoltée. Je suppose que pour des mystiques comme les Ithiliens, aussi tordus soient-ils, c'est un symbole important. Tout ce qui compte, c'est qu'ils aient déguerpi. A présent, même si les preuves contre eux sont ténues, je pense que les autorités sont sur leurs gardes."
Il étouffa un bâillement.
" Si tu n'as pas d'autres questions..."

Il était possible que l'esprit les ait fait fuir les Ithilliens... même si, sur le bateau, ils avaient prétendu ne pas en avoir peur et avoir les moyens de le contenir. L'essentiel était qu'ils aient fui, peu importait la raison.
" Non, non. Je vais te laisser dormir... Ah, si, quand même, une dernière question."
Elle mit ses mains sur ses hanches avec un air faussement sévère démenti par un léger sourire.
" Qu'as-tu fait à ce pauvre mercenaire pour qu'il te voie arriver avec une telle expression d'horreur ?!!"

" Rien. J'ai essayé de lui tirer les vers du nez. C'est un hasard. Quand je suis arrivé, je ne connaissais personne, et je dois avouer que les caravaniers ne m'avaient pas fait une impression transcendante. Alors j'ai repéré un type tout seul, je me suis installé, et j'ai fait conversation, je pense que tu peux imaginer."
Il esquissa une grimace.
" Je me suis fait rembarrer. Je déteste me faire rembarrer. Je n'en ai pas pensé grand chose, au départ, mais je me suis renseigné, du coup, sur ce rustre... et personne ne sait rien de précis, sauf des rumeurs et des légendes... Ce qui a encore plus aiguisé ma curiosité. Donc chaque fois que j'en ai eu l'occasion... Je me suis incrusté. Toute subtilité m'a déserté. Je me suis rendu insupportable, dans l'espoir qu'il me donnerait des bribes d'information, juste pour se débarrasser de moi... mais ça n'a pas marché. A présent... C'est presque un défi..."
Une petite lueur s'alluma dans son regard, alors que son sourire se faisait malicieux.
" Mais curieuse comme tu es, toi aussi, tu pourrais être mon acolyte... ou alors mieux, faisons-en un concours ! Celui qui parvient à en tirer quelque chose de consistant gagne quelque chose..."

Astrée se mit à rire, une lueur de curiosité amusée dans le regard. Effectivement, l'inconnu était intriguant.
" Hum... et on gagnerait quoi ? Qu'est-ce que tu mettrais en jeu ?"
Puis elle secoua la tête et reprit d'un ton plus raisonnable.
" Heu, non, je retire ce que je viens de dire... Je sais que tu adores ce genre de compétition, mais ça va t'encourager à l'importuner, et ce n'est pas du tout une bonne idée : on a besoin de lui ! Et puis de toute façon, si toi, tu n'as pas réussi à apprendre quoi que ce soit, moi je n'ai aucune chance ! Tu es bien plus doué que moi à ce genre de chose. D'ailleurs je suis certaine que tu as soutiré bien plus de choses à ces Ithilliens que tu ne m'as raconté..."

" Tu m'accordes beaucoup de crédit. En l'occurrence, c'est moi qui ai été interrogé à de multiples reprises et qui à qui on a soutiré des tas d'informations, parfois de manière peu agréable. Je n'étais pas vraiment en position de poser beaucoup de questions et je dois t'avouer, de plus, que je n'avais qu'un seul objectif : m'en tirer vivant. Et j'ai fait ce qu'il fallait pour. Au-delà de ça, ma foi... Il ne faut pas trop en demander."
Il parut songeur.
" Bon, mais si tu ne veux pas relever mon défi, il faudra que je persévère seul... Mmm... Peut-être que Félicie sera intéressée !"

Astrée secoua la tête avec un sourire.
" Misère... tu es incorrigible !"
Félicie était bien capable de rentrer dans son jeu, elle.
" Écoute, promets-moi juste de ne pas trop l'importuner. Je sais que tu brûles de curiosité, et moi aussi je suis curieuse... mais on n'a pas besoin de tensions sur un trajet si dangereux. Je ne sais pas ce que tu as pu entendre comme racontars pour avoir tant envie d'en savoir plus...."
Sa propre curiosité était indéniablement éveillée, mais elle était résolue à ne pas harceler l'inconnu. Ou le moins possible en tout cas.

" Je plaisante. Je suis en train de me dire que... ce n'était pas une si bonne idée. Des trolls, misère, j'espère qu'il est à la hauteur de sa réputation, je te jure. Alors je vais éviter de l'importuner, et plutôt deux fois qu'une. Je me ferai petit, serviable et vigilant. Des trolls. Brrrr..."
Il frémit et poussa un soupir.
" Une fois que nous serons à bon port, ce sera autre chose. Mais je te promets que sur la route... Je ne ferai rien qui pourrait compromettre notre sécurité."

Astrée leva les yeux au ciel. Une fois à destination... ben voyons...
" Je te rappelles qu'il y a aussi un trajet retour, à moins que tu ne comptes rester là-bas..."
Elle haussa les épaules.
" Enfin... je suppose que de toute façon, on pourra redescendre avec les gens du chantier de fouilles, si tu as la patience d'attendre un peu. Mais j'espère plutôt que d'ici là, tu auras renoncé à l'importuner."
Elle sourit.
" Mais je vais te laisser dormir, va..."

" Importuner, importuner, comme si tu n'étais pas du genre à poser mille questions, toi ! Enfin... surtout aux elfes, à bien y réfléchir. Mais si tu veux, je te servirai d'interprète !" s'exclama Mathieu en riant.
Il s'étira et bailla à nouveau.
" Enfin. Nous en reparlerons. Je vais me coucher. Bonne nuit à toi."
Et sur ces entrefaites, il se détourna pour se diriger, puis rentrer, dans le bâtiment où il dormait.

Astrée s'en retourna vers la taverne, un peu songeuse, leur discussion toujours à l'esprit. Il y avait toujours autant de "trous" dans le récit, autant d'incompréhension sur ce qui avait amené les Ithilliens à fuir. Ils ne lui avaient pas paru si impressionnés que ça par Ceru, et elle ignorait toujours pourquoi ils étaient venus jusqu'au Martin-Pêcheur. Peut-être l'esprit avait-il agi de son propre chef, tandis qu'elle remontait péniblement à pied vers la barge, en les attaquant à nouveau. Cela expliquerait leur fuite. C'était difficile à savoir...
Elle se rappela soudain un détail : Mathieu avait dit que la barge était vide. Avaient-ils jeté les corps à l'eau, exactement comme elle l'avait vu dans son cauchemar? Si tel était le cas, ils seraient passé tout près du Martin-Pêcheur... peut-être à un moment où il n'y avait personne sur le pont ?
Elle ne le saurait vraisemblablement jamais. Elle s'efforça de chasser ces interrogations de son esprit. C'était trop tard, et elle devait se concentrer sur sa mission en montagne, désormais. Elle poussa la porte de la taverne en se composant une expression plus sereine.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Les Rocheuses du Dragon