La Couronne de Cuivre

Maelys posa brièvement sa main sur l'épaule d'Eli.

"Faites attention à vous.
- Même recommandation pour vous."

Elle avait eu un regard inquiet en direction des trois paladins et avait suivi Brus sans rien ajouter. Le couloir était semblable à celui qu'ils avaient emprunté pour arriver dans la caverne à ceci près que l'odeur de pourriture était désormais derrière eux. Pas de loviates en prière. Ils trouvèrent en revanche quelques paillasses dans un renfoncement. Comme si ceux qui vénéraient la déesse sadique venaient prier leur déesse et perpétrer leurs sacrifices obscènes, mais ne s'attardaient pas.

Ils trouvèrent même, beaucoup plus loin que la salle des sacrifices le cadavre d'un homme vêtu des oripaux de la déesse folle. Il gisait à même le sol, les yeux exorbités, le visage portant les stigmates d'une terreur extrême. Peut-être s'était-il aventuré trop loin dans les couloirs.

A mesure qu'ils avançaient, les deux roublards se sentirent en proie à un immense désespoir et une angoisse grandissante. Ils débouchèrent soudain sur une autre caverne. Abyme d'obscurité très peu éclairé mis à part une simple chandelle brillant au loin. Ils distinguèrent une silhouette assise semblant tenir un livre.

Avant qu'ils ne parviennent au seuil de la nouvelle caverne, Brus n'avait pas jugé utile de signaler à l'autre groupe ce sur quoi ils étaient tombés. Mais cette fois le roublard se retourna vers Maelys et lui chuchota :

"On dirait qu'on a trouvé notre homme! Vous prévenez les autres? Qu'ils essayent de n'pas faire trop de bruit en arrivant... Je vais rester ici..."

Brus regarda de nouveau la caverne, presque insondable. Seule la faible lueur de la bougie perçait les ténèbres et permettait de distinguer la silhouette mystérieuse de l'homme penché sur son grimoire. Qu'allaient-ils faire maintenant? L'attaqueraient-ils comme ils avaient surpris les Loviates? Ou les paladins seraient-ils toujours d'avis d'entamer leur rencontre par le dialogue? Brus ne savait pourquoi, mais il avait lui-même l'impression qu'il aurait préféré que cette rencontre n'eût jamais lieu.

Maelys avait hoché la tête en silence et était revenue sans faire le moindre bruit. Elle avait retrouvé facilement le reste du groupe.

"Apparemment, nous avons trouvé la personne que vous cherchez. Il est tout seul avec un livre. Du moins, tout seul, je ne m'y fierais pas. ça a l'air trop facile."

Elle jeta un œil à Luna qui avait de nouveau empoigné son arbalète.

"Peut-être qu'on devrait la surveiller un peu.", ajouta-t-elle.

Arthur se tourna vers la jeune barde.
" Luna... Je comprends que vous soyez impatiente mais... ce n'est pas le moment de vous laisser submerger par vos émotions..."
Il eut un sourire embarrassé, conscient que c'était plus facile à dire qu'à faire.
" Ecoutez..."
Il ne savait pas très bien quoi, à dire vrai. Leur compagne apparaissait à la fois comme leur meilleur atout et leur plus grand risque. Il chercha une réponse, ou un peu de soutien, dans les yeux de Chandara.
" Don, je vais vous laisser ici. Nous allons nous approcher et tenter... de parlementer ? Mais sans révéler l'étendue de nos forces. Il faudrait que... que l'un d'entre nous... et ce sera moi, avance à découvert. J'aurai l'épée de la pyramide, il ne pourra rien m'arriver."
Enfin, si cette épée avait un quelconque pouvoir et un quelconque rapport avec le bouquin démoniaque.
" Vous tous, resterez dissimulés, prêts à intervenir dans un sens ou un autre, en fonction de ce que je réussis à en tirer ? Peut-être avec vous, Luna ?"

Chandara avait hoché la tête aux premiers mots d'Arthur qui concernaient Luna. L'impétueuse barde était sa plus grande source d'inquiétude mais elle était certaine que le luménien saurait la tempérer de son ton calme et raisonnable. Elle lui adressa même un sourire d'encouragement quand elle sentit le paladin rechercher son approbation mais son expression se figea bien vite quand Arthur dévoila la teneur de son plan. Bien sûr il ne l'avait pas dit mais elle savait tout de même lire entre les lignes le langage de paladin !

- Il est hors de question que vous preniez seul tous les risques ! Je refuse de vous laisser sans quelqu'un pour veiller sur vous. Si jamais... Il vous arrivez malheur... Non ! Je viens avec vous !

Le ton était sans appel, déterminé, d'autant plus qu'elle savait s'exposer à un nouveau refus poli.

" Mais... vous ne serez pas loin... C'est juste que si nous dévoilons toutes nos cartes... sans connaître les intentions du nécromant... et sans connaître l'étendue de son pouvoir... Ça me parait tout simplement suicidaire. Mais s'il croit que nous sommes juste deux, Luna e moi, peut-être sera-t-il moins... moins je ne sais pas quoi..."
Il grimaça. Tout ça était très flou.
" J'aurai l'épée. Je ne serai pas en réel danger. Et si vous êtes invisible, et bien... Vous ne serez pas en danger non plus. Si nous surgissons tous les six en même temps... Il pourrait paniquer... ou prendre notre mesure immédiatement. Nous ne savons vraiment rien de lui. Or nous devons en apprendre davantage. Que proposez-vous ?"

Luna hocha la tête.

"De toute façon, il ne nous fera pas de mal, non ? C'est mon frère. Il va me reconnaître. On ne sera pas obligés de le tuer, dites ? Peut-être qu'il va simplement discuter avec nous. Il n'est pas méchant, juste perdu tout seul."

Elle commençait à bouger nerveusement, la main toujours posée sur son arbalète.

"Nous ne sommes pas là pour lui faire du mal."

Arthur avait le don de savoir s'y prendre pour désamorcer les arguments que pourrait lui opposer Chandara avant même d'y avoir songé mais elle n'entendait pas rendre les armes aussi facilement. Elle n'hésita pas un instant à planter son regard dans celui du jeune homme, espérant montrer sa fierté sans toutefois parvenir à éviter de manifester de la tendresse alors qu'elle répondait d'un ton volontaire :

- Vous êtes notre meilleur atout. C'est donc vous qu'il convient de cacher jusqu'à ce que nous en sachions davantage. Je propose donc d'accompagner Luna moi-même. Mais peut-être estimez-vous que je ne serai pas une habile négociatrice ? Ou que je risquerais de faire échouer une tentative de conciliation ?

Il y avait quelque-chose de dangereux dans son expression à présent : comme une crainte que le paladin ne confirme ses soupçons. Ne la juge indigne ou incompétente.

" Mais bien sûr que non ! Je suis certain que vous ferez ça très bien ! Et puis... qui pourrait vous dire non ?"
Il sourit, rougissant subitement.
" Très bien. Vous avez raison. Vous ferez certainement une plus habile négociatrice que moi, je suis obligé d'en convenir. Mais... peut-être serait-il plus prudent que vous preniez l'épée, dans ce cas ? C'est une arme magique... En général, elles sont plus faciles à manier que les autres. Et même si vous êtes très habile avec votre marteau, je suis certain que vous serez tout aussi formidable avec celle-ci... Vous avez déjà fière allure."

La paladine se mit à rougir furieusement en entendant les compliments qu'Arthur lui adressait. Certes, peut-être cherchait-il habilement à l'amadouer pour l'amener plus facilement à ses positions sur la stratégie à adopter mais la jeune-femme était à des lieues de voir les choses sous cette angle et n'en aurait eu cure si elle avait pu s'en douter de toutes façons. Elle s'approcha lentement de lui avant de poser la poignée de l'épée dans sa main et de se dresser sur la pointe des pieds pour glisser à son oreille d'un ton langoureux :

- Non mon cher, elle vous revient : je vous l'ai confiée, souvenez-vous ! Tout comme mon cœur. Et j'aspire à vous donner bien plus encore alors soyez prudent et veillez sur mes arrières. J'ai confiance en vous !

Et, sur un petit sourire qui avait quelque-chose de victorieux, elle se détacha de lui et se tourna vers la jeune barde, l'invitant à l'accompagner.

Arthur sentit quelque chose s'agiter dans son ventre, puis un brusque frisson l'ébranla de la taille à la nuque, et il papillonna des yeux.
" Heu... Très bien... Et bien... Allons-y, dans ce cas..."
Pourquoi les dieux avaient-ils doté les femmes de tels pouvoirs ? Pourquoi ?! Où était la justice cosmique, là-dedans ?!
" Heu... Don... A plus tard... Ne faites rien d'inconsidéré..."
Il referma les doigts sur le manche de l'épée et la soupesa, histoire de la prendre bien en main.
" Luna, restez calme. Tout va bien se passer. Dame Eli... et Dame Maelys... et moi-même... et Brus si nous le retrouvons... couvrirons vos arrières."
Il prit une profonde inspiration. Il se serait bien passé de ce genre de bouleversements impromptus alors qu'ils traquaient le Mal dans les entrailles d'un moulin. Mais en même temps, il était agréable de ressentir ces émotions... surtout s'ils devaient trépasser dans l'heure, bouffés par des momies, goules, zombies.

L'épée avait l'air légère et bien équilibrée. La lame que l'on aurait pu croire émoussée par les ans avait l'air dangereusement tranchante. Luna eut un petit rire.

"Vous me rappelez une plaisanterie sur les paladins. C'est une dame qui fréquente justement un paladin. Chaque fois, elle se vente en disant combien son ami est galant, combien il est gentil et poli. Comme il la fait passer toujours devant elle. Comme un paladin, quoi. Et un jour, elle et lui se font attraper par un ogre qui leur demande lequel il va manger le premier. Et le paladin la pousse devant lui en disant : "Après vous."

Elle eut un petit rire nerveux. Maelys leva les yeux au ciel exaspérée.

"Bon, on y va. J'ai hâte de voir mon frère"

Chandara esquissa un sourire. Non pas que la plaisanterie ait été bonne mais elle se doutait bien que Luna cherchait à se détourner de son angoisse par ses facéties incessantes. Tout en progressant vers leur objectif, elle se mit donc en devoir de répondre du même ton plaisantin :


- Luna, vous me rappelez Bifur et ses blagues douteuses. Une fois que l’on acceptait de se mettre à son niveau, cela donnait des conversations tout à fait édifiantes. Comme la fois où il a tenté de me faire rire d’une plaisanterie à base de pioches et de haches. Je dois avouer ne toujours pas l’avoir comprise. Je vous la raconterai tout à l’heure quand nous aurons sauvé votre frère pour que vous me l’expliquiez.


Evidemment, elle affichait une assurance qu’elle était loin de ressentir mais il lui paraissait surtout important de convaincre Luna que tout allait se passer pour le mieux. En espérant qu’elle serait trop heureuse de ses retrouvailles pour oublier cette histoire de blague à raconter si tout se passait pour le mieux.

Hrp : je suis désolée pour la blague. Elle est pas terrible et se prêtait pas super au contexte. C'est la seule que j'avais trouvée pour le moment.

Luna hocha la tête.

"Je suis sûre que je vous bats en concours de blague. Et pareil en concours de bières. Allons-y maintenant."

Elles effectuèrent sans encombre le chemin parcouru quelques minutes plus tôt par Brus et Maelys. Le jeune homme assis devant son livre n'avait pas changé de position. Il semblait captivé par sa lecture. La lumière de la chandelle éclairait son visage pâle et marqué par la faim et les nuits de veille. Il ne semblait pas avoir remarqué leur présence.

"Parlez lui en premier, chuchota Luna, je ne vais pas y arriver sinon."

La paladine se rendit soudainement compte avec effroi qu'elle n'avait pas la plus petite idée de comment aborder l'inconnu. Elle aurait dû préparer ses pensées et ses arguments évidemment mais son esprit avait rejeté l'idée en songeant qu'un de ses compagnons plus compétent se chargerait des négociations... Et il avait fallu que ce soit Arthur qui se propose évidemment. Arthur qu'elle avait cherché à protéger. En oubliant la plus élémentaire des précautions. Ah quelle négociatrice hors pair elle était ! Alors, prise d'une inspiration qu'elle regretta aussitôt qu'elle eut formé les mots, elle parla d'un ton doux et courtois :

- Vous devriez manger un morceau, ser. Et vous reposer aussi : vous n'avez vraiment pas bonne mine.

Miséricorde quelle calamité !

Après avoir envoyé Maelys prévenir les autres, Brus avait un peu regretté de devoir se retrouver tout seul dans l'obscurité. C'était une situation qui lui était familière, et pourtant, outre les Loviates morts et les monceaux de cadavres, quelque chose, dans l'air, exacerbait sa conscience du danger, le rendait nerveux. Aussi l'attente fut-elle d'autant plus longue. Brus s'accroupit tout en se demandant ce que les autres pouvaient bien fabriquer, depuis le temps que Maelys était partie. Quant au nécromant, il était on ne peut plus absorbé par sa lecture. Mais ça, s'était jusqu'à ce que le reste du groupe débarque et que Chandara, en compagnie de Luna, ne s'avance vers lui pour lui adresser une remarque sa tronche cadavérique. Les autres, en revanche, semblaient rester en retrait, et Brus nota l'absence de Don, qui avait sans doute dû être déposé un peu avant, comme convenu. C'était donc ça le plan. Le roublard fixa le nécromant, dans l'attente de sa réaction.

Brus -> se cacher dans l'ombre

[hrp : moi j'ai beaucoup aimé la blague ]

Hélios releva brusquement la tête, totalement surpris et l'espace d'un instant, il eut simplement l'air d'un jeune homme à peine plus âgé que Luna. Il regarda sa sœur puis Chandara. A cette distance, il était difficile d'en juger mais il sembla à la paladine qu'il esquissait un sourire.

"Que faites vous ici ?"

Il ne leur laissa pas le temps de répondre qu'il pinça soudainement les lèvres et ses traits formèrent soudain une odieuse grimace. Sa voix changea aussi. De presque douce, elle s'était faite cassante, incisive.

"Tu le sais très bien. Elles veulent te voler ton livre. Elles veulent s'emparer de ta puissance. Et nous ne voulons pas ça."

Il regarda de nouveau les deux femmes, ne sembla pas remarquer la présence de Brus, ni celle des autres restés en retrait. Son visage retrouva son expression calme.

"Voulez-vous vraiment cela ?"

Savoir qu’il restait une part du frère de Luna regonfla le moral de la paladine qui esquissa un sourire dont elle avait le secret. Cependant, Helios – ou plus exactement la chose qui possédait son esprit - coupa bien vite ce bel élan d’espoir : la lutte allait s’avérer rude et Chandara pressentait que la réussite de leur mission allait en dépendre. Elle se sentait en effet incapable de récupérer le livre par la force alors qu’une chance leur était donnée de ramener Helios en vie. Qu’importe que ce bouquin maléfique présente une menace. Qu’importe que son devoir lui dicte de l’éliminer coûte que coûte pour libérer le monde de son emprise maléfique. La jeune femme avait bien trop de compassion pour vouloir se contenter de cet objectif, pour accepter de vivre avec un échec. En cela comme sur la base de tant d’autres critères, elle ne faisait pas une « bonne helmite ». Comme il ne lui était pas possible de mentir même pour cette juste cause, elle répondit du ton le plus doux et le plus conciliant qu’elle put :


- Ce que nous voulons est porter assistance à un jeune-homme plein de vie qui a encore tant de choses à vivre ainsi qu’une sœur qui l’aime. Mais pour cela, nous avons besoin de votre aide, Helios. Aidez-nous à vous aider, s'il vous plait.

Hélios baissa la tête et resta muet durant quelques instants. Au même moment, le groupe resté en arrière eut l'impression étrange que quelqu'un passait à coté d'eux. Une présence sinistre qui les angoissa et leur fit ressentir un abattement soudain. Comme si tout espoir était vain et que ce qu'ils allaient entreprendre était perdu d'avance. Mais l'effet ne dura pas.

Le jeune homme releva brusquement la tête. Il grimaçait à présent, montrant presque les crocs.

"Elles ne sont pas seules. D'autres sont tout près. Ils veulent nous prendre le livre."

Il secoua la tête, et reprit un visage normal. S'affaissa durant quelques secondes comme s'il menait un combat harassant.

"C'est vrai ? Vous n'êtes pas seules. Il faut que vous fuyiez. Ou que vous me tuiez. Je ne vais pas arriver à le retenir longtemps."

Chandara avait senti la vague d'abattement la frapper de plein fouet mais elle avait fait appel à toutes ses ressources morales pour ne pas se laisser abattre, songer aux luttes récentes qu'elle était parvenue à surmonter avec l'aide d'Arthur. Elle chercha à se concentrer avant tout sur la réaction d'Helios et le combat intérieur qu'il menait sans doute pour garder le contrôle. Qu'un esprit maléfique tente ainsi de profiter de sa faiblesse passagère dictée par le chagrin pour sa mère défunte la scandalisa une nouvelle fois alors qu'elle était témoin d'une partie de ses effets. Elle prit douloureusement conscience de ne pas pouvoir vraiment l'aider dans ce combat, si ce n'est par des encouragements qu'elle avait peine à rendre vraiment crédibles :

- Mes amis et moi sommes là pour vous aider. Vous ne serez pas seul pour mener cette lutte. Tenez bon : cet esprit n'est rien sans vous mais ce n'est pas une raison de vous tuer. Nous n'agirons pas ainsi.

Elle n'était pas certaine elle-même de dispenser les bons conseils et chercha discrètement le soutien de Luna. L'épreuve devait être terrible à supporter pour elle aussi. Mais elle était la clé qui pouvait redonner de la force pour lutter à son frère. Bien davantage qu'elle ne pouvait elle-même lui en communiquer.

Luna sortit enfin de sa torpeur. Elle s'avança vers Hélios.

"Tu ne vas pas nous tuer. Tu es mon frère. Tu m'as toujours protégée. C'est le livre qui te rend ainsi, tu l'as écrit. Tu dois nous le donner et tout redeviendra comme avant. Allez, s'il te plaît."

Hélios commença à hocher la tête, l'air déterminé. Mais au moment où il commençait à se pencher sur le livre il fut pris d'un soubresaut et se redressa.

"Tu es faible et dupe, dit-il d'une voix stridente, tu te laisses avilir ... Et tu ne me laisses pas le choix."

Soudain, la tête d'Hélios fit un tour sur elle-même en un craquement sinistre. Une impression de parfaite incrédulité apparut sur le visage du jeune homme puis ses yeux se firent vitreux et il commença à s'affaisser sur le sol. Quelques secondes plus tard, il se redressa. Les gestes saccadés, les yeux hagards, la bouche grande ouverte affichant soudain la surprise. Pantin désarticulé entre les mains d'un marionnettiste fou. Luna hurla. La chose qui avait été Hélios prononça quelques mots.

Le loviate au crâne défoncé affalé dans la galerie commença à bouger un pied dans le but manifeste de se redresser.

Chandara était à nouveau plongée dans une indécision qui ne lui ressemblait guère. D'un côté elle avait vu que Brus faisait face à une menace. De l'autre, la source du danger et son compagnon qui luttait en première ligne contre les forces combinées du mal. A ses côtés, Luna qui ne s'était manifestement pas remise du choc consécutif au revirement de son frère. Que ce furent les paroles de Don, la peur de voir Arthur attaqué à revers ou la volonté de préserver la pauvre barde avec qui elle avait connu des débuts houleux mais qu'elle avait fini par apprécier. Que ce fut un de ces éléments ou tous en même temps, Chandara se mit enfin en mouvement :

- Luna, allez aider Brus, immédiatement !

Et elle se précipita elle-même, sans hésiter, vers la chose qui avait été Helios. Elle chargea avec la volonté de le percuter pour qu'il laisse passer Arthur, ne cherche pas à l'atteindre. Peut-être parviendrait-elle à l'assommer en le frappant de son poing. Sinon il faudrait songer à le mettre hors de combat en usant de sa technique habituelle de frapper aux genoux à l'aide de son marteau.