[Habitation] Le clos des roses

[Chandara]

Chandara lui adressa un nouveau sourire doux et bienveillant mais la barde pouvait lire la fatigue sur son visage malgré tout et malgré la légèreté de son ton :

- Allons, tu es une grande fille ! Et ce n'était qu'une petite coupure au final. Rien à voir avec les épouvantails qui nous faisaient peur autrefois !

Mais peut-être le sens de la réplique d'Amélie incluait sa brouille avec Léonard ou même la solitude qu'elle devait éprouver dans cette grande maison un peu vide... Elle se garda toutefois d'aborder aussi frontalement des sujets aussi sensibles...

[Althéa]

Amélie répondit immédiatement au sourire et répondit avec une tendresse certaine.

"Tu as raison ... Et tu as l'air d'être sur le point de t'écrouler de fatigue. Je vais aller préparer ta chambre. Peut-être qu'une bouillotte dans le lit ne fera pas de mal. Il fait tout le temps humide ici. De quoi attraper un bon rhume."

Le plat une fois réchauffé, elle servit deux généreuses assiettes et s'assit en face de Chandara. Le ragoût d'aubergine façon luménienne était délicieux, fondant à souhait et assaisonné avec goût. Visiblement, l'auteure des plats maîtrisait les arcanes délicats de la cuisine.

[Chandara]

Chandara ne manqua pas d’en faire la remarque : ce plat tout simple était un pur délice, même en ne tenant pas compte des mois de privations qu’elle avait subis lors de la guerre. Elle n’en laissa pas une miette au fond de son assiette. Au détour de leur conversation, l’ancienne paladine baissa subitement les yeux comme si elle comptait aborder un sujet un peu gênant. Sa voix un peu timide confirma d’ailleurs cette impression :

- Je me demandais si tu connaitrais quelqu’un en ville qui saurait bien dessiner…

Sa demande étant inhabituelle et pour anticiper la question que ne manquerait pas de lui poser Amélie, elle ajouta précipitamment :

- Parce que j’aimerais écrire à Arthur et… lui envoyer un portrait de moi. Pour ne pas qu’il m’oublie, tu comprends ?

[Althéa]

Amélie qui tout comme Chandara avait fini son assiette répondit presque aussitôt.

"Il paraît que je ne me débrouille pas trop mal avec un fusain en main, à force d'élaborer les vitraux ... Donc si tu as besoin d'un portrait je veux bien le faire pour toi."

Elle marqua une légère pause. Peut-être pour laisser le temps à sa convive de prendre note de l'information.

"Tiens ... Et si tu en es satisfaite, me laisseras-tu en faire une copie ? Si jamais j'ai besoin d'un modèle pour un vitrail. Il m'arrive parfois de représenter nos dieux. Toi, tu pourrais aisément figurer ..."

Elle eut un petit sourire mutin.

"Non, tu ne veux pas savoir."

[Chandara]

Chandara était réellement ravie de ce coup de chance : Amélie allait pouvoir la dessiner et semblait même ravie de le faire ce qui éviterait d'avoir à chercher un artiste en ville. Elle se sentait en outre soulagée et beaucoup plus libre de poser à sa guise sous le regard de son amie qu'avec un inconnu. Elle répondit avec enthousiasme :

- Allez dis-moi ce que tu comptes en faire ! Et aussi, j'aurais besoin de conseils : qu'est-ce que je dois porter à ton avis ?

Elle avait rosi légèrement comme différentes hypothèses plus ou moins farfelues lui passaient par l'esprit.

[Althéa]

Amélie répondit le plus sérieusement du monde.

"Le mieux serait que tu poses entièrement nue avec un pot de fleur sur la tête."

Mais saisie d'un fou rire irrépressible, elle ne put aller plus loin dans sa plaisanterie.

"Je pense qu'avec une robe, cela serait très bien. Peut-être que tu pourrais poser au milieu des roses. On pourrait s'y mettre demain. La lumière matinale est très agréable quand il ne pleut pas. Et pour la déesse que tu pourrais incarner ... Je te verrais bien en Sunie."

[Chandara]

La jeune femme était devenu aussitôt écarlate rien qu'à l'idée de poser nue. Amélie était décidément incorrigible ! Mais elle plaisantait bien évidemment... Et elle devait encore le faire avec sa seconde proposition. Elle en Sunie ! C'était... C'était presqu'une sorte de blasphème : elle n'en était certainement pas digne. Elle n'était rien qu'une humaine, pas une déesse. C'est avec un réel manque d'assurance qu'elle répondit :

- Je ne voudrais pas que tu aies à tricher ou quoique ce soit : j'aimerais que le dessin que j'enverrai à Arthur soit réaliste, que ce soit moi qu'il représente. Mais je suis d'accord pour les roses : c'est une bonne idée. Et tu pourras toujours modifier ton esquisse pour le vitrail si tu tiens à représenter Sunie...

[Althéa]

Amélie secoua la tête.

"Si je dois modifier quelque chose, ce ne sera pas vraiment ton portrait. Il faut qu'Arthur puisse te reconnaître sinon, il ne servira à rien. Mais laisse moi te dire que tu es un magnifique modèle. Si j'avais des cheveux roux comme les tiens et puis tes yeux verts je serais bien contente. Et puis toi, au moins tu as des courbes là où il faut alors que moi ..."

Elle eut un soupir théâtral avant de sourire.

"Et tu sais, même sans portrait, il n'est pas possible que l'on t'oublie."

[Chandara]

Décidément, Amélie n'avait pas la langue dans sa poche mais elle semblait sincère. Alors, bien qu'elle n'ait pas l'habitude d'entendre ce genre de choses, elle se surprit à sourire avant de répondre d'un ton doux :

- Tu es très jolie toi aussi ! Je suis certaine que Marvin te la souvent dit malgré sa grande timidité.

Un nouveau sourire sincère et elle reprit d'un ton enthousiaste :

- Il faut que je me trouve une jolie robe ! Peut-être une qui laisse apparaître... juste mes épaules. Tu connais une bonne boutique ? Oui, ça lui plaira forcément, non ?

[Althéa]

Si Amélie ne répondit pas aux premières paroles de Chandara, le sourire ravi qui illumina quelques instants ses yeux le fit amplement. La question lui fit par contre retrouver son sérieux et elle croisa les bras le temps de réfléchir.

"Honnêtement, je ne sais pas où on trouve des tailleurs à Manost mais j'ai l'impression que tout ce qu'ils font est ... un peu trop gris et terne pour ce qu'on recherche. Par contre, il y a une taverne à coté du théâtre de la Harpe. Il y a des bardes qui habitent et se produisent là-bas. Les femmes ont une multitude de robes lumineuses. Peut-être qu'on pourrait aller leur demander de nous en prêter une."

[Chandara]

La réponse muette de la barde la réjouit et elle arbora quelques instants un sourire rêveur. Elle se souvint qu'Arthur avait lui aussi - et à sa manière - laissé entendre qu'il la trouvait belle. Assurément, c'était une sensation délicieuse qu'elle était heureuse de partager avec Amélie. Et pour la robe, la jeune-femme devait avoir raison et se révélait d'excellent conseil :

- Très bonne idée ! En plus, il faudrait des jours et des jours pour qu'un tailleur termine une belle robe... Nous pourrions peut-être y aller dès demain matin ? C'est bête à dire mais je suis impatiente de pouvoir voir le résultat et écrire à Arthur ! J'espère qu'il ne va pas croire que je suis trop envahissante...

[Althéa]

La réponse de Chandara fit quelque peu sourciller Amélie qui s'empressa de répondre.

"Non ! Bien sûr que je ne te trouve pas envahissante. Bien au contraire ! Tu ne sais pas ce que c'est que de se retrouver toute seule dans cette grande maison vide. Il y a plein de vieux souvenirs ici. Des joyeux et des plus tristes ... Mais j'aimerais bien qu'il y ait un peu de vie."

Elle s'interrompit quelques secondes et son regard engloba quelques instants la cuisine dont les contours disparaissaient quelque peu dans les ombres grandissantes du soir que la chandelle repoussait quelque peu.

"Au fait, pour l'hébergement et tout ce qui va avec ... Tu es mon invitée. Par contre, j'aimerais moi aussi te demander un petit service si tu comptes te rendre à Luménis."

[Chandara]

Chandara était ravie mais quelque peu gênée de la générosité et de l'accueil de sa belle sœur. Elle était donc entièrement d'accord pour rendre service à Amélie en contrepartie :

- Bien entendu Amélie ! Tout ce que tu voudras ! De quoi s'agit-il ?

Elle était sincèrement curieuse de savoir quel lien la jeune femme souhaitait entretenir avec Luménis : c'était tout à fait intrigant.

[Althéa]

Amélie hésita quelque peu avant de se lancer.

"Voila ... J'aimerais contacter une personne à Luménis. Il s'agit de Brandon Devlin et il est le grand prêtre du temple de Tymora. Cela fait quelques jours que je dois lui écrire une lettre mais que je n'ose pas. Et encore moins lui envoyer. Je me dis que si je te donne la lettre en main propre je n'aurai plus le choix. Si c'est toi, je suis sure que j'aurai de la chance. Et puis, s'il se trouve face à une vraie personne, il sera convaincu qu'il ne s'agit pas d'une plaisanterie. Parce qu'honnêtement, tout ça compte énormément pour moi. Et j'aurai énormément de regrets si je ne le fais pas."

[Chandara]

L'ancienne paladine ne savait pas qui était ce Brandon pour son amie mais n'hésita pas une seconde à lui attraper une main et à la serrer dans la sienne par dessus la sienne :

- Je le ferai : cela semble très important pour toi alors je considère cela comme un honneur et une grande marque de confiance de ta part.

Elle marqua une pause et ajouta d'un ton emprunt de gravité :

- Puis-je te demander qui il est ? En dehors d'être le grand-prêtre de Tymora j'entends.

[Althéa]

Amélie pressa quelques instants la main de Chandara dans la sienne, le regard emprunt d'une gravité qu'elle ne lui connaissait pas. Quelques instants, elle eut l'air de peser le pour et le contre ou de chercher la bonne tournure de ses mots. Visiblement, ce qu'elle avait à dire lui était difficile.

"Brandon Devlin est la personne qui connaît peut-être l'identité de mon père. Pas celui de Cojum ... Il l'est mais pas véritablement. Tu vois, c'est ma mère biologique qui habitait cette maison et j'étais venue lui rendre visite à Manost mais elle est morte. Tu vas peut-être trouver cela idiot vu que j'ai tout ce qu'il faut avec mes parents adoptifs mais depuis que je sais qu'ils ne sont pas mes parents, j'aimerais bien comprendre d'où je viens. Morgan, celle qui vivait ici n'a jamais rien voulu me dire sur ma venue au monde et surtout sur l'identité de mon père biologique. J'ai appris l'existence de ce Brandon Devlin par Angèle. Apparemment, il a côtoyé ma mère pendant un temps avant qu 'elle parte à Manost."

Elle eut un petit rire sans joie.

"Cela doit te sembler bien confus."

[Chandara]

Mais Chandara était concentrée sur le récit. Il lui fallut quelques secondes pour démêler toutes ces révélations livrées sur le ton de la confidence mais elle finit par lui sourire à nouveau et par répondre avec douceur :

- Cela n'est en rien idiot de vouloir comprendre qui t'a mis au monde. Et cela ne diminue en rien l'amour que tu portes pour ceux qui t'ont élevé et aimé pendant toute ton enfance ! En tous cas, je pense qu'il est très important pour toi d'apprendre tout ce que tu pourras. Tu en as besoin pour avancer sereinement je crois ! Alors je porterai ta lettre et je parlerai de toi à ce Brandon Devlin.

[Althéa]

Amélie eut visiblement l'air soulagée par la réponse de son amie. Ses épaules retombèrent quelque peu.

"Je te remercie mille fois. Je ne me voyais le demander à personne d'autre à part à Marvin. Mais je pense que j'aurais dû attendre très longtemps qu'il aille à Luménis pour avoir une réponse. Tu es sûre que cela ne t'ennuie pas ? Je ne sais pas de quel bois est fait cet homme. Mais il t'écoutera, j'en suis sure. Juste par curiosité, qu'est-ce que tu lui dirais sur moi ? J'espère qu'il aura envie de me répondre. Après tout, je ne suis qu'une parfaite inconnue et Morgan a quitté Luménis il y a très longtemps."

[Chandara]

Amélie avait besoin de soutien : c'était criant. Alors Chandara répondit avec sa douceur coutumière et son regard reflétait en outre la franchise quand elle la regarda droit dans les yeux :

- Je lui dirai à quelle point tu es une fille bien et une amie qui compte pour moi. Si Angèle t'a recommandé de le contacter, c'est que c'est un homme bon et il y sera sensible. Mais tu dois commencer par l'écrire, cette lettre. Qu'est-ce que tu vas mettre dedans ?

[Althéa]

Amélie, sûrement sensible à sa douceur répondit en toute confiance.

"Je crois que je vais d'abord lui dire qui je suis en mentionnant surtout mon âge afin qu'il ait au moins une indication précise. C'est une date facile à retenir comme c'est le tout premier jour de l'année mais seuls les gens qui me connaissent sont au courant. Pour une fois, je ne mentirai pas en disant que j'ai à peine vingt ans. Tu te rends compte que l'année prochaine j'atteins le quart de siècle ? Moi, je trouve ça complètement effrayant. J'ai l'impression de ne rien avoir vécu du tout. Peut-être que je pourrais aussi lui dire ce qui me motive pour retrouver mon père. J'aimerais bien pouvoir aller de l'avant. Tu crois qu'il comprendra ?"

Pendant qu'elle parlait, sa voix s'était enrouée et sa bouche s'était faite tremblante.

[Chandara]

Chandara pressa à nouveau sa main et répondit immédiatement d'un ton volontairement énergique :

- Tu es encore très jeune et pourtant tu es devenue barde qui a beaucoup voyagé d'après ce que Marvin m'en a dit. Tu fais de magnifiques vitraux dignes d'un maître que les Sunites t'envieraient ! Tu as un petit ami qui t'adore et qui restera toujours auprès de toi. Et par dessus tu es mon amie alors je ne te permets pas de dire que tu n'as rien accompli de ta vie !

Elle reprit d'un ton beaucoup plus doux, désolée d'avoir du la brusquer un peu :

- Plus rien ne t'arrêtera bientôt, quand tu auras retrouvé ton père. Garde bien cette pensée à l'esprit ma petite Amélie !

[Althéa]

Amélie fit semblant de s'offusquer.

"Petite, petite ! Mais je ne te permets pas, jeune demoiselle. Je me permets de te signaler que je ne suis qu'un tout petit peu plus petite que toi."

Ce qui était vrai.

"Mais dans tous les cas, je te remercie. Dès demain, je l'écrirai cette lettre. Et surtout, nous travaillerons pour que tu puisses envoyer un portrait magnifique à Arthur. Même si l'original sera toujours mille fois plus beau que le dessin."

[Chandara]

Chandara lui dédia un nouveau sourire lumineux pour ce compliment et répondit d'un ton joyeux :

- Tu es trop gentille ! Et l'essentiel est que cela lui donne envie de revoir la seule, l'unique, l'originale Chandara, non ?

Elle eut un sourire doux et reprit après avoir étouffé un discret bâillement :

- Mais tout ça devra attendre demain : nous avons eu assez d'émotions pour cette journée je crois. Et il nous faudra être en grande forme pour tenir notre programme.

[Althéa]

Un bon bailleur en faisant bailler dix, Amélie bailla à son tour.

"Et il doit être très tard. Si nous n'allons pas dormir, nous allons finir par tomber de sommeil. Va t'installer dans ta chambre. Je t'emmène une bouillotte. J'espère que tu te sentiras bien ici. Moi, en tout cas, je passe toujours de bonnes nuit. Bon, pour être honnête, j'ai la réputation de dormir comme une souche dès que je pose ma tête sur un oreiller. Mais si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à venir me réveiller. Je suis dans la deuxième chambre du haut."

[Chandara]

Chandara se leva et vint déposer un baiser sur sa joue avant de répondre avec affection :

- Merci pour ton accueil Amélie. Je me sens déjà bien ici, mieux que je me suis jamais sentie dans cette ville en fait.

Elle attendit ensuite que la jeune barde lui apporte la bouillote promise avant de gagner sa chambre, d'enfiler sa nuisette puis de se glisser entre les draps propres avec un soupir de plaisir : dieux que ça aussi lui avait manqué ces derniers mois !

[Althéa]

Comme elle avait pu s'y attendre Chandara dormit bien dans des draps sentant le propre et sous un douillet édredon de plumes. Amélie avait visiblement veillé à son confort. Quand elle se réveilla, la lumière lui indiqua que la matinée était bien entamée. Une bonne odeur de pain chaud vint éveiller ses papilles. La cuisine était cependant vide. Et à la place qu'avait occupée Amélie la veille au soir, la paladine trouva plusieurs parchemins où elle avait tracé plusieurs esquisses au fusain la représentant dans diverses attitudes. A coté, un encrier et une plume surplombant une lettre tracée d'une écriture ronde presque enfantine mais néanmoins appliquée.

"Monsieur Devlin,
cela fait de nombreuses veilles que j'hésite à vous écrire et je suis désolée de vous importuner avec cette requête. Mais vous êtes la seule personne à pouvoir me venir en aide. Mon nom est Amélie Malone. Je sais que ce nom ne vous dit absolument rien mais je suis la fille de Morgan Novembre. J'ai attendu un long moment avant d'apprendre son existence et surtout qui elle était pour moi. Il y a très peu de temps, en me rendant à Manost, j'ai appris qu'elle était morte, emportant avec elle le secret de mes origines.

Je me permets de m'adresser à vous, et j'espère que vous m'excuserez une fois encore de troubler ainsi votre tranquillité, car Angèle d'Aulfray m'a dit que vous avez côtoyé Morgan pendant un temps. Elle ne m'a donné aucun détail - Angèle est ainsi faite - mais m'a laissé entendre que vous sauriez peut-être qui est mon père. J'aurai vingt-cinq ans le premier jour de Martel et il m'est de plus en plus difficile d'avancer sans savoir.

Peut-être pourrez-vous m'aider dans cette démarche. En l'attente de votre réponse, je vous fais part de mes sentiments les plus respectueux.

Amélie Malone."

Visiblement, la jeune femme n'avait pas perdu son temps.

[Chandara]

Chandara était désolée d'avoir ainsi paressé pendant qu'Amélie s'occupait une nouvelle fois de tout mais elle devait aussi bien reconnaître que c'était agréable de se réveiller sans grande obligation et avec un bon petit déjeuner pour l'accueillir. En constatant que la barde ne l'attendait pas dans la cuisine, sa cadette la rechercha dans le salon avant que son regard ne soit attiré par la table et ce qui s'y trouvait. Elle lut la lettre avec émotion et s'en empara avec délicatesse, touchée de cette mission de confiance de messagère. Elle regarda ensuite les esquisses avec curiosité, admirant l'habileté d'Amélie : les dessins étaient tous plus beaux les uns que les autres et elle avait peine à croire qu'ils la représentaient elle. Amélie semblait très douée pour capter les émotions de ses modèles.

[Althéa]

Deux mains menues se posèrent sur ses yeux en même temps qu'une amie hilare lui demandait.

"Qui c'est ?"

Elle venait manifestement du jardin, habillée de pied en cap mais les pieds nus. Ce qui expliquait vraisemblablement pourquoi elle ne l'avait pas entendue arriver. Elle la relâcha avec un petit sourire d'excuse.

"Désolée, je n'ai pas pu m'en empêcher. J'espère que tu as bien dormi. Si tu as faim, il y a du pain au four et il me reste encore quelques confitures."

[Chandara]

Chandara éclata de rire mais elle avait assez de nerf pour n'avoir pas sursauté à cette surprise. Elle se tourna pour regarder son amie et répondre avec bonne humeur :

- Bonjour Amélie ! Je n'avais plus aussi bien dormi depuis des années je crois ! Et cette bonne odeur m'a mis l'eau à la bouche. Enfin, s'il n'est pas trop tard pour petit-déjeuner.

Son regard avait brillé d'envie à la mention des confitures quoiqu'elle en dise.

[Althéa]

La jeune femme lui répondit avec son espièglerie coutumière.

"Bien sûr, il est trop tard pour se contenter de petit-déjeuner. Ce ne serait pas raisonnable d'ailleurs ... Mais je pourrais rajouter au pain et à la confiture des œufs, du jambon, du fromage, un peu de compote de pomme à la cannelle. Comme cela, avec un peu de chance, nous n'aurions pas besoin de remanger avant ce soir. D'ailleurs, pourquoi ne dînerions pas à l'abri des Arts. Comme ça, je pourrais t'apprendre à danser. Qu'en dis-tu ?"