La Couronne de Cuivre

Perceval grimaça.
" Je suis... le premier surpris que ce savoir ait pu sauver des vies. Mais je dois dire que j'espère ne plus jamais avoir à me replonger dans ces souvenirs."
Galathée jeta un coup d'oeil vers Taliesin, mais ne posa aucune question.
" Nous allons vous laisser tranquilles, dit Zora. Nous reviendrons quand nous pourrons vous être utiles."
Elle les regarda tous deux.
" Prenez nos offres d'aide au sérieux... Un bébé, c'est difficile. Deux bébés, c'est très difficile. Vous n'êtes pas obligés de vous épuiser... La communauté a un sens, en ces lieux."

-Merci, dit-il simplement, sincère.
Il préféra ne rien ajouter : si lui-même était prêt à accepter toutes les offres d'aide - jusqu'à un certain point, du moins, car il ne voulait pas abuser de la situation -, il ne savait pas encore quelle était la position de sa compagne. Mieux valait, dès lors, en discuter préalablement avec elle. Cela éviterait de potentiels conflits...

Zora et Perceval quittèrent la pièce et les laissèrent dans la pénombre et le silence. Ils entendirent un des bébés gémir dans son sommeil, juste une seconde, puis le calme revint. Galathée glissa les jambes hors du lit et marcha jusqu'au berceau pour les regarder.
" On nous a menti. Ils seront sages à tout jamais."
Puis elle retourna vers le lit.
" Je vais essayer de dormir encore un peu... Réveille-moi s'il le faut."

-D'accord.
En réalité, si les jumeaux avaient faim, ils le feraient savoir d'une manière qui ôterait toute chance de repos à la rôdeuse. Pour le reste, qu'il s'agisse de les surveiller ou de les changer, il pourrait gérer seul. Mais comme, pour l'heure, ils dormaient comme... des bébés, il allait en profiter pour replonger dans son livre et recommencer l'introduction depuis le début, histoire de voir s'il la comprenait mieux que lors de sa précédente tentative...

Les bébés les laissèrent tranquilles près de deux heures avant de recommencer à s'agiter. Cette fois, ils le firent de concert, d'abord en poussant des sortes de jappements, puis en geignant doucement. Galathée s'éveilla presque aussitôt, avant même que le barde n'ait pu bouger, sans doute une forme de sixième sens. Elle envoya l'elfe lui quérir ses demi-portions, et les installa à nouveau au sein, en expérimentant de nouvelles positions afin de les accommoder au mieux l'un et l'autre. Ils se mirent à téter, satisfaits, et les jeunes parents eurent presque l'impression de les entendre ronronner de plaisir.
Ensuite, la routine qui serait la leur les prochaines semaines se répéta : il fallut faire roter le premier, puis le second, et les changer, car le repas semblait provoquer des mouvements appropriés dans leur ventre. Au dehors, la lumière commençait à décliner, petit à petit. Une fois reposés dans le berceau, si Tristan sembla s'intéresser au vide, Héloïse commença rapidement à geindre, mécontente d'être abandonnée. Mais elle trouva le bras de son frère, s'y cramponna, et s'apaisa aussitôt.

-Regarde-les, souffla-t-il à sa compagne, attendri. Il y a de quoi fondre, en les voyant ainsi... Ah, on raconte tant de choses à propos des jumeaux... Et même si ce sont de faux jumeaux, je me demande quand même s'ils ne vont pas développer certains de ces liens mystérieux... Ce qui paraît indéniable, déjà, c'est qu'ils s'apaisent l'un l'autre. Peut-être serons-nous, en fin de compte, les heureux parents des bébés les plus calmes du monde...

" Puisses-tu avoir raison... souffla la jeune femme en s'appuyant contre son épaule. C'est vrai qu'ils sont adorables... mais ils sont si minuscules... et ils ont l'air si fragiles. L'idée que nous allons bientôt devoir les transporter à travers la montagne, jusqu'à un port... puis tout ce trajet... ça me fait un peu peur..."
Elle leva les yeux sur Taliesin.
" Penses-tu que... Judicaël peut se téléporter aisément. J'ai bien compris qu'il ne pouvait pas aller jusqu'à Luménis mais... s'il acceptait de reconnaître le port... ou même le navire de Kerun... Il pourrait nous y envoyer directement, sans passer par la frontière."

Il marqua une nette hésitation.
-C'est sûr que ce serait l'idéal. Mais... Peut-être une téléportation est-elle contrindiquée pour des nouveaux-nés ? Par ailleurs, je ne sais pas si Kerun sera d'accord pour que Judicaël prenne tant de risques : après tout, s'il est repéré, la ferme, le Temple de Moandre et tous leurs occupants seront en grand danger...
Il observa à nouveau leurs enfants.
-Enfin, se perdre en conjectures n'est pas très utile. Nous leur demanderons : cela ne coûte rien.

Galathée acquiesça.
" Il est vrai que je suis toujours marquée, aussi... A présent que les bébés sont nés... Il faudra sans doute qu'il se penche à nouveau sur mon cas. Mais Helen a l'air de dire que ce n'est qu'une formalité, qu'ils ont des parchemins puissants, que dans les bonnes conditions, Judicaël n'échouera pas à me libérer de ce qui m'afflige..."
Elle tourna à nouveau le regard vers les bébés.
" Ils ont l'air de bébés... formidables mais ordinaires, de leur côté. C'est rassurant."

-Oh oui... murmura-t-il.
Sans doute Judicaël les examinerait-il pour s'assurer que les sortilèges dont leur mère avait été la cible n'avaient pas eu de conséquences invisibles. Mais il pensait qu'il ne découvrirait rien.
-J'ai encore du mal à réaliser que nous soyons enfin parvenus au terme de toutes ces épreuves et qu'elles n'aient pas eu de conséquences irrémédiables... C'est miraculeux et, pourtant, c'est la réalité.

" J'espère que le retour se passera bien, murmura-t-elle. Enfin... Nous n'aurons pas le temps de songer à la mer."
Elle soupira.
" J'aurais aimé qu'un clerc nous accompagne, mais Kerun m'a dit qu'il y avait toujours un clerc à bord des navires de la marine luménienne. Généralement un prêtre de Valkur, pour se prémunir des humeurs d'Umberlie."
Elle haussa les épaules.
" Je sais que c'est dans ma nature, quelque part, d'arriver à m'occuper de mes enfants, sinon mon espèce n'existerait plus, avec le temps... Pourtant... Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de craindre... Je ne sais pas. Ça me passera."
Il y avait du bruit dans le couloir, Taliesin devina que les habitants de la ferme étaient rentrés et devaient sans doute commencer à organiser le souper.

-Ça va passer, oui. Moi aussi, j'ai peur de ne pas savoir m'y prendre : les jumeaux sont intimidants, quelque part... Mais nous sommes bien entourés, il y a des experts pour nous conseiller, et nous serons plus détendus quand nous aurons constaté que nous nous en sortons bien, qu'ils continuent à être en pleine forme...
Il sourit.
-As-tu envie de manger avec les autres, ce soir ? Ou préfères-tu diner dans la chambre ?
Avant cela, lui-même irait sans doute se laver. Du moins, si la salle de bain était libre.

" Je ne sais pas, dit-elle avec une grimace. Je me sens encore fort fatiguée... trop fatiguée pour rester toute seule, en fait. Mais trop fatiguée pour survivre à de l'agitation..."
Elle lui jeta un pauvre sourire.
" Mais tu peux demander à Helen de venir manger avec moi, si tu veux un peu te détendre. Dans quelques heures, nous serons submergés."
Elle rit doucement.
" Allons, ne fais pas cette tête."

Il grimaça.
-J'ai l'air si éprouvé que ça ? Pourtant, je me sens plutôt bien...
Il haussa les épaules.
-Ecoute, voilà ce que je te propose : je file un moment pour me laver, parce que ça me fera du bien. Et auparavant, si tu le souhaites, je vais chercher Helen pour qu'elle te tienne compagnie. Ensuite, nous mangeons ensemble et nous préparons pour cette première nuit mouvementée.

" Ça marche."
Taliesin trouva aisément Helen, qui aidait à la préparation de la salle à manger, et elle abandonna l'équipe en action pour rejoindre Galathée. De son côté, le barde trouva une salle d'eau déserte, où quelques tonneaux pleins d'eau fraîche attendaient ses ablutions. Il put facilement mettre une marmite pleine à chauffer, se déshabiller puis se décrasser dans une ambiance agréable. Comme il l'avait anticipé, cela lui fit beaucoup de bien, dénouant des muscles qu'il ignorait tendus. Alexandre, qui l'avait vu disparaître, lui apporta plusieurs tenues de rechange, des vêtements de quand il était plus jeune et plus svelte, qu'il n'utilisait plus. Ils étaient un peu usés, un peu démodés, mais tout était mettable, et cela permettrait au barde d'affronter les débordements de ses enfants.
Quand il regagna la chambre, Helen l'en chassa et lui proposa de continuer à se détendre un moment. Galathée lui donna sa bénédiction et il entendit les deux jeunes femmes reprendre leur conversation dès qu'il eut refermé la porte.

Il haussa les épaules puis, sans chercher à écouter leur échange, il prit la direction de la salle à manger. Avec un peu de chance, il y aurait encore moyen pour lui de se rendre utile. Sinon, et bien... il observerait paisiblement l'activité ambiante ou bavarderait avec les personnes disponibles. Ne sachant pas si Galathée souhaitait toujours qu'il mange en sa compagnie, il ne tirait pas de plan sur la comète. De toute façon, Helen lui dirait ce qu'il en était au moment opportun.

Puisqu'il errait, il fut rattrapé par l'équipe cuisine qui se posait de grandes questions sur l'assaisonnement deux superbes gigots d'agneau. Gurvan était scandalisé que la petite bestiole ait été massacrée discrètement l'avant-veille, et avait décrété qu'il n'en mangerait pas, mais les trois autres enfants, nettement plus pragmatiques, redoublaient d'imagination sur les épices à y adjoindre. Blanche espérait que la gastronomie elfique viendrait à son secours en tempérant — et fascinant — les folies culinaires qui menaçaient de gâcher le goûteux animal. Dans un coin, Zora et Gurvan se bricolaient un menu à leur goût, exempt de toute mort animale.

En premier lieu, l'elfe mit en garde les enfants sur les risques encourus lorsqu'on mettait trop d'épices dans un plat et, surtout, lorsqu'on les mélangeait à mauvais escient : outre la dénaturation du goût du plat et les désagréments digestifs, il parla d'hallucinations, de cauchemars, de transformations en kobold ou en grouilleux malade et autres âneries de son cru. Puis, il l'inverse, il loua les vertus des assaisonnements mesurés et, surtout, élaborés selon les règles de l'art : ainsi affirma-t-il qu'en plus de donner aux mets une succulence extraordinaire, certains de ceux-ci conféraient à leurs consommateurs une force et une adresse extraordinaires, des pouvoirs magiques dont nul n'avait encore pu mesurer l'ampleur, quoique les légendes parlent de la capacité de se téléporter, de voler comme un oiseau, de lancer des boules de feu... Et bien évidemment, tout en parlant, il prépara les gigots selon une recettes qu'il avait toujours beaucoup aimée.

Hormis Prudence, qui semblait tout prendre au premier degré, ni Hippolyte ni Baptiste n'étaient dupes, mais ils firent semblant avec conviction. Ils posèrent même des questions et Baptiste finit par demander plus de précisions sur les recettes. Les deux garçons se firent des listes mentales puis se promirent d'écumer le jardin dès le lendemain pour trouver les ingrédients nécessaires à la fabrication de leur potion magique. Blanche regarda Taliesin comme s'il avait ouvert une porte interdite, qu'il aurait mieux fait de laisser verrouillée à tout jamais.
Mais les gigots furent enfournés et la vieille dame chassa les enfants de la cuisine pour pouvoir s'occuper des légumes. Ils entraînèrent le barde vers la salle à manger où la table était mise.
" Bon. Et cette chanson sur la cabane ?" demanda Hippolyte.

Il leva les yeux au ciel.
-Heu... Ahem... Comment dire ? Je n'ai pas vraiment eu le temps d'y réfléchir.
Ce qui n'était pas tout à fait vrai : il aurait pu y songer au lieu de se plonger dans son livre. Mais il ne voulait pas paraître ingrat aux yeux de Tim...
-Cependant, Helen a laissé entendre que la nuit serait agitée... Alors sans doute pourrai-je l'inventer tout en berçant des bébés faisant leurs premières vocalises.

" Quoi ? Mais non. Tu dis ça pour te débiner !
— On va te proposer des rimes. Comme ça tu pourras déjà partir d'une base.
— Et puis tu improvises ! Les bardes, ça improvise, non ?
— Alors. Cabane, ça rime avec quoi ?
— Banane, dit Prudence.
— Mais c'est quoi une banane ?
— Un fruit de Maztica.
— Comment tu sais ça, toi ?
— On peut en acheter à Luménis.
— Des babanes ?
— Des bananes.
— Bon. Mais Taliesin, il sait pas ce que c'est des bananes. Donc il peut utiliser... platane.
— Sauf qu'elle est dans un pommier, la cabane.
— Mais ça, on s'en fiche ! C'est juste une chanson !"

-Je pense que c'est une bonne idée de mentionner le pommier, car cela offrira plus de variété au niveau des rimes. Parce que celles en "ane", elles ne sont pas légion... Au sein du règne végétal, hormis banane et platane, il y a gentiane, bardane et valériane, de quoi faire, me semble-t-il, une bonne tisane. En matière d'architecture, il y a barbacane. Au niveau des objets divers, et bien... soutane et... tatane, qui désigne, en argot, une sorte de sandale. Hum, après, on peut songer à des adjectifs, mais ils sont généralement peu flatteurs : mégalomane, mythomane, pyromane... Vous voyez d'autres choses ?
Et oui, autant les faire chercher un peu !

" Nous, les rimes, ce n'est pas notre créneau, protesta Hippolyte. Par contre, on peut faire des danses de barbares !"
Baptiste ouvrit des yeux horrifiés.
" Toi peut-être.
— Il faut bien quelqu'un pour mettre de l'ambiance !
— Hippo, les bébés." lança Blanche depuis la cuisine.
Le gamin se rassit sur le banc.
" Oui, oui, je sais, je suis sage, silencieux, tel le serpent... ou la souris... Enfin, un truc silencieux."

En voilà un auprès de qui les jumeaux risquaient de ne pas être très populaires...
-Désolé, Hippolyte, fit-il. Mais bientôt, tu sauras sans qu'aucun doute soit possible les moments où ils seront réveillés et où, par conséquent, tu ne seras plus contraint au silence...
Restait à espérer qu'ils n'empêcheraient pas tout le monde de dormir. Enfin, la maison était vaste...

" Ça lui fait du bien, t'en fais pas." intervint Gurvan qui revenait de la cuisine avec des légumes crus.
Il y eut une sorte de mouvement collectif vers les bâtonnets de carotte et autres tronçons de chou-fleur.
" Alexandre va nous ramener près du lac demain. Il dit qu'il doit aller attendre Kerun, et que donc, ça nous fera une promenade. Perceval ou Zora viendra avec pour surveiller tout le monde.
— Surtout Prudence."
La bouche pleine de légumes, la petite fille lui tira la langue, envoyant mille particules prémâchées dans leur direction, et provoquant de grands cris dégoûtés.
" Comme ça, on pourra faire du bruit sans vous déranger."

Autant se faire une raison : tous les gosses étaient mécontents de la situation. Il les comprenait et n'osait imaginer ce que cela donnerait quand des vagissements nocturnes ininterrompus les priveraient de sommeil...
-Je suis vraiment désolé, Gurvan, pour les inconvénients qui accompagnent l'arrivée des jumeaux. J'espère sincèrement que vous passerez une excellente journée, demain.
En fait, il commençait à espérer qu'Helen n'entendait pas manger en compagnie de sa compagne...

Mais Gurvan parut surpris.
" Ce n'est pas ça que je voulais dire... Moi je sais bien que les bébés, ça a besoin de silence. Je trouve ça normal." dit-il avec un haussement d'épaules.
Baptiste sourit.
" C'est juste que nous, on se rend pas toujours compte... Mais on n'est pas fâchés, ou quoi. Hippolyte, il a plus de mal.
— Je fais pas exprès ! protesta le gamin. C'est pas de ma faute si toutes les activités drôles font du bruit.
— Mais Helen, elle dit que certains bébés peuvent dormir même quand il y a du boucan. Que la plupart des bébés sont bien obligés, parce que le silence, en ville, ça n'existe pas, par exemple. Donc si ça se trouve, il n'y aura pas de soucis."

-Nous verrons bien, dit-il, philosophe. De toute façon, d'ici quelques temps, il faudra commencer à les habituer à un peu d'animation. Je doute en effet qu'ils soient très au calme quand nous nous mettrons en route puis quand nous voguerons en direction de Luménis...
Oui, un bateau, ça n'était pas exactement un lieu paisible et silencieux.
Et les pleurs de bébés, ça devait sacrément résonner, en pareil endroit...

Blanche reparut bientôt avec un plateau chargé de deux assiettes de gigot appétissantes.
" Voilà pour toi et ta belle, annonça-t-elle en le glissant entre les mains de Taliesin. Je pense que vous pourrez nous rejoindre pour le souper bientôt. On peut installer le berceau dans un coin de la pièce, et personne ne s'offusquera si Galathée doit allaiter."
Les grimaces éloquentes des garçons, stupéfaits, semblaient indiquer exactement le contraire.
" Mais pas ce soir. Courage. C'est la grande épreuve. Nous serons en renfort en cas de besoin."
L'assemblée salua le barde qui put ensuite regagner la chambre. Helen se leva et cette fois, elle les laissa tranquilles. Taliesin constata que Galathée allaitait encore Tristan, mais le bébé s'était assoupi et il ne fut pas difficile de le décrocher pour aller le coucher. En l'absence de rot, cependant, il était probable qu'il s'éveille rapidement. Mais sans doute avaient-ils une rapide fenêtre pour se sustenter...

Pour ne prendre aucun risque, il se hâta d'entamer son repas. Le gigot était bon et aurait mérité qu'on le savoure mais ils ne pouvaient pas réellement se le permettre.
-Blanche nous souhaite bon courage pour ce qu'elle a qualifié de "grande épreuve", dit-il d'un ton qui se voulait léger. En me basant sur sa remarque et sur celles d'Helen, je me demande si les clercs n'ont pas, au fond, un petit côté bardique. Après tout, ils s'y entendent pour ménager le suspens, faire monter la tension ! Mais nous serons à la hauteur, et ça ne sera sans doute pas aussi terrible qu'ils le laissent entendre...

La Couronne de Cuivre

[Quête] Le Domaine des Crocus