[Haute-Forêt] Quête : Racines

[Voyageuse]

Sylvia ne s'attendait certes pas à cette proposition. Kasumi lut dans ses yeux sa stupéfaction, son hésitation.
- Je... Non, je...
Elle secoua la tête. Elle évitait soigneusement le regard de la druidesse qui semblait quelque peu embarrassée par la proposition de Kasumi. Mais également un brin amusée peut-être. Ou était-ce l'éclat de malice habituel de ses yeux ?
- Ecoute... vas-y, toi... Tu te bats mieux que moi...
Il était clair que devoir faire équipe avec Eärundra ne l'emballait pas outre mesure. Et avoir le choix entre partir avec la druidesse ou laisser Kasumi partir seul avec elle était excessivement difficile.
- Toi, et toi, insista la sirène en désignant Kasumi et Eärundra.
- D'accord, d'accord, répondit Sylvia, j'ai compris... Viens, Tilmandil, on y va.
Elle l'avait tutoyé sans même y prendre garde. A bien y réfléchir, c'était la première fois. Et le barde parut trouver cela tout à fait naturel.

[Kasumi]

Kasumi n’était toujours pas convaincu que ce choix était le plus avisé ni surtout qu’il convenait à Sylvia. Il adressa un regard désolé à cette dernière. Au moins avait-il essayé de montrer qu’il n’aimait pas non plus l’idée de partir au-devant d’un danger incertain sans elle… Mais il n’était plus temps de tergiverser à présent que la sirène avait faite part de son choix avec une insistance renouvelée. Il répondit d’un ton neutre mais décidé :

- Très bien, nous ne serons pas longs à revenir mais tâchez de vous reposer un peu.

Il avait regardé Sylvia dans les yeux comme pour lui signifier qu’il lui destinait ce conseil bien qu’il doute qu’elle le suive. Il ajouta en s’adressant cette fois à la sirène :

- Avez-vous besoin de soutien ?

[Voyageuse]

La sirène hocha la tête affirmativement. Mais elle paraissait hésiter, implorant du regard Eärundra.
- Il vaut mieux que ce soit lui qui vous porte, il est plus fort que moi. Mais je vous assure que vous n'avez rien à craindre de lui. Vous avez ma parole.
La sirène sembla fort affectée par cette réponse. Mais elle finit par acquiescer, tête basse. Elle ne fit cependant pas un mouvement, restant assise sur le sol.
- A vous de jouer... mais soyez très délicat. Il ne faut jamais éveiller la colère d'une sirène.
La créature se laissa soulever de terre comme un simple poids mort, sans faire l'effort de s'accrocher au rôdeur, comme si le contact d'un homme la mettait mal à l'aise.
- il faut suivre le sentier. Peu à peu, au fur et à mesure que nous les aurons dépassés, les torches vont s'éteindre. Il en reste une petite vingtaine avant le village il me semble... Il me semble prudent de nous arrêter à la quinzième. Mais tout de même, surveillez bien. Si vous croyez apercevoir nos habitations, ne bougez surtout plus. Ils vous tireront dessus sans hésiter s'ils vous aperçoivent...

[Kasumi]

Kasumi sentait toute la répugnance de la créature à son égard aussi faisait-il preuve de la plus grande délicatesse pour la porter aussi éloigné que possible de sa poitrine bien que cela mette rapidement ses bras à la torture. Le rôdeur progressait d’un pas lent pour ne pas la secouer mais aussi économiser ses forces et concentrer toute son attention sur le chemin devant eux, redoutant à chaque instant une mauvaise rencontre qui se terminerait immanquablement de façon sanglante pour des innocents. Il compta précautionneusement les torches au fur et à mesure où ils les dépassaient, faisant confiance à Eärundra pour surveiller ses arrières. La progression était silencieuse et il ne comptait pas prendre l’initiative d’une conversation.

[Voyageuse]

Ils progressaient sans trop de difficulté. le sentier était bien plus nettement visible que lorsque Kasumi l'avait parcouru seul. Peu à peu, le bruit de tambours se rapprochait, obsédant. Il put compter une douzaine de torches avant qu'un étrange chant se mêle à ces battements sourd. Un chant qui lui parut à la fois proche et venant de nulle part. Un chant si beau qu'il en oublia instantanément ce qu'il faisait là. Il vit, sans réagir, la jeune personne qu'il transportait se dégager de ses bras et descendre à terre. Elle s'éloigna de quelques mètres, d'un pas un peu moins chancelant qu'auparavant. Sa beauté lui parut sublime. Subitement il vit Léo le dépasser et il eut la sensation d'un péril imminent, la certitude que le lion allait attaquer la magnifique créature devant lui, qu'il devait la protéger coûte que coûte. Tuer le lion.

[Kasumi]

Dès que la sirène dont il s’était jugé indigne de demander le nom quitta ses bras, Kasumi perçut une terrible sensation d’arrachement. Puis une euphorie obsédante lui fit tourner la tête alors qu’il s’ouvrait au magnifique chant divin contre lequel aucun son ne pouvait rivaliser. Jetant un œil timide en direction de la beauté qu’il n’avait pas su retenir, il se sentir à la fois désespéré et chanceux de se voir donné la chance de la contempler ne fut-ce qu’un instant.

Puis un sentiment oppressant de danger menaça de souiller cet instant parfait. L’immonde fauve osait perturber son tableau idyllique, s’en prendre à l’élue de son cœur ! Il bondit en avant en hurlant et en tentant de bousculer le lion, de se placer entre Elle et l’odieux monstre, dégainant ses lames pour faucher l’animal s’il se mettait en tête de lui résister.

[Voyageuse]

hrp : Joli post

Léo ne réalisa pas tout de suite que l'un de se compagnons l'attaquait. Ce n'est que lorsqu'il vit Kasumi dégainer ses épées qu'il se mit à rugir, ses yeux dorés s'étrécissant en simples fentes meurtrières.
Le rôdeur eut la sensation qu'une voix hurlait quelque chose, mais déjà il donnait un grand coup d'épée que le lion esquiva avant de lui attraper le poignet, le serrant entre ses mâchoires, prêt à le broyer...
Puis le chant s'arrêta. La sirène était toujours très belle, mais Kasumi n'éprouvait plus le besoin de la protéger d'un dangereux fauve... et surtout, il se souvenait que celui-ci n'était pas son ennemi. Du reste, il ne lui avait pas complètement broyé le poignet, même s'il l'avait mordu jusqu'au sang et qu'il aurait quelques temps la marque des crocs.
- Lâche, Léo !
Obéissant, le lion le lâcha et revint se coucher près de sa maîtresse. Plus loin sur le sentier, une autre sirène était apparue, et discutait à présent avec leur rescapée, dans une langue qu'il ne comprit pas. Plus âgée, elle ressemblait tant à la première qu'elle ne pouvait qu'être sa mère.

[Kasumi]

La rage meurtrière qui l’avait envahie le quitta en un instant, laissant enfin la place à tous les sentiments qu’elle avait occulté et menacé de trahir : il avait failli tuer Léo… Comme cette autre fois où il avait voulu défendre Tilmandil mais la honte qu’il en éprouvait maintenant, dans ces circonstances bien différentes, était accablante. A tel point qu’il tomba à genou en serrant son poignet blessé de sa main libre. Mais ce n’était pas la douleur physique qui justifiait ce geste mais plutôt la volonté de se reprendre, de se raccrocher à ce qu’il avait failli commettre, à cette preuve qu’il avait échoué par miracle. Cette blessure n’atténuait pas sa responsabilité et il se tourna vers Léo et Eärundra en levant un regard implorant vers eux, vers elle en particulier :

- Je vous demande pardon. Je ne sais pas ce qui m’a pris…

Il n’osait pas non plus se tourner vers la nouvelle venue et sa parente, de peur que la folie ne s’empare à nouveau de son esprit.

[Voyageuse]

- C'est de leur faute, pas de la vôtre...
Eärundra fixait les sirènes d'un air dur.
- Un sort de domination quelconque...
Elle secoua la tête et s'approcha de Kasumi, posant une main apaisante sur son épaule.
- Votre blessure ne semble pas trop grave, je la soignerai tout à l'heure. Je préfère garder mes sorts de soins...
Celles-ci discutaient toujours dans leur langue, sans paraître se soucier du regard réprobateur d'Eärundra. L'aînée des deux se tourna finalement vers eux.
- Je suis désolée. Je pensais que vous étiez des ennemis...
Son ton était un peu trop froid. Comme si tout ceci n'avait guère d'importance.
- Je lui ai expliqué, ajouta la jeune rescapée, sa fille probablement.

[Kasumi]

Kasumi récupéra un morceau de tissu propre dans son sac pour improviser un bandage : il faudrait nettoyer la plaie pour éviter qu’elle ne s’infecte - la bouche d’un fauve n’étant pas l’endroit le moins propice au développement de miasmes – mais elle ne semblait pas vraiment nécessiter de soins supplémentaires. Au lieu de cela, il préféra s’intéresser aux deux sirènes qui auraient certainement autant hâte qu’eux-mêmes à couper court à cette conversation et à un échange culturel improvisé et malvenu selon toutes vraisemblances. Il répondit néanmoins d’un ton qui se voulait diplomate mais qui conservait une certaine dose de fraîcheur :

- Nous sachions prendre un risque en nous approchant mais nous ne pouvions pas décemment la laisser rentrer seule. Maintenant que nous la sachons en sécurité, je crois préférable que nous nous retirions. Sans penser à la façon tragique dont tout ceci aurait pu tourner.

[Voyageuse]

- Il est préférable que vous retourniez chez vous, oui. Notre village est interdit aux étrangers. Quiconque est vu à proximité est aussitôt attaqué...
Elle n'avait pas relevé l'allusion de la dernière phrases, s'en tenant à ce qui était pour elle la priorité.
- Mais je vous remercie tout de même d'avoir sauvé ma soeur, ajouta une autre voix alors qu'une troisième sirène, copie conforme de la première, se dévoilait à eux : elle s'était tenue cachée derrière un buisson. En y regardant bien, elle devait avoir quelques années de plus.
La plus âgée -leur mère?- parut hésiter.
- Il est d'usage de remercier ceux qui nous viennent en aide... Mais je ne sais pas quel présent vous serait utile. Que venez-vous faire dans ces marais ? nous ne vous y avons jamais vus...

[Kasumi]

Kasumi préféra éluder en partie les questions directes qui leur étaient adressées mais s’inclina légèrement devant les nouvelles venues d’aspect plus sociable :

- Nous ne faisons que traverser ces marais pour venir en aide à un parent. Je me réjouis que nous ayons pu vous aider également en portant secours à l’une des vôtres. Toutefois, nous n’attendons aucune récompense pour cette bonne action : savoir que notre intervention a réussi nous suffit…

Il réfléchit un instant avant d’ajouter d’un ton moins grave et en arborant un sourire :

- Cependant… S’il m’est permis de demander sans vous offenser : je crains que ma connaissance de vos coutumes soit plus limitée que je ne le souhaiterais mais j'ai ouï dire que les vôtres sont réputées pour leur musique. C’est également le cas de mon frère qui aurait tant voulu s’entretenir avec les représentants de votre peuple. Il me semble d’après ce que j’entends que vous savez exprimer votre art autrement que par le chant. Serait-il trop présomptueux ou contraire à vos coutumes de vous demander l’un de vos instruments ? En guise d’échange avec un peuple qui n'aspire qu'à mieux vous comprendre.

[Voyageuse]

La suggestion parut embarrasser les sirènes.
- C'est que... nous n'avons rien de tel sur nous...
- Je pourrais leur emmener plus tard...
- Tu as déjà pris bien assez de risque comme cela ! Non, Maïheja ira...
- D'accord, mère.
- Et si ce n'est pas indiscret... Où donc vous rendez-vous pour devoir ainsi traverser les marais ? D'ordinaire, les vôtres passent par les montagnes ou le lac...

[Kasumi]

Le rôdeur esquissa un nouveau sourire avant de répondre d’un ton parfaitement conciliant cette fois :

- Poser des questions est la meilleure façon d’obtenir des réponses et donc d’échanger et les vôtres ne sont pas indiscrètes. Nous nous rendons au nord du marais, dans un bosquet que les protecteurs des forêts de l’est nous ont recommandé. Il se peut que nous y trouvions de quoi aider le parent dont je vous parlais. Nous avons choisi de passer par ici en espérant gagner du temps et augmenter ses chances de survie.

[Voyageuse]

La sirène hocha la tête.
- Je pense que je vois de quel endroit vous voulez parler. Il y a des légendes qui circulent, même dans notre peuple, sur ce bosquet. Certains le disant hantés, d'autres maudits. D'autres disent qu'il est interdit à quiconque d'y pénétrer. Cela dit, aucun des nôtres n'y est jamais allé...
- Meïjah en a parlé l'autre soir... Il disait qu'il y avait un grand chêne parlant, au coeur de ce bosquet, qui en était le gardien et le protecteur. il s'appelait... je ne sais plus...
- Celd.
- Ce n'était qu'un conte de barde. mais peut-être contient-il une parcelle de vérité... Quoiqu'il en soit, nous devons nous hâter à présent. Je vous remercie pour l'aide que vous avez apporté à ma fille. mon aînée vous apportera notre présent avant la fin de la nuit. Mais ne soyez pas surpris de ne pas l'apercevoir. les gens de mon peuple savant se montrer discrets...
- Et n'essayez pas de nous suivre. Cela vous est interdit.
Sur une dernière inclinaison de la tête, les sirènes s'éloignèrent en direction du bruit des tambours.

[Kasumi]

Kasumi ne manqua pas de mémoriser les quelques détails que les sirènes leur avaient charitablement dévoilé sur le bosquet. Même s’il ne s’agissait peut-être que de légendes, l’expérience de cette soirée lui fournissait largement l’occasion de revoir son jugement sur l’utilité de celles-ci. Il s’inclina et salua les sirènes avec une courtoisie renouvelée :

- N’ayez crainte, nous ne chercherons pas à vous suivre ! Ce fut un honneur de vous aider et de discuter un moment avec vous. Adieu !

Il se retourna ensuite vers le sentier qui les ramènerait à l’île et avança sans un regard en arrière. Il attendit quelques minutes avant de s’adresser à Eärundra à voix basse :

- Cela aurait pu plus mal se passer. Je suis seulement désolé d’avoir mis Léo en danger et surtout d’avoir probablement altéré sa perception de moi. J’espère m’amender mais peut-être accepterez-vous de m’y aider ?

Il ajouta ensuite d’un ton plus léger avec un sourire comme pour se détourner de son angoisse sincère :

- Et je suis impatient de connaître la réaction de mon frère !

[Voyageuse]

Eärundra hocha la tête.
- Léo ne peut pas comprendre, c'est certain. Il ne comprend pas pourquoi je lui ai ordonné de juste vous maîtriser sans vous tuer. Il va se méfier de vous un certain temps. Peut-être... qu'en essayant de lui donner quelques soins avec moi... mais ce n'est pas gagné, ça fait tout de même votre deuxième... "conflit", si on peut dire.
Au fur et à mesure qu'ils avançaient, et s'éloignaient des sirènes, le sentier disparaissait sous une brume blanchâtre et ils durent ralentir le rythme. Puis sonder le sol, au fur et à mesure de leur approche. La nuit était donc bien avancée lorsqu'ils rejoignirent enfin le campement. Tilmandil et Sylvia avaient rallumé le feu, et ni l'un ni l'autre ne dormaient. il lut dans les yeux de la rôdeuse qu'elle brûlait de se jeter à son cou, mais n'osait pas le faire à cause d'Eärundra.
- Alors ? Vous en avez mis un temps...

[Kasumi]

Kasumi s’était bien évidemment attendu à ce qu’aucun de ses compagnons ne parvienne à aller se coucher tant qu’Eärundra et lui n’étaient pas de retour. L’échange de regard avec Sylvia le fit sourire comme il s’extasiait à nouveau de sa beauté et plus encore de la manière dont elle le regardait. Comment une telle femme pouvait à ce point l’aimer, il avait toujours du mal à y croire. Son ton reflétait cependant plus d’inquiétude que de curiosité aussi tenta-t-il de masquer son poignet où la blessure le lançait toujours. Il répondit même d’un ton qui se voulait léger bien qu’il soit toujours attristé par les paroles de la druidesse concernant Léo :

- Cela s’est bien passé : la jeune sirène a retrouvé les siennes. Certaines n’étaient pas commodes mais nous avons tout de même bavardé quelques instants mais toutes étaient manifestement impatientes de rejoindre leur grandiose fête et de ne pas nous y inviter. Mais, j’y pense ! Il se peut que l’une d’elle vienne nous rendre visite avant le matin alors si vous l’apercevez, ne tentez rien contre elle !

Le rôdeur espérait avoir éveillé la curiosité de ses amis, particulièrement celle de Tilmandil. Puis il s'approcha de Sylvia et murmura quelques mots de plus juste pour elle :

- Désolé de t'avoir inquiété et te t'avoir fait attendre... Tu aurais dû te coucher.

Ce n'était pas un reproche, il l'avait dit avec une tendresse compréhensive. Lui-même aurait été incapable de dormir si la situation avait été inversée.

[Voyageuse]

Sylvia secoua la tête, sans répondre. Elle se contenta de lui prendre la main -heureusement celle où il n'était pas blessé- et de lui serrer, très fort. Il lisait son angoisse dans ses yeux.
- Oh... Alors je prends tous les tours de garde jusqu'à demain matin, s'exclamait cependant Tilmandil avec une expression ravie.
- Non, le coupa Eärundra. Je prends ce tour de garde. Vous avez déjà au le vôtre, et vous avez besoin de dormir... mais je vous réveillerai dans trois heures si vous voulez, ajouta-t-elle, d'un ton radoucie, en lisant sa déception dans son regard.
L'arrangement dut convenir au barde car il n'ajouta rien. Sylvia, elle, passa un bras autour de la taille de Kasumi, l'entraînant en direction de son lit, et fronça subitement les sourcil en voyant qu'il évitait de se laisser prendre l'autre bras.
- Tu es blessé ? demanda-t-elle à voix basse alors qu'ils s'éloignaient.

[Kasumi]

Le rôdeur souhaita une bonne fin de nuit aux deux elfes et esquissa un sourire attendri en écoutant la réaction enjouée du barde à l’idée qu’une sirène puisse s’approcher de leur campement. Mais il reporta bien vite toute son attention vers Sylvia qui l’avait amoureusement enlacé. Son sourire s’élargit mais il garda pour une fois le silence du moins jusqu’à ce qu’elle aborde la question de son bras blessé. Un peu gêné, il éluda quelque peu la question san toutefois être très convaincant : il n’avait jamais rien réussi à cacher à Sylvia en dehors de ses sentiments profonds. Et plus même cela désormais :

- C’est juste une égratignure. Quand je disais que les sirènes n’étaient pas commodes ! Une raison de plus pour préférer les belles rôdeuses rousses aux yeux magnifiques ! Je comptais juste la désinfecter avant d’aller au lit : on ne sait jamais dans les marais…

[Voyageuse]

Sylvia secoua la tête, amusée par le compliment, mais ne se laissa pas distraire de la blessure pour autant. Elle lui accorda néanmoins un tendre baiser sur les lèvres avant d'y revenir.
- Je vais te soigner, j'ai tout ce qu'il faut... je sais que toi aussi mais quand on est blessé à la main c'est tout de même bien plus pratique d'être soigné par quelqu'un d'autre... Allez, arrête de faire comme si tu n'avais pas mal, assieds-toi là. Donne-moi ta main, fit-elle en la prenant d'autorité.
Elle fronça les sourcils.
- Ce ne sont pas les sirènes qui t'ont fait ça... C'est Léo, non ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

[Kasumi]

Kasumi baissa les yeux et rougit comme un petit garçon pris en faute mais il ne voyait pas l’intêret de démentir la jeune femme. Il poussa un soupir las avant de relever les yeux et de répondre d’un ton contrit :

- Indirectement si… Enfin, c'est aussi de ma faute. Mais ce n’était qu’un malentendu. Elles m’ont envoûté et j’ai perdu l’esprit durant un instant et j’ai tenté d’attaquer Léo. Mais il a heureusement pu garder son calme et il n’a fait que me pincer.

Le rôdeur jugeait plus prudent de ne pas aborder le rôle joué par la druidesse dans la réaction du lion. Nul doute que cette omnipotence apparente de l’elfe ne serait pas pour lui plaire.

[Voyageuse]

Sylvia hocha la tête et lui mit un peu de baume désinfectant, gardant le silence, songeuse. Puis elle finit par répondre, avec un sourire taquin.
- Tu veux dire qu'elles t'ont envoûté... qu'elles t'ont séduit en fait ? Et que Léo t'a, en réalité, empêché de te jeter dans leurs bras ? Brave fauve, il va falloir que je le remercie de veiller ainsi à ce que tu ne tombes pas dans les bras d'une autre que moi. ça valait bien une petite morsure, finalement... Mais donc, explique-moi donc comment je dois m'y prendre pour t'envoûter aussi bien qu'elles...
Elle avait apparemment décidé de tourner l'incident en dérision. Et le regard vert fixé sur lui était presque aussi envoûtant que celui des sirènes...

[Kasumi]

Kasumi avait commencé par sourire en notant avec joie que Sylvia était d’humeur à plaisanter. Mais il sentit son cœur se mettre à battre un peu plus vite tout à coup, charmé qu’il était par la douce musique de sa voix. Il n’osa plus faire un geste, plus esquisser le moindre mouvement pendant plusieurs secondes comme si la façon dont elle posait à nouveau son regard sur lui avait suffi à l’hypnotiser. Et cette fois ce n’était pas par jeu qu’il gardait le silence, peinant à réunir la moindre bribe de pensée cohérente pour lui répondre. Cela n’avait rien à voir avec la fatigue non plus : il ressentait même un nouvel élan d’énergie et d’euphorie l’envahir alors qu’il réalisait que cette beauté stupéfiante qui lui tenait toujours la main le subjuguait totalement et qu’il l’aimait, plus qu’il ne l’aurait cru possible. Son regard ne quittait maintenant plus le sien - il le devinait brillant et enfiévré – et sa voix se fit rauque quand il en retrouva subitement l’usage :

- Plus aucuns autres bras que les tiens ne pourront jamais plus m’attirer car tu es la seule à savoir me combler de bonheur. Et tu n’as besoin de rien d’autre que de me regarder comme tu le fais en ce moment pour m’envoûter bien au-delà de ce que peut accomplir la magie.

Et ce faisant, il l’attira doucement à lui dans une étreinte tendre, incapable de supporter un instant de plus d’être privé de la sensation de plénitude à la serrer simplement contre lui.

[Voyageuse]

Elle posa ses lèvres sur les siennes pour un long baiser langoureux, puis resta un moment blottie dans ses bras, en silence. Le calme autour d'eux était total, mais ils savaient que Eärundra montait la garde tout près, qu'ils n'étaient pas aussi tranquilles qu'ils l'auraient souhaité.
Et même si leurs corps réclamaient davantage qu'un simple baiser, ils ne pouvaient pas. Pas cette nuit.
- Je crois qu'il est temps de dormir, souffla-t-elle. Je voudrais juste que tu me laisses dormir tout contre toi... Et je me fiche des moqueries des deux elfes. Il n'y a que toi qui m'importe. Tu veux bien ?

[Kasumi]

Si leur corps en réclamaient effectivement bien davantage, Kasumi était déjà infinimemnt heureux de se contenter de dormir avec Sylvia dans ses bras. De lui montrer que l’amour qu’il éprouvait pour elle allait bien au-delà de la simple attirance physique et qu’il y avait d’autres façons de se le partager. Il sourit en songeant que ce serait la première fois qu’ils allaient se coucher ensemble sans que la passion du moment ne guide leurs sens. Puis il saisit sa main pour caresser sa paume avant de se lever et de l’aider à faire de même puis répondit d’un ton ton attendri :

- Je ne conçois même pas de dormir éloignée de toi. Peu m’importe ce qu’en penseront nos compagnons, il n’y a que toi qui compte. Que nous.

Il l’entraîna ensuite vers leur couche et la laissa s’allonger avant de la rejoindre et de lui laisser timidement l’initiative de trouver la position qui lui conviendrait le mieux.

[Voyageuse]

Elle se blottit contre lui, au creux de son bras, la tête sur son épaule, et lui sourit.
- J'espère que je ne vais pas te donner des crampes au bras... mais je suis infiniment bien comme ça. Je vais dormir comme un bébé...
C'est ce qu'ils firent tous deux, d'ailleurs, au bout de quelques minutes seulement...

Les chants des oiseaux réveilla Kasumi au petit matin. Sylvia dormait encore profondément, toujours pelotonnée dans ses bras, un sourire heureux aux lèvres. Elle n'avait pas bougé d'un pouce pendant la nuit, et semblait parfaitement paisible.
Un peu plus loin, au-delà du feu de camp, Tilmandil contemplait avec ravissement un petit objet qu'il ne pouvait distinguer depuis là où il se trouvait. Eärundra était invisible.

[Kasumi]

Kasumi n’avait pu s’empêcher de noter que Sylvia avait naturellement adopté la position qu’affectionnait tout particulièrement Astrée et il en avait ressentit un pincement de culpabilité pendant quelques secondes. Mais le sourire ravi de la jeune rôdeuse avait bien vite effacé ses doutes et il s’était endormi sans arrière-pensée, simplement heureux de se trouver à ses côtés. S’il avait rêvé durant les quelques heures de la nuit, il ne s’en souvenait pas au matin.

Un matin particulièrement bucolique où les trilles des oiseaux semblaient faire écho à sa félicité intérieure. Désireux de profiter juste quelques minutes de ce moment de perfection, le rôdeur avait jeté un regard autour de la couche pour déterminer s’il risquait d’être dérangé par des elfes pressés de donner le signal de départ. Cela ne semblait pas devoir être le cas mais Kasumi surprit tout de même Tilmandil en train de contempler son cadeau, très certainement. Il était piqué par la curiosité mais il n’esquissa aucun mouvement de crainte de réveiller Sylvia et afin de contempler juste encore un peu son visage et le sourire qu’elle arborait même dans son sommeil. Et, malgré cette vision enchanteresse, il lui était extrêmement difficile de résister à l’impulsion de laisser courir sa main le long des cheveux soyeux qu’il sentait sous ses doigts et résister à l’envie de déposer un baiser sur ses lèvres toujours si tentantes, comme à chaque instant depuis qu’il l’avait revue près du terrain d’exercices.

[Voyageuse]

La lumière rasante du soleil levant illuminait l'atmosphère d'une lueur féérique, et la nature alentour bruissait de vie. Tout était d'un calme absolu, loin des étranges mystères nocturnes.
Sylvia finit par ouvrir les yeux à son tour, clignant des paupières quelques instants avant de s'habituer à la lumière vive du matin.
- Bonjour mon amour, fit-elle avec un sourire encore ensommeillé. C'est merveilleux de me réveiller dans tes bras... et si c'est un rêve, je ne veux surtout pas me réveiller.

[Kasumi]

Kasumi se tourna légèrement pour déposer un léger baiser sur ses lèvres avant de répondre d’un ton affectueux :

- C’était pour te montrer que tu ne rêvais plus, mon amour !

Il se tourna de côté en l’attirant dans ses tendrement dans ses bras avant d’ajouter au creux de son oreille :

- Ton sourire est magnifique même quand tu dors. Et tu avais l’air si paisible que je n’ai pas eu le cœur à te réveiller. Tes rêves avaient l’air d’être très agréables en tous cas…