La Couronne de Cuivre

Thibault, les bras déjà chargés de ses trouvailles, parut hésiter.
-Est-ce que je suis vraiment obligé de déjp rentrer ?
Il se racla la gorge.
-Je veux dire... il ne peut rien m'arriver, ici...

Ce n'était pas vraiment vrai, mais Thibault avait l'air en forme, et puisqu'il avait fait le déplacement...
" C'est toi qui parlais d'aller te pavaner. Tu es le bienvenu si tu veux rester... mais peut-être préférerais-tu t'équiper un rien ? De toute façon, autant aller rapporter ce que nous avons trouvé au palais, sinon ça va nous encombrer."

-Je comptais me pavaner... devant un miroir. Vu l'état vestimentaire de nos compagnons, pour la plupart réduits à se promener en haillons ou... pire encore, je me verrais mal faire la malin devant eux avec des oripeaux royaux !
Il parut pensif.
-Mais tu as raison, rapportons tout ça et ensuite... vous repartirez pour votre mission. J'ai déjà eu droit à une sortie inespérée, je ne vais pas abuser ou vous compliquer la tâche.

" Mais tu ne compliques rien, s'exclama Albérich. Et je t'ai dit que tu pouvais rester."
Hubert eut un sourire un peu goguenard.
" Je vais ramener tout ça pendant que vous jetez un oeil dehors et décidez du bâtiment qui vous a l'air le plus prometteur... Si vous ne voyez rien, Varamyr et moi vous montrerons la chapelle que nous avons découverte, ça fera une première étape."
Il délestait déjà le Sunite de son coffre et prenait la route du téléporteur.

-Fais attention à ne rien abîmer ! lui lança Thibault.
Puis il haussa les épaules.
-Bah, au pire, j'ai de quoi repasser l'aube, s'il la froisse sans faire exprès.
Et il prit la direction des escalier smenant à la nef.
-N'empêche, après avoir vu cet endroit, je crois que je ne pourrai jamais retourner au temple de Sunie d'Eredhun. Ni même à celui d'Antelucas. Ils me donneraient l'impression d'être... grossiers.

" Ça tombe bien, celui-ci aura besoin d'un grand prêtre, dit Albérich. Il y a mille ans, Sunie était déjà en pleine possession de ses pouvoirs. Il n'est pas impossible que les Anciens aient vénéré exactement les mêmes dieux que nous, malgré le temps qui nous sépare d'eux..."
Il suivit son ami dans les escaliers.
" La statue de Sunie, à Luménis, ressemble assez à celle-ci. Sûrement en moins beau, je te l'accorde... mais tu sais bien que l'esthétique et moi... ça fait deux."

-Je dirais même que ça fait trois.
Il eut un sourire mutin.
-Mais tout cela sera bientôt de l'histoire ancienne. Le temple du soleil abrite, j'en suis sûr, une tenue de grand prêtre aussi fastueuse que celle que tu viens de dénicher. Et il te faudra la revêtir pour combattre les légions abyssales... Fini, les tenues sobres, passe-partout, tristes à mourir ! De l'or et des joyaux te recouvriront ! Sans parler d'une aube d'un beau jaune pissenlit, d'un adorable orange vif ou... d'un rose pimpant !

" Quelle horreur, dit Albérich en grimaçant. Mais je suis un peu déçu que tu critiques ma garde-robes. Oui, il n'en reste rien, grâce aux Ithiliens, mais avant cela, sache qu'elle contenait, outre le manteau que tu m'as offert à Eredhun, des tenues réalisées par un des meilleurs tailleurs de Solarcis, que j'ai dû faire faire en prenant mon poste de gouverneur là-bas. Bon, je n'ai conservé que les plus sobres, mais leur coupe et leur couleur ont été choisies par le tailleur et la demoiselle qui m'a gentiment accompagné chez lui. J'espérais que tu en aurais pris note, même si ton passage à la forteresse a été plutôt court..."
Il haussa les épaules.
" Mais voilà, ma réputation me précède et tu en déduis d'office que je vais choisir un sac de farine pour me vêtir. Cela dit, tu n'as pas complètement tort non plus : je ne crois pas qu'à mon âge, on puisse encore changer sur ce plan."

-On peut changer à tout âge et sur tous les points. Il suffit de le vouloir...
Son sourire s'élargit.
-Ou... De ne pas avoir le choix. Or, tu ne l'auras pas, il te faudra passer tout ça... Ah, tu vas être mignon, tiens, habillé en grand prêtre ! Je me demande même si ça ne vaudrait pas le coup que Giovanni te fasse figurer sur sa fresque non pas à l'antique mais dans ces luxueux atours...

" Je parie que les mites auront tout mangé." dit le Luménien.
Ils étaient de retour dans la nef. Hubert n'arriverait probablement que dans une dizaine de minutes.
" Si tu veux entrer dans ta transe mystique, cela dit... J'avais promis de surveiller tes arrières. Varamyr et Hubert peuvent chercher le temple du Soleil en attendant, et ils viendront me chercher quand ils l'auront trouvé."

Thibault s'était mis à lorgner obstinément le sol de marbre.
-Transe mystique, c'était une expression un tantinet emphatique. Tout ce ue je voulais dire, c'est que si je commençais à regarder, je tomberais tellement en admiration que je ne pourrais pas m'arracher à ce divin spectacle avant... des heures et des heures. Je me connais. Et je sais que je n'aurais pas l'opportunité d'admirer à loisir aujourd'hui. Alors plutôt que trop peu, je préfère... pas du tout. Pas du tout dans l'immédiat, car je compte bien revenir. Cela fera même une motivation de plus pour renvoyer ces satanés démons d'où ils viennent.

Le Luménien avait pris son ami au premier degré... car il avait été lui-même coutumier de ce genre d'états quand il était adolescent. Mais Thibault n'avait jamais été dans cette veine : même à cet âge, c'était déjà un hédoniste qui profitait de la vie —*terrestre — à deux cent pourcent.
" Cela me parait une belle motivation." dit le Luménien en le guidant vers la sortie du bâtiment, jusqu'au fameux porche qui donnait sur le quartier.
Albérich avait à la fois l'intention de chercher le Temple du Soleil du regard... mais aussi de surveiller les nuages noirs qui couvraient la forteresse.

Albérich n'aurait pu dire si le phénomène s'était atténué ou si, au contraire, il s'était propagé. Ce qui était certain, c'est quil paraissait toujours aussi inquiétant.
-Regarde, fit Thibault en le tirant par la manche et en désignant quelque chose, à l'est.
Il y avait, à bonne distance, un édifice à coupole dorée dépassant immanquablement de ceux qui l'environnaient.
-C'est peut-être ça, non ? C'est dans la bonne direction, en tout cas.

" Oui, et ça y ressemblerait, si c'était un temple de Lathandre contemporain... C'est une bonne hypothèse. Dès qu'Hubert sera là...
— Je suis là." répondit le paladin en arrivant derrière eux.
Il portait une cotte de mailles sur l'avant-bras et une épée, qu'il tendit toutes deux au Sunite.
" Pas aussi légère que celle que tu as perdue, je le crains... mais bien équilibrée. Je pense que ça ira." lui dit-il en parlant de la lame.
Albérich sourit de cette petite attention.
" Dès que tu es équipé... Allons-y. Priorité aux lynx, toujours."

-Merci ! fit le Sunite, souriant. Et ne t'en fais pas pour l'ancienne. En réalité, elle n'était pas très équilibrée. Mais elle en jetait sacrément, alors...
Ils ne tardèrent pas à se remettre en route. Le chemin le plus direct pour atteindre le bâtiment était justement celui suivi par Hubert et Varamyr un peu plus tôt. ils ne tardèrent donc pas à se retrouver à proximité de la chapelle.

" Voilà une des chapelles dont parlait Guillermo, dit Hubert lorsqu'ils l'eurent atteinte. Varamyr pense qu'elle est aussi reliée au téléporteur, le problème étant, comme toujours, de trouver les fichus panneaux de commande.
— Je vais jeter un oeil à l'intérieur, mais ne nous y arrêtons pas pour l'instant. Nous y reviendrons quand nous saurons à quoi elles servent."
Le Luménien ouvrit donc la porte, observa les lieux tout en sobriété, la statue angélique, puis ressortit.
" Bon, poursuivons."

Précédés par le félin vigilant - et nerveux -, ils continuèrent à longer la rue bordée de hautes bâtisses aux façades élégantes mais aux ouvertures béantes.
Un vent glacial les fouettait, venu d'une direction indéterminée.
Un vent qui sifflait et gémissait, sinistre.
Bientôt, ils purent mieux observer l'édifice, dont l'architecture rappela indéniablement à Albérich celle d'un temple lathandrite. De surcroit, du sommet de la butte sur laquelle il était bâti, on devait pouvoir y observer l'aube sitôt qu'elle paraissait, sans rien pour obstruer la vue, pour gâcher le spectacle.

Albérich était persuadé qu'ils seraient à l'abri de ce vent désagréable une fois dans le temple. Si les choses devenaient vraiment inquiétantes, il pourrait, de surcroît, téléporter directement tout le monde dans le souterrain qui jouxtait le palais. Bref, il fallait se hâter, gravir la butte, et gagner le refuge de cet endroit protecteur. Tout en cheminant, alerte, il observa la structure familière du bâtiment. Mille ans plus tôt, Lathandre régnait déjà sur l'aube. Mais si la cité avait plus de deux mille ans, alors sans doute vénéraient-ils Amaunator... Il pourrait en juger une fois à l'intérieur, en fonction de l'iconographie. Lathandre était un dieu jeune, enthousiaste, Amaunator un dieu beaucoup plus vieux, et il représentait la loi et l'ordre avant de tirer son pouvoir du soleil.

Ils bifurquèrent dans une rue perpendiculaire pour longer la face occidentale de la butte et atteindre le pied du monumental et raide escalier qui permettait de rallier le temple - un escalier correspondant fort bien à une divinité prisant les exercices physiques.
C'est plus ou moins essoufflés que les membres de leur quatuor atteignirent le sommet des marches puis franchirent la double porte du bâtiment pour pénétrer dans un hall envahi de lumière et à la décoration chaleureuse. Le soleil état omniprésent dans l'ornementation, y compris sur l'autre double-porte qui leur faisait face et qui devait conduire à la nef.

Albérich reprit son souffle et sourit à ses compagnons. Evidemment, aucun des trois ne semblait fatigué, et il se redressa donc rapidement, maudissant sa méforme. Le soleil était omniprésent, mais ça ne voulait rien dire : c'était le symbole d'Amaunator, pas de Lathandre, qui était le dieu de l'aube avant d'être celui du soleil. Néanmoins, il était immanquablement curieux de découvrir ce temple, dont les principes étaient a minima frères des siens... Aussi se dirigea-t-il sans plus attendre vers la double porte qui devait dissimuler la nef.

Laquelle n'avait rien à envier, en termes de splendeur, à celle du temple sunite : l'architecture, l'ornementation, tout était magnifique. Et la lumière entrait à plein, évidemment.
Mais l'endroit fit beaucoup plus d'effet à Albérich que le précédent. Tout ce qu'il vit, jusqu'à la statue derrière l'autel, lui parut familier, amical.
En un mot comme un cent : il se sentit accueilli.
Il se sentit chez lui.
Il se sentit dans la demeure du Seigneur de l'Aube.

Albérich s'immobilisa un moment dans l'entrée et se laissa envahir par cette plénitude incomparable. Il était conscient de l'urgence, de l'effort qu'il avait demandé aux Sunites dans leur propre temple, mais il s'offrit quelques secondes de pure félicité. C'était la première fois depuis plus d'un an qu'il entrait dans un temple de Lathandre en pleine possession de ses pouvoirs, et le lien qu'il avait avec son dieu lui parut plus fort, presque vibrant. Transe mystique. Il devait y prendre garde.
Comme Thibault avant lui, il se força à baisser les yeux, à repousser cette énergie qu'il percevait autour de lui et qui renforçait son aura, et adressa une prière au Seigneur du Matin, presque des excuses, avant de s'éclaircir la gorge.
Hubert, sur sa gauche, était manifestement affecté, lui aussi. Moins, mais son visage reflétait une radiance particulière, ainsi que son trouble.
" Bon, c'est moi qui ai trouvé le levier chez les Sunites, j'imagine que c'est toi qui le trouveras ici, Thibault..."
Pour le reste, dès qu'il aurait retrouvé ses esprits, il essaierait d'explorer un peu. Mais il n'y avait pas de raison que ce Temple soit construit comme celui qu'ils venaient de quitter. Les clergés aimaient afficher leurs particularismes, surtout dans l'architecture.

Thibault rit joyeusement.
-Ça, c'est une manoeuvre pour m'éloigner afin qu'Hubert et toi puissiez vous recueillir tranquillement ou je ne m'y connais pas ! Ou bien, version plus positive, tu cherches à éviter que je m'ennuie, ce qui est somme toute une attention charmante.
Sur un sourire, il se mit à fureter de ci, de là. Albérich, lui, déduisit de l'emplacement des portes latérales - et de ce qu'il avait vu de l'édifice depuis l'extérieur - qu'il y aurait des similitudes en matière de plan et d'organisation des lieux avec les temples lathandrites plus récents.

Albérich ne pouvait pas nier qu'il était troublé par les lieux et que s'il en avait eu le temps, il se serait recueilli. Imaginer que des siècles plus tôt, on avait vénéré Lathandre en cet endroit, c'était vertigineux, quelque part, même si le Luménien n'ignorait pas que l'histoire de son dieu remontait à près de deux mille ans.
Laissant Varamyr veiller sur leurs arrières et Thibault chercher le levier, il s'autorisa à musarder un moment, sans laisser pour autant l'émotion le submerger. Il n'était pas coutumier du faste des lieux, le Temple de Luménis était très dépouillé en comparaison, mais celui de Solarcis, le dernier qu'il avait fréquenté, était davantage dans cette veine. Il était géographiquement plus proche, aussi, ce n'était peut-être pas un hasard. Comme dans tous les temples lathandrites qu'il connaissait, il y avait des vitraux aux couleurs joyeuses, jaunes, roses, oranges, qui teintaient la pierre claire de la nef. La coupole était dorée à l'extérieur, peinte à l'intérieur d'un ciel à l'aube. La manière dont la fresque avait résisté au temps était stupéfiante, on l'aurait crue presque neuve.
La statue bien que familière de forme — un jeune homme athlétique, souriant, fier et conquérant — était quelque chose dont il avait moins l'habitude. Il n'y en avait ni à Luménis, ni à Eredhun, ni à Solarcis, mais bien à Lunaros et à Togoria. Tout en admirant sa superbe, il n'aimait pas tellement cette iconographie, à la fois parce qu'il n'imaginait pas son dieu comme un être humain, mais aussi parce qu'il s'en sentait trop différent. Le disque de quartz rose qui servait d'autel à Luménis lui paraissait suffisant comme représentation. Mais les Anciens aimaient le corps, c'était indéniable, et admirer une image de son dieu... dans le plus simple appareil... avait quelque chose d'un peu déstabilisant.
Il s'écarta du centre de la pièce, gagna sa périphérie, et sourit d'y découvrir des alcôves, comme au temple luménien, propices à accueillir un clerc et son confident. Comme dans les temples lathandrites modernes, aussi, il y avait de plus vastes chapelles ; il en compta trois. Les temples en avaient généralement entre deux et quatre, en fonction des spécificités du culte local. Il y en avait toujours une qu'on appelait la chapelle du printemps et qui accueillait généralement les baptêmes, et toujours une chapelle de l'éternel recommencement, qui accueillait les veillées funèbres. Par curiosité, il entra dans la première d'entre elle sur son chemin.

En matière de chapelles comme en tant d'autres points, l'édifice ne différait guère de ce qui était familier au Luménien.
En l'occurrence, c'est dans celle du printemps qu'il pénétra et il ne se sentit pas du tout dépaysé. Juste quelque peu impressionné, peut-être; Il faut dire que les fresques était splendides : elles représentaient cette verdoyante saison que les Landes ne connaîtraient pas, malheureusement, avant plusieurs mois. Et sans doute représentaient-elles la région telle qu'elle pouvait être à l'époque, avant d'être métamorphosée en siinistres marécages...

Albérich prit le temps d'admirer la finesse des détails et l'équilibre de l'ensemble, avant de regagner la nef. Il se doutait que si quelque chose avait été découvert, il aurait entendu des exclamations, aussi jeta-t-il un coup d'oeil à ses compagnons — Hubert était immobile, comme une statue appartenant à l'ensemble, regardant quelque chose que lui seul parvenait à voir, Thibault furetait, Varamyr était resté à l'entrée, comme prévu*— avant de continuer son exploration. Il emprunta la porte qui partait vers la gauche. Dans le temple luménien, elle menait aux pièces de vie, réfectoire, salles de classe et de réunion, bibliothèque, intendance, cuisines, et il fut presque effrayé de découvrir que c'était la même chose en cet endroit. Cet écho du passé le remuait plus qu'il l'aurait voulu, et un moment, arpentant ces couloirs antiques, il eut l'impression d'être chez lui, dans l'endroit qu'il aurait voulu ne jamais quitter, son temple, à Luménis. Mais dans le même temps, il réalisait qu'il n'y retournerait probablement jamais. Pour une visite, peut-être, prier un moment, saluer de vieux amis... mais il n'y vivrait plus. Trouver du réconfort dans ces lieux abandonnés était rassurant, en fait. C'était la preuve qu'il pourrait retrouver la plénitude ailleurs.
Il poussa la porte du réfectoire, ferma les yeux, devina l'ancienne affluence. Comment se faisait-il qu'il n'y ait rien, dans les archives du culte, sur cet endroit ? Où étaient passés les clercs d'autrefois ? Avaient-ils fui, étaient-ils restés ? Avaient-ils recommencé leur vie, ailleurs, sans jamais parler à personne de leurs racines ?

Malheureusement, il était peu probable qu'il trouve la réponse ici.
En revanche, il pourrait certainement trouver d'autres choses. En effet, le mobilier était dans un état de conservation proche de la perfection. Peut-être pas tout à fait équivalent à celui du palais mais... c'était difficile à dire. En tout cas, en ces salles d'une propreté impeccable encore meublées comme si on les avait quittées depuis peu, il n'était pas difficile de s'imaginer ceux qui les avaient occupées, un millénaire plus tôt...

Immanquablement, la nostalgie vint souffler aux lisières de son esprit. Il songeait à ce Temple qu'il avait quitté à l'aube, un matin glacial, probablement tout juste un an plus tôt. Il y avait laissé tous les siens, des gens qu'il côtoyait quotidiennement depuis des années, Céleste et le vieux Sterpin qui ronchonnait toujours, la bouillante Rachel, Florent et son sourire tranquille, Roderick, Alaric, Tallad, ce pauvre Tybert et Garance la Chauntéenne, Therpsis et Rowena, Elorep et toutes les vieilleries qu'il entassait dans sa cellule, Blaise guettant les novices.
Et Marcus.
Il eut un sourire en l'imaginant, si facilement, franchir ces portes, jeter un coup d'oeil sur la pièce avec la mine de celui qui ne sait plus pourquoi il est arrivé là, puis grommeler, houspiller un novice par principe, repartir vers son antre de caisses et de sacs empilés.
Il s'assit sur un banc et mut par une brusque impulsion, irréfléchie, dictée par l'émotion de l'instant, il incanta.

Albérich -> Communication à distance -> Marcus

Le sortilège fonctionna et Marcus ne fut pas long à lui répondre.
Frida a dit que nous arrivions ce soir. Attends un peu avant de vouloir déjà me mettre au boulot.
Un court silence.
Mais... Bonjour quand même !

Albérich resta muet de stupeur, incapable de répondre. Il fallait qu'il se reprenne, Marcus allait s'inquiéter.
Marcus ? Tu es... tu es vraiment avec Frida ?
Il sentit une émotion traître lui saisir les tempes. Il avait voulu le contacter pour lui demander où il était, jamais il n'aurait imaginé qu'il puisse être si proche...

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue