La Couronne de Cuivre

L'aubemestre sourit.
-Les énergies divines ne sont pas chose anodine, surtout pour un enfant. En général, quand il n'y a pas de danger, mieux vaut laisser faire la nature. Dans son cas, il serait sur pied dans quelques heures à peine. Mais soit, un petit remontant ne peut pas lui faire de mal.
Il incanta. Une brève lueur entoura Podrick, parut se fondre en lui... Puis le petit garçon battit des paupières, l'air soudain plus présent, son visage reprenant lentement des couleurs.

La magicienne faillit prendre ombrage lorsque l'aubemestre sembla ne plus vouloir utiliser ses pouvoirs pour aider l'enfant à se remettre et lui dire qu'elle ne comprenait pas qu'il eut fait cette proposition si c'était pour juste pour mettre en avant ses pouvoirs, mais, bien vite elle oublia cette contrariété et lorsque Podrick battit des paupières, que son visage reprenait vie, elle ne vit plus que lui et l'embrassa tendrement,murmurant, une profonde émotion dans la voix.

Je t'aime Podrick, ça va aller maintenant.

Elle resta un long moment à caresser sa chevelure posant de temps en temps un baiser sur son front et ce ne fut qu'après quelques minutes qu'elle releva la tête en direction de l'aubemestre.

Merci !

-De rien... fit l'aubemestre, souriant. Rendre service est notre devoir, sinon notre raison d'être.
Il jeta un regard au sacs, à la caisse.
-Et je réitère ma promesse : ceci sera utilisé au mieux pour aider les Luméniens dans le besoin. C'est un don bienvenu : les bonnes volontés ne manquent pas, mais... La ville ne s'est pas encore remise des tourments qu'elle a connus. Nombre d'habitants s'en ressentent encore...
Il sourit à nouveau.
-Désirez-vous que je vous fasse préparer quelque chose à boire, à manger ? Préférez-vous rentrer directement chez vous ?
Podrick avait retrouvé ses esprits. Encore un peu pâle, manifestment fatigué, il semblait néanmoins tout à fait capable de marcher jusqu'à leur demeure.

Bien que Podrick sembla prêt à faire le chemin du retour, la magicienne ne s'en sentait pas capable dans l'immédiat, sa longue journée, les événements de la nuit et surtout les émotions violentes avaient trop puisé dans ses forces elfiques, surtout, son ouie était encore affectée et les douleurs encore omniprésentes. L'elfe n'avait ni faim ni soif, mais rester un peu dans le temple ne pouvait que lui être profitble.

Si nous sommes venus vers vous, ce n'était pas que nous craignons les spectres, peut-être pas assez je suis prête à le reconnaitre. Nous avions entièrement confiance dans l'utilisation que vous feriez des biens que vous nous apportons, probablement ceux qui contiennent le plus de richesse, ceux qui sont vraiment des richesses. J'accepte volontiers votre offre, nous restaurez un peu ne pourra que nous remettre complètement d'aplomb et son sourire se fit un peu plus tristre, le peu de nouvelle qu'elle avait eu semblaient si floues qu'elle craignait pour la vie de celui pour lequel peu de mois auparant elle avait accepté de participer à une mission. Peut-être pourriez vous nous donner quelques nouvelles de Sieur Megrall. puis, elle posa un regard encourageant et interrogateur sur le garçonnet,en tout cas pour moi, cela m'est nécessaire de prendre quelque repos avant de nous en retourner à notre demeure et toi Podrick que souhaites-tu ?

-Heu, ça ne me gêne pas de rester un moment, fit le gamin.
L'aubemestre hocha la tête et leur indiqua une petite porte entrouverte dans l'un des murs du hall.
-Albérich Megrall a manifesté le désir de se retirer quelques temps loin de l'agitation luménienne... fit-il tandis qu'ils se dirigeaient dans cette direction. Il nous a quittés voici plusieurs semaines.
Il les précéda dans une petite salle, apparemment l'endroit où patientaient les veilleurs en attendant d'éventuels visiteurs nocturnes. Le clerc qui avait ouvert à Arya et Podrick s'était préparé du thé, ainsi qu'un petit en-cas à base de pain et de fromage.
Sans que son supérieur eut besoin de dire quoi que ce soit, le jeune homme remplit trois tasses supplémentaires et, tandis que l'aubemestre invitait l'elfe et l'enfant à s'assoir à table, il poussa les quelques mets dans leur direction.
L'endroit était chaleureux, au sens propre comme au figuré : un grand feu brûlait dans la cheminée, et le mobilier, sans être ostentatoire, paraissait des plus confortables.

Tout en entourant l'enfant de ses bras tendres, Arya suivit l'aubemestre et se réjouit de pouvoir reprendre un peu de force avant de s'en retourner dans sa demeure. Elle accepta volontiers le thé qu'on lui offrit tout en engageant Podrick de prendre une petite colation. En dehors des biens-faits que cela lui apporterait, c'était également pour l'elfe un moyen de constater s'il avit dépassé un peu ou pas du tout les événements. Puis, son regard se posa doucement sur son hôte, elle ne pouvait savoir la connaissance qu'il avait des événements passés, d'autant vis-à-vis du jeune prêtre présent, mais elle était certaine que lors de sa venue en ce lieu, elle ne les y avaient pas vus. Elle chercha à savoir ce qu'il savait tout en l'informant discrêtement qu'elle avait plus que connaissance des affres que le prêtre avait subis. Dans son for intérieur, elle ne souhaitait qu'entendre qu'il serait bientôt de retour.

Oui, j'ai appris qu'il avait souhaité se retirer, je l'ai rencontré peu après la fête de la lune, il me serait simplement agréable de savoir si cette retraite lui apportait la sérénité qu'il recherchait.

L'homme la dévisagea un instant, puis acquiesça.
-Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis son départ. Cependant, j'ai tout lieu de croire que sa retraite lui sera bénéfique.
Podrick, de son côté, mangeait et buvait avec appétit. Il semblait toujours un peu dans le vague, mais c'était sans commune mesure avec l'hébétude qui avait immédiatement suivi l'assaut du spectre.

La réponse laissait entendre qu'il n'avait pas de nouvelle ou que celles-ci étaient trop imprésises pour qu'il savnce. Elle s'en contenta bien qu'un doute se mit à la tarrauder. Peut-être n'avait-il pas survécu à ses blessures physiques et mentales !

Pourtant, bien vite Arya laissa de côté le passé pour ne s'intéresser qu'au présent et l'appétit dont faisait preuve Podrick lui permettait d'espérer que l'enfant s'en sortirait sans trop de traumatisme supplémentaires, mais si l'enfant ne relevait pas le sujet, elle ne parlerait de ce qui c'était passé que lorsqu'il aurait passé une bonne nuit ou du moins ce qu'il en restait.

Lorsqu'il eut terminé sa collation, l'elfe se leva et l'invita à faire de même.

Nous ne voulons pas abuser de votre temps d'autant que nous vous privons de repos. Je vous remercie pour votre accueil et pour l'aide que vous nous avez apportée.

Alaric leva les mains, comme pour montrer, une nouvelle fois, qu'il n'estimait pas mériter de remerciements.
-Oh, je n'étais pas prêt de me coucher... Vous m'avez offert l'opportunité de sortir la tête des tas de paperasse qui encombrent mon bureau, et je vous en suis redevable. Je vous souhaite un bon retour, et j'espère qu'aucune âme en peine ne viendra à nouveau hanter votre demeure.
Quant au petit garçon, il s'était levé, resserrant son manteau en prévision du froid qu'ils allaient devoir affronter.

L'elfe et l'enfant ne s'attardèrent pas, laissant l'aubemestre à sa besogne, le jeune prêtre à sa garde, bien emmitoufflés, ils sortirent sur le parvis. La nuit glacial les accueillit et comme pour adoucir peut-être le froid qui sévisssait, les étoiles brillaient dans un ciel pur. Une demi-lune offrait une faible clarté et venait s'ajouter à la lumière vacillante des candélabres.

Passant son bras tendrement par-dessus l'épaule de son petit protéger, Arya avait décidé qu'en cette nuit tourmentée, bien que tout fut maintenant terminé, ils prendraient un autre chemin malgré que cela leur fit faire un petit détour pour rejoindre l'avenue du Solstice.

Quête : Les chemins de Luménis

Après avoir quitté le poste de garde, Eldrina et Asna se dirigèrent vers le temple de Lathandre. A leur arrivée, elles s'immobilisèrent quelques instants, observant l'imposant édifice. Ce temple était visiblement d'un tout autre calibre que celui de Respelm! La rôdeuse espérait cependant que les prêtres, eux, seraient semblables à leur confrère Aïdan qui était sommes toutes assez sympathique.

Elle s'avancèrent vers la porte du sanctuaire et Eldrina entra d'un pas hésitant, observant l'intérieur du bâtiment.

Quête: Les chemins de Luménis

L'intérieur du temple était aussi magnifique que l'extérieur, clair et lumineux, avec de vastes baies vitrées ouvrant vers de luxuriants jardins à l'est.
Un tout jeune clerc au visage parsemé de tâches de rousseur vint à leur rencontre, souriant d'un air affable.
- Bonjour gentes demoiselles, en quoi puis-je vous être utiles ?

Il examina rapidement le document qu'Eldrina lui tendit, et leur fit signe de les suivre.
- Ce papier demande qu'Alaric d'Antelucas, l'aubemestre, soit informé de l'objet de votre visite, mais il n'est hélas pas disponible pour l'heure. Je vais vous présenter l'un de mes confrères plus expérimenté, Elorep. C'est lui qui est généralement en charge de l'étude des objets maudits, comme le mentionne du reste l'auteur de cette missive. J'avoue n'avoir jamais eu l'occasion de croiser Aïdan, mais je le connais de réputation. S'il vous a envoyé ici c'est que ces objets sont réellement dangereux... Tenez, nous y voici !

Il les avait conduit à travers un long couloir desservant sans doute les cellules des moines, jusqu'à un bureau de taille modeste. Son occupant, un petit homme trapu aux cheveux gris, se leva à leur entrée et leur fit signe de s'asseoir, tout parcourant rapidement la missive que lui tendait son jeune confrère. Son regard se posa ensuite sur le sac contenant les objets magiques, attendant visiblement qu'Eldrina l'ouvre.
- Pourriez-vous m'en dire un peu plus sur ces objets ? Le lieu où vous les avez trouvé, par exemple. L'un d'eux a-t-il été utilisé, et avec quel effet ?

Quête : Les chemins de Luménis

Eldrina se sentit rassurée par le sérieux des prêtres. De toute évidence, ils savaient parfaitement de quoi ils parlaient, contrairement à elle qui n'avait qu'une idée assez vague de ce en quoi consistaient des objets maudits. Elle chercha dans sa mémoire, se remémorant les différents événements.
- Eh bien, ces objets ont été découverts par Asna - elle désigna la jeune fille du doigt - et ses amis, dans une petite grotte au beau milieu de la forêt. Je ... je me souviens qu'il y avait des ... des runes gravées sur les rochers, je pourrais les reproduire si vous me donnez de quoi écrire. Enfin... si ça peut avoir une quelconque utilité. Quant aux objets eux-mêmes...
Elle ouvrit le sac pour les montrer au clerc, en prenant soin de ne pas les toucher.
- Il y a une dague, je crois que c'est celle-ci - elle l'indiqua d'un geste de la main- qui était maudite, elle a rendu fou un jeune garçon, mais un prêtre de ... Tymora je crois... a réussi à lever la malédiction. Et il y a aussi un bracelet, qui a rendu muette la soeur d'Asna. Malheureusement, Aïdan n'avait pas de parchemin pour régler cela lui-même. C'est pourquoi il nous a envoyées requérir votre aide.

Quête : les chemins de Luménis

Le clerc examina avec soin les objets, sans les toucher autrement qu'à travers un linge sans doute protégé magiquement. Il demanda à Eldrina de reproduire les runes dont elle se souvenait, sur un papier qu'il consigna soigneusement avec la lettre d'Aïdan et ses propres notes.
- Etudier ces objets va me prendre un certain temps. Certains semblent extrêmement puissant, et chargés d'une forte énergie négative. Peut-être des objets de Shar....Aïdan a bien fait de me les faire envoyer....

Il se tut, perdu dans ses pensées, puis parut soudain se souvenir de la requête des deux jeunes femmes.
- Ah, oui, il vous fallait aussi un parchemin pour lever une malédiction....
Il fouilla dans l'un de ses tiroirs et un retira une liasse couverte de runes incompréhensibles pour les non-initiés.
- Tenez, cela devrait convenir pour le genre de malédiction que vous m'avez décrite... je vous en donne deux, ainsi il en aura d'avance.

Asna se saisit des parchemins, presque avidement, et le rangea dans ses affaires personnelles. Le clerc se leva pour prendre congé.
- Permettez-moi de vous souhaiter une bonne fin de journée, et que Lathandre illumine vos vies... A moins que vous n'ayez d'autres requêtes à formuler?

HRP : n'h'ésite pas à poster ensuite quelques mots à la taverne ou à l'auberge de ton choix...

Quête : Les chemins de Luménis

La jeune femme était un peu surprise de la facilité avec laquelle le clerc leur avait donné ces parchemins. Elle n'aurait pas pensé que de tels parchemins contre les malédictions soient si courants qu'on puisse en distribuer aussi simplement. Quoique, après réflexion, elles se trouvaient tout de même dans le grand sanctuaire de Luménis et pas dans un petit temple de campagne, les moyens dont ils disposaient étaient certainement bien plus conséquents.

Elle sourit à son interlocuteur.
- Non, ça devrait aller, je vous remercie. Bonne journée à vous aussi...

En sortant, elle put constater qu'il commençait à se faire tard, et elle décida qu'il était temps d'aller trouver de quoi se loger. Quel était le nom de cette auberge, déjà, dans le quartier portuaire? Ah oui, la Taverne de la Bienveillance. Elle se tourna vers Asna.
- Je crois qu'il est temps d'aller nous reposer.
Elle se dirigèrent donc vers la taverne.

Quête : chercheurs de sens

Le garde qui escorta Eldrina et Sam depuis l'assemblée n'avait rien d'un guide de tourisme. Il semblait également totalement imperméable à la beauté de la nature semi-sauvage du grand parc verdoyant qu'il leur fit traverser : pas une seule fois il ne leva les yeux vers un des grands arbres majestueux, pas une seule fleur n'attira son regard. Il accomplissait sa mission : escorter la demoiselle jusqu'au temple ainsi qu'on le lui avait demandé. Là s'arrêtait son devoir.
Sam, lui, désigna de la main l'Esplanade, l'un des endroits les plus sauvages du parc, puis les jardins fleuris, où la nature était totalement domestiquée, mais leur escorte semblait pressée d'arriver, aussi se contenta-t-il finalement de promettre une visite ultérieure.

Ils arrivèrent devant le temple alors que l'après-midi touchait à sa fin. Un jeune clerc, à l'accueil, grimaça lorsque le garde lui demanda de les conduire à l'aubemestre, expliquant que celui-ci était occupé pour le moment. Cependant, lorsque le garde mentionna le nom d'Eldrina, il sursauta et se ravisa, rougissant.
- Le... l'aubemestre va vous recevoir tout de suite, madame, bafouilla-t-il. Enfin, je dois d'abord le prévenir... Je... je vais vous faire apporter un thé en attendant. Suivez-moi, je vais vous installer dans le petit salon.
Evitant l'immense choeur où priaient quelques fidèles, il les conduisit par une petite porte latérale le long d'un large corridor, jusqu'à un confortable salon. Le garde s'étant éclipsé, il les laissa s'installer sur l'un des confortables fauteuils.
- L'aubemestre en personne ! siffla Sam, à voix basse toutefois. Qu'est-ce qui peut bien nous valoir un tel honneur? Je ne vous savais pas si haut placée...

Quête : Chercheurs de sens

Aubemestre, aubemestre. Le mot lui disait quelque chose, et elle fronça les sourcils, perplexe. Elle n'avait aucune idée de ce que cela pouvait signifier, mais c'était de toute évidence quelqu'un d'important. Comme diantre un tel homme qui semblait connu de toute la ville, vu les réactions de Sam et du clerc, pouvait-il s'intéresser à elle - et même, comment pouvait-il savoir qu'elle existait? Elle se demandait ce qu'elle avait bien pu faire qui nécessite tout ce pataquès autour d'elle. Et puis... Elle s'interrompit soudain dans ses réflexions. Elle se souvenait à présent! Sam avait mentionné ce mot la veille, lorsqu'il parlait des dirigeants de la ville. Elle se tourna donc vers lui, chuchotant à son tour puisqu'il avait l'air d'y tenir.

- Excusez-moi, mais... Qu'est-ce que cet aubemestre? Vous en avez parlé hier je crois, comme une sorte de - "conseiller", c'est ça? De quoi s'occupe cet homme? C'est-à-dire, j'aimerais comprendre le rapport entre ce que fait cet homme et ce que moi j'ai bien pu faire...

Elle soupira. C'était certes intrigant, mais tout de même, elle était bien frustrée par cette convocation qui intervenait au beau milieu de leur visite - quand on pensait que ce garde n'avait même pas jeté un coup d'oeil au parc! Celui-ci n'avait certes pas la prestance et la puissance d'évocation de la forêt d'où elle venait, mais il lui fallait reconnaître qu'il était tout de même plus que joli, et elle aurait bien aimé observer comment ils avaient choisi de "domestiquer" la nature dans leurs jardins. Et puis, il lui faudrait quand même aller vérifier ce que Sam entendait par "sauvage" lorsqu'il parlait de cette Esplanade. Bon, après tout, rien ne pressait, elle pourrait toujours y aller plus tard.

Quête : chercheurs de sens

Sam la regarda, quelque peu interloqué, avant de comprendre le sens de son questionnement.
- Excusez-moi, j'oubliais que vous ne connaissez rien au fonctionnement de la ville... L'aubemestre c'est en quelque sorte le dirigeant de toute la communauté lathandrite de Luménis, et même d'Hélonna dans son ensemble. Et comme Luménis est un peu la cité de Lathandre, il a un grand pouvoir et jouit d'une très grande considération. Mais ce n'est pas un conseiller. L'ancien aubemestre, Albérich megrall, était l'un des trois conseillers de la ville, mais il a démissionné et c'est le général Maelwedd, un militaire donc, qui a été désigné à sa place. L'aubemestre actuel n'est donc pas un conseiller. Mais c'est quand même l'un des personnages les plus importants de la ville, parce que le clergé de Lathandre est très puissant...

Il s'interrompit comme on leur apportait une tasse de thé et quelques petits gâteaux. Un jeune clerc les servit sans prononcer plus de quelques mots, puis s'éloigna.
- Quant au rapport avec vous, vous devriez sans doute le savoir mieux que moi. Vous n'avez rien à voir avec le clergé lathandrite? Peut-être avez-vous fait quelque chose qui aurait pu éveiller leur intérêt ?

Quête : Chercheurs de sens

Eldrina ne répondit pas tout de suite à la question de Sam, trop occupée à essayer de démêler ce qu'il venait de lui expliquer. Il avait enchaîné son discours assez vite, et c'était apparemment beaucoup plus évident à comprendre pour lui que pour elle. Donc l'aubemestre était une sorte de général pour le clergé? Mais ce n'était pas toujours un conseiller? C'était un peu étrange. Alors les conseillers étaient des sortes de chefs très importants, mais d'autres qu'eux étaient des chefs très importants sans être conseillers; cela lui semblait assez peu clair, et elle voyait mal comment ils pouvaient se répartir les tâches - a fortiori si parfois les charges pouvaient se mêler, comme pour cet Albérich Mégrall. Bon, mais après tout, elle se posait sans doute trop de questions et cela devait sembler bien plus simple aux yeux d'un Luménien.

Elle attrapa un des gâteaux et croqua dedans - ils étaient plutôt bons, d'ailleurs. Elle ne comprenait pas trop pourquoi on leur apportait ainsi à manger et à boire, mais après tout, tant que c'était de bonne qualité, elle n'allait certes pas se plaindre. Et puis, un peu de thé favorisait la réflexion, et elle en avait bien besoin pour essayer de deviner ce qu'on pouvait bien lui vouloir.

- Eh bien... Je suis passée au temple avant-hier, certes, mais ce n'était pas... Enfin... Elle hésita, puis décida d'expliquer succinctement à Sam ce dont elle avait été chargée; peut-être aurait-il une remarque à faire. En venant à Luménis, je suis passée par un village, et le prêtre local m'a demandé d'apporter quelque chose à ses confrères à Luménis. Des objets magiques à garder en lieu sûr. Mais... Elle réalisa qu'elle n'était pas très claire. Je veux dire, il ne m'a pas demandé ça parce que c'était moi, vous voyez, mais simplement parce que je passais par là et que c'était plus pratique. Enfin bref, c'est la seule chose que j'aie faite en rapport avec Lathandre, et je suppose que les voyageurs venus solliciter un avis au Temple doivent être nombreux. Donc je ne vois vraiment pas ce qu'ils peuvent me vouloir...

Quête : chercheurs de sens

Ce qu'ils lui voulaient, elle n'allait pas tarder à le savoir, puisque déjà le jeune clerc était de retour. ils avaient à peine eu le temps de boire une tasse de thé.
- L'aubemestre va vous recevoir tout de suite, fit-il à l'adresse d'Eldrina.
Voyant que Sam se levait également, il eut un signe de dénégation.
- Non, pas vous... heu, je veux dire... Je ne pense pas que vous ayez le droit d'assister à l'entrevue. Il vaudrait mieux que vous nous attendiez ici...
Sam faillit rétorquer quelque chose, l'air un peu vexé d'être tenu en-dehors de la confidence. Mais il se contenta de hausser les épaules.
- C'est comme vous voulez... mais je préfère attendre dehors, si cela ne vous dérange pas. Vous savez, moi, les temples... Et je dois être de retour dans une heure environ chez ma mère, donc si cela s'avère plus long que prévu, je devrai filer. C'est bien dommage pour notre petite visite de la ville, ce sera pour une autre fois je pense, ajouta-t-il en se tournant vers Eldrina.
Son ton était légèrement amer, trahissant sa frustration. Mais en l'occurrence, il n'avait guère le choix, et il quitta la pièce en même temps qu'eux pour se diriger à l'opposé.

On introduisit Eldrina dans une pièce d'assez vastes dimensions, où trônait un grand bureau encombré de diverses paperasses. Derrière celui-ci se trouvaient deux homme, l'un qu'Eldrina avait déjà rencontré l'avant-veille lorsqu'elle avait apporté les objets maudits, et dont elle peinait à se remémorer le nom, l'autre était sans doute...
- Bonjour, Dame Eldrina, et merci à vous d'être venue aussi vite. Je suis Alaric d'Antelucas, aubemestre de ce temple. Je crois que vous connaissez déjà mon condisciple, Elorep, que vous avez rencontré avant-hier et à qui vous avez remis certains objets... C'est à leur propos que nous souhaitions vous voir d'urgence.
Les deux hommes échangèrent un regard. L'aubemestre semblait une véritable montagne à côté du petit homme trapu aux cheveux grisonnants. Un pli soucieux barrait son front. Il poursuivit de son timbre profond de basse.
- Nous aurions besoin de savoir qui, exactement, est au courant de l'existence de ces objets. Et surtout, si vous avez connaissance de la présence de certaines de ces personnes à Luménis.
- Ils ont été volés, expliqua sombrement Elorep.

Quête: Chercheurs de sens

Eldrina se sentit un peu gênée pour Sam, et par la façon dont on le congédiait. Et si elle avait envie qu'il reste, hein? Elle trouvait cela un peu cavalier.
Mais elle oublia bien vite cette question lorsqu'elle reconnut le clerc de l'avant-veille et que l'autre homme - l' "aubemestre", donc - lui expliqua leur problème. Alors elle ne s'était finalement pas trompée, c'était bien en rapport avec les objets trouvés par Asna. Quand on pensait qu'elle avait été envoyée à Luménis justement pour garantir la sécurité et la bonne garde de ces objets! Mais après tout, elle n'en savait pas plus, alors autant ne pas critiquer les lathandrites sans connaître les événements.
Elle tiqua en revanche lorsqu'elle comprit où ils voulaient en venir. Si les objets avaient été volés, c'était sans doute que le voleur savait qu'ils étaient là. Et donc, il y a avait des chances que ce fût quelqu'un venu de Respelm... L'image d'Enzo s'imposa soudain à elle: oui, en effet, il y avait bien à Luménis en ce moment même quelqu'un qui connaissait l'existence de ces objets. Mais elle décida presque aussitôt de n'en rien dire pour l'instant; elle ne voulait pas attirer au garçon plus d'ennuis qu'elle ne lui en avait déjà apportés, et tant qu'il n'y avait aucun début de preuve elle garderait son nom pour elle.

Elle leur répondit donc finalement, un peu intimidée par ces deux inconnus qui la dévisageaient d'un air sombre.
- Eh bien... Il y a Aïdan, bien sûr - votre confrère, je veux dire. Et puis la jeune fille qui m'accompagnait il y a deux jours - elle regarda le clerc qu'elle avait rencontré à cette occasion, puisqu'il devait sans doute se souvenir d'Asna. Hmm, et puis, la famille de l'autre victime - euh, oui, parce que la soeur d'Asna, enfin, de la jeune fille qui m'accompagnait, a été victime d'un des objets... Euh... Elle se perdait un peu dans son récit, impressionnée par ses interlocuteurs. Où en étais-je? Oui, donc, l'autre victime, un jeune homme du Peuple Libre, et donc sa famille... Elle se demanda s'ils savaient ce qu'était le Peuple Libre, hésita, puis décida de leur expliquer succinctement. Ce sont des gens qui vivent dans la forêt non loin du village. Bref, leur clerc et leur chef sont aussi au courant.

Elle faillit les interroger sur les circonstances du vol, mais elle se sentait décidément bien mal à l'aise tout à coup, d'autant qu'elle n'était guère satisfaite de sa réponse peu éloquente; aussi se retint-elle de poser sa question.

Quête : chercheurs de sens.

Les deux hommes l'avaient écouté avec attention, sans que leur visage trahisse la moindre impatience devant ses explications confuses.
- Nous connaissons le Peuple Libre, de réputation du moins, répondit l'aubemestre. Mon prédecesseur, Albérich Megrall, avait envoyé un jeune rôdeur, Kasumi je crois, enquêter sur les tensions de la région : il nous a fait un rapport détaillé, mais il date de près de deux ans... Donc vous dites, si je comprends bien, qu'une famille de de cette communauté, ainsi que leurs chefs, sont au courant de l'existence de ces objets. Et des jeunes filles du village de Respelm.
- Il est probable que d'autres aient été mis au courant, souligna Elorep.
- Certes... Avez-vous eu le sentiment que certaines de ces personnes aient vu d'un mauvais oeil décision d'Aïdan d'envoyer ce trésor à Luménis ? Je ne sais pas ce que sont les rapports entre le village et cette communauté actuellement, mais si la situation est tendue, peut-être qu'ils ont pu en prendre ombrage. Comment avez-vous ressenti la situation ? Vous n'êtes pas du village et avez peut-être un regard neutre sur la situation...

Quête : Chercheurs de sens

Eldrina prit un instant pour réfléchir. Des tensions? Bien sûr qu'il y avait eu des tensions, et même si elle n'était pas très experte en matière de relations sociales, il n'y avait pas besoin d'être grand clerc pour s'apercevoir de la méfiance qui régnait entre le Peuple Libre et les villageois. D'ailleurs elle se souvenait à présent qu'on lui avait déjà parlé de ce rôdeur que l'aubemestre venait de mentionner, et pas toujours avec le même enthousiasme.
Mais de là à dire que les uns ou les autres auraient eu envie de garder les objets... Elle réfléchit. Si sa mémoire était bonne, les jeunes hommes qu'elles avaient rencontré avaient été assez agressifs quant à ce qu'ils voyaient comme un trésor, mais la rôdeuse avait l'impression que cette agressivité était surtout motivée par le fait qu'elles soient des étrangères, et non à cause des objets eux-mêmes. Et après tout, c'étaient eux qui avaient suggéré de les envoyer à Luménis.

- Eh bien, fit-elle finalement, je ne suis pas forcément très fiable... Mais je dirais qu'ils auraient pu s'offusquer si les objets étaient allés à Respelm; en revanche, les envoyer à Luménis était un bon compromis, et leur clerc avait l'air rassuré de se séparer de ces objets. Et puis, ce n'était pas seulement la décision d'Aïdan, vous voyez, cette décision a été prise en commun, si je puis dire... Après, je n'ai pas parlé à tout le monde, peut-être que je n'ai eu affaire qu'aux gens les plus raisonnables... C'est vrai que les deux communautés avaient l'air de se méfier l'une de l'autre. Mais de là à aller voler des objets maudits, tout de même...

Quête : chercheurs de sens

L'aubemestre avait écouté avec attention, apparemment satisfait que la décision d'envoyer les objets à Luménis ait été voulue par les deux parties. Mais à sa dernière phrase, il secoua la tête.
- Des objets magiques, mêmes maudits, peuvent avoir de la valeur. C'est la raison la plus probable du vol... Mais on ne peut pas non plus exclure quelque chose de bien plus grave : que quelqu'un les ait dérobé dans le but d'utiliser leur pouvoir.
Il soupira.
- Et même s'ils ont été dérobé pour de l'argent, ils pourraient finir par tomber entre de mauvaises mains, renchérit Elorep.
- Au temple, seuls Elorep, moi-même et deux de nos collègues au-dessus de tout soupçons savaient que ces objets avaient été découverts et se trouvaient ici. Il est donc évident que le voleur a eu l'information par un autre biais. Bien sûr, il peut aussi s'agir d'un vol commis complètement par hasard, mais nous avons la sensation qu'il savait très bien ce qu'il cherchait. C'est pourquoi nous souhaiterions donner aux gardes les noms et les descriptions physiques de toutes les personnes au courant de l'existence de ces objets. Si d'aventure l'un d'eux se trouve à Luménis, nous aurions ainsi toutes les chances de le découvrir. Accepteriez-vous de coopérer avec nous?

Quête: Chercheurs de sens

Là encore, Eldrina prit un moment de réflexion. Donner le signalement de tous les gens qui étaient au courant de l'existence des objets... Elle doutait que ceux du Peuple Libre soient très contents s'ils apprenaient qu'ils ne seraient plus incognito le moins du monde la prochaine fois qu'ils iraient à Luménis, et elle avait un peu l'impression qu'on lui demandait de les trahir. Et puis, elle-même n'était pas sûre qu'elle aurait apprécié, dans une situation semblable, que les autorités de la ville sachent toutes à quoi elle ressemblait et qui elle était.
Elle soupira. D'un autre côté, pouvait-elle leur reprocher de vouloir veiller à ce que ces objets ne tombent pas en de mauvaises mains, et de vouloir s'assurer de pouvoir retrouver aisément le voleur? Leur raisonnement était tout à fait logique, après tout, et il y avait objectivement des chances pour que le voleur vînt de Respelm ou des alentours. De plus ce n'est pas comme s'ils avaient souhaité les arrêter sans preuve: ils n'auraient pas fait appel à son aide s'ils étaient déjà tout prêts à faire un raid sur Respelm, ou quoi que ce soit d'autre d'agressif. Elle ne ferait que les aider à enquêter, ce qui était normal - d'autant plus qu'après tout on l'avait aussi chargée de veiller sur ces objets, du moins tant qu'ils seraient en lieu sûr à Luménis, ce qui n'était présentement pas le cas.

Elle leur répondit donc finalement:
- Oh, vous savez, je ne suis pas très... Comment disait-on déjà? Ce n'était pas comme si elle employait ce mot tous les jours. ... pas très physionomiste, alors je ne serai pas d'une grande précision... Mais... Elle s'éclaircit la gorge et prit un ton plus ferme. Je veux bien vous aider. Si vous avez de quoi noter...

La petite voix vaguement paranoïaque dans sa tête lui murmura qu'après tout, ce serait une bonne occasion de vérifier jusqu'à quel point les autorités de la ville pouvaient interférer dans la vie privée des habitants, et jusqu'à quel point ils estimaient avoir le droit de le faire.

Quête : chercheurs de sens

Le dénommé Elorep commença à noter, sous sa dictée, une liste de noms, associant à chacun d'eux une description physique approximative. Ils avaient déjà bien avancé quand on toqua discrètement à la porte. Un homme entra sans attendre d'y avoir été invité. Un homme âgé, qu'Eldrina commençait à connaître et qui ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes en la voyant.
- Ah, te voilà, Marvin... fit simplement l'aubemestre. Approche. Cette jeune personne est Dame Eldrina...
- Nous nous connaissons déjà ! le coupa Marvin, ajoutant en guise d'explication : nous logeons à la même auberge... Mais je n'avais pas du tout fait le rapprochement quand vous m'avez parlé d'une jeune demi-elfe. Vous ne m'aviez même pas dit son nom. J'espère au moins que vous ne la soupçonnez pas de...
- Non, bien sûr, c'est une évidence, le coupa l'aubemestre d'un ton sans réplique.

La surprise avait momentanément fait perdre la parole à Elorep, dont le regard stupéfait allait de l'un à l'autre. Mais il fallait bien davantage qu'une heureuse coïncidence pour ébranler l'aubemestre qui se tourna vers Eldrina.
- Je ne vous présente pas, donc... Marvin est l'un de nos meilleurs spécialistes en ce qui concerne l'histoire et surtout l'étude des objets anciens. Nous avons fait appel à ses précieuses lumières pour identifier certains de ces objets, qui se sont révélés encore plus dangereux que nous le craignons. L'un de nos condisciples en a d'ailleurs fait les frais, s'étant insuffisamment protégé... Et Marvin dit qu'il faut nous attendre à bien pire...
- Le vol de ces objets est une catastrophe, soupira Marvin. Mais cela dit, je suis soulagé, quelque part, que ce soit une personne telle que vous qui nous les aie amenés : je suis certain de pouvoir avoir confiance en votre intégrité.
Il lui sourit avec une certaine douceur.
- Je me doute que ça doit être un peu perturbant de vous retrouver mêlée à tout ça...

HRP suis absente du 28/12 au 2/01

Quête : Chercheurs de sens

L'arrivée inopinée de Marvin déclencha aussitôt quelques engrenages dans le cerveau de la rôdeuse. C'était donc pour cela qu'il avait eu l'air si préoccupé! Il faisait partie de ceux qui s'occupaient des objets. Tout s'expliquait. Et elle devait reconnaître qu'elle était plutôt satisfaite de cette nouvelle; bien sûr, elle ne connaissait encore que très peu le prêtre, mais il lui avait fait bonne impression et quelque chose lui disait qu'il était digne de confiance. Eldrina se sentit donc rassurée dès que la présence de Marvin dans l'enquête fut confirmée - elle aurait moins à s'inquiéter si elle devait collaborer avec des hommes comme lui.

Elle le salua donc d'un signe de tête dès qu'elle l'eût reconnu. Sa dernière remarque la fit sourire: elle était plutôt touchée qu'il la considère comme fiable, et elle appréciait son tact. Elle lui répondit donc d'un "Bah!" fataliste, haussant les épaules. C'était effectivement perturbant, mais guère plus que tout ce qu'elle avait pu voir jusque-là à Luménis - et là, au moins, elle avait une bonne raison de faire ce qu'elle faisait.

Quête: chercheurs de sens

Elorep, remis de sa surprise, trempa à nouveau sa plume dans son encre.
- Dame Eldrina était en train de me donner la description des personnes ayant eu connaissance de l'existence de ces armes, pour que nous demandions le soutien de la garde... Je propose que nous terminions.
Marvin acquiesça, l'air un peu dubitatif.
- Je n'aime guère l'idée que la garde soit mise au courant de cette histoire. Il y a déjà trop de personnes qui savent.
- Moi non plus, répondit l'aubemestre, mais nous n'avons guère le choix. Nous éviterons de trop leur en dire au sujet de ces objets... tout en sachant que si nous en disons trop peu ils risquent de ne pas nous prendre au sérieux.
- Moins ils en sauront, mieux ce sera. Mais le simple fait de faire appel à eux va de toute façon éveiller leur inquiétude.

Il soupira et jeta un coup d'oeil distrait à la liste, comme perdu dans ses pensées. Puis il questionna soudainement Eldrina :
- Pourriez-vous nous préciser si l'une de ces personnes semblait avoir pour projet de venir prochainement à Luménis ? Ou, mieux, si vous avez croisé l'un d'eux depuis que vous êtes en ville ? Cela pourrait nous donner une piste supplémentaire, qui peut-être nous éviterait de recourir aux gardes...
Il était difficile de savoir s'il songeait à l'incident du matin.

Quête : Chercheurs de sens

La jeune femme avait haussé un sourcil en entendant le dialogue entre Marvin et le... l'aubemestre. Ils se méfiaient de la garde? Tiens donc. Décidément, l'organisation de la cité devait être bien complexe, si les différents groupes se méfiaient les uns des autres. Mais enfin, elle n'en savait pas beaucoup, peut-être était-ce simplement l'idée de mettre des gens au courant de l'existence des objets qui les gênait - quoique, cela signifiait qu'ils n'avaient pas foi en la discrétion des gardes.

Mais elle avait d'autres soucis plus immédiats: peut-être Marvin ne l'avait-il pas fait, ne sachant pas l'origine du garçon (et ayant peut-être oublié l'incident) mais elle-même avait aussitôt pensé à Enzo. Le jeune garçon savait pour les objets. Et il manquait d'argent. A ce stade, elle devrait donc leur en parler - pas pour l'accuser, mais simplement pour les prévenir. Cependant, elle y avait déjà réfléchi peu avant, et sa résolution était la même: bien qu'en théorie elle ait sincèrement envie d'aider les prêtres autant qu'elle le pourrait, et qu'il s'agisse seulement de les renseigner, non d'accuser, elle savait qu'en pratique Enzo réagirait très mal si on venait le retrouver, l'interroger, voire l'arrêter, au sujet des objets. Et elle ne voulait ni lui attirer des ennuis, ni qu'il prenne ses actes pour une dénonciation, une sorte de trahison. Elle se souvenait très bien des réactions des gens, le matin même, ainsi que de celles d'Enzo, et quoi qu'ils disent, elle se méfiait un peu de ce que les prêtres pourraient être poussés à faire. Non, tant qu'il n'y aurait pas de preuve tendant à impliquer le garçon, elle ne parlerait pas de lui. Elle se sentit un peu mal de prendre cette décision, mais elle s'en serait plus voulu si elle avait parlé de lui à ces gens, qui étaient, somme toute, des inconnus.

Elle choisit donc de ne pas répondre directement à la question de Marvin, sans lui mentir réellement:
- Vous savez, les gens du Peuple Libre n'avaient pas l'air très... urbains. Et je crois bien qu'ils m'ont même dit qu'ils ne venaient que rarement à Luménis. Ce n'est pas leur monde, vous voyez, ils préfèrent... rester chez eux. Quant aux rares habitants de Respelm qui sont au courant... Aïdan, votre confrère, avait l'air très occupé. Et je crois qu'il ne vient pas souvent en ville non plus. Et pour la famille des victimes, c'est pareil. Elle eut un sourire en repensant à la mère d'Asna. Ce n'était pas elle qui allait envoyer sa fille en promenade à Luménis tous les jours! Ils sont tous occupés, et n'avaient pas l'air très intéressés par l'idée de mettre un pied ici. Enfin, sans vouloir vous vexer.

Quête: Chercheurs de sens

Marvin lui adressa un regard scrutateur. Comme s'il pressentait qu'elle ne disait pas toute la vérité... Peut-être à cause de l'incident avec Enzo ? Mais même Alaric, l'aubemestre, qui pourtant ne pouvait pas être au courant, sembla un instant la jauger du regard. Les lathandrites avaient-ils donc le don de lire dans les esprits ? Ou bien était-elle si mauvaise dissimulatrice ?

Néanmoins, aucun des deux ne fit le moindre commentaire. Elorep acheva la liste, sous sa dictée, et prit le temps de relire soigneusement ses notes avant d'interroger du regard l'aubemestre.
- Mieux vaut que l'enquête avance le plus vite possible, acquiesça celui-ci en réponse à la question muette. Mais je vous laisserai vous rendre au fort vous-même. Si je me déplaçais en personne, ils jugeraient la situation sans doute encore plus grave qu'elle ne l'est.
- Elle l'est, marmonna Marvin comme pour lui-même, mais assez fort pour que son supérieur l'entende.
- Bien évidemment... mais déclencher une vague de panique est la dernière chose à faire : inutile de rendre publique l'existence d'objets si puissants et dangereux. Il reste l'espoir que le voleur ne sache pas les utiliser et ne voie en eux qu'une marchandise, et que nous les récupérions avant que des puissances maléfiques s'en emparent. Mais imaginez que des sharites apprennent leur existence...

Il se tourna vers Eldrina.
- Dame Eldrina, merci encore de votre coopération. Je vais laisser Marvin vous raccompagner. Bien sûr, nous comptons sur votre discrétion absolue. Et s'il vous arrivait de croiser en ville une personnes que vous savez être au courant de l'existence de ces objets... essayez de nous prévenir rapidement.

La Couronne de Cuivre

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