[Féérie] Sur la piste de Kaljivahu...

[Galathée]

" Ah, le blondinet au sourire facile... Oui, il est passé par ici... mais il est parti, oh..."
Elle se retourna.
" IRMA ! Il est parti quand, le joli coeur ?"
Une créature qui ressemblait à une grenouille à corps presque humain leva les yeux de l'assiette qu'elle essuyait méthodiquement.
" Oula... J'sais plus, moi... Y'a du temps, déjà... Oui, du temps.."
La grenouille secoua le baquet voisin et un elfe aux yeux globuleux en émergea.
" Il est parti quand, ton copain qui f'sait des blagues ?
— Pourquoi il est partiiiiii ?
— C'pas la question, la question c'est quand ?
— Y'a longtemps.
— Elle veut une aut'réponse, la p'tite dame.
— Mmm... Quand les premiers sont rentrés, plus ou moins, j'crois. Les premiers du front. Quand y'a eu du raffut, oui. Il voulait voir."

[Voyageuse]

" Ouah... ça fait une éternité, ça !"
Astrée grimaça. Dans quoi donc avait-il pu se fourrer ? Mais elle se reprocha aussitôt son préjugé négatif. Elle ne devait pas l'accuser de quoi que ce soit : les autres aussi avaient disparu, et ils n'étaient pas du genre à s'attirer des ennuis, eux.
" Merci... Je suis inquiète, il a disparu, il n'est pas à la fête, expliqua-t-elle. Je vais voir... si je peux le trouver quelque part à l'extérieur. Est-ce qu'il y a une autre fête, quelque part ? Ou un endroit où il aurait pu aller manger ou même dormir ?", demanda-t-elle à tout hasard.
Imaginer que Mathieu aille se coucher alors que tout le monde faisait la fête était totalement absurde, bien sûr.

[Galathée]

" Heu... C'est pas vraiment organisé... Y'a des gens qui dorment un peu partout..." dit la première petite vieille.
La dénommée Irma gloussa et son compagnon aux yeux globuleux fit des bulles en l'imitant.
" 'Scusez, ma p'tite, mais imaginer quelqu'un qui dort, avec ce raffut !"
Elle gloussa de plus belle.
" Vous zinquiétez donc pas... Il s'est sûrement trouvé une donzelle... Y'a des p'tites dryades bien du genre à s'encanailler avec un matériel. Ouaip.
— Il est p't'être en danger quand même, alors, intervint le globuleux.
— Pas cette nuit. Elle le relâchera à l'aube. C'est la fête !"

[Voyageuse]

" Pourquoi ça le mettrait en danger ?" s'alarma Astrée, en se tournant vers l'espèce d'elfe aux yeux globuleux.
Elle essaya de se rappeler si elle savait quoi que ce soit des dryades... mais il était tard et elle était trop fatiguée pour se souvenir.
" Et pourquoi vous dites que non, pas ce soir ?", ajouta-t-elle à l'adresse d'Irma.
Mathieu était tout à fait du genre à tenter de séduire une belle dryade ou même une fey, juste pour le plaisir d'une nuit, sans se préoccuper de l'avertissement explicite de Dimitri à ce sujet.

[Galathée]

" Une dryade qui s'amourache, c'est plus collant que d'la bardane ou d'la sève de sapin ! s'exclama la première grand-mère. Ça s'accroche, ça te déclare l'amour à tout jamais, et si t'es pas pour, t'es mal embarqué. T'as beau essayer d'te dépêtrer, t'es glué.
— Comme si ça t'était jamais arrivé, Mère Lajoie ! s'exclama un lutin filiforme qui empilait des verres un peu plus loin.
— J'te cause point, Pikenfer !"
Le lutin gloussa et en revint à ses verres.
" Mais c'est une nuit d'festin et d'festoyades, dit Irma la grenouille. Tous les amours sont permis, mais pas les serments. Alors même si le p'tit gars s'est trouvé une dryade, elle pourra pas l'ret'nir c'te nuit."

[Voyageuse]

Astrée hocha lentement la tête, mettant de l'ordre dans ses idées. Mathieu avait pu, bien sûr, se trouver une partenaire d'un soir. Ou même un partenaire, se souvint-elle. Il n'était pas très sélectif en la matière.
" Bon, admettons qu'ils soit en pleine partie de jambe en l'air quelque part. Ça ne se fait pas d'aller le déranger. Mais son amoureuse de la nuit pourrait peut-être tenter un grand serment demain, une fois la fête finie, s'il ne se méfie pas... Elle est obligée de le relâcher ? L'interdiction des serments reste valable combien de temps ?"
Elle songea qu'elle faisait peut-être fausse route : ses autres compagnons avaient eux aussi disparu... Mais ils pouvaient avoir d'autres raisons, après tout.

[Galathée]

" Oh ça... Y'a pas des règles comme ça, ici, ma p'tite dame, dit Irma. C'est juste comme ça. Y'a pas des... textes, ou quoi."
L'être aux yeux globuleux et sa voisine gloussèrent à nouveau.
" En tout cas, il est pas ici... Mais vous pouvez aller demander aux dryades directement, si vous voulez... Y'a des saules, si vous sortez par là... Si elles ne sont pas à la fête, c'est là que vous les trouverez.
— Mais elles sont pas toujours sympas, les dryades, faut l'savoir."
Ils échangèrent des regards entendus.

[Voyageuse]

Elle grimaça, mais n'essaya pas de poser davantage de question sur ce le façon qu'elles pouvaient avoir de ne pas être très sympathique. Elle le verrait par elle-même.
" De toute façon, tous mes amis ont disparu. Il faut bien que j'aille à leur recherche...", marmonna-t-elle pour elle-même.
Tous ? Peut-être pas Kalju, réalisa-t-elle brusquement. Il n'y avait absolument aucune raison pour qu'il disparaisse : il était incapable de décider quoi que ce soit par lui-même. Mais tout de même, par acquis de conscience, elle irait voir s'il se trouvait là où elle l'avait laissé.
" Merci en tout cas pour toutes ces informations. Je vais aller voir les dryades", conclut-elle avec un sourire de remerciement à l'adresse des gens des cuisines.
Elle songea qu'elle ferait peut-être mieux de commencer par Kalju, pour se rassurer, si toutefois il ne se trouvait pas à l'autre bout du campement.

[Galathée]

Elle ressortit donc dans le noir, traversa l'esplanade presque déserte — quelques farfadets ivres y titubaient, un concours de pugilat entre minuscules créatures à moitié insectes avait lieu sur le dessus d'un tonneau et un centaure ronflait, couché en travers du chemin — et regagna le petit bois où dormait Kalju. Qui y était toujours, couché sous sa couverture, l'air plus ou moins endormi. Difficile de savoir, à nouveau, mais il avait en tout cas les yeux fermés. Il n'y avait rien à signaler de son côté.

[Voyageuse]

Qu'il disparaisse aurait été pour le moins surprenant, mais elle se sentit tout de même rassurée de le voir là, paisiblement endormi -elle avait décidé qu'il dormait certainement lorsqu'il était dans cet état : on ne survit pas longtemps sans sommeil...

Bien sûr, cela ne lui disait rien de ce qui était advenu des autres. Mais elle allait commencer par la piste la plus simple : celle des dryades. Pour ce qui concernait Lae et Raevan, il lui faudrait mettre la main sur ceux qui les avaient emmenés en mission, et cela devait équivaloir à chercher une aiguille dans une meule de foin.

Elle se dirigea d'un pas décidé vers les saules dont avaient parlé les marmitons, espérant ne pas déranger les dryades en pleins ébats ou en plein sommeil.

[Galathée]

Les saules étaient une dizaine, disposés en cercle, comme une ronde d'arbres. Il y en avait des jeunes, de plus anciens, des têtards ébouriffés et des pleureurs aux larges corolles. Quand Astrée pénétra dans ce bosquet étrange, il était silencieux et paraissait désert. Bien sûr, les dryades vivaient dans leurs arbres, il n'était donc pas impossible qu'elles y soient cachées, mais il n'y avait aucun bruit, aucun signe de leur présence, et en général, elles étaient sensibles à la moindre intrusion.
Astrée fut soudain apostrophée par une voix aiguë et découvrit, au sol, une créature qui ressemblait à un hérisson, affublée d'un chapeau de paille et munie d'une épée en bois. Elle s'exprimait en sylvestre et la jeune femme ne comprit pas grand chose à sa diatribe, si ce n'est qu'elle paraissait très mécontente de la voir là.

[Voyageuse]

Il était possible que toutes les dryades soient en train de faire la fête : c'était l'explication la plus simple. Ou alors, les seules qui restaient ici n'avaient pas envie de se préoccuper d'une humaine. Cette seconde explication était tout de même moins plausible...
Astrée se tourna avec étonnement vers ce qui ressemblait à un hérisson, et s'accroupit pour se trouver un peu plus à sa hauteur.
" Bonjour... Je ne parle pas bien le sylvestre", fit-elle lentement, en sylvestre.
Elle poursuivit en langue commune.
" Parles-tu le commun?"

[Galathée]

Le hérisson la regarda en retroussant son petit museau, ce qui exposa ses minuscules dents. Il secoua à nouveau son épée de bois en direction du chapiteau et parla, toujours en sylvestre, mais cette fois en déliant au mieux ses syllabes (ou ce qui pouvait y ressembler dans ce langage sifflant).
Astrée comprit "partir", "maintenant", "dois" ou "devoir" ou "devrais" ou une variation, et bien sûr, la colère de la créature, qui n'avait pas besoin de mot. Le message était assez clair...

[Voyageuse]

Elle ne voulait pas le mécontenter -du moins pas davantage qu'il ne l'était- et, même s'il ne lui paraissait pas très impressionnant avec son épée de bois, elle acquiesça sagement.
" Oui. Je pars," dit-elle lentement en sylvestre, en se redressant.
Elle hésita, cherchant ses mots, puis se désigna, et désigna un espace vide à côté d'elle-même. De ses deux mains, elle dessina dans les airs une silhouette humaine.
" Tu... voir... ami humain... ici ?", ajouta-t-elle d'un ton interrogatif.

[Galathée]

La grimace du petit faciès poilu valait mille explications : cela lui semblait d'une absurdité sans bornes. Et s'il n'avait pas été furieux, peut-être aurait-il éclaté de rire. Il répondit en gesticulant et Astrée comprit que "humain", "jamais", "stupide", "partir", "maintenant", "sacré", "sales", "pattes".
Finalement, le sylvestre, ce n'était pas si compliqué, quand on avait un interlocuteur bien décidé à ce que le message passe...

[Voyageuse]

Astrée, bien sûr, n'insista pas davantage. Elle se fendit de quelques mots d'excuses en sylvestre, et s'en retourna piteusement en direction du chapiteau.
Elle se demandait pourquoi les cuisines l'avaient envoyée ici si l'endroit était sacré et interdit. Mais sans doute les dryades l'auraient-elles arrêtée avant qu'elle ne pénètre dans le cercle, si elles avaient été là.
Il ne lui restait plus qu'à reprendre ses recherches... et elle ne savait pas trop par où commencer. Interroger les serveurs, peut-être ? Certes, il y en avait des dizaines et ils étaient pressés. Mais l'un d'eux aurait pu apercevoir l'un de ses trois compagnons. Si toutefois ils s'étaient rendus à la fête à un moment ou à un autre...
Cependant, elle décida d'explorer encore un peu les lieux à l'extérieur, cherchant l'endroit par où étaient arrivés les guerriers, puisque Mathieu s'était dirigé par là. Peut-être croiserait-elle quelqu'un susceptible de la renseigner.

[Galathée]

Elle ne trouva pas Mathieu, mais, au bout de quelques minutes de recherche, elle trouva Raevan. Ou plutôt, ce fut lui qui la trouva. Elle marchait dans la pénombre, dans l'espace qu'avaient piétiné les nombreux guerriers en partant au combat, et que de nouvelles plantes colonisaient déjà comme pour effacer leur passage et rendre les lieux à la forêt.
" Séléna !"
La voix venait de la droite et elle aperçut la silhouette de l'elfe à contrejour, illuminé par les lampions du chapiteau derrière eux. Il était simplement assis sur un tronc d'arbre mort.
" Vous êtes très élégante, remarqua-t-il quand elle se fut approchée. J'espère que les dernières heures n'ont pas été trop difficiles."

[Voyageuse]

La voix la fit sursauter, et elle sentit un soulagement intense l'envahir en reconnaissant Raevan. Après tout, pourquoi avoir tout de suite imaginé le pire ? Ses compagnons pouvaient très bien avoir décidé de ne pas faire la fête... Ou du moins, les deux elfes pouvaient préférer rester dehors. Elle imaginait mal Mathieu faire un tel choix.
" Oh..."
Elle rougit sous le compliment.
" Je... Non, ça n'était pas si pénible... Fatiguant, par contre. Mais... j'étais rudement inquiète de ne retrouver aucun d'entre vous quand j'ai enfin eu fini mon service."
Peut-être Raevan n'avait-il pas fini le sien, réalisa-t-elle. Il pouvait être simplement en train de faire le guet.

[Galathée]

" J'imagine que les choses seront plus simples quand il fera jour, dit-il. Je ne crois pas que les fées aient le désir de nous garder sous leur coupe et si j'ai bien compris, le campement va se dissoudre dès l'aube. Chacun va repartir de son côté... Avec un peu de chance, nous retrouverons Lunn... Mais je ne serais pas surpris que nous soyons récompensés pour nos bons services. A moins que vous n'ayez eu des ennuis, de votre côté..."

[Voyageuse]

Astrée secoua la tête.
" Non, non, je n'ai pas eu d'ennui, je crois que j'ai fait du bon boulot..."
Elle était plutôt fière de ce qu'elle avait accompli, dans l'ensemble.
" Bon... j'ai juste un peu envoyé sur les roses un fey très important qui voulait m'empêcher de soigner un mourant, et ça l'a clairement vexé... Mais j'ai réussi à sauver le blessé, alors il serait bien ingrat de m'en vouloir encore."
Elle haussa les épaules. Elle estimait au contraire qu'il pourrait même la récompenser. Mais les feys étaient fiers et orgueilleux, elle connaissait mal leurs coutumes, et ne pouvait être sûre de rien.

[Galathée]

Raevan rit doucement.
" Je suis sûr que vous avez fait ce qu'il fallait. Ces créatures sont arrogantes, c'est indéniable... Mais puisque vous avez circulé avec le capitaine Voronwë dans la Lorien, je suppose que vous aviez déjà un certain entraînement dans la gestion des gens qui se pensent supérieurs par essence..."

[Voyageuse]

Astrée pouffa à ce souvenir. Mais ça n'avait rien à voir : elle s'était toujours montrée respectueuse et polie avec Voronwë, aussi diplomate que possible.
" Non mais... là, dans l'état d'épuisement dans lequel j'étais après des heures de soins, je n'ai absolument pas réfléchi à la meilleure façon de m'y prendre pour le convaincre. Je lui ai juste ordonné de dégager, enfin, en plus poliment bien sûr. Et vu l'état du blessé, il a bien compris qu'il n'avait pas le choix."
Elle observa Raevan avec attention.
" Mais donc... Vous connaissez le capitaine Voronwë ? J'imagine bien qu'il a pu avoir quelques ennuis avec les autorités... Ou peut-être que vous avez eu affaire à lui autrefois, pendant le conflit en Lorien ?"

[Galathée]

Raevan l'observa en coin puis secoua la tête.
" Je suis originaire de la Forêt Maudite, pas de la Lorien. Je n'ai pas connu Elros Voronwë à cette époque. Et je ne l'ai jamais rencontré personnellement. Mais comme vous le savez, Palen travaille pour nos services... et étant elfe, je gère une partie des contacts autour de la Lorien. Ce n'est pas ma zone de prédilection, mais il y a peu d'elfes dans nos rangs... dans les niveaux supérieurs, en tout cas."
Il haussa les épaules.
" Après, quand on veille à la sécurité des intérêts luméniens dans cette région... On a fatalement un oeil sur Elros Voronwë. Le fait que Mathieu se soit incrusté sur son bateau a juste ramené son dossier sur le haut de la pile. Un concours de circonstances. Je ne pense pas qu'il me tiendrait en très haute estime : j'ai voué ma vie à l'ennemi, après tout."

[Voyageuse]

Astrée sourit et répondit avec légèreté.
" Effectivement, pour lui vous seriez un traître... et même, c'est tout juste si vous seriez totalement un elfe, puisque vous avez quitté votre milieu d'origine ! J'exagère, bien sûr, mais il a vraiment... des idées extrêmes sur certains points. Et je ne sais pas à quel point elles sont partagées. Mais je comprends bien que les autorités veuillent garder un œil sur lui. Il doit détester ça... Cela dit, je ne crois pas qu'il représente vraiment un danger, maintenant que la guerre est finie. Non ?"
Elle doutait que Raevan lui dise grand-chose des antécédents de Voronwë, tenu par le secret professionnel, mais à tout hasard, elle essayait de creuser le sujet.

[Galathée]

" Non, effectivement. Nous avons des dossiers sur des dizaines de personnes, qu'on oublie un temps, puis qu'on complète un jour quand le hasard les ramène dans notre champ d'action."
Il se massa les tempes.
" Vous me faites parler et je m'exécute. Je suis vraiment fatigué."
Astrée nota qu'il était vêtu une tunique froissée et humide, du genre qu'on porte sous une armure. Il esquissa un sourire.
" Mais soyez rassurée... Je ne surveille effectivement pas Voronwë et son frère de manière très active. S'il pense le contraire... ma foi, c'est un autre signe d'arrogance. A notre époque, et malgré ses petits trafics... Je me fiche complètement de ce qu'il manigance."

[Voyageuse]

Astrée songea qu'Elros devait faire le nécessaire pour qu'on l'oublie, effectivement. il était intelligent, il savait qu'il devait faire profil bas, ne pas se faire remarquer. Les humains avaient la mémoire courte, et il pouvait espérer que s'il y avait un hypothétique revirement de situation dans quelques siècles, on l'aurait oublié. Mais bien sûr, il y avait des elfes parmi les Lumeniens... Et il n'y aurait pas de revirement de situation. L'histoire semblait aller vers un affaiblissement des territoires elfiques et une présence humaine accrue. Bien sûr, les humains se faisaient la guerre entre eux, et les elfes pouvaient espérer attendre leur heure... Mais les humains étaient trop nombreux désormais. Le mieux qu'ils pouvaient espérer était de maintenir le statut quo actuel, qui lui semblait aussi équilibré que possible.
" Je ne crois pas qu'il manigance grand-chose", fit-elle avec douceur.
Ces histoires de dossier sur tout un chacun la mettaient un peu mal à l'aise, surtout depuis qu'elle savait être elle-même concernée.
" Mais vous dites que vous étiez originaire de la forêt maudite... Cela doit faire un moment, non ? Les Voronwë me disaient qu'il n'y avait plus d'elfe là-bas. Par contre, j'y ai rencontré une communauté de demi-elfes, descendants d'un groupe de guerrier elfes et de femmes humaines, qui s'étaient réfugiés près d'un arbre magique immense pour échapper à la souillure ambiante..."
S'il était originaire des lieux, cela pouvait l'intéresser, après tout.
Le simple fait de l'avoir révélé prouvait effectivement son état de fatigue.

[Galathée]

" Je n'en ai jamais entendu parler, dit Raevan. Mais mes parents n'appartenaient pas à une communauté elfique. C'étaient des elfes qui vivaient en bordure de la Forêt, comme le font encore pas mal d'humains, aujourd'hui. Je n'y ai pas vécu très longtemps... Ça date."
Il poussa un bref soupir puis se redressa.
" Comment Mathieu s'en est-il tiré ? Je ne l'imagine pas soignant des blessures, mais je suppose qu'il fait la fête, à présent, pour se changer les idées..."

[Voyageuse]

Astrée revint immédiatement à son inquiétude première : qu'était devenu Mathieu ?
" Il n'a pas soigné les blessés, lui. Il s'est retrouvé à la vaisselle. Et il a fini son service bien avant moi..."
Elle soupira.
" Comme je vous le disais tout à l'heure, je n'ai croisé aucun de vous à la fête. Venant de Mathieu, ça m'inquiète un peu. Il est possible qu'il se soit trouvé une belle dryade ou autre fée pour passer la nuit, comme l'ont suggéré ses collègues de la plonge... Mais pour le moment, je n'ai trouvé aucune trace de son passage. Je présume que vous ne l'avez pas vu en revenant de.. du champ de bataille ? Il parait qu'il était sorti accueillir les combattants... Vous y étiez, non?"

[Galathée]

" Il n'est pas resté avec vous ?" s'étonna Raevan en se relevant.
L'inquiétude d'Astrée était manifestement partagée.
" Je ne l'ai pas vu, non... mais je ne suis pas rentré parmi les premiers. Notre contingent a pris les selangs par le revers, et nous sommes rentrés parmi les derniers, parce que nous sommes tombés sur des difficultés imprévues..."
Elle eut l'impression qu'il était sur le point d'ajouter quelque chose, mais il se contenta de la dévisager puis il se détourna.
" Je vais essayer de trouver Lae. Elle a été mise... à l'écart... étant une créature de l'ombre, et je ne suis pas certain qu'ils l'ont déjà libérée malgré la victoire. Pour le reste... je n'ai même aucune idée de par où commencer à chercher..."

[Voyageuse]

Le sort de Lae lui arracha une grimace. C'était tellement injuste. Elle espérait qu'ils s'étaient montrés courtois et l'avaient installée confortablement. Mais Raevan était le mieux placé pour intervenir à ce sujet, étant visiblement perçu comme le responsable de leur groupe.
" Je vais continuer à chercher Mathieu. Je vais interroger les serveurs, pour commencer : il a pu passer un moment à la fête, après tout."
Elle hésita, et poursuivit avec douceur.
" Et vous... est-ce que ça va ? Je suis bien placée pour savoir que les combats ont été rudes..."
Elle se demandait ce qu'il avait failli dire, mais elle ne pouvait tout de même pas se montrer trop indiscrète.