La Couronne de Cuivre

-Je crains, dès lors, qu'il ne vous faille rester général... plusieurs décennies.
-Une fois les Ithiliens chassés et les démons vaincus, faudra libérer la légion de tous les morts-vivants.
-Et pacifier les tribus cannibales.
-Bref : y a du pain sur la planche !

" Si je décidais jamais de faire ce genre de choses, ce ne serait pas très raisonnable de le concilier avec de telles responsabilités. Je le ferais en tant que paladin, rien de plus. C'est bien suffisant, et c'est bien plus... reposant."
Il sourit.
" Mais nous parlons d'un futur lointain. Nous avons déjà du pain sur la planche aujourd'hui."

-Les Sunies ont pour principe de profiter de l'instant présent. Mais comme celui-ci n'est pas des plus réjouissants... Enfin, je parle évidemment des défis qui nous attendent... Songer au futur ne peut qu'être encourageant.
-Le voilà qui vire lathandrite...
Ted ne disait rien - peut-être n'osait-il pas, comme il n'avait pas véritablement le statut d'officier - mais il n'en perdait pas une goutte, à l'instar des autres soldats.

" Ce qui est loin d'être une tare, remarqua Hubert avec détachement. Mais je comprends que le présent soit douloureux et il est utile, peut-être nécessaire, d'imaginer ce que sera le fruit de nos efforts."
Il ressentit soudain ce dont Albérich lui avait parlé un peu plus tôt, le poids de leurs attentes, leurs craintes aussi, mais leur détermination. Ils étaient joyeux, énergiques, mais il était leur général. Il songea à ceux qu'il avait perdus, déjà, à Matthias, mais aussi à Robert. Il chassa ces pensées. D'entre tous, il ne pouvait pas se laisser aller à l'angoisse.
" Bon, mais nous allons faire connaissance avec nos nouvelles recrues. Nous devons nous redistribuer les rôles au sein de l'état-major. Nous fonctionnons de manière informelle depuis notre arrivée en ville. La situation exige que nous soyons prêts à agir, à nouveau."

-Je trouve pas que c'était si informel que ça...
Edgar haussa les épaules.
-Ah, les horaires précis, la discipline de fer, les engueulades du bras droit du capitaine : ça va me rappeler mon ervice dans la garde...
-Dis-toi que ce sera plus ardu pour un chevalier qui a l'habitude de travailler en solitaire...
-Sauf que le chevalier aurait pu être second s'il l'avait voulu !
-La chose est également valable te concernant...
-J'aurais été lamentable.
-Moi également.

" De toute façon, c'est réglé." dit Hubert.
La camaraderie qui existait entre le jeune chevalier et l'ancien sergent lui fit chaud au coeur. Ils étaient issus de deux milieux diamétralement opposés, avec des histoires de vie complètement différentes, et pourtant, ils partageaient désormais quelque chose et malgré toutes les difficultés qu'Edgar avait à le tutoyer lui, il semblait qu'il était plus à l'aise avec Gaspard. C'était un bénéfice inestimable de leur organisation.
" Bon, je vais vous précéder. Rendez-vous dans la salle d'entraînement."

Loin de prendre leur temps, les deux hommes s'étaient déjà levés.
-Laissez-nous cinq minutes, mon général.
-Nous devons prévenir le groupe qui devait débuter l'entraînement de cet après-midi que celui-ci est annulé.
-On avait fait les choses bien, vous savez, avec un emploi du temps, des listes et tout !

" Nous pouvons nous voir ailleurs que dans la salle d'entraînement. Autant ne pas bouleverser le programme établi dès le premier jour. Mais il faut rassembler tous les officiers déjà désignés... dans une salle voisine."
Qu'ils n'aient pas de pièce dévolue à leurs réunions d'état-major était un signe de relâchement, mine de rien...Il se tourna vers Ted.
" Tu penses que tu peux superviser l'entraînement pendant que nous nous réunissons ? Et si tu repères des instructeurs potentiels parmi les nouveaux venus... N'hésite pas à les co-opter."

Ted acquiesça tandis qu'Edgar et Gaspard se rasseyaient pour terminer leur repas.
Si le paladin avait mangé très vite, ce n'était pas le cas de tout le monde : à sa table, aux tables voisines - en particulier à celle où se mêlaient clercs et paladins, de loin l'une des plus animées -, on continuait de manger tranquillement, en prenant son temps. Il faut dire que le repas était beaucoup plus varié que ceux des jours précédents.
En cela aussi, l'arrivée de la colonne se faisait sentir.

Hubert chercha une pièce adaptée, près de la salle d'entraînement, puis y attendit. Albérich avait mentionné leurs intentions à la fin de l'assemblée, aussi espérait-il voir arriver les intéressés assez rapidement. Il en profita pour refaire le point sur la liste de Frida. Il discuterait ensuite avec elle des différentes personnes et ils iraient chercher ceux qui se montraient trop timides pour venir d'eux-mêmes au rendez-vous.

Frida fit une brève apparition pour lui signaler qu'elle rassemblait les éclaireurs dans la pièce d'à-côté : il lui suffirait d'un signe pour que la troupe vienne se joindre à eux.
Peu après, il fut rejoint par ses officiers et par ses hommes, puis par l'ensemble des hommes d'armes de la colonne. On avait dû battre le rappel car il semblait que toutes les personnes figurant sur la liste qu'il avait compulsée étaient présentes.

Il envoya chercher Frida, puis prit une profonde inspiration quand ils furent tous rassemblés. Il allait falloir qu'il parle, désormais...
" Et bien... Bienvenue. J'imagine qu'il est utile que je me présente. Je suis Hubert de Maleval, paladin de l'Aster. J'ai dirigé durant dix ans la garde urbaine de la cité de Solarcis et je suis aujourd'hui... et bien... quelque chose comme votre général, je suppose."
Ça sonnait vraiment terriblement prétentieux, à le dire à voix haute, mais c'était trop tard.
" Comme vous le savez désormais, nous sommes face à une menace encore indistincte, mais qui risque de se révéler redoutable. Et je ne parle pas des Ithiliens. Dans les jours qui viennent, nos missions vont toutefois se limiter au nombre de quatre. Exploration, entraînement, défense, repli. Je vais les prendre dans le désordre."
Il leva un premier doigt.
" Nous ne sommes pas encore sur le point de combattre, mais cela peut arriver n'importe quand. Nous devons être prêts. Cela signifie que nous devons nous entraîner quotidiennement. Ted, qui est là..."
Il désigna le jeune homme parmi la foule.
" ... supervise l'instruction dans la communauté initiale. Si vous avez occupé ce rôle dans la colonne, si vous avez des compétences en la matière... Allez le trouver une fois que nous en avons terminé. Un officier sera désigné pour superviser l'entraînement de manière plus générale. Je voudrais au passage souligner l'importance de l'entretien du matériel. Nous allons réorganiser une armurerie. Là aussi, un responsable sera désigné, pour gérer notamment le lien avec les artisans concernés, mais aussi s'assurer que chacun d'entre vous dispose du matériel adéquat."
Il leva un second doigt.
" L'exploration. Comme nous vous l'avons expliqué ce matin, nous continuons à explorer les bâtiments de Clairétoile. Aux nouveaux venus, cela doit sembler encore un peu abstrait... Vous avez à peine découvert ce palais, et il n'est pas représentatif de ce que l'on trouve en ville. Mais certains d'entre vous seront appelés à sortir, notamment pour escorter d'autres personnes. Nous formerons des équipes à cet effet. Cela concernera principalement les éclaireurs mais pas seulement. Ces explorations seront parfois interventions. Là encore, vous pourrez être sollicités."
Il en leva un troisième.
" Repli. Nous allons garder une garnison au fort que vous avez investi hier. La personne qui l'aura en charge doit encore être choisie. Il y aura des civils avec vous, principalement des palefreniers pour s'occuper des chevaux. La mission de ce groupe sera de défendre le fort en cas d'attaque, de veiller à ce qui s'y trouve soit protégé, de garder les bêtes en forme pour que nous puissions, le cas échéant, nous en servir pour nous replier."
Il leva un dernier doigt.
" Enfin, et c'est lié, défense : nous devons protéger ce palais. Le surveiller. Préparer un plan de défense et d'évacuation en cas d'attaque ithilienne. Comme Albérich vous l'a dit, il résistera aux démons au besoin... mais si les Ithiliens nous assaillent, ils pourraient parfaitement y pénétrer. Nous avons perdu la forteresse car nous avons été trahis... mais aussi parce que nous n'étions pas prêts. Ces choses ne peuvent pas se reproduire. Edgar, qui est là..."
Il sourit au sergent.
" ... est responsable d'une surveillance civile, pour l'heure. Mais ce sont uniquement des sentinelles. Il y a aussi des passages qui ont été glyphés par nos clercs. L'un dans l'autre : nous devons organiser la résistance, au cas où. Là encore, un officier prendra les choses en charge."
Il balaya la petite foule du regard puis se pencha vers Frida.
" J'ai oublié quelque chose ?"

Elle se concentra.
-Je ne crois pas, hormis peut-être de nouvelles consignes sur la vie quotidienne, l'éventuel regroupement des soldats dans des dortoirs pour qu'ils soient plus facilement mobilisables, l'attitude a adopter lorsqu'on n'est pas en service... Mais bon, ça peut venir dans un deuxième temps.
Lesdits soldats, eux, ne emblaient guère se poser de questions.

" D'accord." dit le paladin.
Il se retourna vers les hommes.
" Nous allons probablement nous réorganiser au quotidien aussi, notamment au niveau du couchage, mais nous vous en reparlerons. Nous allons maintenant procéder à une réunion d'état-major. Que ceux qui occupaient une position d'officier dans la colonne demeurent avec nous. Pour le reste... Bon travail à ceux qui vont d'ores et déjà s'entraîner."

Ainsi leur nombre décrut-il rapidement.
Bientôt ne demeurèrent que les officiers d'Hubert - Edgar, Gaspard, Renaud et Roland - et ceux de Frida - Varamyr, deux éclaireurs connus du paladin et d'autres personnes qui ne l'étaient pas. Il nota que la rôdeuse avait nommé trois femmes à des postes de responsabilité.
Mais peut-être était-ce un hasard.

Il se tourna vers la rôdeuse.
" Est-ce que tous tes officiers sont des éclaireurs ? Ou bien y a-t-il parmi eux des... militaires d'un autre type ? Comment avez-vous géré la sécurité pendant votre périple ? Sans soldats ?"

Frida sourit.
-Ce n'est pas parce que mes officiers ne sont pas tous en armure lourde qu'ils sont tous des éclaireurs. Sofia, ici présente, était autrefois capitaine d'une milice montée par un regroupement de villages ; Rachel, à sa droite, est la fille de l'ancien commandant des forces armées de Lunaros, elle a bénéficié de l'enseignement des meilleurs maîtres d'armes de la cité ainsi que de cours de stratégie. Toutes deux avaient en charge la sécurité de la colonne.

" Parfait." dit-il en cherchant les intéressées du regard.
Il pinça les lèvres.
" Bon, je verrai ce que je fais des paladins lathandrites plus tard. Nous sommes assez nombreux pour le moment."
Il se tourna vers le groupe.
" Asseyez-vous, nous allons commencer."
Quand ils furent tous installés, il reprit la parole.
" Est-ce que, par rapport à ce que j'ai exposé plus tôt, certains d'entre vous se sentent des affinités particulières pour l'une ou l'autre de nos priorités ?"

Ses officiers s'avérèrent comme de coutume particulièrement timides.
A l'exception notable de Roland et Renaud qui se prononcèrent - de manière très peu étonnante - sur leur intérêt pour les expéditions, ce une seconde seulement avant que les hommes de Frida n'en fassent de même.
Sofia, une fois le tumulte apaisé, signala qu'au besoin, elle pouvait aider à la formation des civils, ce qu'elle avait déjà accompli dans le cadre de ses anciennes fonctions, tandis que Rachel avança qu'elle était prête à participer à la défence soit du palais, soit du fort.

" Bon... Edgar, tu vas travailler avec Rachel pour organiser la défense de ces lieux. Vous êtes responsables de la surveillance, mais aussi du plan d'évacuation et de l'organisation de la défense en cas d'assaut. Frida et moi-même sommes évidemment à votre disposition et nous discuterons de ce que vous mettez en place tous ensemble. Vous avez la latitude de vous choisir des sous-officiers, à votre convenance. Vu l'importance de l'organisation à mettre en place, ce sera nécessaire."
Il se tourna vers Sofia.
" Vous serez responsable de l'entraînement. Exploitez Ted : il a l'expérience et les qualités pour. Si vous estimez qu'il doit être promu, il peut l'être."
Il fit ensuite face aux paladins et aux hommes de Frida.
" Je crains que dans un premier temps, vous ne soyez un peu nombreux pour ce poste somme toute restreint. Il ne s'agit pas de participer aux expéditions mais d'être responsable de leur organisation pratique, sur le versant militaire... de faire un inventaire des compétences, de désigner les volontaires au moment opportun... Une voire deux personnes maximum sont suffisantes. L'un d'entre vous pourrait renforcer Sofia pour les aspects de gestion du matériel... et de l'entraînement des civils... et un deuxième soutenir Edgar et Rachel... Un éclaireur, par exemple, pour envisager les aspects de guérilla en cas d'invasion."
Il se tourna vers Gaspard.
" Et toi, tu as intérêt à te prononcer rapidement, parce que tu vas te retrouver à gérer le fort, Gaspard, et si tu n'en as pas envie... Il faut que tu le dises vite."

Le chevalier grimaça.
-Je participerai à la préparation des expéditions. Je l'ai déjà un peu fait.
Son choix fut accueilli avec soulagement par les autres, dont l'intervention d'Hubert avait littéralement tué l'enthousiasme. Dès lors, ce fut la course pour savoir qui assisterait Sofia, qui aiderait Edgar et Rachel. Les moins prompts - ou les plus timides - durent se résigner à rejoindre Gaspard pour ces taches de logistique et de gestion des effectifs, si fastidieuses et si ingrates - au point que les officiers supérieurs les délègaient systématiquement à de malheureux subalternes.

Et Hubert n'avait rien contre le fait qu'ils délèguent, pour autant qu'il ait un interlocuteur fiable autour de la table d'état-major. Malheureusement, il y avait trop d'officiers et pas suffisamment de troupes et de choses à faire pour qu'ils remplissent les rôles habituels qui auraient été les leurs s'ils avaient disposé d'une armée.
" Au delà de ces tâches quotidiennes, il faut nous répartir le commandement des hommes. Mais j'imagine que cela dépendra de l'organisation que le groupe de défense définira."
Il était conscient de n'avoir personne pour le fort. Mais aucun d'entre eux n'était motivé et il rechignait à imposer une telle tâche à quelqu'un de réticent. Il lui faudrait trouver quelqu'un parmi les hommes de seconde ligne. Pourtant, le poste était crucial et il était nécessaire qu'il ait une confiance totale en la personne choisie. Ezéchiel aurait été un bon candidat, mais Ezéchiel était mort.

Effectivement, c'était le genre de chose qu'on ne pouvait pas vraiment organiser dans l'immédiat...
En tout cas, chacun avait désormais une tâche, un programme, des objectifs. Et s'ils n'étaient pas forcément passionnants, personne ne semblait se plaindre de son sort : la répartition était faite et chacun paraissait plutôt satisfait, au fond, d'avoir quelque chose à faire.
Ne restait plus qu'à lever la réunion pour que tout le monde s'y mette.

" Une dernière chose. Nous allons probablement organiser une expédition dès... plus ou moins maintenant. Varamyr a encadré les précédentes, mais il n'y a pas de raison que l'un d'entre vous ne puisse en faire partie aujourd'hui... Comme nous allons utiliser le téléporteur, nous n'avons pas besoin d'un grand groupe : je dois en être pour activer le passage, et nous allons emmener un clerc tymoran, je pense... Quelqu'un est tenté ?"

Tout le monde l'était, en réalité.
Mais les responsables des grands projets, évidemment, ne pouvaient pas en être.
Restaient ceux qui les aidaient. Pour éviter de longs débats, ils s'en remirent au hasard, Faute de pouvoir tirer à la courte paille, ils en furent réduits à organiser... un petit tournoi de papier-caillou-ciseaux qui se solda par la victoire d'un éclaireur de Frida.

La manière dont les choses se réglèrent laissa Hubert encore plus stupéfait, mais il se garda bien de dire quoi que ce soit. On aurait dit des enfants se disputant un morceau de gâteau. Il envoya l'heureux vainqueur se préparer, espérant que les autres organiseraient une sorte de roulement ensuite, puis leva la réunion et se tourna vers Frida.
" Si tu veux, tu peux superviser la seconde expédition... Il est préférable qu'elle ait lieu après que nous soyons rentrés... Il faut encore que nous vérifions que les animaux célestes peuvent manipuler le téléporteur, mais si c'est le cas, je ne devrai pas systématiquement en être. Ici, comme c'est le temple de Lathandre, et qu'Albérich va rester... C'est peut-être mieux que j'y aille."

-Bien sûr.
Elle eut une légère grimace.
-Ceci dit, si les convocations ne marchent pas, si tu es vraiment le seul à pouvoir utiliser le téléporteur et donc à pouvoir partir en expédition, j'irai prendre le commandement du fort. Les rôdeurs se sentent vite mal, quand ils sont enfermés, et j'ai même du laisser mon compagnon animal là-bas : ici, ça n'aurait pas été vivable pour lui.

" Je suis désolé... Les choses sont déjà pénibles pour moi, alors je n'imagine pas pour toi..."
Il eut un sourire navré.
" Mais honnêtement, Frida... Je ne crois pas que nous allons rester à cette situation d'attente très longtemps... J'aimerais mieux que tu puisses rester avec nous, ici. Nous avons besoin de quelqu'un pour le fort, mais... nous avons besoin de toi ici. Prends un peu de temps pour visiter les lieux... Je vais aller voir où Albérich en est avec les clercs. Avec un peu de chance... et le Tymoran nécessaire... je serai de retour dans moins d'une heure."

-Ne t'en fais pas, je ne comptais pas aller m'installer au fort dès demain. Je disais cela uniquement si, disons, la situation devait se prolonger... une veille entière. Mais une solution médiane consisterait à aller passer une ou deux heures là-bas chaque jour, pour profiter du grand air : je ne crois pas que cela compliquerait beaucoup les choses.
Elle se leva.
-Bon, mais dans l'immédiat... Je veillerai à ce que tous les chantiers avancent bien.

" Merci."
Sur un ultime sourire, il gagna le couloir puis se mit en quête d'Albérich. Il n'avait aucune idée de l'endroit où le Luménien avait pu rassembler les clercs, ni de ce qu'il était sorti de ce rassemblement oecuménique improvisé...

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue