La Couronne de Cuivre

Quête : Chercheurs de sens

Eldrina avait bien senti que ses interlocuteurs doutaient de ce qu'elle avait dit - ou plutôt de ce qu'elle n'avait pas dit - mais elle s'y était plus ou moins attendue; après tout, elle n'avait jamais été très douée pour mentir, ni même pour convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. Sa décision restait la même, et maintenant qu'elle l'avait prise, elle s'y tiendrait. S'il s'avérait qu'elle ait fait une erreur, tant pis, et elle ferait tout pour la rattraper; mais en attendant, ce qui était fait était fait, elle ne changerait pas d'avis.

Elle salua donc gravement l'aubemestre et son assistant, ne sachant trop quoi leur dire, en essayant de faire comprendre qu'ils pouvaient compter sur elle. Puis elle se tourna vers Marvin, attendant qu'il se mette en route: s'il était supposé la raccompagner, elle en déduisait qu'il en avait fini pour le moment avec le temple et qu'il comptait retourner à l'auberge.

Quête : chercheurs de sens

Marvin n'avait effectivement plus rien d'autre à faire au temple, et ils se mirent donc en route de concert. Sam n'était déjà plus visible, sans doute en train de mettre le couvert à l'auberge, peut-être un peu vexé de n'avoir pas été mis au courant de l'affaire?

Le prêtre avait l'air préoccupé, davantage encore que ses deux condisciples. Il ne pipa mot pendant une bonne partie du trajet. Ce n'est qu'en approchant de la zone portuaire qu'il sembla se souvenir qu'il était en galante compagnie.
- Veuillez excuser mon manque de conversation. Cette histoire me préoccupe.
Il jeta un regard à la ronde, vérifiant que personne ne les écoutait, et poursuivit à voix basse.
- D'autant plus lorsque je songe à l'objet que je recherchais ces derniers temps... S'il existe vraiment et tombe dans les mêmes mains, ça pourrait être une catastrophe... Mais je n'ai pas osé en parler à l'aubemestre de peur de passer pour un vieux fou, ce n'est qu'une légende...
Il se tut, avisant un groupe d'étudiants, peut-être de l'université de la magie, qui s'approchaient et risquaient d'entendre.
- Nous en discuterons une autre fois, je pense. Je vous demande juste de ne pas parler de tout cela à Sam, si cela vous est possible. C'est un brave garçon, je sais, mais il y a déjà trop de monde au courant.

Il soupira, secoua la tête, et eu l'ombre d'un sourire.
- Revenons à des choses plus immédiates... Alaric m'a demandé de vous raccompagner, mais vous aviez peut-être d'autres courses à faire en ville? Il reste encore un peu de temps avant le dîner, donc surtout ne vous sentez pas obligée de rentrer tout de suite à l'auberge !je peux même vous servir de guide, sauf si vous préférez marcher seule...

HRP: tu fais ce que tu veux... tu me dis juste dans ton post où tu comptes aller, je posterai là-bas et on mettra un lien HTML après !

Quête : Chercheurs de sens

La rôdeuse réfléchit un instant avant de répondre à Marvin. Sam serait certainement quelque peu vexé de ne pas avoir participé à l'entrevue, ainsi que de ne pas être mis au courant de ce qui se passait - elle comptait en effet suivre les recommandations de Marvin, pour ne pas mettre trop de monde au courant et parce qu'elle ne savait trop comment Sam réagirait s'il apprenait que les autorités avaient laissé échapper des objets aussi dangereux - , aussi ne voulait-elle pas en plus visiter la ville sans lui. D'autant qu'il était un guide enthousiaste et zélé.
Mais après tout, elle ne découvrirait jamais Luménis en une seule journée, et il lui restait certainement des milliers de choses à découvrir. Si elle avait du temps libre, autant en profiter.

- Je crois, répondit-elle finalement, que je vais aller jeter un coup d'oeil au Parc. J'ai bien envie de voir ce que Sam me vantait tant; de ce que j'en ai aperçu, il avait l'air charmant. Elle réalisa soudain qu'il lui avait proposé sa compagnie. Mais, surtout ne vous sentez pas obligé de venir! Vous avez certainement des choses plus importantes à faire. Je veux dire, ce n'est pas que je ne veuille pas de votre compagnie... Mais flâner dans les parcs en touriste n'est sans doute pas ce à quoi vous aspirez en ce moment...

Quête: chercheurs de sens

Marvin eut un signe de dénégation : au contraire, flâner au calme dans le parc était ce à quoi il aspirait le plus en ce moment...
Il lui emboita donc le pas et la guida jusqu'à l'entrée du parc verdoyant.

Bien plus à son aise que sa compagne à Luménis, Kasumi la guidait à travers les rues qui lui étaient devenue familières. A l'approche du temple, il marqua néanmoins une pause : contrairement à ce qu'il avait prévu, il y avait une foule anormale à cette heure tardive qui se massait devant les portes. Quelques instants plus tard, il en reçut l'explication quand une file d'homme en armures lourdes sortit par l'entrée principale en bon ordre. Leurs plastrons et leurs casques semblaient irisés de mille couleurs chatoyantes et mouvantes dues aux reflets du soleil. La troupe marchait en chantant en cœur un hymne à Lathandre. A leur côté, tous portaient la masse d'armes de prédilection de leur divinité et un symbole distinctif ornait leur poitrine, désignant leur ordre. Non sans une certaine émotion, Kasumi expliqua à sa compagne qu'il s'agissait là de la troupe d'élite de l'Aube Exaltée, des prêtres de bataille dévoués au temple. La petite formation d'une trentaine d'hommes s'éloigna enfin, continuant sa liturgie dans les rues de la cité tandis que la foule se dispersait enfin. Kasumi jugea que la voie était suffisamment dégagée pour avancer à son tout vers les portes de l'édifice religieux.

Des prêtres de bataille... Voilà qui était un mystère pour Astrée. Dans son esprit, la religion, surtout lathandrite, était plutôt associée à la paix, à la conciliation, à la vie... mais nullement à la guerre. Elle frissonna. Elle ne ressentait nulle exaltation en les voyant passer, plutôt une sorte de méfiance instinctive, voire de répulsion. Oh, certes, leurs armures étaient rutilantes, leur chant enthousiaste. Mais avaient-ils conscience, réellement, qu'ils étaient en route pour tuer d'autres êtres humains ? Sans doute voyaient-ils mille et une bonnes raisons de le faire... Et Kasumi semblait trouver cela parfaitement normal lui aussi.
Elle les regarda s'éloigner, retenant un soupir. La belle et lumineuse cité ne lui sembla tout à coup plus aussi riante, malgré le soleil qui illuminait le temple. Le majestueux édifice de marbre rose étincelait, invitant à l'émerveillement et à l'adoration. Quel contraste avec la guerre...

Elle chassa de son esprit ces sombres pensées.
- Est-ce que tu sais à qui je dois m'adresser à l'intérieur ?
Je ne sais même pas exactement quoi demander... dut-elle s'avouer en son for intérieur.

Le manque d'enthousiasme de sa compagne frappa l'esprit du rôdeur et son humeur s'en ressentit également quand il répondit d'une voix qui avait perdu de son allant :

- Oh, je pense que n'importe quel prêtre ou acolyte saura te renseigner si tu lui parles de tes plantes et de leur usage médicinal. Ils connaîtront certainement un herboriste qui sera intéressé. Tout ne se soigne pas par la magie divine, même au sanctuaire de Lathandre même si ce n'est pas de notoriété publique.

Astrée, trop plongée dans ses pensées - qui trouver, que demander-, ne s'aperçut pas du changement d'humeur de son compagnon.
Se répétant intérieurement ce qu'il venait de dire, il lui fallut quelques instants pour réaliser qu'il n'avait pas dit "on" mais "tu"... Autrement dit, il ne l'accompagnerait pas à l'intérieur ? Et elle devrait affronter seule la foule qu'elle pressentait là-bas...
Cela dit, puisqu'il ne savait pas plus qu'elle à qui s'adresser, sa présence n'était objectivement pas indispensable. C'est juste que... qu'elle se serait sentie plus rassurée avec lui à ses côtés. Elle allait devoir trouver seule les mots...
- Tu... Tu viens avec moi ou tu as d'autres courses urgentes à faire ? demanda-t-elle presque timidement. Elle ne voulait pas lui montrer à quel point elle était intimidée d'y aller seule, mais sa voix était tout de même un peu moins assurée qu'à l'ordinaire.

Objectivement, le rôdeur n'avait aucune tâche urgente à effectuer même s'il répugnait à en mettre certaines à plus tard. Il avait craint de donner l'impression de s'immiscer dans les affaires de sa compagne mais il avait senti qu'Astrée souhaitait qu'il reste. Il répondit d'un ton rassurant et adressa même un clin d'œil en guise de plaisanterie :

- Je veux bien entrer avec toi mais c'est bien parce que tu es là ! Toute cette religion et ces prêtres qui veulent vous convertir m'intimident... Mais je préfère te laisser parler, tu sais bien mieux trouver les bons mots que moi avec les gens. Si, je t'assure, ne fais pas cette tête !

Astrée grimaça un demi-sourire. Son compagnon savait toujours trouver une réplique humoristique. Et il semblait bien décidé à l'obliger à surmonter sa timidité. Malgré son trac, elle se trouvait donc forcée d'aller de l'avant.

Le temple était peut-être un peu plus fréquenté qu'à l'ordinaire -peut-être à cause de la guerre qui se préparait?-, du moins c'est ce qu'il lui semblait. Plusieurs personnes chantaient ensemble une action de grâces, d'autres priaient silencieusement, un groupe de clerc discutait à voix basse. Il fallait qu'elle trouve un clerc pour la renseigner, et tous semblaient occupés. Elle finit par aviser l'un d'eux, tout jeune avec des tâches de rousseur, qui semblait préposé à l'accueil. Elle attendit patiemment qu'il ait fini de renseigner un vieil homme juste devant elle, puis s'avança.
- Excusez-moi de vous importuner... je cherche la personne qui serait en charge de la confection des potions, de soin ou autres...
Elle s'était efforcée de parler d'une voix claire et assurée mais le résultat n'était pas tout à fait à la hauteur de ses espérances.

Le jeune homme qui lui répondit était visiblement un novice ou alors un tout jeune initié du temple mais il lui répondit d'un ton chaleureux et avec une bienveillance qui mit la jeune femme en confiance :

- Oh, nous somme nombreux à préparer les potions. En ce moment surtout, une bonne part de nos ressources sont mises à contribution. Nous avons un atelier au sous-sol du sanctuaire. Il est dirigé par maître Feldegast. C'est lui qui a en charge cette section du temple et les activités y affairant. Souhaitez-vous obtenir un entretien privé avec lui ? Si vous voulez simplement acheter une potion, je peux m'en charger avec vous si vous me dites ce dont vous avez besoin.

Astrée secoua la tête.
- Non, non, je ne viens pas pour acheter une potion... En réalité j'aimerais avoir un entretien avec lui. C'est assez compliqué, en fait... Disons que j'ai eu l'occasion de ramener des simples, et des herbes assez rares, d'un voyage, et je me dis que ça pourrait peut-être intéresser le temple... Enfin, je ne sais pas s'ils en utilisent...
Elle se rendait compte qu'elle ne savait pas grand-chose du fonctionnement d'un temple. Il ne lui était jusqu'à ce jour jamais venu à l'esprit qu'il puisse y avoir un laboratoire de confection de potion, par exemple, alors qu'en y réfléchissant c'était pourtant l'évidence même.
Elle jeta un coup d'oeil à Kasumi, qui, fidèle à sa parole, la laissait s'exprimer seule. Il aurait été plus confortable pour elle de le laisser parler à sa place... mais après tout, se morigéna-t-elle, elle était parfaitement capable de se débrouiller !

Kasumi restait effectivement en retrait mais suffisamment proche d'elle pour qu'elle puisse s'appuyer sur lui en cas de besoin. L'acolyte répondit du même ton serein en comprenant de quoi il retournait :

- Oh, dans ce cas, je vais lui demander de venir vous parler quoique nous n'utilisons que très peu d'ingrédients rares. La force de nos potions tient surtout à nos prières mais il pourrait tout de même se montrer intéressé. Si vous voulez bien patienter un instant...

Le jeune homme prit congé et revint quelques instants plus tard en compagnie d'un vieil homme à la barbe blanche d'allure digne quoiqu'un brin ailleurs :

- Bonjour, je suis maître Feldegast. Il parait que vous avez demandé à me parler, belle demoiselle !

Kasumi tiqua légèrement à la façon familière d'aborder Astrée mais il resta néanmoins silencieux, en se rapprochant d'un pas, toutefois.

La réponse du jeune clerc déçut légèrement Astrée. Peut-être, finalement, n'avait-elle pas frappé à la bonne porte...

Elle sourit timidement à l'alerte vieillard, trop concentrée sur ce qu'elle avait à dire pour remarquer la réaction de Kasumi.
- Bonjour, je... heu... En fait c'est un peu compliqué. J'ai ramené d'un voyage toute une collection de plantes et d'extraits de plantes, pour la plupart peu connues dans nos contrées, qui ont des vertus médicinales. Du moins il semblerait, d'après ce que m'en ont dit les elfes que j'ai rencontrés là-bas et que confirment mes propres observations. Je me disais que peut-être, cela pourrait intéresser le temple, pour la confection de potions... Je dois préciser que pour certaines d'entre elles, je ne connais pas vraiment le dosage qui conviendrait ni même leur action exacte, je ne les avais jamais rencontrées auparavant, mais vous les connaissez peut-être puisque c'est votre spécialité....

Le vieil homme se lissa patiemment la barbe tout en réfléchissant aux informations livrées par la rôdeuse. Finalement, il répondit d'un ton plus chaleureux qu'enthousiaste :

- Hé bien, hé bien. Je m'occupe effectivement des potions concoctée par le temple mais je dois reconnaître que nous en faisons relativement peu l'usage, et surtout dans certains cas précis et peu courants... Cela dit, je serais intéressé par voir ces spécimens pour voir si certains répondent à certaines de nos demandes. Cela dit, pour certains des cas les plus épineux, nous faisons parfois appel à des spécialistes en herboristerie de confiance. Je pourrais vous en recommander un si ça ne vous gêne pas d'aller lui rendre visite.

Astrée eut un sourire de remerciement.
- Bien sûr, je vous apporterai quelques-uns des principaux spécimens cet après-midi. Mais il y en a vraiment beaucoup, vous savez -elle avait envahi une partie impressionnante des cales avec sa cargaison-, je ne sais pas si vous aurez la place pour tout stocker. Et j'ai aussi ramené des plants à repiquer, pour voir s'ils peuvent s'acclimater sous nos climats. Je ne sais pas si vous avez des serres, peut-être que certains peuvent être plantés en pleine terre... Si vous connaissez un herboriste qui aurait des connaissances en plantes un peu exotiques, il pourrait certainement être utile en effet.

L'homme lui rendit son sourire et répondit d'un ton jovial et en connaisseur :

- Nous n'avons hélas qu'un jardin d'agrément et je doute qu'il y ait la place pour de nombreuses nouvelles plantes. En revanche, vous trouverez peut être à vous arranger avec la tenancière de l'Herbe Folle. C'est une boutique respectable dans le quartier oriental. Elle est gérée par une fine connaisseuse elfe du nom d'Isudë. Nous recourons parfois à ses services et le moins que l'on puisse lui reconnaitre, c'est de maîtriser sa profession. Je peux vous indiquer le chemin même si ce n'est pas très facile à trouver.

- Merci beaucoup... Je reviendrai vous voir quand même avec quelques échantillon, je pense. Et je vais voir ce que proposera cette herboriste...
Elle le salua d'un dernier sourire et s'éloigna en direction de la sortie,entraînant son compagnon à sa suite.

- Je pense qu'il vaut mieux que j'aille d'abord récupérer quelques échantillons au bateau, fit-elle après un temps de réflexion. Elle aurait dû y penser plus tôt, voir des échantillons aurait sans doute permis au clerc de mieux appréhender leur utilité. Si cela ne t'ennuie pas de m'accompagner là-bas ensuite.. Je ne connais pas du tout la ville...
La question était de pure forme, elle savait qu'il accepterait. D'autant que le quartier n'était pas le mieux fréquenté de la ville d'après ce qu'on lui en avait dit. Il ne la laisserait pas prendre le moindre risque... et elle devait s'avouer que c'était plutôt agréable d'être ainsi défendue. Elle en oublierait presque la petite voix qui lui soufflait de ne jamais devenir dépendante de quiconque...

Ils se dirigèrent donc de concert vers le port militaire, avant de rejoindre l'herboristerie à l'opposé de la ville.

Quête: chercheurs de sens

Depuis leur départ du fort, les deux gardes n'avaient pas relâché un seul instant leur vigilance sur Streen, gardant en main les rênes de sa monture, comme s'il se fut agit de l'ennemi public numéro un sur le point de tenter de s'échapper.
On ne le fit bien sûr pas entrer par la grande porte du temple. Il fut conduit discrètement à un petit portail dans une des rues adjacentes, devant lequel il dut descendre de sa monture.
- Normalement, vous devez pouvoir marcher normalement, j'ai soigné votre cheville... Le vieux prêtre parlait d'une voix plutôt bienveillante, n'affichant aucune animosité pour le jeune homme qu'il disait pourtant considérer comme un voleur et un meurtrier potentiel.

Il suivit les deux prêtres à travers un dédale de couloir et d'escaliers qui semblaient l'emmener de plus en plus profondément, vers les entrailles de la Terre. Les deux gardes qui l'escortaient, et qui n'avaient pas aligné trois mots depuis leur départ, semblaient devenir plus silencieux à chaque instant qui passait, comme impressionnés de se trouver dans les sous-sols du temple.
- C'est ici, fit l'autre clerc, plus jeune et à la carrure impressionnante, en poussant une porte d'apparence banale.

Derrière se trouvait une salle parfaitement ovale, d'un blanc immaculé. Elle était parfaitement vide, à l'exception de deux immenses baignoires, l'une remplie d'eau bouillante à en juger par la vapeur, et l'autre d'eau sans doute très froide ; entre les deux se trouvait un impressionnant brasier aux flammes jaune pâle.
Le clerc congédia les gardes sans aménité :
- Vous devrez rester à l'extérieur pendant la cérémonie.
Il ferma la porte sans leur laisser le temps de protester. Deux autres prêtres les avaient rejoint, et s'occupaient d'alimenter le brasier.
- Jeune homme... Nous allons procéder à l'exorcisme... Pour cela il nous faudra ôter brièvement l'amulette que nous vous avons prêtée, dont le temps d'accès est de toute façon très limité. Cela présente certains risques... Comprenez-vous ce que nous allons faire, et êtes-vous prêt à coopérer de votre mieux ?

Streen était resté silencieux durant le trajet et la cérémonie. Il haussa les épaules lorsqu’il vit les gardes se tenir fermement très près de sa monture. Il n’avait pas l’intention de s’échapper et il n’en avait de toute façon pas la force. Il suivit les deux prêtres d’un regard hagard et vitreux comme s’il était un automate. Il ne se sentait néanmoins pas très à l’aise dans ces couloirs sombre et froid. Il espérait que l’exorcisme se terminerait rapidement. Lorsqu’il pénétra dans la salle, il comprit avant même que le prêtre ne prenne la parole que son vœu n’allait pas être exaucé…comme d’habitude. De plus, il fronça les sourcils lorsqu’il vit les baignoires…cela ne lui disait rien qui vaille. Cependant il était prêt à se débarrasser du démon. Ainsi quand le prêtre prit la parole, il retira tout doucement son médaillon. Ash’mal n’avait plus la force de le contrôler. Il ne risquait plus rien. Ce fut d’une voix grave et lasse qu’il répondit :
-Je suis prêt.

Quête : Chercheurs de sens

Au moment où ils le virent porter la main à son médaillon, les clercs, dans un même ensemble, psalmodièrent quelques mots. Une aura bleue les entoura brièvement.
- La cérémonie peut commencer, fit l'un.
- J'en appelle à Lathandre
- J'en appelle au Seigneur de l'Aube
- Que le Dieu de la lumière et du renouveau guide nos âmes.
Ils psalmodièrent ainsi, sur un ton monocorde et envoûtant, durant plusieurs minutes. Ils s'étaient disposé tout autour de lui, et une sorte de lumière les enveloppait. Une lumière qui, Streen le sentait, déplaisait fortement à Ash'mal. Et le démon étant encore présent en lui, il en partageait le malaise: vertiges, maux de tête, nausées...
- Maintenant il vous faut vous déshabiller, jeter vos habits dans le Feu purificateur -il désigna le brasier- et vous plonger entièrement dans cette eau bouillante, puis immédiatement après dans cette eau glacée. Je dois vous prévenir que ce n'est pas de l'eau ordinaire, plutôt une sorte d'eau bénite dirons-nous, nous l'appelons eau de lumière : le démon qui vous possède va s'en trouver affaibli, mais il va également souffrir... et vous allez partager sa souffrance. C'est malheureusement une étape indispensable pour le rendre perméable au sort de renvoi.

Pris de vertiges, Streen comprenait qu’à demi-mots tout ce que disaient les prêtres. La douleur était presque aussi atroce que celle que pouvait lui infliger Ash’mal. Lorsqu’on lui demanda de se déshabiller, il crut mal comprendre les propos des clercs. Mais non, C’était bien ce qu’on attendait de lui. Il se déshabilla alors lentement en prenant bien soin de prendre une serviette. Il se l’enroula autour de lui puis jeta ses habits dans le feu purificateur. Lorsqu’il eut terminé, il posa un pied dans le bassin d’eau bouillante puis se débarrassa de sa serviette à ce moment là. Il grimaça de douleur, l’eau lui brûlait la peau. Il redoutait d’avoir des brûlures dans sur sa peau. Fort heureusement, le clerc lui ordonna ensuite d’aller dans l’eau glacée. Il rentra d’un pas hardi, désireux de se rafraichir. Malheureusement pour lui, il avait mal interprété les propos du clerc. L’eau n’était pas rafraichissante mais glaciale. Il hurla de douleur lorsqu’il fut entièrement en contact avec celle-ci.

Quête: chercheurs de sens

Le contact de l'eau bouillante, puis glacée, était certes désagréable, mais ce n'était rien en comparaison des ondes de glace ou de feu qui semblaient lui traverser l'âme. Au-dehors, la mélopée se faisait obsédante, monotone, envoûtante, au rythme de cas vagues qui le traversaient.

Il entendit comme dans un brouillard la voix du prêtre :
- Maintenant, vous allez entrer dans ce cercle de flamme - Il désignait le brasier où couraient d'étranges flammes bleues et jaunes qui venaient de consumer ses vêtements. Ne craignez rien, l'eau que vous venez de traverser vous préservera des brûlures, du moins si vous n'y restez pas trop longtemps. Il va tout de même falloir quelques minutes de purification corporelle. Une fois au milieu des flammes, dites à voix haute "J'en appelle à Lathandre, Seigneur de l'Aube et Dieu du renouveau. Que ce fiélon s'en retourne au fond des Abysses..." Restez bien concentré pour ne pas oublier. Attendez mon signal...
Il entendit un changement dans la mélopée, une accélération du rythme.
- Allez-y. Maintenant. Entrez dans les flammes.

Quête: chercheurs de sens

Streen était à bout de forces. D’abord on lui demandait de se déshabiller entièrement ce qui le gênait. Ensuite, il devait rejoindre un bassin bouillant suivi d’un autre glacé. Non seulement il avait ressenti une intense douleur mais celle qui déchirait son âme était encore pire. Comme si ca ne suffisait pas, il devait maintenant rejoindre un cercle de flammes. Il commença à se demander si les clercs n’avaient pas un autre but que de lui ôter le démon. Peut être qu’ils jugeaient sa résistance et qu’il servait de cobaye. C’en était trop pour lui. Quoi qu’il en était, il ne pouvait plus tenir debout. Déjà, un nuage noirâtre se formait devant ses yeux. Il était entrain de perdre connaissance. Mais cette fois, ce n’était pas le démon le fautif, c’était la série d’épreuves qu’il ne supportait plus. Il s’effondra à terre en tentant de rassembler les derniers efforts qui lui restaient. Il se dirigea en rampant à l’aveuglette vers l’endroit où se trouvait le cercle de flammes. Il n’allait pas tarder à sombrer à nouveau dans l’inconscience, il ne sortirait donc pas du feu tout seul surtout si cela devait durer plusieurs minutes. Il s’arrêta et s’effondra sur le flan une fois qu’il eut la sensation d’avoir traversé les flammes.

Quête : chercheurs de sens

Les prêtres avaient dit vrai : il sentit une vague sensation de chaleur mais pas la moindre brûlure. Heureusement qu'il ne portait aucun vêtement, sans cela ils auraient brûlé...
Il entendit les voix enfler, devina que les prêtres lançaient un sort puissant. Puis ce fut l'obscurité.

Il se réveilla avec la sensation de ne plus pouvoir respirer, de se noyer, et mit quelques instants avant de comprendre qu'on venait de l'asperger d'eau glacée. Sa peau lui faisait mal, surtout aux pieds et au visage... Il devina qu'il s'agissait de brûlures.
- Il se réveille....
- Encore heureux ! Qui aurait cru qu'un grand gaillard comme ça était aussi fragile ? Il a bien failli tout faire rater !

Streen se réveilla l’esprit vaporeux sans savoir ce qu’il s’était passé jusqu’à ce que les voix des prêtres tambourinent ses tympans. In crut entendre une réplique du style « Qui aurait cru qu'un grand gaillard comme ça était aussi fragile ? Il a bien failli tout faire rater ! ». Il en demeura pantois. Il aimerait bien le voir ce prêtre devoir se déshabiller, se brûler dans l’eau bouillonnante, se galcer dans l’eau froide et traverser un cercle de flammes. Qu’est ce qu’il dirait s’il était à sa place. En posant une main sur son visage, il la retira brusquement. Il avait horriblement chaud…à moins que….des brûlures, il s’était brûlé la face. Et il semblait avoir la même sensation au niveau des pieds.
-le démon murmura t’il. Est il parti ?

Quête : chercheurs de sens

- Oui bien sûr, répliqua le prêtre d'un ton bourru. Vous ne sentez pas la différence ?
L'un de ses acolytes, qui avait dû s'éclipser quelques instant, s'approcha, une fiole à la main.
- Vous appliquerez ceci sur vos brûlures, matin et soir. En quelques jours il n'y paraîtra plus...
- Vous avez eu de le chance, ça aurait pu être bien pire. Si Miguel -il désigna l'autre prêtre du menton- ne s'était pas précipité dans les flammes pour dire les paroles rituelles à votre place, non seulement vous seriez gravement brûlé mais le démon serait toujours là... Vous auriez été un vieillard ou un blessé grave, nous aurions prévu la chose, mais là...
Le jeune prêtre en question avait lui aussi quelques marques de brûlures sur le visage.
- Arrête de remuer le couteau dans la plaie, il n'est encore pas très vaillant...
Le plus âgé des prêtres, celui qui était présent lors de l'interrogatoire, parlait d'un ton paisible. Il ajouta, se tournant vers Streen.
- Jeune homme, j'aimerais beaucoup vous interroger en privé avant de vous rendre à vos... geôliers qui attendent toujours derrière cette porte. Si vous y êtes disposé bien entendu, et suffisamment remis pour cela...

Streen frissonna. Les interrogatoires allaient se succéder à partir de maintenant. Et cette fois, il ne pourrait pas y couper. Il ne pourrait pas prétexter la présence d’un démon. Au final, c’était un bien pour un mal. Certes il était débarrassé du démon mais le cauchemar ne faisait que commencer. Qu’allait il dire maintenant ? Comment pouvait il prouver son innocence ? Quand à savoir s’il était prêt à répondre, il n’en savait rien, il était encore sous le choc. Néanmoins, il n’avait pas le choix s’il voulait que la situation tourne en sa faveur. Il se drapa avant tout dans une serviette puis répondit :
-Heu…oui, allez-y.

Quête: chercheurs de sens

Le vieux prêtre hocha la tête. Il sortit de la pièce pour échanger quelques mots avec les deux gardes qui attendaient au-dehors, puis lui fit signe de le suivre dans une petite salle attenante, moins impressionnante que celle où il venait de vivre des moments si désagréables.
Sans prévenir, il psalmodia quelques mots, créant une sorte d'aura blanche qui brilla quelques instants autour de lui. Puis il s'adressa à Streen
- Voilà... Je souhaite simplement vérifier s'il est possible ou non que vous soyez l'auteur du cambriolage au cours duquel ce couteau a été volé. Il est extrêmement important que je le sache... Et donc, j'aimerais que vous me précisiez où vous vous trouviez cette nuit-là. Pas celle de votre arrestation : la nuit précédente.

Streen fronça les sourcils lorsqu’il vit l’aura blanche qui émanait du prêtre. Il agit de la même façon lorsqu’il lui demanda où il se trouvait la nuit précédente. En temps normal, il aurait caché la vérité mais cette fois-ci, cette dernière pouvait le déculpabiliser, du moins pour le vol. Et puis tout le monde savait qu’il était possédé par un démon donc il était inutile de se voiler la face.
-Non fit il, je ne suis pas l’auteur du vol. La nuit précédente, j’étais dans un autre plan inconnu de Toril après avoir franchi un portail magique. J’étais à Rivellon. C’est là que j’ai rencontré Ash’mal. Il m’a proposé de revenir à Luménis à condition que je l’aide à sortir. Il a respecté sa part de marché, je n’ai pas respecté la mienne, je n’ai jamais voulu.

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[Temple] Le Sanctuaire de Lathandre