La Couronne de Cuivre

Kasumi poussa un soupir d'aise. Il se sentait parfaitement bien avec la présence du corps chaud et rassurant appuyé contre sa poitrine. La nuit s'annonçait magnifique et paisible et il n'y avait que très peu de risques qu'on vienne les déranger avant le matin.

- Moi non plus je crois. Et puis, nous avons tout ce dont nous avons besoin ici : de l'herbe douce, des arbres pour nous abriter, une couverture pour nous réchauffer si ça te dit. En fait, on a juste oublié d'emporter nos vêtements de nuit, c'est vraiment très dommage ! Tu crois qu'on pourra faire sans ?

Cette dernière remarque était prononcée sur un ton un peu plus espiègle mais elle manquait tout de même un peu d'entrain. On sentait que Kasumi ne demandait pas mieux que de rester encore un peu assis à observer les étoiles et la cité si silencieuse à cette distance.

Sylvia fit mine de prendre sa remarque très au sérieux.
- Ne me dis pas que tu n'as jamais dormi tout habillé ? Aurais-tu par hasard perdu toutes tes bonnes habitudes de vaillant aventurier en renouant avec ta riche famille ?
Elle rit joyeusement.
- A moins que ce ne soit une invitation déguisée à... un petit câlin ?
Elle tourna la tête pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Mais le rôdeur la devinait avant tout alanguie et heureuse d'être confortablement installée dans ses bras.

Le rire de Sylvia était communicatif mais le rôdeur n’esquissa aucun mouvement pour répondre à son insinuation. Au lieu de cela, il la laissa se réinstaller confortablement et parla d’une voix douce et langoureuse :

- La nuit nous appartient mon amour. Nous avons tout le temps maintenant ou plus tard. Rien ne nous presse pour une fois. J’aime bien aussi rester simplement ici, à contempler les étoiles avec toi. Cela dit, je ferai tout ce que tu me demanderas pour garder le secret sur cet endroit.

Sylvia ne répondit pas. Elle demeura un moment dans ses bras, les yeux tournées vers mes montagnes qui s'obscurcissaient, puis vers les quelques étoiles qui s'allumaient dans le ciel. l'épée s'était éteinte, et les arbres leur cachaient en partie la faible lumière de la lune montante. Elle ne devait pas y voir grand-chose.
Aucun d'eux ne s'était préoccupé de faire la vaisselle ou de ranger le pique-nique. Mais l'air commençait à fraîchir et la couverture leur serait bientôt nécessaire.
La rôdeuse finit par s'allonger sur le tapis d'herbe douce, lui tendant les bras pour qu'il la rejoigne, sans un mot. Elle l'invita à poser sa tête sur son épaule et ils restèrent simplement là, face aux étoiles, un long moment. Jusqu'à ce que la somnolence se fasse sentir.

Kasumi ne s'était pas fait prier pour rejoindre tranquillement la jeune femme, lui apportant sa chaleur et lui prenant la main pour lier leurs doigts tandis qu'ils se perdaient tous les deux dans la contemplation du ciel étoilé. Le rôdeur finit par tourner la tête pour embrasser sa compagne dans le cou et chuchoter :

- Je vais chercher la couverture, je n'en ai que pour une seconde. Je n'ai pas envie que tu prennes froid.

Il avait l'intention de dégager la pièce de tissu en se contentant d'empiler les ustensiles à côté. La vaisselle attendrait le lendemain matin.

Elle frissonna quand il s'éloigna, la privant brièvement de sa chaleur corporelle. Lorsqu'il revint, avec la couverture débarrassée des reliquats de vaisselle et de nourriture, elle avait les yeux fixés sur un point imaginaire au-dessus d'eux. Il faisait trop sombre désormais pour qu'elle puisse croiser son regard, et elle se contenta, avec un soupir d'aise, de se blottir contre lui dès qu'il eût repris sa position.
La légère brise était tombée, et la température fraîchissait peu à peu sous le ciel dégagé. La nuit serait fraîche.
Il devina, à sa respiration, qu'elle s'endormait, au chaud sous la couverture, son corps tout contre le sien.

Kasumi ferma les yeux en souriant : sentir que Sylvia se sentait bien à ses côtés suffisait à repousser la fraîcheur de la nuit et la perspective d'un départ bien hasardeux le lendemain. Il écouta sa respiration douce et régulière pendant un moment sans jamais cesser de se sentir extrêmement chanceux de pouvoir vivre de tels moments, d'être conscient d'avoir des choix à faire mais de ne pas être seul, d'être aimé. Le corps de Sylvia réchauffait le sien, l'herbe était tendre, les bois étaient silencieux et il était en paix avec lui-même. Tout cela contribua à lui permettre de s'endormir à son tour sans peur du lendemain.

Les trilles des premiers oiseaux le réveillèrent au petit matin. Il faisait frisquet, à en juger par la buée qui s'échappait de leurs lèvres, et le ciel qui s'éclaircissait à l'est annonçait l'aube prochaine. La journée serait, hélas, moins belle que la précédente : des nuages lourds montaient à l'horizon, promesses de pluie d'ici quelques heures.
Sylvia dormait encore, toujours blottie contre lui. Le bosquet était infiniment paisible, comme coupé du monde. On avait peine à croire que la cité endormie était si proche.

Kasumi n'avait pas envie de se presser. Ni aucune raison de le faire d'ailleurs : la journée serait moins sombre que ce qu'il avait craint au départ car Sylvia avait accepté de l'accompagner aux grottes mais ce serait tout de même une nouvelle étape vers leur séparation temporaire. Dans ces conditions, le rôdeur comptait bien profiter de chaque minute qui leur restait, ne rien précipiter. Ici le temps semblait suspendu, les soucis de la ville semblaient distants voire appartenir à un autre monde. Kasumi tourna son visage vers sa compagne, demeurant à quelques centimètres d'elle, s'extasiant de sa beauté et de sa quiétude sans oser un geste pour la réveiller. Il se rendit compte au bout d'un instant qu'il retenait jusqu'à son souffle en admirant la courbe de son nez, les multiples tâches de rousseurs qui émaillaient ses joues, les mèches de cheveu roux, un peu rebelles, qui avaient échappé à leurs tresses. Il ne résista pas plus longtemps à son désir de tendre une main pour en effleurer une de ses doigts, souriant par devers lui.

Elle ouvrit les yeux, sans qu'il puisse savoir si ce qui l'avait éveillée était son geste ou le premier rayon du soleil qui s'apprêtait à embraser la clairière. Elle lui sourit et tendit la main pour lui caresser les cheveux, l'attirant à elle dans le même geste pour déposer un baiser sur ses lèvres. Puis un autre.
- C'est bon de me réveiller près de toi, murmura-t-elle. Tu vas me manquer, tous les matins à venir... Et je ne peux quand même pas demander à Tilmandil de prendre ta place, même s'il te ressemble terriblement ! poursuivit-elle sur un ton plaisantin. Ça ne se fait pas...
Elle l'embrassa à nouveau.
- Et puis, même s'il tentait de se faire passer pour toi... Je suis sûre qu'il n'embrasse pas aussi divinement bien...

Kasumi lui rendit ses baisers avec tendresse mais ne put s'empêcher de frissonner légèrement quand les doigts de Sylvia lui effleurèrent les cheveux : c'était agréable, tendre, doux. Presque plus encore qu'un baiser. Presque... Elle le fit sourire de sa remarque mutine mais il adopta un ton faussement scandalisé puis beaucoup plus sincère :

- Il n'a pas intérêt à essayer ! Mais c'est vrai qu'il me ressemble ! En bien plus beau d'ailleurs, le veinard ! Enfin non, c'est moi qui suis le plus chanceux de t'avoir.

Il sourit encore davantage avant d'ajouter d'un ton un peu plus grave :

- Nous avons encore toute la journée ! Et demain matin aussi. Profitons encore du temps qui nous reste, ne t'inquiète pas de ce que nous réserve l'avenir. Pas maintenant.

" Tu as raison, murmura Sylvia avec un sourire mutin. On a du temps avant qu'ils s'inquiètent de notre absence..."
Elle l'embrassa doucement, puis plus langoureusement.
" Au moins, on est sûrs que personne ne viendra frapper à la porte pour nous annoncer qu'il est l'heure de déjeuner ! Et on a largement le temps de profiter de ce début de matinée... à notre façon ! "
Le baiser suivant, long et passionné, annonçait clairement ce qu'elle entendait par là...

Kasumi se sentait parfaitement reposé et en pleine forme, le bosquet leur apportait du calme et l'assurance de ne pas être dérangés. Il n'en fallut donc pas plus que cette allusion mutine et ce baiser passionné pour réveiller tous ses sens. Le demi-elfe glissa des mains expertes sur la peau de Sylvia, la débarrassant avec douceur mais sans aucune trace de timidité de ses vêtements. Il jeta un regard enfiévré à son corps nu, splendide avant de la regarder droits dans les yeux et de souffler d'un ton rauque :

- Ce que tu es belle. Ce que tu es douce. Je te veux encore et toujours. Tu me rends complètement fou.

Et il ne tarda guère plus longtemps à lui prouver combien c'était vrai, déployant des trésors d'attentions pour l'emmener dans leur propre jardin d'Eden.

Un long moment après - ou très long, peut-être, ils n'avaient pas vraiment mesuré le temps qui passait -, Ils reposaient nus, alanguis, dans les bras l'un de l'autre. Le ciel au-dessus de leurs tête s'était couvert peu à peu, et un vent frais se levait, les faisant frisonner. La pluie ne tarderait pas.
- Dis-moi, mon amour... Tu as prévu un petit déjeuner aussi ? Ou bien il faut qu'on rentre ?
Au loin, le bruit de sabots sur une route pavée. Pas si loin que ça d'ailleurs... La ville s'était éveillée, et les elfes vaquaient à leurs occupations. Peut-être ne seraient-ils plus tranquilles très longtemps.

Sans retirer les mains posées sur la peau nue et chaude de sa compagne, Kasumi répondit d'un ton un peu distrait et peut-être un soupçon de contrition :

- Non, il doit ne nous rester que quelques pommes que j'avais emportée avant de passer aux cuisines. Je crains qu'il ne nous faille rentrer ou nous contenter d'amour et d'eau fraiche !

Il désigna le ciel de plus en plus sombre et lui adressa un clin d'œil : la décision de rentrer ou non lui revenait. Mais ils ne pourraient pas s'attarder indéfiniment car une longue route les attendait. Ils devaient en être conscients tous les deux.

Sylvia grimaça en suivant son regard en direction du ciel chargé.
" L'amour, on en a à foison, et l'eau fraîche ne devait guère tarder... Mais tout de même, on devrait rentrer avant qu'ils n'aient renoncé à nous garder notre part de petit déjeuner ! J'ai faim ! Et pas que de toi, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil en se relevant, frissonnant sous le vent, pour fouiller dans le sac de kasumi à la recherche des pommes.
Son ton avait perdu quelque peu son entrain. Elle n'ignorait pas que leur séparation approchait à grands pas.

Kasumi ne put s'empêcher de laisser son regard courir un instant sur la silhouette de Sylvia avant de la rejoindre. Au passage, il avait attrapé la tunique de la jeune femme qui s'était inexplicablement retrouvée accrochée à un buisson.

- J'adore te voir ainsi vraiment, mais il ne s'agirait pas que tu attrapes un refroidissement. Et puis pour rentrer te nourrir, il va te falloir des vêtements ! Laisse-moi te passer ça...

S'habiller, manger les pommes puis s'inquiéter du sort de leurs chevaux : les avaient-ils attendu ? Voilà ce que leur réservait les prochaines minutes et probablement les dernières avant que l'averse ne les rattrape.

Sylvia se laissa vêtir sans protester, bien sûr, profitant de la situation pour voler quelques baisers. Ils s'habillèrent sous le vent qui se levait plus violemment, prémisse de pluie imminente, et avalèrent rapidement leur frugal en-cas avant de se mettre en quête des chevaux.
Malheureusement pour eux, ceux-ci ne semblaient par les avoir attendus. Peut-être avaient-ils trouvé le temps long, ou préféré passer la nuit au chaud.... ou peut-être qu'ils venaient de partir pour échapper à l'orage qui menaçait. Toujours est-il qu'ils n'étaient pas là où ils les avaient laissés. Et les premières gouttes de pluie commençaient à tomber.

Que les chevaux aient pris la tangente n'était pas vraiment une surprise mais pas une bonne nouvelle pour autant. Il leur faudrait près d'une heure pour regagner la maison de son père à pied sans compter qu'il faudrait sans doute expliquer leur disparition ou pourquoi ils étaient retournés à l'écurie bien avant leurs cavaliers le cas échéant. Par acquis de conscience, le rôdeur se pencha sur le chemin après avoir dédié un sourire à sa compagne. Avec deux pisteurs expérimentés, ils devraient parvenir à déterminer si les chevaux étaient partis vers la ville ou autre part.

Les traces étaient visibles, et déjà anciennes. Elles remontaient probablement au début de la nuit. Et elles se dirigeaient, comme il s'y attendait, tout droit vers la route, puis vers la ville...
- Ils sont sûrement bien au chaud à l'écurie... On n'a plus qu'à les suivre, fit observer Sylvia avec philosophie en haussant les épaules.
Un léger coup de tonnerre, dans le lointain, vint ponctuer sa déclaration, et la pluie s'intensifia subitement.
- Hum... Je propose que le dernier arrivé s'occupe de servir le petit déjeuner de l'autre !
Et elle se mit aussitôt à courir, sans même attendre sa réponse.

Le rôdeur se mit à rire, un moment incrédule tout de même. Mais les signes cette complicité qu'il entretenait avec Sylvia ne cessaient de l'attendrir. Il n'avait pas l'intention de gagner mais certainement pas de se faire battre à plate couture aussi il ne tarda pas à courir à sa suite. Au moins le jeu aurait le mérite de réduire le temps passé sous le déluge. Il n'était pas certain que les elfes ne les regarderaient pas comme deux drôles à courir ainsi en pleine rue mais il n'en avait cure, riant aux éclats sous la pluie tout en se maintenant juste derrière la rôdeuse. Elle était rapide et endurante elle aussi et c'était un réel plaisir que de se dépenser ainsi sans penser à rien d'autre.

Il la connaissait assez pour savoir qu'elle ne donnait pas toute sa vitesse, s'économisant devant la distance relativement importante qui les séparait de la demeure familiale. Elle courait avec de longues foulées bien régulières, récoltant des regards un peu surpris des rares personnes qu'ils croisaient - et qui eux-mêmes se hâtaient de rentrer chez eux ou trouver un abri. Ils n'eût aucune difficulté à la suivre, restant suffisamment proche pour la dissuader de ralentir le rythme.
Ils passèrent les portes de la ville, récoltant un froncement de sourcil du garde abrité sous sa guérite, qui dut cependant les reconnaître car il les laissa passer sans les arrêter. Ils parcoururent de longues avenues quasiment désertes, tout le monde s'étant réfugié à l'intérieur.
Les quelques gouttes éparses étaient devenues une pluie diluvienne, et le tonnerre roulait sans discontinuer au loin. Un éclair, puis un autre, leur signifièrent que l'orage était maintenant sur eux. Mais il ne leur restait plus que quelques centaines de mètres avant de rejoindre leur destination... Où, là aussi, tout le monde était certainement à l'intérieur.

Le temps se gâtait et Sylvia pressait sa longue foulée sur les derniers mètres qui les séparaient encore de la maison. Ils étaient tous les deux copieusement trempés déjà et il y avait fort à parier qu'il leur faille se changer avant de déjeuner s'ils ne voulaient pas attraper un refroidissement. Kasumi fit mine de dépasser sa compagne avant de ralentir brusquement l'allure et déclara d'un ton hilare :

- Hé, j'ai un caillou dans ma botte ! Attends-moi sinon je risque de perdre !

Sylvia ralentit à son tour, juste une seconde, en le voyant ralentir sa course, mais quand elle comprit la manoeuvre elle se contenta de lui tirer la langue.
- Cause toujours... Désolée mon grand, mais je cours pour gagner ! Faut pas non plus me prendre pour... je ne sais pas moi, une prêtresse ou une paladine !
Et elle accéléra à nouveau, d'un coup, se précipitant vers le portail de la maison, grand ouvert sans doute en prévision de leur arrivée.
Il ne put la rattraper... Et quand il franchit à son tour le seuil de la maison, ce fut pour se retrouver face à sa grand-mère qui le toisa d'un oeil sévère, les bras croisés.
- File donc te changer toi aussi ! Non mais quelle idée de passer la nuit dehors quand la pluie menace pour le lendemain ? Tu n'as pas vu comme on voyait nettement le Mont Aygual hier ? Tu ne sais pas que c'est signe de pluie ?
Apparemment, Sylvia n'était déjà plus dans les parages...

Kasumi baissa les yeux devant sa grand-mère, un peu penaud d'avoir été pris en faute comme qu'il était encore enfant. Il ne chercha pas à encourir d'autres remarques pourtant méritées mais il prit le temps de déposer un baiser sur la joue de l'elfe et de se fendre d'un "Bonjour grand-mère !" avant d'aller se réfugier loin de son courroux et de celui du ciel déchaîné. Il espérait bien éviter de croiser Tilmandil dans cet état peu flatteur mais on ne pouvait pas compter sur sa bonne étoile quand il s'agissait de son demi-frère de barde.

Bien sûr, Tilmandil n'était pas très loin de la salle d'eau, comme s'il guettait son arrivée. Mais peut-être n'était-ce qu'une interprétation erronée des faits, et était-il simplement sorti de la pièce peu avant.
- Tiens, un second rôdeur trempé... Ta belle est déjà dans la salle d'eau, si c'est elle que tu cherches. Mais je crois qu'elle a oublié de prendre des vêtements de rechange... Or les couloirs de la maison sont très fréquentés, tu t'en doutes ! Par moi, déjà !
Il sourit.
- Enfin... Il y a des peignoirs dans le petit placard de gauche, ne t'en fais pas. Mais je ne crois pas qu'elle le sache. Donc je guette pour voir si je vais voir une belle naïade à demi-nue, ou même totalement nue, se précipiter d'un air furibond vers votre chambre...

Kasumi lui dédia un regard narquois et lui tira même la langue :

- Merci de m'avoir prévenu alors ! Tu crois que je devrais attendre ici ? Ah non, je vais plutôt aller lui chercher des affaires propres dans la chambre puis les lui apporter. Je compte sur toi pour ne pas l'encourager à sortir d'ici là !

Il avait parlé assez fort pour être entendu depuis la salle de bain probablement. En passant, il en profiterait pour récupérer une tenue sèche pour lui-même. Il n'était pas certain qu'il lui en reste beaucoup de propres d'ailleurs mais il était trop tard pour s'en inquiéter...

Tilmandil lui dédia sa plus jolie grimace avant de le laisser s'éloigner dans le couloir.
De retour dans leur chambre, Kasumi eût la bonne surprise de constater que non seulement on avait fait un brin de ménage et refait leur lit, mais que leurs vêtements à tous deux étaient désormais propres et soigneusement pliés dans l'armoire. Il put donc trouver sans difficultés une tenue sèche pour lui et pour sa compagne.

De retour vers la salle de bain, il retrouva son demi-frère, un sourire taquin aux lèvres. Juste au moment où il allait l'atteindre, la porte s'ouvrit à la volée sur une Sylvia parfaitement propre et sèche... et absolument pas nue, contrairement à ce qu'avait laissé entendre son demi-frère. Elle avait revêtu des chausses et une tunique de lin confortables et propres.
- Oh, c'est gentil d'avoir pensé à moi... Mais j'avais tout prévu, comme tu vois !
Le sourire de Tilmandil, et ses yeux pétillants d'amusement, indiquaient qu'il le savait parfaitement.

Le demi-elfe tourna à son tour un regard amusé à Tilmandil : il s'était laissé prendre à son petit jeu et il devait reconnaître que le barde était très doué pour le faire marcher. Pour le faire sourire également. Kasumi tendit à Sylvia les vêtements qu'il avait prévu pour elle et en profita pour lui voler un baiser avant d'annoncer avec entrain :

- Bon, c'est mon tour alors ! Merci pour la lessive, Tilmandil ! Et cette tenue te va à ravir Sylvia ! N'oublie pas que je te dois un petit-déjeuner ! Je n'en ai que pour deux minutes avant de vous rejoindre.

Il n'avait qu'à se dévêtir pour se sécher et renfiler ses vêtements après tout. Il n'y aurait pas de distractions susceptibles de le retarder cette fois-ci.

- Pour la lessive, je n'y suis pour rien, lança Tilmandil en emboîtant le pas à Sylvia.
- Et dépêche-toi pour le petit déjeuner... j'ai faim ! ajouta cette dernière.
Ils s'éloignèrent en riant, le laissant seul près de la salle d'eau, où un seau d'eau encore tiède lui permit même de faire un brin de toilette avant de rejoindre à son tour la salle commune.

On avait laissé sur la table les reliefs du petit déjeuner, une théière fumante, du pain, du beurre, de la confiture, du jambon, et même des œufs durs encore à peu près chauds. Sylvia, assise sur une chaise, dévorait des yeux la nourriture sans oser se servir, attendant qu'il respecte les termes de leur pari. Tilmandil avait disparu, à nouveau, et les autres membres de la famille n'étaient pas visibles. ils avaient tous déjeuné, à en juger par le nombre de bols sales qu'une serveuse était en train d'empiler sur un plateau.

La Couronne de Cuivre

[Everaska] Quête: Racines