Quête : Guerre des Plaines Brûlantes - Ailyn, Bellatrix, Dorian, Zaiu

[Ailyn]

Ailyn ne savait plus non plus où elle en était sur le plan des sorts... N'empêche, ils avaient flanqué une de ces frousses à ces imbéciles !

Elle se saisit de cailloux, comme Bellatrix. Il lui semblait que sa dextérité n'était pas si mauvaise... Ou peut-être que si... Elle se rapprocha légèrement de Blanche-Mine, restant à distance raisonnable néanmoins. Il fallait bien faire quelque chose...

[Lothringen]

HRP : Bat, c'est un orque qui combat Blanche-Mine, pas un ogre.

Si quelqu'un s'était assis dans l'herbe pour compter les coups dans cet ultime affrontement, il aurait pu voir, sur une jonchée de cadavres qui souillait quelque peu cette même herbe humide, un groupe confus de combattants, ou plutôt, trois groupes, très provisoirement entremêlés. D'un côté, les derniers compagnons du druide, qui paraissait bel et bien mort - la louve Mara et le restant de sa meute s'étant retirés des combats, il ne restait plus de vaillant qu'un guerrier humain, un orque, et une prêtresse semi-elfe. La prêtresse se tenait en retrait et se concentrait sur un effort mental intense consistant à repousser les mort-vivants, car ces derniers n'étaient pas tombés avec leur invocateur, le nécromancien qui s'était maladroitement empalé sur sa flèche.

Les squelettes couraient en tout sens, ajoutant à la confusion et créant une ambiance de folie insidieuse très épuisante pour les yeux. Les ignorant, l'humain et l'orque se tenaient non loin l'un de l'autre et faisaient face à leur dernier adversaire, le semi-orque albinos Blanche-Mine, le chef des déserteurs. Leur but premier avait été de l'empêcher de fuir à l'instar de ses deux acolytes : tandis que l'humain attaquait, l'orque coupait la retraite. Les deux hommes semblaient épuisés mais la perspective d'une issue rapide leur donna un regain de vigueur.

L'arrivée de Dorian toutes griffes dehors leur permit de compléter leur encerclement ; d'un accord tacite, ils chargèrent tous trois en même temps. De leur côté, Ailyn et Bellatrix, à cours de sortilèges après tous ces combats, étaient devenues aussi inutiles que le nécromancien tantôt, et leur jet de pierre totalement dépourvu de force ne ferait guère plus que des égratignures et des bleus à leur adversaire, si toutefois elles le touchaient, lui, et non quelqu'un de leurs alliés.

Blanche-Mine n'était pas un imbécile - il se trouvait désormais seul contre cinq (ou plus si la prêtresse ou les loups se remettaient de la partie) et savait qu'il n'avait nulle merci à espérer de ses ennemis. Du reste, il avait trop d'amour-propre pour implorer ou pour tenter de fuir, et trop de courage pour se résigner à encaisser les coups en attendant le coup fatal. Il voulut donc mourir comme il avait vécu - et la seule issue digne de lui qu'il lui restait était de faire le plus de mal possible à ceux qui le tueraient. Il chercha du regard parmi ses adversaires qui serait le plus vulnérable, et son attention - à peine un instant distraite - tomba naturellement sur les deux magiciennes, si mal protégées, qui lui jetaient des pierres comme d'arrogantes gamines qu'elles étaient manifestement. Elles pouvaient bien faire les malines, à présent, bien cachées derrière les gros bras, elles lui auraient chanté une autre chanson si elles l'avaient croisé seul à seule dans les bois... Rassemblant son énergie, le semi-orque fonça sur Bellatrix, se désengageant d'une manière si soudaine que Dorian et l'humain ne réagirent pas tout de suite, cependant que l'roque en profitait pour une attaque d'opportunité sur son flanc. Blanche-Mine sentit la morsure du fer à travers son armure matelassée, mais dans son accès de rage, il n'en avait cure - il se vengea aussitôt d'une brutale et profonde estafilade à l'encontre de Bellatrix. Quand cette dernière, titubante, songea à reculer, elle avait le torse traversé en diagonale d'une profonde entaille sanguinolente. La plaie semblait très grave, voire mortelle...

[Bellatrix]

Bellatrix pensa à beaucoup de choses et à peu à la fois. C'était assez douloureux et déjà ses pensées s'effilaient en se dirigeant vers le vide. Elle pensa à Mélandis où elle aurait bien voulu se rendre une fois la guerre fini, au monde qu'elle aurait aimé conquérir. Le monde avait besoin de gens comme elle. Mais le monde ne la méritait pas. Elle sentit le sang sourdre et couler même de sa bouche. C'était sale, très sale.

Elle se sentit tomber sur le dos. Sentit seulement car les mouvements de son corps lui échappaient déjà. Ce n'était pas très grave. Etre couchée était tellement plus confortable. Elle avait sommeil. Sommeil ... Oui, c'était cela. Enfin, elle n'était pas spécialement dupe. Elle était tout simplement en train de mourir, elle devait bien se l'avouer. Alors, dans un ultime effort, elle regarda ses compagnons d'infortune. Ils n'étaient pas des héros, ils auraient dû partir avec Théon. Sa bouche s'ouvrit et elle prononça ses derniers mots.

"Faites chie..."

Ils n'entendirent jamais la suite.

[Bat]

Dorian s' était concentré sur Blanche-Mine, espérant en finir une bonne fois avec lui et par conséquent avec la bande des maraudeurs sanguinaires de Mélandis. Car privés de leurs de leur chef, les derniers forbans encore en vie se disperseraient certainement. il était peu probable qu' ils réussissent à former rapidement une nouvelle troupe. Mais dans l' immédiat, il fallait venir à bout du monstre qui faisait face aux trois guerriers. Malheureusement, au lieu d' attaquer ses adversaires proches tel un forcené, Blanche-Mine chargea...les deux magiciennes, ç' est à dire les membres les plus vulnérables de leur groupe, en combat rapprocher. La plupart des magiciens étaient précieux avec leurs sortilèges de dissipation de la magie ou d' incinérateur d' Agazar et certains étaient carrément redoutables avec leurs sorts d' arrêt du temps ou de souffle de dragon de niveau 9. Mais la plupart du temps, les lanceurs de sort avaient grand intérêt à éviter les coups que l' on peut recevoir en combat rapproché.



En outre, au grand désespoir du bon vampire, Bellatrix -qui était particulièrement visée- n' eut pas le temps d' esquisser un geste dé défense ou de fuite. Elle s' effondra immédiatement. Comment Blanche-Mine pouvait-il être assez vil pour refuser un honorable combat ? Sans attendre, Dorian jeta un regard à ses deux acolytes improvisés, l' orque et l' humain et leur désigna de la tête l' orque albinos. En même temps,, il saisit son arc et décocha une nouvelle flèche à son ennemi. Peut-être l' attention du colosse à la peau uniformément blanche serait-elle à nouveau détournée par le trait reçu : ainsi Blanche-Mine oublierait d' achever la pauvre Bellatrix déjà à terre. Une fois la flèche décochée, le guerrier luménien se lanca à la poursuite de l' orque. A grandes enjambées, il tenta de parcourir le plus vite possible, la distance qui le séparait de la brute. Il lança à Ailyn :

" Ailyn, fuit vite, ne subit pas le sort de Bellatrix ! "

Et à l' adresse de Blanche-Mine :

' Eh toi, lâche, reviens te mesurer à moi si tu n' es pas un couard."

La vision de sa camarade d' aventure étendue sur le sol à demi-morte avait rendu Dorian un peu téméraire. Même sans alliés, il était déterminé à régler son compte à son ex nouveau chef de groupe. On ne frappait pas les alliés du bon vampire impunément, aussi bien Agénor que Bellatrix...

[Lothringen]

Oubliant le cas d'Ailyn, le semi-orque se retourna vers Dorian, une lueur de colère froide dans son regard injecté de sang.

"Tu t'introduis en traître dans mon groupe avant de nous trahir en plein combat, tu te bats à cinq contre un, tu me tires des flèches dans le dos et tu viens me parler de couardise ? Espèce de merde, tu n'aurais pas tenu deux minutes en face à face... Prends ça pour un petit souvenir de ma part, juste pour vous rappeler qu'il n'y a jamais de victoire facile sans prix à payer."

Si Blanche-Mine avait eu l'intention de poursuivre ce petit discours, il n'en eut pas l'occasion, car les deux autres guerriers chargeaient. Nous épargnerons au lecteur le fastidieux récit de ce combat "honorable": le semi-orque, lardé de coups de tous côtés, s'effondra une minute plus tard, avant de s'étouffer dans son propre sang. Les yeux révulsés, la bouche ouverte, Blanche-Mine était mort. Après un rapide coup d'oeil, on pouvait manifestement en dire autant de Bellatrix. Et de beaucoup d'autres...

[Ailyn]

Ailyn était sonnée. Que s'était-il passé pendant ces instants fatidiques ?
Elle regarda le corps de Blanche-Mine puis parvint à se tourner, lentement, vers celui, encore chaud, de Bellatrix, qui avait les yeux effroyablement ouverts. Certes, d'autres cadavres jonchaient le champ de bataille, mais la jeune femme ne pouvait détourner son regard de celui de sa camarade étendue comme une planche... Rien ne pouvait justifier ce qui venait de se produire. Rien.

Ailyn se précipita vers ce qui avait été son amie, se laissa tomber à ses côtés, froide comme jamais, et laissa couler des larmes si chaudes qu'elles lui donnèrent l'impression de brûler ses joues.

[Bat]

Le combat s' acheva étonnement vite. Dorian ne s' attendait pas à venir si vite à bout de son massif-et malfaisant- adversaire. Même si il s' était engagé dans le combat contre Blanche-Mine sans hésitations, il n' en n' avait pas moins éprouvé un sentiment de crainte : combien de coups ses nouveaux alliés et lui-même devraient-ils encaisser avant de venir à bout du sinistre Orque ,


Heureusement son adversaire était tombé plus vite que prévu. A eux trois, les guerriers avaient accompli une surprenante prouesse...A présent que le combat était fini, Dorian prit conscience de leur situation à tous. Ils avaient accompli leur mission consistant à sauver Théon Grisard et ses fils, mais à quel prix...Bellatrix et Agénor avaient payé de leurs vies, la mise hors d' état de nuire définitive des forbans mélandiens et surtout de leurs chef. Ailyn, aux côtés de Bellatrix semblait choquée jusque au fond de son être, ce qui se concevait aisément.


Dorian rangea sans mot dire ses griffes ensanglantées du sang de l'orc albinos. Il regarda les autres guerriers, l' orque et l' humain qui avaient combattu jusque au bout et s' assura qu' ils n' avaient pas trop souffert des attaques de leur ennemi ( " ça en faisait au moins deux " se dit le bon vampire avec un fond d' amertume).

Puis il se dirigea tour à tour vers Agénor puis vers Bellatrix. A chaque fois il s' arrêta un peu, essayant d' accepter la présente situation, mais il n' y réussit pas. Non vraiment, ni la magicienne ni le druide ne pouvaient perdre la vie aussitôt dans d' aussi tristes conditions. Mais comment changer les choses ?


Alors qu' il observait le corps en vie de Bellatrix sa camarade manostienne, Dorian se leva et regarda Ailyn.

Il lui posa doucement la main sur le bras.

" N' aie crainte Ailyn " fit-il, " il nous reste encore un espoir. Le rappel à la vie. La prêtresse d' Agénor ici présente est peut-être capable d' en jeter un et sinon, nous pouvons apporter les corps de nos amis Bellatrix et Agénor au temple d' une divinité bonne ou neutre le plus proche. Bien sûr, il ne faut en aucun cas tarder...Evidemment, il faudra aviser sans attendre notre ami Théon Grisard. A l' heure qu' il est, il doit nous attendre quelque part. '

Le guerrier-forgeron luménien se tourna vers la prêtresse :

" Alors dame prêtresse, pouvez-vous lancer deux sorts de rappel à la vie afin de ramener au plus vite nos amis parmi nous ? "

Dorian ne doutait que l' on pouvait encore faire quelque chose pour sauver une partie de ceux qui étaient tombés au combat aujourd' hui...

[Lothringen]

La prêtresse n'était pas en état de faire la conversation : elle était toujours toute à son effort de repousser les mort-vivants, et la concentration extrême que cela exigeait ne lui laissait pas le loisir d'une autre activité.

"Vas-y, tu peux lâcher", lui dit doucement le guerrier humain. "On va s'occuper de ces macchabées..."

Avec un soupir épuisé, la semi-elfe renonça à son action. Les cinq squelettes qui leur tournicotaient autour depuis le début cessèrent leur manège et revinrent droit sur les survivants, mais ils n'étaient pas très résistants et après quelques minutes de nouveaux efforts, les quatre combattants eurent fini de faire le ménage. En réalité, les squelettes n'auraient été dangereux que s'ils avaient pu les canarder à distance pendant qu'ils été occupés ailleurs...

Quand le dernier squelette tomba, il y eut un silence. Tous reprenaient leur souffle et le fil de leurs idées. La prêtresse épuisée s'épongea le front, le regard braqué avec tristesse sur la forme immobile d'Agenor.

"Ramener les morts à la vie excède largement mes compétences, et il en ira de même de n'importe temple en cette région oubliée des dieux. Sans compter que vous ne trouverez rien que des cendres à moins de quatre jours de marche, et que les corps auront commencé à se décomposer..."

Ils se recueillirent quelques instants. Qui aurait porté un regard panoramique sur la scène aurait vu une clairière sanglante et jonchée de corps - gisaient là cinq déserteurs, Agenor, l'ogre qui était son allié, une demi-douzaine de loups. Et Bellatrix. Le semi-orque ajouta :

"Je suis désolé pour votre amie. Mais tout ce que nous pouvons faire pour eux, c'est leur offrir une sépulture décente, à l'abri des bêtes sauvages... "

Comme si elle avait compris, Mara la louve, toujours allongée sur le corps d'Agenor, hurla.

[Ailyn]

Non, on ne pourrait pas ramener Bellatrix à la vie. A voir ses yeux qui fixaient le ciel comme deux billes vides, elle n'aurait certainement pas voulu revenir. Pas dans cette vie en tous cas. Peut-être préfèrerait-elle devenir une soupière ?
Ailyn, les yeux encore plein de larmes, se retourna vers Dorian :

"Non, on ne peut pas... C'est fini, je crois."

Avec une effrayante lenteur, elle regarda autour d'elle.

"Oui, cette-fois ci, c'est fini"

Ecoutant le semi-orque, elle lui répondit :

"Oui, s'il vous plaît... Si vous pouvez. Je pense... enfin, je suppose qu'elle aurait bien voulu être glissée sous un arbre alors... faites ce que vous pouvez..."

Elle essuya ses yeux d'un revers de main.

"Merci".

[Bat]

Dorian écouta les propos de la prêtresse. Celle-ci affirmait qu' il n' était pas possible de ramener les amis par le biais d' un sort de rappel à la vie, d' abord parce qu' elle même n' avait pas le niveau nécessaire. Cela parut d' ailleurs un peu curieux à Dorian. D' ordinaire, le sort de rappel à la vie est maîtrisé dès qu' un clerc peut jeter un sort de niveau 5, ç' est à dire dès qu' il atteint lui-même le niveau 10. Mais peut-être la prêtresse n' avait-elle pas ce niveau, ce qui expliquait l' effet limité de son vade retro sur les squelettes : elle pouvait juste les tenir à distance alors qu' un clerc de niveau élevé peut détruire ces tas d' ossements animés par groupe de 12 à la fois... Par politesse, le bon vampire choisit de ne pas demander à la jeteuse de sorts du druide Agénor son niveau exact.



De plus il avait une autre idée pour sauver Bellatrix et Agénor, un ultime espoir...C' était la prêtresse qui lui avait donné cette nouvelle idée en fait. Elle venait de dire que le principal obstacle d' un rappel à la vie des deux aventuriers tombés devant Blanche-Mine était la décomposition des corps et l' impossibilité pour les survivants de conserver intactes les dépouilles de leurs amis disparus. Du moins jusque au temple le plus proche, à quelques jours de marche. Mais justement, Dorian venait de penser à un moyen pour conserver dans leur état actuel, les dépouilles de Bellatrix et d' Agénor.


" Il nous reste peut-être un ultime espoir de sauver nos amis " fit-il à Ailyn et à la prêtresse.

" Si Tymora daigne récompenser le courage et l' esprit de sacrifice de Bellatrix et Agénor, nos compagnons trop tôt tombés. "


Il s' interrompit après cette déclaration un peu théâtrale.


" Si le seul obstacle au rappel à la vie de nos compagnons dans un temple est la conservation de leurs corps, alors pourquoi ne pas faire tremper lesdits corps dans un récipient d' alcool...Et des récipients d' alcool, on peut en trouver tout près d' ici..."


Dorian encore une fois laissa sa phrase en suspens.

" Chez les maraudeurs, dans leur cuisine. Ces soudards, humains ou orques étaient certainement des soiffards. Qui sait si ils n' ont pas gardé là-bas dans leur repaire, d' appréciables réserves d' alcool, que nous pourrions utiliser pour conserver en bon état et donc ramener nos amis du royaume de Kelemvor ? Après tout, la vieille mine abandonnée ne se trouve qu' à quelques heures de marche d' ici. On peut tenter le coup avec la bénédiction d' Heaume, Lathandre et Sunie, non qu' en pensez-vous Ailyn et vous dame prêtresse ? "

Non vraiment, il ne pouvait tout simplement pas baisser les bras. Pour lui même l' espoir le plus insensé devrait être conservé...


Dorian attendit la réponse des deux jeunes femmes. Pour sauver ses camarades qui avaient fait preuve d' une irréprochable loyauté envers leur cause, il se sentait prêt à marcher encore quelques heures et au besoin à écarter de son chemin à coup de griffes, tout pillard mélandien, qui s' aviserait de se mettre en travers de son chemin...avec pourquoi pas l' aide des deux guerriers d' Agénor, l' humain et l' orque (si la vie d' Agénor et Bellatrix leur tenait autant à coeur qu' à lui).

[Lothringen]

La prêtresse rougit jusqu'aux oreilles, peut-être parce qu'elle était obligée de s'imaginer les corps d'Agenor et de Bellatrix trimbalés dans des tonneaux de bière à travers la campagne de cendres. Cet homme avait des idées de solution farfelues, et plus que farfelues, illusoires... Expliquer pourquoi était une tâche fastidieuse dont elle n'avait pas pour l'instant l'énergie. Elle lança un regard de détresse à Ailyn, espérant que la magicienne saurait faire entendre raison à son compagnon. Pour sa part, elle s'assit sur une pierre. Repousser si longuement les mort-vivants l'avait spirituellement et nerveusement épuisée, et la présence de tous ces cadavres alentours lui donnait envie de pleurer. Ils avaient vaincu, mais à quel prix...

[Ailyn]

Ailyn était mal à l'aise, jamais elle n'aurait pensé être aussi mal mais être encore capable de se mouvoir. Elle allait peut-être mieux que la prêtresse elle-même qui faisait peine à voir... Elle se mit sur les genoux avant de se redresser et d'essayer de se tenir sur ses pieds.
Elle perdit l'équilibre, mais tint bon.
Elle s'approcha vaillamment de Dorian et posa une main sur son bras, les yeux brillants :

"C'est fini, il n'y a rien a faire... Je..."

Elle sentit son souffle s'emballer, et elle faillit hoqueter de tristesse. Elle se retint de son mieux et acheva sa phrase :

"Je suis désolée, on ne peut rien faire."

[Bat]

Dorian regarda attentivement la prêtresse. Elle paraissait à bout physiquement et nerveusement à cause du combat et du résultat final. On pouvait la comprendre. Repousser plusieurs minutes de suite, une bande de squelettes animés, n' était pas une tâche de tout repos. Et le résultat final avait de quoi affligeait n' importe qui : son druide, son meneur, Agénor gisait sans vie les yeux grands ouverts, sans espoir apparent de résurrection. Par ailleurs, elle semblait très surprise par les suggestions de Dorian, voire même un peu interloquée. Pourtant le bon vampire était on ne peut plus sérieux, en parlant de rapporter les corps de Bellatrix et Agénor dans des fûts d' alcool (pas forcément de la bière d' ailleurs).

Il sursauta un peu en sentant l' amicale main d' Ailyn toucher son épaule. Celle-ci tentait visiblement de lui faire entendre raison mais ce n' était pas facile : le géant lathandrien était tout aussi choqué par le résultat final de leur quête que la magicienne et la prêtresse.

" Toutes mes excuses Ailyn, " fit-il d' une voix inhabituellement basse, signe de son désarroi, " je me raccrochais juste à tous les espoirs...D' ailleurs j' ai entendu dire que sur les navires de guerre, les marins ramènent au port les corps des officiers les plus méritants, disparus au combat, ces corps étant plongés dans des fûts d' alcool justement. Du coup je me disais que dans notre situation, nous pouvions..."

Il était d' autant plus enclin à tout tenter qu' à ses yeux c' était un peu par sa faute que tout ceci était arrivé et que Bellatrix avait péri sous les coups de Blanche-Mine (mais pas Agénor engagé dans le combat bien avant le retour sur le champs de bataille de Dorian et de ses compagnons).

" Es-tu sûre que nous ne pouvons pas appliquer mon idée, même si ce n' est que pour ramener le corps de Bellatrix à Manost ? Agénor lui voulait sans doute être inhumé au coeur de dame Nature, mais Bellatrix préférait peut-être reposer dans la cité d' Heaume le vigilant. "

Dorian s' interrompit, laissant Ailyn réfléchir à ses propos.

" Qu' en penses-tu ? " reprit-il, " Si tu préfères une inhumation immédiate, les deux guerriers et moi même (il désigna du chef l' humain et l' orque qui avaient combattu les forbans lors de l' ultime bataille), nous nous ferons fort de donner à nos deux amis les sépultures qu' ils méritent..."

A nouveau, il fit silence, ne pensant plus à grand chose, toujours incapable d' accepter cette conclusion à leur aventure, conclusion trop sanglante et soudaine même pour lui guerrier et aventurier expérimenté.

[Ailyn]

Ailyn ne savait que répondre... Elle était déchirée : qu'avait réellement Bellatrix à Manost ? Aurait-elle vraiment voulu y retourner ? N'était-ce pas mieux qu'elle reste ici, aux mains de la Nature à devenir lentement une partie d'un grand tout ?
Et ses soupières ? qui allait s'en occuper ?

"Je crois vraiment qu'elle serait bien ici, sous les arbres. Je ne sais pas si elle aurait voulu rentrer à Manost pour y être... pour y être..."

Elle reprit sa respiration.

"Enterrée, quoi."

[Lothringen]

Faute de nouvelle réaction à cette proposition, elle fut adoptée. Moroses, les combattants s'attachèrent à récolter les corps, en trois tas - celui des animaux, celui des déserteurs, celui des alliés. Enterrer tout ce monde aurait nécessité une fosse profonde et plus de bras qu'il ne leur en restait ; ils dressèrent un bûcher où la plupart des corps furent empilés ou jetés au fur et à mesure. Les corps d'Agenor et de l'ogre furent brûlés ensemble et leurs cendres récoltées dans une urne, que la prêtresse voulait rapporter au bosquet. Quant à Bellatrix, selon le voeu d'Ailyn, ils l'enterrèrent au pied d'un arbre, un simple cairn marquant l'emplacement.

L'opération fut longue, fastidieuse, et dura jusqu'au soir. Ils devaient s'abriter la gorge derrière un foulard pour ne pas avaler les cendres au goût de mort. Au coucher du soleil, sous une épaisse couche de braises, les corps brûlaient encore. Tous étaient harassés.

"Je vous propose de bivouaquer dans les parages et de nous raccompagner au bosquet demain", leur annonça la prêtresse. "Si j'ai bien compris, vous y avez rendez-vous avec le bourgmestre, c'est cela ?"

[Bat]

Durant cette triste journée, Dorian n' avait pas ménagé sa peine et ses bras puissants avaient pris leur part de travail. Il avait soulevé des corps bien lourds autant que des tonnes de terre et de poussière, manquant de tousser et de s' étouffer. Plus d' une fois, il avait craint d' encrasser durablement ses pauvres poumons...Mais il est des devoirs sacrés, envers les morts notamment, auxquels nulle créature tournée vers le bien ne peut échapper. C' est donc sans état d' âme que Dorian travailla à transporter les dépouilles des protagonistes de ce sanglant affrontement.
Il s' occupa avec un soin tout particulier du druide et de la magicienne, transportant leurs dépouilles aussi doucement qu' il le put


Lorsque ce fut fait, le bon vampire ne savait pas ce qui l' accablait le plus : la fatigue physique ou la peine d' avoir perdu Bellatrix et Agénor. Dire qu' il avait proposé de retourner au combat au nom de ses valeurs de loyauté typiquement lathandriennes, afin de secourir Agénor. Mais Agénor n' avait pu être sauvé et Bellatrix n' étaient plus.

A présent la mission du groupe manosto-lathandrien était achevée et au delà. Ne restait plus qu' à protéger la prêtresse et le bourgmestre. C' était effectivement la seule chose à faire.


" Vous avez raison dame prêtresse " fit-il avec sa civilité coutumière et sa voix grave habituelle.

" Si Ailyn ici présente et d' accord, nous procéderons ainsi et vous accompagnerons au bosquet. Puis nous nous en retournerons vers Théon Grisard. "

Du regard il demanda à Ailyn si cette proposition lui convenait. Le guerrier-forgeron sharessien n' avait lui qu' un désir : quitter ce bien sinistre endroit...Pour le surplus, accompagner les survivants du groupe d' Agénor ne lui posait aucun problème particulier. Il avait été au delà de sa mission initiale en volant au secours du druide, il pouvait bien continuer à faire de même en protégeant la prêtresse et les autres jusque à leur bosquet où ils seraient vraiment en sécurité.

[Ailyn]

Le corps d'Ailyn était là, exécutait péniblement les tâches demandées, mais son esprit s'était pour l'instant éteint... Comme des braises qui rougeoient une dernière fois avant de s'éteindre...

Alors, lorsque Dorian proposa d'accompagner la prêtresse, la jeune femme se contenta de hocher tristement la tête et de le suivre. Il n'y avait rien d'autre à faire dans ce monde vide... sans Bellatrix.

[Lothringen]

Ils songèrent encore à prélever quelques réserves de nourriture sur le campement des déserteurs, puis abandonnèrent ce lieu sinistre pour aller dresser leur bivouac à peut-être une demi-heure de marche de là. Mara et les rares survivants de sa meute les suivaient dans le sous-bois, et Dorian sentit qu'ils montaient discrètement la garde autour de leur feu, au cas où les deux déserteurs qui avaient pris la fuite auraient la mauvaise idée de revenir. Le groupe d'Agenor n'était pas plus gai que ses hôtes : ils étaient partis cinq, ils revenaient à trois... et il restait encore quelques membres du groupe de Blanche-Mine dans les anciennes mines - plus assez pour terroriser la région, mais suffisamment pour les inquiéter.

"Je me souviens que vous étiez quatre la première fois que nous vous avons croisés", s'enquit la prêtresse au coin du feu, tandis qu'ils achevaient un repas chaud cuisiné par l'humain (un progressiste, certainement). "Vous nous avez dit que vous étiez recrutés par les autorités manostiennes, mais vous sembliez un peu... disparates pour un groupe de soldats." Elle sourit. "Evidemment, notre groupe l'est plus encore, mais les helmites ne sont pas connus pour leur ouverture d'esprit."

[Ailyn]

Ailyn était si fatiguée... Elle aurait juste voulu se coucher là et ne plus répondre... mais les propos de la prêtresse l'avaient rendue pleine d'amertume... Trop de pertes ces derniers jours...

"On en a... perdu... deux en route..." répondit-elle, doucement.

Elle jeta un œil à la prêtresse puis se remit à fixer le sol.

"Il faut dire que tout ça, c'était à moitié une mission suicide hein..."

Elle soupira :

"Au moins, on aura peut-être accompli la mission... enfin, ça reste à voir..."

[Bat]

Dorian avait prélevé autant de rations de nourriture que possible sur le triste champs de bataille avant de se mettre en route. Aux côtés de ses compagnons, il avait cheminé avant de prendre le soir un repas bienvenu et -ce qui ne gâtait rien- bien préparé. Tout en savourant le contenu bienvenu de sa gamelle, le bon vampire pointa ses oreilles tout en écoutant les propos échangés entre la prêtresse et dame Ailyn. Apparemment la prêtresse s' interrogeait sur la composition de leur ex petit groupe luméno-manostien. Voir les deux cités coopérait aussi ouvertement n' était pas courant mais en outre les quatre membres du groupe avaient été totalement différents par la personnalité. Même si on pouvait considérer d' un côté Bellatrix et Zaïu avec leur façon d' être surprenante et de l' autre Ailyn et Dorian avec une attitude plus...conventionnelle.

" En fait la réponse à votre question est on ne peut plus simple dame prêtresse " fit le guerrier luménien.

" Les Manostiens ont accepté la présence de personnes différentes par leurs personnalités et leurs origines car les volontaire pour une mission comme celle-là n' étaient pas si nombreux. Songez donc : se mettre au service d' une brute sanguinaire et vicieuse comme lui avec l' obligation de gagner sa confiance. Je suppose que seuls nous quatre, Bellatrix, Ailyn, Zaïu et moi étions partants...Du coup les autorités manostiennes n' avaient pas vraiment le choix lorsque ils ont dû choisir d' envoyer ou non notre groupe en mission d' infiltration et sauvetage. Et puis nous sommes des combattants mais pas des soldats."

Le géant s' interrompit avant de poursuivre d' une voix plus basse :

' Mais Ailyn a raison : c' était effectivement une mission-suicide qui s' est achevée comme telle, pour nos deux groupes d' ailleurs. La moitié de notre groupe a été perdue pour obtenir cette victoire...si on peut l' appeler ainsi. Zaïu a disparu dans les tunnels de la mine abandonnée et Bellatrix vous savez dans quelles conditions..."

A nouveau le géant fit silence.

" Au moins Mara et vous dame êtes demeurées en vie " fit-il pour dissiper un peu l' optimisme ambiant.

[Lothringen]

"Oui, bien sûr", fit-elle avec un pâle sourire. "Les sacrifices ne doivent pas être vains, et la vie doit continuer. Vous avez sauvé toutes les futures victimes de ce groupe sanguinaire. De notre côté, nous continuerons de protéger le Bosquet en mémoire d'Agenor. Il nous avait rassemblés autour de lui, nous tous les parias de la société civile, rejetés pour notre apparence et les préjugés qui l'accompagnent, et seules nos compétences comptaient pour lui... En tant que prêtresse de Sylvanus, j'avais cru être mieux accueillie dans les villages, et j'ai fini par demeurer auprès de lui, trop heureuse de trouver où me poser." Elle haussa les épaules. "Qu'ils nous aiment ou non, ils auront besoin de notre aide quand ils voudront voir revenir la nature sur leurs brûlis..."

La soirée s'acheva bientôt, tout le monde tombant de sommeil. L'orque monta la garde, et chacun alla se coucher. Ils se réveillèrent le lendemain avec le soleil, après une nuit que n'émailla aucun incident. Ils levèrent le camp un petit moment plus tard ; il leur restait trois heures de marche avant d'atteindre le bosquet. Ils ne gardèrent pas un souvenir bien distinct de cette marche; ils avaient déjà fait ce trajet, et faute d'enjeu... tous avançaient mécaniquement, l'esprit ailleurs.

Ils surent qu'ils approchaient de leur destination quand Mara renifla bruyamment et émit un bref aboiement. Quelques secondes plus tard, une petite chose verdâtre émergea d'un buisson, et ils reconnurent Sparky, le gobelin dont Dorian avait blessé l'épaule, tantôt. Sparky faisait triste mine, et ce fut pire encore quand ses compagnons lui apprirent ce qu'il était advenu ; il se mit à gémir et pleurer, jusqu'à ce que Mara vienne se frotter le museau contre sa joue, ce qui le calma un peu. En approchant du cercle de pierres qu'ils connaissaient déjà, la semi-elfe avisa un papier plié sous une pierre. Elle le parcourut rapidement, avant de le leur tendre en disant : "C'est le bourgmestre..."

Ailyn lut alors le parchemin. La lettre, soigneusement calligraphiée d'une écriture élégante qu'elle reconnaissait pour l'avoir vue dans le journal de bord du village, disait*:

Chers amis,

j'espère que votre équipée s'est bien passée, et que vous n'avez pas eu lieu de regretter d'être revenus sur les lieux du combat. Ne m'en veuillez pas de ne pas avoir voulu vous rejoindre : non seulement j'étais blessé et craignais pour mes fils, mais Agenor et moi n'ayant jamais eu de très bons rapports, je ne doute pas que cette bataille n'ait aucun rapport avec le péril que je courais.

Vous m'avez donné rendez-vous ici et, encore une fois, je vais vous décevoir : je ne souhaite pas être livré aux autorités manostiennes, qui ne manqueront pas de me reprocher ma collaboration forcée avec l'ennemi. Je saisis donc l'occasion de disparaître, non sans vous remercier de votre aide, et vous laisser cette lettre pour vous permettre de témoigner de votre mission : mes deux fils et moi-même vous devons notre évasion et la vie, et vous pouvez rapporter à vos supérieurs que la bande de Blanche-Mine ou ce qu'il en reste a trouvé refuge dans les anciennes mines du Bois-aux-loups : ils sauront retrouver l'endroit.

Merci pour tout. Pardon, si vous pouvez...

Théon Grisard, ci-devant bourgmestre de Macreda.

[Bat]

Dorian se pencha au dessus de l' épaule d' Ailyn afin de prendre connaissance du contenu de la missive. Sa vue lui permettait de lire les caractères de loin et comme la magicienne, il lisait normalement les textes en commun (même si il s' en doutait bien, Ailyn en temps que mage devait connaître bien d' autres langages). Il fut surpris par le message de Théon Grisard et en même temps, l' attitude du bourgmestre était compréhensible. Effectivement, dans le feu du conflit, les autorités luméno-manostiennes risquaient fort de ne pas faire l' effort de comprendre toute la complexité de la situation délicate de Théon, tombé entre les griffes des forbans mélandiens. A présent, Dorian se sentait un peu " bête " : Ailyn et lui étaient au milieu de nulle part, après avoir tout sacrifié y compris leurs compagnons Bellatrix et Zaïu et voici qu' ils allaient devoir rentrer les mains vides. Comment allaient-ils expliquer cela aux autorités militaire des Coalisés ?

" Quelle histoire ! " fit-il à l' adresse de la prêtresse et de la magicienne alors que son visage d' ordinaire calme et détendu était traversé par une expression de profonde perplexité.

" Notre ami Théon a fait ses choix et ç' est son droit, il n' y a rien à dire là-dessus. Cependant nous même..."

Le guerrier luménien hésita un peu avant de continuer.

" Qu' allons-nous faire maintenant ? " demanda-t-il encore à Ailyn cette fois.

" Rentrons-nous directement au camps militaire, porter le message de notre ami désormais en cavale ou presque ? Bien sûr cette lettre nous disculpe et ils ne vont pas nous faire jeter aux fers ou pire encore exécuter mais quand même...Nos chefs feront une drôle de tête quand ils apprendront la vérité sur le sort actuel de messire Grisard. "

Dorian était lathandrien et discipliné : il comptait bien accomplir jusque au bout sa mission avec une rigueur militaire et ne se déroberait pas mais l' accueil des autorités risquait d' être frais pour le moins...

[Ailyn]

Le visage d'Ailyn prit toutes les teintes au cours de la lecture du message de Theon : le rouge, le bleu, le vert... le blanc, puis à nouveau le vert... Elle avait si peu ressenti d'émotions depuis le champ de bataille que le trop plein qui l'envahissait à présent menaçait de tout renverser sur son passage. Une nausée soudaine la saisit, et elle faillit se plier en deux de douleur.
Tout cela ne pouvait pas finir ainsi... Non, impossible. Pas après tant de sacrifices, de pièges, de cruauté...
La vision de la jeune femme se trouble, elle faillit réduire le papier en miettes, et répondit à Dorian d'un ton abrupt qu'elle ne sut maîtriser :

"Ce qu'on va faire, hein ? Ce qu'on va faire ? On va leur rapporter ce truc là, histoire que Mersad puisse éventuellement s'essuyer les fesses avec, et on va soit aller crever sur un champ de bataille, soit rentrer avec tout ce bazar sur la conscience, voilà ce qu'on va faire..."

Ailyn plia rageusement le parchemin, le fourra dans l'une des multiplies poches de sa tunique, avant de commencer à faire les cents pas, marmonnant dans sa barbe.
Elle avait à présent des fourmis dans les jambes. Si la compagnie des créatures de la nature avait été agréable jusque là, il lui tardait à présent d'être seule.

Elle se passa la main dans les cheveux, se frotta le visage et s'adressa enfin à Dorian :

"Rentrons, par pitié..."

[Bat]

Dorian ne se formalisa pas du ton un peu abrupt employé par Ailyn lors que elle avait répondu à sa question. Son attitude était compréhensible et la triste et macabre situation n' incitait pas à la sérénité de l' esprit. D' ailleurs dans sa colère calme, la magicienne avait sorti une phrase qui faillit faire éclater de rire le forgeron : l' idée des deux aventuriers " suggérant " au commandant Mersad de la coalition luméno-manostienne de faire un usage personne et...hygiénique de la lettre de Théon Grisard était hautement comique pour le bon vampire, qui réussit mal à cacher sa soudaine hilarité.

Dorian réussit toutefois à reprendre son sérieux. Il regarda Ailyn puis la prêtresse. Ailyn était dans le vrai : il n' y avait nul raison de s' attarder en un tel endroit. La mission était bel et bien achevée.

" Au revoir dame " fit - il à la prêtresse de la nature (pourquoi une prêtresse et non une druidesse d' ailleurs ?), " peut - être un jour nous reverrons - nous...dans de plus sympathiques circonstances. "

Il jeta un regard entendu aux autres créatures sylvestres, Sparky le gobelin, l' ogre et le demi - elfe, puis dit à Ailyn :

" Allons - y, le chemin est assez long jusque au camps militaire. Si nous sommes attaqués, je prendrais les coups pour nous deux " acheva- il en riant, afin d' amener un peu d' optimisme dans ce triste endroit...

Avec de la chance ils en avaient pour une semaine à dix jours de marche avant d' arriver à destination.

[Ailyn]

Ailyn prit sur elle et remercia les créatures de la nature : le gobelin abimé, la prêtresse, et toute leur petite troupe qui était finalement aussi traumatisée que la leur... Prise de compassion, elle conseilla à chacun, notamment à Sparky, de bien prendre soin de lui.
Elle remercia à son tour Dorian, vérifia qu'elle avait toutes ses affaires, et lui signifia qu'elle était enfin prête à aller... Là où on choisirait de les envoyer. Si possible Manost, c'était bien comme destination. Les champs de bataille, pour l'instant, elle préférait en faire la grève.

[Lothringen]

Les survivants du groupe d'Agenor - l'humain, la prêtresse semi-elfe, l'orque et Sparky le gobelin - leur dirent au revoir et leur souhaitèrent bonne chance, n'insistant guère pour les retenir ; ils avaient des cérémonies à tenir en l'honneur de leurs deux morts, et préféraient être seuls au bosquet pour ce faire. Quand ils eurent marché deux cents pas, les deux compères entendirent un hurlement bref : l'adieu de Mara.

Ils se retrouvèrent alors seuls, sur la fameuse route où Dorian avait planté une flèche dans l'épaule du gobelin en fuite. S'ils poursuivaient vers l'ouest, ils allaient retrouver très vite le village ravagé de Terrebonne, sa grange calcinée et le petit muret où Zebulon les avait quittés. Il leur avait fallu trois jours à cheval et au pas pour y venir depuis le campement manostien placé non loin de Graëlon ; s'ils revenaient sur leurs pas, vers l'ouest, ils en auraient pour quatre ou cinq jours suivant leur forme. Il fallait cependant compter qu'ils n'avaient pas assez de nourriture pour tenir si longtemps ; au bout de trois jours, sans doute, ils auraient faim.

HRP : précisez-moi le trajet et la destination choisis pour le retour.

[Ailyn]

Ailyn s'interrogeait. Quelle route prendre pour ne pas trop souffrir de la faim ?
Les troupes seraient-elles encore vers Graëlon ?
Elle était d'avis qu'ils aviseraient une fois sortis des terres désolées. Mais il fallait trouver un moyen d'en sortir rapidement.

"Dorian, quelle route choisir ? Pouvons-nous passez par des endroits plus riches en nourriture ? Plus vite nous serons sortis des zones dévastées, plus vite nous retrouverons la possibilité de manger, avec nos maigres ressources... Penses-tu que l'armée est encore à Graëlon ?"

[Bat]

Dorian écouta avec un peu d' émotion le cri d' adieu de Mara la louve puis se frotta le menton devant la question d' Ailyn. Effectivement, il fallait agir avec la plus grande prudence étant donné le manque de vivres des deux aventuriers. Choisir la mauvaise direction, c' était se condamner à subir la faim pour une durée plus ou moins longue. Mais comment choisir le bon itinéraire ?

" Difficile à dire Ailyn " fit - il avec hésitation.

" Nous sommes partis il y a au moins une bonne semaine et les armées en campagnes bougent, surtout que l' armée luméno - manostienne que nous avons quitté comptait marcher contre les Mélandiens pour les attaquer à revers. Par conséquent il est fort possible qu' à notre retour nous trouvions le campement vide. Mais d' un autre côté, Graëlon est le seul emplacement connu de l' armée et je ne vois pas quel autre endroit nous pourrions rejoindre. "

Il s' interrompit et regarda la région où ils se trouvaient, une région parmi tant d' autres détruite par la folie des hommes...

" Je suggère que nous tentions de rejoindre Graëlon faute de mieux mais en prenant un autre itinéraire que celui choisi à l' aller. Empruntons un trajet plus long mais mieux pourvu en ravitaillement. Sans chevaux, le chemin de l' Ouest est par trop impraticable. Et qui sait, si nous empruntons une autre route, peut - être trouverons des montures. Ainsi pourrons - nous rentrer plus vite que prévu à Graëlon. "

Dorian faisait vraiment preuve d' optimisme avec ses suggestions : rien ne prouvait qu' une route mieux ravitaillée existait à proximité mais il fallait bien tenter quelque chose. Rester ici ou revenir à Terrebonne, c' était la mort à brève échéance.

" Sinon il nous reste la mine des maraudeurs : nous pourrions peut - être y faire le plein de provisions et pourquoi pas trouver des montures mais nous ne savons pas combien de forbans se trouvent encore là - bas..." fit - il avec prudence.

[Ailyn]

Ailyn était pensive. Elle se sentait coincée, acculée, alors qu'elle voulait simplement rentrer...

Le campement serait-il toujours à Graëlon ? Ils ne s'étaient pas absentés si longtemps... Peut-être y aurait-il encore du monde ?
Revenir sur leur pas, dans le camp des déserteurs, lui parut un brin saugrenu... Ils leur avaient échappés, ce n'étaient pas pour revenir se coller dans leurs pattes, non !

Elle répondit à Dorian :

"Bon déjà, en ce qui me concerne : pas question de revenir, que ce soit de près ou de loin, vers le camp des déserteurs. Je n'ai pas très envie de me faire égorger au détour d'un chemin... On en a déjà assez vu de ce côté là si tu veux mon avis."

Elle ferma les yeux et soupira.

"L'avantage de la route vers Garëlon, c'est qu'elle nous est connue... mais on va avoir des crampes à l'estomac bien avant d'arriver... Mais y-a-t-il un autre route possible ? Par le nord ?"

Elle observa Dorian avant de demander :

"Tu saurais, toi, trouver de quoi se nourrir dans la forêt ?"

[Bat]

Dorian avait noté la logique réaction d' Ailyn à l' énoncé de sa suggestion de revenir vers le repaire des forbans. Réaction logique au vu des évènements passés. Quand à regagner Graelon par le nord à travers la forêt et non par l' ouest en direction de Terrebonne, c' était la meilleure décision possible sur le plan logistique. Mais la question d la magicienne sur la présence de gibier était tout à fait pertinente.

" Trouver du gibier je pourrais " fit le bon vampire en imitant la syntaxe d' un sage bien connu, tout en regardant à son tour - brièvement - sa camarade d' aventure.
" J' ai l' oeil et l' oreille aiguisés, et mes flèches volent vite. Nous ne manquerons pas de pièces de gibier pour nos repas de midi et du soir...si cette forêt du nord est effectivement aussi giboyeuse que nous l' espérons. Sangliers et cerfs finiront vite dans nos assiettes " fit le géant avec un regard entendu et un rien de vantardise.
" Bref si d' accord pour cette direction emprunter tu es, sur le champs en route nous mettre nous pouvons " continua Dorian en riant, trouvant décidément très drôle son " imitation " syntaxique.

En fait au fond de lui, il savait qu' un trajet en forêt ne serait pas forcément de tout repos avec des ennemis aussi nombreux et dangereux que ceux qui grouillaient à Bois-Manteau au sud ou au bois de Lars au sud-est de la Porte de Baldur : brigands, loups, hamadryades, loups noirs ou vampiriques...toutes sortes de créatures pouvaient les attendre là-bas. Mais le cela, guerrier-forgeron se garda d' en faire état à dame Ailyn. Elle paraissait suffisamment affectée comme cela.