La Couronne de Cuivre

Asmodeus frappa une dernière fois pour faire bonne mesure avant de se relever sans se soucier le moins du monde de rudoyer le garçon. Il garda néanmoins une main fermement ancrée sur son épaule pour l’empêcher de rejoindre le nouveau venu.

Se tournant vers ce dernier, il répondit comme si la scène à laquelle venait d’assister Silmandel n’avait pas encore eu lieu. Ou plutôt comme si elle ne revêtait aucune espèce d’importance :

- Déranger ? Sans doute. Mais ce n’est pas comme si c’était une surprise et cela dépend assurément de vos intentions et encore davantage de votre attitude.

Quête : retrouvailles

Si ce n’est pas une surprise, c’est assurément que vous m’attendiez. Il est donc peu probable que je dérange. Il est de surcroît curieux d’apporter plus d’importance à l’attitude qu’aux intentions. Seriez-vous du genre à me laisser faire beaucoup de choses du moment qu’elles sont faites de façon convenables à vos yeux ? »
L’éternel sourire de Silmandel était dument accroché à ses lèvres. Son ton, assuré, un rien moqueur, restait cependant très courtois. L’ensorceleur pointa la momie de sa rapière, comme il aurait pu la désigner du doigt.
« Mais commençons sur de bonne base. Vous êtes qui et vous voulez quoi ? »

[Quête : Retrouvailles]

Alexandre, qui n'avait rien perdu de sa verve, enchaîna avant que la momie n'ait pu répondre.
-Silmandel, je te présente ton vieux pote Asmodeus ! Il est peut-être un poil plus imposant qu'avant mais surtout, il est encore plus prétentieux ! Et il a toujours pas appris le mot "je". Mais bon, ça, on peut pas vraiment lui en vouloir : on lui a retiré le cerveau, après tout... Quant à ce qu'il veut, ben... Nous chasser de notre propre cave, puis de notre maison, puis conquérir le monde, je pense. En tout cas, ça collerait bien avec le rôle de grand méchant mégalo qu'il se donne !

Fichtre, ce saligaud ne manquait pas une occasion de se taire et de se tenir tranquille ! Toujours est-il que l'élu divin ignora superbement l'intervention du mioche pour répondre de lui-même à l'elfe :

- Vous êtes présentement chez Asmodeus. En tous cas depuis qu'il a chassé les envahisseurs qui ont osé s'en prendre à ce sanctuaire.

C'était un petit travestissement de la vérité mais ses invités n'avaient aucun moyen de le savoir. Pis, cela pouvait sonner comme une mise en garde qu'ils feraient bien d'entendre.

- En revanche, avant de poursuivre sereinement cette conversation, veuillez ranger cette lame. A moins que vous en ayez besoin pour vous rassurer ?

Quête : retrouvailles

« Asmodeus ? »
Silmandel n’en croyait pas ses oreilles. Il détailla la momie de la tête aux pieds. Jamais, ô grand jamais, il ne se serait attendu à retrouver son compagnon d’aventure ici et dans cet état.
« C’est bien vous ? Bon sang, je comprends mieux pourquoi vous tourmentez Alexandre. Ça n’a jamais collé entre vous deux. Une histoire de robe et de sort de lumière si je me souviens bien. »
L’elfe rengaina sa rapière et s’approcha, réduisant de moitié la distance entre lui et le trône.
« Expliquez-moi donc ce qui se passe. Et, par tous les dieux, qu’est-ce qui vous est arrivé ? La dernière fois que nous nous sommes croisés, vous sembliez maladif, mais quand même pas à l’article de la mort. »

Certaines des remarques et le ton condescendant de Silmandel l'avait fait grincer des dents. Mais au moins l'elfe avait-il rengainé son arme comme pour ouvrir un espace à la discussion.

- Asmodeus n'a guère envie de s'étendre auprès de vous sur ses raisons : il a remplacé le précédent maître et gardien des lieux. Et c'est à ce titre qu'il vous a convoqué. A moins que vous ne soyez du genre à avoir des réactions épidermiques vis-à-vis des non morts, êtes-vous disposé à discuter des conditions de votre déménagement ? A moins bien sûr qu'Asmodeus ne s'adresse pas à la bonne personne ?

Au risque de prendre l'elfe à rebrousse-poil, l'élu divin préférait jouer franc jeu sur ce qu'il entendait obtenir.

Quête : retrouvailles

« Pour être tout à fait franc, Asmodeus, j’ai d’avantage l’habitude de faire des non-morts de vrais morts. Mais je peux assurément faire une exception avec quelqu’un qui a de la conversation et que j’ai côtoyé de son vivant. Si notre déménagement est la seule chose qui vous importe, on peut en discuter. Mais avant cela, libérez Alexandre. Je pense que vous comprendrez que je serai plus prompte à m’entendre avec un ancien collègue d’aventure plutôt qu’avec un monstre cherchant à faire du chantage. »
Ce qu’il y avait de bien avec Silmandel, c’était que sa jovialité coutumière rendait ses propos plutôt léger. Son attitude en apparence décontractée pouvait participer à détendre les situations.

Asmodeus pesa le pour et le contre : il est vrai que Silmandel lui paraissait sympathique malgré son côté « sauveur de la veuve et de l’orphelin » rédhibitoire et ce qu’il venait de déclarer sur les mort-vivants. Soit, si Silmandel optait pour une approche conciliante… De toute façon, Alexandre semblait soudain plus une gêne pour ses mouvements qu’un moyen de pression utile et il estimait ne pas avoir de mal à le capturer à nouveau si cela s’avérait nécessaire.

- Pour sa propre sécurité, tenez le à l’œil et faites en sorte qu’il se tienne tranquille !

Il poussa alors le garçon dans la direction de l’elfe.

- Vous constaterez qu’Asmodeus sait faire preuve de bonne volonté. En retour, si vous lui racontiez ce que vous faites dans cette maison précisément ? Et qui est votre complice pleine de charme ?

Quête : retrouvailles

Alexandre libéré, Silmandel se sentit tout de suite plus léger. Le reste semblait presque tenir de la broutille. Asmodeus n’était pas là pour se battre, mais pour négocier. En la matière, l’elfe n’était pas démuni.
« Je constate et j’apprécie. Vous n’avez pas tant changé que ça. Tant mieux car vous étiez un compagnon plaisant, à votre façon. Ma complice, vous la connaissez très bien puisque vous l’avez côtoyé dans les catacombes. C’est la sœur de ce garçon. Avouez que le déguisement fait son petit effet. »
Grand sourire.
« Ce qu’on fabrique dans cette maison est probablement lié à vous, ou à celui qui occupait cet endroit avant vous. Nous avons été, disons, mandatés pour enquêter sur des phénomènes étranges. Est-ce que, par le plus grand des hasard, votre prédécesseur ne s’amusait pas à faire fuir les propriétaires de la bâtisse ? Le passage secret serait une raison suffisante. »
Pourquoi mentir ? Pourquoi chercher à rendre cette histoire plus compliqué ? L’ensorceleur avait la conviction que trouver un terrain d’entente ne devrait pas être impossible. Certes, négocier avec une momie lui faisait bizarre, mais bon, encore une fois, il savait qui se cachait sous les bandelettes.

Asmodeus enregistra ces informations sans pour autant les prendre pour argent comptant : Silmandel était malin, il le savait, et il pouvait fort bien dissimuler ou travestir des informations et même ses intentions. Mais puisqu'il n'avait pas de motif à des soupçons précis, l'élu divin décida de poursuivre cette conversation sur cette base.

- Asmodeus n'a eu qu'un bref contact avec son prédécesseur. Il serait donc bien en peine de répondre à votre question de façon affirmative. Mais cela n'interdit pas les hypothèses : pouvez-vous lui décrire ces phénomènes sur lesquels vous enquêter ?

Cela l'amenait aussi à s'interroger sur ses commanditaires mais une chose devait être prise à la fois. D'abord collaborer pour donner des gages de bonne volonté puis interroger...

Quête : retrouvailles

« Et bien, il paraît que toutes les personnes qui ont acheté cette maison l’ont fuit, la queue entre les jambes, en évoquant des phénomènes surnaturels. Je ne peux pas être plus précis, je n’ai parlé à aucun des fuyards. À la base, je soupçonnais plutôt celui qui peut à chaque fois revendre la maison en se faisant au passage de jolis bénéfices. »
L’ensorceleur marqua une petite pause. Il se rappela les sensations désagréables d’avoir été observé.
« D’ailleurs, maintenant que j’y pense, j’ai moi-même constaté deux trois petites choses étranges. Avez-vous des moyens d’espionner la maison ? Parce que je suis persuadé qu’on m’a épié à plusieurs reprises. »

Asmodeus se frotta pensivement le menton tandis qu'il assimilait les nouvelles informations et réfléchissait à ses options. Bluffer était tentant mais il avait déjà fait savoir à l'ensorceleur qu'il avait connaissance de la présence d'une complice. Il se décida donc pour une réponse évasive :

- Asmodeus dispose effectivement de ce genre de ressources. Peut-être que son prédécesseur également mais il doute que cela suffirait à faire abandonner une maison à ses occupants. Il en faudrait bien plus à Asmodeus en tous cas ! Vous avez en tous cas raison de soupçonner ce propriétaire : mais ce n'est certainement pas celui qui vous a engagé, n'est-ce pas ?

Quête : retrouvailles

« Certes non. Et je devine votre vif intérêt concernant cet employeur. C’est vrai, qui pourrait bien embaucher un trio comme Clémentine, Alexandre et moi-même afin d’élucider des phénomènes surnaturels ? Haha, mystère ! Allons, ex collègue, vous êtes vague, je suis vague. Jouez franc jeu et je ferai de même. De surcroît, il me semble que vous en avez plus besoin que moi car voyez-vous, ma mission est dors et déjà terminée. Votre problème reste entier. Vous voulez obtenir notre déménagement ? Pourquoi ? Vous désirez préserver le passage secret, n’est-ce pas ? Mais cette maison n’est pas à vous. D’autres vont venir et d’autres encore, après eux. Chacune des personnes qui vont se succéder sera pour vous un problème. Faites les fuir, faites les disparaître et le problème deviendra plus grand encore. Pour preuve, n’y a-t-il pas déjà des enquêteurs sur l’affaire ? »
Grand sourire malicieux. L’elfe frappa dans ses mains.
« Bon, allez Asmedeus. Installons-nous à une table avec une coupe de vin, on discute de tout ça et on voit ce qu’on peut faire. »
L’aventurier eut un instant de réflexion.
« Ha mais mince, vous ne pouvez sûrement plus boire de vin. Mais... mais c’est horrible ! Non, franchement, pourquoi êtres devenu ainsi ? Je ne comprends pas. Certes, vous avez obtenu l’éternité, mais elle va être si fade ! »
Le pire, c’est qu’il n’y avait nul moquerie. Non, l’elfe exprimait une réelle incompréhension. Pour lui, il était juste impensable de devenir cette chose !

Le regard que la momie jeta alors au jeune elfe suffirait à lui faire comprendre qu’il flirtait dangereusement avec les limites de la politesse et que poursuivre dans cette voie pourrait bien suffire à rompre leur paisible discussion pour la transformer en un échange bien différent.

Toutefois, ce fut le seul avertissement qu’Asmodeus choisit de délivrer avant de revenir au cœur du sujet :

- Asmodeus a de quoi vous recevoir : suivez-le donc !

Et sans vérifier si son invitation était entendue ou non, il se dirigea vers ses quartiers où les invités pourraient s’asseoir autour d’une table. En chemin, il ajouta cependant :

- Asmodeus ne cherchera pas à faire fuir les futurs locataires contrairement à son prédécesseur : vous auriez donc tout intérêt à dire à votre employeur que vous avez définitivement réglé son problème et il vous récompensera sans doute grassement. Toute autre option se révélerait bien plus dangereuse car Asmodeus tient avant tout à la tranquillité de tous. Que des gens vivent paisiblement à l’étage sans se soucier du passage secret lui convient très bien. Qu’on cherche à pénétrer dans son repaire et il se verra obligé d'en faire respecter les frontières et de laisser les âmes qui rôdent dans les catacombes franchir le passage. Des vies seraient perdues inutilement…

Quête : retrouvailles

Ho mais quel susceptible cet Asmodeus ! C’était certain, momie ou pas, il n’avait guère changé. L’ensorceleur prit note du sujet à éviter, mais ne sembla pas spécialement ébranlé. Déjà que d’ordinaire il était difficilement impressionnable, alors face à un monstre qui se contentait de mettre une fessée à un garçon et que l’elfe avait connu souffreteux, il ne fallait même pas en parler ! Silmandel suivit la momie, en veillant sur Alexandre.

« Je crains qu’il soit trop tard pour cacher des choses à mon employeur, ou tout du moins, la totalité de ces choses. Il connait déjà l’existence du passage secret et je me vois mal lui dire qu’il mène à un cul de sac. De surcroît, il me faudra fournir des explications sur les phénomènes constatés dans la maison. Il est peut-être encore possible d’assurer votre tranquillité, mais ce ne sera pas sans un savant mensonge et l’assurance que plus rien d’étrange n’arrivera dans la bâtisse. Après, je ne sais pas si vous avez des amis, mais peut-être devriez-vous faire en sorte que la maison soit acheté par quelqu’un qui vous arrange. »
Pour l’instant, Silmandel se montrait arrangeant. Il se demandait un peu pourquoi il se comportait ainsi avec un être apparemment plus malfaisant qu’il ne s’y était attendu au tout dépars. Seulement, on était ici à Melandis. Il fallait savoir faire des concessions. De surcroît, qu’il le veuille ou non, il savait encore être lié à Asmodeus et c’était réciproque. Ils avaient ensemble ravagé l’entre d’un démon, démon qui possédait encore son culte en ville. Peut-être qu’un jour, ils seraient forcé de collaborer pour faire face à la vengeance infernale.

Asmodeus désigna deux chaises avant de s'éloigner juste le temps de récupérer une carafe et un verre sur une étagère. Il servit Simandel de son contenu - un vin d'une certaine qualité - avant de s'asseoir en face de lui sans plus vraiment se soucier de la présence du troisième larron.

- C'est fâcheux en effet ! Mais Asmodeus avait effectivement envisagé la solution que vous évoquez. La maison en elle-même ne l'intéresse pas forcément même si elle pourrait avoir une certaine utilité mais il est prêt à faire une offre pour l'acquérir. Vous pourriez jouer les intermédiaires peut-être ? Comme Asmodeus l'a évoqué, vous auriez tout à gagner à résoudre cette affaire pacifiquement.

Quête : retrouvailles

« Oui, pourquoi pas. Dans l’absolu, je pourrai servir d’intermédiaire. Cela dit, il va falloir que j’en discute avec Clémentine. »
Silmandel, goûta le vin. Certes, celui-ci pouvait être empoisonné, mais cela lui semblait improbable. L’idée de s’installer plus confortablement venait de lui. Et la momie avait besoin de parlementer, pas d’assassiner. Après deux gorgées, il reposa son verre.
« Pas mauvais. ... Bien. Je pense que vous êtes conscient, Asmodeus, que si d’une façon ou d’une autre, on accepte de mentir pour vous auprès de notre employeur, nous allons prendre un risque. Je sais que vous allez me rétorquer quelque chose du genre qu’on a pas le choix. Je présume que vous avez de nombreux pouvoirs à votre disposition. Mais le fait est que vous ne pouvez en vérité rien faire. Comme je vous l’ai déjà dit, s’il arrive quoi que ce soit, à nous ou à d’autres, votre problème deviendra insoluble. Pire encore, vous allez vous mettre mon employeur à dos et je peux vous assurer qu’il dispose largement des moyens financier pour se payer les services de tout un groupe de chasseurs de morts-vivants prêt à vous réduire en poussière. »
Petite pause.
« Je ne cherche pas spécialement à vous acculer, d’autant plus que vous aider, dans le fond, ne me dérange pas tant que cela. Cette maison, on allait la quitter de toute manière. Et il demeure la menace du démon qui pèse sur mes épaules comme sur les votre. Vous savez, celui dont on a brûlé la statue. Bref. Je veux juste savoir si ce mensonge ne sera pas fait en pur perte. Qu’est-ce que nous gagnons à vous aider ? Une momie peut-elle éprouver de la reconnaissance ? Peut-on avoir l’assurance que vous ne chercherez pas à nous nuire ? Peut-il y avoir une forme de confiance mutuelle entre nous ou notre collaboration passée n’est déjà plus que du passé ? »
Silmandel pouvait être arrangeant mais il n’était pas non plus un imbécile. Il n’allait pas aider un monstre sans garantie.

Le Gardien mortuaire avait prit le temps de l'écouter attentivement et lui avait laissé conclure son argumentaire avant de prendre la parole à son tour. Quand il le fit, il plongea ses yeux très vifs dans ceux de l'elfe et s'exprima avec calme et flegme :

- Vous auriez en effet tort de chercher à m'acculer et vous n'en obtiendrez absolument rien sinon des ennuis. Sachez qu'une momie se doit d'être loyale et vous avez la parole d'Asmodeus qu'il ne cherchera pas à vous nuire tant que vous en ferez de même. Quoique vous en disiez, il serait plus simple pour Asmodeus de vous tuer pour préserver son secret et votre employeur ne se risquerait sans doute pas à dépenser des fortunes pour vous venger alors que vous avez d'ores et déjà achevé la mission qu'il vous avait confié. Mais encore une fois, s'il avait été dans les intentions d'Asmodeus de vous éliminer, il en aurait eu maintes occasions déjà. Non, vous pouvez partir avec l'assurance qu'il ne vous nuira pas. Mais qu'en est-il de vous ? Quelle garantie donnez-vous que vous ne vendrez pas la mèche une fois sorti d'ici ?

Quête : retrouvailles

Silmandel soutint le regard d’Asmodeus et lui répondit avec un grand sourire.
« Ho, soyez sans crainte. Vous ne m’avez rien fait et vous nuire ne m’amuserait en rien. Et puis, notre collaboration a toujours été étrange, pour ne pas dire contrenature. J’imagine que c’est le charme de cette ville. »
L’elfe vida son verre puis se leva :
« Alexandre et moi-même, nous allons remonter, attendre Clémentine et discuter de tout ça avec elle. Quand on se sera mis d’acord, on viendra vous tenir informer. Il cera certainement impératif que vous et nous procédions de concert pour régler cette histoire. Laissez le passage-secret ouvert, qu’on puisse redescendre. »

Asmodeus retint son interlocuteur d'un geste, bien décidé à ne pas se laisser dicter les conditions de la négociation sans réagir.

- Non, Asmodeus préfère refermer le passage tant que vous n'avez pas pris de décision. Il saura quand vous serez prêts ou si vous quittez la maison. Si vous le faites, il saura que vous cherchez à le trahir et que cette collaboration contre-nature comme vous l'appelez est terminée. Comprenez Asmodeus : il ne peut pas se fier à sa seule confiance étant donné ce qu'il vous a laissé voir : c'est soi cela, soit il garde le garçon jusqu'à votre retour.

[Quête : Retrouvailles]

L'intéressé, étonnamment silencieux jusqu'ici, choisit ce moment pour intervenir :
-Moi ça me dérange pas de rester : on s'amusait bien, c'est pas tous les jours qu'on peut visiter une sorte de palais souterrain et puis, je pourrais en profiter pour récupérer mes affaires. Mais après, comme je suis du genre taquin, je suis pas sûr que ce soit une très bonne idée pour la santé mentale d'Asmodeus.
La momie ne l'effrayait-elle pas du tout ? S'agissait-il de bluff ? Impossible à dire. La seule chose certaine, c'est qu'il avait parlé d'un ton parfaitement détendu.

Quête : retrouvailles

« Non, en effet, je pense préférable que tu te tiennes loin d’Asmodeus. Je suis persuadé qu’il préfère le calme aux taquineries. »
Silmandel, qui avait mis une main sur l’épaule d’Alexandre afin de prévenir une prochaine réplique, se leva. Il poursuivit à l’intention de la momie.
« Refermez donc votre passage secret si vous voulez. On reviendra lorsqu’on aura pris une décision ou, au moins, lorsqu’on aura des pistes concrètes. Hum, petite question terre à terre : avez-vous de quoi acheter la maison si jamais on s’oriente vers cette option ? »

Silmandel cherchait-il à savoir s'il y avait un trésor à la clé s'il parvenait à l'éliminer ? Non, ce serait certainement voir le mal partout... En tous cas, Asmodeus répondit d'un ton évasif mais tout de même plein de conviction :

- Oui, Asmodeus a les ressources pour acheter la maison. Sans nul doute.

Et ce ne serait assurément pas un mauvais investissement. Sans compter que cela sécuriserait le passage vers son repaire en éloignant les indésirables curieux, disposer d'un accès vers la surface n'était pas pour lui déplaire.

Quête : retrouvailles

« Parfait », répondit simplement Silmandel.
Il ne semblait pas vouloir chercher à extorquer de l’or. Il n’avait de toute façon jamais été vénal. Il esquissa un geste pour s’en aller puis parût prendre conscience que le gamin était torse nu.
« Heu, au fait Asmodeus, ses affaires, elles sont où ? Je préfère les récupérer. Ce sera toujours ça de mieux pour les négociations avec Clémentine, si vous voyez ce que je veux dire. »
Petit sourire amusé. Il allait de soit que plus la sœur aurait l’assurence que son frère n’avait pas souffert, plus elle devrait être disposée à négocier.

Asmodeus se leva et commença à se diriger vers l’endroit où se trouvait le passage secret comme s’il n’avait pas entendu la dernière requête de l’elfe. Il finit néanmoins par répondre d’un ton détaché :

- Il les a perdues en jouant. C’est le genre de choses qui arrivent avec les enfants agités, non ?

[Quête : Retrouvailles]

Alexandre éclata de rire.
-Oh l'excuse bidon ! En étant très sympa, on pourrait dire qu'Asmodeus me les as arrachées alors qu'on chahutait. Mais dire que je les ai perdues tout seul en m'amusant, c'est un bon gros bobard. Bon, ceci dit, je lui ai en partie rendu la pareille...
Il fouilla dans sa poche et exhiba quatre bandelettes;
-Tadam ! Chouette trophée, non ?

Asmodeus jeta un regard assassin au garnement et répondit d'une voix dure :

- Silence ! Asmodeus ne t'a pas fait payer pour cet affront et tu ferais mieux de faire profil bas avant qu'il ne change d'avis et considère que la négociation n'en vaut pas la chandelle. Silmandel, vous feriez mieux de laisser cet olibrius à l'écart quand vous reviendrez.

Quête : retrouvailles

Une chose était certaine, Silmandel n’allait plus voir les momies de la même façon après cet événement. Alexandre avait pu arracher des bandelettes au mort-vivant et il était encore en vie, même pas effrayé. Extraordinaire ! Non, vraiment, l’elfe n’allait pas avoir trop de remords à négocier avec quelqu’un d’aussi modéré. Cela dit, il ne fallait quand même pas tenter le diable. La patience d’Asmodeus avait beau être énorme, le garçon pouvait en venir à bout. C’était une terreur !
« J’en prends bonne note. Allez bonhomme, on remonte. »
Une tunique perdue ? Juste cela ? Ils allaient survivre. L’ensorceleur, lui, en tant que chat-garou, avait massacré toute une tenue.

[Quête : Retrouvailles]

Alexandre parut sur le point de répliquer. Mais finalement, il se tint coi et suivit Silmandel jusqu'au passage secret qui venait de se rouvrir. Toutefois, avant de s'engager dans l'escalier, le garçon fit volte face et... tira crânement la langue à la momie.
Quelques instants plus tard, celle-ci se retrouvait seule en son domaine, tandis que ses "invités" se lançaient dans l'ascension vers la surface.

Une humiliation de plus qu'il encaissa sans broncher. Mais Asmodeus n'avait pas l'intention de gâcher un accord avantageux en laissant parler son ego et ses désirs de vengeance. Non, il avait fait preuve d'une maîtrise de soi dont il ne serait pas cru capable surtout face à un énergumène impertinent comme Alexandre et il fallait maintenant en tirer les bénéfices durement acquis. Mais à la moindre incartade dans l'accord qu'il venait de conclure, il laisserait libre court à la violence. Se faire respecter était souvent plus important que tout le reste surtout dans sa position encore bien précaire.

La Couronne de Cuivre

L'antre d'Asmodeus