La Couronne de Cuivre

Quête : Chercheurs de sens

Les gardes s'entreregardèrent.
- Et bien... peut-être, oui, si vous pouviez nous donner son nom. Il y a eu quelques petites arrestations cette nuit, à ce qu'on nous a dit. Quelques personnes en état d'ivresse, ou qui faisaient du grabuge sur la voie publique ou de menues dégradation. La routine, quoi, rien de bien exceptionnel.
- Décrivez-le nous, aussi. Certains détenus ne se souviennent même plus de leur nom quand on les arrête.

Sylveneige soupira derechef.

- Si vous saviez... A moi, il m'a donné le nom de Streen. C'est un demi-elfe, grand, bien bâti et il a des yeux presque violets.

Prudemment la rôdeuse essaya de ne pas laisser transparaître son affection pour Streen. On ne savait jamais, mieux valait garder la tête froide.

hrp : tu as de la chance qu'il ait fini par donner enfin son vrai nom...

- Très bien, je vais me renseigner...

Le garde revint une dizaine de minutes plus tard.
- Nous avons bien un détenu du nom de Streen, qui a été arrêté cette nuit, apparemment pour des faits mineurs. Mais le capitaine tient à le garder à l'ombre quelques temps encore pour approfondir l'enquête. Il y aurait des éléments douteux dans son histoire... mais vous pouvez faire une déposition, si vous avez des éléments complémentaires à nous donner. Il vous suffit de vous rendre dans son bureau, au premier étage, le second sur votre gauche.

Sylveneige murmura un sobre merci, puis monta à l'étage et frappa à la porte du bureau.

Elle fut accueillie par un homme jeune, mais dont les galons prouvaient le grade, qui lui fit signe de s'asseoir en face de lui.
- Que me vaut votre visite ? Un dépôt de plainte, peut-être ?

Elle entra et salua poliment, avec une retenue qui ne lui était pas coutumière. Enfin, après quelques secondes de silence, le temps de rassembler ses idées, elle parla.

- Je suis Sylveneige d'Evereska, fille d'Eielle du Valbise et du barde Oriin d'Evereska. Je suis venue à Lumenis poussée par les chants de mon père sur cette ville. J'ai rencontré un homme triste au fond de lui-même, mal dans sa peau, Streen. Je suis elfe, rôdeuse, et je ressens profondément les choses. Les choses, mais aussi les gens ! et j'ai senti que Streen, quoi qu'il paraisse être, est quelqu'un de bien.

La rôdeuse retint un cillement un peu trop séducteur, et opta pour un cillement lent et très expressif de mater dolorosa.

- Je viens donc vers vous pour solliciter votre pardon, le pardon de Lumenis toute entière, pour ce jeune homme. Il n'est pas mauvais, n'a pas de méchanceté en lui, pas une once ! seulement il se laisse parfois entraîner. Ce qui n'arrange pas les choses, c'est qu'il a peu de bon sens... En fait, je doute parfois qu'il en ait ! donc pour parer les ennuis, il plonge dedans. Souvent en voulant tout simplement paraître féroce, ou plus important et fort qu'il n'est en réalité. Donc il enfile une litanie de mensonges plus ou moins malhabiles, comme on enfilerait des perles : en quantité.

Sylveneige joignit à demi les mains.

- Je sais que je ne devrais pas le lâcher d'une semelle, mais parfois il lui prend de ces fantaisies ! il n'est pas benêt, mais c'est tout juste. Par exemple, il ne sait pas résister - ou très mal - à la persuasion, aux blagues du genre "tu n'es pas cap' de faire telle ou telle chose". Comme un gosse, en fait.

L'elfe crispa les doigts.

- C'est ma faute, s'il est là. J'avais plaisanté avec un type à la taverne... Pas méchamment, mais bêtement... A t-il pris les blagues que j'ai lancées au pied de la lettre ?

Les larmes perlaient à ses yeux.

- Je vous en prie, je vous en supplie ! c'est ma faute, j'ai dit un tas de bêtises, si ça se trouve je n'ai pas influencé seulement lui. Oh non !

Sylveneige se prit le visage dans les mains, catastrophée.

- Il y a un autre type ! oh non ! celui qui est parti avant moi ! oh non, non, non ! je suis si coupable !

L'elfe leva un regard épouvanté vers le capitaine des gardes.

- Je vous en supplie, dites-moi : personne n'a fait de bêtises sur des fenêtres ou griffonné des horreurs sur les portes des notables de la cité ?

Quête : Chercheurs de sens

L'officier parut songeur.
- Et bien, ce n'est pas tout à fait ça... Sauf bien sûr au niveau des mensonges abracadabrants.
Il fronça les sourcils.
- Mais voilà... je ne vais pas libérer un suspect seulement parce qu'une jeune elfe vient plaider sa cause, d'autant que vous êtes parfaitement inconnue en ville et même pas citoyenne luménienne. Non, il me faut des garanties sérieuses. Légalement, je peux le libérer sous caution, mais il me faut quelqu'un de reconnu en ville qui se porterait garant de lui, et une adresse où le contacter pour les besoins de l'enquête. Et la caution s'élève tout de même à vingt pièces d'or... Donc si vous pouvez m'amener un engagement d'un citoyen qui se porterait garant de lui, et une attestation prouvant qu'il loge bien quelque part... ça rentrerait déjà mieux dans les cadres, vous comprenez ! Et il aura interdiction de quitter la ville jusqu'à nouvel ordre.

hrp : tu peux considérer que Poïkarea accepte de se porter garante, tu résumes tout en un post et tu dis qu'un garde va chercher streen en cellule (tu postes là-bas en jouant un garde, puis tu le fais te rejoindre au fort... ils n'enverraient pas une civile) ; j'espère pour toi que tu as les 20 po... et pour info, si vous allez au temple, vous trouverez les vitraux parfaitement propre, vous entendrez parler d'une tentative échouée

Sylveneige soupira encore une fois.

- Ouch ! je dois avoir encore de l'argent... Streen et moi logeons à l'Ombre de l'Arbre, l'aubergiste Dame Poikarea pourra vous le confirmer. Je vais lui demander de se porter caution, elle acceptera certainement !

La rôdeuse courut à l'Ombre de l'Arbre et obtint de Dame Poikarea les documents nécessaires, une attestation soigneusement écrite et un certificat de bonne moralité de son client.

Ce fut une Sylveneige galvanisée qui vola de retour au Fort. Rassurée. Pleinement.

Elle pila soudain : et le choupinou ? Oh boudiou.

Chassant son malheureux acolyte de ses pensées, elle reprit sa course et atteignit le Fort en un temps record, en oubliant même d'être essoufflée. L'elfe remit les documents demandés avec les cillements adéquats. Puis ajouta les 20 pièces d’or, somme pour laquelle elle obtint un reçu.

L'officier donna un ordre bref à l'un des gardes et fit aimablement attendre Sylveneige, en tentant une passionnante discussion sur le temps. Une fois épuisés les sujets : pluie, soleil, nuages, brouillard, orage, la rôdeuse parla de la barde Orage Main-d'Argent et osa même chantonner quelques bribes de son répertoire.

Enfin le garde fut de retour, accompagné de Streen. Un immense sourire se dessina sur le visage de Sylveneige.

Streen sortit de sa cellule. Le capitaine lui avait dit que quelqu’un s’était porté garant pour plaider sa cause en versant une caution. Il était donc en liberté conditionnelle. Streen se doutait qu’il ne pouvait que s’agir de sa compagne. Finalement, il fut soulagé de la voir. Pourtant beaucoup de questions sans réponses résidaient dans sa tête. Contrairement à se compagne, il ne sourit pas, la situation ne lui faisait pas rire du tout, mais alors vraiment pas. Lorsqu’il s’approcha d’elle, elle pouvait voir qu’il avait les yeux rougis même si ce n’était pas très évident à apercevoir à cause de la couleur violette de ses iris.

- Streen ?

Sylveneige était déçue. Quoi, elle avait sorti d'affaire ce grand benêt et il ne lui accordait même pas un sourire, même pas un regard lumineux, même pas un mot gentil !

- Strrreen ? Alors ?

La rôdeuse vit un reflet pourpre dans le regard de son ami, les paupières enflées... Bon sang de bois, ce pouvait-il que ce garçon trop sensible se soit simplement contenté de pleurer dans sa cellule ?
L'elfe se gratta pensivement la tempe.

- Bon. Allez, Streen, on y va.

Elle fit un large sourire à l'intention du capitaine des gardes.

- Et n'oubliez pas de venir m'écouter chanter, un de ces soirs, à la taverne "le Fond de la Barique" ! l'ambiance est parfois... spéciale, mais la bière y est excellente. Bonne journée !

Sylveneige entraîna le jeune homme mélancolique sans façons, et ils sortirent du Fort.

- Je propose que nous allions nous balader du côté du Temple de Lathandre, qu'en penses-tu ?

Streen sursauta en entendant sa compagne. Il sortit de ses pensées, revenant à la réalité. Le temple de Lathadre ? Pourquoi pas la taverne hideuse et dégoutante que l’on trouvait dans les taudis tant qu’on y était ?
-Non attends fit il, pourquoi aller au temple ? Moi je ne fais plus confiance à cet aubemestre avec ses promesses de passer une seule journée dans la prison. Mon œil oui, en entendant le capitaine, j’ai cru que c’étaient des mois que j’allais y passer. Je ne veux plus me fier à lui. Alors soit, nous continuerons cette quête mais faudra pas compter sur moi pour lui faire à nouveau confiance.
Puis en parlant de l’homme que Sylveneige avait envoyé souiller les vitraux du temple.
-Qu’est ce que tu as promis à cet homme lascif et crétin qui a été capturé et qui a parlé en ma défaveur au capitaine ? Dis le moi.
Puis d’un ton radouci:
-En revanche j’apprécie ta sollicitude. Je te remercie de m’avoir sorti d’ici. Sans cela, je serais resté dans cette cellule des jours et des jours.

Sylveneige avait pilé. Figée, une main sur la bouche et secouant frénétiquement l'autre, les yeux écarquillés. Elle resta ainsi une longue minute puis parla lentement.

- Oh là là... Oh là là... Streen... Il faut le libérer... Je lui ai promis. Enfin, presque... Rhôôô... Comment on va faire...

Elle se reprit.

- Bon. Il faut absolument aller au Temple de Lathandre. Au moins en faire le tour, je dois vérifier que le choupinou a bossé correctement.

La rôdeuse regarda son ami avec attention.

- A moins que tu préfères passer à l'Ombre de l'Arbre manger quelque chose ? Et je te raconterai tout.

Streen secoua la tête.
-Inutile de chercher à le secourir, il ne restera pas longtemps. Le capitaine pense que cela lui fera du bien de réfléchir à ses actes. Personnellement, je pense qu’on ne l’y reprendra plus à boire et agir stupidement. De toute manière il n’était pas certain que tu respectes ta promesse. Il va d’ailleurs falloir que tu me dises de quoi il s’agit. Il m’a parlé d’un baiser à ce qu’il me semble. Quand au temple, c’est inutile, il a été pris sur le fait avant même de commencer sa tâche. Alors allons plutôt à l’auberge de l’Ombre de l’arbre, je meurs de faim, ils ne m’ont rien donné hier soir. Tu me raconteras tout et il en sera de même pour moi.

Sylveneige avait hésité à passer son bras sous celui de Streen. Visiblement ça n'allait pas fort.

Elle soupira et pensa : c'est bizarre... Il y a quelque chose de changé... Une couleur qui n'est plus la même... Comme si nous avions, en une nuit, changé... Très légèrement mais tout de même... La relation entre Streen et moi aurait-elle changé ?

Elle passa finalement son bras sous celui de son ami et l'entraîna vers l'auberge de l'Ombre de l'Arbre.

- Allons-y.

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[Quête : Chercheurs de Sens]

[en provenance de l'Ombre de l'Arbre]

Sylveneige avait couru pendant presque tout le trajet et se présenta devant le garde de faction quelque peu hors d'haleine.

- Hou... Hem... Pfffou... Excusez-moi... Je... Heu... Pardon... Pourrais-je voir le capitaine, s'il vous plaît ?

Quête : Chercheurs de sens - Luménis

Le garde leva sur elle un regard inquiet.
- Mademoiselle ? Vous êtes sûre que ça va ? Vous semblez... bien pâle.
Son collègue, plus prosaïque, l'interrompit.
- A quel propos souhaitez-vous voir un sous-officier ? Est-ce pour un dépôt de plainte ? Ou pour une toute autre raison ?

Sylveneige reprit enfin sa respiration.

- En fait je suis inquiète pour un ami , qui n'est pas rentré à notre auberge cette nuit.

Disant ceci, l'elfe réalisa tout ce que les gardes pouvaient imaginer.

- Enfin... Ce n'est pas dans ses habitudes de... Il... Euh... C'est un gars gentil et séduisant, mais... Bref, disons qu'il est plutôt prude... Courir la gueuse, ce n'est pas vraiment son genre.

L'elfe se râcla la gorge, bêtement.

- Je veux dire, il ne fréquente pas les ribaudes, hein.

Boudiou, ils allaient encore imaginer pire, se dit Sylveneige. Elle repartit dans ses explications oiseuses.

- Ce que je vous explique, ce n'est pas qu'il soit intéressé par les damoiseaux, ah non. Simplement, ben... Bon ! pourrais-je voir le capitaine de la garde, il le connaît.

Le garde qui l'écoutait sembla très rapidement se perdre dans ses explications confuses. Il échangea un regard avec son camarade, puis finit par conclure, en griffonnant quelque chose sur un parchemin :
- Bon, donc c'est pour une disparition... Allez attendre devant le bureau de l'officier de garde, c'est la deuxième porte à droite dans ce couloir. Il me semble qu'il n'a personne, vous n'avez qu'à frapper...
- Cela dit, je ne sais pas s'il s'agit du capitaine que connaît votre ami. Il y a plusieurs personnes ayant de grade de capitaine, dans notre corps d'armée, vous pensez bien... Enfin, ça ne change rien au fait que si vous devez signaler une disparition et demander une enquête, c'est là-bas qu'il faut vous adresser.
- Donnez-moi juste votre identité avant de partir, en précisant si vous êtes citoyenne luménienne, que je la note sur le registre...

- Ah, merci ! je ne suis pas citoyenne luménienne... Je loge à l'auberge de l'Ombre de l'Arbre, chez Dame Poikarea. Je suis Sylveneige d'Evereska.

Sylveneige épela son nom et se dirigea vers ledit couloir, en tentant de ne pas courir. Comment présenter les choses au comman... capitaine ? Boudiou, ces grades d'armée sont vraiment impossibles, pensait l'elfe impatiente et inquiète.

Quête : chercheurs de sens

- Entrez, répondit une voix autoritaire lorsqu'elle frappa à la porte du bureau indiqué.
Le capitaine en question se trouvait assis derrière un bureau, un tas de parchemins soigneusement rangés à sa gauche, une plume dans un encrier à sa droite. C'était un homme d'âge mûr, aux tempes grisonnantes, qui se leva pour l'accueillir sans la moindre chaleur, avec une raideur toute militaire. Il lui désigna une chaise en face de lui.
- Prenez place ici, madame... ou mademoiselle peut-être. Je suis le capitaine Dumont. Veuillez me donner votre identité, et m'expliquer les raisons qui vous amènent ici.

- Bonjour capitaine. Je suis Sylveneige d'Evereska et je réside actuellement à Lumenis, à l'auberge de l'Ombre de l'Arbre, chez dame Poikarea.

Sylveneige cilla avec distinction.

- Mon ami Streen n'est pas rentré à l'auberge, où nous devions nous retrouver. Ce qui m'inquiète, c'est que nous nous sommes quittés près d'une taverne où sévissent des gens, heu... disons truculents. Et turbulents. Enfin, pas des enfants de choeur lathandrites, quoi... Ni helmiens...

Re-cillage distingué.

- Cette taverne, absolument fabuleuse au demeurant, c'est le Fond de la Barique...

Le regard de Sylveneige se perdit dans le lointain. Le lointain étant la fenêtre de la maison d'en face, garnie de fleurs orangées et jaunes du meilleur effet. Quelle taverne ! quelle tavernière ! un lieu extraordinaire, qui inspirait à l'elfe des chansons gaies et... et un peu osées.

Elle se reprit, cilla avec une tension contenue.

- Enfin, mon ami est parti par une petite ruelle sombre...

De cela la rôdeuse ne savait rien, mais c'était plus que probable, dans la mesure où ce coin n'était que ruelles plus ou moins sombres et plus ou moins petites.

- C'est la dernière fois que je l'ai vu. Tout ce que j'espère, c'est que vous n'avez pas entendu parler, dans ces ruelles du côté des taudis, de bagarres qui auraient fait des blessés. En avez-vous eu ? Avez-vous dû intervenir ?

Quête : chercheurs de sens

Le capitaine haussa un sourcil.
- Dans ce secteur de la ville, les bagarres sont quotidienne, ma jeune dame. Donc, oui, nous avons dû intervenir, plusieurs fois pendant la nuit certainement. Attendez-moi un instant je vais aller chercher le registre des interventions nocturnes de la patrouille du secteur...
Il revint au bout de quelques minutes, avec une liasse de feuilles.
- Hum... Alors, un peu avant la tombée de la nuit, bagarre entre jeunes adolescents, nous avons l'identité de tous les jeunes impliqués mais personne du nom de Streen. Ensuite, une heure plus tard, agression d'une jeune fille par deux inconnus. Puis plus rien... ah, si, attaque d'une boutique par trois hommes armés au milieu de la nuit. C'est tout je crois...
Il parcourut rapidement le reste de la liasse des yeux, tout en marmonnant :
- Rien qui puisse expliquer une disparition. Pas de mort, par exemple. Il aurait pu décider de partir, sur un coup de tête ? ? Non, vous pensez, ? Ah, si, il y a eu un mort, je vois. Un jeune elfe apparemment, ou peut-être demi-elfe, il a été retrouvé pas très loin des taudis, par un paladin qui n'a pas pu le soigner à temps. Forcément, on ne connaît pas son nom...

La salle parut se déformer. Sylveneige vacilla. Elle se rattrapa à temps au dossier d'une chaise.

- A-avez-vous des p-précisions ? articula t-elle avec difficulté.

Streen, oh Streen

- Il a des yeux extraordinaires, ils sont violets, murmura l'elfe d'une voix basse et comme distante.

Pourvu que ce ne soit pas lui pourvu qu'il soit sauf pourvu que ce mort-ci n'ait pas les yeux violets pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé

Les pensées les plus terrifiantes tournaient dans l'esprit de Sylveneige. Elle frissonna.

Quête : chercheurs de sens

- Des yeux violets ? Ce n'est pas très courant en effet...
L'homme baissa les yeux sur le registre. Et grimaça.
- Le rapport... mentionne des yeux d'un bleu tirant nettement sur le violet. Cela dit, il faisait nuit j'imagine... mais c'est effectivement... inquiétant. Tenez, je vous laisse lire la description des vêtements... ajouta-t-il en levant les yeux vers elle et en lui tendant le parchemin.
- Je suis désolé... Si c'est bien lui... Apparemment, ils ont ramené son corps à la commanderie, où un prêtre devrait le voir dans la journée pour les paroles rituelles. Je n'en sais pas plus...

Froid

Le tremblement de Sylveneige s'intensifia. Elle s'évanouit.

Froid. Froid. Froid. Un champ glacé. Un désert de neige, de glace, sous un ciel gris et sombre.
Plus de soleil. Plus d'arbres. Plus de fleurs. Plus de chants d'oiseaux. Plus de cris d'animaux. Un silence absolu. Le néant.

Quête : Chercheurs de sens

Elle sentit qu'on lui frictionnait l'épaule, tandis qu'une odeur excessivement forte de menthe mêlée à d'autres plantes, trop piquante pour être agréable, lui chatouillait les narines.
- Tenez, buvez ça, vous vous sentirez mieux.
Un liquide glissa entre ses lèvres, coulant au fond de sa gorge. De l'alcool. Fort, brûlant.
Il lui fallut un peu de temps pour voir ce qui l'entourait : elle était allongée sur un lit, dans une pièce minuscule aux murs blancs, et une femme entre deux âges était assise à côté d'elle, lui souriant doucement.
- Comment vous sentez-vous mademoiselle... Sylveneige, c'est bien ça ?

Sylveneige ouvrit les yeux et toussa sous l'action conjuguée de l'onguent odorant et de l'alcool.

Streen est mort... Je dois rentrer en Evereska, songea t-elle.

- M-merci... Je... je vais aller... bien... Merci...

Un immense sanglot l'envahit, tellement fort qu'elle ne parvint pas à pleurer. Le tremblement la reprit, moins fort cependant. L'elfe mettrait un peu de temps à surmonter le choc.

- Lumi. Je dois voir Lumi. C'est mon harfang, je l'ai confié au fauconnier du temple de Lathandre. Mais là, j'ai besoin de lui.

Quête : chercheurs de sens

La femme hocha la tête, doucement.
- Vous irez quand vous vous sentirez mieux. Mais là, je crois que vous êtes encore sous le choc, il vaut mieux prendre un peu de temps pour vous reposer, il y a une trotte jusqu'au temple. En attendant, est-ce qu'il y a quelque chose que je puisse faire pour vous ? Une infusion si vous voulez ?
Elle ajouta, hésitant dans le choix de ses mots :.
- Le capitaine m'a expliqué... C'était un de vos amis proches ? Enfin, peut-être que vous préférez ne pas en parler, rester seule un moment... Je peux comprendre...

- Je ne sais pas, je ne crois pas... Je veux retrouver mon Lumi, lui seul pourra me consoler... C'est l'oiseau qui m'a accompagnée pendant mon voyage jusqu'ici, qui a accompagné mon adolescence...

Et Streen m'aurait accompagnée jusqu'en Evereska, nous aurions voyagé ensemble... Oh Streen, Streen !

Le tremblement ne quittait toujours pas Sylveneige. Elle finit par balbutier :

- Ou-oui, s-s'il vous plaît... Quelque chose de ch-chaud.

Quête : chercheurs de sens.

La femme hocha la tête, sans répondre, et disparut quelques minutes, laissant Sylveneige seule dans la chambre blanche. Elle revint toutefois assez rapidement avec une théière embaumant la camomille. Sylveneige décela aussi une pointe de passiflore et de millepertuis. Exactement le genre d'herbes qu'il fallait pour calmer les angoisses, les tensions, les souffrances de l'âme.
- Buvez, ça va vous faire du bien. Voulez-vous, peut-être, qu'un soldat vous escorte jusqu'au temple ? Ou, peut-être, jusqu'à la commanderie si vous souhaitez aller vérifier qu'il s'agit bien de lui...

La Couronne de Cuivre

[Bâtiment] Le Grand Fort