La Couronne de Cuivre

Quête: L'invasion des ombres.

La réponse de la jeune femme était à la fois la meilleure et la pire qu’aurait pu espérer Galathée. Une alliée de plus dans l’aventure. Une vie de plus dans la balance.
« Très bien. Je pense... Si vous avez encore de l’énergie... Que nous devons agir au plus tôt, sans doute dès ce soir. Je dois avouer que je n’ai pas d’idée précise sur l’endroit où se trouve le Monstre, ni sur le moyen de le capturer, puisque j’imagine que nous devrons en passer par là. Jusqu’à l’insurrection, il hantait apparemment le quartier Ouest, mais celui-ci a été dévasté par les massacres et les combats. Je ne sais pas s’il n’a pas dû se replier ailleurs. Je comptais... demander l’aide des oiseaux et des rats pour le retrouver. J’ai une image assez claire de son apparence actuelle, et... si nous mettons la main sur suffisamment de victuailles, les rats seront faciles à convaincre. Quant aux oiseaux, notre seule chance est qu’ils aient observé la débandade des quais. Mais j’en fais mon affaire. Je peux les lancer sur sa piste immédiatement. Il nous restera à réfléchir à ce que nous ferons une fois que nous l’aurons trouvé. Je pense qu’il est nécessaire que nous le maîtrisions avant toute chose. Essayer de le raisonner alors qu’il est libre de ses mouvements est beaucoup trop dangereux. »
Elle se tourna alors vers Thémis.
« Si je ne me trompe pas, vous n’êtes pas du genre à lancer des sortilèges. »
La jeune femme hocha la tête avec une légère grimace.
« Mon idée est la suivante... Lorsque nous l’avons localisé, et espérons que cela se produise rapidement, j’irai à lui, sans me dissimuler. Vous me suivrez, en profitant des ombres. Je pense pouvoir détourner son attention suffisamment pour qu’il ne perçoive pas votre présence. Ensuite, il faudra que vous interveniez au corps à corps. Il est intelligent, il maîtrise la magie, et c’est un beau parleur. Mais jusqu’à nouvel ordre, ce n’était pas vraiment la créature la plus forte de l’univers. Le but n’est pas de le tuer, et idéalement, pas de l’abîmer non plus. Donc je pense que... la seule chose à faire, c’est de lui sauter dessus... Ce n’est sans doute pas le plan le plus détaillé du monde... mais c’est une base de discussion, non ? »
Elle dévisagea Thémis et Althéa, l'une après l'autre, qui semblaient relativement interdites.
" D'accord, c'est presque de l'improvisation." leur concéda la rôdeuse avec un sourire embarrassé.

Elle réfléchit, indécise sur le plan à suivre pour capturer le Monstre.
Galathée avait beaucoup plus d’expérience qu’elle en matière de combat et... à plus mûre réflexion, en tous domaines... Que savait-elle vraiment des batailles, des stratégies, de toutes ces choses-là ?
Tout simplement, à proprement parler, presque rien. Les seules fois où elle s’était battue, c’était contre son frère et, très rarement, contre des brigands qui sévissaient sur les chemins.
Le doute l’envahit, et elle se demanda si elle était de taille d’affronter ce Monstre et si elle n’allait pas gêner ces coéquipières...
Chassant ces pensées elle se reconsentra sur le plan et une bouffée de honte l’envahit. Comment osait-elle douter de Galathée ?
Elle devait lui faire confiance, et comme pour s’excuser d’avoir douté, elle s’empressa de répondre :

- Pour ma part, ça me convient très bien mais... Je dois vous prévenir que je n'ai pas beaucoup d'experience en matiere de combat..

Quête : l'invasion des ombres

Se faire aider par des oiseaux et des rats puis sauter sur le monstre ... Si elle ne connaissait pas Galathée, elle aurait pu croire qu'elle les menait en bateau. Certes, elle n'était pas très sûre de ce qui pouvait se passer mais elle y allait, armée de tout son courage. Elle ne pouvait que l'admirer. En priant n'importe qui pour qu'aucune d'entre elles ne soient blessées pendant l'opération. Et une fois qu'elles l'auraient capturé, comment allaient elles se débrouiller pour qu'il reste bien sagement sans bouger en attendant qu'il daigne bien revenir à la normale ?

"C'est complètement fou, admit elle, bon ... nous allons avoir besoin de cordes et pourquoi pas d'un filet. Et peut être d'un bâillon dans les premiers temps. Ou nous pourrions l'attirer dans un endroit où nous aurions l'avantage du terrain. On risque beaucoup en lui tombant dessus sans préparation. Nous pourrions faire courir une rumeur pour l'attirer. Ou même, nous servir d'un de ses ennemis. Il va encore chercher à massacrer les proches de Morféa non ? Nous pourrions l'attendre là bas. "

Quête: L'invasion des ombres.

« Tu as raison, Althéa. Allez le chercher dans son antre est probablement une mauvaise idée. Mais je pense que l’attirer loin n’est pas une possibilité non plus. Le juge Kanter était le plus infâme des suivants de Morféa et nous ne savons pas si Taliesin a l’intention d’en frapper d’autres. Si oui, comment anticiper son mouvement ? Il y a des dizaines de possibilités ! De plus, nous serions obligées de nous rendre dans le quartier Sud et risquerions d’être repérées et interpellées par les résistants. Or je pense que nous devons vraiment garder cette affaire entre nous si nous voulons avoir le champ libre avec le Monstre quand nous l’aurons coincé. Par contre, nous pourrions l’attirer dans un terrain de notre choix, qu’il n’aurait pas pu piéger, ou reconnaître, à proximité de son repaire... Il faut sans doute quand même garder à l’esprit... »
Elle grimaça.
« Qu’il a des suivants. Et je ne sais pas combien... »
Décidément, cette entreprise était mal engagée. Très mal engagée. Si elles se retrouvaient seules face au barde, elles risquaient déjà gros. S’il était entouré d’une quinzaine d’hommes en armes mal disposés...
« Il faut que j’aille au Parc voir si je peux avoir de l’aide de ce côté... » murmura-t-elle en croisant les bras.
En se carrant dans son siège, elle baissa les yeux et aperçut les paquets qu’elle avait emportés. Du bout des doigts, elle toucha la harpe.
« Peut-être... qu’on pourrait l’attirer avec son propre instrument... Avec vous, Thémis... Il ne vous connaît pas... Si nous le trouvons, nous pouvons nous installer à proximité et si vous tirez quelques accords de sa harpe... Il ne pourra pas... Je ne pense pas qu’il pourra résister... Althéa et moi pourrions rester dans l’ombre et... »
Elle s’interrompit.
« Mais tout ceci reste subordonné au fait que nous le trouvions. Je devrais lancer les animaux sur sa piste. Vous pourriez commencer à nous équiper. »
Elle releva les yeux et dévisagea les deux jeunes femmes.
« Plus j’y pense, plus je réalise que je vous demande de vous exposer à un danger terrible... et imprécis. Et je n’en ai pas le droit. Si vous voulez renoncer, je ne vous en voudrai pas... »

Quête : l'invasion des nombres

Althéa avait écouté attentivement Galathée, les sourcils froncés. Chacun des plans était risqué, très risqué même. Elle avait posé les yeux sur la harpe de Taliesin. C'était l'instrument qui avait permis de tisser un lien entre eux quand elle était petite, à bord du bateau. Il avait joué pour elle, une fois à Manost pendant qu'il l'empêchait de sortir du Loyal. Et c'était cette même harpe qui allait à présent avoir son rôle à jouer dans l'histoire.

Mais elles allaient jouer gros, leurs vies si ce n'était plus. Elle croisa machinalement ses bras sur son ventre. Elle ferait tout pour qu'elles soient exposées au minimum. Préserver ce souffle de vie au fond d'elle et éviter que d'autres ne soient perdues.

"Nous pourrions l'attirer dans les égouts. A force d'y passer, on connait presque la géographie des lieux. Il y a tellement de dédales et de détours ..."

Elle secoua doucement la tête en signe de dénégation et sourit à Galathée :

- N’ayez crainte, je m’engage de mon propre gré dans cette quête, en ayant conscience des risques et des dangers qui nous attendront. Mais je sais aussi que si on est pessimiste on n'arrivera à rien et que bien souvent la chance n’est pas au rendez-vous, Alors croyons-y fort et je suis sûre que nous y arriverons !
Je ferai aussi tout ce que vous me direz et essayerai de faire du mieux que je puisse faire pour sauver votre ami...
,
Elle se tut étonnée de sa propre positivité inhabituelle, et écouta Althéa, attendant la réponse de Galathée.<O </O
Sans qu'elle ne se rende compte, son regard glissa vers la harpe, comme si il l'attirait inexorablement. Un frisson la parcourut et elle s'empressa de détourner les yeux.

Quête: L'invasion des ombres.

« Dans ce cas... Je vous propose la chose suivante. Je vais lancer les rats sur la piste de Taliesin, et voir dans quelle mesure ils peuvent nous aider... Si nous optons pour les égouts, je crains que les corbeaux ne nous soient d’aucune utilité, mais la connaissance que tu en as, Althéa, devrait nous permettre d’isoler Taliesin s’il était accompagné. Nous pourrions par exemple poser des pièges... je ne sais pas. Peut-être pourriez-vous vous charger de nous équiper ? De la corde, comme tu le suggérais... Un filet, si c’est chose facile à se procurer. Et je pense qu’une potion de soins serait utile... Si nous devons le... le blesser pour le maîtriser. Je ne sais pas ce qui pourrait nous être utile d’autre... Je vous laisse seules juges. »
Disant cela, la rôdeuse se leva. Elle avait des fourmis dans les jambes, besoin de passer à l’action, même si elle était consciente des dangers de la précipitation.
« Retrouvons-nous ici dans une heure. »
Les autres acquiescèrent, et sur ses entrefaites, Galathée quitta la salle, à nouveau chargée de ses paquets. Elle aurait pu les confier à la garde des deux jeunes femmes, qui disposaient certainement de chambres dans l’établissement, mais quelque part, ça lui semblait impossible. Après tout, elle venait seulement de se les voir remettre.

Quête : l'invasion des ombres

Une heure pour se préparer. Très peu de temps en fait. Elle avait employé comme elle l'avait pu le temps employé. D'abord en allant chercher un filet. Un pêcheur persuadé de ne plus attraper aucun poisson dans les eaux charriant des cadavres aux alentours de Luménis lui avait vendu le sien à un prix d'or. C'était déjà ça. Pour le reste, elle avait tenté d'ébaucher un plan des égouts, en se demandant toutefois si c'était vraiment une bonne idée.

Il pouvait y avoir d'autres lieux, telles que certaines ruelles sombres. Ou autre chose encore. Elle espéra que ses deux comparses aient de meilleures idées qu'elle.

[Quête : l'invasion des ombres]

Thémis s’empressa de partir à la recherche de l’équipement qui était impératif pour la réussite de la mission.
Elle réussi par miracle à dénicher une corde, dans un magasin à moitié dévasté par les flammes et dans laquelle, visiblement, les propriétaires n’étaient jamais revenus. Elle essaya également de trouver un filet et une potion de soin mais sans succès.
Enfin voyant que l’heure s’était plus qu’à moitié écoulée, elle revint vers la taverne pour préparer ses propres affaires.
Ayant terminé, elle redescendit dans la salle commune et attendit le retour de Galathée, assise à une table en compagnie d’Althéa.

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée réapparut à la Taverne, la mine froncée. Les choses ne s’étaient pas exactement déroulées comme prévu, mais c’était hors de ses mains, à présent. Si les animaux revenaient bredouilles, il serait encore temps d’aviser. Elle se glissa à table et sourit aux deux jeunes femmes, avant de leur exposer en gros ce à quoi elle avait occupé son temps. Thémis et Althéa en firent de même, et cette dernière termina en présentant son plan des égouts, bien qu’elle ne fut plus tout à fait certaine de l’opportunité de choisir ce cadre pour leur intervention. Elles convinrent cependant toutes les trois qu’il était impossible de décider d’un lieu tant qu’elles ne savaient pas où il se cachait. Il ne leur restait plus qu’à attendre, ce qu’elles firent.

[Quête : l’invasion des ombres]

Les dernières lueurs du crépuscule empourpraient l’horizon lorsqu’un aboiement retentit devant les portes de la Taverne. Personne n’y prêta attention – un aboiement de chien, ce n’était pas à proprement parler extraordinaire –, personne à l’exception de Galathée : reconnaissant la voix du chien qui avait rejoint son escouade de traqueurs improvisés, elle se leva, s’excusa auprès de ses compagnes et sortit de l’établissement.

L’animal l’accueillit en lui faisant fête puis, sur un jappement joyeux, il la conduisit dans une ruelle voisine où l’attendait sa fine équipe. Celle-ci offrait un spectacle qui aurait laissé pantois tout autre que la rôdeuse : juchés sur deux tonneaux distants de quelques pas, un chat et un furet s'observaient, tout en jetant des regards fréquents en direction d’une tribu de souris et d’un surmulot, rassemblés sous une charrette à bras dont le contenu – du foin, apparemment – était examiné par un couple de loirs. Une musaraigne, un hérisson et une tortue à l’air têtu complétaient le tableau, sans que Galathée puisse savoir s’ils se trouvaient là par pur hasard où s’ils avaient été recrutés pour son service...

Patiemment, elle interrogea les animaux, tendant son esprit vers les souvenirs qu’ils gardaient de leurs pérégrinations. Ils se résumaient surtout à des visions de demeures ravagées, de rues désertes, de rats ripaillant. Furet, surmulot et loirs avaient bien vu des gens, mais ils ne correspondaient guère au signalement du Monstre ou de ses comparses. Il devait s’agir de résistants ou d’habitants revenant lentement s’installer chez eux.

Le chien, lui, avait vu des ombres mouvantes, à l’extrémité d’une rue. Toutefois, lorsqu’il s’y était rendue, il n’y avait personne, où qu’il regardât.

Ce fut le chat qui apporta une piste sérieuse à Galathée. Il lui montra la petite place où, l’avant-veille encore, se trouvait un charnier, celui sur lequel elle avait débouché en fuyant la maison du sergent Desmoulins, Victor sur les talons. Le chat s’y était visiblement attardé pour flairer une odeur quelconque, lorsque, relevant la tête, il avait aperçu une silhouette se coulant le long d’une façade. Une silhouette vêtue d’un long manteau crasseux dont le capuchon était relevé. Le chat avait hésité un instant à la suivre : il en émanait des relents étranges – du sang ? – qui l’avaient rendu perplexe. Il s’était cependant décidé à tenter la filature. Malheureusement, elle ne dura pas bien longtemps : après trois croisement, l’individu avait disparu.

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée remercia les animaux pour leur aide, et récompensa ceux qui l’exigeaient. Elle laissa ainsi discrètement rentrer les souris dans la taverne, ainsi que les loirs, qui cherchaient un coin chaud pour se blottir. Elle aurait aimé pouvoir ramener la tortue au parc, mais ce n’était pas le moment et lui promit de venir la rechercher dès que possible. Les autres animaux s’égaillèrent dans les rues sans demander leur reste. Elle resta un instant interdite, s’interrogeant sur les motivations profondes de ces créatures, puis chassa ces pensées et revint à l’urgence présente. Elle regagna la table où l’attendaient Althéa et Thémis, fébriles et inquiètes.
« Bon, les choses s’annoncent plus difficiles que prévu... ou qu’espéré, en tout cas. Nous n’avons qu’une indication floue d’où commencer à chercher... Ce qui signifie qu’à moins de trouver son repaire sans nous faire remarquer, nous devrons peut-être l’attaquer directement sur son terrain. J’imagine que nous aviserons en fonction. »
Elle soupira.
« Mais nous devrions nous mettre en route. Nous discuterons sur le chemin. »

HRP: Si l'une d'entre vous veut poster le départ de la Taverne et l'arrivée aux "Funérailles de Taliesin"...

[Quête : l'invasion des ombres]

Thémis, pour se redonner du courage et de l’énergie, finit son verre, en savourant le breuvage du mieux qu’elle pût, même si le goût lui paraissait quelque peu amer.
Une fois terminé, elle le reposa d’une main qu’elle aurait voulu moins tremblante et consulta les deux jeunes femmes du regard : c’était le moment de partir.
Dans un même mouvement, elles se levèrent et récupèrent leurs affaires déposées près d’elles. En se dirigeant vers la sortie, Thémis remarqua un loir lové dans une chaise et plusieurs souris pelotonnées sur un sac de voyageur. Elle sourit, attendrie et pensa que Galathée n’était pas innocente dans cette affaire.
Toutes trois sortirent de l’auberge et se dirigèrent vers le théâtre du massacre de l’avent veille, marchant en silence comme si chacune était plongée dans un état second. Du coin de l’œil Thémis ne pouvait s’empêcher d’observer la harpe. Quelque chose dans l’instrument la fascinait, elle n’aurait su dire quoi mais en la regardant une veille mélodie lui revenait en mémoire, ainsi que des images floues, indistinctes... Des souvenirs qu’elle c’était efforcée d’oublier pendant toutes ces années.
Galathée tourna la tête et Thémis s’empressa de détourner son regard. Elle porta la main à la garde de son épée, le contact du métal la rassura et elle ne pu s’empêcher de ressentir une certaine excitation.
La manière dont la situation allait évoluer était incertaine, de même que l’endroit où se cachait Taliesin. Mais Thémis espérait qu’aucune d’entre elles n’auraient à perdre la vie dans l’aventure...

Quête: L'invasion des ombres.

Arrivée des quais, Galathée poussa la porte de la Taverne avec lassitude. La lumière fusait sous la porte, et elle ne fut qu’à moitié surprise de découvrir la salle encore bien occupée, par des lurons qui repoussaient les ténèbres en buvant joyeusement. On fêtait une victoire, en réalité : Galathée l’avait presque oublié. Elle se sentait à des lieues de tout succès, à des années du moindre motif de réjouissance. La route qui s’ouvrait devant elle, devant eux, semblait encore interminable. Elle gagna la lumière. Personne ne sembla s’interroger sur sa mine sanglante et défraîchie, les yeux avinés glissant sur elle sans s’y fixer.
La joie éclipse l’obscurité, songea-t-elle, en avançant.
Elle se préparait à héler l’aubergiste lorsqu’elle aperçut ceux qu’elle cherchait. Installés à une table dans le fond de l’établissement, l’air sévère, le nain et la demi-elfe sirotaient leurs boissons avec des mines tirées. Il était sans doute impossible de fermer l’oeil dans un tel raffut.
La rôdeuse se dirigea vers eux et ils levèrent les yeux lorsqu’elle ne fut plus qu’à quelques mètres. Leur visage refléta un instant de surprise, peut-être un peu de souci, puis retrouva une neutralité factice, tandis que Charis reculait pour laisser Galathée s’asseoir.
Cette dernière se glissa près d’eux, et sourit doucement.
« Nous l’avons pris. » dit-elle. « Mais ce ne fut pas sans mal. Il est toujours... toujours vivant, mais gravement blessé, désormais... Et fou à lier... »

[Quête : l'invasion des ombres]

Charis et Lorghar échangèrent un bref regard.
-Merci pour ce que vous avez fait, déclara finalement la demi-elfe. Quoi qu’il advienne à présent, au moins ne souillera-t-il pas ce qu’il a été, autrefois, par de nouveaux massacres. Nous aimerions vous aider, mais nous ne le pouvons pas : s’il nous voit, les choses risquent d’empirer. Nous sommes liés à trop d’événements malheureux… La révolte des esclaves, à Mélandis, le soulèvement de Nwalk… Et la quête des survivants de la cité idéale, qui l’a habitée toute sa vie.
-Vous n’êtes pas associée à ces choses, enchaîna le nain. Si quelqu’un peut le ramener à la raison, c’est bien vous. Cependant… Nous ne pouvons pas vous forcer à tenter quoi que ce soit. Cela risque d’être éprouvant. Très éprouvant… »

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée secoua la tête et accepta le verre de vin que lui tendait la demi-elfe.
« Je dois dire que... je ne suis même pas certaine de pouvoir le sauver. » fit-elle avec une moue triste. « Nous avons dû... nous défendre et... il est vraiment mal en point. Mais... je ferai mon possible, n’est-ce pas ? »
Elle les dévisagea sans attendre de réponse.
« Je ne sais pas bien ce que j’attendais de vous... Peut-être rien. Sans doute que j’espérais... que vous alliez me décharger de ce poids terrible. Me déresponsabiliser de ce qui arrive demain... Vous occuper de... de cette chose qu’il est devenu. Moi je le connais à peine. Je l’ai frôlé autrefois, je m’en souviens si mal... J’ai construit et gardé dans ma mémoire un être qui n’existe probablement pas. Alors comment le retrouver ? »
Elle secoua la tête.
« En même temps, je savais que vous vous effaceriez. Vous me l’aviez déjà dit, ce n’est pas une surprise. Je ne vous blâme en rien. Simplement... »
Elle se leva.
« Simplement... »
Elle jeta un oeil distrait au verre qu’elle tenait toujours, le posa doucement sur la table.
« Je vais aller le sauver, à présent. »
Puis elle les salua d’un petit signe de tête, et s’écarta vers les rues qui peu à peu s'inondaient de soleil.

Quête : l'invasion des ombres

Elle était retournée dans les égouts dans l’espoir d’apercevoir Agrippa. Mais le chef de guerre n’était pas là. Il semblait désormais appartenir à une autre histoire de laquelle elle ne faisait pas partie. Il n’y avait rien à faire contre cela. Nulle bataille ne pouvait ramener l’être aimé si le cœur n’était plus là. Elle avait déchiré une page de son carnet de croquis et avait laissé un mot sur une table.

Agrippa,
Si tu trouves cette note, peut être me rejoindras tu à la taverne de la bienveillance. Peut être ne t’aurais-je pas perdu tout à fait. C’est portée par la peur de te perdre que je suis venue à Luménis. Et je repartirai sûrement escortée par le manque et la peine de ne pas avoir pu parler avec toi. Nous sommes à l’orée de chemins différents. Nous sommes loin l’un de l’autre, portés par des idéaux différents. Et nos deux vies diffèrent autant que nos deux villes.
J’avoue, l’espace de quelque temps vouloir te rayer de ma vie. Je me suis égarée, je t’ai trompé avec un autre. Et cette union d’une nuit s’est avérée fertile : je suis enceinte de quelques mois.
Mais je ne peux me résoudre à t’oublier, à cesser de t’aimer. J’ai la sensation au fond de moi que notre histoire ne peut se terminer là, malgré ma faute, malgré ton absence. Peut être nous faut il simplement du temps. Et peut être que nous parlions …
Je t’aime.

Althéa.

Elle était retournée à la taverne de la Bienveillance d’où elle n’avait pas bougé, espérant jour après jour la venue d’Agrippa.

hrp : Agrippa, comme je te l'ai dit, j'ai mis mon personnage en stand by. Viens me réveiller quand tu reviendras.

La soirée était bien avancée, et Finrod avait eu de la chance de dénicher une place libre dans la salle bruyante et bondée. L'aubergiste ne savait où donner de la tête pour satisfaire les clients qui réclamaient à corps et à cris qu'on désaltère leur gosier asséchés. Mais rien, décidément, ne paraissait devoir étancher leur inextinguible soif.
Il finit cependant par remarquer la présence de l'elfe. Profitant d'un instant de répit, il s'approcha et le salua fort aimablement..
-Vous désirez quelque chose à boire, messire ? A manger, peut-être ? Voir de quoi loger ? Demandez-moi ce que vous voulez, mais faites-le vite, avant que ces soiffards ne m'obligent à vous abandonner !

Je vous remercie. Je désirerais une citronnade. Pour vous donner l'explication de cette étrange commande, sachez que je ne bois jamais d'alcool. Je désirerais également un bon repas. J'arrive de loin. Prenez votre temps, je ne suis pas pressé.
Puis il laissa l'aubergiste s'occuper des soiffards qui réclamaient à boire.

Le tavernier haussa les sourcils, parut sur le point de faire une remarque quant à l'étrange commande, puis se ravisa et fila en direction de son comptoir. Rares étaient ceux qui lui demandaient pareils breuvages, mais cela arrivait - notamment les enfants des voyageurs qui s'arrêtaient dans son établissement - et il se pensait en mesure de satisfaire la commande. Le temps de satisfaire une poignée de clients impatients, et il revint avec la citronnade et un repas chaud qu'il déposa devant Finrod.
-J'espère que ça vous ira... N'hésitez pas à crier très fort si vous avez besoin d'autre chose !
Et de redisparaître derechef au milieu de l'assemblée animée des consommateurs avides.

Le voyageur mangea et but en silence, mais ne retira pas son capuchon. Il resta un moment assis à contempler, les alentours, puis, voyant que le tavernier était libre, lui fit signe d'approcher. Il lui dit alors:

- Merci beaucoup. Le repas et la boisson étaient parfait. Vous me donnerez l'addition, s'il vous plait. Et maintenant, si cela ne vous dérange pas et que vous avez le temps, je voudrais vous poser quelques questions, car je suis nouveau part ici, et je suis un peu dans le noir, tant géographiquement que politiquement.

L'inconnu se redressa sur sa chaise. Il dit d'une voix douce:

- J'arrive de loin, de très loin. Je ne connait rien du tout sur l'endroit où je suis en ce moment. J'ai seulement entendu cinq mots de la bouche des voyageurs: Dorrandin, Hélonna, Luménis, Manost, et Mélandis. Si vous pouviez un peu m'expliquer ce qui se passe, car la région semble troublée.

Le tenancier eut une moue incrédule.
-Et vous voyagez vers des lieux dont vous ne savez rien ? Vous devez fichtrement aimer l'aventure et les imprévus, mon ami !
Il sourit. Après tout, il avait connu moult sortes de voyageurs, et peu de choses étaient encore susceptibles de le décontenancer.
-Mais donc, rev'nons à nos moutons. Hélonna, c'est l'île où vous vous trouvez. Et Luménis, not' bonne vieille cité, en est la capitale. On a un grand port, des navires y viennent des quatre coins de Toril pour vendre leurs marchandises et acheter les nôtres... Inutile de dire que l'commerce est florissant ! On a aussi une université magique, pleine de mages et d'érudits, c'qui contribue à not' célébrité... Hum, sinon, ben... La divinité tutélaire de Luménis, c'est Lathandre, donc, globalement, les gens sont plutôt paisibles, dans les environs... Et on connaît pas beaucoup d'troubles dans les terres. Oui, parfois, des attaques de bandits, des monstres qui fichent la zizanie, mais c'est comme ça par tout l'multivers !
Il hocha la tête d'un air entendu.
-Pour l'reste, Dorrandin, c'est l'continent, au nord-ouest d'ici. L'est divisé en deux royaumes : c'lui d'Manost, au sud. C'est tout plein d'helmites, de prêtres et de paladins, par là bas. Inutile de dire que ceux qui veulent causer des ennuis, c'est eux qui en ont... des ennuis. L'aut' royaume, ou empire, qu'ils disent, parce qui sont prétentieux, c'est çui de Mélandis. Si j'puis vous donner un conseil, c'est d'jamais y mettre les pieds C'est rien qu'un ramassis de gredins, de nécromants, de suppôts des puissances du mal... Que des dépravés sanguinaires, j'vous l'dit ! Et donc, vaut mieux pas s'trouver dans leur domaine, si on tient à la vie...

Le voyageur regarda autour de lui. Voyant que les clients s'étaient endormis sur leurs tables, il ôta son capuchon. Il avait en dessous une peau fine et dorée.

- Excusez-moi si j'ai gardé mon capuchon jusqu'à présent, mais les gens tolèrent mal les étrangers différents d'eux. Je prendrais bien une chambre pour la nuit, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Donnez-moi également l'addition, s'il vous plait. Et je ne vois pas de problème à laisser un supplément pour les informations, bien au contraire,
dit-il en souriant.

Le tenancier lui adressa un clin d'œil.
-Vous aurez une chambre, bien sûr. Il y en a plusieurs de libre. Quant à l'addition, nous verrons ça demain matin. Les informations sont gratuites : ça me fait toujours plaisir de bavarder avec les clients. Cela fait partie des petits plaisirs du métier !
Il jeta un regard aux clients dont certains commençaient à s'agiter, signe que de nouvelles tournées n'allaient pas tarder à être commandées.
-Et surtout, vous faites pas d'soucis pour vos origines. C'est l'avantage des villes commerciales : on voit plein de gens différents ! Les elfes sont pas rares, par chez nous. L'une des conseillères de la cité en est une, d'ailleurs, dame Lathiriel...
Il s'en fut au comptoir, décrocha l'une des clefs du tableau presqu'entièrement dégarni, et vint la remettre à Finrod.
-Voilà. La 7 devrait cous convenir. Elle donne sur la cour intérieur, c'est donc assez tranquille.

Je vous remercie,
dit l'elfe en prenant la clé et en montant dans sa chambre.

La tête pleine de projets, Finrod Felagund eut du mal à trouver le sommeil, malgré la fatigue accumulée lors de son périple vers Lumenis. Aussi se leva-t-il assez tard, le lendemain matin. Après une rapide toilette, il descendit afin de prendre un solide déjeûner. La salle de la taverne était pour ainsi dire vide, excepté un autre résident qui terminait d'engloutir une énorme tranche de pain surmontée de lard et d'un œuf frit. L'elfe commanda pour sa part quelque chose de plus léger, et il lui fut donné du pain avec de la confiture ainsi que quelques fruits frais.

Tandis qu'il mangeait, un nouvel arrivant entra dans la taverne. Un nain, assez âgé apparemment, coiffé d'un casque et équipé d'une cotte de mailles, alla jusqu'au comptoir et commanda une bière. Ses longs cheveux se mêlaient à sa barbe grise, et une hache de guerre était attachée à sa ceinture. Fort heureusement, il ne paraissait guère vouloir chercher la bagarre. Une fois servi, le nain jeta un œil sur la salle. Son regard s'arrêta quelques instants sur Finrod, puis il revint sur sa bière, qu'il but rapidement.

L'elfe avait terminé son repas, et s'apprêtait à sortir en rue afin d'explorer les environs, lorsque le nain le héla :

"Ben ça ! Un elfe. Dis-moi, mon garçon, tu permets que je m'asseye à ta table un instant ?"

Certes, j'en serais ravi. Prenez donc place,
répondit l'elfe en écartant une chaise de la table.