La Couronne de Cuivre

Encore un sort à bloquer ? Téâya avait échoué la dernière fois. Mais elle avait employée une méthode conventionnelle. Puisque la situation globale, pour l’instant, ne nécessitait pas une intervention immédiate de sa part, elle décida d’employer une autre tactique contre la liche. D’un sortilège rapide, elle provoqua l’effondrement du plafond rocheux juste au-dessus du mort-vivant. Quelques tonnes de roche sur la tête, ce devrait être suffisant pour au moins provoquer une erreur dans la gestuelle du Despote.
« Hé voilà, tu recommences à tout détruire », commenta le familier de la magicienne.
Parce que, oui, chez elle, c’était un peu une habitude. Au grand maux les grands remèdes ! Normalement, aucun allié ne devrait être touché par l’éboulement puisque la liche était encore retranchée en arrière.

Aucun allié ne fut touché - effectivement - et Théâya eut l'autre satisfaction de voir l'effondrement briser l'une des créatures de la liche. Quant à cette dernière, elle sembla totalement prise au dépourvu par la manœuvre car elle n'esquissa pas le moindre geste quand la myriade de cristaux la recouvrit avec fracas.

Attaquants et créatures de cristal marquèrent comme une pause dans leur combat, se demandant sans doute si ce coup d'éclat marquait la fin du Despote. Cependant, les golems de cristal étaient toujours hostiles et la bataille reprit de plus belle, les créatures du Despote encerclées faisant face aux coups conjugués des invocations et des gnomes.

Que le Despote aie été surpris, oui. Que son sort aie échouer, oui. Qu’il est péri, non. Aucun des gnomes des profondeurs n’estima la victoire acquise. Tout au plus bénéficiaient-ils d’un bref répit. Il fallait le mettre à profit pour éliminer les golems de cristal. Il serait alors plus simple d’atteindre la liche au corps à corps. Celle-ci pouvait réapparaitre n’importe où. Une simple porte dimensionnelle lui permettait de se dégager. Les deux grands prêtres surveillaient. Téâya aussi, mais elle s’occupait un peu plus du combat. Au besoin, elle pouvait réinvoquer quelques créatures de plus pour que ses alliés ne soient pas menacés.

Les golems de cristal étaient des adversaires coriaces mais les gnomes étaient aguerris et formidablement bien assistés par l’élémentaire et les invocations de Théâya. Dès lors que la liché n’agissait plus, il fut assez rapide de les éliminer et les quelques blessures reçues par le camp svirfneblin ne semblaient pas très graves et aisément gérables par les deux grands-prêtres et Dotha. Ainsi, moins de cinq minutes après le début de la confrontation qui s’annonçait rude et étriquée, le silence se fit à nouveau dans la caverne de cristal : la liche n’avait pas réapparu de sous son tombeau de pierres et de gemmes…

Il suffit d’une instruction au chef des gardes du corps pour que le groupe retrouve une formation défensive. Le grand prêtre qui avait convoqué l’élémentaire lui demanda de fouiller les gravas. Il était largement le plus qualifié pour cela. Téâya était dubitative. Un combat gagné si vite ? Contre un tel adversaire ? Elle n’y croyait pas un seul instant. Soit la liche allait leur sauter dessus, après avoir eu le temps de mieux se préparer, soit il s’agissait d’un nouveau plan retors. La magicienne pouvait toutefois faire usage de sa gemme pour trouver l’Éclat corrompu, la source vitale du monstre. Cette possibilité réduisait drastiquement les possibilités stratégiques de leur ennemi et elle n’allait pas s’en plaindre.

Du côté des gnomes :

Déblayer les gravats prendrait du temps – même pour l’élémentaire - tant ils s’étaient accumulés au fond de la pièce. A l’inverse, Théâya repéra immédiatement la direction vers laquelle elle devait rechercher pour trouver la source du pouvoir corrompu de la liche : l’émanation que lui indiquait sa gemme indiquait en effet l’un des passages latéraux que les débris n’avaient que partiellement obtrué. L’Eclat était tout proche…

***

Du côté d’Alchem :

L’esprit toujours à la dérive dans sa prison de vide, Alchem perçut une lueur d’espoir – en ne sachant pas si c’était l’une de ses propres pensées ou au contraire une impression induite par le Despote. En tous cas, il percevait un certain changement après ce qui lui avait semblé une éternité d’attente. Quelque chose se tramait – en bien ou en mal – mais quelque-chose quand même.

« Stop ! » dit Téâya, constatant que le déblaiement allait prendre du temps.
Détruire la source d’énergie du Despote était une priorité. La liche elle-même ne pouvait que venir à eux si elle était en mesure de le faire. Dès lors, inutile de la chercher.
« On va par là. La gemme corrompue s’y trouve. »
Et où était Alchem ? Elle se le demanda. Impossible de chasser cette question de son esprit, en dépit de sa grande discipline mentale. Pour autant, elle ne pouvait se consacrer qu’à une chose à la fois. Son groupe se rassembla et débuta sa progression prudente. Il pouvait y avoir un piège sur chaque pouce de terrain.

***

Alchem, instinctivement, tenta de rejeter cet espoir, le considérant comme le fait du Despote et donc forcément nuisible. Mais il avait si désespérément besoin de lumière au milieu de ses ténèbres que ce fut au dessus de ses forces. Alors, il s’y agrippa. Peut-être, après tout, qu’il se trompait, que la voix se trompait, même si celle-ci lui assurait du contraire. Peut-être que cette histoire allait se finir bien...

L'élémentaire se détourna aussitôt que le prêtre l'ayant invoqué lui en donna l'ordre. Avec lui, déblayer le passage depuis lequel provenait le signal ne prit que quelques instants. Et comme les svirfneblins n'aimaient pas perdre un seul instant, les éclaireurs repérèrent le trajet qui y menait pendant que la créature de pierre procédait.

C'est ainsi que moins de cinq plus tard - mais sans doute furent-elles perçues comme bien trop longues par la mère inquiète - le groupe se trouvait devant un couloir d'environ six mètres de long et au bout duquel se trouvait une porte barrée. Dallius choisit cet instant pour bondit en avant, flairant l'odeur de son maître.

***

Alchem percevait à présent des présences familières à la limite de sa conscience : celle de son familier, de sa mère, de Dotha aussi, plus curieusement.

Téâya fit un signe et le chef de ses gardes du corps, vif comme l’éclair, attrapa le rat avant qu’il ne se soit trop éloigné. S’il y avait bien un moment où il ne fallait pas se précipiter, c’était celui-ci. Un piège qui passait inaperçu, une liche qui attaquait à l’improviste, non, il fallait toujours se méfier. Le groupe, en formation, reprit sa progression. La porte, sitôt examinée, serait défoncée. La Grande Créatrice se fit violence pour demeurer concentrer sur l’instant présent.

***

Comment Alchem pouvait-il percevoir ainsi les présences ? Dalius, c’était normal, mais les autres ? Était-ce sa condition d’esprit ? Il se pausa vaguement la question. Il tentait de rassembler ses pensées, de sortir de cet état second qui avait été le sien durant des jours. La proximité de son familier lui fit énormément de bien. C’était une partie de lui-même, son compagnon de toujours. Si au moins il pouvait rétablir le lien...

Le rat se débattit comme un beau diable et faillit échapper des mains du svirfneblin alors que deux éclaireurs s'avançaient déjà de leur démarche prudente vers la porte. Il n'y avait pas de piège. Et - plus étonnant encore - la porte n'était même pas verrouillée. Et pourtant Théâya en était convaincue : la perturbation que détectait ses gemmes se trouvaient à quelques mètres à peine, juste derrière cette porte. L'escorte marqua une hésitation, un grand prêtre incanta un sort de protection par prudence puis un des éclaireurs ouvrit la porte et révéla un svirfneblin inconscient et enchaîné...

Le chef des gardes du corps n’attendit pas que Téâya réagisse pour donner ses instructions. Il fallait vérifier que la salle était sûre, puis examiner le probable corps d’Alchem. Détection de la magie, détection du mal... les svirfnebelins ne se laisseraient pas berner. Certains continuaient de surveiller. La liche ou un autre ennemi pouvait toujours surgir. De son côté, la Grande Mystificatrice eut bien du mal à détacher ses yeux du prisonnier. Elle le fit, pourtant, et se rappelant ses priorités, continua de consulter sa gemme pour trouver la source de vie du Despote.

Les deux sorts de détection ne donnèrent aucun résultat mais les grands prêtres les réitérèrent à plusieurs reprises car une perturbation d’origine inconnue leur donnait à penser que la magie avait échouée. Pendant ce temps, Dotha examina de près le corps partiellement dénudé d’Alchem : il semblait n’avoir reçu aucune violence physique mais son aspect décharné laissait à penser que le svirfneblin n’avait quasiment pas été nourri pendant des jours. Ses lèvres desséchées laissaient aussi à penser qu’il n’avait pas reçu d’eau – ou alors très peu – depuis au moins deux jours. Il était en vie cependant – en vie mais totalement inconscient face aux stimuli.

De son côté, Théâya avait bien du mal à se concentrer sur sa tâche mais le résultat de l’examen des gemmes fut sans appel : la source de la corruption provenait d’un médaillon que son fils portait autour d’un coup. Un médaillon en forme de soleil dans lequel était enchâssée une gemme d’un noir plus profond que le dernier niveau d’Ombreterre.

Téâya fixa le médaillon avec perplexité. Qu’il aie été placé au cou de son fils n’était assurément pas un hasard. Cela sentait le piège, le piège fourbe... La liche n’était-elle pas en train d’essayer de mêler son âme à celle d’Alchem ? Une façon de se sauvegarder ? Quoi qu’il en soit, la magicienne dévisagea à nouveau le fruit de sa chair, puis décida de recourir aux conseils de l’être de lumière. Les forces magiques à l’œuvre était trop en siennes, elles lui échappaient. Elle avait donc besin d’être guidée pour agir au mieux.

La grande mystificatrice posa donc ses deux mains sur la gemme qu’elle utilisait jusque-là et se concentra pour retrouver le lien avec l’être de lumière. Quasiment instantanément, elle éprouva la même sensation que précédemment de son âme aspirée par le cristal et elle se retrouva à nouveau en présence du géant lumineux qui s’adressa à elle en ces termes :

- Salutations, y-a-t-il eu de l’avancement dans ta quête ?

HRP : oui, il y a une référence cachée !

HRP : zut, je ne l’ai pas trouvé. Mais les lecteurs en profiteront tout de même.

Téâya se mit en devoir d’expliquer à l’être de lumière tout ce qui s’était passé. Le combat contre la liche, trop facile à son goût et à présent, le corps de son fils inanimé avec le pendentif à la gemme noire, source de la corruption.
« Comment devons-nous procéder pour détruire le Despote et sauver mon fils ? »
Détruire le Despote était une absolue priorité, elle le savait et cela lui faisait peur. Elle craignait que ce ne soit au prix de l’âme de son fils.

HRP : Un indice : c’est en rapport avec un épisode du Joueur du Grenier sur les RPG.

L’être de lumière arbora une mine attristée quand la svirfnebline eut fini d’exposer tous ces nouveaux éléments et il répondit d’une voix compatissante :

- Si ce que je crains est vrai, je ne suis pas certain que sauver votre fils et détruire la liche soit possible… Je ne suis pas omniscient cela dit - sinon le Despote n’aurait jamais réussi à nous tromper – et il existe peut-être un moyen : chaque Gardien est lié à une gemme et je n’ai donc pas accès à l’intérieur de celle du Despote. Mais ce n’est pas votre cas : vous pouvez vous rendre dans son sanctuaire comme vous vous êtes rendue dans le mien. S’il y a un moyen de dissocier l’âme de votre fils et de la libérer, c’est forcément là-bas que vous pourrez le trouver. En revanche, dès que vous serez entré, je ne pourrai plus vous aider.

« Bien. S’il faut que je me rende dans sa gemme, je le ferai. Avez-vous des conseils à me donner ? Des règles à savoir ? Est-ce que, en dernier recours, briser la gemme du Despote le détruira ? Pouvons-nous entrer à plusieur ? Si oui, est-ce judicieux ? »
C’était le moment où jamais d’obtenir des conseils. Après, il faudrait mettre un terme à cette histoire.

L'être de lumière ne se formalisa pas du style direct de la svirfnebline et de son flot de questions : il avait pourtant passé des millénaires sans probablement parler au moindre être vivant...

- J'ignore si d'autres personnes de votre groupe pourront entrer : le pouvoir des gemmes choisit ses élus et ils sont rares. En cela, votre venue est une véritable bénédiction ! Quant à emmener ceux qui le peuvent, c'est à vous de décider : les risques sont grands car vous pourriez tomber entre les griffes du Despote si vous échouez. Corps et âme. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est de chercher à localiser l'âme de votre fils et à essayer de l'accompagner jusqu'à la sortie : sceller le Despote dans sa gemme ne le détruira pas mais nous pourrons nous en charger maintenant que nous sommes tous éveillés. En revanche, détruire la gemme pourrait provoquer une catastrophe : ne le faites que si vous avez épuiser toutes les autres solutions et que le Despote risque de se libérer.

Téâya acquiesça, remercia et déclara qu’elle allait faire tout son possible. Sur ce, elle demanda à revenir avec ses compagnons. Lorsque cela fut fait, elle les regarda, puis décida de se charger seule de la dernière étape du plan.
« S’il devient manifeste qu’il m’est arrivée malheur, brisez la gemme noire », dit-elle en s’emparant du pendentif.
Puis elle plongea son regard dans ce dernier, cherchant à le pénétrer de ses pensées.

Dotha s'était avancée - sans doute pour protester - quand la Grande Mystificatrice avait annoncé sa décision. Mais la détermination affichée par cette dernière suffit à la faire se raviser. C'est donc seule que la svirfnebline entreprit ce nouveau voyage vers l'inconnu.

Quand elle plongea ses yeux dans le cristal et lui ouvrit son esprit, elle le sentit aussi étranger, hostile et pernicieux que la plongée dans la gemme lumineuse lui avait paru familière, amicale et bénéfique. Mais, bien qu'elle dut lutter de toute la force de sa volonté pour pénétrer dans ce plan, elle parvint à ses fin et sentit enfin son esprit se fondre dans la gemme et dériver.

Puis ce fut une atroce douleur de suffocation qui la prit aux tripes, lui fit rendre son dernier repas et l'amena au bord du malaise. Elle s'était matérialisée au sommet d'un charnier de cadavres pourrissants. Parmi eux, elle discerna sans distinction des nains, des gnomes, des humains et des elfes. Leur puanteur prenait à la gorge mais c'était tout l'air de cet endroit qui lui brûlait les poumons...

Téâya avait eu droit à son lot d’horreurs durant sa longue vie. Le sinistre spectacle ne fut pas moins déplaisant. Au moins la gnome ne fut-elle pas trop surprise. Elle ne s’attendait pas à arriver dans un lieu agréable. Elle s’efforça de se remettre aussi vite que possible. Elle respira par la bouche, se contraignit au calme, à la concentration. De mauvaises surprises, elle allait en avoir d’autres sous peu.
Dès qu’elle le put, elle regarda autour d’elle. Il lui fallait trouver son fils. Elle espérait qu’il n’était pas dans la fosse et elle avait de bonne raison de croire qu’il était effectivement ailleurs. Le médaillon était à son cou. Son âme devait être gardée en un lieu particulier.

Une inspection rapide envers les cadavres les plus récents lui fit découvrir un svirfneblin dont lui visage lui apparaissait familier : il ne s’agissait fort heureusement pas de son fils mais elle était plus ou moins certaine qu’il avait été l’un des patrouileurs faisant l’aller-retour entre sa cité et l’avant-poste gnome marquant la frontière avec Lameroy. Quant à ce qu’il faisait ici…

Alors qu’elle allait s’en détourner, le corps sans vie s’agita et redressa la tête pour la regarder, son visage plein d’effroi et aussi d’espoir…

Téâya hésita un instant à ignorer le mort. Tout ce qu’il pouvait éventuellement dire risquait d’être des mensonges inventés par la liche afin de la déstabiliser. Mais elle en était consciente et rien ne devait être en mesure de la détourner de son but, de ses buts. Car il y en avait deux : le Despote et son fils. Détruire absolument le premier et sauver le second si possible. Elle espérait de tout son cœur que ce serait le cas... La magicienne, qui avait à présent retrouvé son aplomb, demanda au gnome :
« Que sait-il passé ? Qui a pris ta vie ? »

Le cadavre se redressa péniblement, manifestement atteint par une forme de rigidité propre à la mort. Il ouvrit la bouche à plusieurs reprises sans qu’un son n’en sorte comme s’il avait oublié comment parler. Mais un râle finit pas en sortir puis une voix incertaine et grinçante mais compréhensible tout de même :

- Une… embuscade. Des gobelins par dizaines… Ma patrouille… submergée.

Chaque mot semblait lui coûter énormément d’effort mais son regard s’était fait plus intense, reflétant un désir puissant de communiquer. De rendre service aussi.

Fallait-il encore une preuve pour montrer que le Despote n’était pas que le problème des nains ? La courte réplique du mort suffisait à Téâya pour conclure que le mal se répandait. Jusqu’où ? La cité gnome était-elle elle-même menacée ? À quoi bon demander ? Que ce soit ou non le cas, cela ne changeait rien au plan de la magicienne. La liche devait disparaître, un point c’est tout.
« Ce cauchemar va prendre fin, dit-elle au mort. Sous peu, tu pourras rejoindre les collines dorées. »
S’il n’avait rien à ajouter, elle allait reprendre ses recherches.

La remarque de la Grande Mystificatrice dessina un sourire un peu crispé mais un sourire tout de même sur les traits du mort. Mais, plutôt que de mettre fin à leur conversation, il s’avança encore d’un pas dans sa direction pour déclarer d’un ton chuintant :

- Je veux… aider. Je peux… vous guider. Trouver… les autres. Et… l’Ennemi.

Théâya n’était pas sans connaître le serment que prêtait chaque éclaireur svirfneblin : ils juraient de servir leur cité, leur race, leur famille, toute leur vie durant et même dans la mort. Si certains y voyaient simplement leur sens du sacrifice et la nécessité de donner leur vie si cela pouvait sauver un civil, le svirfneblin qui lui faisait face avait certainement interprété plus littéralement son serment. Ou alors ne cherchait-il qu’à aider à la libération de sa propre âme captive pour l’éternité.

Voilà une attitude digne de respect. Quoi qu’il en soit, Téâya n’hésita pas.
« Je te suis. Mène-moi aux autres. Mène-moi à Alchem aussi, si tu sais où il est. Puis, enfin, mène-moi à l’ennemi. »
Si elle pouvait se présenter face au Despote, accompagnée d’un groupe d’âmes défuntes, ce ne devrait être que bénéfice.

L’ancien éclaireur mit du temps à répondre – comme si digérer ces instructions lui réclamaient un grand effort ou si y répondre était à la limite de ses capacités – mais la Grande Mystificatrice apprit que l’âme en peine pouvait effectivement la mener à d’autres esprits éveillés qui les aideraient à lutter.

- Je sais où est… l’Ennemi… mais pas Alchem. J’entends… seulement les morts éveillés.

Ce qui pouvait signifier qu’Alchem était encore en vie ou tout le contraire. En tous cas, l’âme progressa avec de plus en plus de facilité à mesure qu’ils avançaient et « recrutaient » d’autres alliés. Théâya fut bientôt à la tête d’un petit groupe composé de deux humains, trois nains et cinq svirfneblins tous récemment décédés lors des troubles causés par le Despote.

Téâya aurait préféré des compagnons bien vivants, mais elle n’allait pas se plaindre, au contraire. Permettre à des âmes en peine de lui porter main forte, c’était une bonne chose pour tout le monde. D’après l’éclaireur, Alchem n’était pas un mort éveillé. Il devait donc être en vie. Il portait la gemme noire, son âme devait être quelque part sinon ce n’aurait aucun sens. Et pour trouver son fils, la magicienne se dit que le mieux était de trouver le Despote. Elle se laissa donc guider dans cette direction.

Ils passèrent plusieurs charniers comme le premier, recrutant tantôt de bonnes volontés, tantôt des âmes inexpressives qui se contentaient de les suivre à distance, affrontant aussi quelques-unes qui se montraient hostiles à l’égard de la svirfnebline vivante. Théâya perdit rapidement le compte de ces rencontres d’autant plus que son attention était toute tournée vers son objectif.

Bien plus tard sans qu’elle puisse savoir combien exactement, elle pénétra - à la tête d’un groupe comptant deux douzaines d’âmes - dans une grande salle couverte de dorures et de chandelles illuminant tout l’espace. Des statues s’alignaient de manière erratique dans la partie basse de la salle et sur les marches de l’escalier menant à une estrade et à un trône sombre.

En passant près d’une statue, elle découvrit l’expression torturée, terrifiée du modèle qui lui avait prêté ses traits. A moins que ce ne soit une vraie personne capturée sous cette forme…

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Lameroy - cité naine ouverte