La Couronne de Cuivre

Ashana se sentait plutôt à son aise, mais la personne rousse qui était entrée lui paraissait pour le moins étrange. Et comme les conspirateurs, y compris ceux qui auraient pu chercher à l'assassiner étaient légion dans les parages, mieux valait rester méfiant...

Elle se pencha vers Aramus, désignant d'un signe de tête l'inconnu :

"Il serait peut-être bon que vous vous assuriez de l'identité de cette personne... Elle dégage quelque chose d'étrange, et je me demande pourquoi elle est ici."

Elle soupira :

"Enfin, là, tout de suite, la raison ne me paraît pas très évidente..."

Par ailleurs, un homme richement vêtu venait d'entrer également dans le hall, dans l'attente du début de la pièce. Il semblait lui aussi préoccupé. C'est pourquoi Ashana décida de s'occuper également de celui là. Un espion dans la tourmante ? Un assassin à la recherche d'un cible ? Elle le saurait bientôt.
Restant près de ses compagnons, elle l'interpella alors qu'il passait près d'eux :

"Bonsoir merci, vous semblez... perdu ? Ya-t-il quelque chose que nous puissions faire pour vous ?"

Son rôle d'homme du monde revenait sur le devant de la scène, et il patientait tranquillement tandis que la foule se résorbait très progressivement, les gens parvenant à grand-peine à entrer dans le théâtre. Les accès ne semblaient guère prévus pour laisser passer autant de personnes en peu de temps.

Kededric en profita pour observer les gens alentours. Des personnes aux allures parfois modestes, mais pas uniquement. Il était heureux de constater qu'il n'était pas le seul à arborer une tenue onéreuse ; cela le faisait passer un peu plus inaperçu.

Finalement, il put entrer dans le bâtiment, où la foule était toujours aussi compacte. Patience, patience... à nouveau, il jeta quelques coups d'œil dans son entourage proche. Il sourit en constatant qu'il avait, non loin de lui, deux femmes à la chevelure rousse très fournie. Fait rarissime dans la région, où les autochtones étaient plutôt mats... le regard d'une des femmes croisa le sien, et elle lui adressa la parole.

"Perdu ? Oh... non, seulement surpris de voir une telle affluence. Aux dernières nouvelles, le théâtre était voué à la banqueroute, mais je suis satisfait de voir que ce mauvais présage n'était qu'une fable.Il marqua un bref arrêt, puis se fendit d'une révérence adaptée à l'encombrement de la salle. "Maurice de la Tour, pour vous servir, ma dame."

Il remarqua alors ses yeux particuliers. Du genre qu'on oubliait difficilement... un atout pour qui voulait se faire reconnaître, mais une malédiction dans le cas contraire.

Ashana feignit un léger malaise de bon aloi dans une telle situation. Elle émit un rire léger avant de répondre :

"Oh mais, suis-je bête, je ne me suis pas présentée !"

Elle se tourna vers l'intégralité de ses interlocuteurs : la dame habillée de dentelle noir avec un corbeau perché sur l'épaule, et l'homme à l'aura un peu particulière, comme hors du temps, mais également le nouveau venu. Elle poursuivit avec un sourire et une très légère révérence qui n'impliquait évidemment en aucun cas de baisser la tête :

"Je suis Ashana Del Mar, prêtresse de Baine, pour vous servir... enfin, surtout pour le servir lui, mon seigneur et maître."

Inutile de préciser la place qu'elle occupait dans la hiérarchie. Sa présence ici ce soir avec un garde du corps en disait suffisamment.

Une prêtresse du Fléau ? Mieux valait surveiller ses paroles, dans ce cas. Il n'avait guère décelé sur elle de signe extérieur d'appartenance au clergé de Baine, aussi haussa-t-il les sourcils et affecta un air plus sérieux. Le marchand qu'il avait choisi de "jouer" ce soir ne pouvait pas se permettre d'attirer l'attention sur lui. Il jeta un bref coup d'œil au personnage carré qui se tenait à côté d'elle. Un compagnon ? Plutôt un garde, à en juger par son aspect sévère.

"Tout le plaisir est pour moi, ma dame. Je ne puis me targuer d'un tel titre, je ne suis qu'un négociant en voyage..." Il toussota, pour masquer un trouble qu'il ne montrait que volontairement. "J'ignorais que le clergé de Baine pouvait s'intéresser aux représentations artistiques expérimentales... toute la haute sphère mélandienne semble se trouver ici." Une maladresse feinte : si le gratin de la cité s'y trouvait, les hauts membres des clergés se devaient également d'y être. La politique se décidait aussi à de telles occasions.

Beodacia, chercha dans ces souvenir, mais non elle ne connaissait pas non plus la jeune rousse, sans doute une nouvelle venue... En parlant de nouveaux venus, un homme relativement affable et élégamment vêtu, fit à son tour son entrée dans le théâtre, celui-ci fut rapidement intercepté par la prêtresse du tyran.

Elle avança pour se présenter, fit un signe de la tête et prit la parole :

- Beodacia Sangd'encre, Mage extérieure de l’École du Necronomicon. Messire de la Tour c'est cela ? Vous vous arrêtez donc entre deux voyages d'affaire pour assister à une pièce de théâtre ?

Son corbeau sur l’épaule regardait les différents intervenants de la scène tour à tour, silencieusement, calmement, puis intervint à son tour :

- *Croa* Héhé je vois que tout le monde c'est mis en corbeau ce soir !

Louve observa la femme avec le corbeau sur l'épaule. Il y a avait quelque chose d'étrange chez elle. Une odeur désagréable de charogne ou d'elle ne savait quoi d'autre. Mais il y avait quelque chose d'assez fascinant chez elle. Aussi s'approcha-t-elle doucement comme face à un animal sauvage qu'elle n'aurait pas voulu effrayer. Elle souriait comme le Vieux lui avait appris. Pas un sourire moqueur ni qui signifiait à sa victime que son heure était venue. Non ... Plutôt un de ceux qui invitait à une discussion.

Quand elle fut tout près, elle ne parla pas, laissant à son interlocutrice la liberté de lancer un sujet ou une pique ... Les deux lui allaient.

Aramus de son côté saluait tour a tour Béodacia,Le nouveau venu,Asmodeus comme l'étrange rouquine qui se dirigeait vers la mage,Si les deux hommes lui paraissaient dangereux mais qui savaient se tenir...L'étrange rouquine de son côté avait quelque chose de plus intriguant...de plus...Sauvage dans sa démarche...Quelque chose qui sortait de l'ordinaire outre une certaine beauté physique fallait t'il l'avouer...

"Aramus Korvin de l'ordre de la main noire pour vous servir Sires et dames,*Et a l'intention de Kededric avec un visage qui se veut aimable.*C'est une chose plus commune que les serviteurs du tyran suprême se mèlent a la masse dans la mer de lune,mais je suppose que c'est peut-être chose plus rare en ces terres."

Déclare t'il a ses interlocuteurs tout en gardant un oeil circonspect sur l'étrange rousse....

Or ça, une nécromancienne ! Il n'avait décidément pas prévu qu'une telle assemblée viendrait assister à ce spectacle. Peut-être même aurait-il lieu dans le public plutôt que sur scène, si les choses venaient à dégénérer, pour quelque raison que ce fût...

Kededric remarqua instantanément les yeux vairons de Beodacia. Vraiment ! La chose était rare, et il venait de croiser deux femmes qui arboraient cette caractéristique si mystérieuse, tour à tour... le hasard y était-il pour quelque chose ?

Il exécuta une nouvelle révérence à l'adresse de la nécromancienne, puis répondit : "Mes affaires me poussent souvent à visiter la cité du Chaos. Je ne pourrais pas affirmer que je la connais bien, mais j'y passe assez bien de temps. Et j'ai entendu parler de cette pièce, voici quelques jours seulement. La pièce de la dernière chance, pour ce théâtre, dit-on en ville. C'est bien dommage..."

L'imposant personnage en armure, qui seyait à côté d'Ashana, le salua également. Que de mondanités, ce soir ! Kededric était enchanté. Il adorait faire de nouvelles connaissances, et son déguisement de marchand allègre lui allait comme un gant. Kededric lui fit un salut respectueux, mais quelque peu hésitant. Son marchand n'était pas censé être vraiment au point quant au protocole à suivre avec les religieux, ni leurs gardes.

"Mes respects, messire. Je dois avouer ne pas bien connaître les us du clergé de Baine... j'espère que vous pardonnerez ce manque de bienséance."*Il afficha un sourire quelque peu penaud, mais ses yeux restaient sereins. Après tout, nul ne savait tout sur tout, n'est-ce pas ?

Asmodeus avait quelque peu laissé dériver la conversation : il ne se sentait pas tout à fait à son aise parmi les prêtres fanatiques, surtout quand ces derniers appartenaient à un autre ordre que le sien et qu'ils revendiquaient ouvertement leur allégeance. Au moins était-il prévenu...

A cet égard, il préférait encore la compagnie des mages et des marchands - tout aussi mortels l'un comme l'autre - mais avec lesquels il était souvent plus aisé de trouver quelque terrain d'entente. De son point de vue, c'était encore bien la mystérieuse rousse qui était la moins dangereuse de toute cette assemblée. Même si elle cachait forcément quelque-chose dans son jeu.

Le "jeune seigneur" donna son nom aux nouveaux protagonistes et se présenta comme un négociant féru d'arts comme pour ne pas être laissé en reste.

Cela faisait beaucoup de Bainites, surtout pour une Sharite comme Beodacia, non qu'elle ne se retrouvait pas dans certains préceptes du Tyran, mais d’après elle, la Tyrannie est surtout appréciable quand on est soit même le tyran. Mais valait taire se genre de propos, la ville était arrivé à une sorte de statu quo avec l'actuel empereur... mais il ne faillait pas grand chose pour rallumer la flamme, surtout avec les bainites d'ailleurs, et comme lui a montrer si durement la vie, il n'est pas prudent de jouer avec le feu... dans tous les sens du terme.

Le marchand s'affairait à semble-t-il se qu'il faisait le mieux : "échanger", mais pas dans le sens habituel du terme...

Remarquant l'invitation de la jeune rousse à lui adresser la parole, Beodacia sourire en coin se lança :

- Alors mademoiselle on découvre le théâtre ? Ou alors est-ce pour les rencontres mondaines ?

Il semblait évident que ce n’était pas pour la seconde possibilité qu'elle était là, mais après tout autant feindre l’innocence...

Louve ne se laissa pas démonter et son sourire s'élargit, se faisant presque féroce.

"J'avoue que je n'ai pas vraiment le goût des mondanités. Par contre, le théâtre ... Non ... J'avais envie de découvrir. Je ne sais même pas si cela me plaira voyez-vous ? Et vous ? Que venez vous chercher ? Et tous ces gens autour de moi ? Vous connaissez la pièce que nous allons voir ?"

Elle était curieuse et ne se gênait pas pour le montrer.

Désolé du retard...

Pas le gout des mondanités ? Beodacia, ne fit pas de commentaires, mais c’était une évident que les mondanité ne constituait pas le violon d’Ingres de la jeune rousse... d'ailleurs ce n’était pas tellement celui de la nécromancienne non plus, vivre plusieurs années dans un temple abandonnées, entourés de mort-vivants, n'aidait pas vraiment pour ce genre de situation, mais elle faisait simplement preuve de bon sens dans ses prises de parole...

- Eh bien comme la plupart des gens présent, les mondanités... Cependant même si l'attrait des arts dramatiques n'est pas la cause principale de ma venue, je me suis un peu renseigner sur le contenu de la pièce, il me semble que l'histoire parles d'une fille nommée Alix qui en suivant un étrange rongeur, découvre un monde dont elle ne soupçonnait pas l’existence...

Ashana sourit, étirant ses lèvres rouge sang. Quelle mignonette avaient-ils là ? Sans mondanité, point de pouvoir, point de domination !
Elle conserva pourtant son amabilité légendaire. Pas question de trahir ses pensées, enfin pas directement...

"Les mondanités sont importantes lorsqu'on espère "penser" sa place dans la société dans laquelle nous vivons..." répondit-elle dans un premier temps.

Elle ajouta ensuite, à la suite de la nécromancienne :

"Oui, en effet, un monde onirique, un monde fait de mille et une chose..."

Ses yeux se mirent à briller :

"Un monde de rêves... ou de cauchemars, au choix !"

Elle éclata d'un rire sonore.

Louve écouta les deux femmes attentivement. La femme d'ombre qui sentait le cadavre tout d'abord et puis une autre qui sentait la colère ce qui n'était guère mieux. Mais elles avaient un certain charme étrange et improbable qu'elle n'aurait su définir. Était-ce la sensation de danger qu'elle ressentait en ce moment même ou plutôt son exaltation ? Elle rit elle aussi aux paroles de la femme en armure. Elle aussi savait faire tourner les rêves en cauchemars et briser des destins. Malheureusement, point n'était le moment de se vanter de ses forfaits. Cela n'aurait pas été poli.

Elle espéra en avoir l'occasion plus tard.

Autour d'eux, le mouvement en direction de la salle de spectacle s'accélérait : l'encombrement était un peu moindre puisque de nombreuses personnes avaient déjà trouvé leur place qui dans le parterre, qui dans les loges. Pour autant, les trois coups ne retentiraient sans doute pas avant encore une bonne dizaine de minutes, ce qui laissait lamplement le temps de terminer les conversations en cours.

Pour Silmandel uniquement

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Beodacia remarqua le mouvement de foule, la représentation allait certainement bientôt débuter, trop tenter de lâcher une saillie, elle s'exclama :

- Tiens il y a du mouvement ! Le spectacle va sans doute bientôt commencer. Ou peut-être est ce juste une agitation naturelle chez les cafards et les cloportes qu'en pensez vous ?

La nécromancienne regarda les autres personnes présentes avec un sourire entendu.

Il n’était pas utile de courir, ce serait le risque de se faire piétiner par ces imbéciles, et l’intérêt d'avoir réservé, était justement de pouvoir prendre place sans heurt, ni précipitation.

Sur un bref salut, Asmodeus quitta sans hâte le petit groupe encore en pleine discussion : il se mêla à la foule se dirigeant vers la salle de représentation tout en adoptant une démarche assurée. Il donnait même l'impression de pouvoir progresser à sa guise, confiant qu'il était que les gens autour de lui éviteraient de se trouver sur son chemin. A dire vrai, le jeune négociant d'art dégageait une aura d'autorité qui semblait trancher avec sa mise élégante mais simple.

Ashana ébaucha un nouveau sourire, aussi froid qu'à l'accoutumée.

"Il y a rarement de fumée sans feu... même chez les cafards..."

Et tranquillement, elle emboîta le pas de ses interlocuteurs vers les loges... comme chaque personne qui avait un tant soit peu d'importance dans cette ville. Elle regarda à la dérobée où iraient ses précédents interlocuteurs.

Pour Taliesin :

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Cette conversation entre dames du monde le laissait perplexe. Dans sa jeunesse, elles paraissaient moins... calculatrices ! Celles-ci semblaient surtout là pour observer, se délecter, moquer le peuple. Bizarre...

Bien entendu, Kededric était de ce genre-là. Mais Maurice de la Tour, lui, était plutôt du genre affable, un peu naïf, et ne paraissant jamais rien remarquer sauf si cela lui sautait à la figure. Aussi affichait-il un sourire béat sur le visage et proclama :

"Il est temps d'entrer, si nous ne voulons pas perdre une miette du destin réservé à cette Alix. Des épopées mystérieuses, des rêves et des cauchemars... oh, j'en frétille !"

Il partit donc à l'assaut de la foule encore amassée devant les portes. Non loin de lui se tenait Asmodeus, un personnage qu'il n'avait vu que de loin. Distant et taciturne... Kededric préféra ne pas tenter de lui adresser la parole dans l'immédiat. Un marchand innocent n'était pas forcément attiré par tout le monde. Même si la curiosité pouvait faire le reste.

Restant Silencieux mais gardant l'étrange rousse de son regard,Le croisé de baine suivit Ashana avec une certaine distance...La laissant s'installer tranquillement et tout en veillant a ce qu'aucun maraud ne vienne l'importunée...Pourtant,Si il avait l'habitude de telles choses du fait d'être de petite noblesse...il doit bien avouer que l'étrange rousse lui parait décidément particulière...Non pas qu'elle lui plaisait physiquement...Mais il y avait quelque chose dans sa démarche qui la différanciait de bien des femmes qu'il ait pu croiser...Bien qu'il n'aurait su dire quoi...Peut-être était ce un faux semblant...Qu'importe...Le plus important c'était que sa coreligionnaire et lui profitent de la soirée sans que ça en soit la dernière...

Louve les suivit du regard. Elle n'avait pas de loge attribuée ni quoi que ce soit d'autre. Elle n'avait pas assez peur de la populace pour ne pas se mêler à elle. Elle faisait partie de cette populace. Celle qui puait, piaillait, grouillait et faisait peur aux puissants. Elle se fichait éperdument de sa médiocrité. Aujourd'hui, elle avait décidé de passer une bonne soirée et qu'importe en quelle compagnie ce serait. Elle aurait bien aimé cependant rester un peu plus longtemps avec la femme à l'odeur de cadavre qui l'intriguait. Ou peut-être se serait-elle d'avantage penchée sur le dandy qui essayait de se montrer discret en compagnie d'un fanfaron dont elle se serait manifestement bien passée.

Aussi attendit-elle que ses compagnons du moment trouvent leur place. Peut-être pourrait-elle se mêler à eux.

Pour Silmandel uniquement

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Pour tout le monde
Bientôt, chacun eut gagné sa place. Les conversations se poursuivirent quelques minutes entre voisins : pour beaucoup, l'impatience d'assister à cet important événement dramaturgique menaçait de devenir intenable. Heureusement, ils n'eurent pas longtemps à attendre.
Le directeur du Bastion des Arts, maître Cléon Presteplume, fut le premier à monter sur scène. Il remercia chaleureusement le public pour sa présence, souligna l'importance de cette soirée pour son établissement mais également pour le théâtre en général : longtemps, on avait cru que le grand œuvre de dame Carole Lewis, "Alix au Pays des Merveilles", ne serait jamais mise en scène, tant la tâche paraissait insurmontable. Et pourtant, c'était désormais chose faite.
Sur ce bref et enthousiaste discours, l'homme frappa les trois coups.
Alors, la pièce débuta.
Et quelle pièce !
En premier lieu, les acteurs étaient indéniablement doués, alors même que seuls quelques-uns d'entre eux, à l'instar de la dénommée Iris jouant le rôle de la Reine de Cœur, jouissaient d'une certaine notoriété. Le jeune garçon incarnant Alix - qui était bien un personnage masculin, même si la mixité du prénom en avait induit plus d'un en erreur - était ainsi un parfait inconnu, mais un parfait inconnu se débrouillant à merveille. C'était également le cas pour l'homme jouant Chester le Chat et qui se présentait sous les traits d'une sorte d'hybride entre un elfe et un félin ; son apparence s'avérait d'ailleurs à ce point troublante de réalisme qu'il ne pouvait sans doute s'agir d'un simple costume : non, il y avait forcément de l'illusion ou de la métamorphose là-derrière.
Ensuite, la mise en scène et les moyens sur lesquels elle reposait étaient de haute volée. Les costumes et les décors avaient été exécutés de main de maître, tandis que les effets spéciaux, assurément réalisés par un illusionniste hors pair, rajoutaient aux scènes tout le féérique, le spectaculaire ou l'horrifique qu'elles réclamaient.
Enfin, l’œuvre elle-même reflétait tout le talent de son auteure. L'ironie, l'absurde, la folie douce - ou furieuse - y étaient omniprésents, sous-tendus par une bonne dose de critique sociale. Les dialogues, soigneusement ciselés, faisaient mouche à coup sûr. Quant aux personnages, qui constituaient une invraisemblable et innombrable galerie, ils se révélaient forts marquants : Alix, complètement perdu en ce monde tenant à la fois du rêve et du cauchemar mais qui, peu à peu, gagnait en assurance ; Chester le chat philosophe, grand rhétoricien et, le garçon excepté, seule personne à peu près saine d'esprit dans les parages ; la Reine de Cœur, irascible et tyrannique ; le Chapelier fou et le Lièvre de Mars, affairés à leur éternelle partie de thé ; le Lapin blanc, toujours en retard... et tant d'autres encore.
Au moment où arriva l'entracte, ce fut un véritable tumulte de commentaires et de discussions enflammés : beaucoup criaient au chef-d’œuvre, quelques-uns au scandale - la pièce était tout sauf classique et révérencieuse, il fallait l'admettre - et, au total, personne ne semblait y être indifférent. Bref, si la seconde partie s'avérait du même acabit, cette soirée ferait date !

Pour Asmodeus uniquement

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Intéressant spectacle que cette pièce certes, Mise en scène impeccable, un jeu d'acteur convainquant, un succès certainement mais ce n’était rien par rapport aux réactions de masse grouillante du public : L'un étalant sa culture scénique, comme d'autres étalent le beurre sur une tranche de pain : moins on en a, plus on l'étale... L'autre prenant un air indigné sur le contenu de la pièce : ridicule... Beodacia se dit que le vrai théâtre n’était pas sur scène mais dans le public, un vrai pièce emprunte de comique et de tragique...

Elle chercha du regard un visage connu, en profitant pour admirer le spectacle de l’entracte.

Asmodeus n’avait pas assisté à de nombreux spectacles mais il pouvait reconnaître un grand succès artistique quand il en voyait un. Cependant, à sa grande surprise et à son grand dam, tout le plaisir de pouvoir assister à cette représentation était copieusement gâché par la révélation de l’identité des acteurs. Diable ! Ce petit morveux horripilant semblait se retrouver partout où on ne l’attendait pas et son garde chiourme scélérat n’était jamais bien loin non plus pour le mettre dans l’embarras et lui provoquer des désagréments. Asmodeus avait été tenté de se lever immédiatement pour quitter cette salle et s’éloigner des importuns qui se produisaient sur scène mais la sidération l’en avait empêché dans un premier temps. Les idées de vengeance qui lui passaient maintenant par l’esprit avaient ensuite pris le relais…

Quelle étonnante pièce...Certains étaient enthousiastes criant au chef d'oeuvre...D'autres au scandale...Le croisé de baine avait déja vu cela dans sa Melvaunt natale...Comme a Château Zhentil par ailleurs,Néenmoins il devait bien admettre que c'était une bonne représentation jusque la,Le premier acte avait laissé jusqu'a présent personne indifférant et de ce qu'il en savait...Ce lieu avait besoin d'un coup d'éclat pour le sauver de la ruine...Il semble que cette pièce allait finalement le permettre...

Du reste Aramus profita de l'entre acte pour observer aussi bien puissants que faibles de la cité...L'église du tyran suprême les avaient envoyés a cette représentation a titre"diplomatique."comme bien d'autres émissaires des diverses divinités noires qui cherchent la suprématie en cette cité...

Eh bien ! Le premier acte venait tout juste de s'achever, et, sous un tonnerre d'applaudissements, le rideau rouge s'abattit sur scène et les artistes s'esquivèrent promptement dans les coulisses. Les réactions du public étaient majoritairement très positives, même s'il y avait évidemment des esprits chagrins pour conspuer une telle extravagance. Des rétrogrades qui auraient voulu que restent éternelles les tragédies ultra-classiques et surtout, mortellement ennuyeuses...

Kededric, lui, s'était régalé de chaque scène, de chaque réplique. Toutes ces apparences tellement doucereuses et qui laissaient progressivement dévoiler une folie furieuse et dangereuse, c'était le summum du raffinement. Et c'était le domaine dans lequel il excellait le plus... tiens, il se surprit même à songer à faire carrière avec cette troupe, et jouer dans cette pièce...

Alors qu'il se laissait aller à de douces rêveries, l'assassin finit par oublier les réactions autour de lui. Que lui importaient les avis des autres, surtout s'ils étaient défavorables à ce chef-d'œuvre ? Il attendait avec impatience la suite, se délectant à l'avance du dénouement final de ce tableau dantesque.

Pour Taliesin :

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Ashana sortit de sa loge à pas feutré sur les lourds tapis des couloirs du théâtre, arborant un air mystérieux. La pièce lui plaisait beaucoup, et les aspects absurdes qui l'habitaient la fascinaient.
Elle était également très intéressée par les réactions de la foule dont elle s'imprégnait à mesure de son avancée parmi elle. Des oeuvres culturelles telles permettaient à chacun d'en dire plus sur soi... et d'apprendre aux autres ce qu'il fallait pour vous nourrir, vous occuper, vous faire chanter... ou encore vous tuer.
La prêtresse en profita pour saluer quelques représentants d'autres obédiences qu'elle connaissait, ainsi que certains représentant du pouvoir. Mieux valait néanmoins pour l'instant conserver ses distances.

Elle s'arrêta devant le jeune négociant rencontré plus tôt. Il avait l'air passablement perdu dans ses pensées.

"A nouveau perdu, mon ami ?" demanda-t-elle d'une voix douce.

HRP : C'est bien à Kédéric que je fais référence... au cas où il y aurait un doute

.

Tandis qu'il imaginait Alix sortir vainqueur en héros d'une joute entre lui et la cruelle Reine de Cœur, Kededric s'extirpa de ses pensées lorsqu'il entendit la voix de la prêtresse de Baine lui parvenir aux oreilles. Damnation, il s'était perdu dans ses songes ! Il sursauta, sans simuler, cette fois.

"Ah ! Euh..."bredouilla-t-il bêtement en rougissant légèrement. "Veuillez m'excuser, ma chère... je... oui, j'étais perdu dans mes pensées. J'ai grandement apprécié cet acte, et je me remémorais ses passages les plus frappants. Du grandiose, de l'époustouflant, vraiment ! Qu'en pensez-vous, dame Ashana ?" L'appeler directement par son prénom n'était probablement pas très apprécié au sein du clergé de Baine, mais le marchand passait pour un grand naïf...

La Couronne de Cuivre

[Bâtiment] Le Bastion des Arts