[Lieu] Quelque part au nord des Landes

[Voyageuse]

Noah l'invita à le suivre. Mais il ne se dirigea pas vers le centre du village, au contraire.
" Je vais vous héberger pour la nuit... J'habite juste là, fit-il en désignant l'une des premières huttes, un peu distante des autres, à la frontière entre le marécage et le village, tout près de l'embarcadère. Vous pouvez poser vos affaires... enfin, vous n'avez pas grand-chose, je sais. Moi, je vais aller discuter avec quelques connaissances, histoire de savoir si quelqu'un descend au comptoir demain."
Il poussa la porte, qui n'était pas fermée à clé. La cabane était constituée d'une pièce unique, avec deux alcôves sur les côtés, masquées par des rideaux, et les traces d'un foyer tout au fond.
" Il y a un matelas au sol dans l’alcôve de droite... Je dors dans celle de gauche.
- Moi je suis dans la petite cabane, là-bas, fit Anita en montrant une autre construction, plus petite, un peu plus près du village.
- Je vais vous laisser ramener un peu d'eau de la rivière, si vous voulez faire un brin de toilette. Il y a des seaux. On dîne souvent à l'auberge, comme beaucoup de gens qui vivent seuls... Mais si vous préférez, on peut manger ici.

[Cendres]

« Noah, je vous propose d’aller manger à l’auberge et c’est moi qui vous invite. » Dit-il en regardant son hôte. « Je vais ramener de l’eau et me préparer. »

[Voyageuse]

Anita pouffa de rire.
" Nous inviter ? Pour ça, il faudrait que Yasmine accepte ton argent ! Ici, on est loin de tout, on vit en communauté, et on fonctionne surtout par le troc. Nous, par exemple, on apporter du gibier, d'autres lui fournissent des tables, de la vaisselle, des vêtements ou font des réparations... On ne donne pas d'argent.
- Tu exagères... Il arrive qu'on ait des visiteurs étrangers, et elle accepte bien qu'ils payent en monnaie lumenienne.
- Oui... une fois par an ?
Noah secoua la tête avec un sourire, mais ne démentit pas. Il se tourna vers Gabriel.
- Ne vous en faites pas, elle acceptera votre argent, si vous y tenez. Mais vraiment, je pense que vous devriez le garder pour là où il est vraiment utile. Puisque vous êtes avec nous, elle ne vous fera rien payer. Au pire, elle me demandera d'aller pêcher pour elle demain... Mais je vous laisse vous préparer, je vais la prévenir que nous avons un invité."

[Cendres]

Gabriel se sentit gêné mais curieux, depuis sa rencontre avec ses deux amis toutes ses évidences éclatées. Il s’adressa à Anita : « C’est une organisation sociale très singulière… Alors l’or ou l’argent n’ont pas de valeur particulière ? Mais alors… Il n’y a pas de hiérarchie sociale ici… ? »

[Voyageuse]

" Bah... je ne comprends pas... quel est le rapport rapport entre l'argent et la hiérarchie ? "
Elle haussa les épaules.
" On a chacun notre rôle, nos tâches dans la communauté... et sinon, il y a un conseil élu, même s'il est composé de trois personnes seulement. Mais on ne peut pas vraiment parler de hiérarchie dans un village de quatre-vingt-dix habitants ! Et pour ce qui est de l'argent, on n'en a pas l'usage, sauf quand on doit acheter des produits extérieurs. Mais on a deux ou trois personnes seulement qui font du commerce. Ils vendent ce qu'on produit ou ce qu'on récupère dans les marais, et achètent ce qu'on ne produit pas sur place. Mais entre nous, dans le village, on fonctionne surtout par du troc, par des échanges de service ! Ce n'est pas que l'argent ou l'or n'ont pas de valeur, c'est juste... qu'on ne s'en sert pas entre nous. On le garde uniquement pour l'extérieur, si quelqu'un doit partir quelque part ailleurs, ou pour le commerce."

[Cendres]

« Je disais, hiérarchie sociale inscrite dans un système monétaire organisé selon un étalon monétaire triple, utilisant des pièces d'or, d'argent et de bronze… C’est le seul que je connaisse… Un système qui t’enrichit et qui te permet d’acheter aussi la force de travail des personnes et … même leur personne… Le système d’échange dans ton village utilise des matières périssables qui ne te permet pas d’engranger… et de t’enrichir… » Gabriel pensa à la négociation notariale entre sa grand-tante et lui-même qui lui permettait de vivre de rentes. « Tu sais… J’ai réalisé depuis que je me suis perdu dans les Landes, que la seule richesse en ce monde…est la considération que l’on porte à quelqu’un sans raison de la valeur qui lui est reconnue socialement,…mais à se conduire envers lui, comme on le souhaiterait avec soi-même. »

[Voyageuse]

Anita haussa un sourcil, puis sourit.
" Je crois que tu te poses beaucoup trop de questions, fit-elle, amusée. Pour moi, du moment qu'on a de quoi manger et un toit sur la tête, je ne vois pas pourquoi je devrais m'inquiéter de la façon dont sont menés les échanges... pour autant qu'ils soient équitables. Et je croyais que c'était à ça que servait la monnaie, à rendre les échanges plus équitables lorsqu'on échange des choses de valeur différente. Mais ça me dépasse, conclut-elle en haussant les épaules. Alors je me contente de m'adapter aux coutumes locales. Ithillion utilise de la monnaie, je fais de même, le village ici n'en utilise pas, je m'en passe."
Tout en parlant, Anita était ressortie de la cabane. Elle l'entraîna vers la droite où se trouvait un petit auvent, abritant divers outils, ainsi qu'un fil où pendait un carré de tissu éponge, un grand baquet de bois et deux seaux.
" L'été, l'auvent sert de salle d'eau. On prend l'eau dans la rivière. Je vais te laisser te débrouiller, je pense, et aller me préparer moi aussi de mon côté. Je serai de retour dans une petite demi-heure... Sauf si tu as besoin de quoi que ce soit avant que j'y aille ?"

[Cendres]

« Je te remercie Anita.. J’en ai bien besoin. Je me débrouillerai... attends, y a-t-il du savon ?» Dit-il en souriant.

[Voyageuse]

" Oui, il y a du savon.... attends... Juste là, sur ce petit rayonnage de bois accroché au mur."
Anita dut se hisser sur la pointe des pieds pour l'atteindre et le lui tendit avec un sourire.
" Et pour t'essuyer, tu peux utiliser les serviettes éponge pendues au fil. Bon décrassage !", lança-t-elle avant de s'éloigner d'un pas leste en direction de son propre cabanon.
Noah, quant à lui, était invisible. Il était parti dès qu'il l'avait annoncé, en direction du "centre" du village.

[Cendres]

Gabriel prit les deux seaux et alla les remplir à la rivière. Il goûta mentalement à la joie d’une bonne douche tout en marchant vers l’auvent. Arrivé, il se déshabilla, sauta dans le baquet et ferma les yeux en se lavant.

[Voyageuse]

Noah fut de retour une quinzaine de minutes plus tard, alors que Gabriel sortait de l'eau -sa température n'incitaient pas à un bain prolongé- pour se sécher avec l'une des deux serviettes éponge.
" Est-ce qu'il faut que je vous trouve des vêtements de rechange, peut-être, ou bien vous avez le nécessaire ? On n'a pas le même gabarit, mais j'ai au moins des tuniques trop larges, peut-être même que je peux trouver des chausses... sinon je connais quelqu'un qui fait à peu près votre taille."

[Cendres]

« Ah Noah, encore une fois vous venez à mon secours… Je n’ai aucune affaire sauf celles que je porte et qui sont malodorantes… J’accepte volontiers une de vos tuniques… trop larges ainsi que des chausses. » Gabriel regarda ses vêtements et les plia avec l’intention de les laver plus tard. Il mit ses pantalons et sa veste gamboisés de côté ; son équipement militaire réclamait trop d’heures de récurage et de séchage.

[Voyageuse]

" Bougez pas, je trouve ça."
Noah revint quelques instants plus tard avec une tunique de lin terne et un peu usée, mais suffisamment large pour Gabriel. Les chausses, en revanche, étaient trop étroites : il ne pourrait pas les lacer correctement, mais la tunique était assez longue pour cacher ce défaut.
Le rôdeur lui laissa le temps de s'habiller avant d'annoncer.
" J'ai une bonne nouvelle pour vous : l'un de nos négociants descend justement demain jusqu'au comptoir. Il pourra vous prendre à bord de sa barge sans problème, il descend quasiment à vide."

[Cendres]

Gabriel se trouva en état de conflit entre deux émotions causées par l’échéance du départ, la tristesse de quitter la vie libre de cette contrée sauvage et la rassurance de retrouver ses repères à Lumenis. « Je vous remercie Noah ! Que demande le négociant en contrepartie ? »

[Voyageuse]

" Oh, rien, ou plutôt, pas grand-chose pour quelqu'un de votre gabarit. Il aura besoin d'aide pour charger sa cargaison pour le retour. Il doit remonter divers outils, et quelques matériaux de construction, des planches notamment. Si vous êtes là, ça lui évite d'avoir à payer les services d'un des dockers."
Noah sourit.
" Vous voyez, c'est comme ça qu'on fonctionne par ici, et on arrive toujours à s'arranger. Vous pourrez aussi aider au déchargement, je suppose, même s'il n'y a rien de lourd... Mais vous verrez avec lui. Il passera prendre l'apéritif avec nous ce soir. Il ne va pas s'éterniser, il tient à passer la soirée en famille avant de s'absenter pour trois jours..."
Derrière lui, Gabriel vit la silhouette d'Anita qui quittait son propre cabanon pour les rejoindre. Elle aussi s'était changée, et il nota que sa nouvelle tunique, comme l'ancienne, comportait un capuchon qu'elle rabattait sur sa tête pour dissimuler ses traits.

[Cendres]

« Oh… mais c’est la moindre des choses que de charger et décharger la barge du négociant. Et puis, vous avez raison… j’ai la force de dix hommes. » Dit-il en riant. En voyant Anita encapuchonnée, il pensa à la contrainte discriminante et quotidienne que la jeune femme subissait en vivant parmi les humains. Sa place n’était jamais acquise. Comme la sienne réalisa-il, mais son aspect et son origine familiale lui avaient permis de vivre à Lumenis camouflé et sans rejet. Il fallait que les choses changent en commençant dans sa famille.
A son approche, il lui sourit spontanément et chaleureusement.

[Voyageuse]

Le soleil avait déjà disparu vers l'horizon, et la température commençait à nettement fraîchir, mais Noah et Anita laissèrent un peu de temps à Gabriel pour faire un brin de lessive : pour un départ le lendemain, c'était indispensable. Noah profita de ce temps mort pour préparer une flambée dans l'âtre situé au fond de l'unique pièce de son cabanon. Ainsi, à leur retour, il ferait bon, et surtout, les vêtements sécheraient plus efficacement.

Ils se dirigèrent ensuite vers le "centre" du village. Les huttes y étaient bâties sans ordre apparent, de prime abord, mais un espace libre avait été laissé, une sorte de grand pré carré où s'ébattaient des volailles de toutes espèces, deux chevaux et une demi-douzaine de moutons. Les autres bêtes du village, expliqua Anita, se trouvaient dans divers pâturages à proximité, des terres généralement trop humides pour y faire pousser quoi que ce soit.

Noah les guida vers la plus grande des cabanes, en bordure du pré carré. Ils traversèrent une sorte de terrasse de bois dont les tables étaient désertes en cette saison, et poussèrent la porte, pénétrant dans une pièce sombre, éclairée par quelques lampes à huile. Il y avait là une dizaine de convives, installés autour de deux grandes tablées de bois. Le brouhaha s'interrompit un instant à leur arrivée, et des regards curieux les accueillirent, mais les bavardages reprirent très vite et Noah les guida jusqu'au bout de l'une des tables, saluant de la tête, au passage, les habitués des lieux. Anita avait gardé son capuchon, se faufilant discrètement derrière son mentor.

[Cendres]

Gabriel s’installa à la table. Il ne s’attendit pas à une tablée collective et il regarda Anita. Il pensa qu’elle était dans un endroit inconfortable et regretta de ne pas avoir choisi de diner chez Noah à l’abri des regards.

[Voyageuse]

Les tablées étaient suffisamment grandes pour qu'il y ait de l'espace entre chaque groupe. Celle où ils s'étaient installés accueillait deux couples, dînant face à face, l'un au milieu de la table et l'autre à une extrémité. L'autre table, à laquelle Anita tournait le dos, était accaparée par un groupe d'une demi-douzaine de jeunes convives bruyants et d'humeur joyeuse, probablement un peu alcoolisés.
La jeune semi-drow attendit quelques instants, que les conversations aient repris, pour ôter discrètement son capuchon. Elle sourit à Gabriel.
" Nous vous faites pas de souci, ici tout le monde me connaît déjà... enfin, un peu. Mais j'ai remarqué qu'ils font moins attention à moi quand ils ne voient pas ma tête."
Elle parlait à voix basse, sans risque d'être entendue dans le bruit ambiant.

" Bonjour... Le plat du jour je suppose ? les interrompit une voix féminine. Ce soir, c'est de l'agneau aux haricots secs. Mais sinon, je peux aussi proposer une assiette de charcuterie."
Leur interlocutrice était une femme à la silhouette imposante et à la voix forte.

[Cendres]

Gabriel fut rassuré par la réponse d’Anita. Il se détendit et laissa le fumet d’un plat de viande envahir ses narines pour en déterminer sa composition. L’aubergiste le devança. Gabriel lui répondit aussitôt : « L’agneau aux haricots sera le bienvenu ! Ce plat sent délicieusement bon. » Il regarda ses amis, surpris par sa propre impolitesse. « Oh… Ma faim me fait oublier les convenances… Noah, Anita commandez, ne tenez pas compte de ma commande. »

[Voyageuse]

" Oh, ne vous inquiétez pas, c'est surtout à vous qu'elle demande : Yasmine sait qu'Anita et moi mangeons toujours le plat du jour...
- Donc trois plats du jour ?
- Oui, confirma Anita.
- Et... bière ? Ou vous voulez du vin pour changer ?
- Bière", décida Noah sans consulter personne.
Anita réprima un petit sourire, tandis que leur interlocutrice s'esquivait.
" Elle est bien meilleure que le vin", dit-elle à mi-voix en guise d'explication.
Déjà, la patronne des lieux revenait avec pain et boisson, avant de disparaitre à nouveau en cuisine.

[Cendres]

Gabriel réalisa qu’il était heureux ; être avec ses deux amis autour d’un plat chaleureux lui rappela des moments joyeux dans la cuisine de la demeure de Batz où Geneste l’installait à table avec les dockers au franc-parler, soudés par une solide camaraderie après avoir reçu leur salaire auprès du comptable de son grand-père. Ces hommes ne manquaient jamais de lui proposer un broc de bière pour trinquer avec eux. Rituel que Geneste lui interdisait à cause de son jeune âge en enlevant le breuvage de ses mains tout en réprimandant les tentateurs. Il n’avait jamais goûté à la bière. Les préceptes familiaux ordonnaient que la bière était réservée uniquement aux « petites mains ».
Aujourd’hui, il était une partie de cette soudure intime qui lie des personnes grâce à des actes solidaires et reconnaissants. Il répondit le coeur battant, en souriant à Anita : « C’est un choix qui me plait pleinement...et que je goûterai pour la première fois ! ».

[Voyageuse]

Elle ouvrit des yeux stupéfaits.
" Non..? Tu n'as jamais bu de bière ? Non, tu veux juste dire que tu n'as jamais goûté celle d'ici, c'est ça ?
- Elle est faite avec du houblon des marais, ça lui donne un goût à part, faut reconnaître...
- Ou alors tu es d'un milieu trop raffiné où on ne boit que du vin ? Dans ce cas, effectivement, tu fais bien de ne pas goûter le nôtre, gloussa-t-elle. Mais j'espère qu'il ne fait pas t'appeler Monseigneur.
- Anita, tu dis n'importe quoi, protesta Noah avec un sourire moqueur. Tu es sûre que tu n'as pas déjà vidé deux ou trois verres à la maison ?
- Mais non ! Mais j'ai jamais vu un soldat qui ne boit pas de bière !"

[Cendres]

Gabriel bombardé par Anita de moqueries répondit en riant. « Pourtant c’est vrai… Petit, je n’aimais pas l’odeur des boissons alcoolisées… Je bois rarement…mais j’apprécie le vin aujourd’hui… Mais, je ne bois jamais de bière…sauf ce soir… »

[Voyageuse]

" Bon... ben j'espère qu'elle ne te déplaira pas trop ! Elle est quand même un peu forte... si ça va pas on te prendra du vin.
- Mauvaise idée", fit remarquer Noah, laconique, en secouant la tête avec un sourire.
Il jeta un coup d'oeil furtif vers la porte de la cuisine, probablement pour vérifier que la patronne des lieux ne l'entendait pas.

Sans se préoccuper de ce genre de considération, Anita trinqua joyeusement et but quelques gorgées de son verre. La bière locale, Gabriel put le constater, était amère mais pas mauvaise, plutôt légère. Il devina que la jeune semi-drow guettait sa réaction. Noah, lui, gardait un oeil sur la porte d'entrée, guettant l'arrivée de leur transporteur.

[Cendres]

Gabriel sentit le regard d’Anita prêt à sauter sur sa réaction. Il fut surpris par la fraicheur et les senteurs complexes de la bière. Mais dans un premier temps il reconnut uniquement un goût amer et aigre qui le fit grimacer.

[Voyageuse]

Anita pouffa de rire devant sa grimace. Mais elle n'eut pas le temps de se moquer davantage : la porte d'entrée s'ouvrit sur un homme aux cheveux gris, petit et maigrelet, qui sourit à Noah et se dirigea droit vers eux, son regard allant de Noah à Gabriel.
" Bonjour... Je suppose que c'est vous, le grand gaillard que Noah m'a trouvé pour charger mon rafiot ?
- C'est bien lui, confirma le rôdeur avec un sourire tranquille.
L'inconnu détailla Gabriel d'un regard scrutateur et afficha un large sourire édenté.
" Ma foi... j'crois qu'vous devriez faire l'affaire ! J'm'appelle Luc."

[Cendres]

Gabriel se sentit jaugé comme un animal de charge. Discrètement, il fit un clin œil à Anita tout en gonflant ses pectoraux, puis il se leva en présenta sa main vers le petit homme. « Je vous remercie Luc. Je m’appelle Gabriel. »

[Voyageuse]

Le vieil homme lui serra la main, plus vigoureusement qu'on aurait pu s'y attendre venant de quelqu'un de son gabarit.
" Enchanté, jeune homme ! Ça va me changer d'avoir de la compagnie pour descendre la rivière ! J'vous attends demain matin à l'aube !"
Anita parut sur le point d'intervenir, mais un regard de son mentor la retint.
" Installe-toi, tu n'es pas si pressé ! Tu vas quand même boire une bière avec nous ?
- Oh... 'ffectivement, ça s'refuse pas..."
Luc s'assit avec un sourire. Un instant plus tard, la patronne, qui devait guetter -ou le connaitre- déposa devant lui un énorme pichet de bière, dont il avala aussitôt la moitié, goulûment.
" Toujours aussi bonne ! Vous en dites quoi, vous, l'citadin ? Elle est meilleure qu'en ville, non ?"

[Cendres]

« Et comment Luc ! » Gabriel se sentit obligé d’accompagner sa réponse en brandissant sa chope et d’en boire une partie du contenu. La bière secouée forma une mousse épaisse et dense qui tint au-dessus des lèvres du jeune homme et le breuvage bulleux avalé rapidement lui provoqua une éructation tonitruante.