La Couronne de Cuivre

Quête : Sur le fil du rasoir

Calawen réprima un frisson en entendant cette demie accusation. Ce sang, c'était celui qui avait surgit du grimoire. Elle avait quitté la boutique pour quitter ses mauvais rêves, ses délires. Puis elle s'était battu contre la fatigue, rassemblant assez de forces pour garder un minimum de dignité dans sa posture. Ensuite, oui ensuite elle était entrée ici à cause d'une musique. Et maintenant qu'elle était là il n'y avait plus de musique, plus de voix, plus de visions... mais perdait elle des maux pour un retrouver un plus grand ? Cette femme l'accusait-elle de meutre ? Et ces plaisanteries... étaient-elles faussement amicales ?

- Non ! Bien sûr que non ! Je n'ai tué personne ! Et d'ailleurs si cela avait été le cas, que feriez-vous hein ? demanda t-elle sur un ton agressif.

La vieille laissa échapper un léger ricanement.
Non, rien de rassurant
Ni troublant,
Juste un moment,
Un tourment
Nonchalant et mordant,
Rien d'inquiétant et pourtant ...
Toutes ces affreuses dents ...

«Hihihi ma petite amie,
La mort est une chose courante par ici,
On doit compter sur une seule main,
Ceux qui n'ont pas tué un gobelin.

Pourtant c'est bien du sang,
Qui a ruisselé sur votre joli visage,
Je vois ici de pourpres petits torrents,
Qui n'annoncent pas de beaux présages.»

Les mains parcheminées volèrent et dansèrent,
Saisissant le creux morceau de pierre,
Puis avec douceur martelèrent
La patte du lézard mort mais encore vert

Brishmâ acheva d'un tournemain
Puis hocha la tête à la fin,
Puis sourit en maintenant bien,
Le mortier où elle versa du vin.

A la surface du liquide une mousse
Donnait à la potion une allure douce
Elle en goûta du bout du pouce
Et exhala un feu de brousse

Les yeux rouges, exhorbités,
La vieille recommença à ricaner
Elle prit soin de ne rien renverser
C'est à Calawen que c'était destiné :

«Buvez, buvez ma jolie,
Visitez votre propre folie,
Ni parents, ni amour, ni amis,
Là vous verrez la sortie.

Prenez soin d'en être sûre,
Car bien peu de temps cela dure.
Cela vous guidera hors de nos murs,
A vous d'en chercher l'ouverture.»

Brishmâ tendit le mortier des deux mains,
Son regard n'était ni cruel ni malin,
Elle attendit qu'on lui prit enfin,
Le mélange des rêves divins.

Quête : Sur le fil du rasoir

[font=&quot]«[/font]Visitez ma folie ? Et elle, n'est-elle pas un peu folle ? Quelle issue ?[font=&quot]»[/font], se demanda t-elle en roulant les yeux.
- Pourquoi devrais-je boire ceci ? De quelle sortie parlez-vous ? La vieille femme ne répondit pas et se contenta de lui intimer l'ordre de boire ce breuvage d'un hochement de tête et lui tendit plus encore le mortier.

Elle prit alors le mortier et l'approcha de ses narines. Il n'y avait aucune odeur désagréable, quant au goût... elle n'allait pas tarder à le connaître.

C'est d'un doigt timide qu'elle toucha la surface du liquide. Elle le porta à sa bouche. Pas mauvais. Alors des deux mains elle but une lampée, les yeux plongés dans ceux de Brishmâ. Puis elle bu d'un traît en penchant sa tête en arrière. C'était ... gouleyant, avec un arrière goût de ... lézard. Rien de mauvais en somme.

- Et maintenant ? Que va t-il se passer ?

Arrivant tout droit du Loyal Paladin, Auregann, Chandara et Marvin arrivèrent sur la place du marché.
La demi-elfe était de plus en plus énervée par les deux jeunes gens qui, de part et d'autre d'elle, continuaient à se chamailler et à jacasser sans même lui prêter attention. Aussi s'arrêta-t-elle brusquement, les poings sur les hanches, et coupa-t-elle un peu brutalement Chandara pour s'exclamer :

"Eh, vous pourriez arrêter deux minutes de vous sauter à la gorge, tous les deux ?
Et puis parlez un peu moins, cela appaisera mes oreilles qui n'en peuvent plus de vos... piaillements !"

Retrouvant son calme, elle se recomposa une mine souriante, reprit sa marche et continua comme si de rien n'était :

"Un rôdeur, intéressant... Et Cojum ? Je n'ai jamais entendu parler de cette cité, où est-ce ?"

Sans prévenir, la demi-elfe s’était arrêtée au milieu de la route pour houspiller les deux jeunes humains. Ceux-ci se figèrent dans leur élan et se rattrapèrent dans un bel ensemble maladroit pour ne pas la bousculer alors qu’elle se tournait, les poings sur les hanches et l’air sévère.

Les deux jeunes gens prirent un air contrit face aux remontrances de leur interlocutrice.

« Nous sommes désolés de nous être laissés emporter, n’est-ce pas, Chandy ?

– Grr, je déteste ce surnom et tu le sais bien !

Ignorant sa sœur pour s’adresser à la jolie barde, Marvin s’empressa de reprendre :
– Cojum est une petite Cité au Nord Est de Manost, par delà la chaîne de montagne que l’on nomme pompeusement la Cordillère du Faucon.

– Nous y avons passé notre enfance mes frères et moi, avant d’être embauchés à la Tour. Mais vos aventures doivent être plus passionnantes que les nôtres ! »

Auregann hocha la tête tout en notant ces noms dans un coin de sa mémoire. Souriant à l'évocation de ses aventures, elle répondit :

"Oh, la vie de barde itinérant n'est pas aussi trépidante qu'on ne le croit... La plupart du temps c'est toujours la même chose : entrer dans une ville, chercher une taverne, proposer ses services pour quelques pièces et un couvert..."

Elle tenta de se remémorer quelques anecdotes qu'elle pourrait raconter aux jeunes gens curieux.

"Ceci dit, on rencontre parfois des gens étranges dans les tavernes. Pour sûr, j'en ai croisé de toutes les couleurs ! Pas plus tard que l'autre jour, dans un petit village sur la côte, il y avait un troll qui a débarqué dans l'auberge et qui..."

Emportée par son récit, la jeune barde détaillait très précisément les faits comme si elle y était encore, rajoutant parfois par mégarde quelques éléments de sa composition, pour rendre l'histoire plus attrayante. Elle se mit donc à raconter des anecdotes à ses deux compagnons, tout en déambulant sur la place du marché.

Lies qui arrivait des portes de la ville, décida d'aller chercher quelques petites choses à manger avant de se rendre à la taverne pour y demander une chambre (avec une jolie vue si possible mais elle rêvait sûrement).

Certes la ville n'avait pas la beauté de Lumenis mais elle avait son charme elle aussi et Lies se donna pour ordre de croquer quelques coins avant de repartir pour chez elle. La bàs, elle pourrait tenter de les refaire en plus grand. Alors qu'elle déambulait à travers les stands, elle ne remarqua pas les trois personnes qui étaient occupées à parler, et, en avançant tout en scrutant les couleurs étalées sur les stands, elle fonça dans une de ses personnes. C'était une demie-elfe comme elle. Julian poussa un cri de mécontentement devant le petit choc qui le secoua un peu.

"Oh Julian... Excuse-moi mon ange...
Excusez-moi, je devrais faire plus attention... J'étais charmée par les étalages et je n'ai pas fait attention où je mettais les pieds... Excusez-moi."

Toujours occupée à raconter ses histoires aux deux jeunes gens, Auregann ne faisait pas vraiment attention à ce qui se trouvait devant elle, et finit par heurter une jeune femme. Relevant la tête, confuse, elle remarqua que c'était une demi-elfe et qu'elle tenait un enfant dans les bras.

"Ce n'est rien, c'est moi qui... je ne faisais pas attention où j'allais... excusez-moi..."

Ne sachant trop quoi dire d'autre, elle décida de se présenter.

"Je m'appelle Auregann, je suis barde itinérante et je viens d'arriver en ville. Je loge au Loyal Paladin... Et toi bonhomme, comment tu t'appelles ?"

Elle avait prononcé les derniers mots en souriant au petit garçon.

"Ulian ! J'ai trois ans !
Julian... C'est Julian avec un J...
Je m'appelle Lies, je suis en voyage touristique. Je suis originaire de Lumenis mais comme j'aime voyager, je me suis dis que je pourrais très bien m'aventurer un peu ailleurs. Lumenis est loin d'ici mais j'ai de la patience quand il s'agit de découvrir de nouvelles choses. Pour le moment, je ne loge nulle part, il faudrait que j'aille voir à la taverne. "Au Loyal Paladin" ? C'est le nom de la taverne ? J'ai vaguement erré dans les rues mais je ne me suis pas encore familiarisée avec les différents bâtiments."

Elle se tourna vers les deux autres personnes et leur adressa un sourire, ni plus, ni moins.

Aimablement, Auregann répondit au petit garçon :

"Salut Julian, enchantée !"

Puis, s'adressant à la jeune femme :

"Lumenis ? J'en ai beaucoup entendu parler... D'ailleurs je projette de m'y rendre, lorsque Manost n'aura plus de secrets pour moi !
Oui, le Loyal Paladin est une taverne non loin d'ici, fort sympathique ma foi, je pourrai vous y conduire, si jamais je retrouve la rue..."

Les deux jeunes humains étaient littéralement pendus aux lèvres de la jeune barde, écoutant son récit les yeux émerveillés. A la mention d’un détail vraiment cocasse, Chandara ne put s’empêcher de s’exclamer :

– Ce troll est vraiment entré dans la taverne pour se commander une bière au bar ? L’aubergiste devait être surpris, pour sûr ! J’avais entendu dire que la plupart ne prennent même pas la peine de discuter avant de vous attaquer. Comment ont réagi les clients ? Et il a apprécié votre chanson sur ce mage de Port Llast et de son gardien de pont ?

Se sentant mis à l’écart de la conversation, Marvin se crut bon de préciser :

– Notre instructeur dit que nous n’avons pas le niveau pour les trolls, qu’il faut se contenter des gobelins à notre âge…

Il s’interrompit quand une inconnue vint bousculer la barde qu’ils accompagnaient. La femme qui s’était immiscée dans la conversation portait un enfant en bas âge dans les bras et posa des questions sur le Loyal Paladin. Chandara s’empressa de lui répondre :

– Bonjour, je m’appelle Chandara et voici Marvin, mon frère, nous projettions justement de passer quelques jours en ville et de descendre au Loyal Paladin. Nous accompagnerez-vous ? Nous avons quelques achats à effectuer avant de nous y rendre. Si vous préférez y aller directement, vous ne pouvez pas vous tromper : longez la jetée sur encore un quart de lieu et prenez la deuxième rue à gauche, le Loyal Paladin se situe un peu plus haut dans la rue.

"Je dois également faire quelques achats en ville. Je ne vais pas venir ici juste pour la beauté du lieu et voir une taverne. De toute façon partout où l'on va, les tavernes sont les mêmes. Je me joindrais volontiers à vous. Et puis, c'est toujours plus amusant de se balader à plusieurs que toute seule. Julian est très calme et toute ma petite troupe l'est également." [J'ai un familier, Alyps, trois fées, un chiot, le cheval étant resté à Lumenis]

Elle sourit et leur demande s'ils n'avaient rien contre le fait de faire quelques amplettes sur le marché avant. Il y avait tellement de choses qui lui donnait envie et Julian commençait à avoir une petite faim.

Chandara et Marvin tournèrent leur regard vers Auregann, guettant son assentiment à la requête de l’elfe. Décidément, le voyage devenait de plus en plus excitant au rythme des rencontres fortuites.

– Nous serions ravis de visiter le marché en votre compagnie, si Auregann est d’accord, bien entendu !

– Tu as raison, nous y trouverons bien les épices et les herbes que nous sommes venus chercher et c’est l’occasion de dépenser un peu de notre argent de poche ! Dîtes-moi vous autres… La jeune fille s’adressait à ses homologues féminines : – Que diriez-vous de visiter les échoppes de couturiers ? Je parie que les étoffes de Manost sont à la dernière mode !

– Moi, je préfère aller me chercher à manger ! Ajouta Marvin à l’indifférence générale.

Auregann approuva la proposition de ses interlocuteurs :

"Pourquoi pas ? Je n'ai pas beaucoup d'argent à dépenser, mais je vais vous accompagner. Vous pensez qu'il y a un luthier dans le coin ? J'aimerais voir comment ils travaillent le bois des lyres à Manost... Chandara, tu cherchais des étoffes ? Je vois un étal là-bas, avec des robes qui ont l'air superbes !"

En vérité, elle avait surtout remarqué la vaste table de l'antiquaire qui lui faisait face, et elle mourrait d'envie d'aller jeter un coup d'oeil dans les vieux objets. Aussi entraîna-t-elle sans attendre ses nouvelles connaissances à travers les badauds qui déambulaient sur la place.

Lies n'avait guère de faire de toutes ses étoles et ses robes. Elle avait eu suffisamment de robes à Melandis mais elle fit genre tout de même de les regarder, et puis, peut-être qu'elle trouverait un petit truc à la mode pour son enfant. Très vite, elle se tourna vers l'étalage d'objets, il y en avait des magnifiques. Elle recherchait quelques bijoux fantaisistes pour mettre son corps en valeur. Elle regardait les divers anneaux et colliers. Et elle hésitait fortement mais il fallait qu'elle se décide vite, Auregann et Marvin semblaient eux aussi fortement intéressés bien que Marvin ne le montra guère.

"Combien pour cette parure ?"

[Y'a quelqu'un qui peut faire le marchand ? ]

Le marchand parut un instant déçu par le choix de sa nouvelle cliente mais il se reprit immédiatement : une vente était une vente et il aurait peut être plus de chances avec les jeunes gens qui l’accompagnaient. Restait à jouer sa dernière carte avec l’elfe :

« Cette parure vous irait à merveille mais je suis sûr que nous pouvons trouver encore mieux à une aussi jolie dame que vous ! Regardez : celle-ci vous conviendrait bien davantage, fit-il en désignant un objet manifestement plus ancien et plus onéreux.

– Je vous fais un prix spécial car j’aimerais voir mes marchandises portées par une aussi jolie elfe : pour vous, ce serait 15 pièces d’or mais attention, je ne le ferai pas pour tout le monde ! »

Pendant ce temps, Auregann continuait à détailler les objets étalés devant le marchand avenant.

"Autant pour vous mon brave ami, je suis moi-même commerçante. [elle l'était à Melandis] Je vous prend les deux pour 20 pièces. Ne me dites pas que ca vaut plus cher, je connais tout de même les prix !"

En fait, elle n'en savait rien en matière de bijoux mais elle savait que si elle y allait avec une telle assurance, il n'osera pas lui dire non de peur de ne pas vendre d'articles. Car s'il ne voulait pas, les autres n'achéteraient sûrement pas.

La seconde parure était vraiment belle, elle avait des pierres bleues. Elle était ancienne et à première vue, elle semblait venir de loin, ce n'était pas un bijou ordinaire. A côté, la parure fantaisiste d'un rouge pâle et terni faisait tâche mais Lies savait qu'en la nettoyant bien, elle pourrait en faire un aussi beau bijou que le bleu. A la différence près que l'un était de la pacotile et l'autre non. Mais ça, peu de monde le remarquerait.

"Alors ? Vous me les vendez ou pas ?"

Le marchand se frotta les mains, à ce prix il entrait largement dans ses frais et sa cliente serait satisfaite, ce qui ouvrait de nouvelles possibilités de vente auprès de ses compagnons.

« Vous réalisez une affaire, Madame et je suis personnellement heureux que ces bijoux vous reviennent. Il eût été dommage de les voir porter par moins noble personne. Désirez-vous autre chose ? »

Alors que Lies marchandait avec le vendeur, Auregann, aux côtés de Marvin, continuait de laisser son regard parcourir les nombreux objets disposés sur l'étalage. Evidemment, la petite flûte l'avait attirée au premier coup d'oeil. Elle ignorait de quel matériau elle était faite : de l'ivoire, peut-être ? Elle mourrait d'envie de la prendre dans ses mains, de la soupeser, de l'examiner, mais elle se retint. De toute façon, l'objet était sans nul doute bien au dessus de ses moyens actuels.
Puis, au bout d'un moment, la curiosité prit le dessus et elle s'adressa au marchand :

"Cette flûte, d'où vient-elle ? Je n'en ai jamais vu de semblable..."

Sur l'invitation du marchand, Auregann prit dans ses mains le mystérieux instrument. Elle l'inspecta du regard, passa ses doigts sur le manche, mais restait perplexe.

"A la couleur, on dirait une sorte d'ivoire, et pourtant au toucher, c'est autre chose..."

Très naturellement, elle porta la flûte à ses lèvres et souffla doucement à l'intérieur. Le brouhaha ambiant couvrit le son qui en sortit, mais la jeune barde éloigna l'instrument de son visage, l'examina de nouveau et murmura :

"Etrange... Inhabituel, pour ainsi dire...
Et vous dites que vous ne savez pas en quel matériau elle est sculptée ?"

demanda-elle en s'adressant de nouveau au marchand.

« Le jeune elfe qui me la vendue m’a parlé d’un arbuste très rare au bois aussi dur que l’os et aussi léger que la plume et qui ne pousserait que dans l’enclave elfique de l’île principale des Sélénae. Je ne sais pas si on peut y accorder crédit mais quoiqu’il en soit, c’est un bel instrument. »

Alors que la demi-elfe et le marchand discutaient, un étrange mais bref et fugace phénomène s’était produit à leur insu. Une brise légère avait soufflé autour de l’échoppe portant un parfum doux et apaisant sur son passage. L’effet avait était indéfinissable, mais le temps d’un battement de cœur, les badauds à portée tournèrent leur attention vers la barde avant de poursuivre sur leur lancée.

Lies fit mine d'observer un objet et s'approcha, discrètement, de l'oreille d'Auregann et lui dit :

"Le son est différent de toutes les autres flûtes que j'ai eu l'occasion d'entendre. On dirait qu'elle a quelque chose d'enchantée mais le marchand ne doit rien en savoir."

Elle releva la tête de l'étalage et regarda le marchand :

"Je pense que le matériau désaccorde les accords de musique. Ce qui donne ce son si particulier. Il est beau à attendre pour qui ne connaît pas la musique mais pourtant, un musicien reconnaîtra la supercherie. Vous l'avez acheté cher ? Parce que je pense que vous avez acheté un vulgaire pipot."

Elle espérait que le marchand vendrait cette flûte à très bas prix, ainsi, Auregann y gagnerait fortement au change et cela vengerait toutes les personnes qui se sont faites avoir.

"Vous n'auriez rien pour un petit enfant ?"

Le marchand se renfrogna, perdant son sourire avenant :

« Un vulgaire pipeau ! Vous m’insultez Madame ! Il s’agit d’un objet d’art, je vous invite à y regarder à deux fois. Et s’il n’intéresse pas un musicien, ce dont je doute, il y aura bien quelque collectionneur pour me l’acheter.

Il reprit, sur un ton plus calme mais dubitatif :

- Pour votre enfant, j’ai cet objet qui éveillera et stimulera son esprit. Il désigna un cube en bois constitué de neuf cubes plus petits tous peints de 6 couleurs différentes. On m’a assuré qu’il était possible de réunir les couleurs entre elles mas je n’ai jamais réussi. Cela occupera votre enfant à n’en pas douter !

Auregann partageait l'avis de Lies, cet instrument avait quelque chose de différent, une aura presque magique qu'elle avait ressenti en jouant une note. Elle était de plus en plus intriguée par cette flûte, et se demandait déjà combien le marchand allait la lui proposer.
Cependant, malgré l'attrait que l'objet exercait sur elle, elle se força à le reposer sur l'étalage en s'adressant ainsi au marchand :

"Hélas, mes finances sont bien mal en point, et je doute que je puisse m'acheter cet objet."

Ce faisant, elle fit mine de s'éloigner un peu de l'étalage.

Le marchand ne dissimula pas sa déception en voyant la potentielle cliente s’éloigner mais il ne pourrait pas descendre en dessous d’un certain prix pour cet objet en particulier. Il avait accepté de le payer assez cher au voyageur pressé étant donné la qualité apparente de l’objet. La flûte, même s’il n’en était pas certain, lui paraissait vaguement enchantée. Il lui faudrait vérifier auprès de l’un de ses confrères pour s’en convaincre à moins qu’il ne parvienne à la vendre avant la fin de l’après-midi.

« Attendez, s'il vous plaît ! Je suis sûr que l’état de vos finances est passager et que cet objet pourrait contribuer à l’améliorer. Comme vous m’êtes sympathique et que j’aime à aider les jeunes gens à se lancer, j’accepte de vous la céder à un prix dérisoire, mettons 75 pièces d’or. »

HRP : ne me dîtes pas que vous avez cette somme à dépenser ou je monte les enchères !

75 pièces d'or ? L'affaire était réglée. La jeune barde doutait de posséder un jour autant d'argent dans sa bourse. Aussi répondit-elle aimablement au marchand :

"Malheureusement, c'est bien trop pour moi, on ne gagne pas des fortunes en étant barde... Je vous remercie de m'avoir laissé l'essayer."

La demi-elfe se tourna vers ses compagnons. Lies observait l'énigmatique cube proposé par le vendeur, Marvin était toujours absorbé dans la contemplation des objets sur l'étalage, et Chandara était visiblement en train d'essayer des écharpes de soie dans l'échoppe voisine.

L’affaire était donc réglée mais le petit groupe avait à peine entamé sa visite du marché de Manost et d’autres objets d’intérêts combleraient peut être la déception de la barde demi-elfe. Chandara revint vers le reste du groupe, une longue écharpe rouge à la main ainsi qu’un chapeau à large bords surmonté d’une plume du bel effet.

– Vous avez vu ce que je me suis trouvé ? Pour ponctuer sa question, elle enfila ses trouvailles avant de tourner sur elle même plusieurs fois, l’air enjoué.

Marvin lui lança un regard indéchiffrable, détournant ainsi les yeux de l’étal du marchand.

– Nous devrions y aller, nous avons encore beaucoup d’échoppes à découvrir avant la fermeture. Maître Kasumi sera mécontent si nous ne ramenons pas ce qu’il a demandé.

Lies hésitait à acheter l’objet qu’elle s’était mise à manipuler, en vain : quoiqu’elle tente, les couleurs refusaient de s’aligner !